Voulez-vous savoir le secret de notre monde globalisé tout comme du passage de la mort à la vie ? Vous verrez que, aussi décevant que cela puisse paraître, ce n'est rien d'autre que l'information !
Encore faut-il comprendre ce qu'est l'information et ce qui l'oppose à l'énergie entropique jusqu'à rendre possible l'écologie aujourd'hui dans sa lutte contre l'entropie galopante de la société industrielle, qu'il ne faut pas confondre avec la société de l'information qui lui succède, modernité réflexive qui commence à peine mais bouscule déjà le monde entier avec fracas. Impossible de l'ignorer qui a fait de nous déjà des hommes nouveaux.
L'entropie n'est pas une loi aussi implacable qu'on le prétend (du moins en dehors de la thermodynamique), la vie est la preuve du contraire. On peut être aussi buté qu'on veut, on doit bien reconnaître que l'information est à la base de la vie (reproduction, réaction, régulation) qui s'oppose assez bien à l'entropie pour avoir réussi à coloniser toute la biosphère et atteindre une complexité inouïe. L'évolution est un processus d'apprentissage et d'organisation (d'outillage, dès les protéines), mémorisé par les gènes, puis le cerveau, puis par l'écriture, enfin par le numérique. L'information n'a rien de magique, elle ne supprime ni l'énergie, ni la matière mais elle en optimise l'usage et permet de s'affranchir localement des forces de désorganisation avec un succès durable.
L'important à comprendre c'est que la logique du vivant, d'une information qui est aussi réaction (différence qui fait la différence), n'a plus grand chose à voir avec la logique des phénomènes physiques, énergétiques ou matériels, du fait de son caractère non-linéaire mais surtout (ré)actif. Le monde de l'esprit prend le dessus sur les forces matérielles, c'est cela l'écologie aussi qui est une activité incessante (réaction informée) au même titre que l'homéostasie du vivant. C'est à cette condition que l'ère de l'information permettra le passage de l'entropie à l'écologie, non que l'entropie disparaîtrait mais parce que les ressources de notre intelligence globale seraient tendues vers la conservation de nos conditions de vie et la reconstitution de notre milieu (passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables, recyclage, relocalisation, etc.). Ce n'est pas gagné, comme notre survie est toujours menacée, cela doit du moins devenir notre objectif commun. Mais revenons au début...
L'univers
Dans l'espace vide soudain une gigantesque explosion dispersant sa fabuleuse énergie inaugure le temps de l'entropie qui nous mène inexorablement vers la mort thermique. Même si ce n'est qu'un récit très approximatif parmi bien d'autres d'un Big Bang qui pourrait tout aussi bien ne faire que suivre un Big Crunch dans un mouvement cyclique, on peut partir de là, du règne sans partage de l'entropie initiale. Dès lors que dès l'origine ne règnent que les forces de destruction, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Il faut bien qu'il y ait construction, pas seulement destruction, même si c'est seulement aux marges, sur les bords. Au niveau matériel, deux facteurs sont en cause : les forces de liaison électro-magnétiques et la gravitation. Le refroidissement entropique réduisant l'agitation des quarks provoque une sorte de cristallisation qui ordonne les atomes où de l'énergie se trouve piégée qui sera libérée un jour sous l'effet de l'entropie encore, mais d'une entropie qu'on peut dire retardée et qui a créé son propre contraire dans une sorte de négation de la négation (toujours partielle). Là-dessus, la gravitation va amplifier les différences de densité jusqu'à former des étoiles qui exploseront ensuite non sans disperser des atomes et molécules bien plus complexes et diversifiées, sauf à s'effondrer en trous noirs autour desquels s'ordonnent galaxies, amas de galaxies, etc. Il y a bien là encore une réduction massive de l'entropie mais on est cette fois dans des durées astronomiques. Le résultat est un monde improbable et différencié, ce qui constitue la condition préalable de l'apparition de la vie.
S'il n'y a pas de désordre qui ne crée de l'ordre, on peut dire que notre Terre nous a légué un stock de diversité et de matières élaborées plus ou moins rares et précieuses. On sait désormais à quel point une planète aussi exceptionnelle a peu de chance de se rencontrer dans un rayon de plusieurs milliers d'années-lumière, (avec, en plus une lune qui stabilise sa trajectoire!). C'est le capital, limité, sur lequel nous puisons. On ne peut nier la puissance entropique de l'humanité dévastant de vastes territoires, épuisant ses ressources et justifiant largement les protestations des écologistes. Cependant, il serait absurde de réduire l'humanité à ses capacités de destruction sans prendre en compte la construction de civilisations formidablement organisées. Cette construction se fait-elle nécessairement au prix de destructions supérieures ? A priori, cela ne souffre pas de discussions et pourtant l'écologie pourrait bien prouver le contraire à l'ère de l'information mais voyons déjà ce qu'il en est au niveau du vivant.
La vie
La vie aussi consomme des ressources mais elle en produit tout autant. L'oxygène par exemple est un pur produit de la vie et, sinon, le recyclage est un principe général de la biosphère. Si la vie dégradait son environnement, on ne serait pas là. Comment est-ce possible ? Principalement grâce à l'énergie solaire et c'est l'énergie solaire qui nous sauvera aussi. Remarquons, qu'utiliser l'énergie solaire ne se fait au détriment de rien, sinon cette énergie serait perdue, c'est donc un gain net mais on ne peut identifier la vie à des "structures dissipatives" alors que l'énergie y est optimisée, canalisée, économisée. Il ne suffit pas de l'énergie, il ne suffit pas d'utiliser l'entropie du soleil pour contrer l'entropie, se maintenir en vie et se complexifier. Pour cela, il faut l'intervention de l'information. Comment donc est-ce que l'information permet à la vie de contredire l'entropie à ce point, jusqu'à couvrir la terre d'une luxuriance de formes ?
C'est d'abord par la reproduction, et la sélection qui s'en suit en fonction du résultat, que la finalité s'introduit dans la chaîne des causes et que le plus improbable peut se généraliser (on le sait depuis Darwin). Cependant cette reproduction serait elle-même soumise à une entropie très rapide et ne pourrait se maintenir dans le temps sans la correction d'erreur qui est aussi le principe du numérique et de l'information, constituant l'autre mécanisme fondamental de suppression de l'entropie. Grâce à ces procédés l'évolution va apprendre à contrer l'entropie et se conserver voire se complexifier en se protégeant des forces de destruction extérieures d'un monde dangereux et changeant, homéostasie qu'on peut définir comme l'activité vitale de résistance à la mort. C'est seulement avec l'activité vitale incessante de ce qu'on appelle son métabolisme qu'on peut parler de vie qui se confond donc avec ses capacités de régulation, régulations elles-mêmes constituées par tout un outillage de protéines, véritables machines anti-entropiques (comme des pompes qui augmentent la concentration de certaines molécules, à l'envers de la tendance entropique, ainsi que pas mal de catalyseurs, sortes de fabriques ou d'ateliers de réparation). On peut voir une certaine continuité dans la résistance à l'entropie d'une simple cellule jusqu'au travail humain dont c'est la fonction depuis l'agriculture produisant sa propre nourriture.
A partir de la reproduction et de la correction d'erreur, le vivant se fait régulation et réparation par apprentissage dans sa confrontation au réel dont la sélection garde la mémoire dans son ADN, sorte de certificat de viabilité en fonction de l'ancienneté et qui permet sa reproduction à l'identique ou presque, conservation de l'information par l'évolution qu'on peut considérer comme une sorte de perception de l'environnement mais perception qui serait associée à la réaction qu'elle provoque, assez proche d'un automatisme même si l'aléatoire y a un bien plus grand rôle. Dans cette relation à son environnement et aux autres vivants se constituent enfin des écosystèmes d'organismes interdépendants participants aux cycles biologiques, à la chaîne de la vie, au recyclage de ses éléments dans des circuits d'énergie et de matière mais aussi d'informations assurant une certaine stabilité à l'écosystème bien qu'on soit loin de la régulation d'un organisme vivant.
Ce que nous appelons la nature et qui nous émerveille de son insolente vitalité qui non seulement résiste à tout ce qui devrait la détruire mais en rajoute comme à plaisir, ce n'est finalement que l'aboutissement d'un long apprentissage par essais-erreurs (la vie, c'est ce qui est capable de faire des erreurs). Il y a bien une sagesse du vivant comme d'un savoir immémorial inscrit dans nos gènes avant le conditionnement neuronal et bien avant l'agriculture, l'écriture ou le numérique. Ce n'est pas seulement du néant dont la vie triomphe cependant mais bien de l'anéantissement qui la menace sans cesse. Bien sûr, pour chacun, la mort finit toujours par avoir raison de nous, rien n'est plus certain, mais la vie continue et l'aventure humaine, aucun apprentissage n'aura été vain qui permet aux suivants d'aller un peu plus loin peut-être. Ce qui se conserve, c'est l'information, ce qui reste, c'est le réseau dans une histoire qui n'a pas dit son dernier mot mais dont nous faisons partie intégrante.
Le numérique
Il fallait ce long détour pour comprendre comment il peut être possible d'échapper à une loi aussi fondamentale que celle de l'entropie trop souvent ramenée au sentiment douloureux d'une dégradation universelle alors qu'elle n'est finalement qu'une loi statistique que l'action peut contrer localement en évitant le pire et profitant du meilleur. Nous sommes tous sur ce plan des "démons de Maxwell", même si c'est au niveau macroscopique ! La cybernétique est née de l'étonnement de retrouver dans le vivant le principe du thermostat et de la boucle de rétroaction par laquelle on peut s'affranchir de l'entropie extérieure en maintenant notre homéostasie. Il ne s'agit en aucun cas de vouloir nous réduire pour autant au biologique comme si le langage ne nous ouvrait pas à l'universel et que l'esprit se réduisait au corps mais la transversalité n'a pas besoin de supposer une influence biologique pour généraliser les processus d'organisation et d'évolution en modélisant le fonctionnement des systèmes et leurs interactions, simple transposition des mécanismes biologiques de réduction de l'entropie et de pilotage par le résultat pour redresser la barre et corriger nos erreurs. Pas étonnant que le management se soit emparé de façon plus ou moins raisonnable de ces outils puisque le travail consiste fondamentalement en activités de réduction de l'entropie (nettoyage, organisation, réparation, construction, programmation, etc.). Aucune raison d'en accepter la barbarie, pas plus que celle du biologisme raciste, mais on ne fera pas reculer l'entropie sans imiter les procédés du vivant pour atteindre nos finalités. Il faut simplement y reconnaître une nature sauvage à dompter et civiliser au même titre que les marchés.
Entre le biologique et le numérique, il aurait fallu parler du langage qui nous humanise et de sa grammaire avec la double articulation de ses constituants discrets composant mots et phrases dans une séparation radicale du son et du sens, du signifiant et du signifié. On ne peut surestimer non plus l'importance de l'écriture adressée à un lecteur absent et qui peut durer bien au-delà de la vie, débuts de notre longue histoire. C'est le verbe et le savoir qui nous font l'égal des dieux, créateurs et libres. L'imprimerie donnera une nouvelle impulsion décisive à la diffusion des savoirs. Or, comment ne pas voir qu'avec les communications numériques, on n'est pas dans la technologie ? Ce ne sont pas des techniques comme les autres, ce n'est pas la technique à la puissance 10, c'est notre devenir langage, la matérialisation de l'immatériel et la communication généralisée, esprit détaché des corps, données accumulées, savoirs disponibles. C'est un nouveau stade de civilisation, que ça nous plaise ou non. Jacques Robin insistait un peu lourdement sur la rupture anthropologique du passage de l'ère de l'énergie à l'ère de l'information mais il faut bien dire qu'on ne peut que lui donner raison tant les logiques en sont différentes, plus peut-être qu'entre le monde quantique et la physique classique ! D'une certaine façon, c'est avec raison que l'ancienne humanité pourrait nous regarder de travers, comme des mutants, des aliens, car nous sommes déjà tout autre, des mordus, une nouvelle espèce, celle de l'homo numericus. C'est une vie qui ne va pas à tous mais qu'on peut fuir assez facilement en se retirant des réseaux numériques car les relations de proximité n'ont pas disparu pour autant et différents niveaux de développement cohabitent toujours. Le monde virtuel ne remplace pas plus le monde réel que le monde des romans mais il s'y ajoute, l'envahit, l'enrichit d'un nouvel être au monde.
Le numérique est l'objet de tous les fantasmes pour certains, d'un rejet violent pour d'autres alors que c'est une réalité qu'il faudrait d'abord comprendre, comprendre ce que c'est que l'information et ce qui l'oppose à l'énergie comme l'esprit à la matière (car l'esprit n'est pas l'envers de la matière bien qu'il n'y ait pas d'esprit sans incarnation matérielle). Non, l'information n'est pas ce qu'on croit, ce n'est pas seulement la communication, ça ne se réduit pas aux médias, c'est le monde de l'esprit, de la perception, de l'interaction, du savoir, de l'apprentissage, de l'organisation (de l'organisme), pas seulement le flux d'informations mais aussi sa mémoire, ce que Laborit appelait l'information-structure qui est le règne de la finalité comme répétition du plaisir d'actions réussies et ce qui nous donne les moyens de réparer les outrages du temps, d'inverser l'entropie enfin par des actions spécifiques (informées) à chaque fois.
Comme l'information dans le vivant, la puissance du numérique est toute dans sa capacité de mémorisation, de reproduction et de correction d'erreurs qui semble pouvoir se jouer de toute entropie, tout en produisant une autre sorte d'entropie par obsolescence rapide. Le numérique n'est plus un mystère pour personne, à s'en servir tous les jours, chacun croit savoir ce que c'est, des gadgets pour certains, des instruments de communication pour la plupart, mais ils ne font pas que bouleverser les circuits de l'information, renforcer les connexions, accélérer les transmissions, ils changent le monde, notre perception et nos moyens d'action qui sont soudain multipliés de façon quasi exponentielle, bien plus qu'il ne nous en faut ! Avec le numérique, on a des instruments de toutes sortes mais en premier lieu l'ordinateur (ou le smartphone aujourd'hui) qui est un General Problem Solver, c'est-à-dire un outil universel. C'est toute la différence avec l'analogique dont la reproductibilité est très limitée, bien trop entropique, se dégradant copie après copie, sans compter qu'il reste peu accessible au calcul. Le processus de numérisation se distingue par une perte de qualité, certes, lors du codage, mais permettant ensuite une reproduction sans plus aucune perte grâce aux corrections d'erreur (parité, checksum, CRC), tout en gagnant une sorte d'universalité de traitement (ce qu'on appelle l'interopérabilité). C'est un peu comme le pari de Pascal, on perd un peu au départ pour gagner l'infini ensuite ! Surtout, on change de monde entre le monde de l'information, de la perception, de la reproduction, de la construction, de l'écologie, et l'ancien monde de l'entropie, de l'énergie, de la force brute.
Bruno Latour a raison de dire que l'économie de l'immatériel, c'est la matérialisation de l'immatériel car il n'y a pas d'immatériel sans matière (on ne fait pas dans le spiritisme). La puissance du langage est toute dans l'objectivation de la pensée. Il n'empêche que l'information ne se confond pas avec son support, d'abord en ce qu'elle peut se communiquer, se transmettre, se reproduire. Le mot n'est pas la chose mais un pointeur sur l'objet matériel (c'est beaucoup moins lourd!). Ce qu'on appelle l'immatériel, c'est de manipuler des signes plutôt que des choses, c'est, si l'on veut, modéliser avant d'agir, ce qui économise, matériellement, énergétiquement, sur le processus aveugle d'essais-erreurs, réduisant la part d'échec inévitable bien que l'information porte en elle la possibilité de tromper, de ne renvoyer à rien de réel, d'être fausse. La différence entre l'information et l'énergie n'est comprise par presque personne, différence entre l'esprit et la matière, la pensée et l'étendue. Soit on veut ramener la matière à l'information (quantique), soit on veut réduire l'information à sa matérialisation (l'esprit n'étant plus que l'envers des corps) alors que l'information n'est telle que pour un récepteur pour qui elle fait sens (on n'entend que ce qu'on attend). C'est la réponse à une question, une réduction de l'incertitude éprouvée, un savoir résultant, comme l'avait compris Fichte, de l'interaction d'une subjectivité avec le monde (ce qui fait qu'une information répétée, n'est plus une information).
Certes, le savoir nous vient de nos maîtres, de quelques vieux sages et d'anciens livres bien plus que de notre expérience personnelle. C'est ce qui fait de nous des "nains sur des épaules de géant" et qu'on ne recommence jamais à zéro mais que l'histoire progresse justement. Il est donc naturel de croire que le savoir nous précède, qu'il est à l'origine, origine perdue qu'il nous faudrait retrouver en écho au sentiment que tout se dégrade, les choses, la vie, la culture... On peut situer cette origine chez les Grecs, dans les sagesses asiatiques ou dans quelque ésotérisme, une terre qui ne ment pas ou notre nature animale réprimée (le savoir de nos gènes). Toutes ces positions supposent une vérité préalable tout comme les sociétés originaires rétablissant l'ordre mythique par des sacrifices. Pourtant, en comprenant le savoir comme interaction entre le sujet et le monde, il devrait être clair que le savoir accumulé a beau précéder largement le sujet, il est toujours en élaboration, ne passant pas de la lumière à l'obscurité mais de l'obscurantisme dogmatique aux lumières de la science (même s'il peut certes y avoir aussi passage de l'authentique au fabriqué, du naturel au mécanique). Notre savoir n'est pas inné (oublié par inadvertance) mais acquis, pas à pas, à partir d'une page blanche tissant patiemment son réseau de connexions et participant à notre apprentissage collectif, à ce qui est l'histoire en train de se faire.
L'information, c'est la vie, son inquiétude et ce qui nous permet d'inverser l'entropie par la reproduction, l'apprentissage, la complexification, la correction de nos erreurs, principe d'ordre et d'évolution qui nous intègre à la circulation et fait marcher tous les systèmes sociaux, assure leur durabilité, condition de toute écologie.
L'écologie
Pour certains écologistes trop sensibles à l'entropie, à la suite de Georgescu Roegen, nous ne devrions même pas exister, morts avant que de pouvoir vivre, la seule chose que nous pourrions, c'est respirer le moins possible avec pour conséquence de mettre la question de la population au premier plan dans un esprit très malthusien assez effrayant. On sait aussi que beaucoup d'écologistes parmi ceux qui se veulent les plus radicaux s'égarent dans des directions absurdes et surtout complétement inefficientes, voie des ascètes, des monastères ou de communautés plus ou moins religieuses. L'erreur, ici, c'est de croire que l'écologie consisterait en un mode de vie prétendu naturel, imposé à tous, et nous délivrant de l'entropie une fois pour toutes.
L'important à comprendre c'est la logique (ré)active du vivant, d'une information qui est aussi réaction (différence qui fait la différence). Le monde de l'esprit prend le dessus sur les forces matérielles, c'est cela l'écologie qui est donc aussi une activité incessante (réaction informée) au même titre que l'homéostasie du vivant. C'est à cette condition que l'ère de l'information permettra le passage de l'entropie à l'écologie, non que l'entropie disparaîtrait dans un nouveau contrat avec la nature mais parce que les ressources de notre intelligence globale seraient tendues vers la conservation de nos conditions de vie et la reconstitution de notre milieu (passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables, recyclage, relocalisation, etc.). Ce n'est pas gagné, notre survie est toujours menacée, cela doit du moins devenir notre objectif commun.
Ce que le tableau précédent visait à montrer, c'est que, loin d'être un gadget témoignant de notre futilité consumériste, le numérique est en continuité avec le vivant dans ses capacités de réduction de l'entropie, constituant un nouveau stade cognitif, dans la prolongation de l'évolution. C'est bien d'ailleurs pour cela qu'il s'est répandu sur toute la Terre avec la rapidité d'une espèce invasive unifiant le monde par les réseaux. Certes, nous revenons de loin et ce qui apparaît d'abord, c'est à la fois toute la bêtise humaine qui s'y exprime, les limites de notre rationalité et l'état lamentable de la planète mais c'est justement grâce à ces informations comme à l'unification du monde que nous avons désormais les moyens de réduire l'entropie à un niveau sans précédent, ce pourquoi on peut effectivement parler du passage de l'ère de l'entropie, où les hommes ont dévasté la Terre (dès leur sortie d'Afrique), à l'ère de l'écologie et de la globalisation où il nous faudra intérioriser la contrainte extérieure et rendre nos ressources renouvelables. Qu'est-ce donc, en effet, que l'écologie sinon la lutte du vivant contre l'entropie et ce qui menace nos conditions vitales ? Rien de magique là-dedans, ni de gagné d'avance, juste des potentialités à prendre en compte et l'évolution qui se poursuit, mais ça ne se fera pas tout seul, nécessitant notre activité constante (ce qui se fait sans nous, se fait contre nous) et non pas de revenir à une vie naturelle complétement mythique.
Ces considérations qui peuvent sembler abstraites et désincarnées (voire pur délire scientiste) ne sont pas si loin de notre actualité la plus brûlante, celle des révolutions arabes où le rôle des mobiles est manifeste sans qu'on puisse dire autre chose sinon qu'on est toujours dans une phase d'apprentissage. Il ne s'agit pas de prétendre qu'il n'y aurait que des bons côtés, loin de là. Pour l'instant, c'est un fait, il n'y a pas d'intelligence collective, ou si peu, elle est toute à construire encore. Le GIEC en éprouve toute la difficulté, engagés que nous sommes dans la régulation du climat que notre activité influence depuis le début de l'anthropocène mais de façon bien plus massive aujourd'hui. On voit que cette prétention folle de devenir responsables du climat ne dépend pas tant de nous que de l'information que nous en avons, bien trop imparfaite encore mais une bonne information est vitale. Il y a des raisons de s'alarmer de cette nouvelle puissance démesurée qui peut, comme toujours, se retourner contre nous. Pire, il semble bien établi qu'on ne réagit jamais que sous la pression de l'urgence mais la seule façon d'éviter la catastrophe, c'est bien l'information qu'on peut en avoir, sans retour en arrière possible. Il ne fait aucun doute que les supposés bienfaits entropiques de la société de l'information sont plus que contestables à ce stade, pouvant même donner l'impression d'une accélération insoutenable de l'entropie matérielle mais nous n'en sommes qu'aux prémices de la miniaturisation et de l'optimisation des appareils numériques. Toute une série de normes et de nouvelles technologies peuvent réduire drastiquement leurs consommations énergétiques et matérielles (c'est en cours). Laisser croire qu'on ne fera toujours qu'empirer les choses au moment où la Terre entière est déjà presque équipée, c'est d'abord oublier qu'il ne s'agit aucunement de simples machines, ni même de techniques mais du traitement de l'information qui ne se réduit pas à tel ou tel appareil mais qui se caractérise par sa capacité de communication, et donc par son indépendance du support matériel qui peut toujours changer (et devenir plus économe). Ensuite, information et communication devraient justement nous donner les moyens de corriger nos erreurs passées (qu'il faut bien connaître) et d'inverser notre production d'entropie comme on a dû apprendre à enrichir la terre pour ne pas l'épuiser.
On n'en est pas là, on n'en est qu'aux débuts. C'est la difficulté des commencements où les anciennes structures subsistent et les nouvelles potentialités ne peuvent s'exprimer pleinement. Rien n'est réglé, c'est seulement ce qu'il faut rendre effectif par notre action décidée, il y a urgence mais il ne faut pas se tromper de finalité ni de moyens. L'idée qu'on pourrait se passer du numérique désormais est une idée folle sans aucun rapport avec la réalité. Bien qu'il soit si récent, on n'imagine pas à quel point il est omniprésent et tout ce qu'il permet qui n'existerait pas sans lui. Il nous reste à rendre non seulement le numérique plus soutenable mais nos propres rapports avec la biosphère grâce à lui. Ce n'est pas prétendre pour autant qu'il faudrait tout attendre du numérique et des circuits de l'information, il faut que cela change réellement les circuits de matière et d'énergie ainsi que nos modes d'organisation et de production pour les modeler un peu plus sur le vivant grâce à ses capacités décentralisatrices notamment. Les solutions ne sont pas techniques, exigeant malgré tout des modifications de nos modes de vie (pluriels) auxquelles le numérique peut seulement participer. Ainsi, même si cela ne peut dispenser de passer rapidement aux énergies renouvelables, des réseaux intelligents peuvent économiser quand même pas mal d'énergie dans notre période de transition. Il faudra bien tirer parti aussi du fait que le travail devient de plus en plus immatériel pour aller vers le travail choisi et détourner des consommations compensatrices, ou encore réduire les déplacements grâce aux présentiels et vidéoconférences, déjà presque opérationnels, de même qu'on peut tirer parti des possibilités de produire sur place (ou d'imprimer en 3D) des objets numérisés ou des pièces de rechange, etc. Il y a de quoi faire et favoriser toutes sortes d'alternatives.
On peut trouver que tout cela ne va pas très loin mais de toutes façons, c'est notre monde, c'est dans cette voie que nous sommes engagés et qu'il faudra faire preuve d'intelligence et d'inventivité, ce n'est pas en déniant la réalité, en prétendant qu'il n'y a rien de nouveau ou bien en croyant pouvoir revenir aux temps passés et réduire ses consommations par l'effet de notre seule volonté ou de quelque utopie trop idéale. L'écologie de l'avenir, c'est l'écologie à l'ère de l'information, post-industrielle (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura plus d'industries) et sans doute post-capitaliste (du moins sur le long terme). C'est dans ce cadre qu'on doit penser des alternatives écologistes effectives, l'important étant les dispositifs concrets plus que les grands principes. Il faudra bien notamment tenir compte de la précarité engendrée par le caractère non-linéaire du monde de l'information pour instaurer un revenu garanti qui est aussi la condition du travail choisi et de la sortie du productivisme salarial, ce qui serait un facteur important de décroissance sans doute. C'est encore, hélas, du domaine du rêve... Il y a un point qui est plus controversé mais plusieurs études semblent montrer que le numérique pourrait conduire, une fois généralisé, à une décroissance par saturation d'une économie de l'attention qui n'est pas extensible, pas plus que le marché de la publicité. Le marché de la musique illustre bien cet effondrement qui pourrait être exemplaire de ce qui devrait toucher assez vite les autres consommations numériques.
L'écologie est seulement notre horizon, on ne peut absolument pas prétendre qu'on en aurait déjà fini avec l'entropie matérielle et biologique qui reste notre urgence du moment. On l'a dit, le numérique consomme beaucoup trop de matière et d'énergie, pour l'instant, et produit même une nouvelle entropie avec l'obsolescence rapide des technologies, sans parler des catastrophes systémiques qui ont de plus en plus de chance de se produire avec l'interconnexion généralisée. Nous restons fragiles et mortels mais nous pouvons néanmoins, et notamment grâce au numérique, rendre notre civilisation plus écologiquement soutenable, et grâce à l'information arrêter de scier la branche sur laquelle nous sommes assis.
L'unification du monde
Il y a cependant une entropie sur laquelle il ne semble pas qu'on puisse revenir, c'est ce qu'on peut appeler l'entropie humaine que Kojève (tout comme Norbert Elias) identifiait à la fin de l'histoire, d'un Etat universel et homogène, mélange des populations, unification technologique, culturelle et politique dans le système global où les individus sont bien libres de leurs mouvements mais que plus rien ne peut changer (tout change très vite pour que rien ne change). Les révolutions twitter en seraient un des symptômes. On peut trouver cela effrayant, cependant, l'alternative ne l'est pas moins d'une "régulation" inhumaine de l'immigration et d'un processus de différenciation qui dresse les gens les uns contre les autres. Toutes les formes d'entropie ne sont pas forcément si mauvaises même s'il faut revenir à une certaine dose de protectionnisme et d'autonomisation des territoires. Des monnaies locales sont un bon compromis pour une relocalisation qui ne dresse pas des barrières entre les hommes. C'est en tout cas en ces termes que cela se pose. On est là dans l'écologie humaine et la vie d'un écosystème entre stabilisation, adaptation et complexification. Si on est au début d'une ère nouvelle, celle de l'écologie et de l'information, c'est aussi parce que nous sommes à la fin de quelque chose, peut-être pas de l'histoire mais de l'entropie humaine qui arriverait bientôt à son maximum d'égalisation des pays et des individus ? Reste quand même à réduire les inégalités de revenus au moins !
(Article pour EcoRev' no 37 sur le numérique)
S'il est très heureux que le numérique participe de l'écologie il n'est pas dit que l'information puisse en finir avec l'entropie. Je peux comprendre qu'un des supports de la vie soit l'information (ADN, communication...) je comprends aussi que trop d'info tue l'info et que notre attention puisse être débordée. Ce qui pourrait vouloir dire que l'information peut elle aussi être entropique. En tous cas il me semble bon que toute révolution technologique n'est pas comme seul objet l'économisme ou le simple fonctionnement d'un système de production-consommation. Cela me fait me poser une autre question quel valeur d'échange peut-on donner à l'information? Sûrement que quelqu'un à dû se pencher sur cette question mais je n'en connais pas le nom.
Pour finir je dirais qu'on ne serait pas à un paradoxe près si l'écologie ne se développe vraiment que grâce au numérique!
@loïc> J'ai eu la même approche que toi au niveau du lien qui existe entre l'écologie et le numérique dans cet article. Maintenant il ne faut pas oublier que l'écologie n'est pas une pensée indépendante de l'humanité, sorte de substance intemporelle et universelle. Quelque part le numérique et l'écologie ne sont pas anachroniques, peut-être s'agit-il d'un seul et unique phénomène historique: l'écologie ne se développerait pas grâce au numérique mais nécessairement en même temps.
Je sais bien ce que peu avoir de paradoxal et même de choquant pour la plupart des écologistes de lier l'écologie au numérique mais la thèse de cet article, c'est que 1) on peut inverser l'entropie malgré l'évidence contraire, la vie nous le prouve, 2) on ne le peut que par l'information et la correction d'erreurs, pas en se repliant sur soi en petites communautés et en croyant faire bien. Pas de pensée globale sans réseau global. L'écologie se développe grâce aux informations qui nous parviennent sur l'état de notre planète, le GIEC ne serait pas pensable sans ordinateurs, sans des modèles du climat très sophistiqués, etc.
Cependant, tout dépend de comment on réagit à ces informations, on ne sera pas sauvé par l'information sans réaction de notre part et sur ce plan tout est à faire (par exemple les énergies renouvelables) mais poser la question en ces termes donne une toute autre orientation que la plupart des tendances actuelles des écologistes (sauf les ONG qui l'ont bien compris).
J'ai mis un peu de temps à comprendre moi-même ce qui liait indissolublement l'ère de l'information, de l'écologie et du développement humain, correspondant à un saut évolutif qui rapproche notre planète d'un organisme vivant et donne les moyens d'internaliser les externalités dans l'économie. Il ne s'agit pas de délirer sur le sujet et d'en faire trop mais au contraire de s'y atteler dans le détail. Tout est à faire (c'est une réflexion sur l'évolution à long terme) !
Ça rappelle aussi le principe du facteur d'échelle en économie et dans l'industrie. Ce qui d'ailleurs peut amplifier l'entropie jusqu'à maintenant ou la réduire à hauteur inverse.
Comme l'on peut changer la vitesse d'un process informatique en passant du 1 au 0, ou l'inverse selon les cas.
L'industrie et la technologie sont parfois proches du vivant par leurs ressemblances.
Sinon, je ne peux qu'approuver au quotidien ce constat de
changement de paradigme. On ne travaille plus de plus en plus à la pièce, mais sur les lignes de bifurcation de l'information.
La très grosse différence entre l'économie d'échelle et l'information, c'est qu'une réaction informée est toujours spécifique, qualitative plus que quantitative même si une boucle répétitive peut l'appliquer à une très grande quantité.
L'industrie devrait inclure beaucoup plus d'aléatoire pour s'approcher du vivant.
Le présent billet montre tout le positif de la « correction d’erreur » . Vous nous faites remarquer que la vie tire tout son avantage de sa capacité à produire des erreurs. Aussi je propose une correction d’erreur . Justement et paradoxalement de remplacer ici le mot « erreur » par le mot « anomalie ». Nous prendrions à témoin à cet effet le dictionnaire Robert historique de la langue, qui rappelle que le mot anomalie comporte un préfixe ana qui fait sens pour « contre », « en sens inverse » « de nouveau » devant le radical «homo » du grec « homoios » qui veut dire « semblable » . Ana- homo- élie L’anomalie constituerait donc un bon indice de ce que signifie une « information » ? Alors que « l’erreur » n’a pas la même qualité en connotant « méprise, illusion, hérésie » soit ce que produit si bien l’analogie , qui se fie aux ressemblances extérieures, cherche à déterminer le semblable , la réplique du même, par rejet de l'autre possible :
C'est à dire que je trouve que la correction d'erreur traîne la gamelle d' un sens moral. Et la vie ne fait pas de morale. Pour ma part je préfère " la prise en compte de l'anomalie, l'attention portée à l'inattendu. Je pose la question.
C'est bien moral en effet (éthique plutôt) car l'erreur (la faute) se juge en ce qu'elle rate sa finalité (le réel est impitoyable). Aristote disait que la preuve de la cause finale, c'était l'existence de monstres qui ne fonctionnaient pas bien du tout et la plupart du temps ne sont pas viables.
Si la vie peut faire des erreurs c'est qu'elle peut rater sa cible (et donc qu'elle a une cible), mais c'est aussi ce qui lui permet d'explorer son environnement et de tester sa "marge d'erreur". Il n'y a pas de vivant qui ne soit en évolution dans sa confrontation avec son extérieur, l'aléatoire, la dérive et la production d'erreurs sont donc bien essentiels, c'est la vie, mais la correction d'erreurs est plus essentielle encore sans laquelle les erreurs ne seraient tout simplement pas possibles puisqu'il n'y aurait plus personne pour les faire, tout n'étant plus que ratage ou plutôt aucune finalité ne pouvant être atteinte (on ne peut valoriser l'anomalie en elle-même sans valoriser la norme sur laquelle elle se détache).
Pour que l'ADN (plus stable que l'ARN) puisse évoluer et se complexifier, il fallait d'abord un système de correction d'erreur extraordinairement efficace, même si, sur le nombre (3 milliards!) il reste toujours quelques erreurs. La conservation de l'ancien est la condition de l'innovation. Si on repart à zéro on ne fait que répéter les stades précédents à quelque chose près (au contraire de ce que pense le mythe de la bifurcation). La vie est extraordinairement conservatrice, ce qui fait qu'on a beaucoup de points communs avec une mouche par exemple. Non seulement les erreurs ne peuvent être trop nombreuses et radicales (même s'il y a des sauts évolutifs, plutôt par nouvelle combinaison de l'existant) mais une infime partie se révèle bénéfique selon le principe que l'entropie, c'est le probable, et la complexification l'improbable (néguentropique) qui se reproduit cependant (ampliation) ensuite, favorisée par son avantage acquis.
Un certain nombre de processus de correction d'erreur partent d'ailleurs du dysfonctionnement introduit (du résultat), ne s'appliquant pas à une amélioration selon le schéma de la "sélection naturelle". Il y a énormément de processus de corrections d'erreur dans la cellule, on peut même dire qu'il n'y a que ça avec des inhibitions, des inhibitions de l'inhibition, etc.
Il y a des illusions qui ont soulevé des empires, des erreurs qui ont bâties des civilisations. Je dirai même plus, l'illusion est le leitmotiv essentiel de l'action.
Et cela suffit à ce que cette recherche névrosé de la vérité rationnelle sur notre misérable condition ne produise plus pour finir qu'un sérail de désespérés enfin mondialement réuni.
@Felon
Pourquoi un "sérail de désespérés"? Il n'y a au contraire bien des raisons d'espérer, car il n' y a d'erreur estimée ou d'anomalie constatée, que dans les systèmes que nous construisons pour nous impliquer dans la complexité d u "monde' ( autrefois) ou de la "biosphère "( désormais).. Quant au réel ( impitoyable dit Jean Zin, ce qui ne me contredit pas lorsque j'affirme que la vie ne fait pas de morale) Ainsi les "anomalia" que découvre Kepler ne sont pas dans la réalité qu'il explore, mais dans le constat des impropriétés de la théorie antérieure. Donc plus les moyens de connaissance progressent, plus on a, en raison, la capacité de sortir des vieilles illusions qui avaient jusqu'ici " construit des empires" et servi de " leitmotiv essentiel de l'action"
Tout est vrai et son contraire car les erreurs sont à la fois créatrices et destructrices. C'est par erreur que Christophe Colomb découvre l'Amérique, mais ce n'est pas tous les jours qu'on fait des découvertes de ce calibre.
Il est certain que nous avons besoin d'illusions pour agir. C'est même hormonal. En-dessous d'un certain niveau de dopamine on déprime avec de solides raisons alors qu'avec une bonne dose on va se faire tuer en chantant. Les religions essayent d'être l'expression des illusions dont on a besoin (d'une vie après la mort, des souffrances récompensées, d'un salut individuel, du sacrifice pour la communauté, d'un interlocuteur, etc.), érigeant même l'illusion en valeur suprême (le mystique qui arrive à l'hallucination par autosuggestion intensive). C'est ce qui rend impensable pour les croyant de ne plus croire, comment la vie vaudrait-elle le coup d'être vécue si Dieu n'existe pas ?
Il est vrai que l'illusion mène à la déception (l'amour maternel est une promesse que la vie ne peut pas tenir) de façon très maniaco-dépressive. Il est tout aussi vrai que, dans un premier temps, la recherche de la vérité ne peut être que déceptive et mener au quiétisme ou l'aquoibonisme d'une absence de cause à défendre et du constat de l'échec des révolutions passés. C'est un premier temps.
En prenant le temps d'y revenir pour s'inscrire dans le temps, on se rend compte qu'on est dans un processus "en progrès" malgré ce qu'on prétend de nos jours. Dès lors, on sait que nos illusions même peuvent nous mener quelque part grâce à la ruse de la raison qui finit toujours par gagner et nous faire passer de l'obscurantisme (des idéologies) à un peu plus de lumière, y compris sur les limites de notre raison. On se rend compte que du fait de l'absence du sens, notre existence est d'autant plus décisive à le créer (comme le dit si bien Utopia) et continuer l'histoire humaine comme histoire de l'émancipation. Il y a une vérité au second degré, une vérité comme sujet qui se déploie dans le temps. Bien sûr, ce retour réflexif est moins enthousiasmant que les belles utopies et les appels à l'amour, il faut se forcer un peu, trop proche d'une sorte de sérénité comme si c'était gagné d'avance, mais le sol est solide d'un passé qu'on ne peut plus changer et qui nous engage à faire mieux pour l'avenir.
C'est en tout cas ma position qui se distingue de tous les révolutionnaires rêvant de victoire finale alors que je n'en attends qu'un progrès des institutions, un progrès dans notre adaptation au monde nouveau en train de naître, une réduction des inégalités et la réaffirmation de nos solidarités, non pas l'égalité enfin trouvée. Ce n'est pas le tout ou rien de l'illusion ou de la décevante réalité mais l'engagement dans l'histoire.
@Jean Zin :
"L'industrie devrait inclure beaucoup plus d'aléatoire pour s'approcher du vivant."
Là où je bosse, quand je suis arrivé, on m'avait parlé de "chaotic management". J'avais un peu tiqué.
Mais force est de constater que la complexification croissante amène du chaos. Les ratés techniques et leurs coûts sont des forts moteurs d'évolution, de remise en cause, c'est là souvent que ça cogite et que ça agit, ça n'est pas planifiable. Il faut faire face...
Je suis d'ailleurs moi même assez chaotique par moments, me rendant parfois insupportable aux autres.
Oui, la vie, c'est le bordel et il faut que ça marche dans ce chaos. S'il fallait que tout se passe comme prévu, jamais on ne serait vivants. La tolérance de panne et la redondance sont des modes importants de la correction d'erreurs.
Eh bien! La petite cabane sur le causse qui identifie ce site ne fait nulle référence à un "sérail de désespérés", et n'a rien d'une chapelle où l'on se bercerait d'illusions. C'est tonique!
La cabane n'a rien non plus du monde moderne. Je pense qu'il faut vivre le monde moderne dans sa chair pour y comprendre quelque chose, par exemple le genre de puissant désinfectant de l'humanité qu'est de prendre chaque jour le métro de la marche vers le progrès. Ce genre de bonheur qu'on lit sur la tête des populations si heureuses de participer à cette grande marche maintenant qu'il faudrait leur expliquer qu'ils sont chacun les atomes insignifiants de la construction planétaire du progrès.
Les paradigmes ne sont pas mon fort, la réalité du monde ne sera jamais la réalité interprétée (encore moins de loin) mais toujours la réalité vécue. Et c'est ça justement, l'existence qui marque la chair qui témoigne du réel dans le temps. J'entends un médecin me souffler que les statistiques du cancer en sont peut-être un bon témoignage.
Parce qu'il en somme de réalité que vécue et que le reste s'envole en fumée intellectuelle, se déclinant à l'infini en autant de paradigmes que d'individus.
@Felon
Je lis régulièrement les billets de Jean Zin depuis trois années. Et dans sa capacité à "tenir bon" je trouve des raisons d'espérer. Espérer c'est à dire se situer soi-même comme conscience critique dans ce mouvement que vous nommez " construction planétaire du progrès" et qui est effectivement , à titre personnel, et collectif, "mal vécu".
Pour qui n'accepte pas de mal vivre sa vie dans la promesse d'une Vie éternelle en compensation, espérer c'est tenir bon, en attente de propositions qui ne soient, comme projet possible non pas illusions mais bien plutôt rêves, utopies. Construit-on son utopie dans le métro, dans le bruit et la fureur, c'est à dire là où il se réalise ensuite dans l'action? Il y a un temps et une distance exigés pour la réflexion, personnelle ( la cabane un peu mythique sur le causse) Un temps et des moments pour l'action, collective ( la manif,...)
Je viens de la région parisienne et j'ai vécu longtemps à Paris. Le métro je connais mais on peut encore vivre loin du bruit et de la fureur (grâce au numérique notamment). J'ai plutôt des tendances dépressives et suicidaires et j'ai eu du mal à surmonter les désillusions de Mai68, mon optimisme est très "raisonné". On est bien étonné de constater que la plupart des gens se disent heureux (à plus de 80%) malgré le métro-boulot-dodo mais les conditions de vie des travailleurs n'ont jamais été faciles, y compris ici où ceux qui vivaient dans ma petite maison en pierre sèche étaient très pauvres et trimaient comme des bêtes. Il est vrai que seul compte le vécu (pas d'information en soi) mais le sentiment d'appartenir à la grande chaîne de la vie passe le plus souvent par ses enfants.
Si je comprends bien ce que la vie moderne peut avoir d'insupportable, je ne comprends pas qu'on puisse s'imaginer que c'était mieux avant sinon pour quelques uns. On est loin de l'idéal mais on l'était encore plus dans les temps anciens qu'il ne faut pas embellir avec des histoires à l'eau de rose que tout dément. Il y a beaucoup de problèmes mais des dictatures tombent et, en dehors de la France, les peuples sont plutôt enthousiastes. Pour ma part, je me concentre sur ce qui peut nous sortir des impasses dans lesquelles on s'est mis et je crois qu'il y a de quoi espérer même si rien n'est gagné d'avance.
Pour aller dans le sens de ce que vous dîtes sur l’impact actuellement des relations vécues sur le corps lui-même, et la psyché, je cite ici ce qu’écrit JL Mélenchon, de retour d’un forum sur le travail salarié, sur son blog :
« Parmi tout ce que j’ai entendu, l’une des choses qui m’a le plus marqué, c’est l’intervention d’un médecin du travail, Dominique Huez, qui a montré l’impact sur la vision que la personne au travail a d’elle-même dans les nouveaux rapports de production et de subordination très individualisés du management actuel. La souffrance au travail, dans ce cas, est alors une mise en cause de sa propre identité et pas seulement un traumatisme, comme on peut le dire d’un accident du travail, où le corps physique est percuté et déformé. Le médecin a évoqué le sentiment de honte du travailleur qui se rend responsable du vide de sens de sa tache et de son impuissance à l’assumer en tant que moment de sa propre construction. C’est dans ce contexte que le suicide au travail prend sa place. Il note que les suicidés sont souvent des personnes qui sont engagées syndicalement ou politiquement. Donc des gens en demande plus exigeante d’une cohérence de vie. Il évoqua donc ce qu’impliquait pour un travailleur conscient le fait de devoir laisser faire, ou ne rien faire, en face d’actes, de commandements ou de situations dont l’inhumanité s’impose à lui. »
Il n’empêche qu’une distanciation est nécessaire, par la réflexion théorique, philosophique, pour vivre avec l’espérance d’un autre monde possible.
Tout ceci est bien "dialectique" entre entropie et écologie. Cela pourrait être rapproché du couple idéal et technique.
En effet si l'idéal de la technique : l'automobile, les satellites, l'informatique et bientôt les imprimantes 3D... transforme ou transformeront la société. L'idéal : révolutionnaire, démocratique, libéral ou autoritaire nécessite de la technique pour s'imposer. Dans tous les cas cela ne fait qu'accentuer le besoin d'humanité (voire d' "humanitude") actuel, toujours indépassable! Et du même coup de son "subventionnement" toujours plus urgent sous forme de revenu d'existence découplé de toute activité!
Tout ce néo-jargon, cette langue de bois putride des citadins gavés et des néo-campagnards bon-à-rien me donne envie de vomir. Car ...
LE CITADIN EST UN PARASITE
Le citadin ne paye pas le prix de ce qu’il consomme. Il le fait supporter aux autres, les bouseux, les cul-terreux, les provinciaux aux accents insupportables, au vocabulaire exotique. Pour qu’il consomme ses laitues en janvier, il n’est pas gêné que des milliers de camions passent quotidiennement dans les vallées basques et catalanes. Le coût de cette pollution n’est pas pour lui. Pas plus que le coût de la climatisation et du chauffage qui lui servent à annihiler cette horreur : la succession des saisons.
Le citadin ne paye pas car il est malin : il a des copains qu’on appelle les distributeurs qui savent acheter du poisson au Chili ou des haricots verts au Kenya pour qu’il ait tout, toute l’année, au meilleur prix. Les maraîchers locaux qui ne peuvent survivre, les pêcheurs bretons acculés à la faillite, ce n’est pas le problème du citadin. Après tout, ces gens là n’ont qu’à vivre en ville. Comme tout le monde.
Ils n’ont qu’à avoir les problèmes de tout le monde. Par exemple, comment voir la ville du haut de son Vélib. C’est bien le Vélib, c’est écologique, ça évite de polluer Paris avec sa voiture et de savourer pleinement les laitues de février. C’est pas polluant, sauf peut-être, éventuellement, lors de sa construction en Chine dans une usine qui ne respecte pas tout à fait les normes du Protocole de Kyoto. C’est pas polluant, sauf peut être, éventuellement, les gros camions qui sillonnent la ville toute la journée pour aller remettre des Vélib aux parcs à Vélib qui en manquent.
Le citadin a la fibre verte. Il aime le grand air au point qu’il préfère vivre dans un pavillon avec jardin à deux heures du centre ville. Ou alors, il cajole un buron en Aubrac ou une vieille maison dans le Beaujolais pour profiter du bon air, de ce bon air qu’il ensemence de fumées pour rejoindre son pavillon, son buron ou sa ferme retapée. Il est vrai que c’est lui qui jouit du bon air mais l’ensemble du monde qui va profiter de son CO2.
Le citadin est soucieux de sa santé. Il porte une attention réelle et soutenue à ce qu’il mange. Il lui faut des légumes verts qui semblent gorgés de vitamines, des pommes rubicondes, des brocolis au vert tendre. Il se fout que les pommes viennent de Nouvelle-Zélande et les brocolis du Kenya. Ne rions pas : le 9 février 2011, à l’angle de la rue des Martyrs, sur les étals du plus grand cours des halles du quartier, moins de 10% des produits venaient de France et on ne peut pas jurer qu’ils ne soient pas cultivés sous serre. Bons pour la santé du citoyen, peut-être (encore qu’on puisse en douter dans l’ignorance où nous sommes des pratiques culturales), bons pour la santé de la Terre, sûrement pas. Mais ce n’est pas grave : on compensera en utilisant le Vélib et en votant pour les Verts. C’est ça la conscience politique du citadin : une douce musique pompée dans les médias.
Dans les sociétés traditionnelles, la production sur place est la règle, le transport l’exception, à l’inverse des sociétés modernes. La première fonction du transport n’est pas de transporter des marchandises mais de transporter des hommes. Des centaines de millions d’êtres humains commencent par se transporter de leur lieu d’origine vers les mégalopoles, puis, quotidiennement, ils se transportent de leur lieu de vie à leur lieu de travail (car le travail ce n’est pas la vie, n’est-ce pas ?) dans une noria incessante et quotidiennement renouvelée, ils se transportent de leur lieu de vie à leurs lieux de loisirs, de leurs lieux de vie aux lieux de vie des autres. Ils n’en ont même plus conscience tant la mobilité est devenue la règle et même un mode de vie que les publicitaires nous ressassent : soyons mobiles….
Le citadin s’en fout. Moderne, il est persuadé que le Progrès apportera des solutions. Il ne sait pas que le Progrès n’est qu’un faisceau de technologies qui ne peut apporter que des réponses immédiates à des problèmes immédiats. Il n’y aura pas de réponse immédiate aux nuisances générées par un siècle et demi de transport échevelé. Il y a trop de retard, trop d’habitudes, trop de CO2. Il y a trop de camions, trop de bateaux, trop d’usines. Nous sommes incapables d’appliquer le Protocole de Kyoto qui ne prévoit pourtant qu’une diminution de la production de gaz à effet de serre, une diminution, pas une inversion. Mais le citadin a besoin de croire et le Vélib aide à croire. Il est le symbole de sa bonne volonté, alors il l’aime.Le Velib est le crucifix d’une nouvelle Foi, la Foi en un avenir radieux, celui du Progrès inexorable, linéaire, comme la flèche du temps unilatéral qui lui sert de conscience.
Quand le citadin va voir le cul-terreux, il arbore volontiers quelques signes de modernité comme la grosse auto ou le portable dernier cri. Le cul-terreux, il aime pas beaucoup, il sent un danger. Il a pas de vraies connaissances en économie mais il voit bien que les choses ne vont pas dans le sens de sa vie. Forcément : il y a 50 ans, le citadin dépensait plus de 50% de ses revenus pour se nourrir. Normal : quand on ne produit pas, faut payer ce qu’on ne produit pas. La part de la nourriture n’a cessé de décroître, au même rythme que baissaient les revenus du cul-terreux. On lui a bien filé des pansements, une politique européenne, des subventions, mais dans l’ensemble, ça n’a pas vraiment suffi. Le citadin, lui, économisait sur sa bouffe et réorganisait son budget. L’argent investi dans le portable n’est rien d’autre que l’économie faite sur le dos du cul-terreux. C’est la définition même du parasite : il construit sa vie sur la perte des autres.
Le cul-terreux a quelques idées simples : il sait, parce qu’il les voit pousser, que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel. Il sait que la terre est basse et que les champs sont limités. C’est sa vie la limite, la borne qui délimite son champ, la route qui mène au village voisin. Le citadin a perdu le sens de la limite. Il bâtit sa vie sur la croissance infinie, sur le déplacement infini, il a le monde pour domaine. Il a seulement oublié que le monde mesure 40 075 kilomètres de circonférence, pas un de plus, et il n‘y en aura jamais un de plus. Il oublie que la Terre vit car le Progrès le protège du chaud, du froid, du noir. Mais pas de l’inconnu.
Le citadin a le monde pour domaine et il le traite comme tel. Il va dans les forêts des cul-terreux chercher des champignons ou des brins de muguet, le dimanche, pour ses loisirs. Il se balade dans les champs de trèfle qui sont pour lui comme un jardin. Il randonne en montagne avec son chien qui affole les brebis et hurle quand il se trouve pris dans un écobuage. Il va alors jusqu’à dénier au cul-terreux le droit de s’occuper des pâturages qui le font vivre. C’est pas beau la montagne après un écobuage. Le citadin n’imagine pas que les champignons ou le muguet sont un revenu d’appoint, qu’un champ est beaucoup plus difficile à faucher quand il a été piétiné, qu’un troupeau de moutons qui fuit ce sont des brebis qui n’agnelleront pas. Et si le cul-terreux, excédé, sort son fusil, le citadin s’offusque. Il s’offusquerait bien plus si le cul-terreux venait piétiner son jardin à lui.
Car le citadin veut le beurre et l’argent du beurre, l’éclairage public qui brûle toute la nuit, les espaces verts et les légumes verts, la climatisation toute l’année, le bon air, le fric, les loisirs. Tout. Il a perdu tous les savoirs, les vrais, le savoir du temps qui passe, le savoir des rythmes de la terre et n’en a acquis aucun car il confond désormais savoir et information. Il croit dur comme fer que Poivre d’Arvor lui apprend des choses.
Alors le citadin qui est un petit être borné, qui bouffe de l’information frelatée et de la nourriture frelatée, un petit être qui refuse de réfléchir à ce qu’il est et ce qu’il fait, enfourche son Vélib. Dieu merci, il ne peut pas sortir de Paris, aller par exemple sur la branche de l’autoroute du Sud qui conduit à Rungis, vers trois ou quatre heures du matin. Là, il pourrait toucher du doigt les conséquences de son mode de vie. Mais il est tellement con qu’il ne pourra s’empêcher d’admirer toute cette puissance qui lui permettra demain d’aller acheter des tomates et des céréales pour son lardon qu’il engraisse afin de mieux enrichir les nutritionnistes.
Le cul-terreux sait, lui : les céréales, c’est pour le bétail…..
@Terreheurt :
Le citadin avale de la bouffe frelatée par les ploucs qui déversent du pesticide et il boit de l'eau chargée aux nitrates issus des engrais. On peut jouer au ping pong longtemps comme ça. Les bons gentils de la terre pure contre les autres.
@Terreheurt> Et oui, c'est l'apocalypse, Dieu nous avait prévenu pourtant... définitivement l'Homme est maudit et l'Eden est perdu. Une fois que cette malédiction est admise il faut bien en faire quelque chose, et donc prendre le parti définitif que Dieu ne nous aidera pas puisqu'il nous vomit.
Oui, même mon cul-terreux est en voie de disparition. Oui, les athéistes voient dieu partout, surtout là où il n'est pas. La vision de l'athée donnera bientôt raison à l'ubiquité théologique de dieu, même dans les textes où il n'est pas. Du Vélib de la Foi au Vélib de la mauvaise Foi.
La droite s'y met :
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2...
J'avais donné ce lien sur la page principale:
http://www.creationmonetaire.info/2...
L'étonnant, c'est le montant de 850€ que Villepin propose comme revenu minimum et prouve au moins que l'idée progresse, mais pas chez le Parti de Gauche, ça fait pas sérieux, pas travailleur, pas populaire, c'est comme l'écologie, il faut que la droite s'y mette pour que la gauche ne la traite pas avec mépris...
La modernité promet l'égalité d'accés à la liberté au prix d'effort de mise à niveau des plus démunis : ba li ver nes ! Une véritable société humaniste se préoccuperait non seulement d'offrir les meilleures conditions de formation à ses memebres pour les mettre à niveau des exigences d'une 'organisation sociale de plus en plus complexe ; mais elle se préoccuperait aussi et surtout de mettre la société au niveau des plus démunis de ses membres ! Je ne prêche pas un nivellement par le bas, mais une réelle prise en considération démocratique de l'étage inférieur de la fusée société !
Au lieu de ça, le progrès technologique incessant creuse le fossé qui sépare une élite économico-intellectuelle qui profite plein pot des dividendes du progrès pendant que la majorité galère comme c'est pas permis pour essayer de rester accrochée aux wagons sous peine de se trouver décramponner et de voir son existence démonétisée !
Croyez-vous que M et mme Michu vont venir s'exprimer sur un blogue comme celui-ci et développer leur point de vue, donner leur avis à armes égales avec la plupart des intervenants !! Je ne suis pas un décramponné culturel, j'arrive à peu près à suivre, mais je fais du raze-mottes économique pour garder la tête hors de l'eau (1150 € / mois).
Dans ces conditions pas de liberté socio-culturelle ; je compte les euros et je regarde passer le train du progrès avec toutes ses réjouissances dont on nous vente l'attractivité à travers moult supports publicitaire et marketing ! Le pire, c'est le bourrage de crâne qui formate les cerveaux à penser selon l'imaginaire de notre société de consommation techno-scientifique conçue par les dominants pour le profit des dominants pendant que la base s'esquinte pour ne pas décrocher aux marges, c'est-à-dire pour être un minimum intégré !
Non seulement elle est condamnée à baver d'envie, mais en plus elle ressent la pression sociale qui relie réussite et intégration socio-économique. Non seulement les inégalités ont cru, mais en plus l'individualisme croissant aidant, les gens éprouvent de plus en plus les affres de la solitude dans une société où flexibilité, mobilité riment avec désaffiliation !!!!
Vu d'où je parle (c'est important cela) ce monde est cinglé ! On marche sur la tête. Il n'est vivable que parce que l'on ferme les yeux sur la condition des précaires et autres flexibilisés engagés dans une lutte permanente pour assurer une existence qui n'a plus de sens hormis celui de consommer quand on en a les moyens ! Et ceux qui souffrent n'ont pas les mots pour le dire !!! Normal, ils sont les moins bien dotés socio-culturellement pour avoir accès à l'expression publique. Donc on ne les entends pas et on ignore donc leur vécu. C'est de l'occultation, du refoulement !
J'ai fait une petite recherche via Google : votre site ne présente que trois occurrences de Michéa et je sais que vous ne partagez pas ses analyses : et pourtant, celles-ci parlent infiniment plus à un individu comme moi que ces développements sophistiqués de notre société hypertechnologisée, modèlisée, rationalisée et en voie de déshumanisation, où les uns s'éclatent pendant que la majorité se sent totalement ignorée dans ce qu'elle vit et dans ce à quoi elle aspire à vivre !
Le diktat culturel imposé par les promoteurs de la modernité est insupportable en ce qu'il impose les valeurs de la classes dominantes au nom des intérêts de celle-ci et au mépris des intérêts de la France qui regarde sans comprendre ce qui se trame et comment se trame une vie de plus en plus vécue par procuration !
Bien à vous Jean Zin contre qui ces mots ne sont pas dirigés et dont j'apprécie la démarche réflexive exigeante et intègre !
Le monde a toujours été dur et cinglé, on ne choisit pas le monde dans lequel on vit, personne n'a cette toute-puissance de maîtriser le progrès technologique mais il n'est pas vrai que les gens étaient plus heureux avant, si ce n'est pour certains. Il y a bien une classe dominante qui protège ses intérêts mais la modernité s'impose à eux autant qu'à nous, on peut juste limiter leur avidité.
Contrairement à Michéa, je ne dis pas ce qu'on voudrait entendre, se laissant aller à la détestation du monde moderne, mais ce qui me semble juste et faisable. Christopher Lasch vaut beaucoup mieux que sa pâle copie.
Je suis d'accord par contre sur le fait qu'une société se juge à la façon dont elle traite les plus démunis, ce pourquoi, entre autres, je défends un revenu garanti et les moyens pour chacun d'un travail autonome mais il ne faut pas rêver au fait qu'on n'aurait plus besoin de compter ses sous.
Je suis moi-même précaire et n'ai pas toujours autant que vous, ne pouvant parfois me payer les livres que je voudrais lire. Je critique beaucoup la "simplicité volontaire" comme politique mais on ne peut dire que la sobriété n'ait pas de vertus, en tout cas il ne s'agit pas d'encourager à la consommation même s'il est vrai que le manque d'argent est invivable, menant beaucoup au suicide.
Il s'agit d'évaluer dans ce contexte ce qu'on peut faire et revendiquer en fonction des technologies disponibles, des contraintes matérielles et des forces sociales. Les propositions que je fais (revenu garanti, coopératives municipales, monnaies locales) me semblent pouvoir alléger pas mal de souffrances sans prétendre que ce serait le paradis mais déjà moins de pauvres et de dépendance financière serait un progrès considérable (il faudrait aussi moins de très riches!).
Je suis d'accord enfin sur le fait que la société exige trop de nous (c'est ce qu'on appelle "l'autonomie subie" et dont je parle dans "l'inversion de la dette"). Ce pourquoi il faudrait effectivement aider les gens à gérer leur vie et accéder aux outils numériques, ce que pourraient faire les coopératives municipales, à la fois sociétés d'assistance mutuelle et de développement humain. Il faut être conscient que toute sortie du productivisme se paye d'une baisse des revenus, c'est bien parce que presque tout le monde veut une augmentation de ses revenus qu'ils soutiennent le système, on peut s'en sortir par le qualitatif en détournant le désir sur l'activité, la valorisation de ses compétences, le travail épanouissant à condition d'en donner les moyens à tous.
@Jean Zin :
Certains râlent quand même, alors que ce serait déjà une avancée, mais ca risque de rester à l'état de promesse, quand bien même DDV serait élu, ce qui n'est pas le plus probable non plus :
http://www.actuchomage.org/20110301...
Quant à l'opposition de la gauche contre une TVA accrue dont les fonds collectés pourraient très bien être en partie progressivement redistribués pour compenser les écarts de revenus, là non plus je ne comprends pas leur refus. Ça serait aussi un moyen de freiner les importations de dumping, relocalisation, mais la gauche semble obnubilée par l'internationalisme sans bornes.
@olaf :
Sur un transfert des prélèvements du travail à une TVA assortie d'un CICU (Crédit d'impôt sur la conso universel).
Y'a un petit débat sur le sujet sur le blog d'Alain Godard.
C'est sûr, ces critiques pouvaient être écrites d'avance. Il est vrai que Villepin est plus que critiquable et qu'il n'a de toutes façons aucune chance d'être élu, il faut juste y voir le progrès de l'idée de revenu garanti sinon on trouvera toujours plus extrémiste que soi. Certains exigent un revenu garanti au niveau du smic, je ne vois pas à quoi ça sert sinon à pouvoir admirer sa propre radicalité.
Pour le rejet de la TVA sociale, c'est vraiment la démonstration de la débilité mentale pour des raisons très dogmatiques (le pire là-dessus, c'est Bernard Friot) avec des effets sociaux très graves complétement déniés. En croyant défendre les pauvres contre l'augmentation des prix, ce sont les rentiers qu'on défend car l'inflation est bonne pour les actifs dont les revenus sont indexés sur l'inflation (pas forcément au début, il faut des luttes sociales) alors que les rentiers y perdent à la longue mais on se fait insulter si on ose le dire en France, toujours au nom de principes universels merveilleux (pas de l'internationalisme du tout). De quoi dégoûter de la politique...
Ceci dit, il y a moins de marge en France qu'il n'y en avait en Allemagne car la TVA est déjà assez élevée ici. L'indexation des bas salaires (cauchemar de Trichet) et prestations sociales me semble bien préférable au CICU, d'autant que les luttes pour l'augmentation des salaires sont assez faciles, pouvant mobiliser largement pour des mesures collectives alors que la baisse des prix favorise l'individualisme. L'impôt sur le revenu devrait être l'outil principal de réduction des inégalités (avec des taux jusqu'à 80% pour les hauts revenus comme dans les années 60).
Je ne suis pas persuadé que la "progrès" technologique, que personnellement je pense plus juste d'appeler "la foi technologique frénétique", soit une fatalité. Au stade de développement humain atteint par notre civilisation, je pense qu'il n'y a plus lieu désormais de considérer ce facteur qui a joué un rôle prépondérant comme une nécessité.
Nous disposons largement des ressources pour procurer à chacun les moyens d'assurer sa survie matérielle et sanitaire dans des conditions satisfaisantes : disparition des famines et progrès médicaux incontestables (outils d'aide au diagnostique, chirurgie, pharmacopée et prophylaxie). Idem pour ce qui est de la réponse aux besoins éducatifs dotant chacun de la capacité de comprendre le présent dans lequel il vit à la lumière du passé qui l'a engendré et ainsi d'en tirer des enseignements pour bien poser le problème que pose le monde de demain ...
De mon point de vue, c'est ce que je tente cahin-caha de formuler, il est en effet devenu plus important de s'autoriser à penser de manière iconoclaste. Autrement dit, dans le contexte de crise tous azimuts dans lequel nous vivons associé à l'outil Internet, chaque citoyen est fondé à s'emparer de la réflexion en dehors des cadres de penser fixer traditionnellement par les détenteurs du monopole de l'intelligence répartis dans les catégories des experts et des intellectuels (je vous range dans cette seconde catégorie Jean).
La conjonction des crises majeures et de l'émergence d'outils d'intelligence collective offre je pense une opportunité exceptionnelle de changer de paradigme réflexif (discursif). Habituellement nous avions coutume d'être dans une répartition des rôles où les uns avaient en charge de guider la réflexion des autres. Le problème, c'est que les uns ne partagent pas du tout le même habitus des autres et que la position à partir de laquelle ils pensent le monde, pour sincère qu'elle puisse être, fait trop souvent selon moi l'impasse sur le vécu des gens qui vivent dans la société pensée par les intellexperts.
A ce propos vous considérez que Michéa écrit ce que les gens ont envie d'entendre : pour ma part je dirais plutôt que "des gens (comme moi) se retrouvent dans ses analyses" ! Je ne pense pas qu'il élabore celles-ci avec l'arrière-pensée que vous lui prêtez. Probablement que Lasch mérite mieux mais l'aspect de sa pensée à laquelle je me réfère fait davantage allusion à la common decency d'Orwell. Lasch quant à lui était plutôt un tenant d'un certain populisme auquel il confère une certaine noblesse.
Je pense qu'à terme, moyen et long, les perspectives de d'amélioration de la condition humaine implique une rupture passant par une démocratisation de l'activité de penser l'avenir du monde. Dorénavant, il me semble que les intellexperts n'ont plus tant pour mission de définir les axes à suivre, de livrer du prêt à penser, du prêt à l'emploi, de délivrer la "sainte" parole, que de mobiliser, en concourant à l'organiser, la pensée populaire. Les outils dont nous disposons rendent cette tâche possible. Et la volonté existe chez une part conséquente de la population. Le chantier est à peine ouvert.
Pour résumer mon approche intuitive, je pose que l'heure n'est pas tant à se pencher sur des solutions techniques qu'à se préoccuper de penser une méthode susceptible d'aider l'humanité du XXIe siècle à accoucher de ce dont elle est porteuse. J'ai bien dit une méthode à finalité maïeutique. A titre personnel je suis demandeur de ce genre de contribution de la part de nos intellexperts.
A ce stade de ma réflexion me viennent à l'esprit les contributions d'Edgard Morin (La méthode précisément) et de Pierre Bourdieu (La misère du monde). A ce propos, Vincent de gaullejac confiait l'autre jour lors d'une conférence que Bourdieu s'était rendu sur le tard à la nécessité d'une approche faisant la part belle à la clinique. C'est selon moi une voie prometteuse pour construire notre avenir commun, en phase avec l'évolution socio-technologique.
A suivre si vous le voulez bien...
Sur com. 25 J.Zin
Moi qui suis au Front de Gauche, je suis en effet bien triste qu'il faille que la droite s'y mette pour que, peut-être, les camarades de la gauche qui ose se dire radicale acceptent de seulement discuter du revenu universel .. Tellement c'est contraire à la morale de la classe ouvrière traditionnelle
sur com. 25:
Plus les travailleurs salariés ont vécus intimement la peine du travail subi ,plus il considèrent le revenu citoyen comme moralement inconcevable. C'est pourquoi le front de gauche est incapable de proposer cette voie inéluctable, proposée depuis longtemps par des intellectuels experts de gauche ( Ignacio Ramonet et ATTAC par exemple). Mais lorsque la droite aura imposé sa conception du revenu citoyen comme solution à sa crise et moyen de mettre fin à la protection sociale acquise, alors les camarades de la gauche dite radicale exigeront un revenu universel suffisant Je suis au front de Gauche et je comprends les camarades, sans leur donner raison. Mais c'est ici. Le poids de l'histoire, tout simplement
Ces résistances "historiques" de la gauche au revenu garanti, comme à l'écologie avant, c'est bien la preuve qu'on n'y arrivera pas, que ce n'est pas une question de prise de pouvoir mais d'être incapable d'avoir un projet alternatif adapté au contexte. Il ne suffit pas d'avoir une grande gueule comme Mélenchon et d'être persuadé d'être du bon côté.
@Pascal :
C'est vrai au niveau local qu'il faut laisser les gens s'auto-organiser (s'autogérer plutôt), chacun étant le mieux placé pour témoigner de son quotidien, mais on ne peut pas faire comme si on trouverait ainsi par miracle les solutions sur lesquelles tous les mouvements précédents s'étaient cassé le nez et qu'on était tellement supérieur avec le numérique. Ce qui existe toujours, c'est l'esprit de parti, le dogmatisme, la propagande, le pouvoir, la rivalité, la bêtise, les préjugés (le frimeur, l'idiot et le vendu), etc. Il y a tout un travail à faire pour en sortir. Le problème n'est pas d'avoir des guides mais de savoir quoi faire, d'avoir une alternative qui marche. Quand on voit le niveau du Front National qui n'en a pas fini de monter, ce n'est pas le moment de se monter la tête comme le faisaient les utopistes des années 1920 ! Je vais essayer de faire un texte autour de ces question.
"Plus les travailleurs salariés ont vécus intimement la peine du travail subi ,plus il considèrent le revenu citoyen comme moralement inconcevable"
C'est vraiment ça. Vous pouvez discuter du revenu inconditionnel avec un étudiant (dans la merde ou pas), un éternel raté, un bourgeois, un libéral, etc. Mais avec un salarié ou un ex-salarié qui en a bien chié, c'est peine perdue.
Tu dois te pourrir la santé comme j'ai pourri la mienne. De vrai chrétiens athées en somme... Mais sans le paradis.
Moi j'abandonne, je vais juste essayer de sauver ma peau (en espérant que l'histoire fasse son travail).
@Jean Zin :
Le débat fiscal est rarement complet. De mo point de vue, les points incontournables sont les suivants:
Revenus, production/consommation, ouverture internationale des marchés (porosité des frontières), assiettes (influence de la structure démographique), harmonisation fiscale.
Si je tente de tenir compte de ces facteurs, je garde l'IR (progressif pour réguler les inégalités et intégrant tous les revenus) et la TVA pour réguler la production/consommation (avec CICU pour lui apporter un caractère progressif qui pourrait être traité avec l'IR, mais le terrain est tellement miné que le CICU est un décontractant idéoligique). C'est tout, tout le reste ne fait que compliquer le système et la complication est source de suspicion justifiée puisque les riches tirent toujours un meilleur parti de la complexité de la fiscalité. Quelques conséquences d'un tel système fiscal (IR+TVA) :
-l'état providence passerait au budget, cad que le paritarisme disparaîtrait et la protection sociale rentrerait dans le budget.
-la régionalisation (girondisation) en prendrait un petit coup, parce que ses budgets lui viendraient de l'état.
-etc...
Je ne suis pas pour une trop grande simplification (le réel a besoin de complexité) ni pour la disparition totale du paritarisme mais il est vrai que les principaux impôts sont l'impôt sur le revenu, la TVA et la CSG. La TVA sociale ne peut être assez importante pour supprimer toute charge sociale. Il faut y joindre l'impôt sur l'héritage, l'impôt sur les sociétés, des taxes carbones peut-être (je n'en suis pas vraiment partisan sinon comme lissage), etc.
Sinon, moi aussi, j'ai renoncé à convaincre quiconque de mesures qui apparaissent complètement hors propos et infaisables après des années de débats inutiles, n'attendant plus que du réel qu'elles s'imposent. Et le réel, c'est la droite comme pour l'écologie...
Pourtant, la simplicité est le résultat de la complexité, aussi paradoxal que ça puisse paraitre. Il faut en passer par tous les détours du complexe pour arriver à des solutions simples et efficaces.
D'ailleurs on le voit en physique ou en mathématiques, où l'on fait des pages de calculs pour arriver à un résultat exprimé très simplement. Le fameux e=mc2.
Site qui m'a un peu scotché, ça m'arrive encore :
http://www.lejournaldepersonne.com/...
Qu'aujourd'hui souffle un vent de liberté et de politique me semble de plus en plus assuré! Mais je ne crois pas que le revenu d'existence puisse être rangé dans un camp ou un autre. C'est autant une question politique, que sociale et philosophique. C'est une question majeure qui si elle ne résoudra pas toutes les questions répondra au moins à celle de démocratie économique!
Je ne crois pas que quiconque puisse être contre, même ceux qui peuvent s'être usé au travail, seraient content qu'un droit comme celui-ci existe pour eux-mêmes (s'ils veulent se former ou étudier par exemple) et pour leurs enfants....
Il ne s'agit pas d'une mesure de luxe, bien au contraire il s'agit de libéraliser l'activité professionnelle pour que ceux qui veulent travailler le puisse. Bref tout de bon sens!
Je me réjouis donc que des "politiques-politiciens" ou politiques professionnels reprennent le sujet et le médiatisent. Dans des sociétés riches les plaies du chômage ou du travail non choisi restent bien trop béantes... C'est une mesure politique bien sûr mais avant tout de justice sociale et économique, et qui justifierait le qualificatif de démocratique pour nos sociétés modernes.
@olaf
Excellent le dernier lien que tu proposes...
@Jean Zin :
Sur la simplification fiscale.
Je suis assez sidéré de votre réaction vis à vis de la simplification proposée (IR progressif (tous les revenus) pour gérer les inégalités+TVA ou TVA-CICU pour gérer politiquement la consommation/production). Simplicité ne veut pas dire simplisme. Quand un système est devenu aussi compliqué et comporte autant d'exceptions (niches) comme c'est le cas aujourd'hui, c'est qu'il faut en changer. Le simple fait de sa complexité inutile favorise ceux qui ont les moyens de faire de l'optimisation fiscale ainsi qu'une administration de contrôle (dans l'état, mais aussi dans les entreprises), recouvrement etc pléthorique qui vient elle-même allourdir la facture et réduire la lisibilité. De plus, les leviers de commande politiques et économiques n'ont plus aucune efficacité.
Je suis pour une simplification fiscale mais contre l'idéologie de la simplification (genre flat tax ou la réduction de toutes les aides à l'allocation universelle) comme je suis contre toute pensée abstraite qui ignore la diversité concrète. Il faut donc simplifier, et de façon significative, mais pas s'interdire des mesures ciblées plus qualitatives. Ceci dit, je n'ai aucune compétence dans ce domaine complexe qui mérite une étude détaillée. Je m'intéresse surtout à la "tva sociale" pour son rôle de "droit de douane" dont pourraient être exonérés les échanges locaux (c'est déjà déroger à la simplicité d'un principe universel).
@Jean Zin :
Je ne suis pas non plus spécialiste, mais j'ai pris le temps de m'informer et le meilleur site que j'ai fini par trouver, c'est celui d'Incognitototo sur ce sujet (articles B2, C13 C14 et C21).
La TVAS rencontre un obstacle idéologique tellement puissant qu'il a coûté à l'UMP environ 50 députés entre les deux tours des dernières législatives (suite au débat Fabius-Borloo). Le CICU serait inutile avec un IR vraiment progressif, mais dans la situation de blocage idéologique actuel, il fait office de "décontractant idéologique" en rendant la TVA (TVA+TVAS) progressive.