La fin du communisme et l'essoufflement de la social démocratie ne peuvent pas laisser longtemps l'espoir en berne, comme si l'humanité avait pu jamais se résigner à son sort: supporter sans rien dire l'arbitraire, l'injustice et la misère, attendre sans rien faire que la mort nous gagne, sans raisons de vivre qu'un morne confort et sa plate servitude. Passé le temps de comprendre, la flamme doit renaître plus forte et brillante pour ne pas seulement résister mais vaincre, les combats ne manquent pas, il ne faut plus disperser nos forces mais les ajouter.
Nous ne voulons pas des partis (un de plus). Ils nous réduisent à répéter leurs slogans, camouflent leurs erreurs, ignorent nos diversités et nous divisent. Nous ne pouvons créer que ce qui existe déjà : Le Mouvement. Un mouvement rassemble des énergies éparses, organise son expression et son action sans demander de comptes à ceux qui se joignent à cet effort. Le mouvement se doit d'être la coordination permanente des bonnes volontés, instrument de ceux qui agissent et dénoncent les pouvoirs.
Notre charte est celle de nos pères qui n'ont pas achevé la besogne mais tracé le sillon. Chacun est libre de vivre comme il veut (comme le veut sa raison unique et déchirée dans notre commune solitude), chacun se vaut parole contre parole (sans distinctions de fortune ou de sang) et chacun vit en nous (solidaire, miroir et juge): Liberté, égalité, fraternité. Cela ne va pas de soi. L'avenir dépend de ce que nous en ferons, il dépend de nos actes.
31/01/91 (Manifeste 06/92 et Prêt-à-penser 1993)