L’urgence d’une capture du CO2 massive

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carboniqueComme tous les écologistes, je pensais qu'une modification de nos modes de vie et de production s'imposait pour éviter un réchauffement catastrophique, j'étais même plus radical que mes petits camarades dont le réformisme ne me semblait pas à la hauteur des enjeux. Malgré le ralliement tardif de Naomi Klein, qui débarque au dernier moment pour nous assurer que "Tout peut changer", il est pourtant bien difficile d'y croire encore. Il n'y a aucun signe d'un tel changement alors que le temps presse. Bien fou qui se fierait au fantasme toujours déçu d'une sorte de soulèvement mondial réorientant l'économie. L'économie se transforme à grande vitesse, au point qu'on peut dire que jamais période ne fut aussi révolutionnaire, mais à cause de l'accélération technologique et du déferlement du numérique, sans que nous y soyons pour grand chose. Par contre, la prise de conscience de notre incontournable responsabilité du climat est plus lente et rencontre l'opposition d'intérêts puissants et de marchands de doute pernicieux.

Il faut bien avouer que l'évolution du climat est encore plus incertaine que celle de l'économie et qu'il est très difficile de s'en faire une idée claire entre quelques bonnes nouvelles et de très mauvaises qui s'accumulent. Ainsi, le ralentissement du Gulf Stream pourrait atténuer un peu le réchauffement en Europe. Le minimum d'activité solaire ("minimum de Maunder") prévu pour la prochaine décennie est plus difficile à évaluer mais devrait être minime (bien que pouvant augmenter la couverture nuageuse par augmentation des UV et des particules cosmiques). Pas de quoi nous rassurer dans l'état actuel des savoirs mais ces incertitudes n'aident pas à mobiliser et il n'est pas sûr qu'un catastrophisme sans nuance soit plus mobilisateur, pourtant l'existence de risques majeurs ne peut plus être ignorée. Même s'il y a une multitude d'inconnues, il ne s'agit pas de prétendre que le pire serait sûr mais il serait complètement irresponsable de minimiser les risques alors qu'on souffre déjà d'un réchauffement pourtant très loin de ce qui va nous arriver.

Cependant, même lorsque l'urgence en est reconnue, les engagements restent très insuffisants. On se rend bien compte que "la stratégie du choc" n'est pas l'apanage des néolibéraux. Y compris pour des enjeux aussi vitaux que ceux de l'écologie, il faut être sous le choc pour prendre des mesures radicales. Heureusement, les énergies renouvelables connaissent un développement prodigieux et deviennent assez compétitives pour n'avoir plus besoin de notre militantisme pour prospérer ni même de subventions aveugles (il faudrait plutôt se concentrer sur les goulots d'étranglements et les freins à leur développement). C'est un mouvement qui devrait s'accélérer et il se pourrait que les voitures autonomes électriques se substituent assez rapidement à notre parc automobile si polluant.

La grande révolution à venir des taxis autonomes devrait permettre, en effet, des avantages économiques et environnementaux significatifs, réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 63 à 82% par rapport à un véhicule hybride et 90% par rapport à un véhicule à essence. Près de la moitié des économies serait d'ailleurs attribuables à un dimensionnement adapté au nombre de voyageurs et si 5% des ventes de véhicules (environ 800 000 véhicules) étaient remplacées par des taxis autonomes, cela permettrait d'économiser environ 7 millions de barils de pétrole par an !

Il n'est pas vraisemblable pour autant que ces tendances soient assez fortes pour corriger une trajectoire qui s'oriente plutôt vers un dépassement assez sensible des 2°C (ce qui constitue déjà un réchauffement absolument désastreux). L'échec semble bien programmé. Entre des prévisions climatiques de plus en plus inquiétantes (même si elles sont controversées), des progrès technologiques continus permettant d'y faire face et notre impuissance à prendre des mesures à la hauteur des enjeux, il y a de quoi désespérer les écologistes les plus lucides et devenir des "climate defeatists".

Il serait malgré tout criminel de baisser les bras. Il faut incontestablement continuer à défendre une relocalisation de l'économie et sa réorientation vers le développement humain mais on est bien obligé de constater que les villes en transition ne représentent pas grand chose (et ce n'est pas la fin du pétrole le problème mais qu'il y en a beaucoup trop encore!). Les incitations politiques sont capitales mais là aussi, plutôt décevantes en général. Même l'amélioration de l'efficacité énergétique ne tiendrait pas ses promesses. Notamment, remplacer des chaudières en état de marche, ou même des fenêtres, coûterait bien plus que cela ne peut rapporter (y compris en énergie). Par contre colmater les trous et remplacer les ampoules reste très positif. Le problème est la surestimation des gains, pas le fait que cela diminue plus ou moins la consommation (il n'y a pas d'effet rebond). Il n'y a donc pas de solution miracle et s'il faut sortir de la société de consommation autant que faire se peut (en passant notamment à une économie de la fonction ou de l'accès, avec l'achat de services plus que de biens), relocaliser en faisant des monnaies locales et des coopératives municipales, il est tout aussi indispensable de pousser les énergies renouvelables (pas le nucléaire heureusement sur le déclin) et réduire la consommation d'hydrocarbures. Même en ajoutant les effets de toutes ces politiques, le compte n'y est pas et il faudra donc aussi s'engager résolument dans la capture massive du CO2.

Il ne s'agit pas d'une alternative à quoi que ce soit mais d'un complément dont on ne pourra se passer. La capture du CO2 ne peut tout régler - ni sans doute l'acidification des océans, pourtant si alarmant, ni la fonte des calottes glaciaires réduisant la réflexion des rayons du soleil - mais elle nous permettra sans doute d'éviter le pire, en appoint à toutes les autres mesures prises. En fait, sans la capture du CO2, il y aurait effectivement de quoi sombrer dans le défaitisme le plus complet ou la panique la plus stérile. Si la panique pouvait être bonne conseillère, comme le croient la plupart des écologistes, ce serait une bonne chose mais ce n'est pas le cas. Dans ces conditions, condamner la capture du CO2 serait complètement contre-productif et même dangereux à retarder une mise en oeuvre vitale à laquelle on devrait s'atteler dès maintenant. C'est le fait de s'assurer qu'on ne dépassera pas des seuils dangereux qui peut donner sens aux autres actions. Sinon, de toutes façons, on s'expose à des géoingénieries bien plus problématiques, voire à une relance du nucléaire, car, à mesure que la situation s'aggravera, on ne pourra pas rester sans réagir.

Jusqu'ici, je dois dire que je n'imaginais pas que la capture du CO2 puisse avoir un impact significatif et on en parlait relativement peu (notamment dans les conférences sur le climat mais le GIEC y insiste désormais). C'est de découvrir les techniques envisagées qui m'a fait changer d'avis. Si j'ai toujours souscrit à la critique écologiste de ceux qui prétendent que la technique pourrait résoudre tous les problèmes pour justifier de ne pas s'en préoccuper, je trouve encore plus absurde de nier qu'une technique puisse résoudre un problème quand c'est le cas. Mon point de vue est sans doute déformé par le fait que je suis des recherches en cours et qu'il y a nombre de découvertes qui ne tiennent pas leurs promesses, mais quand les progrès viennent de toutes parts, il y a de bonnes raisons de penser qu'on ne pourra qu'avoir des techniques de plus en plus efficaces ; et, en matière de climat, on doit raisonner justement sur le long terme et non pas en se limitant à l'état actuel des techniques.

Une des techniques qui m'a le plus convaincu de la faisabilité d'une capture massive, peut-être à tort, c'est avec des "résines échangeuses d’ions", pouvant être produites massivement et à bas prix, pour extraire le gaz carbonique de l'atmosphère simplement en portant des charges négatives (anions) capables de fixer, par temps sec (dans les déserts?), une molécule de dioxyde de carbone à chacun de ses anions. Je ne sais si ce principe est réellement opérationnel mais ce qui m'a impressionné, c'est le fait que, selon le chercheur, il suffirait d'une centaine de millions de ces dispositifs (1.000 fois plus efficaces qu’un arbre) de la taille d’un container pour absorber nos émissions de CO2, ce qui semble bien à notre portée. Même si cette technique n'est pas la bonne, cela suffit à démontrer qu'on n'est pas dans l'ordre de l'impossible et qu'on devrait finir par y arriver. Dès lors, le plus tôt serait le mieux.

Il n'est pas certain qu'on y arrive. Avec 34 gigatonnes libérées par an - la moitié allant dans l'atmosphère, le reste se partageant entre la biomasse et les océans - les quantités sont considérables et les possibilités de stockage limitées. "Les problèmes sont connus et non solubles : manque de puits pour stocker des gigatonnes, éloignement de potentiels lieux de stockage (couches argileuses, aquifères profonds ...) vis-à-vis des lieux de production concentrée". D'autres chercheurs sont plus optimistes bien qu'ils soulignent que la capture du CO2 coûtera plus cher que la réduction des émissions. Si on s'intéresse à la capture du CO2 de l'air (trop difficile pour certains car pas assez concentré), le problème de la localisation ne se pose plus, il suffit de capter le CO2 là où on peut le stocker mais reste à trouver ces endroits (sous la mer?) et assurer la stabilité de ces puits de carbone dans le temps, ce qui reste à prouver. La transformation chimique semble plus sûre mais la faisabilité à grande échelle n'en est pas établie encore. Avant de s'inquiéter du manque de place, on pourrait quand même commencer là où il y en a, au moins investir dans la recherche car, si c'est possible, ne pas s'y engager serait criminel. Si ce n'est pas possible, on devrait l'établir assez vite. Il ne s'agit pas de s'en remettre aux opinions personnelles, un diagnostic scientifique là-dessus et des expérimentations devraient faire partie de nos priorités.

Une fois qu'on admet la possibilité de capture le CO2 à grande échelle, on en voit tous les avantages. D'abord de traiter le problème à la source au lieu d'en corriger les effets pervers, ce qui distingue la capture du CO2 de tous les autres projets, plus ou moins fous, de géoingénierie. Ensuite on peut voir quelque avantage à se constituer ainsi un stock pouvant être utile à beaucoup plus long terme pour repousser une nouvelle glaciation (puisque nous sommes au milieu d'une période interglaciaire). L'objectif premier devrait être de revenir aux niveaux antérieures de CO2, non pas que ce serait un optimum absolu (bien difficile à déterminer) mais pour stabiliser notre environnement actuel avec lequel la civilisation s'est bâtie (la CIA elle-même s'intéresse à la géoingénierie comme agent stabilisateur). Cette possibilité de capturer ou relâcher du CO2 nous fait entrer dans l'ère d'une homéostasie du climat entièrement nouvelle, ce thermostat global transformant d'une certaine façon notre planète en organisme vivant dont nous serions les agents régulateurs. On n'est plus cette fois dans la réaction à un événement mais dans la régulation de notre maison commune, laissant par ailleurs chacun libre d'agir à sa guise. Cette régulation aurait dû être idéalement celle de nos émissions mais, il est un peu tard et si celles-ci devront de toutes façons diminuer, le respect des objectifs en reviendra plus sûrement à un organe spécialisé, sorte de poumon de la planète, projet qui peut paraître à bon droit délirant mais qui semble inévitable - et ce n'est pas la première fois que les humains prendront la place des dieux après leur avoir volé le feu et cultivé la terre.

Les réticences que peuvent susciter la capture du CO2, notamment parce que cela irait contre les efforts de réduction, sont tout-à-fait déplacées et purement idéologiques. Il faut les dépasser pour ne pas perdre de temps et s'y engager immédiatement. Bien sûr, les résines ionisées citées plus haut sont loin d'être la seule technologie envisageable et la biomasse doit y participer en priorité même si elle a aussi ses limites. De nombreux procédés sont à tester et qui peuvent se compléter au lieu de miser sur un seul cheval et tomber dans le gigantisme. Cela va de nanoparticules en forme de ballon (buckyballs) à des arbres artificiels et toutes sortes de filtres ou même la simple dissolution dans l'eau. Des bactéries ou des algues peuvent être cultivées pour cela. Une étude suggère qu'il suffirait de couvrir 9% des océans avec des fermes d'algues pour capturer l'équivalent de la totalité des émissions de carbone actuelles de l'humanité. Il serait profitable aussi de convertir la matière végétale en biochar, etc.

Les procédés chimiques de capture du CO2 sont spectaculaires et variés, comme l'olivine écrasée (un minéral qui absorbe le CO2) ou de nouvelles formes de fabrication du ciment qui arrivent à un bilan négatif en carbone. Si tout le ciment du monde provenait de ces nouvelles méthodes de fabrication de béton capable de capter le CO2 de l'air au lieu d'en produire, près d'une gigatonne de carbone pourrait être capturée par an. Certaines technologies de pointe ont même le potentiel de transformer le CO2 en matière plastique ou en hydrocarbures.

L'intégration du CO2 dans les objets eux-mêmes, leur matière, constitue effectivement un bon moyen de le prélever de l'atmosphère. Tim Flannery plaide également pour le stockage sous la croûte océanique (trois kilomètres ou plus en dessous de la mer) préférable au stockage terrestre car la pression exercée par l'eau permet de comprimer le gaz et de le garder stable. Le stockage sous forme chimique, par exemple dans le basalte volcanique l’intégrant à la roche, me semble malgré tout plus sûr mais il souligne de façon très pertinente qu'il suffirait en tout cas de fixer le prix du carbone en fonction du prix de son stockage pour financer le système (il est vrai que le marché du carbone - abusivement appelé des "droits à polluer" car le seul droit à polluer est d'acheter de l'essence ou du gaz oil - a été un énorme fiasco mais donner un prix aux émissions de gaz à effet de serre est inévitable).

Il ne s'agit pas de se focaliser uniquement sur le CO2, la bombe méthane étant aussi, sinon plus, menaçante. Les études sont partagées sur le sujet mais la déstabilisation des hydrates de méthane des océans et la fonte du permafrost pourraient provoquer un réchauffement rapide et incontrôlable. Si le méthane reste moins longtemps dans l'atmosphère que le CO2, il a un pouvoir réchauffant 20 fois supérieur. Il est donc bien évident que plus on s'approchera du pic de température, plus il deviendra urgent de réduire les émissions de méthane en priorité (entre autres, d'arrêter l’exploitation des gaz de schiste responsables de fuites importantes. On nous parle aussi d'un riz OGM produisant moins de méthane, sans parler des vaches). Ceci dit, pour l'instant, la priorité reste la diminution du charbon, comme s'y engage Obama, sauf que le problème pourrait être simplement déplacé car la chute des prix que cela provoque encourage son exportation vers les pays pauvres...

Répétons que la capture du CO2 ne peut remplacer un ensemble de politiques (reconversion énergétique, économies d'énergie, relocalisation, durabilité, etc.) n'en constituant qu'un élément indispensable sans lequel les niveaux de réchauffement deviendront vite intolérables pour la plupart (même pour une bonne part des pays les plus froids qui verront leur environnement initial disparaître). L'intérêt général est celui d'une stabilisation (ce qu'on pourrait appeler la défense du monde vécu ?) alors qu'on en est si loin mais que seule la capture du CO2 pourrait éventuellement nous assurer. Pour l'instant, la conscience qu'on n'arrivera pas aux objectifs annoncés d'une limitation du réchauffement à 2°C gagne les esprits, suscitant un regain d'intérêt pour les techniques de géoingénieries mais, bizarrement, assez peu pour la capture du CO2 qui est pourtant à peu près la seule pertinente. Il est certain qu'envoyer une nuée des satellites pour nous protéger des rayons du soleil avec des miroirs fait un peu plus futuriste mais l'assombrissement du ciel pose de multiples problèmes, de même que la technique, considérée en général comme la plus crédible, consistant à répandre dans la haute atmosphère du soufre (ou même de l'acide sulfurique), tout comme le font déjà les volcans. Cela pourrait, entre autres, déclencher des réactions chimiques qui réduisent la couche d'ozone. Même si on le limitait aux régions les plus sensibles comme le Pôle Nord, cela aurait des conséquences immédiates sur les précipitations en Afrique par exemple. Il ne suffit pas de faire des calculs de coin de table pour prétendre que la géoingénierie, c'est facile. Il a même été proposé qu'un nuage de poussière fait à partir de la Lune ou d'astéroïdes soit répandu autour de la Terre pour bloquer le rayonnement solaire (des lasers suffiraient à pulvériser des roches de la Lune en poussière et 300 tonnes pourraient être ainsi répandus dans l'espace pendant 10 ans). Plus acceptable, sans aucun doute, on teste l'injection de sel de mer dans les nuages ​​marins pour augmenter la teneur en gouttelettes d'eau des nuages, ce qui fait qu'ils reflètent plus de lumière solaire (cloud brightening), ou bien on cherche à rendre les cirrus de la haute atmosphère plus transparents au rayonnement que renvoie la Terre dans l'espace en les ensemençant avec des substances (comme le bismuth tri-iodure) qui poussent l'eau à former des particules de glace afin de permettre à plus de rayonnement de s'échapper. Sinon, remonter les eaux froides des océans à la surface pourrait certes baisser la température au début mais aggraverait le réchauffement et le déséquilibre biologique ensuite. Certaines techniques plus locales (comme des bateaux générant des nuages ou même le simple fait de rendre nos toits plus réfléchissants avec juste de la peinture blanche) peuvent être utiles mais n'ont justement pas de portée globale.

Un des obstacles majeurs à ces projets de reconfiguration planétaire, c'est l'impossible gestion politique d'intérêts divergents, l'autre, c'est une cascade d'effets plus ou moins imprévisibles qui détruisent tout autant les milieux. Si on garde à l'esprit qu'on ne peut avoir d'autre but que de stabiliser nos conditions climatiques actuelles, seule la capture du CO2 répond au cahier des charges avec le minimum d'effets pervers. Les projets de terraformation, comme certains voudraient appeler la géoingénierie, ne sont que de la science-fiction faisant fi de la période d'adaptation nécessaire à ces utopies exigeant de gigantesques "destructions créatrices" avant d'éventuellement montrer quelques bénéfices. Une fois admis les limites du politique, qu'on ne se laissera pas griller sur place et que nos émissions restent trop élevées (n'ayant fait qu'augmenter jusqu'ici malgré les engagements pris), il faut bien admettre que la capture du CO2 reste la seule option raisonnable restante, et qu'il n'y a pas de temps à perdre pour s'y engager à grande échelle.

C'est donc bien la technologie qui pourra, peut-être, nous sortir de l'impasse, non par a priori dogmatique mais parce que l'énergie solaire et la capture du carbone ont la capacité effective de limiter les gaz à effet de serre (pas de tout régler, pas la perte de biodiversité notamment) mais, là aussi, le maillon faible c'est encore nous et notre incapacité politique à les mettre en oeuvre. Il ne s'agit pas de renoncer à influencer les politiques pour autant et déserter le terrain des institutions (dans une délégitimation de l'Etat qui sert un libéralisme débridé) mais juste de ne pas s'illusionner sur ce qu'il est possible d'obtenir dans l'état actuel du monde. Il ne s'agit pas non plus de renoncer à transformer un système de production à bout de souffle, en tirant partie de la révolution numérique pour le rendre plus soutenable et le réorienter vers le développement humain. Toutes les expériences alternatives peuvent y participer à leur petite échelle sans qu'on puisse se monter la tête à s'imaginer que cela suffira pour sauver ce monde en perdition. En fait, il faut faire feu de tout bois et appliquer, ce que Ludwig von Bertalanffy appelle l'équifinalité, ce qui est la propriété du vivant d'arriver à ses fins par différentes voies et différents moyens, mobilisant en parallèle toutes ses ressources tendues vers le même but jusqu'à ce qu'il soit atteint. C'est toute la différence de cette approche systémique avec les conceptions mécaniques ou paranoïaques (voire messianiques) de la société, intégrant notamment toutes les incertitudes qui restent, et sont considérables, empêchant un accord unanime mais pas de multiplier les initiatives et les angles d'attaque.

C'est en tout cas sous cette forme maladroite et insuffisante que notre espèce invasive, qui devrait atteindre bientôt son pic de population, entre véritablement dans l'Anthropocène. Nous voilà effectivement devenus responsables de notre planète, assumant à notre corps défendant la tâche surhumaine de stabiliser notre environnement, homéostasie guidée par l'information mais qui reste tâtonnante et plurielle. Il ne s'agit pas de modeler le monde à notre convenance, le passer au cordeau de notre rationalité plus ou moins défaillante, mais juste de réagir à l'information, faire ce qu'il faut faire, dicté par l'extérieur et par l'urgence, pour simplement persister dans l'être. Plus rapidement on en prendra conscience, mieux cela vaudra, notamment pour se décider à s'engager résolument dans la capture du CO2 sans rien céder sur le reste, l'extrémisme écologiste sur ce point se révélant aussi néfaste à nier la réalité que les négationnistes du réchauffement.

(article pour EcoRev')

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22 réflexions au sujet de “L’urgence d’une capture du CO2 massive”

  1. http://www.univers-nature.com/actualite/alimentation-sante-eau/des-mouches-ogm-a-la-rescousse-des-oliviers-espagnols-67413.html

    Cet article sur les mouches OGM pour sauver les oliviers espagnols illustre bien le dilemme sur : quoi faire ?
    Le problème avec les solutions techniques à des problématiques globales et complexes où l'homme est entièrement acteur est qu'effectivement dans les faits s'y engager détourne d'une résolution où c'est le retour à un équilibre écologique qui apporte la solution.
    Il est tout à fait évident que c'est l'ensemble du système économique et social et ses objectifs qui déconne et qu'on est loin très loin de vouloir et même concevoir de le modifier .La relocalisation est une voie royale pour retrouver cet équilibre écologique et humain sans renoncer à la science . Mais le début du début d'une compréhension de ce qu'est et peut être le processus d'une mondialisation des relocalisations n'est pas là . Les modalités du système économique social culturel politique qui sont les nôtres ont aussi bétonné les esprits et les modalités de pensée et de compréhension . C'est pourquoi , et même si moi aussi je suis pour des techniques qui peuvent nous sauver , je pense que le fond du problème n'est pas là mais réside bien en nous mêmes comme acteurs majeur ayant pouvoir sur nous mêmes et notre avenir ; on est dans ce paradoxe d'impuissance et de toute puissance.
    En tous cas , plus j'avance (en âge et pas en sagesse ) plus je me dis qu'on ne peut pas dissocier un sauvetage de la chose sauvée ; c'est à dire que capturer le co2 d'un monde inhumain et stupide me semble de plus en plus dérisoire . On laisse sombrer les migrants et on s'active à ne pas sombrer nous mêmes ? Je crois que la clé est ici : nous aurions à ce stade du développement humain comme un rendez vous avec nous mêmes , un bilan à double face , sauf que dans la matérialité c'est la face sombre qui gagne . Ce qui ne veut pas dire , et là je suis d'accord , qu'il faille renoncer à agir .

    • Certes, on a quelques raisons de considérer ce monde inhumain, autant que de considérer que l'humanité ne mérite pas d'être sauvée (bon débarras) mais ce n'est pas sérieux et on peut penser au contraire que la responsabilité du climat renforçant l'unité du monde permettra de mieux lutter contre les injustices. Le choix n'est jamais de l'idéal mais du moins pire...

      • "on peut penser au contraire que la responsabilité du climat renforçant l'unité du monde permettra de mieux lutter contre les injustices."
        je ne suis pas persuadé (je l'ai été)que le réchauffement climatique renforce l'unité du monde ; nous sommes assez forts pour nous unir contre un danger extérieur , mais en général contre les autres ( guerre ); le réchauffement climatique traduit en fait notre incapacité à nous organiser différemment que contre les autres , les autres hommes et le milieu ; dans cette affaire du climat nous travaillons contre nous mêmes parce que le milieu naturel est la butée incompressible sur laquelle on ne peut pas impunément agir trop longtemps . Il faudrait qu'on soit capable de sortir des unités tribales , ou associatives ou corporatistes ou nationalistes etc pour l'intérêt général . Et là on en est très loin. De ce fait on peut très bien arriver à dire que le péril climatique va plus nous désunir que nous unir ....
        De toute manière pour l'instant, à part des caricatures (décroissance...) il n'y a pas de proposition politique globale énoncée et audible.

        • Dans le domaine financier, commercial, géopolitique, même si c'est insatisfaisant, il y a le FMI, la BM, l'OMC, l'ONU. Le GIEC est également une mise en commun de ressources scientifiques, tout comme l'AIEA.

          Ce sont également des sortes de plateformes diplomatiques dont aucune puissance ne peut sérieusement se dispenser d'y participer sous peine de s'isoler du système monde multipolaire.

          Même des régimes autoritaires comme la Chine ou la Russie sont contraints de tenir compte de ces réseaux de négociation, ils ne peuvent pas nier indéfiniment l'impact écologique sur leurs propres populations et les risques de voir apparaitre des révolutions ou guerres civiles.

  2. L'amélioration de l'efficacité énergétique reste encore difficile à estimer vu le nombre de stratégies possibles. L'aéro-voltaïque est un exemple parlant d'une amélioration récente qui pourtant était en soi assez évidente au début du voltaïque, sans même faire appel à des technologies très sophistiquées type nanotechs.

    Mon logement en Allemagne est en tous cas stupéfiant d'efficacité, ma facture chauffage est quasiment nulle, je ne chauffe presque jamais et la température oscille entre 21 et 23°C l'hiver.

    Avec la canicule actuelle, la température intérieure est au maximum de 26°C, sans climatiseur, rien de pénible.

    J'y ai vu de nombreuses rénovations de bâtiments privés ou publics consistant en l'ajout d'une épaisseur conséquente d'isolant sur l'extérieur des murs, je ne pense pas que ce soit très onéreux.

    Concernant les vitrages simples, il y a la possibilité de les doubler avec un survitrage sans devoir changer la fenêtre existante.

    Les matériaux d'isolation pourraient très possiblement être fabriqués par synthèse chimique ultérieurement à partir de la captation du CO2. La grosse part du coût de ce type de rénovation, comme pour le voltaïque, c'est la main d’œuvre, plus que le matériel nécessaire. Donc c'est aussi sur les techniques de pose et de facilité d'assemblage qu'il faut apporter des améliorations qui sont probablement des gisements de productivité.

    Le tout est d'y mettre des budgets R&D pour payer les chercheurs-ingénieurs...

    • Planter des arbres et des légumes risque d'être assez insuffisant d'un point de vue quantitatif, même si ça présente une image bucolique façon présentation puzzle Power Point avec pelouse de poireaux bios en arrière plan.

      C'est marrant de voir que les pro-écolos utilisent les mêmes subterfuges que les clowns en costard cravate du capitalisme le plus borné.

      Les plantes ont régulé la teneur en CO2 tant que l'humain n'avait pas explosé les containers naturels de CO2, gisements de pétrole, gaz ou charbon.

      Maintenant, c'est terminé, la boite de pandore CO2 a été ouverte de façon industrielle, c'est pas trop poireaux bio plantés qui vont créer la boucle de rétroaction de dé-carbonisation industrielle nécessaire.

    • Si par bonheur le Giec fait fausse route et que le climat reste assez stable pour ne pas nous menacer .....Tant mieux ! Si le co2 est un améliorant cultural et permet de meilleures récoltes ....Tant mieux ! S'il fallait attendre les dernières connaissances scientifiques prouvées et les dernières perfections techniques pour agir et prendre les décisions ! autant dire que l'activité politique devient nulle et qu'on attend pour voir ...Sauf que cette attente est déjà elle même un choix politique , qu'elle soit passive (on ne touche plus à rien,) ou active( on avance ) ou un mixte (on, avance prudemment ) ; d'une manière ou d'une autre on n'échappe pas à l'incertitude , on fait avec ce que l'on a .Et ce qui prime c'est le choix politique . Il prime parce qu'on est ,on a été, et on sera toujours dans l'ignorance et l'incertitude ; c'est ce fait incontournable , indéniable , incontestable de notre ignorance de la réalité qui est globale , qui fonde l'action politique ; pourtant cette réalité incontestable de notre ignorance fondamentale , qui devrait nous conduire à l'écoute de l'autre et au respect des équilibres naturels , à une démocratie écologique , est sans cesse remise en cause d'une façon violente et péremptoire par ceux qui savent ; de ce fait on peut je pense être pessimiste sur l'issue historique de l'espèce , sans pour autant réduire l'humain à cela .

  3. D'abord, j'avertis tout de suite que je censurerai tous les climatosceptiques qui voudraient poster leur propagande ici, le problème n'est pas là et je ne laisserais pas une tribune aux marchands de doute ni à tous ceux qui ont une opinion sur le sujet. Moi, je n'ai pas d'opinion, ni sur le réchauffement, ni sur la capture du CO2, pas plus que sur la théorie des cordes. Je relaie juste les études scientifiques et si les études scientifiques montraient qu'il n'y a pas de réchauffement je l'admettrais tout autant mais ce n'est pas le cas et nier les risques tels qu'ils apparaissent aujourd'hui est irresponsable même si les incertitudes sont très nombreuses. On n'est pas dans une vérité révélée mais dans une science en progrès où les vérités de demain peuvent contredire celles d'aujourd'hui, ce qui n'est pas une raison pour défendre ses propres convictions contre vents et marées.

    Je ne vais pas passer mon temps non plus à réfuter toutes les bêtises que dit le François Gervais de la vidéo destinée aux gogos (de solidarité et progrès de l'inénarrable Cheminade). Il y a cette réponse qui lui avait été faite mais il y aurait bien d'autres choses à dire. On ne peut bien sûr lui reprocher de pérorer sur un prétendu plateau des températures (appelé "hiatus") qui n'a été réfuté que très récemment comme dû simplement à un changement de thermomètre. Par contre la prétendue saturation de l'effet de serre est tout bonnement contredite par le refroidissement de la haute atmosphère. Il faut prendre les climatologues pour des analphabètes ou des faussaires ne cherchant que des financements pour s'imaginer qu'ils ne connaitraient pas la physique de base ni les arguments rebattus des climatosceptiques qui sont presque toujours les mêmes (bien que le François Gervais innove avec sa prétendue saturation).

    Il y a certes, et heureusement, des climatologues compétents qui ne sont pas dans le consensus, même s'ils sont très peu nombreux. C'est nécessaire à l'avancée de la science mais qu'ils travaillent et publient, on verra bien qui a raison, ce n'est certes pas au péquin moyen de trancher un débat scientifique. Je signale moi-même qu'il y a des nouvelles qui vont dans l'autre sens. Notamment, je ne considère pas comme tranché l'effet d'un minimum de Maunder qui a quand même peu de chances de nous valoir un nouveau petit âge glaciaire mais il est vrai que cela peut impacter la couverture nuageuse et que la vapeur d'eau a effectivement un impact supérieur au CO2. Toute la difficulté de notre situation, c'est qu'il faut s'engager dans des actions de long terme alors que l'avenir reste incertain mais il serait absurde de ne pas se protéger de risques vitaux sous prétexte qu'ils ne sont pas absolument certains et que cela pourrait être pour rien. Ce qui est certain, par contre, c'est qu'on va bien vers une nouvelle glaciation à cause de notre position par rapport au soleil (cycles de Milankovitch) mais dans plus de 10 000 ans...

    Pour la capture du CO2, il y a aussi beaucoup d'incertitudes. Certains prétendent que ce n'est pas faisable à échelle suffisante. Là non plus, ce n'est pas moi qui peut trancher, je me contente de relayer des travaux en cours qui prétendent le contraire et me semblent convaincants mais la preuve n'est pas encore faite. Dans un cas comme dans l'autre, il faut plus de recherche mais on ne peut attendre d'en avoir la certitude pour agir.

    De toutes façons, on verra bien, si le réchauffement devait s'arrêter, on arrêterait de capturer le CO2 (et si la température continue à monter on ne se préoccupera plus des climatosceptiques) mais le fond de mon argumentation, c'est que, quoi qu'il arrive, nous sommes devenus responsables du climat et que nous ferons tout pour le stabiliser, le CO2 étant un élément essentiel pour cela mais qu'il faut utiliser tous les moyens à notre portée. Tous ceux qui prétendent que le climat a toujours changé, voire que notre climat actuel n'est pas l'optimum (ça c'est Attali notre Pangloss) font l'impasse sur les conséquences du changement climatique sur les populations (ça c'est Coppens) et sur les sociétés développées. Le fait qu'on influence le climat par nos émissions suffit à nous mettre en position de le réguler bien que ce soit extrêmement complexe, le niveau du CO2 étant le plus simple à gérer.

    • Un billet sur le blog de Paul Jorion donne quelques éléments utiles de critique de François Gervais mais outre qu'il est assez illisible et ne prend pas en compte la réfutation récente du "hiatus" d'un plateau des températures dû uniquement à la substitution de balises Argos au relevé manuel, il rejette trop rapidement l'hypothèse d'une augmentation du CO2 qui suit le réchauffement, ce qui semble une observation établie à chaque cycle de Milankovitch mais qui ne signifie absolument pas que nous n'émettons pas de CO2, seulement que le réchauffement s'emballe, nos émissions étant augmentées par l'effet du réchauffement qui provoque une libération supplémentaire de gaz à effet de serre. Où l'on voit la complexité du climat et que la réfutation des climato-sceptiques exige des compétences qui ne sont pas à la portée de tout le monde...

      http://www.pauljorion.com/blog/2015/08/12/stop-pour-en-finir-avec-les-predicats-faux-des-climato-sceptiques-par-philippe-soubeyrand/

      • Sur le minimum de Maunder, les climatosceptiques usent toujours de la même astuce à jouer sur des valeurs absolues de refroidissement quand il s'agit de valeurs relatives modulantes simultanées au réchauffement, sans compter les autres causes possibles exprimées dans le temps passé :

        http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/actu/d/augmentation-temperature-non-soleil-ne-causera-pas-mini-age-glaciaire-2030-59011/

        • C'est le lien que je donne dans l'article, mais là aussi il faut être prudent car, s'il est établi que le minimum d'activité solaire ne change qu'à la marge l'ensoleillement, l'affaiblissement du champ magnétique aurait pour conséquence, comme je le signale, une augmentation des UV plus significative ainsi que celle de particules cosmiques (protons) pouvant servir de noyau de condensation pour la formation de nuages, augmentant donc la couverture nuageuse et diminuant d'autant l'ensoleillement. De plus, cela pourrait modifier le régime des vents à partir des tropiques. Il n'est donc pas exclu que l'effet en soit sensible même si le plus probable est que l'effet en sera minime (le petit âge glaciaire étant plutôt mis sur le compte d'éruptions volcaniques) mais il ne faut pas cacher l'étendue de notre ignorance et toutes les incertitudes qui restent, la difficulté étant que cela ne doit pas retarder l'action.

          • Des ajustements sont probables, mais dans l'affaire on ne cite pas si souvent que nécessaire l'acidification des océans qui est un problème tout autant considérable en termes d'homéostasie biologique et climatique.

            Le tableau d'entrée des paramètres est assez impressionnant, ce qui suffit pour rester très humble et attentif aux nouvelles infos.

  4. Dans son principe général l’industrie moderne consiste à produire par la division du travail social des outillages dont l’action se résume à désorganiser des molécules de matière afin de libérer de l’énergie pour fabriquer d’autres outils plus performants. Cette production produit des déchets, dont du CO2, en quantité excessivement dangereuse. En puisant dans les matières fossiles carbonées. On en voit aujourd’hui les conséquences
    L’observation de scientifiques comme Francis Hallé ou Claude Bourguignon a montré que le monde vivant au niveau des plantes et des êtres vivant les plus primaires, notamment pour les arbres, procèdent de même : le bois ( lignine), est décrit par eux comme un excrément, une nécromasse.. En somme ce que nous nommons l’externalité d’un processus ? Pollution pour l’industrie, mais homéostasie pour le monde végétal. L’arbre stocke du carbone dans une longue chaîne de fabrication, qui va de la production d’oxygène par le feuillage dans une transformation gazeuse (avec production d’oxygène et stockage du carbonne) avec la collaboration du travail d’une faune épigée d’insectes divers, puis d’une faune endogée variée. Soit toute une industrie biochimique où des êtres vivants utilisent comme nutriment nécessaire à leur vie les excréments rejetés par d’autres. Des bactéries aussi qui minéralisent les déchets en libérant du nitrate et du phosphate, et surtout le travail des champignons qui «digèrent » les débris de lignite pour la transformer en humus…
    Il est donc tout à fait concevable que le « paradigme occidental moderne », ayant détourné à son profit et sur deux siècles tous les composés carbonés stockés dans la nature depuis les origines de la vie, fasse l’effort de recherche pour concevoir des « cyber-arborescences » ( qui ne seront pas des arbres, mais des machines), permettant au moins de stocker le trop- plein de carbone rejeté par une activité jusqu’ici ignorante des réalités de la Nature, et à laquelle nous participons tous plus ou moins.
    En adoptant à l’égard de la vie un comportement responsable : nous ne sommes pas "maîtres et possesseurs de la nature", nous sommes en son cœur, et elle saurait très bien se passer de nous! La forêt primaire savait d’elle-même transformer la roche en argile, et l’argile en humus ( par la faune des vers de terre au niveau des racines) et rendre une eau de pluie pure dans les couches profondes, donc assurait une homéostasie propice à la vie des mammifères et à l’homme. Etre intelligent, ou moins bête, consisterait à s’inspirer de la nature pour tenter de corriger nos erreurs par des techniques non délirantes.

    • Il ne faut pas trop faire comme si la nature était toujours autorégulée et ne créait pas de catastrophes comme la production d'oxygène qui a exterminé la première génération de bactéries. L'autorégulation naturelle n'est que le résultat de catastrophes surmontées comme le fait de défendre son territoire pour les prédateurs permet d'empêcher d'autres prédateurs d'en épuiser toutes les proies. Comme le rappelle René Passet "La loi des milieux naturels et humains n'est pas l'équilibre qui les fige, mais le déséquilibre par lequel ils évoluent". Le but de nos régulations est justement d'éviter que l'évolution se fasse de façon violente.

      Il faut rappeler aussi que le fameux "maître et possesseur de la nature" concerne pour Descartes la santé et non la Nature elle-même mais il est exact que la visée régulatrice est l'opposée du volontarisme, se pliant effectivement à l'extériorité en se réglant sur le résultat et en intégrant les réseaux trophiques avec les boucles de recyclage.

  5. Ce qui est tout de même burlesque, c'est qu'un prétendant à la présidence des US, milliardaire de son état, fait la déclaration suivante :

    "The concept of global warming was created by and for the Chinese in order to make U.S. manufacturing non-competitive."

    C'est extraordinaire, ce niveau de stupidité qui se pare d'une conceptualisation hypothétique, c'est de l'ordre du miracle.

  6. Dans cette histoire de co2 on laisse de côté l'aspect "humain" au sens de l'imperfection humaine ; et comme cette imperfection est irréductible , on se dit que la technique (captation du co2 ) peut être un recours pour durer plus longtemps; avec cette idée juste et réaliste qu'il faut faire avec ce que l'on a et que si techniquement on parvient à piéger le co2 il serait stupide de ne pas le faire .

    • ....Parti trop vite le commentaire ! avec l'informatique mieux vaut ne pas se tromper de touche ! ...Il m'arrive souvent de démarrer un commentaire , façon de réfléchir ...et de ne pas poster . Celui là avait cette vocation .
      Dans la mesure où il s'est permit de partir tout seul , me voilà bien contraint de poursuivre : mon interrogation porte sur cet aspect "humain" ou "moral " des choses : il est bien évident que la production économique et la production de co2 sont rigoureusement et fortement en lien avec cet aspect humain , ce mode de relation qu'on entretient avec nous mêmes, les autres et la planète. Nos activités sont très loin d'avoir le seul but de survivre , même de vivre . Et je me demande si on sera longtemps encore en capacité de compenser ce qu'on est incapable de mettre en place politiquement , par la technique , comme capturer le co2.

  7. Un article de Technology Review met en cause la faisabilité de la capture du CO2 (trop cher, trop tard) mais c'est pour pousser le nucléaire à la place...

    http://www.technologyreview.com/news/544551/paris-climate-agreement-rests-on-shaky-technological-foundations/

    Il ne s'agit pas de prendre ses désirs pour la réalité et le délai de mise en oeuvre de la capture du CO2 est peut-être trop long, il faut l'évaluer mais c'est sans doute d'une part une question de volonté politique (raison de mon article) et, d'autre part, il est quand même presque certain que cela va finir par se faire à plus long terme au moins. Le nucléaire à côté, c'est une énergie du passé qui devrait être remplacé par la fusion dans quelques dizaines d'années. Il est vrai qu'on doit agir maintenant mais une centrale nucléaire est une menace pour longtemps et la contribution au niveau global ne peut être beaucoup plus significative que la capture du carbone soutenue par des politiques. En tout cas, on voit comme la différence de points de vue peut fausser le jugement, il est donc urgent d'étudier la question aussi sérieusement que le climat.

    L'IEA (International Energy Agency) avait publié en 2013 une feuille de route pour accélérer le développement de la capture de carbone :

    http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/technology-roadmap-carbon-capture-and-storage-2013.html

    (peut-être que ces gens là ne savent pas que c'est difficile, qu'il y a des problèmes de stockage, etc...)

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