Entropie et perte de l’information des trous noirs

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Leonard Susskind, La guerre des trous noirs, folio
trousnoirsJ'arrête la physique ! C'est du moins ce à quoi me pousse la lecture de ce livre qui n'est pas si récent mais vient seulement de sortir en poche et m'a consterné. Non pas à cause de la théorie holographique qui parait certes très délirante mais dont j'avais rendu compte favorablement au tout début de ma revue des sciences et qui n'est pas la disparition d'une dimension comme on la présente ici aussi mais son internalisation, les différences de distances étant remplacées par des différences de taille. Non, ce qui me sidère, c'est que les conceptions de base sur lesquelles s'appuie l'auteur, entropie et information, me semblent fausses dans leur imprécision comme dans les conséquences qu'il croit pouvoir en tirer. Inutile de dire que je ne peux me mesurer avec Leonard Susskind qui fait partie des plus grands physiciens contemporains (et dont j'avais bien apprécié le livre précédent sur le paysage cosmique). C'est sûrement moi qui ai tort, ne comprenant décidément rien à la Physique. Je peux juste faire état de ma perplexité et de mes objections, en attendant qu'on les réfute...

La notion d'information utilisée en physique quantique désigne en fait un ensemble de paramètres des matrices de diffusion (S-matrix) suffisantes pour décrire l'évolution d'une interaction et supposée pouvoir s'inverser pour reconstituer l'état initial (p249), "assurant qu'aucune information n'est jamais perdue" (p251). Le problème, c'est que ce qu'on désigne ici comme information, n'est une information que pour nous, désignant en réalité une énergie (cinétique, électrique, spin, etc.) ou ses degrés de libertés (plus tard on parlera même des ondulations d'une corde), en tout cas une réalité "matérielle" et non pas une information "immatérielle" sur cette réalité ("l'information que le général Grant est enterré dans sa tombe se trouve dans la tombe de Grant !", p174). Dès lors, ce qu'on appelle la conservation de l'information n'est rien d'autre que la conservation de l'énergie qui s'égare à glisser à une conservation de la forme alors que l'énergie est au contraire ce qui se trans-forme, et se conserve dans cette transformation (les deux côtés de l'équation devant s'équilibrer). La confusion entre l'énergie et l'information a pour conséquence d'étendre ce qui se conserve vraiment (l'énergie cinétique ou électrique) aux relations et structures qui sont perdues par les interactions multiples qu'elles subissent et qui les brisent en morceaux.

La prétention de pouvoir inverser le temps comme on inverse les équations était tout autant celle de la mécanique, rien de nouveau là-dedans et rien de nouveau non plus dans ce qui empêche l'oeuf cassé de se reconstituer comme le mort de revivre ou une balle retombée revenir à la main qui l'a lancée. Cela s'appelle l'entropie, ce qui empêche de revenir en arrière, ce qui fait qu'on perd de l'énergie (utilisable) et de l'information malgré le premier principe. Car, c'est cela la grande bataille des trous noirs qui nous est racontée : savoir si les trous noirs détruisent l'information ou la restituent dans son rayonnement (évaporation). Il y a là véritablement de quoi donner l'impression de discussions byzantines sur le sexe des anges à partir de prémisses dogmatiques trop peu assurées mais cette bataille des trous noirs ressemble plutôt à une négation de l'entropie elle-même, tout en ayant tout le temps le mot à la bouche, à prétendre que le second principe n'empêcherait pas d'inverser les processus et qu'il "dit seulement qu'inverser la physique est extrêmement difficile et que la plus petite erreur réduira tous vos efforts à néant" (p255) ! Ce n'est pas du tout ça et l'image du film qu'on se repasse à l'envers est on ne peut plus trompeuse car, pourrait-on inverser le temps (c'est-à-dire inverser les vitesses) que cela ne changerait absolument rien aux phénomènes qui ne retourneraient pas à leur origine (le gaz rentrant dans sa bouteille sous pression) mais subiraient tout autant les lois de l'entropie, et si on inversait les lois de l'entropie pour rendre plausible le rembobinage du film, ce serait un tout autre monde sans rapport avec le nôtre !

Il faut dire qu'il y a un scandale de l'entropie, le deuxième principe recouvrant deux (ou trois) sortes de processus n'ayant rien à voir entre eux, ce qui brouille le jugement. On a d'un côté tout ce qui relève d'une transformation de l'énergie que ce soit par collision, frottement mécanique ou conversion en d'autres formes d'énergie, fuite qu'on ne peut récupérer (en revenant en arrière). On peut y joindre l'effondrement de la fonction d'onde, la décohérence, la perte des superpositions quantiques constituant tout autant une perte irrémédiable causée par l'interaction (ce qu'on appelle l'entropie de Von Neumann et qui pourrait même être responsable de l'expansion de l'univers, faisant de l'énergie noire une nouvelle énergie entropique ?).

De l'autre côté, on a l'entropie statistique qui est d'un tout autre ordre et qui est bien à la base de la thermodynamique mais peut s'étendre à toutes sortes de phénomènes statistiques. Or, c'est uniquement ce type d'entropie dont Boltzmann a donné la formule (S = k log W) et dont l'information (redondante) constitue l'inverse dans la formule de Shannon (l'entropie étant identifiée au bruit cette fois et non à la chaleur). Rien à voir avec la caractéristique d'une particule individuelle alors qu'on est dans la loi des grands nombres, exprimant la probabilité qu'un arrangement particulier de départ aboutisse à son état de plus grande probabilité au cours du temps si rien ne l'en empêche ! Il y a la même contradiction entre le réductionnisme mécanique et l'entropie thermodynamique qu'entre micro et macro économie. On peut d'ailleurs dire que cette thermodynamique statistique ignore l'énergie de rayonnement pour ne considérer qu'une énergie de répartition des particules par grandes masses.

Non seulement l'entropie statistique ne peut être ramenée à ses composants (ni chaleur ni pression n'ont un sens pour une particule isolée qui a seulement une énergie cinétique) mais, du coup, il est impossible de déterminer une entropie objective. Maxwell remarquait très justement que cette entropie est toujours relative (à l'échelle considérée, à l'utilisation envisagée et à notre savoir effectif). Il est d'autant plus curieux de prétendre calculer l'entropie d'un trou noir, et même pas une proportionnalité mais une stricte égalité ! L'entropie (ou information cachée) d'un trou noir serait donc égale à sa surface, chaque bit supplémentaire d'information augmentant celle-ci d'une longueur de Planck au carré !! En fait, quand il dit qu'il y a une "quantité maximale d'information qui peut être emmagasinée dans une région d'espace égale à sa surface et non à son volume" (p181), il ne s'agit aucunement d'information mais de caractéristiques physiques (de photons) qui ont effectivement une limite énergétique (quanta) tout comme une limite spatiale apparemment (longueur de Planck). Ajouter un quanta à un trou noir augmente sans doute sa surface d'une longueur de Planck au carré (p199) mais sans aucun rapport avec un bit d'information, ni même l'entropie sous prétexte qu'il nous est désormais caché.

Parler trop généralement de l'entropie comme d'une loi universelle est donc l'embrouille assurée, l'assimilant frauduleusement à l'énergie et quand, en plus, on l'identifie avec "l'information cachée" voire au fait que "l'ignorance augmente toujours" (p183), on est dans la confusion la plus totale. C'est malgré tout chose courante semble-t-il chez les physiciens puisqu'un autre très bon vulgarisateur de la théorie des cordes, Brian Greene (La Magie du Cosmos, 2004), se croit lui aussi obligé de considérer le Big Bang comme un minimum d'entropie dès lors que celle-ci ne pourrait qu'augmenter avec le temps. L'hypothèse paraît pourtant absurde de considérer la soupe originelle comme plus ordonnée que la suite avec la formation d'atomes et de grandes structures cosmologiques constituant autant de "brisures de symétrie" et d'émergences qu'on peut considérer comme une diminution d'entropie et un processus de complexification dont nous sommes nous-mêmes le produit. On peut certes admettre que l'univers se refroidissant, il y a de ce point de vue purement thermodynamique une constante augmentation d'entropie mais qu'il ne faut pas trop absolutiser, s'interdisant de rendre compte du fait qu'il y ait de la matière organisée plutôt que rien, pas seulement des forces de destruction mais aussi de construction ! D'abord, étant donné son caractère statistique, il faudrait admettre que le désordre le plus complet ne peut empêcher que se crée un "ordre inévitable" localement ou sur les marges, et ce d'autant plus que les probabilités couvrent des temps astronomiques (plus les temporalités sont grandes et plus l'improbable a une plus grande probabilité de se produire). Ensuite, on peut faire remarquer qu'un refroidissement jusqu'au zéro absolu annulerait toute entropie au lieu de l'augmenter montrant l'absurdité de vouloir pousser ces raisonnements jusqu'au bout.

Du point de vue de l'organisation et non de la température, on peut d'ailleurs considérer que la gravité a bien pour fonction une diminution de l'entropie (par accentuation des fluctuations quantiques de départ) tout au contraire de l'homogénéisation entropique supposée universelle. Ce pourquoi sans doute on peut prétendre comme Stephen Hawking que la gravitation serait le véritable créateur du monde, rejoignant d'une certaine façon Aristote qui en faisait l'exemple même de la cause finale (mouvement d'attirance et non de poussée, dirigé vers une fin à l'opposé d'une dispersion entropique). Cela rend d'autant plus problématique de faire des trous noirs, comme Leonard Susskind et la plupart des physiciens, un maximum d'entropie (soi-disant par la perte d'énergie potentielle du rocher qui tombe, p476) même si la pression interne réduit sans aucun doute toute la matière absorbée à un magma informe (mais très chaud intérieurement à moins qu'il ne soit immobilisé par la gravité comme au zéro absolu ? [cependant un papier plus récent calcule l'entropie comme l'inverse de la région occupée par une énergie donnée, ce qui maximise effectivement l'entropie d'un trou noir mais aussi du Big Bang]). Il faut souligner aussi que considérer un trou noir comme un maximum d'entropie est contradictoire avec le fait de considérer le Big Bang comme un minimum d'entropie si on donne crédit à la possibilité (douteuse) qu'un trou noir se transforme en fontaine blanche (sans perte d'information donc) constituant le Big Bang d'un autre univers. Enfin, l'hypothèse d'un Big Bounce (grand rebond) avec une création d'univers cyclique contredit également toute interprétation en terme d'entropie (on aurait là un véritable moteur perpétuel ?) au profit du jeu de forces contraires (expansion/gravité) s'inversant avec le temps. Une interprétation strictement entropique ne laisse d'autre hypothèse que la mort thermique, une dissolution de la matière dans le vide et des ondes qui s'allongent jusqu'au calme plat, un retour au néant aussi inexplicable que d'en être sorti.

Comme le darwinisme qui en est l'autre face (la vie en tant que lutte contre l'entropie par reproduction et sélection), il faut être prudent avec la manipulation d'un concept d'entropie regroupant des phénomènes disparates et qu'on ne peut appliquer de façon trop aveugle. Le second principe contredisant le premier ne peut être pris pour une loi physique inébranlable en toute circonstance même si on peut s'appuyer dessus sans crainte en thermodynamique. Lorsqu'il est invoqué dans certaines démonstrations, cela me donne l'impression de formules magiques, d'injonction dogmatique ou de discussion sur des abstractions entièrement fictives. Il est quand même troublant de théoriser sur les trous noirs à partir du fait qu'on n'a aucun accès à ce qu'il y a à l'intérieur et de croire prouver quoique ce soit par ces sophismes. Il n'est pas vrai que la complémentarité quantique ne serait comme il le prétend qu'un simple produit de notre ignorance (une impossibilité de savoir) alors qu'elle reflète une réalité physique, complémentarité de l'onde et de la particule comme de la transmission et de l'interaction qui ne peuvent être en même temps, pas plus que la vitesse et la position.

Il me faut répéter que je ne prétends pas détenir la vérité contre les sommités de la physique actuelle, ce serait ridicule, ni même contredire une conservation des différentes formes d'énergie dans un trou noir, tout au plus me permettre de contester l’exactitude des termes employés, au moins leur ambiguïté, ou plus simplement montrer à quel point je n'y comprends plus rien. Je dois d'ailleurs m'excuser que ce témoignage de mon incompréhension ne soit pas compréhensible à ceux qui n'ont pas lu le livre, mais c'est juste écrit sous le coup de l'exaspération. Parfois l'expression de nos incompréhensions peut permettre à tous de progresser dans la précision des concepts ? c'est tout ce que je pourrais en espérer (la philosophie n'est pas la création de concepts, comme si on en manquait, mais plutôt leur exploration, leur travail, leur précision par la contradiction, le débat et par méthode dichotomique le plus souvent - mais là, je suis largué).

Voir mes autres écrits sur l'entropie.

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21 réflexions au sujet de “Entropie et perte de l’information des trous noirs”

  1. C'est finalement assez courant, même dans des domaines nettement plus simples que j'investigue, j’aperçois constamment à l’orée du bois des absurdités. Du dogmatisme qui ne fait pas dans la dentelle et est sourd aux démonstrations théoriques et expérimentales les plus soigneusement étayées. Juste du pognon perdu, jusqu'à ce qu'on finisse par écouter mes préconisations, la routine en somme.

    • Comme tous ceux qui défendent des absurdités, Leonard Susskind invoque une transformation de l'esprit, un nouveau paradigme (car il y a effectivement des changements de paradigme) mais bien sûr, ce qui est troublant c'est qu'il est plus que compétent et moi je suis complètement incompétent, c'est qu'il est loin d'être tout seul et qu'il y a tout un délire à la Matrix (It from the Bit) voulant réduire l'univers à un calculateur (ce qui a été démontré faux pourtant). Il me semble évident qu'il y a un usage très spécifique du concept d'information par les physiciens mais qu'ils ne se rendent pas compte qu'on ne peut l'étendre comme ils le font (et comme sans y penser) aux autres usages du concept d'information et notamment au bit d'information dès lors qu'on parle d'une information matérialisée. De quoi renforcer l'énigme de notre esprit (du mien!) avec l'impression que plus il y a de l'intelligence, plus on est proche du coeur de la vérité et plus on peut s'en égarer par une toute petite déviation. Il ne faut pas s'attendre à des miracles ni à régler la question, juste attendre le passage du temps (ce qui est la souffrance même en terme postal).

        • Oui, mais même pas besoin d'un hochement de tête, toute entreprise peut paraître géniale ou ridicule selon les moments et les gens. C'est notamment ce que je peux penser moi-même de mes textes qui ne valent finalement que par le prochain texte, la façon dont on les lit et ce qu'on en fera mais il y a même des crétins qui prétendent que Rimbaud est très surestimé et que ses illuminations seraient illisibles quand ils sont pour moi d'une clarté brûlante et le sommet de la poésie !

  2. Bonjour Jean.

    Voyez que vous êtes logique finalement 😉

    Il y a effectivement un problème quant à la définition du terme « information » qui nous ramène à l’irrésolu conflit quantité-qualité. Le problème n’est pas différent de celui de la « théorie ensembliste ». L’information peut-elle être considérée comme « un » qui « se » contient soi-même ? L’absence d’information est déjà en soi une information. Celui qui sait qu’il ignore ne sait-il pas déjà quelque chose ? Cela pose la question de l’« objectivité ». L’information a-t-elle besoin d’être objectivée pour être réelle ? Ou autrement dit, l’information a-t-elle besoin d’un support ? Ce qui, élargissant le « point de vue » pose la question de savoir si le « réel » a besoin d’une réalité fondamentale. Si oui, alors le réel n’est que le produit d’un producteur (et là, c’est la porte ouverte à toutes les bondieuseries, à l’arrière-monde, etc.). Si non, alors le réel est une auto-identité (une émergence), mais qui ne peut l’être ex nihilo où quelque chose serait positivé « à partir de rien », car cela est impossible. Mais qui a dit que les « choses » étaient positivées ?

    Si celui qui sait qu’il ignore, mais sans que son ignorance soit celle de quelque chose en particulier, alors sa connaissance objective est nulle et reflète simplement sa qualité d’être « conscient » par le « doute ». Et s’il n’y a là aucun positivisme, il n’en demeure pas moins la consistance d’une « relation d’incertitude » (entre le savoir et l’ignorance) où par la « présence de l’absence » en une objectivité égale à zéro (0), est exprimée une « forme » de sujet. Maintenant, à partir de ce « point de vue », comment le sujet pourrait-il objectiver sa connaissance ? Il n’y a ici aucun positivisme possible. Objectiver la connaissance consiste à faire disparaître la relation d’incertitude, c’est-à-dire pour le sujet, à « se » faire disparaître, à « se » nier.

    … La Contrafactualité comme Réel Phénoménologique …

    Presque toutes nos réponses ainsi presque tous nos axiomes sont formulés sur la croyance en la conviction du « quantificateur existentiel » (Définition : Il existe au moins un « X ») qui est une manière de dire qu’il y a quelque chose plutôt que rien. Dans mes articles précédents (voir page : https://www.facebook.com/JeanChristopheCavallo), j’ai largement montré et démontré comment la mauvaise interprétation de la locution « au moins » de cette définition entraîne la redondance et relègue le quantificateur existentiel en postulat tautologique. Interprétée de manière correcte, cette définition doit être comprise comme un « Qualificateur existentiel » (Définition : « Un, existe à la négation ») qui est de manière ordinale antérieure à l’interprétation quantitative. Ce faisant, cette définition précise qu’une « unité » entendue comme une individualité, trouve sa réalité (existe) dynamique, en l’expression d’un « opérateur négatif » effectif et efficient, poursuivant sa route en une unique direction (irréversibilité) qui se termine par une auto-annihilation expressive. Pourquoi ?

    Puisque la définition « Un, existe à la négation » est une « affirmation par la négation », elle élude l’opposition « logique » (positivisme) et met en évidence l’opposition « réelle » (voir Kant : « Essai sur les grandeurs négatives ») des opposables par la « contrariété ». Cette dernière permet alors de définir un axiome explicitant la condition initiale de la création d’un « fait », établissant de manière réaliste (logique), le pourquoi et le comment de l’apparition de ce fait, en fait observable.

    Axiome de réalisme : « Pour qu’un « fait » soit (existe), il doit nier toute probabilité d’un univers duquel il serait absent ».

    Ainsi, c’est niant la totalité que l’« opérateur négatif dynamique » la crée (il l’affirme en la niant) tout en étant d’elle un « fait » qui ne la morcelle pas, mais dont il est un « point de vue » unique qui par conséquent fait d’elle une totalité unique qui précise une « complémentarité » ainsi qu’un principe de « non-séparabilité ».
    Être « fait » unique d’une totalité unique signifie que ce fait, à ce stade, est lui-même « Un » monde. Ici, l’opérateur négatif est le présentatif (un « voici ») d’une totalité en un « ce qui est exprimé » qui a plus le caractère d’un « universel ».

    Nier toute(s) probabilité(s) ne signifie pas nier le créé, le passé, car une probabilité n’est pas un fait avéré, mais un fait « possible », c’est-à-dire un présent possible depuis le futur. Nier toute probabilité d’un univers dont il serait absent signifie que pour qu’un fait s’établisse, il doit nier de tous les autres faits, un de leurs futurs possibles. Et c’est faisant cela qu’il devient un fait unique, en « volant » un futur possible à une infinitude d’autres faits, il crée une totalité, une « infinité » qu’il exprime au présent, individuellement, comme la contrafactualité, le « ce qu’aurait pu être cette totalité » si lui-même en était absent. Ce qui signifie qu’à ce stade où il est présentatif (au présent du temps), il est lui-même contrafactuel puisqu’il s’affirme telle une « discontinuité ».

    En mécanique quantique, l’expérience a montré que des évènements contrafactuels, qui auraient pu se produire, mais qui ne se sont pas produits, influent sur les résultats de l'expérience. Comment cela est-il possible ?

    Ici, par le « qualificateur existentiel », l’établissement d’un fait par la négation montre comment au présent du temps, celui-ci est une « discontinuité », un présentatif qui considéré « à partir du passé » (objectivité) n’est pas différent d’une « non-cause » physique ou d’un « non-être » philosophique.
    Représentatif de la totalité en un « ce qui est exprimé » par l’intermédiaire de, le « fait » est ici inobservable et n’est pas encore un véritable individuel, il n’est pas encore un « ce qui exprime ».

    Pour devenir véritablement un individuel, il doit devenir un « ce qui exprime » depuis son propre « point de vue ». Au « quand » il est le présentatif effectif de la totalité, il devient à ce stade non-relationnel (auto-référent) et l’opérateur négatif dynamique qu’il est n’a plus qu’une seule solution qui est celle de l’auto-négation, c’est-à-dire, de la simple mort par auto-annihilation. Mais c’est « se » niant qu’il devient véritablement un individuel, un « ce qui exprime » et « se » sacrifiant que fait-il ?

    Il nie sa capacité à devenir ; s’auto-annihilant, il s’engage vers une mort absolue. Oui, mais ce faisant, il laisse non pas un vide, mais un « rien », une « absence d’absence qui n’est pas une présence » qui permet qu’un autre fait s’établisse de la même façon dont lui-même s’était établi. Ce principe mécanique d’établissement indique que chaque fait est unique et irréitérable, mais aussi que l’on va en une direction unique et irréversible de futur en futur par l’intermédiaire d’une négation absolue où le monde n’est pas une simple évolution, mais une création continuée qui se déroule sur le mode d’une « continuité de la discontinuité ». Il précise aussi comment et pourquoi un fait n’est pas différent d’un simple « point de vue », une apparence impermanente, mais qui loin d’être une simple phénoménologie est un véritable mode d’expression par la négation, « où » si le fait exprime un « réalisme local » par auto-négation, il est aussi le « quand » d’une contrafactualité alocale en sa présentation.

    Ce « point de vue » par la négation donne une direction logique d’une flèche du temps à partir du futur (il n’y a aucune démonstration faisant preuve d’une direction « à partir du passé » qui en plus traîne avec elle le problème de la cause de la cause) ainsi qu’un pourquoi et un comment à son irréversibilité. De plus, le « Qualificateur existentiel » est fidèle au « principe de moindre action » et donne une meilleure compréhension de ce qu’est la contrafactualité et comment elle s’exprime. Et enfin, n’est-ce pas tout simplement là une logique entière et consistante ?

    • Le problème, c'est que l'information n'est pas du tout un concept métaphysique, ce n'est pas un être en soi mais l'élément d'un ensemble complexe impliquant subjectivité et intentionalité (l'information est inséparable de la vie). Hélas, personne ne comprend ce qu'est l'information et j'ai la faiblesse de penser que mon livre sur le sujet n'a pas reçu l'audience qu'il méritait...

      http://jeanzin.fr/ecorevo/sciences/mondinfo/mondinfo.htm

      • Hi Jean, sorry but tonight I'm drunk, I read this link demain Meanwhile, a little poetry…

        N’est pas Mon ténia qui veut !
        (Ou l’inhumaine condition)

        Nu comme un ver de peur
        Et ventre à taire
        Sans voix mais sur la voie
        Décibels mûrs d’un vert geai
        Ô père Che si haut mets à peine
        Murmures d’un ab domaine

        Au sol une noix y est déjà
        Morte de l’an pêché comme
        Le coing du mur du coin qu’
        Avec vin, il mit vains
        Jours à franche ire cent haines
        Au temps soit peu mots dits
        Safran chiroubles yeux d’une faim
        Qui juste y fiait les moyens

        Son foie sans bile, sa faux oit en Bill
        Kill heurt hôte au pet tard sente art
        Fondement songe du réel alité d’un siphon
        Font les petits maris honnêtes

        Reparti à l’assaut d’un bond de sotie
        Préau d’un hare bris sceau l’y laisse
        Piqué de verset gris de rouge
        Qu’il sang halait vers un doux leurre

        Son bond ter mina sous rate
        À corps hure lent de mains d’arme hoir
        Dû cou dur d’un coup ragé trop chair
        À lysses te Moires
        D’une envie pour la chère
        Astre à ver lé miroir

        La paix du pey paie ver en cor vert
        D’une enchère pour l’en vie est
        Tel un cri un Sisyphe, un pare feu
        Orée olé des dieux dus si elle savait comme
        L’éther nie taie à des cendres d’un fait Nyx à clamer.

        N’est pas Mon ténia qui veut !

      • Bonjour Jean, désolé pour mon petit hors sujet alambiqué d’hier soir même si un p’tit peu de poésie ne fait jamais de mal en un sujet qui dit « J’arrête la physique ! »

        Bien d’accord pour dire que l’information n’est pas un en-soi mais elle n’est pas non plus un hors-soi et la complexité est en ce qu’elle est non seulement méta, mais simultanément intra-physique. La subjectivité et l’intentionnalité sont ce que je traduis comme « condition initiale » et « degré de liberté » par « nous n’avons le choix que d’avoir le choix » puisque dans cette « pré » position sont contenus l’absolu et le relatif où « l'inséparable de la vie » s’affiche comme un constat.
        Ce dont le physicien ne tient pas compte c’est de la « qualité » qu’est l’« expression » et de la relation (tout autant que de son absence) entre un « ce qui exprime » et un « ce qui est exprimé ». Et si quantitativement et objectivement l’on peut décrire un monde d’images qui va d’un présent exprimé (un passé) vers le futur, il ne faudrait pas oublier comment le monde s’« imagine » et s’exprime qualitativement comme sujet du futur vers le présent. Et plus important encore, la relation d’un « réel » qui superpose l’homme et le monde par un « Quand » majuscule qui crée en étant créé, en un « Où » l’homme-monde est simultanément « ce qui est exprimé » en étant « ce qui exprime ». L’individuel, l’homme, est une totalité qui est un « point de vue » sur l’universalité et de ce fait, il est lui-même « Un » monde.

        l'information n'est qu'un élément d'un système.

        Dans ce cas, l’information peut-elle être considérée comme « un » (élément) qui « se » contient soi-même ? (point de vue ensembliste sur l’unicité du réel)

        l'organisation de l'information (émetteur/récepteur-mémoire-réaction).

        Le Sujet.

        l'in-formation intériorise l'extériorité (message).

        Au « quand » l’homme est « au » monde, il est celui qui individuellement présente une totalité.

        l'extériorité du monde de l'in-formation (indirect).

        Postérieurement, il est « où », « du » monde, une totalité qui re-présente une individualité. Il y a ici une direction ordinale « expressive » qui va du présent au passé.

        l'effacement du sujet (quantité d'information)

        Si celui qui sait qu’il ignore, mais sans que son ignorance soit celle « de » quelque chose, alors sa connaissance objective est nulle (quantité) et reflète simplement sa qualité d’être « conscient ». Et s’il n’y a là aucun positivisme, il n’en demeure pas moins la consistance d’une « relation d’incertitude », d’une indétermination entre le savoir et l’ignorance, où par l’« absence de présence » d’« un » savoir en une objectivité égale à zéro (0), est exprimée par une « présence de l’absence » une « forme » de sujet. Ainsi, ne rien savoir contient déjà l’information que l’on est.

        « Être, c’est faire disparaître le savoir qu’on ignore pour acquérir l’ignorance que l’on savait. »

        Être, c’est agir en tant qu’opérateur négatif à partir de la valeur nulle négative que l’on est (0-)pour exprimer la forme de la valeur nulle positive que l’on a (+0).
        Informer (Latin : informare « donner forme »).

        l'information est relative (subjective et temporaire).

        Pas seulement sinon il faudrait nier la réalité de l’individuel. En l’information se tient toute la plage de nos capacités conceptuelles que personnellement je classe en quatre catégories : « l’absolument absolu, le relativement absolu, l’absolument relatif, le relativement relatif », mais oui elle est impermanente.

        l'information vient du récepteur (décodage, feedback)
        l'information est réactive (lutte contre l'entropie)
        l'information est une réduction de l'incertitude (improbabilité)
        information et degrés de liberté (aide à la décision).

        Comment le sujet pourrait-il objectiver sa connaissance ? Il n’y a ici aucun positivisme possible. Objectiver la connaissance consiste à faire disparaître la relation d’incertitude, c’est-à-dire pour le sujet, à « se » faire disparaître, à « se » nier.

        l'information est imparfaite (rétroaction et organisation)
        l'information comme redondance improbable
        l'information comme discontinuité, effet de seuil disproportionné.

        Ce qui pose problème c’est le « un » (le « 1 ») d’une objectivité dont la simple « unité » comporte en elle la contradiction d’un « ensemble de tous les ensembles ». Car la seule et véritable identité qui a le caractère qualitatif d’un individuel, c’est la valeur nulle, le zéro (0) ou « ensemble vide », qui est la seule identité qui soit simultanément représentative de « l’absence de présence » tout autant que de la « présence de l’absence » et donc simultanément duale et indivisible. La « cardinalité » du « 1 » et déjà secondaire puisqu’il est divisible à l’infini (Zénon). Si le zéro est indivisible, c’est parce qu’il a la qualité expressive d’un « point de vue » sur la totalité (le « continu » mathématique) sans pour autant le morceler.
        C’est pour cela que nier toute(s) probabilité(s) ou comme vous le dites « réduire l’incertitude », ne peut pas signifier nier le créé, le passé, car une probabilité n’est pas un fait avéré, mais un fait « possible », c’est-à-dire un présent possible depuis le futur. Nier toute probabilité d’un univers dont il serait absent signifie que pour qu’un fait s’établisse, il doit nier de tous les autres faits, un de leurs futurs possibles. Et c’est faisant cela qu’il devient un fait unique et en « volant » un « unique » futur possible à une « infinitude » d’autres faits, il crée une totalité, une « infinité » qu’il exprime au présent, individuellement, comme la contrafactualité, le « ce qu’aurait pu être cette totalité » si lui-même en était absent (là, il est « subjectif » et présentatif). Ce qui signifie qu’à ce stade où il est présentatif (au présent du temps), il est lui-même contrafactuel puisqu’il s’affirme telle une « discontinuité » (et là, il est « objectif » et re-présentatif). S’il en était autrement, alors cela signifierait que l’on peut objectivement morceler le « continu » ce qui est contradictoire. Par contre, par la contrafactualité exprimée d’une flèche du temps comme une négation depuis le futur permet d’expliciter une « continuité de la discontinuité ». Mais cela ne fait pas autant de nous des êtres illusoires (comme le dit le bouddhisme), mais révèle un véritable mode d’expression par la négation, d’une création continuée (toujours au présent) qui de cette manière élude le problème de la « causalité ». Et ce n’est pas là métaphysique, mais bien « intra » et « méta », par le « quand » le sujet est un « centre » et que de son « point de vue » il affirme la totalité en la niant (il l’englobe et la circonscrit - Là, le sujet est un « et ») puis, « où » se niant, il s’affirme comme l’individuel d’une totalité niée (là, le sujet est un « ou ») en disparaissant « de » lui-même et « à » lui-même comme une véritable expression unique et irréitérable. Et il n’y pas là affabulation ou mysticisme, mais le simple constat que l’on vit en mourant et que c’est par cet élan affirmé (intentionnalité) vers la mort, tant de l’individuel que de l’universel qu’est l’expression de la vie.
        Et si tel n’était pas le cas, comment pourrait-il y avoir émergence ?
        Le problème de la physique d’aujourd’hui, c’est que d’avoir fait disparaître l’« absolu » des temps anciens, elle a fait apparaître un « relatif » ment correct. Ce qu’elle ne comprend pas c’est la « relation d’averbialisation ». Si l’absolu est le « Verbe » alors il n’est pas différent du « Rien » ; mais ce dernier n’est pas un simple ineffable (« Dire le Rien n’est pas le Rien, mais taire le Rien n’est pas non plus le Rien ») où il serait un simple « ce qui ne peut se dire ». Affirmer cela, c’est ne pas faire la différence entre l’indifférencié (qui est statique) et l’indifférenciable, c’est penser l’absolu comme « relativement absolu ». Non, l’absolu doit être « absolument absolu », c’est-à-dire un irrationnel concret (a contrario d’un irrationnel pensé qui est encore rationnel) qui signifie que l’indifférenciable est « absolument dynamique » en une temporalité, en un « Quand, qui n’apparaît ni ne disparaît » par un « Où, qui apparaît et disparaît ». Cela précise que si l’« absolu » est ce qu’on ne peut « jamais » atteindre (ce que l’on ne peut saisir), l’« absolument » et ce à quoi on touche « toujours » (par l’impermanence).
        Encore une fois, si tel n’était pas le cas, comment y aurait-il le « mouvement » ?
        Et si le « principe d’équivalence » permet de définir un référentiel immobile (le « où »), il ne faudrait pas oublier qu’il y a une ordinalité du « quand » vers le « où », où si la masse inerte et égale à la masse grave, l’ordinalité du quand fait que la première s’établit avant la seconde, car c’est seulement « où » l’individuel « se » nie « de et à lui-même » qu’il est attractif puisque c’est se niant absolument, qu’il s’effondre sur lui-même. C’est cela la gravitation.

        Bon, maintenant je me tais pour aller vous lire…

      • Si l’information n’est pas un en-soi, elle n’est pas non plus un hors-soi.

        Au moins y a-t-il un crossroad à nos points de vue par la définition d’Henry : « Ni masse ni énergie ».

        Par contre, nous n’y sommes pas arrivés par les mêmes chemins. Et si je ne connais pas les vôtres, le mien est un cursus logique qui partant comme tout à chacun du tiers exclu aristotélicien ne peut que constater le caractère restrictif et postulé de celui-ci ainsi que son désaccord avec l’expérience. Et bien avant que de parler de masse ou d’énergie, l’important dans la définition d’Henry est le « ni, ni » qui implique la complémentarité par exclusion mutuelle de la logique tétralemme. Ce que remet en cause la notion d’« information » c’est avant tout une manière de voir par la dichotomie qui est à son apogée dans l’opposition sujet-objet d’une logique aristotélicienne qui ne supporte aucun « il », qu’icelui soit inclus (comme dans la logique de Stéphane Lupasco) ou exclus en une véritable « discontinuité » qui est au-delà d’un « tout ensembliste» ou de la simple valeur nulle. Et s’il y a quelque chose de « visionnaire » chez Henry, c’est simplement d’avoir constaté la pertinence et la puissance d’une logique négative et d’un « ni, ni » qu’il y a vingt siècles Nagarjuna exprimait déjà par « si le différent était différent du différent, il existerait sans le différent ». En d’autres termes, le holisme n’a rien de nouveau et pire encore, sa version occidentalisée par son « tout est relation » est incapable d’explicité l’expression d’un véritable individuel, il n’est qu’un « et » sans « ou ». Au demeurant, votre intuition d’une « continuité de la discontinuité » est juste, mais votre développement s’il n’est pas totalement faux est inconsistant par méconnaissance de la négation.

        Par exemple quand vous exprimez ceci :

        Jean Zin : « Il doit être clair qu'un oui ou un non n'a de sens qu'en réponse à une question et n'a aucun sens en soi. Il est donc intéressant de souligner que le minimum d'information correspond à une réponse par oui ou non à une question, ce qui met en relief son caractère fondamentalement discontinu, de tout ou rien (c'est oui ou c'est non, pas une valeur continue). L'information est au minimum un oui ou un non car elle sert à se décider dans l'action, c'est un facteur discriminant, mais du coup, elle n'est pas dans la réponse elle-même qui ne peut être isolée de la question à laquelle elle répond ou de la situation qui lui donne sens. »

        Le mode question-réponse d’un dialogue ou d’un monologue est « linéaire » et la réponse comme résultat est la négation de la question (tout simplement parce qu’il n’y a plus de question). Ainsi le « vrai » et le « faux » ainsi que le « oui » et le « non » sont absolument identiques et tiennent du « même » en ce qu’ils sont « une réponse positive » quand ils sont une simple négation de la question. Et s’ils ne sont pas égaux c’est parce ce qu’ils sont non-différents et non-commutatifs. Il n’y a donc pas ici de véritable discontinuité, mais un simple changement de direction. « Oui » et « non » sont ici tous deux positifs au même titre que sont « strictement positif » les nombres positifs et négatifs. Vous qui êtes hégélien devriez reconnaître la critique qualitative que ce dernier a faite à propos de l’essai kantien sur ses pseudo grandeurs négatives.
        La véritable réponse négative est exprimée par la contradiction qui, comme réponse, impose un mode circulaire puisque la question ne trouvant pas de résolution, celle-ci demeure. Et si la réponse du mode linéaire est une négation de la question, alors la contradiction est une « négation de la négation » qui interdit la négation de la question par la réponse. C’est juste logique et explicite que seule la contradiction à la capacité de maintenir un état de tension, d’opposition dynamique. Et que, si le mode linéaire de la question-réponse trouve sa résolution en un résultat qui sera vrai ou faux, alors ici, je réitère que vrai et faux tiennent du « même » (comme réponse positive) puisque tous deux aboutissent à la négation de la question.
        « La contradiction, elle, fait office d’un « différent » (comme réponse négative) qui à la qualité d’un « tiers exclu ». La contradiction comme réponse négative n’est pas la réponse fausse à jeter à la poubelle et comme « contraire vrai » de la réponse positive linéaire, elle apporte la réponse négative de son mode circulaire et signifie par lui qu’elle est positivement non-résolue, qu’elle ne trouve pas positivement de finitude, mais qu’elle est de fait, circulairement et négativement absolument dynamique. La question positiviste est un « moment » posé sur la circonférence qu’est la contradiction. « Rien » est LA question positiviste « centrale » qui ira toujours se poser sur cette circonférence pour la mettre en mouvement rotationnel. « Rien » est ce qui donne l’« impulsion » à la contradiction et la met en mouvement, mais aussi, puisque parti d’un mode linéaire ordinal, il imprime à la circonférence un « moment rotationnel », lui donne une information qui n’est pas différente de qu’en physique on nomme : « moment angulaire ». La contradiction comme réponse est une « négation de la négation » qui est une circonférence de type informationnelle possédant une impulsion rotationnelle munie d’un moment angulaire. » (Extrait de « L’homme-monde » page 26-27).

        Ensuite vous faites avec raison référence à Piaget. Le problème est que vous éludez le propos principal de la communication, qui est : « ce que « je » croit dire et ce que « il » croit comprendre ».
        Puis vous faites, toujours avec raison, référence à la capacité fondamentale d’abstraction, mais en omettant son point paroxystique qui est « s’abstraire d’abstraire » où ici, le sujet est « vrai » au sens où il est non-objet de lui-même (l’« être » sans l’« avoir »). Il n’y a pas comme vous le dites, dans l'in-formation, « un mouvement vers le réel », mais au contraire « un réel vers le mouvement », l’« agir » est déjà secondaire.

        Puis, vous exprimez que « c'est la réaction du récepteur, sa non-indifférence, qui constitue l'information ». Encore une fois vous vous méprenez.

        « Faire concrètement l’expérience de l’indifférence, c’est faire l’expérience de l’affirmation par la négation, il n’y a pas de non-choix et bien au contraire, si le simple choix relatif n’est qu’une affirmation à ce que nous croyons vouloir (« croyons » est inévitable puisque notre connaissance n’est pas exhaustive), le choix de l’indifférence est bel et bien un choix « en différence », en conscience, de ce que nous ne voulons pas. Et ainsi, par l’intermédiaire d’une négation qui tend vers l’absolu, celui qui pensant mépriser l’autre par un acte d’indifférenciation, fait du sujet qu’il voulait nier, un « in-différé ». Faire l’expérience, c’est vivre, c’est provoquer ou subir un évènement au Présent du temps. Et de fait, celui qui est « in-différé » est celui qui est affirmé temporellement où par l’intermédiaire de la négation de l’autre, il est « en différence » celui qui est « non-différé », celui qui en direct, est « réel ». Par l’intermédiaire de la négation absolue, il y a la « discontinuité » de l’individuel qui est « au » monde en opposition d’une apparente « continuité » de l’être qui est « du » monde. Car que fait celui qui tente de nier l’autre par son indifférence ? Il essaie de « se »soustraire à son regard, à sa présence et de cette façon, ce n’est pas l’autre qu’il nie, c’est lui-même, en s’effaçant. Et de cette manière, l’in-différent et l’in-différé se trouvent (séparément ensemble) alors qu’ils voulaient s’éviter. Au présent du temps, ensemble ils sont « non-différent », mais aussi « non-commutatif » (ils sont non-séparables, mais pas indifférenciés) en un « quand » que l’on peut voir comme un « plan de négation » semblable à un «universel de l’être » qui est inévitablement contradictoire puisqu’il indique une superposition d’états où la « non-différence » est une relation « quant à » une « non-commutativité » qui en est l’absence. » (Extrait de « Pour une démocratie de l’indifférence » JCC Facebook page).

        Jean Zin : « La valeur d'une note étant relative à la précédente dans une dialectique subtile de rupture et de continuité qui nous tient en haleine. »

        Encore une fois, Non ! Une note n’est pas « relativement relative » à la précédente, mais en « absolue dépendance » d’un Silence « inter-méd-iaire ». Et si je ne vais pas recopier les 12 pages de « L’homme-monde » qui traite précisément de ce sujet, j’aimerais vous posez une question : « Quelles sont les différences ou non-différences « informationnelles » entre le silence et la note ? ».

        Et je ne voudrais pas paraître désagréable, mais s’il est facile de dire des écrits des autres qu’ils sont du « baratin », ça ne dépasse pas la malhonnêteté d’une inavouable et évidente incompréhension.

        S’il y a un point qui est évident, c’est qu’il n’y aura pas de correcte définition d’un « temps discret » ou d’une « gravitation quantique », c’est-à-dire une reconnaissance qualitative entière et consistante puis une quantification du « discontinu », sans une résolution de « l’hypothèse du continu » mathématique.
        « Or, qu’est-ce qui permettrait de reconnaître le discontinu à partir du continu ? Rien. Sauf si simultanément d’avec le continu, le discontinu est déjà là. » (« L’homme-monde » page 42).

        Je réitère donc cette question : « Quelles sont les différences ou non-différences « informationnelles » entre le silence et la note ? ».

        • Qualifier ce que déblatèrent la plupart des intellectuels et philosophes de baratin n'a rien d'une réfutation (qui demanderait trop de temps) juste l'indication qu'il ne s'agit pour moi que de mots et que je me revendique d'un matérialisme (certes spirituel et qui inclut le langage, la culture, les structures sociales, etc.). Je me réclame presqu'autant d'Aristote (qui est pour moi la base) que de Hegel (qui y introduit l'histoire) sans adhérer à toute sa philosophie mais le concept d'information ne vient pas de la philosophie, il vient de la biologie, de sorte que l'indifférence n'est pas une négation, encore moins un choix, mais une conséquence de l'intentionalité (de prégnances et de saillances signifiantes car on n'entend que ce qu'on attend, le reste n'est que bruit, définition même du silence...). Une note qui n'est qu'un son cohérent n'a aucune existence en soi mais seulement dans sa série ou son rythme, dont on peut toujours dire que l'aboutissement est le silence (la résolution d'une disharmonie originelle comme dans le Boléro de Ravel analysé par Lévi-Strauss). Il faut bien dire que ces questions ne m'intéressent pas du tout mais les conséquences pour notre monde de notre entrée dans l'ère de l'information (du numérique) que j'analyse comme le passage de l'entropie à l'écologie (ce n'est pas fait!) et pas du tout d'une sagesse en surplomb et hors de l'histoire par un usage de la négation purement formel.

          • C'est quand même très pompier pompeux le boléro de Ravel, c'est même en toute conscience de cet effet qu'il l'a écrit, selon ceux qui l'on connu.

            Pom pom, tagada tagada, plon plon... J'ai jamais compris qu'on ait porté aux nues une telle fanfare lourdingue.

            C'est un peu comme JJ Rousseau critiquant JP Rameau, c'est à mourir de rire. Un plouc se moquant de l'art.

          • Je suis d'accord sur le côté pompeux du boléro, comme d'une majorité de la musique classique d'ailleurs (que j'aime de moins en moins) mais ce n'est en rien un choix personnel, c'est juste que Lévi-Strauss en a fait dans ses Mythologiques (L'homme nu) une analyse qu'il identifie à la structure des mythes (et, par ailleurs, c'est, je crois, le morceaux le plus vendu mondialement en musique classique, témoignant de son universalité malgré tout).

  3. Si la physique doit appartenir aux physiciens
    la politique aux politiciens
    la philosophie aux philosophes
    à quoi appartient le rien, l'oeuf et la poule?....

    Hormis ce clin d'oeil que pensez vous d'un système stellaire à deux étoiles ou à une étoile et un "trou noir", un tel système me semble beaucoup plus logique qu'un système stellaire unique et pourrait expliquer des dynamiques inexplicables autrement?

    • Bonjour.

      « À quoi appartient le rien ? »

      Ni à quoi, ni à qui. Mais son statut d’« indifférenciable » fait de lui un perpétuel évadé en fuite, un « absolument dynamique » et non pas l’indifférencié « relativement absolu » à partir duquel il est pensé. Si dans les relations d’oppositions systémiques la valeur nulle (le zéro) se fait l'entre (inter) des valeurs non nulles positives ou négatives, le « rien » est ce qui s’en fait l’« inter-méd-iaire » négatif (et se positionne comme le milieu de l’entre) en un rapport de contrariété orthonormé tout comme le sont le temps et l’espace. La plupart des dynamiques inexplicables le restent puisqu’on ne peut les expliquer par le fonctionnement conceptuel habituel qu’est l’« hypostase » (on prend quelque chose que l’on fixe qu’ensuite on met en mouvement). Ce qu’on a tendance à oublier, c’est le pourquoi de la relativité générale qui est de l’incapacité à mesurer le temps absolu. Ce qu’a fait Einstein, c’est « pousser » l’indifférenciable à l’extérieur, mais cela n’empêche pas celui-ci de revenir tel un boomerang et on a beau vouloir l’éviter, il faudra tout ou tard se confronter au « rien » si l’on veut comprendre quelque chose; et ce n’est pas un hasard si les philosophies ou les sciences qui qualifie le rien d’« ineffable » sont celles qui trop pédantes d’objectivité, ne savent pas faire la différence entre l’« indifférencié » et l’« indifférenciable » et de fait, n’étant même pas bonnes à définir le Rien, elles sont mauvaises à définir le Tout. Il y aura toujours plus de compréhension et de connaissance en un déterminisme indéterminable qu’en un indéterminisme fondamental, non ?

  4. Pour moi c'est un problème récurrent en physique contemporaine que j'attribue à un manque de culture philosophique dans les filières scientifiques. Il y a une tendance chez les physiciens à vouloir fabriquer des systèmes "totalisants" et ainsi à se perdre dans des représentations sans trop questionner les concepts qu'ils utilisent et les liens avec d'autres disciplines, à vouloir élaborer des théories du tout, mais sans avoir la moindre vision globale, au contraire en se restreignant à un domaine technique très étroit et à des problématiques limitées à ce domaine ou à un paradigme particulier. Ces histoires de l'univers comme simulation numérique sont typiques, de même l'abus de l'emploi du terme d'information, qui ainsi utilisé (c'est à dire sans liens avec d'autres domaines) veut à la fois tout et ne rien dire.
    Non que la physique n'ait pas en un certain sens une position spéciale, fondamentale, dans l'édifice de la connaissance, mais peut-être que pour faire de la bonne physique il faut savoir s'intéresser à autre chose... Et qu'à trop se spécialiser on finit par souffrir de myopie.
    Ceci dit ça ne se généralise pas à tous les physiciens, et par ailleurs on retrouve des tendances similaires dans d'autres disciplines (la neuroscience qui prétendrait remplacer la sociologie par exemple).

  5. Or, la science de la chaleur, ce qu’on nomme la thermodynamique, nous apprend que l’entropie ne peut pas diminuer. Il faut donc supposer qu’en jetant la bouteille dans le trou noir, on fait augmenter l’entropie de ce dernier !

    Mais puisque l’entropie rend compte du « désordre », cela signifie que la simplicité des trous noirs – qui peut pourtant être démontrée en relativité générale – n’est qu’apparente et qu’ils sont en fait des objets très complexes. Sans aucun doute même, les plus complexes de l’Univers... La mystérieuse entropie des trous noirs est ainsi un défi majeur lancé à la physique théorique.

    http://www.atlantico.fr/decryptage/voyage-au-coeur-trou-noir-pourquoi-astronaute-se-demembre-aurelien-barrau-709722.html

    • On voit qu'il a du mal à justifier son dogmatisme, la contradiction étant manifeste dans cet usage trop universel de l'entropie. Pour s'en tenir à la thermodynamique, en jetant dans le trou noir un objet très chaud (une étoile), on augmente sa masse ce qui, si j'ai bien compris, baisse la température du trou noir ! En fait, plutôt que d'invoquer des arguments dogmatiques, il y a juste une question de physique à déterminer : ou la singularité est figée par la gravitation (le temps lui-même s'arrête), ce qui est un minimum d'entropie, soit elle est très agitée, ou bien soit c'est l'objet le plus simple comme le montrent les équations (un trou noir n'a pas de cheveux, ce que conteste Susskind), soit c'est l'objet le plus compliqué de l'univers mais on ne voit pas comment.

  6. Comme vous détenez la vérité, le reste du monde ne peut qu'être dogmatique. Fondez une religion, Ô notre sauveur.

    Message distribué gracieusement pas la Compagnie de l'Ironie pour les intellectuels indécrottables.

    • Je crois bien que l'article avoue toute mon incompétence en physique et il n'y a rien dans ce que je dis qui puisse laisser penser que je détiens la vérité à simplement "faire état de ma perplexité et de mes objections, en attendant qu'on les réfute". Faire appel à l'expérience est une démarche on ne peut plus scientifique à l'opposé des dogmes religieux justement mais il y a aussi des dogmes dans les sciences, c'est même nécessaire, et qu'on n'arrête pas de réfuter (ou plutôt relativiser), c'est cela le progrès. Mon accusation de dogmatisme n'est pas un jugement de ma part ne faisant que rendre compte de la forme d'une argumentation qui justifie par une loi qui devrait être vraie ce qui semble y contredire. Tout le livre de Susskind en fait d'ailleurs une véritable guerre des religions à vouloir sauver un principe sans lequel tout s'écroulerait. Je ne prétends pas du tout qu'il a tort, je n'en ai pas les moyens et c'est l'expérience qui doit décider mais la démarche n'en reste pas moins dogmatique à la base, au moins tant qu'elle n'aura pas été confirmée par l'expérience. Moi, je n'attends rien qu'à mieux comprendre et réviser mes conceptions s'il le faut n'ayant aucune vérité à défendre, aucune préférence à simplement voir une contradiction apparente qu'il serait très dogmatique de ne pouvoir exprimer.

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