La naturalisation du capitalisme

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Les critiques du capitalisme ont toujours réfuté la naturalisation du capitalisme. Ainsi, du côté de Polanyi, c'est l'encastrement de l'économie dans le social qui est prétendu notre état naturel, et Bourdieu ajoutera qu'il y a, dans les sociétés traditionnelles, une négation constante des rapports économiques entre proches, remplacés autant que possible par le circuit du don. Certains vont même remonter jusqu'à la préhistoire pour démontrer que le capitalisme n'existait pas du tout à cette époque, et que donc nous pouvons vivre sans ! Il faut dire que ces critiques mènent souvent, sinon à la négation de l'évolution, du moins à prendre leurs distances avec le darwinisme considéré comme simple expression de l'idéologie capitaliste (ce qui est le cas pour Spencer, il est vrai) alors que Darwin avait souligné l'importance des instincts sociaux et de l'altruisme dans notre survie, c'est-à-dire des tendances anti-darwiniennes à court terme mais donnant un avantage à long terme. Il faut s'inquiéter lorsqu'une loi scientifique aussi fondamentale est contestée pour des raisons politiques mais il y a effectivement un conflit des interprétations et manipulation du concept d'évolution par les uns ou les autres, justifiant la domination d'un côté ou l'émancipation de l'autre. L'essentiel à reconnaître pourtant, c'est d'abord l'évolution elle-même, sa dynamique comme phénomène extérieur qui s'impose à tous et dans lequel nous sommes pris.

Il est clair que l'économie ne renvoie pas du tout à un état de nature originaire puisqu'elle repose largement sur l'Etat de Droit et des constructions juridiques relativement récentes. Rien de plus facile que de rétorquer, au prétendu "ordre spontané" d'Hayek, que sa "constitution de la liberté" est bien épaisse à vouloir empêcher toute intervention étatique (la dérégulation produit une inflation de lois). De plus, chaque étape de la libéralisation peut être considérée comme voulue puisqu'on trouve toujours un ministre ou un vote qui ouvrent la voie au libre-échange et à la financiarisation, pas si spontanés que ça, donc, et en rupture avec le passé. Les théories du complot voudraient en faire un événement contingent, dû à des compromissions personnelles, à la corruption des oligarchies, au manque de transparence et de démocratie mais cette contingence peut être mise en doute quand c'est un mouvement d'ensemble de tous les pays.

Fondamentalement, ces critiques du laisser-faire se font au nom d'une forme ou l'autre de volontarisme, voire de planification étatique, pour ne plus être dans l'histoire subie, avec ses immenses destructions, mais dans une économie organisée, rationnelle, décidée politiquement. C'est là-dessus que ces critiques pouvaient entrer en convergence avec le marxisme, mais pas sur le caractère nécessaire du capitalisme. Si, pour Marx, "le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain; le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel", c'est bien que le capitalisme est une conséquence naturelle du machinisme et un stade nécessaire de l'évolution - supposé préparer le communisme... Ce qui distinguait le marxisme des utopies socialistes, c'était en effet de ne pas être un volontarisme à ne plus partir des désirs de chacun mais du sens de l'histoire, de processus matériels, en s'appuyant sur la compréhension des lois du capitalisme et des analyses supposées scientifiques, simple domaine spécialisé des sciences de la nature et qui se situe dans l'évolution.

En fait, les économistes qui invoquent le caractère naturel du capitalisme ne prétendent pas du tout que ce serait une constante anthropologique mais seulement qu'on aboutirait au capitalisme lorsqu'on laisse les choses évoluer d'elles-mêmes (ce qui fait qu'on ne s'en débarrasse pas même quand il s'écroule). C'est dès lors la même chose de parler de marché, de libéralisme ou de capitalisme puisqu'il s'agit à chaque fois de laisser faire les marchés à l'opposé justement de tout volontarisme planificateur, démission du politique laissant ainsi la charge de la cause à l'extérieur. Tout plaide contre ce laisser-faire et l'expérience communiste était indispensable dont l'échec reste un scandale pour la pensée, témoignant cruellement de nos limites cognitives et politiques (entre bureaucratie, luttes de pouvoir et corruption). Il faut prendre acte de cet échec comme ce qui justifie effectivement le libéralisme contre l'incapacité des pouvoirs. En effet, aussi incroyable que cela puisse nous paraître, l'évolution "naturelle", libre, folle, se révèle étonnamment plus productive qu'une planification rationnelle, malgré toutes les inégalités qu'elle produit, ses injustices, ses crises et immenses destructions. Difficile à avaler, tellement contraire à ce qu'on voudrait, mais la Chine en liberté surveillée vaut quand même preuve par rapport à l'état précédent et l'hyperpuissance américaine valide son système économique qui lui donne cette domination planétaire (il ne s'agit pas d'idéologie ou de valeurs mais de puissance effective, on n'a pas autant le choix qu'on se l'imagine complaisamment). Du point de vue de l'histoire la dynamique du capitalisme est indéniable qui lui a donné la puissance matérielle de conquérir le monde.

A ne pas reconnaître ces faits matériels, non seulement on ne veut pas voir la raison du libéralisme, mais on n'a de cesse de vouloir le ramener à une simple idéologie néfaste et intéressée. Il ne manque assurément pas d'économistes libéraux extrémistes dont on peut se gausser, voulant paradoxalement empêcher des phénomènes de solidarité ou de mise en commun qui sont on ne peut plus naturels, n'ayant pas peur de prétendre supprimer toute protection alors que notre espèce ne peut vivre sans abri. On peut se défouler sur quelques têtes à claque, tout cela n'empêche pas qu'il y a une efficacité du libéralisme même si ce n'est pas pour tout le monde et que ce sont les plus faibles qui paient le prix fort. C'est ce qu'il faut comprendre pour y remédier autant qu'on peut. Ce n'est pas que du baratin, l'efficacité est réelle. C'est tout le problème. Le réel n'est pas gentil et si tout le monde s'est converti au néolibéralisme, c'est parce que ça a marché contre un keynésianisme à bout de souffle (retournement du cycle d'inflation). Il n'y a pire épouvantail que l'horrible madame Thatcher, grande lectrice de Hayek, mais il faut voir dans quel état était la Grande-Bretagne dont elle avait hérité. Son programme contre l'assistanat et les syndicats a eu un coût social très élevé, laissant de nombreuses populations à l'abandon et dans la misère, mais cette politique inhumaine a eu un effet très positif sur l'économie. C'est inacceptable que les plus riches profitent ainsi du sacrifice des plus pauvres, mais c'est comme ça, on ne peut juste l'ignorer, il faut le reconnaître pour essayer de s'en défendre.

Il est consternant que le simple constat de l'efficience des marchés (malgré des contre-exemples flagrants, notamment avec les réseaux) transforme une bonne partie des économistes libéraux en canailles obligés de faire preuve de cynisme et d'une totale inhumanité. Il est vrai que les belles âmes bien intentionnées, qui font plus de mal que de bien, ont de quoi les faire prendre en grippe mais, en dépit du fait que la première condition, c'est une économie qui marche, il est indigne de ne pas se préoccuper en priorité du sort qui y est fait aux plus pauvres et aux perdants. Reconnaître un phénomène naturel comme des ouragans n'est pas en chanter les louanges et se croire obligé d'en minimiser les effets destructeurs. Il faut d'autant plus essayer de comprendre les raisons pour lesquelles la direction volontaire de l'économie n'arrive pas à ses fins et n'est pas aussi productive que de ne pas trop s'en occuper, ce qui est quand même extraordinaire et si difficile à admettre qu'on aura du mal à ne pas voir une volonté mauvaise ou des complots derrière tout ce qui nous arrive. Qu'est-ce qui est donc naturel dans les marchés alors qu'ils sont si récents ? On peut dire que c'est l'absence de volonté justement, et la mise en place d'un processus darwinien de sélection naturelle signifiant l'ouverture à l'extérieur, pris dans des flux, et surtout le remplacement de la programmation centralisée par le feed back et la sélection par le résultat.

Pour le vivant, il n'y a qu'une façon d'atteindre sa cible, c'est en se réglant sur le résultat pour corriger le tir et se diriger, principe de la perception. La découverte des boucles de rétroaction du vivant où l'effet devient cause, notamment dans l'homéostasie comme avec un thermostat, a fondé la cybernétique et permet de repenser complètement la question des finalités. C'est un principe solide, incontournable, de se régler sur la réalité plus que sur les principes et le plan initial, bien que notre esprit d'architecte ait du mal à l'accepter. Hayek explique l'échec de l'économie administrée par l'impossibilité d'une information parfaite qui était pourtant l'hypothèse du libéralisme néoclassique. Il me semble plus exact de parler d'une sélection par le résultat conformément au mécanisme darwinien, non pas qu'il faudrait justifier ainsi l'élimination des plus faibles mais seulement la supériorité du jugement a posteriori sur le jugement a priori et de la détermination par l'extérieur sur notre propre volonté (ou savoir). Cette causalité extérieure est ce qui transforme un marché, basé pourtant sur des échanges entre individus (libres et volontaires), en un phénomène naturel (quoique construit). En rejoignant ainsi les processus darwiniens de l'évolution, on en montre le caractère d'ontologie générale qu'on résume fautivement par la concurrence de tous contre tous alors qu'ils favorisent plutôt autonomie et diversité comme contrepartie de notre ignorance première, d'un réel qui nous est extérieur et nous résiste (qu'il faut découvrir et apprendre).

C'est ce que la seconde cybernétique avait compris de l'importance de l'auto-organisation mais sans bien pouvoir l'intégrer à la théorie des systèmes et devenue une simple négation de l'organisation (qui devient tyrannie de l'absence de structure). Les systèmes organisés ne sont pas du tout le fruit du hasard car façonnés par la sélection tout en restant basés malgré tout sur l'autonomie des individus ou éléments dont le système a besoin mais qu'il canalise complètement (le fonctionnement d'un système ne dépend pas de ses éléments). Ainsi, l'autonomie des cadres n'avait rien d'une concession des entreprises aux soixante-huitards attardés mais relève bien de la simple efficacité dans le travail. C'est la complémentarité de l'organisation et de l'autonomie qu'il faut comprendre au lieu de les opposer, les organismes ne sont pas un amas de cellules auto-organisées mais une différenciation en organes étroitement dirigée ! On peut dire qu'il y a une dialectique entre l'organisation héritée (sélectionnée, reproduite) et tout ce qui reste d'îlots d'auto-organisation interne. De même, ce n'est pas parce que la raison du libéralisme serait celle de l'échec de la raison qu'il faudrait rejeter toute raison, toute organisation ou régulation, sans lesquels aucun marché ne marche ! Il n'empêche que l'échec du collectivisme et des économies dirigées nous livre à une évolution naturelle dont nous ne sommes plus les auteurs mais seulement les agents, ce qui ne veut pas dire que ce serait toujours à nos dépens et qu'il n'y aurait aucun progrès sous prétexte qu'il y a des moments de régression.

Je reprochais à Bernard Maris, comme à tous les keynésiens, de n'avoir pas compris la stagflation des années 1970 qui avait motivé le retournement des politiques et le triomphe de Hayek, du fait que l'inflation des salaires ne produisait plus de croissance mais provoquait au contraire un accroissement du chômage qui n'a pas cessé depuis. La façon la plus favorable de comprendre ce retournement, c'est par les cycles longs d'inflation qui s'accompagnent de ces mouvements de flux et reflux des salaires comme des droits des travailleurs. Apparemment, nous pourrions nous trouver dans le retournement suivant où le souci est de sortir de la déflation et de retrouver des protections sociales assurant la reproduction des compétences. Il ne faut pas trop croire à la répétition du passé quand tout change autour de nous mais il ne faut pas non plus en rejeter trop vite l'hypothèse qui permet de s'appuyer sur des dynamiques cycliques. Cela permet au moins de sortir des représentations linéaires de l'histoire, du mauvais infini qui ne voit qu'une éternisation de notre présent, ne pouvant aller que de pire en pire sans plus voir les forces contraires qui auront pourtant leur revanche, ni les grands bouleversements qui peuvent changer la donne soudain.

On a vu que naturaliser le capitalisme comme le faisait Marx en l'expliquant par le machinisme, c'est aussi en faire une forme transitoire, correspondant à un stade de développement donné. Or, il est peu douteux que, désormais, le capitalisme industriel a fait son temps, mais au lieu de déboucher sur le communisme espéré, ce qui se met en place est seulement un nouveau capitalisme, adapté au numérique cette fois, même s'il est très différent (le nouvel esprit du capitalisme). Il n'est même pas sûr qu'il mérite encore le nom de capitalisme n'étant plus fondé ni sur le salariat ni sur la valeur-travail mais cela ne change pas fondamentalement la réalité de la financiarisation et de la globalisation marchande. La détermination technologique en sort renforcée par rapport à la détermination idéologique. Ce qui est sûr, c'est que nous ne récupérons pas la main, tout au contraire et s'il y a une sorte de fin de l'histoire, ce n'est pas du tout d'être arrivé au but mais de ne plus pouvoir rien changer fondamentalement même si tout change tout le temps. On arrive en effet à un mélange d'une telle masse qu'on ne peut plus le réguler qu'à la marge, même avec nos moyens actuels. Du coup, on s'aperçoit que ce qu'on fustige sous le nom de capitalisme, de marchés, de libéralisme ou de techno-science, rendus responsables de tous nos maux, ne fait que désigner une réalité qui n'est pas voulue et le résultat d'une évolution "naturelle", extérieure et irrésistible. Il est naturel de vouloir maîtriser cette évolution mais, si l'on peut agir sur de nombreux points, pris un à un, il faut abandonner l'idée d'une maîtrise complète et donc d'une évolution globale qui soit notre oeuvre. Perdre dans l'affaire la charge de la cause empêche de réduire l'histoire comme Hegel à une histoire de l'Esprit et au développement de la liberté jusqu'à l'aboutissement d'une histoire conçue. La révolution copernicienne qui nous expulse encore une fois du centre de l'histoire au profit de la pression du milieu et de processus extérieurs fait de l'histoire tout autre chose qu'un récit à l'eau de rose mais la rencontre du réel sur lequel on se cogne.

Il ne suffit pas de dire la vérité en montrant tout ce qui ne dépend pas de nous. N'importe quel délire, ou idéologie, est basé sur une vérité, on peut s'en servir pour nier une vérité contraire ou pour en faire un dogme qui cache la réalité sociale et ce qui dépend de nous cette fois. La naturalisation du capitalisme n'est pas une façon de le justifier mais peut servir à mieux comprendre comment en sortir et que cela ne peut être que localement et non plus globalement, mais en s'appuyant sur les nouvelles forces productives (ce que je propose comme alternative locale possible avec revenu garanti, coopératives municipales et monnaies locales). De même, comprendre que l'innovation est dictée par l'environnement, à partir d'une création foisonnante, permet de comprendre que, dans cette économie, il y a à chaque fois de très nombreux perdants impossibles à départager avant (c'est le réel qui désigne la bonne réponse) et qu'il faut prendre en charge. Renvoyer la cause sur l'extérieur, le milieu, les déterminations matérielles, culturelles, historiques, sociales, sur tout ce qui ne dépend pas de nous, ne peut absolument pas signifier qu'on devrait rester passif et se laisser-faire alors que la réactivité est essentielle à tout organisme et qu'il y a beaucoup à faire sans arrêt, des injustices à réparer, des crimes à empêcher. Il y a un champ d'action possible, la plupart du temps local, qu'il ne faut pas négliger même s'il faut abandonner les rêves d'absolu et d'écroulement du capitalisme, ou d'une économie planifiée, pour ne pas s'agiter en vain (cela n'empêche pas qu'une crise majeure reste probable mais on pourrait être entrés dans une régulation globale nous maintenant en permanence au bord de la crise).

Ce qu'il faut retenir, c'est que le libéralisme a sa nécessité dans nos limites cognitives (nous ne sommes pas aussi intelligents qu'on le croit) ainsi que dans l'extériorité du réel qui nous résiste, mais il a aussi ses propres limites et ne peut s'introduire partout, dans les organisations notamment (les entreprises sont des systèmes hiérarchiques bien que dans un environnement libéral). Il ne fait aucun doute que c'est seulement en comprenant sa nécessité qu'on pourra y mettre des limites tout aussi nécessaires. S'il y a une dialectique, c'est dans cette confrontation avec l'ennemi dont on ne peut triompher qu'à reconnaître sa part de vérité. Ce n'est pas un choix ni un savoir personnel mais une vérité historique qui s'impose à nous par l'expérience dans ce monde globalisé - impossible à ne pas savoir depuis l'échec catastrophique de la "grande transformation" étatique qui avait voulu se substituer au premier libéralisme. La tentation est grande de refaire l'expérience douloureuse de l'échec, hélas. Je dois dire que si je ne comprends pas qu'on n'ait pas été séduit par les arguments du marxisme avant d'en faire l'amère expérience du socialisme réel, je ne comprends pas qu'on puisse l'être encore après ! On peut y voir une fin de la politique, telle qu'elle était déclamée du moins, de la folle prétention à décider du monde où l'on est tombé, de décider de la totalité, pour revenir à des enjeux concrets absolument vitaux et qu'il faut affronter un à un, dans le conflit des opinions ou des rapports de force et non pas dans une société réconciliée mais continuant à évoluer plus vite qu'on ne le voudrait. Non, nous ne sommes pas encore sortis de la nature...

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50 réflexions au sujet de “La naturalisation du capitalisme”

  1. S'il y a eu échec de "la grande transformation étatique" , il y a aujourd'hui échec du libéralisme. C'est bien une troisième voie qui ne nie ni la nécessité du libéralisme ni la nécessité de la planification ( qui peut être une planification démocratique) qui serait souhaitable .

    • La planification à grande échelle me parait rarement démocratique, même à petite échelle.

      Le feed back libéral a gagné la partie du fait de son court temps de réponse, mais montre aussi ses défaillances sur le moyen terme par accumulation de dénis.

      Pour ma part, je suis en partie libéral, je bosse ici ou là et fout le camp ailleurs quand ça me semble sentir mauvais.

      Prends l'oseille et tire toi quand ça commence à foirer sévère... Le combat frontal, j'ai essayé, c'est possible mais consommateur d'énergie.

      Je pense qu'une forme de nomadisme ne va pas contre une forme de localisme. Un appariement des contraires, en quelque sorte.

    • Le libéralisme nous confronte sans arrêt à plein de problèmes, certains catastrophiques, on peut parler de son échec comme après 1929 et comme aujourd'hui avec les excès d'une dérèglementation ultralibérale exigeant des politiques correctrices mais il n'y a pas écroulement d'un écosystème comme il y a écroulement d'un système hiérarchique et il ne semble pas que cela puisse nous faire revenir à une économie dirigée (sauf au niveau de la commune) ni que cela affecte beaucoup la puissance américaine ou celle des autres pays capitalistes, ce sont encore une fois simplement les plus faibles qui trinquent (comme en Grèce).

      De la planification, tout le monde en fait. Ceux qui investissent sur le long terme font de la planification, les entreprises n'arrêtent pas de planifier et même les gouvernements font des plans (leur caractère démocratique est très contestable).

      Je ne plaide pas du tout pour un libéralisme intégral mais au contraire pour une dialectique entre marché et Etat. Simplement, le retard des institutions sur les entreprises dans l'adaptation au numérique montre bien toutes les limites d'une planification d'Etat. Il n'est pas impossible que dans le futur les capacités de planification soient plus fiables mais c'est encore de la science-fiction. Il est difficile d'admettre nos limites qui sont pourtant manifestes (malgré les yaka faucon et, il suffit de le vouloir, etc).

        • Je sais pas trop ; c'était surtout par rapport à l'utilité de planifier , c'est à dire se poser ensemble , réfléchir et agir ;pas être seulement dans la réaction , voir loin . C'est valable au local ( et là parfois c'est possible grâce à des initiatives des uns ou des autres) mais aussi au national (et Europe) et là c'est le vide sidéral.... alors qu'on a des enjeux considérables qui imposeraient une réflexion de fond sur du long terme ; (le court terme pollue la réflexion par les conflits d'intérêts et par les élections.
          Théoriquement ce devrait être le rôle du président de la république : nous faire réfléchir , nous donner les moyens de le faire et d'activer le volet long terme . C'est lamentable de connerie notre gouvernance .

          • Au niveau local, c'est encourageant de voir que de telles initiatives peuvent aboutir.
            Qu'est-ce qui fait que c'est beaucoup plus compliqué au niveau national? Je crois que les médias y jouent un grand rôle, sans qu'ils en aient vraiment l'intention. Les partis ne sont pas équipés pour résister à la starification. Ils y jouent même. Beaucoup d'énergie est dépensée dans ce spectacle. Si c'est le cas, une des premières urgence des partis serait d'avoir une stratégie et de se structurer pour réduire les dégâts de cette starification et pouvoir se consacrer à des enjeux politiques importants. C'est une question de mode de sélection des leaders et de leur contrôle par les partis, sans pour autant tomber dans le piège de la défiance vis à vis de ces leaders.

          • On a la chance d'avoir une constitution (dans ses tous premiers articles ) permettant qu'au niveau national ça puisse fonctionner comme ça ( voir les articles : un président qui ne gouverne pas , qui est au dessus , et non issu, des partis ; interdiction aux partis de voler la souveraineté nationale ; cette souveraineté nous appartenant à nous tous et se manifestant pas seulement par la désignation des représentants mais par un processus identique à celui décrit dans l'exemple de la commune en exemple : on se met autour d'une table , on réfléchit ,on débat longuement , on décide (référendum) ; c'est le président qui est garant de ce bon fonctionnement .
            En 2017 il faudrait qu'un membre de la société civile se présente , indique qu'il désignera un premier ministre pour gouverner et ainsi gérer la nation et le court terme ( Juppé ou Taubira ou autre ayant une chance) ; et annonce que son programme consiste essentiellement à faire réfléchir la nation afin de dégager une politique de long terme susceptible de résoudre les problématiques récurrentes et insolubles produites par le système.
            Au local ça peut passer -dans certains cas - à l'initiative d'untel ou untel ; au national il faut changer les structures de gouvernance ; et dans le cas français utiliser cette originalité d'un président qui ne gouverne pas mais s'occupe uniquement de nous aider à nous gouverner par l'activation de la réflexion action sur le long terme.
            Bref le contraire de ce que dit à juste raison Jean sur notre soumission à une matérialité (qu'en fait nous créons par absence de décision) : https://www.youtube.com/watch?v=QVHf1D91jTA

          • @Di Girolamo

            "En 2017 il faudrait qu'un membre de la société civile se présente , indique qu'il désignera un premier ministre pour gouverner et ainsi gérer la nation et le court terme ( Juppé ou Taubira ou autre ayant une chance)"

            Vous comptez sur Juppé ou même Taubira pour nous sortir de la crise sociale et écologique ? J'ai du mal à vous suivre pour le coup. Pensez vous vraiment qu'une synthèse "neutre" soit possible au nom de l'intérêt général, lorsque des inerties de classe, de pouvoir et des conflits d'intérêts sont ici manifestes ? D'autant qu'en politique comme ailleurs, chacun a sa vision du Bien Commun. Alors lorsqu'ils 'agit de vieux routards politiciens ... Si changement il doit y avoir il ne viendra certainement d'un système présidentiel vertical et à bout de souffle, minant la démocratie. Le consensus n'existe pas en politique. Il n'y a que des rapports de forces, non violents dans le meilleur des cas, et in fine, là dessus je suis d'accord, une adaptation aux enjeux matériels et aux modes de production. Le réel départage les vainqueurs du moment, mais les luttes de groupes, les luttes de classes, les oppositions sous diverses formes sont des faits humains. Ce que l'on peut espérer de mieux, c'est que des minorités actives soient au rendez vous au moment opportun, pour faire pencher la balance dans la "bonne" direction c'est à dire celle qui s'impose à nous.

          • @Fab

            je ne pense pas ça ; mais pour expliquer ce qu'on pense ......!
            Pas trop le temps et la capacité de synthétiser tout de suite;
            (une simple précision : je ne vote plus aux présidentielles et pose une réclamation en lieu et place estimant qu'on se fiche de nous , qu'on applique pas le principe du suffrage universel "direct".)
            A+

          • @Di G
            "Bref le contraire de ce que dit à juste raison Jean sur notre soumission à une matérialité (qu'en fait nous créons par absence de décision)"
            je trouve que cette réflexion pose une bonne question, celle de l'interaction entre les diverses matérialités dont notre pensée et notre action font partie. Peut-être que leur poids est faible devant d'autres matérialités qui nous échappent, mais ce sont les seules marges de manœuvre dont nous disposons.
            Ce que tu dis, c'est que moins nous prenons de décisions opportunes et plus nous sommes soumis aux autres matérialités.
            L'exemple du village qui réussit à transformer sa vie en optant pour une stratégie centrée sur l'énergie renouvelable me semble à retenir comme preuve de la capacité à agir localement. Je serais bien curieux d'en savoir plus sur leur mode de gouvernance locale, parce que je crois que c'est aussi un point transposable très important. Mais c'est difficile d'avoir des retours d'info sur ce sujet parce qu'il touche à la structure de pouvoir, alors on se focalise sur le sujet technique, par exemple "les énergies renouvelables".

      • Bon, je me doutais un peu de cette réponse, mais je crois qu'elle est très insuffisante. Mulliez, c'est très différent d'Arnaud ou Tapie, c'est un réseau à ciel ouvert, pas une mafia, qui a réussi à se développer depuis 1923 à partir d'une personne qui en a posé les bases, jusqu'à aujourd'hui où il compte plus de 500 membres. Ce sont les raisons de cette sélection en tant que réseau qui m'intéressent, comment il a réussi à surmonter les innombrables occasions d'éclater, pas les polémiques ordinaires sur son compte.

      • Dans l'industrie aussi, VW par exemple. Dans mon secteur j'ai vu des trucs pas clairs du tout. Les types n'hésitaient pas à vendre des produits dont j'avais démontré la défaillance, donc en connaissance de cause. Même l'AFSSAPS que j'avais averti en off n'a pas bougé le petit doigt et j'avais reçu des menaces de plainte en diffamation.

  2. "Même s'il faut abandonner les rêves d'absolu et d'écroulement du capitalisme, ou d'une économie planifiée, pour ne pas s'agiter en vain (...). Je dois dire que si je ne comprends pas qu'on n'ait pas été séduit par les arguments du marxisme avant d'en faire l'amère expérience du socialisme réel, je ne comprends pas qu'on puisse l'être encore après !"

    La contradiction de l'humain consiste en cela que nous sommes sommés de nous confronter au réel existant, mais en même les désirs de changement sont aussi "naturels" que l'imposition du néolibéralisme, si je puis dire. Ce contradiction apparente fait partie du défi à relever: comment concilier le besoin et la nécessité du rêve d'Humanité, besoin culturel profondément ancré en chacun (et aussi exploité d'une certaine manière par le néolibéralisme, malgré le cynisme de certains de ses adeptes) et le besoin de se confronter au réel.

    • On n'a pas à rougir de notre besoin de justice, à condition que ce ne soit pas une posture et qu'on se soucie de le traduire dans les faits, mais il faut en rabattre sur nos fantasmes de toute puissance (et non se satisfaire de l'injustice). Il y a effectivement une inadéquation de la réalité à l'universel que nous poursuivons, nous vivons dans cette contradiction (ou plutôt cette contradiction est la vie même).

      Hegel a éprouvé les mêmes enthousiasmes et les mêmes déceptions avec la révolution française mais si c'est un progrès dialectique nécessaire de renoncer à l'immédiateté de l'universel, le fait d'y avoir cru naïvement d'abord est indispensable à ce progrès vers le réel, à l'introduction de médiations et à la compréhension de la temporalité elle-même.

  3. Je vous suis volontiers dans votre soucis constant de rechercher un équilibre capable d’éviter les délires opposés de vertueux planificateurs et de vicieux libertariens. Dans ce billet encore vous insistez sur cette nécessité de reconnaître, pour les prendre en compte, les limites de cette Raison qui est propre à notre espèce. Mais peut-on par cette démarche prétendre « naturaliser le capitalisme », et l’activité économique ? J’ai le sentiment qu’il convient plutôt de mettre en conformité des pratiques par essence culturelles avec les réalités du milieu naturel. Il nous apparaît désormais que le milieu naturel est finalement global, c'est-à-dire strictement limité à cette planète : la propriété privée des moyens de production, et la capitalisation des richesses s’organisèrent jusqu’ici - comme vous le dîtes selon les cycles d’un marché pouvant marcher- tant que les rêves d’un développement culturel exponentiel humain prenaient appui sur l’existence d’étendues territoriales inconnues ou de profondeurs terrestres inexplorées. C’est bien pourquoi l’issue des crises de la modernité est à rechercher
    là d’où tout est parti : le milieu local, la diversité des milieux géographiques géopolitiques géoculturels de vie, mais en utilisant- tout en les transformant- les acquis technologiques raisonnables. Par exemple développer comme auxiliaires de l’agriculture de petits robots de désherbage au lieu de tracteurs géants, et aussi les insectes et les oiseaux dont nous avons à développer une connaissance raisonnée de leur rôle d’auxiliaires apportant une compétence propre à leurs mondes culturels spécifiques en harmonie avec des mondes humains relocalisés.

    • "Mais peut-on par cette démarche prétendre « naturaliser le capitalisme », et l’activité économique ?",
      Ce que j'ai compris (de travers?) c'est que JZ ne milite pas pour une naturalisation du capitalisme, il prend acte de sa naturalisation, du moins c'est ce qu'essaie de démontrer l'article.

      • Je suis d'accord avec votre remarque. Mais je propose d'aller plus loin pour affirmer que les comportements humains ne peuvent se dire ou se proclamer naturels ou conformes à la nature. Car l'homme est seul animal capable de symbolisation représentative de son moment existentiel et d'autre part il y a constante inadéquation de la vie entre nos visées d'universalité humaine ( culturelle) et les milieux naturels transformés ( les paysages selon lesquels la nature sauvage a été aménagée au cours des millénaires d'activité vivante) et reste réaménageable en connaissance des causes et des effets: éviter de continuer à délirer...

    • Je réfute tout-à-fait que le capitalisme soit un état de nature originel, la naturalisation du capitalisme et de l'économie ou de la technique n'ayant pas d'autre sens que d'obéir aux mêmes processus darwiniens que l'évolution naturelle, que donc nous n'en sommes pas les maîtres malgré notre savoir et nos raisons. Il ne s'agit en aucun cas de comportements conformes à notre nature, erreur justement que tout le monde fait en faisant de l'Homme l'acteur de l'Histoire, en le faisant responsable de ce qui lui arrive et en cherchant en lui-même la noirceur de son âme supposée par tant de malheurs. Ce que je souligne, c'est l'extériorité de la cause qui ne se plie pas à notre volonté et s'impose à nous après-coup. Le règne de la quantité et de l'uniformité n'est pas culturel mais matériel, c'est une question de puissance (économique et militaire), d'Empire, pas de choix (on peut faire le choix individuel ou local de s'y soustraire, si on en a les moyens).

      Bien sûr, naturaliser le capitalisme ne peut se comprendre si on a une vision idyllique de la nature comme beaucoup d'écologistes. La nature n'est pas bonne du tout et elle ne mène pas non plus à un paradis terrestre qu'elle n'est que par moments (saisons). Des espèces invasives détruisent tout, des virus déciment des populations, des espèces disparaissent, des catastrophes arrivent toujours (feu, sécheresse, ouragans, volcans, etc). Le nénuphar ne s'arrête pas de se multiplier avant d'avoir couvert toute l'étendue d'eau. Même si les organismes intègrent des régulations durement apprises, il n'y a nulle sagesse de la nature ou du darwinisme, seulement une sanction brutale, après-coup, de ceux qui épuisent leurs ressources.

      Même si la forêt peut sembler un équilibre harmonieux à la belle saison, la nature n'est jamais en parfait équilibre, elle est au contraire toujours déséquilibre et évolution - cette évolution qui ne nous laisse pas tranquille et ne va pas dans le sens qu'on voulait, à laquelle il faut s'adapter sans cesse pour rattraper le coup.

  4. Ce sont bien de telles précisions apportées par l'auteur lui-même à son texte qui me paraissaient utiles, et vous les apportez . Il ne s'agit que d'argumenter contre l'illusion si répandue selon quoi seraient possibles des ambitions capitalistes naturellement soutenables.
    On ne peut que tenter la recherche d'équilibres fragiles entre des existences contradictoires. En effet créez un bassin dans un jardin, et importez -y un nénuphar: il ambitionnera de monopoliser tout l'espace... tant qu'une carpe ne broute pas toutes ses repousses au printemps, détruisant tout avenir de fleurissement d'un nymphéa. Est-ce pas là une métaphore de notre économie par capitalisation?

  5. Si "la nature n'est pas bonne du tout', qu'en est-il de la nature humaine ? Marx a dit que ce sont les conditions matérielles qui font l'homme. Or, quand l'homme bénéficie de conditions favorables à son autonomie, il est en confiance (je peux et je veux me tromper). Si le capitalisme consiste à laisser libre le marché, ce n'est pas pour moi parce que le capitalisme a produit un système intrinsèquement vertueux mais parce que l'homme, quand il est en position de confiance? est plus à même de faire confiance. Et le marché a besoin de confiance. S'agit-il dès lors de contraindre à laisser libre le marché? Alors il n'est plus libre. S'agit-il de le réguler? Est-il encore libre? Pourquoi le marché ne sert-il plus l'intérêt général républicain ou le bien commun universel (catholique)? Parce qu'on le sait, il sert les intérêts de l'argent. Comment garder confiance en un marché qui a multiplié la valeur des entreprises par 45 en 32 ans par capitalisation boursière quand, dans le même temps, la richesse créée par ces entreprises n'a été multipliée que par 3.5?

  6. On peut considérer qu'entre disons 1880 et 1980 et malgré les grandes tragédies que furent les deux guerres mondiales (sans parler des autres conflits), il y a eu globalement un progrès social (du moins dans les pays du Nord et concernant l'écologie c'est une autre affaire). Or, il me semble que cet indéniable progrès est à porter au crédit des luttes de la multitude depuis la fin du 19ième siècle portée corrélativement par de grandes utopies sociales. C'est un fait que ces luttes furent menées à des fins anticapitalistes (en tant qu'objectif ultime), même si le résultat fut un développement de l'appareil de production et un accroissement de la consommation au sein du capitalisme. On peut peut être expliquer ce progrès social par la nécessité du développement des forces productives matérielles du capitalisme, mais il me semblerait erroné de sous estimer l'effet du mouvement social dans ce contexte.

    • Je ne dis pas du tout qu'on ne peut rien faire même si on est en moins bonne position que dans la période industrielle pour les mouvements de masse (sans parler du chômage qui est le vrai marqueur du rapport de force travail/capital). Il est indéniable que la combattivité des syndicats français a permis plus de droits qu'aux USA par exemple mais pas forcément en Suède et que ce soit en Angleterre avec Beveridge ou en Allemagne avec Bismark, une partie de ces droits ont été octroyés par l'Etat tout simplement parce qu'ils étaient indispensables (win-win on dit). Se battre dans le sens de l'histoire peut donc être positif.

      C'est parce que les droits obtenus amélioraient la compétitivité globale qu'ils ont été préservés, c'est parce que l'augmentation des salaires boostait la croissance que l'augmentation du niveau de vie était durable alors que, les augmentations de Mai68 ont été vite annulées par l'inflation, ou plutôt la stagflation qui rendait ces revendications inopérantes. De même, si aujourd'hui la protection sociale est menacée, c'est parce qu'elle n'a plus les mêmes effets positifs.

      L'action compte, au moins pour accélérer les progrès (par exemple le revenu garanti), mais c'est l'après-coup qui en décide plus que la combattivité qui ne peut aller contre le cours des choses (en revendiquant une nouvelle RTT généralisée remise en cause comme telle sans empêcher que des entreprises ou des administrations se mettent à la journée de 6H comme en Suède).

      C'est pareil pour les luttes dans l'entreprise, une revendication qui menace la vie de l'entreprise n'a aucune chance de passer. Il n'y a aucune position idéologique qui tienne, il faut toujours examiner la réalité en face et les rapports de force concrètement.

      • On a l'impression à vous lire, que les luttes sociales victorieuses sont celles qui aboutissent en fion de compte, au meilleur compromis acceptable avec les pouvoirs dominants, allant dans le sens des exigences et adaptations au réel et en même temps des intérêts de ces derniers. Je n'érige pas en principe systématique l'opposition aux rapports de domination, qui peut être stérile et susceptible de se retourner contre ses acteurs. En même temps, au nom du principe de réalité, n'y a t-il pas un risque d'arasement des contradictions intrinsèques à la réalité (par exemple capitaliste). Ou bien ne peut considérer que certaines luttes sociales ont été couronnées de succès parce qu'en fin de compte elles ont permis après coup au capitalisme de se renouveler malgré lui, sauvant ainsi le capitalisme contre lui-même (ou bien à la rigueur une partie des classes dominantes du capitalisme contre une autre). Cela étant, je vois mal comment l'on pourrait passer un compromis acceptable avec l'oligarchie financière dominante actuelle.

        • Je suis dans le même questionnement. C'est un peu comme si on demandait toujours au même de faire l'effort de sincérité devant les censeurs quand dans le même temps, les mêmes censeurs mentent sans qu'on puisse leur arracher un minimum de solidarité. C'est cette articulation que je n'ai pas encore la maturité d'accomplir intelligemment et sur laquelle je me cogne sans cesse. Quand Epictète se fait péter la jambe par son maitre et qu'il lui dit stoïquement que sa jambe est cassée comme il l'avait annoncé, c'est à la charge du maître de savoir qu'il ne peut plus bénéficier du travail de l'esclave et qu'il ne doit s'en prendre qu'à lui-même. Aujourd'hui, du fait de la désindustrialisation, on nous dit que les entreprises ne peuvent plus participer à l'effort collectif. Et c'est vrai! Mais c'est vrai d'une certaine façon quant à la globalisation mais pas forcément vrai du point de vue local. Que les entreprises magouillent pour survivre quitte à se gaver d'aides de l'Etat, je suis d'accord du fait de la mondialisation et du manque de matières premières en France. Qu'elles magouillent pour ne pas augmenter les salaires en France au nom de la flexibilité inhérente à la compétitivité alors que les entreprises françaises n'exportent que 20% de la production totale dont 12% en Europe et seulement 8% dans le monde, je me demande à quoi ça sert et c'est là que je rejoins Jean sur la question du local. Mais ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment, dès lors que l'on sait que les financiers mentent pour magouiller et que l'on court à la catastrophe à cause d'eux, se glisserait là-dedans la ruse de la raison ?

        • Le capitalisme se sauve toujours et il est plein de contradictions mais ce n'est pas que ce qui est obtenu l'est forcément à l'avantage des dominants (le sort des ouvriers s'est réellement amélioré), seulement que cela procure un avantage global (quoiqu'on en pense), sinon la conquête finit par disparaître.

          Ce n'est pas comme cela qu'on raconte l'histoire normalement (du point de vue de l'après-coup) et ce sont certes toujours les mêmes qui dominent, toujours les mêmes qui trinquent et cela fait longtemps qu'on voudrait y remédier mais en tout cas, la domination s'est nettement allégée, notre autonomie augmentée, l'émancipation étant elle-même une évolution nécessaire qui ne dépend pas tant que ça de nous mais de l'évolution du mode de production.

          On se croit volontiers à l'origine de notre liberté actuelle, ce qui est absurde au niveau général même si cela peut l'être dans notre vie particulière.

          • Je crois que je commence à piger (il était temps!). Position, opposition, composition. J'ai vu le film "Demain" au cinéma, film que je recommande. A travers ce film, j'ai pris conscience de toute la pensée sur l'écologie que développe Jean depuis des années. Tout y est. Les monnaies locales, une production locale (qui fonctionne à merveille quand on sait s'y prendre, c'est-à-dire en n'ayant pas peur de bosser dur), l'utilisation d'énergies renouvelables, etc... Et aussi, une approche différente de la citoyenneté, une sensibilisation à l'intelligence du fonctionnement de la vie publique et des institutions à travers des exemples du monde entier. Je suis sorti de la salle heureux de ne pas avoir perdu mon temps et j'ai pigé que beugler les poncifs bien pensants sur le méchant capitalisme ne mène à rien sinon à passer pour des cons. Le capitalisme pourrait être un bon système si on savait s'en servir. Ce qui nous fait perdre notre temps c'est l'unilatéralité de notre réflexion si tant est qu'on puisse appeler ça une réflexion. Je m'explique. Certes, les lobbies magouillent pour conserver les monopoles mais, par exemple, en ce qui concerne les industries agro-alimentaires, on pourrait penser que leur hégémonie quant à la production de denrées alimentaires est effective. Or, il n'en est rien puisqu'elles ne produisent que 20% de la production totale mondiale. Bien sûr, elles magouillent à n'en plus finir sur la propriété intellectuelle de manière à interdire à la longue toutes les semences que n'auront plus le droit d'utiliser les paysans sans qu'ils les leur achètent directement avec la non possibilité de les réutiliser enuite (modification génétique...Par ici la monnaie du passage à la caisse!) . Mais en faisant ça, elles créent une prise de conscience collective et une réaction. Et c'est cette réaction qui représente la négativité, donc l'opposition, qui ménera à la composition, c'est-à-dire à un compromis car, même si le Tafta amène dans ses cartons, la possibilité juridique pour ces indutries (tacite pour le moment mais bel et bien en train de devenir effective dans les coulisses du parlement européen), je pense que la prise de conscience collective va amener les paysans, et les citoyens en général, à se défendre. En attendant, voir ce film, c'est prendre conscience que tout est encore possible pour reprendre notre avenir en main. Dans l'action d'une économie locale.

    • Si le marxisme est une castration spirituelle c'est parce que Marx, comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, accepte la ruse de la raison dans l'Histoire, de Hegel, mais la dépouille de la métaphysique d'Hegel en cherchant à la rendre pratique sous forme de méthode. La dialectique métaphysique d'Hegel interprète le réel avec un point de vue en surplomb alors que la dialectique pragmatique de Marx possède un point de vue rousseauiste et c'est là, A MON AVIS (et selon ce que j'en ai compris à mon tout petit niveau), que le bât blesse parce que Rousseau n'envisage pas un point de vue optimiste de la passion des hommes alors que Marx annonce l'abolition des classes. Jean, j'ai bon ou je recommence tout depuis le départ (c'était déjà assez dur d'arriver jusque-là!) ?

      • Il n'y a pas chez Marx uniquement le thème de l'abolition des classes. Les affirmations péremptoires liant marxisme et totalitarisme, assez courues dans les médias dominants nécessiteraient de définir ces deux termes. Le TAFTA qui nous prépare la domination totalitaire des multinationales n'a pas grand chose de marxiste me semble t-il. Et il n'y a pas Un marxisme, mais des centaines. S'il faut sans doute se défaire du mythe de l'abolition des classes, K. Marx reste un instrument de pensée critique du capitalisme, et d'une vision de l'histoire sous l'angle des rapports et modes de production. De cette histoire matérielle invisible loin des batailles et des hommes providentiels. Les affects dominants rejettent aujourd’hui K. Marx comme naguère, les affects dominants le portaient aux nues. La crédibilité en philosophie et dans le champ des idées n'échappe pas à l'air du temps, ce qui explique aujourd'hui le succès d'un Nietzsche. Il manque aujourd'hui aussi une subjectivité collective capable de s'opposer au capitalisme oligarchique triomphant, et si la disparition du marxisme est un fait acté, cela n'en rend pas moins indispensable la nécessité d'une construction d'affects "alternatifs" (en corrélation avec l'adaptation aux défis du réel). Au sujet de l'idée basique de K. Marx dont sont issus les sciences sociologiques analysant les rapports de domination, comment combattre par exemple les affects de haine raciste, sinon en opposant d'autres affects mettant à jour les rapports de domination. Même si l'antiracisme nécessite des pratiques alternatives matérielles concrètes, comment combattre subjectivement la haine raciste sinon par la conscience de classe ? Même s'il faut en passer par une haine provisoire contre l'oligarchie (à défaut de prendre conscience qu'elle n'est que le "produit de son produit", de la structure des forces matérielles), c'est toujours à prendre.

        • Je suis d'accord en partie avec vous mais quand je relis Jean dans son article, voici ce qu'il dit à propos du capitalisme : " Or, il est peu douteux que, désormais, le capitalisme industriel a fait son temps, mais au lieu de déboucher sur le communisme espéré, ce qui se met en place est seulement un nouveau capitalisme, adapté au numérique cette fois, même s'il est très différent (le nouvel esprit du capitalisme). Il n'est même pas sûr qu'il mérite encore le nom de capitalisme n'étant plus fondé ni sur le salariat ni sur la valeur-travail mais cela ne change pas fondamentalement la réalité de la financiarisation et de la globalisation marchande." Jean a raison quand on fait le parallèle avec ce que disait Friedrich Engels dans "SOCIALISME UTOPIQUE ET SOCIALISME SCIENTIFIQUE" au chapitre 2 : "Certes, le socialisme antérieur critiquait le mode de production capitaliste existant et ses conséquences, mais il ne pouvait pas l'expliquer, ni par conséquent en venir à bout; il ne pouvait que le rejeter purement et simplement comme mauvais. Plus il s'emportait avec violence contre l'exploitation de la classe ouvrière qui en est inséparable, moins il était en mesure d'indiquer avec netteté en quoi consiste cette exploitation et quelle en est la source. Or le problème était, d'une part, de représenter ce mode de production capitaliste dans sa connexion historique et sa nécessité pour une période déterminée de l'histoire, avec par conséquent, la nécessité de sa chute, d'autre part, de mettre à nu aussi son caractère interne encore caché. C'est ce que fit la découverte de la plus value. Il fut prouvé que l'appropriation de travail non payé est la forme fondamentale du mode de production capitaliste et de l'exploitation de l'ouvrier qui en résulte; que même lorsque le capitalisme paie la force de travail de son ouvrier à la pleine valeur qu'elle a sur le marché en tant que marchandise, il en tire pourtant plus de valeur qu'il n'en a payé pour elle; et que cette plus-value constitue, en dernière analyse, la somme de valeur d'où provient la masse de capital sans cesse croissante accumulée entre les mains des classes possédantes. La marche de la production capitaliste, aussi bien que de la production de capital, se trouvait expliquée." Autre temps autre enjeu donc mais reprenons la lecture la lecture de Jean au moment où il dit : " Apparemment, nous pourrions nous trouver dans le retournement suivant où le souci est de sortir de la déflation et de retrouver des protections sociales assurant la reproduction des compétences." Donc, si je reprends votre propos concernant les affects, pour moi, il ne s'agirait pas tant de nourrir la haine de l'oligarchie comme subjectivité collective que de créer un nouveau rapport de force ou une nouvelle dialectique qui verrait le local comme ferment de valeurs communes. Il n'y a pas de racisme quand on se sert les coudes dans la commune !

          • Je ne parle en aucun cas de nourrir la haine de l'oligarchie en tant qu'objectif (tout relève des conditions pratiques et matérielles de développement des affects notamment en période de chômage), j'évoquais ici l'immédiat: le retournement à savoir du sentiment de haine raciste en une autre forme de "haine" si l'on veut, passe par un développement de la conscience de classe au sens de K. Marx à mon avis. Le combat anti-raciste ne passera certainement pas par la seule subjectivité "anti-oligarchique", mais cela peut constituer dans certains cas, une base de retournement d'opinion. Encore moins passera t-il par un discours lénifiant sur l'amour universel et la "cohésion sociale".

  7. Pas le temps de répondre en détail mais il me faut redire que c'est une illusion de s'imaginer une véritable démocratie au-delà de la commune et d'une démocratie de face à face. La démocratie représentative, incontournable, n'est plus de la démocratie mais du rapport de force, des alliances, des stratégies de pouvoir, un fonctionnement oligarchique qu'on peut améliorer en limitant les cumuls, etc., mais dont on ne peut rien attendre d'autres qu'un compromis allant dans un sens plutôt que l'autre, plus les masses sont grandes et plus les puissances matérielles s'imposent.

    Il n'y a pas à rêver d'un sauveur comme Piketty, ce qui nous attend c'est le Front National ou Sarkozy la revanche. Le mieux qu'on peut espérer, c'est d'avoir plutôt Juppé, il faut voir notre déchéance. Alors moi je veux bien qu'on fasse rêver les gens mais ce n'est pas honnête. La seule chose qu'on peut faire dans l'immédiat, c'est essayer de limiter les dégâts aux niveaux supérieurs et d'essayer de les compenser au niveau local. Il faudrait cibler des enjeux concrets au niveau de la législation nationale, notamment sur le travail mais c'est justement ce sur quoi on n'est pas d'accord à gauche ne voulant pas lâcher la proie pour l'ombre. L'urgent serait de débattre des évolutions du travail à gauche (mais cela se fait depuis des années et ne sert à rien qu'à renforcer le conservatisme car n'acceptant pas l'idée d'une évolution qu'on ne peut refuser).

    Pour le marxisme, je viens d'entendre un entretien radiophonique de Merleau-Ponty, et on n'imagine plus à quel point le marxisme était dominant, même pour des philosophes qui n'étaient pas marxistes. Il est vrai que l'erreur de Marx a été de croire au renversement du négatif en positif (nous ne sommes rien soyons tout) mais je continue à penser qu'on ne pouvait éviter l'expérience du collectivisme et de la planification rationnelle tant le capitalisme est destructeur et immaîtrisable. Je ne pense pas du tout qu'il pourrait y avoir un bon capitalisme, grâce à une bonne monnaie, de bonnes banques, une bonne démocratie ou que sais-je, seulement que le capitalisme est le plus fort. Il n'est plus question de vouloir encaserner la population pour entretenir le mythe d'une communauté mais de construire le vivre-ensemble dans sa commune, de voir tout ce qu'on peut faire localement et qui marche, au lieu d'attendre éternellement un guide pour nous planifier le chemin.

    • "Il n'est plus question de vouloir encaserner la population pour entretenir le mythe d'une communauté mais de construire le vivre-ensemble dans sa commune, de voir tout ce qu'on peut faire localement et qui marche..."
      Oui, d'accord, mais il est quand même possible de penser communauté ouverte, réseau, pour développer des alternatives. Pourquoi ne pas développer des communautés coopératives à capital autogéré liées par des centres de ressources en management coopératif et en fonds? Ces centres feraient du capital-risque pour des projets d'éthique coopérative.
      Par exemple, si je m'intéresse au réseau Mulliez, c'est pour essayer d'en comprendre des ressorts transposables à une communauté coopérative.

      • Non, je ne crois pas à du capital-risque coopératif, les coopératives municipales sont justement faites pour ne pas rentrer dans la logique capitaliste. Il y a par contre le crowdfunding qui peut être utilisé mais toute entreprise qui n'est pas municipalisée est contrainte à la rentabilité sous la pression de la concurrence..

        • La gestion du capital fait qu'on peut ou non parler de capitalisme. Le capitalisme, c'est aussi des rapports de domination. L'économie coopérative ne peut se passer de capital, c'est une économie AVEC capital, mais pas une économie DE capital. Je ne vois pas pourquoi du capital-risque coopératif ça ne pourrait pas fonctionner. Oui, la contrainte de la rentabilité demeurerait, mais avec une acuité nettement moins forte si on passe de la logique de l'actionnaire majoritaire à la logique coopérative. Même avec les coopératives municipales, la contrainte de rentabilité existe, mais elle est très atténuée, très différée. C'est rentable (profitable à la collectivité) d'apporter des moyens d'autonomie aux acteurs sans la contrainte immédiate de rentabilité. Au bout, la sélection après coup s'appliquerait aussi au modèle de coopérative municipale.

          • Moyens pour les maires et les communautés d'agglomération.
            La loi donne des outils nouveaux aux maires et aux communautés d'agglomération pour gérer les services publics de l’eau et de l’assainissement dans la transparence.

            Ainsi, la loi permet de :

            -accroître les compétences des communes en matière de contrôle et de réhabilitation des dispositifs d’assainissement non collectif ou des raccordements aux réseaux, ainsi que de contrôle des déversements dans les réseaux.

            -améliorer la transparence de la gestion des services d’eau et d’assainissement et facilite l’accès à l’eau et à l’assainissement de tous les usagers.

            -créer un fonds de garantie visant à couvrir les dommages imprévisibles pour les terres agricoles liés à l’épandage de boues d’épuration.
            -donner aux communes les moyens d’améliorer la maîtrise des eaux de ruissellement par la possibilité d’instituer une taxe locale spécifique.
            instaurer un crédit d’impôt pour la récupération des eaux de pluie.

            Le CAS ( remplacé par France Stratégie le 23 avril 2013 ) suggère que les collectivités (communes, établissements publics chargés de la gestion des services d'eau et d'assainissement ) soient encouragées à réinvestir leurs éventuels excédents budgétaires dans l'amélioration de la qualité de l'eau. Ceci est théoriquement permis par la loi sur l'eau et les milieux aquatiques (Lema) depuis 2006, mais interdit par l'article L.1618-1 du Code général des collectivités territoriales. Ce dernier ne permet pas à une collectivité de « placer » des excédents de sommes récoltées auprès d'usagers de services d'intérêt public à caractère industriel et commercial. Le CAS estime que les services gérés en délégation de service public devraient être obligés d'avoir un compte de trésorerie propre (comme pour les services gérés en régie).

  8. @Michel Martin. Votre lien est très intéressant puisqu'il résume bien surtout les enjeux d'une gestion privée catastrophique qui ne fonctionne pas et dont la majorité des communes veut se débarraser en France (c'est dans votre lien). Je pense qu'une dialectique doit voir le jour à ce propos même si on connaît déjà le mode de fonctionnement du privé qui consiste à dénoncer tout ce qui ne marche pas dans le public et qui coûte très cher au contribuable du fait de l'absence d'une "saine" concurrence pour finalement rafler la mise et proposer autre chose qui fonctionne encore moins, toujours aux frais du contribuable mais cette fois-ci à des tarifs complètements indécents.

  9. olaf, le conformisme ne peut être, à mon avis, que provisoire. Disons qu'en période d'incertitude, le groupe est rassurant mais en dehors, il est aliénant. Nous n'avons pas tous les mêmes réactions. Les femmes sont plus conformistes que les hommes mais elles sont souvent plus conformistes entre femmes et moins entre femmes et hommes. Peut-être est-ce dû au fait que les hommes sont en général plus réticents au conformisme ou tiennent davantage à leur indépendance ? En tout cas, se conformer au groupe est souvent réducteur en termes de progression de l'individu ou de liberté (toto logis...;)). Encore une fois, c'est Jean qui se rapporoche le plus du but et l'histoire lui donne raison. Au bien commun sans valeur marchande des sociétés anciennes et grégaires a succédé le capitalisme et son expansion internationale marchande auquel doit succéder à nouveau la nouvelle société locale. Position+opposition=composition. Sauf qu'une société locale doit trouver sa dynamique propre sans avoir recours à un ennemi commun comme dénominateur. Peut-être qu'à ce sujet le primordial est la relation homme/femme et qu'on a un sacré boulot sur la planche. Le rapport sujet/objet me paraît super casse-gueule parce que c'est une dichotomie dont on ne parvient pas à sortir indemnes. Il n'y a qu'à voir avec quelle détermination on a toujours chercher à juguler la sexualité des peuples et fait de celle de la femme une calamité démoniaque à réprimer coûte que coûte. A ce sujet, je me demande ce qu'on gagne vraiment à être sortis de la nature ? Peut-être que le bordel qui date depuis toujours est simplement lié au conformisme qui vise à brider nos hormones ?

    • Par le prisme de Spinoza revisité par F. Lordon, Il est sans doute possible de relier la problématique du conformisme aux affects et aux désirs. Le conformisme ne serait alors rien d'autre que la mesure de la "joie", toute relative - et son corollaire la légitimité - que concède aux "sujets" les institutions dominantes (mot pris au sens large, c'est à dire entreprises, administrations, médias etc.) à un moment donné.

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