La révolution numérique est-elle soutenable?

Temps de lecture : 12 minutes

La crise sociale, économique et financière qui commence à peine s'explique parfaitement par les cycles de Kondratieff, retour de la révolution bien nécessaire mais qui n'est finalement qu'un phénomène cyclique générationnel se reproduisant tous les 60 ans à peu près et qui dessine l'issue de la crise par la reprise de l'inflation et la réduction des inégalités comme pendant les 30 glorieuses. Schumpeter ajoute que chaque nouveau cycle se caractérise par des innovations techniques et une nouvelle génération d'entrepreneurs qui enclenchent une croissance longue après la phase dépressive de "destructions créatrices".

Il se produit justement, en ce moment même, une précipitation de l'histoire et un saut technologique dont la portée pourrait dépasser de beaucoup le prochain cycle, puisque c'est une véritable unification technique de l'humanité comme l'agriculture a pu l'être auparavant, mais à un rythme sans commune mesure cette fois. C'est en effet incroyable mais il y a déjà 60% de l'humanité qui utilise un téléphone portable, avec une accélération ces derniers mois en particulier dans des pays pauvres (mais jeunes) dépourvus d'infrastructures, ceci alors même qu'on assiste à une convergence entre ordinateurs et téléphones. C'est un événement considérable, véritable basculement anthropologique vers un homo numericus devenu une part de notre humanité, au coeur de notre avenir malgré qu'on en ait, et dont il faut prendre la mesure de l'impact écologique,

Impossible de ne pas tenir compte des appareils numériques et des infrastructures des réseaux pour une écologie qui doit se projeter dans le futur et ne peut s'en tenir à un passé révolu. Ce qui ne veut pas dire que cette universalisation du numérique ne poserait pas de problèmes écologiques mais qu'il faut les résoudre. La chute actuelle des prix des netbooks, voire le projets indien de PC à 10$, devraient contribuer aussi à faire exploser les chiffres et pas seulement dans ces mêmes pays pauvres. Il y a incontestablement des progrès à faire dans les composants et la consommation de ces appareils avant d'inonder les marchés mais il ne faut pas en faire trop non plus. La question la plus discutée pour l'instant a été celle de la soutenabilité du numérique au niveau énergétique. Il y a eu en effet des études extravagantes sur la consommation d'une requête Google ! Il n'en reste pas moins que la consommation audio-visuelle atteindrait déjà le niveau non négligeable du trafic aérien, ce qui suscite de légitimes interrogations. On verra cependant que le bilan énergétique du numérique reste positif et qu'il est illusoire de penser s'en passer désormais ni même de croire qu'on puisse y être contraints !

La conjonction des crises rend difficile de sortir de la confusion entre crises économique, écologique, anthropologique qui n'ont pas la même temporalité pourtant et devraient se découpler au moment de la reprise. Il n'empêche qu'on a affaire simultanément à toutes ces crises à la fois et qu'il y a de quoi paniquer. Il n'est donc pas étonnant qu'il y ait une prolifération de discours catastrophistes sans nuances car il est difficile de se faire une représentation juste des dangers qui nous guettent tout comme des opportunités ouvertes par les bouleversements en cours. Il est à peu près certain que la bataille climatique est déjà perdue, il faudrait arriver très rapidement à des émissions zéro, ce qui semble hors de portée. On ne sait encore comment on pourra y faire face mais ce ne sera pas en renonçant à l'informatique en tout cas, comme peuvent l'imaginer certains et comme si cela pouvait supprimer magiquement les excès passés !

Une rumeur un peu farfelue a circulé sur internet (et circule encore, reprise même par des revues de vulgarisation scientifique!) insinuant qu'une recherche sur Google génèrerait 7 grammes de CO2. Or, "si l’on admet le chiffre de 7 grammes par requête, ainsi que l’affirme le Times, les serveurs de Google rejettent quotidiennement 2.450 tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit autant que le Japon en six mois ! On le constate, ces chiffres relèvent de la plus haute fantaisie". On constate aussi comme le politiquement correct et le souci légitime des conséquences écologiques peuvent mener à dire n'importe quoi, et difficile à démentir ensuite comme toute rumeur ! Le physicien de Harvard à l'origine de l'étude dément d'ailleurs l'interprétation qui en a été donnée, ne calculant qu'une consommation globale qui n'a pas grand sens, pas plus que de comparer la consommation supposée d'un avatar de Second Life avec un brésilien qui n'a pas l'électricité !

Enfin, la traduction d'une consommation électrique en CO2 ne va pas de soi, les énergies alternatives montant rapidement en charge dans ce domaine, en particulier chez Google justement, l'électricité n'étant pas forcément productrice de CO2. L'exagération ne sert à rien mais il ne faut pas nier pour autant les problèmes posés par la généralisation des appareils numériques. Il faut essayer de les évaluer à leur juste mesure, qui représenterait 2 % des émissions de CO2, soit autant de gaz à effet de serre que l'ensemble des compagnies aériennes du monde, d'après une étude Gartner certes contestable mais qu'on peut prendre comme une estimation haute.

C'est un fait, l'immatériel n'est jamais complètement immatériel, sinon il n'existerait pas. Pas de software sans hardware. Il faut donc bien produire des "matériels" numériques, qui consomment effectivement de l'énergie. La différence avec les systèmes matériels, c'est juste qu'il n'y a aucune proportion entre "l'énergie de commande" utilisée, qui est infime, et l'énergie du système commandé qui peut être énorme. La manipulation de symboles est toujours moins énergivore que la manipulation d'objets mais bien sûr lorsque le numérique se généralise cela crée des masses qui sont loin d'être négligeables au niveau mondial et il faut se soucier de cette dépense d'énergie en analysant les chiffres de plus près.

On constate 2 choses importantes : ce sont les téléviseurs qui consomment l'essentiel de l'énergie attribuée aux TIC et cette augmentation de la part des TIC se ferait au détriment d'autres consommations, ce qui fait que cela ne participe pas vraiment à l'augmentation de la consommation, voire la diminue dans certains cas. On peut ajouter que les prochains écrans consommeront beaucoup moins que les écrans actuels (surtout les écrans plasmas!), de même les ordinateurs en devenant portables avant de se fondre dans le téléphone. Non seulement on devrait pouvoir réduire drastiquement la consommation électrique et le bilan carbone du numérique mais on devra exploiter beaucoup mieux sa capacité à réduire les consommations par régulations et optimisations, tout comme à se substituer aux transports matériels et autres processus consommateurs d'énergie.

Non seulement le numérique ne pose pas un problème aussi grave qu'on le dit, devenant de moins en moins polluant, mais surtout il fait plutôt partie de la solution, ce pourquoi il est important de rétablir la vérité pour ne pas se tromper d'avenir et penser une écologie-politique à l'ère de l'information de l'écologie et du développement humain qui soit à la hauteur des enjeux du temps. Même si c'est là que la croissance y est la plus rapide, les pays les plus pauvres et notamment l'Afrique restent encore privés d'accès au numérique pour la plus grande part de leur population, mais le fait que plus de la moitié de l'humanité utilise un téléphone portable désormais suffirait à montrer qu'on ne pourra plus s'en passer. C'est encore plus vrai dans la production, le numérique étant loin de se réduire à la simple distraction ni aux échanges entre adolescents !

C'est bien beau tout cela, dira-ton, mais s'il n'y avait plus d'électricité du tout, il faudrait bien se passer d'internet, non ? On risque de le constater, en effet, lors de la prochaine grande grève générale avec coupures de courant (si ce n'est à la prochaine grande guerre toujours possible hélas). Il faudra bien survivre quelque temps sans être branchés, ce qui n'a rien de dramatique. Par contre, si on devait manquer d'énergie durablement au point de ne pouvoir se servir d'un ordinateur ou d'un téléphone portable, on serait à peu près tous morts sans doute !

Heureusement, et contrairement aux visions d'apocalypse d'un monde sans pétrole à la Mad Max, ce n'est pas l'énergie qui manque. On manque de tout sauf d'énergie (et d'eau), le soleil nous fournissant plus qu'il ne nous faut. Il y a bien sûr une transition difficile mais le problème c'est plutôt que les prix du pétrole sont tombés trop bas à cause de la dépression économique, le problème c'est qu'on a trop de pétrole (et de charbon) car notre problème n'est pas l'énergie, ce sont les gaz à effet de serre et donc les énergies fossiles. Les positions qui semblent plus carrées, plus extrémistes, plus écologistes sur la fin du pétrole sont au contraire contre-productives et à côté de la plaque.

On l'a vu, dans l'évaluation de la catastrophe écologique majeure qui nous menace il est difficile de ne pas passer à la limite et se prendre de vertige dans une grand vide qui absorbe tout (de toutes façons à long terme on est tous morts). Il est raisonnable de penser que, même s'il y a un vrai problème de transition énergétique et un problème encore plus vital de réduction de nos gaz à effets de serre, il y aura toujours de l'énergie, en particulier pour alimenter les appareils numériques !

Enfin, en admettant, ce qui est probable, qu'il y ait des périodes de pénurie énergétique, la question se pose de ce qu'il faudrait privilégier dans ce cas et si le numérique consomme encore à l'époque la même chose que l'aviation, ne vaudrait-il pas mieux se passer d'aviation (ou même de voiture) ? Le numérique vaut-il si peu qu'il devrait être le premier sacrifié et de s'en passer suffirait-il à nous ramener à la situation passée ? Je crois au contraire qu'il fait partie de notre humanité désormais et mérite d'être cultivé plus que tout car c'est un élément essentiel des solutions aux problèmes que nous avons créé par notre industrie.

Il y a bien sûr une toute petite frange de l'écologie qui croit possible le retour à la bougie ou le retour à la terre de toute la population, mais ce n'est qu'une vue de l'esprit qui déconsidère les écologistes et retarde l'alternative, une alternative qui doit être adaptée à notre réalité actuelle, aux potentialités du numérique comme aux contraintes écologiques. On ne sortira plus de l'ère de l'information à l'ère de l'écologie et du développement humain, c'est dans ce cadre qu'il faut penser une écologie de l'avenir avec une relocalisation des productions (y compris grâce à des imprimantes 3D, téléconférences, etc.). On n'a pas besoin pour cela d'une écologie de l'imaginaire mais d'une écologie matérialiste qui n'a rien d'un monde idéal mais devra tenir compte de toutes nos limites pour garder un monde vivable où se continue l'aventure humaine avec ses questions irrésolues, ses ombres et ses lumières.

La carte montre en couleurs vives les pays les plus ouverts aux nouvelles technologies et en gris, ceux où l’adoption est la moins forte. (InternetActu)

- Le rapport de l’ONU sur le développement des TIC :
http://www.itu.int/newsroom/press_r...

- Le rapport du ministère de l’écologie sur les TIC (pdf) :
http://www.telecom.gouv.fr/fonds_do...

Selon les estimations, les TIC pourraient permettre d’économiser de 1 à 4 fois leurs propres émissions de gaz à effet de serre.

La mission s’est donc à ce stade concentrée sur des applications parmi les plus significatives : le télétravail, les réunions à distance, l’optimisation des déplacements, le e-commerce, la dématérialisation des procédures et l’optimisation des bâtiments.

- Un article sur les progrès à faire :
http://www.futura-sciences.com/fr/n...

4 773 vues

38 réflexions au sujet de “La révolution numérique est-elle soutenable?”

  1. Paradoxalement, au vu des études qui annoncent déjà le désastre sanitaire de la pollution électromagnétique, si vous pouviez mourir d'une tumeur au cerveau, ça nous ferait des vacances intellectuelles pour pas cher.

    Très amicalement,
    un autre.

  2. Je ne devrais pas m'éterniser sur cette Terre mais malheureusement je n'utilise presque pas le téléphone mobile et vis loin de toute pollution. Ce sont 4 milliards d'êtres humains qui l'utilisent, on peut ne rien vouloir en savoir et faire comme si on pouvait revenir en arrière. Cela n'empêche pas qu'il faut minimiser l'exposition aux ondes électromagnétiques et réduire leur puissance bien que ce ne soient pas les tumeurs au cerveau qui soient le plus à craindre. Je soutiens à l'occasion les actions de Robin des toits mais il n'y aura pas de disparition des mobiles. On peut croire le contraire, cela n'a aucune importance.

  3. Bonjour Jean. Assez d'accord avec votre point de vue, complètement même. J'ai lu dans le journal "la décroissance"les arguments que vous décrivez ici et qui sont peut-être même la raison de votre propos... J'avoue ne pas très bien comprendre non plus leur détestation du numérique (et d'internet le mois dernier...) et j'ai tout de suite saisi l'arnaque des 7 grammes de Co2 par recherche Google.A vrai dire, je commence à me lasser de ce jounal, qui pourtant m'a été précieux et utile intellectuellement, et qui l'ait encore parfois! Mais je ressent quand même une lassitude bien qu'étant d'accord avec eux! Peut-être résigné ne voyant rien bouger sur l'environnement...

    Sinon, pouvez-vous en dire plus sur cette imprimante 3d dont vous parlez souvent et qui a l'air révolutionaire s.v.p?

  4. Cher robins des toits, ce qui est incroyable et pour le coup trés énervant, c'est de vous voir venir sur un blog plutôt qu'un autre demander des vacances à l'auteur de ce blog, qui plus est en lui demandant de mourrir! Et vous avez l'air en plus de vous penser écolo§ Oh, misére§...

  5. L'article reprend un courrier privé faisant la synthèse des informations récentes dont la revue des sciences avait déjà fait état et que j'ai voulu mettre ici car il me semble utile de soutenir un point de vue contraire à celui soutenu en général par les partisans de la décroissance, selon le principe que je tire principalement contre mon camp afin de ne pas s'égarer dans des stratégies perdues d'avance. Si je ne suscitais pas d'oppositions, c'est que ce serait inutile, ce n'est pas que j'aime prendre des coups !

    Pour les imprimantes 3D, il ne faut pas en faire trop. Gorz (et d'autres écologistes hackers) leur donnaient plus d'importance que moi. Je suis persuadé qu'elles auront plus d'importance à l'avenir mais c'est encore prématuré. J'ai participé à un forum où il y en avait une et c'est impressionnant mais pour l'instant c'est surtout pour faire des maquettes pour les architectes par exemple. Le prix de revient reste élevé. Il est évident que les coûts vont baisser rapidement et leur usage se répandre. L'idée, c'est de fabriquer sur place ce qui était produit en usine, réduisant les transports, mais cela ne remplace pas la production locale, pouvant quand même la rendre plus facile. La réparation notamment étant facilitée par la possibilité de fabriquer sur place les pièces détachées nécessaires. Je n'insiste pas sur ce point car je ne prône pas une utopie technologique mais la relocalisation et le travail autonome. Il faut simplement utiliser tous les moyens en notre possession et les capacités décentralisatrices des réseaux.

  6. Bon, pour les imprimantes 3D, je crois connaitre, la machine coute de l'ordre du million et ça produit des protos en résines laser d'une solidité misérable. C'est utile pour faire du proto mais pas de quoi en attendre des résolutions des contraintes physico chimiques de la matière qui ne se réduisent pas à des programmes.

    La 3d c'est encore fragile sur le plan matériel. Ca peut le faire en proto, mais pas vraiment sur le plan objet rationnel quantitatif.

    Je comprends pas vraiment cet enthousiasme pour les print 3D, ce sont des maquettes, pas plus. Je travaille avec et je vois bien que ça n'est rien d'autre.

  7. très bonne petite mise au point . c'est vrai moi aussi j'avais trouvé délirante cette rumeur sur le cout d'une recherche sur google en gramme de co2. de toute façon , le numérique on ne peut faire sans . vu le succès planétaire , et vue l'interet cognitif , quoiqu'on en dise, de ces technologies de l'esprit . car ça serait justement vouloir un monde sans esprit et sans intelligence collective : autant ce suicider toute suite .

    je partage votre réalisme sur le fait qu'on échappera pas au desastre écologique et qu'il faut se préparer à souffrir , peut être réfléchir à 2 fois avant de faire des gosses !!!! hélas .

  8. Finalement, je suis stupéfait de ce que l'économie nous promettait, mais aussi de ce que nous promettaient les scientistes ou même les gauchistes.Finalement rien ne répond au contrat annoncé, très bonne leçon de savoir vivre. Cultivons notre jardin, serait la morale.

  9. Non, les imprimantes 3D ne coûtent plus 1 million (de francs?), on en trouve à partir d'un peu plus de 10 000 €, on peut en louer pour 500 € par mois. On peut aussi faire imprimer un prototype (avec des rouages opérationnels) pour 100€ qu'on reçoit par la poste dans les 15 jours. Les prototypes réalisés ne sont pas si fragiles même si, effectivement, cela reste du prototypage pour l'instant (on ne peut en faire des pièces de voiture) et que c'est trop lent et cher pour de la production de masse. Certaines pièces de rechange pourraient déjà être utilisables cependant pour certains appareils ménagers et on annonce l'utilisation prochaine de métaux à la place ou en complément des résines. Pour ma part j'ai été assez impressionné par l'imprimante que j'ai vu et qui était bien plus performante que je ne croyais mais, effectivement, c'est la prochaine génération qui sera plus opérationnelle et à portée de tous, ce qui ne saurait tarder.

    Il y a tout un mouvement autour des fabs@home, des fabbers, etc. J'ai été très réticent quand Gorz a commencé à les mettre en avant mais ce n'est pas n'importe quoi, c'est une technologie dont il faudra s'emparer et qui est seulement un peu prématurée. Il ne s'agit pas de promesses mais d'opportunités à saisir (une forme du "cultiver son jardin" ?). Il est certain que l'usage devrait prendre une direction imprévue comme toujours (comme internet) et qu'il ne faudra pas en attendre des miracles. Ce ne sont jamais les promesses qui sont déterminantes mais bien les usages effectifs.

    Il faut quand même faire des enfants car, comme disait Hölderlin "Il existe des enfants, ainsi demeure une certitude du bien" et là aussi il ne faut sans doute pas exagérer, toute l'humanité ne périra pas et la vie a presque toujours été difficile pour la plupart.

  10. Effectivement, j'utilise la 3D fréquemment, les matériaux seront probablement améliorés et à ce moment il y aura de nouveaux développement d'une technique qui en est pour le moment encore à des balbutiements dans ses applications.
    Quand ça se fera et quels sont les influences positives, là je n'en ai aucune idée. Les évolutions techniques sont toujours assez chaotiques, là où nous aurions cru aller assez vite concernant la production de capteurs solaires, nous en sommes encore au stade d'essais alors que d'autres domaines ont progressé plutôt vite, comme l'informatique.

  11. pour les enfants , je ne suis pas sur de bien comprendre cette citation d'holderling . mais il faut en faire au moins pour ne pas partir déjà battu . c'est comme le fait d'avoir des gosses handicapés , il faut bien y réflechir . ça peut être une aventure , mais aussi un véritable cauchemar.

  12. et puis les naissances équilibrent les départs déchirants . quand on perd l'un de ces parents , il y a un désir incontournable , de continuer à nourrir un amour , de le transmettre . ce qui est excèssivement formateur . voilà pourquoi les délires rationnalistes des décroissants sur ce sujet, sous menace de culpabilité névrotique ; sont inconsistant , ne prenant pas du tout en compte la dimension affective et inconsciente . qui a ici le dernier mot.

  13. Si les progrès ont été bien lents dans le photovoltaïque et les batteries, à cause du prix du pétrole, c'est enfin du passé et des produits performants, bons marchés et beaucoup moins polluants devraient être disponibles dès l'année prochaine. L'intensité de la recherche est déterminante pour aboutir ("En 2000, 50 articles scientifiques étaient publiés sur le photovoltaïque organique. En 2008, il y en a eu 900"). De même, c'est l'intensité de nos désirs qui orientent l'usage des technologies. Aussi, la question n'est pas tant de savoir si l'influence de la technique (ou de la langue) est positive (c'est la meilleure et la pire des choses disait Esope) mais de comment on peut l'utiliser le plus positivement possible, quels sont les potentialités qu'on peut exploiter. L'erreur des technophobes, qui ont leurs raisons, c'est de croire qu'à ne pas utiliser une technique ils en ralentissent le déferlement. C'est un peu le même aveuglement que la loi Hadopi, dérisoire barrage contre le pacifique. La rétention de techniques n'a marché qu'avec les Hittites qui ont gardé pendant près de 1000 ans le secret du fer. Une fois le secret répandu, cela a été la désolation répandue sur toute la terre civilisée pendant des siècles de guerres et de destructions (ça fait très Seigneur des anneaux). Il ne nous est pas donné de décider des techniques de notre temps, seulement de leurs usages.

    Peut-être qu'il faut avoir un enfant pour ne plus en être un. Il est difficile de donner des conseils en ces matières tant les situations sont diverses et peuvent être dramatiques. Tout ce que je peux dire, c'est que moi qui ne voulais pas d'enfant, cela a été un grand bonheur et de grand enseignement jusqu'à maintenant. Ce qui ne va pas, c'est qu'on ait à décider ce qu'on avait seulement à accueillir auparavant. Décidément, on ne peut pas décider de tout ! Pas de promesses à faire, là non plus, seulement d'accompagner une nouvelle aventure qui, malgré de terribles épreuves, vaudra la peine d'avoir été vécue peut-être, ce qui dépend aussi des autres...

  14. le délire et les projections , les délires d'éternité en prennent un sacré coup dans l'aile , du fait qu'il est difficile quand on à 30 an de se projeter grand parent. ils seront peut être tous mort et personne ne prtera ma mémoire . ce n'est pas sans conséquence pour l'éducation et la société . et là il y aurait un discours à creuser un sciences de l'éducation , qui ne me semble pas avoir été tellemement abordé , même chez edgar morin. ce qui laissera sans doute le champs libre à l'avenir à tout un tas de monstres imaginaire , au sens de castoriadis .

    MAIS après avec cet histoire de post humanisme les hommes trouveront le moyen technique de soulager les maux qu'ils déclanchent par ailleurs . comme toujours . il n'y a pas de problème technique , on a toujours su comment faire .

  15. bonjour
    juste un besoin de précision :
    d'où vient l'info " 60 % de mobiles " ?
    si dans les pays occidentaux ,on atteint des 90 % ,je n'ai pas vu que les taux de pénétration ailleurs étaient bien élévés ; ce qui ne pourrait faire du 60 % monde en 2008 ??

  16. J'ai donné les sources et les graphiques. Il y aurait 61.1 % des habitants qui auraient un abonnement à la téléphonie mobile, ce qui fait 4,1 milliards d'abonnements.

    On peut voir aussi l'article de Télérama :
    http://www.telerama.fr/techno/allo-...

    et le rapport de l'ONU dont est tiré le graphique :
    http://www.itu.int/newsroom/press_r...

    ainsi que le rapport du ministère de l'écologie sur les TIC (pdf) :
    http://www.telecom.gouv.fr/fonds_documentaire/rapports/09/090311rapport-ticdd.pdf

  17. oui sur l'un des graphes de l'ONU plus qu'internet qui augmente peu ( jusqu'à 20%)c'est le teléphone portable qui explose ( 60%). et avec la promesse que des portables bourrés de technologie soient des mini-ordinateurs .
    ça fait vraiment un éffet générationelle et mondiale pour internet , mais aussi des économies d'énergie : un téléphone portable consomme bien moins qu'un pc tour.
    et pour les pays du sud je suis sur que le solaire , si ce n'est pas déjà fait , peut facilement prendre la relève du pétrole ou du nucléaire .

    c'est clair à ce compte là que le calcul énergétique de la recherche sur google est largement sur évalué . et que l'économie du numérique est une économie d'avant garde pour la décarbonisation bien qu'elle produise d'autres polutions .

    de toute façon ce genre d'argument-rumeur c'est clair que c'est la meilleure façon de cracher sur l'ère de l'information , du moins de culpabiliser son existence . ce qui est plus que contre révolutionnaire et contre productif , maintenant qu'on y a gouté on ne décrochera pas comme cela ( autant s'arracher les yeux) .

    je ne trouve pas si étonnant que ce cette rumeur se trouve chez les décroissants . on a beau être d'accord suir pas mal de chose , reste que l'idéologie religieuse ou énergértique a vraiment du mal à passé et est un peu hors de saison .

  18. Je ne sais pas si l'estimation de 7g de CO2 par requête Google est farfelue mais l'article de Futura-Sciences tentant de le démontrer l'est visiblement (farfelu). La production en six mois du Japon n'est pas de "2.450 tonnes de CO2" mais de l'ordre de 700 *millions* de tonnes de CO2. Il suffit d'une requête Google pour s'en assurer. On peut s'étonner qu'une erreur quantitative d'une telle ampleur passe sans heurter grand monde.

  19. @[Ajax|#c2533] : Oui, la formulation est ambigüe, merci de le souligner mais ce n'est sans doute effectivement pas la production totale de CO2 du Japon mais plus probablement la production des serveurs informatique vu l'ordre de grandeur. Il est très dommageable que ce ne soit pas spécifié.

    Je souligne d'ailleurs que je ne suis une autorité en aucune matière et ne fait que répercuter les nouvelles de sources fiables que je ne vérifie pas, n'étant pas compétent pour en juger. J'encourage à l'approfondissement et la vérification de tout ce que je peux dire. Il ne faut jamais rien prendre pour argent comptant, même que le numérique soit à l'origine de tous nos maux, ce qui n'empêche pas qu'il faut absolument réduire son "emprunte écologique" comme l'écrit joliment un lecteur.

  20. Bonjour Jean Zin,

    Je trouve que votre article relève un peu du "wishful thinking", ce que l'on pourrait dire en français: "prendre ses désirs pour la réalité".

    Vous tablez sur la société de l'information pour nous sortir de l'impasse actuelle. Mais rien ne nous prouve (ni dans votre article ni ailleurs) qu'elle soit soutenable. Par exemple, vous n'abordez pas la question des matières premières entrant dans la fabrication des puces électroniques, ni du coût énergétique de leur fabrication. Pourtant, je crois savoir que certaines puces, notamment dans les téléphones mobiles, utilisent des métaux extrêmement rares et dont les stocks pourraient être rapidement épuisés. Et ainsi de suite... Pour avoir un aperçu de la finitude des ressources tels que platine, zinc, etc., voir: http://www.newscientist.com/article...
    Pour les panneaux solaires de nouvelle génération, vous ne parlez pas des nanotechnologies utilisées, qui pourraient présenter des risques sanitaires, non plus que du coût écologique de leur fabrication.
    Plus généralement, vous semblez faire confiance au marché pour trouver les technologies qui nous permettraient de mieux vivre demain. Moi, je l'avoue, j'ai cessé d'y croire. Je pense que le marché, incapable de s'autolimiter, nous conduit à une crise écologique majeure. Quelles technologies resteront alors viables ? Je n'en n'ai pas idée. Peut-être qu'un ordinateur par village sera soutenable ? Peut-être un par foyer, mais un modèle robuste (pas comme ceux que l'on fabrique aujourd'hui), réparable donc pas complètement miniaturisé 😉
    Bref, la question est pour moi loin d'être aussi simple que vous semblez l'entrevoir...

  21. D'abord oui, bien sûr, si je dis qu'on ne manque ni d'eau ni d'énergie, c'est bien une sorte de provocation mais surtout pour montrer que s'il y a des problèmes très difficiles à résoudre comme le réchauffement, la dégradation des sols ou la réduction de la biodiversité, il y a d'autres problèmes qui ne sont pas aussi insolubles et que si la technique ne peut pas tout (il est idiot d'être technophile) elle ne peut pas rien (il est tout aussi idiot d'être technophobe).

    Nous avons besoin d'eau et d'énergie, c'est indéniable, il est donc normal qu'on en manque, mais c'est un fait que notre planète est constituée majoritairement d'eau et qu'elle reçoit l'énergie du soleil en abondance. Si ce n'était pas le cas nous ne serions pas là, c'est parce qu'il y avait eau et soleil en abondance que la vie a pu naître et se développer. Il faudra arrêter de puiser dans les stocks d'énergie fossile, d'origine solaire aussi, et se contenter de ses flux quotidiens. L'eau de mer pourra toujours être transformée en eau douce, grâce aux brumisateurs de Stephen Salter notamment, sans autre énergie que le vent. Ce n'est pas gagné mais cela n'a rien d'impossible. Plutôt que de paniquer il faut essayer de voir où porter ses forces, ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Il y a de l'eau, il y a de l'énergie, on a les techniques. Ce n'est pas sûr qu'on y arrive à temps malgré tout.

    Sinon je n'aborde effectivement pas la question des matières premières qui n'est pas le sujet de l'article mais c'est aussi que là aussi, et contrairement à d'autres domaines, il y aura toujours des substituts. Ainsi, l'indium devient effectivement trop rare mais on a déjà trouvé comment s'en passer, de même que pour les panneaux solaires dont les nouveaux modèles sont beaucoup moins chers et moins polluants.

    Je ne mets pas toutes les nanotechnologies dans le même panier. La miniaturisation de l'électronique est déjà ancienne et les disques durs d'aujourd'hui utilisant la physique quantique font autant partie des technologies à échelle nanométrique. Il est certain que les nanotubes de carbone ont des similitudes avec l'amiante, on ne peut prendre ce risque avéré, il faut trouver comment l'éviter (plusieurs pistes possibles). Si on y arrive, une électronique à base de nanotubes de carbone consommerait très peu de matière, sans risque d'en manquer. Enfin, rien ne fait craindre qu'on ne puisse plus produire d'appareils numériques mais il y a une énorme marge d'optimisation. Il n'est pas certain que le numérique soit soutenable, cela dépend de nombreux paramètres, il me semble qu'il peut l'être et surtout que les arguments invoqués pour prétendre le contraire ne tiennent pas et mènent dans une impasse. Il est donc crucial de faire la bonne analyse même si elle ne satisfait pas nos désirs de retour en arrière.

    Je ne vois pas où je dis que je ferais confiance au marché en quoi que ce soit, ce n'est absolument pas le cas. Je soutiens au contraire une alternative politique et sociale, une écologie municipale relocalisant l'économie et dynamisant les échanges locaux. Rien ne me parait simple mais il faut savoir comment s'en sortir.

  22. Il y a une constante révélée par la "crise" : l'indexation de la valeur/monnaie sur le cours de l'énergie/communication et qui peut donner réalité aux "cycles" ( combien 3,4 ? ) depuis le chronométrage des échanges information ( cablage etc ) qui fait du monde un fait de conscience dans plus ou moins de simultanéité , est un épiphénomene qui occulte le mécanisme bien plus vital du cours des céréales panifiables et son impact!

  23. Beau discours qui relègue le changement climatique dans les faits mineurs et qui tire un trait sur les conséquences "physiques" de ce changement. Quand il y aura pénurie d'énergie avec coupures d'électricité ET un réseau trop faible pour supporter la charge globale, que choisira t on de faire fonctionner : sa télévision ou son frigo ? Pour ma part, c'est tout vu !

  24. Il y a déjà longtemps que j'ai critiqué le slogan publicitaire de la décroissance tout en reconnaissant son efficacité pour s'opposer à une écologie gestionnaire et surtout à la récupération libérale de l'écologie.

    http://jeanzin.fr/20...

    Il est difficile de faire la balance entre l'apport positif de l'affichage d'une radicalité écologiste et la déconsidération de toute alternative écologiste que provoque la légèreté et le simplisme des solutions qu'ils proposent tout comme leur agressivité groupusculaire qui se nourrit du narcissisme de la petite différence. Il semble, en effet, que la principale fonction du journal de la joie de vivre soit de dire du mal des autres écologistes et de déconsidérer tous ceux qui se préoccupent d'écologie sans adhérer aveuglément à la ligne du journal.

    On pourrait m'objecter, que c'est ce que je fais moi-même puisque je tire souvent contre mon camp et critique vertement l'écologisme, sauf que je ne m'en prends pas aux personnes (sauf exceptions) et ne pense pas que j'ai la science infuse, je me renseigne, je donne des arguments, des faits, des chiffres et j'essaie de ne pas être trop unilatéral, de faire la balance entre positif et négatif, d'évaluer les possibles, de ne pas se contenter de la pensée de groupe, de sortir du dogmatisme pour autant qu'on puisse en sortir...

    Tout cela pour dire que ce journal, fait sur ordinateur j'imagine, me fait l'honneur de me citer dans son bêtisier des européennes (sic!) à propos de cet article, enfin, n'en citant que 2 phrases et sans bien sûr répondre en quoi que ce soit aux arguments ni aux faits, ne voulant voir que le négatif du numérique et faisant obstacle ainsi à une écologisation du numérique pourtant indispensable, à l'utilisation de toutes ses potentialités pour réduire nos consommations.

    Même si on peut trouver contestable à l'heure actuelle que "les TIC pourraient permettre d’économiser de 1 à 4 fois leurs propres émissions de gaz à effet de serre", comme le prétend le rapport du ministère de l'écologie, ce n'est certainement pas une piste à négliger sans tomber dans l'utopie technologique pour autant : cela n'empêchera pas une nécessaire relocalisation mais la permettra au contraire par ses capacités de décentralisation. Rien ne se fera tout seul mais il est criminel de négliger ce qui est devenu vital au nom d'une pensée confusionnelle qui voudrait assimiler capitalisme et numérique!

    En tout cas, il ne faut pas croire non plus l'article lorsqu'il prétend que "Jean Zin [...] le dit dans Le Monde", ce qui est pure calomnie. Je ne l'ai dit que sur mon blog. Il se trouve qu'Internet.actu en a fait un compte-rendu qui est passé sur le site du Monde, et je n'y suis absolument pour rien mais les faits n'ont pas d'importance quand on a raison par principe.

    http://www.lemonde.fr/technologies/...

  25. L'article relève tout de même les faiblesses de l'argumentation, ce qui tient d'après moi à l'illusion qu'il suffirait de réduire le temps de travail sans changer le travail lui-même ce qui rend du coup problématique la réorientation de l'économie vers le développement humain. C'est le même genre de critique qu'on peut faire à la décroissance. La solution c'est l'alternative plutôt que la simple décroissance, c'est de changer le travail, c'est de passer du travail forcé au travail choisi. La solution c'est le développement humain au départ, dans la production et non à l'arrivée, dans la consommation. développement humain qui n'a rien à voir avec le développement économique puisque c'est le développement des capacités d'autonomie (Amartya Sen) et la valorisation des compétences.

  26. Serge Latouche parle souvent de la nécessité que nous aurions de décoloniser notre imaginaire. J'ai l'impression que certain-e-s journalistes du journal de la joie de vivre en auraient bien besoin compte tenu de cette assimilation récurrente du numérique au capitalisme.
    Dans le même temps le journal a plusieurs fois fait mention du dernier article de Gorz en termes élogieux - puisque la décroissance y est annoncée - alors même que les réseaux numériques y sont clairement présentés comme l'un des outils fondamentaux d'une sortie civilisé du capitalisme (sortie civilisée si écologiste et donc anti-productiviste, barbare sinon).
    Par ailleurs lors de la journée de présentation du dernier Entropia, Gorz fut certainement le penseur de l'écologie politique le plus cité parmi les intervenant-e-s. Dans le même temps certain-e-s "décroissancistes" le taxe de productiviste... A n'y rien comprendre.
    En fait je pensent que beaucoup ne l'ont pas lu, quand beaucoup d'autres ne comprennent pas ce qu'il écrit.

  27. Pratiques de la désinformatisation

    I. L'informatique à un impact sur les vivants en terme sanitaire et écologique important. Oublier de tous les théoriciens adeptent de la société dématérialisée, ou immatérielle, ou de service, l'informatique bien que permettant des mondes virtuels, ceux ci demeurent bien ancrés dans le monde réel [1].
    « Chaque citoyen se débarasse d'environ 14 kg de déchets électronique par an, dont 90% finissent incinérés ou enterrés sans traitement. […] On trouve de tout dans un ordinateur : de l'arsenic, du cyanure, des terres rares, des métaux lourds (plomb, cadmium, etc.). Transmise à l'homme cette mixture toxique provoque des lésions graves dans le système nerveux ou rénal, des cacners ou encore des affections pulmonaires, lors de l'incinération. […] Selon un rapport de la Silicon Valley Toxics Coalition [2] et du Basel Action NetWork [3], une grande masse des e-déchets récupérés outre-Atlantique est exportée par containers vers la Chine et l’Inde. Un traitement qui coûte bien moins cher que recycler chez soi: ces pays bénéficient d’une main-d’œuvre bon marché et la législation environnementale est inappliquée. Pour preuve, la Chine a interdit ce type d’importation depuis 2000 mais, dans les faits, la situation de Guiyu montre qu’il n’en est rien! […] Selon le BAN, 100000 personnes, payées environ 1,50 € par jour, désossent et trient ces éléments manuellement au mépris des règles élémentaires de santé publique. Les quartiers se spécialisent dans une activité: certains récupèrent le fil de cuivre présent dans les câbles ou les écrans, éventrés à l’aide de simples marteaux. D’autres se concentrent sur les toners d’imprimante, sans aucune protection respiratoire. Les pièces non récupérables sont brûlées dans des feux à ciel ouvert. Des enfants sont parfois chargés d’identifier les « bons » plastiques. À la flamme d’un briquet, selon l’odeur dégagée par la combustion, le morceau est recyclé ou jeté! Contenant des retardateurs de flamme, ces matières sont pourtant ultra-toxiques pour l’homme.
    Sans surprise, les nappes phréatiques et les rivières sont durablement polluées. Le sol a un pH qui tend vers le zéro du fait de l’extraction, par acide, des films d’or présent sur les cartes. On retrouve également des métaux lourds, ceux-là même décelés dans les ordinateurs. Les taux mesurés sont plusieurs centaines de fois supérieurs aux taux maximums définis par l’Organisation Mondiale de la Santé! L’eau potable est donc acheminée par camion depuis la ville de Ninjing, située à 30 kilomètres de Guiyu. Et, à quelques milliers de là, les containers continuent d’être expédiés…
    Une étude sur les impacts de l’informatique sur l’environnement vient d’être publiée par l’Université des Nations Unies, située à Tokyo. Elle souligne qu’un ordinateur ne pollue pas seulement lorsqu’il arrive en fin de vie mais, déjà, à sa naissance. Les chiffres font froid dans le dos: fabriquer un PC pesant 24 kg (écran compris) nécessite 240 kg de combustible fossile, 22 kg de produits chimiques divers et… 1,5 tonne d’eau!. [4] »
    Après une enquête sur les déchets électronique [5], l'ingénieur et philosophe Fabrice Flipo prévient des dégats informatique : « [...] l'informatique est aujourd'hui un gisement majeur de déchets toxiques et extrêmement difficiles à traiter. De plus, l'analyse du cycle de vie des outils informatiques semble montrer que plus la technologie est raffinée du point de vue de la précision de la manipulation de la matière, plus les quantités de matières premières et d'énergie consommées pour y parvenir sont importantes. Un écran plat consomme entre 4 et 50 fois plus de matériaux et d'énergie pour sa production qu'un écran ordinaire [6] »
    La moindre fabrication d'une puce électronique, nécessite 300 litre d'eau déminéralisée et une déforestation importante pour extraire le coltan nécessaire à la fabrication de cette puce (les médisant rajouterons qu'une part de cette extraction est possible grâce au travail des enfants au Congo, qui n'est pas un lieu de guerre perpétuel pour rien).
    Un humain virtuel de l'univers virtuel « second life » consommerait autant d'énergie qu'un brésilien non virtuel, si l'on prend en compte l'énergie dépensée d'une part par l'ordinateur personnel et d'autre part par les serveurs permettant le jeu [7].
    On croyait que l'on allait faire disparaître le papier, mais les manuels informatique et les multiples impressions des courriels finirent par nier cette perspective. On croyait que le commerce électronique consommerai moins d'énergie que le commerce traditionnel, et cela se révéla faux (l'énergie plus importante pour l'emballage dans l'e-commerce, n'est pas compensée par l'énergie qui n'est pas dépensée par le client pour se rendre au magasin), avec toutefois de forte disparité entre les achat fait en zones rurales et ceux fait en zones urbaines8.

    II. Son impact social est aussi inquiétant. Notamment sur les conséquences sur la vie quotidienne et collective [9] :
    No-life : qui passe leur temps sur internet ou/et a jouer a des jeux en lignes massivement chronophage ;
    Autofichage : en laissant trainer son adresse n'importe ou de manière à recevoir tous les pourriels du monde ou en donnant des informations sur sa vie privée concernant des activités illicites ou immorale pour le groupe auquel on participe. Le problème n'est pas tant d'exposer sa vie privée... que de faire des révélation que l'on a l'impression de n'indiquer qu'a ses « amis ». On relève ainsi le nombre de personnes dont le-la patron-e a découvert que leur congé maladie était falsifié, ou que leur petit-e ami-e-s le trompe, ou encore qu'ils ont fait tel casse de bien publics lors d'une action de nuit.
    Dillution des responsabilité : comme le conseille un ouvrage de communication et de réthorique, en cas de problème dans une entreprise : il faut dire au client que c'est un problème informatique. Un bug.
    Comme les études le montre, alors que les personnes s'énervent et exigent des réparations et des changements quand ils ont affaire à une personne « responsable », la mise en avant d'un problème informatique passe pour un problème qui n'a pas de responsable (alors qu'il y a pourtant un programmeur et des exigences pour faire le programme) et dillu étrangement la majeure parti des invectives et accusations.
    Relation avec le temps: Là ou le courrier exige une certaine organisation et réflexion, l'informatique et la discussion par courriel favorise l'exigence de réponse immédiate et entraîne par ce biais souvent la pauvreté de l'information ou de l'argumentation.

    Notes :
    1.Voir aussi l'article Vos ordinateurs puent la sueur de Mario Togni et des écans et des enfants.

    2.http://www.svtc.org/

    3.http://www.ban.org/E-waste/technotr...

    4.Danger: l’informatique, ça pollue! Marc Rees. Source : http://www.acbm.com/virus/num_24/in...

    5.Fabrice Flipo. Projet E-dechets , Ecologie des infrastructures numériques . Avril 2006. http://www.int-edu.eu/etos/rapports/INT_Flipo_Edechet_synthese_av06.pdf

    6.Fabrice Flipo. Justice, nature et liberté. 2007. Page 6.

    7.La pollution bien réelle des mondes virtuels. Source : http://www.ecrans.fr/La-pollution-b...

    8.Claude Llena et Florence Rodhain, les technologies de l'information sont-elles écologiques ? 1.1.3. E-Commerce et consommation d'énergie.

    9.Voir l'article : Laissez tomber l’activisme virtuel de Micah White, ou le texte d'une chanson sur le même suejt : « On voudrait que ça gronde sans agiter ses ailes / Voici le nouveau monde des combattants virtuels /Welcome sur le forum de Révolution.com / De l'action par email, des pavés en pixels / La souris se déplace, elle se bouge de place!
    Refrain : Révolution.com / Comme ça manque de sueur!/ Révolution.com / Comme ça manque de sueur!
    On voudrait de l'air, de l'oxygène en stock / Et puis changer le monde sans changer l'univers / L'Internationale piégée dans la Toile / C'est quoi l'action par email, des Molotovs en Coktel / La souris se déplace, elle se bouge de place!
    {Refrain}
    Voici le nouveau monde de l'action.com / La souris se déplace, elle est libre à sa place!
    {Refrain} » No one is innocent, album revolution.com.

  28. Evidemment personne ne nie que le numérique pollue, c'est même parce qu'on ne se passera plus du numérique qu'il faut absolument en réduire les pollutions, ce qui est urgent mais heureusement tout-à-fait possible. Les firmes mises en cause ont déjà fait des efforts significatifs bien que très insuffisants mais il est évident que le numérique pollue de moins en moins et qu'il devra accélérer en ce sens, ce qui est d'autant plus possible que le numérique n'est pas lié à une technologie particulière. Il faudra notamment remplacer les écrans plasma par des écrans oled bien moins polluants. C'est un enjeu crucial qui doit être pris au sérieux plutôt que de rêver vainement à la disparition du numérique (il ne suffit bien sûr pas de mettre une croix sur tout ce qui pose problème!).

    Il est certain qu'à instruire un procès uniquement à charge sans avoir peur d'exagérer, de tout confondre et d'utiliser des données anciennes, on condamne facilement un innocent. Cela n'a donc aucun sens de parler du négatif sans parler du positif. Il est vrai que le courageux internaute anonyme qui utilise un ordinateur pour condamner toute utilisation d'un ordinateur, ne reconnaît rien de bon au numérique, ce qui est son droit mais c'est son problème...

    Il faut avoir un point de vue aussi unilatéral et simpliste pour imaginer qu'il y aurait des béotiens assez stupides pour croire que l'immatériel ne polluerait pas du tout et qu'il serait sans aucune matérialité, qu'il pourrait y avoir un software sans hardware. Mon article dit explicitement le contraire et André Gorz aussi le savait bien qui parlait des ordinateurs fabriqués dans les favelas du Brésil à partir des décharges publiques.

    Car le fait qui suffit à ôter toute pertinence aux opposants du numérique, c'est que les plus pauvres y accèdent et ne nous demandent pas notre avis, ni de savoir s'ils devraient préférer leur misère nue à ce prétendu enfer cybernétique.

    Il en devient d'autant plus vital de rendre ces produits plus écologiquement soutenables (plus petits, moins jetables, séparant clavier, écran, unité centrale, facilement réparables ou évolutifs, sans produits dangereux comme le cadmium qui n'est presque plus utilisé dans les batteries).

    Il en devient d'autant plus important de tirer tout le potentiel régulateur du numérique et d'une interconnexion généralisée, véritable unification de l'humanité, même si elle n'a pas certes que des bons côtés.

  29. Ce qu'on peut rajouter, c'est que l'informatique et l'électronique ne sont pas uniquement dans internet mais aussi de façon croissante embarqués dans toutes sortes de machines. L'automobile par exemple, ce qui permet d'en réduire la consommation d'essence, de baisser la pollution émise, d'accroitre la fiabilité...

    Bien d'autres domaines sont concernés.

    Mieux vaut améliorer ces technologies pour les rendre de moins en moins polluantes que de s'en passer.

    Sinon, à ce compte, autant arrêter l'agriculture parce que telle que pratiquée elle pollue aussi alors que c'est une autre forme d'agriculture qui est nécessaire pas sa suppression.

  30. "le fait que plus de la moitié de l'humanité utilise un téléphone portable désormais suffirait à montrer qu'on ne pourra plus s'en passer."

    et si la bagnolle, la cigarette et les stéréotypes racistes étaient, eux aussi, utilisés par la moitié de l'humanité?

    Cet argument me semble plus que simpliste, même si le portable a pu aider beaucoup de gens qui ne sont pas raccordés au fixe.

  31. Ce sont ces comparaisons qui sont plus que simplistes. Ce n'est pas le fait de dépasser la majorité qui est est le plus déterminant mais la vitesse inégalée de croissance qui fait qu'on atteindra bientôt les 80%, ce qui a bien les traits d'un basculement anthropologique, d'un fait massif qu'on ne peut balayer au nom d'arguments douteux, mais bien sûr si on croit que les mobiles sont aussi dangereux que le tabac et sans aucun autre intérêt, il est normal de vouloir croire qu'on arrivera à s'en débarrasser. Ce qui n'a aucune importance et ne ralentira pas l'unification du monde dont il vaut mieux exploiter les potentialités positives en tentant de réduire les effets négatifs et les pollutions (ce qui n'est pas gagné non plus mais progresse quand même).

  32. c'était juste pour remarquer que l'argument (tout le monde l'utilise donc c'est inévitable) ne tient pas la route: c'est un "basculement anthropologique" certes, mais est-ce une bonne chose? l'article semble s'enthousiasmer de la progression de la technologie, mais il me semble que "l'unification du monde dont il vaut mieux exploiter les potentialités positives" n'est pas pour demain.

    Sans parler des espérances de dépasser les guerres et la pauvreté grâce aux nouvelles technologies - on attendra longtemps - l'important pour l'humanité sur terre est que la dématérialisation du supposé "immatériel" soit forcée - et celle-ci ne se fera pas par le "progrès technologique" tout seul - éventuellement même au contraire vu l'effet rebond etc.

    potentialités positives - ok. potentialités négatives - certainement aussi. les solutions ne manquent pas, c'est la volonté - individuelle mais surtout collective - de les mettre en oeuvre.

  33. On est assez d'accord, sauf que ce n'est pas du tout l'argument "tout le monde l'utilise donc c'est inévitable" que j'ai utilisé. Je pense qu'il y a de quoi s'enthousiasmer pour le numérique qui fait partie de l'évolution spirituelle de l'humanité (son devenir langage) ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait que des bons côtés comme la langue d'Esope (capable du pire comme du meilleur). C'est le problème de toutes les techniques depuis l'agriculture au moins, qu'on ne les choisit pas et qu'elles ont toujours de très mauvais côtés. L'âge du fer notamment a été terrible. En général on a les mauvais côtés qu'on le veuille ou non alors que les potentialités dépendent de nous...

Laisser un commentaire