Newsletter 08/06

Temps de lecture : 33 minutes

Leonard de VinciRevue des sciences du mois d'août 2006

  • Le sucre fait dormir
  • Les lois universelles du mouvement
  • Avantage sélectif de la coopération sur l'agressivité
  • La perméabilité du cerveau par les ondes
  • La dépendance au bronzage
  • Commander un ordinateur par la pensée
  • Pilotage d'un mécanisme par des neurones
  • Fabrication de spermatozoïdes à partir de cellules souches
  • Superposition des Big Bang !
  • Existe-t-il des petits trous noirs ?
  • Krach immobilier et crise systémique
  • Incertitudes sur le réchauffement climatique
  • La structure ondulatoire de la matière

La dominante ce mois-ci, c?est peut-être le passage de la frontière entre l?animé et l?inanimé, entre biologie et physique comme entre neurone et ordinateur, mais c?est aussi l?opposition du court et du long terme. Pour ce mois de vacances on se permettra aussi une petite évasion aux marges de la science vers des théories non standards ("la structure ondulatoire de la matière") et des opinions dissidentes (sur le réchauffement climatique).


Pour la Science no 346, L'ivresse des profondeurs


Pour la Science

- Le sucre fait dormir p26

On le savait déjà, le sucre fait dormir, mais maintenant on comprend mieux comment. Ce serait l'effet direct du sucre sur l'orexine responsable de notre éveil. L'explication précédente était que le sucre, en stimulant l'insuline, transformait l'albumine en sérotonine... En tout cas, ll faut déconseiller les sucreries lorsqu'on conduit la nuit puisque le sucre serait responsable de la somnolence post-prandiale (après digestion) bien que cela n'explique pas pourquoi certains n'en sentent rien et qu'en vieillissant la sieste s'impose impérativement ! (ou alors ce serait un signe de diabète de l'âge mûr, de type II, plutôt que de digestion. En effet, la glycémie post-prandiale serait même un signe annonciateur de mortalité prématurée : "Chez les adultes sains, le pancréas produit une pointe précoce d'insuline, afin de métaboliser la quantité supplémentaire de glucose sécrétée après les repas").

Denis Burdakov, de l?Université de Manchester, et ses collègues ont montré comment le sucre absorbé pendant les repas inhibe certains neurones ? les neurones à orexine ? responsables de notre état d?éveil.

Les neurones à orexine sont présents dans une petite région du cerveau ? l?hypothalamus postérieur ? et émettent des prolongements dans la quasi-totalité du cerveau. À quoi sert l?orexine libérée ? Elle active des zones impliquées dans le maintien de l?éveil, tels les noyaux du raphé ou le locus c?ruleus. Un dysfonctionnement de ces neurones serait responsable de la narcolepsie, une maladie caractérisée notamment par des épisodes de somnolence diurnes imprévisibles. Qui plus est, l?orexine, libérée dans le cortex, régulerait l?appétit et le métabolisme énergétique. Par conséquent, l?orexine stimule à la fois l?éveil et l?appétit : un déficit alimentaire active les neurones à orexine, entraînant une mobilisation des réserves énergétiques et gardant l?individu éveillé afin qu?il s?alimente pour reconstituer ses réserves. Et la cascade inverse existe aussi : la consommation d?aliments, et donc de sucre, bloque les neurones à orexine, aboutissant à un endormissement des personnes repues?

Dans des neurones à orexine en culture, les biologistes anglais ont montré que le sucre active un canal potassium, nommé K2P, qui diminue l?activité électrique des neurones ; ces neurones libèrent alors moins d?orexine. Comme l?orexine est une molécule de l?éveil, sa diminution stimule l?endormissement. En outre, le canal K2P est très sensible aux variations de la concentration en sucre, puisqu?une augmentation correspondant à celle observée dans le cerveau après un repas normal suffit à l?activer. La régulation des neurones à orexine par le sucre via les canaux K2P devrait permettre aux neurobiologistes de préciser les mécanismes de l?éveil, de la satiété, voire de l?obésité. Toutefois, les neurones à orexine ne sont pas les seuls à contrôler ces fonctions physiologiques : des neurones dits MCH, situés également dans l?hypothalamus et impliqués dans l?obésité, seraient activés par le sucre et favoriseraient le sommeil.

oiseau mouche - Les lois universelles du mouvement p68

La diversité du monde du vivant est telle qu'on l'imagine infinie et l'on pourrait croire effectivement que toutes les formes sont possibles. En fait, les formes du vivant dépendent de son environnement, elles sont donc extrêmement limitées. Comme dit Ernest L. Rossi: "La vie est une qualité de la matière qui surgit du contenu informationnel inhérent à l'improbabilité de la forme" ! De plus, à part coller aux variations de son milieu, la vie doit respecter les lois physiques, ce qui limite aussi dramatiquement les possibilités. D'Arcy Thomson avait montré déjà les contraintes qui faisaient qu'au-delà d'une certaine taille, une carapace d'insecte devenait absolument impossible car trop lourde : pas d'autre possibilité qu'un squelette interne pour grandir !

Gazelles On fait ici un pas de plus qui réduit l'espace des possibles : la vie doit respecter la loi la plus essentielle, la seule peut-être que le vivant partage avec la matière inanimée, c'est le principe de moindre action (Maupertuis). En effet, ce n'est pas l'entropie la loi la plus fondamentale de l'univers comme on pourrait le croire, puisque la vie se définit par ses capacités de croissance, de régénération et de reproduction, c'est-à-dire de lutte contre l'entropie et la dégradation naturelle. La seule loi universelle, c'est d'aller au minimum de dépense d'énergie, de suivre la pente ("principe d'économie naturelle" de Fermat ou Leibniz, qui précède historiquement celui de conservation de l'énergie).

C'est ce qu'on appelle aussi "principe d'action extrémale", ou "principe du minimum", qui se trouve à la base de la "théorie constructale" et permet de réintroduire l'inévitable finalité dans la biologie (oui, une aile, c'est fait pour voler et même voler au mieux!) car si la vie respecte ce principe, c'est après un détour permettant de s'économiser, en se mettant par exemple à courir pour manger ou ne pas être mangé. C'est donc en le respectant à long terme et pas du tout en le respectant tout le temps puisque un corps animé est le siège d'une activité constante. C'est sur la durée que la vie se juge, en s'incrustant partout. La théorie constructale stipule simplement que chaque fonction tend à s'optimiser à la longue, si j'ai bien compris, ce qui expliquerait aussi bien la complexification croissante à long terme sans qu'on puisse exclure des régressions et des simplifications brutales à court terme.

Cette théorie stipule que, pour qu'un système de taille finie perdure, il doit évoluer de façon à fournir un accès de plus en plus aisé aux flux qui y circulent.

En appliquant un tel principe d'organisation à la question de la locomotion, on ne part pas des contraintes comme dans l'approche habituellement suivie, mais des objectifs généraux de la structuration.

requin Cette nouvelle contrainte plus radicale encore fait que tous les animaux partagent de nombreuses caractéristiques malgré leur extraordinaire diversité, "lois dites d'échelle, approximativement valables pour tout un ensemble d'organismes". Tout cela fait que les formes de vie extra-terrestes ne devraient pas être tellement différentes dans les principes d'organisation et de locomotion au moins.

La course, le vol et la nage correspondent à des mouvements et à des organismes très différents. Pourtant, certaines lois communes, explicables par un principe physique d?optimisation, les caractérisent.

Stephen Jay Gould, l?un des grands paléontologues et biologistes de l?évolution du XXe siècle, affirmait que si l?on pouvait remonter l?horloge de la vie jusqu?à ses débuts et si on laissait l?évolution se dérouler à nouveau sur la même durée, les animaux qui en résulteraient seraient très différents de ceux connus aujourd?hui. Gould soulignait ainsi l?importance du hasard dans la sélection des organismes qui survivent et évoluent. Il avait probablement raison, mais on peut tout de même se demander s?il n?existe pas quelques règles générales et constantes auxquelles se conforment les organismes vivants. Il en est ainsi pour la locomotion des animaux : qu?ils nagent, courent ou volent, il est possible de dégager des lois quantitatives communes aux différents modes de locomotion et indépendantes de l?espèce considérée. Qui plus est, ces lois peuvent s?expliquer sur la base d?une idée unificatrice. C?est ce que nous montrerons dans cet article.

On constate que la fréquence de foulée des vertébrés coureurs est, grosso modo, proportionnelle à l'inverse de leur masse corporelle M élevée à la puissance 1/6, c'est-à-dire proportionnelle à M puissance -1/6; or la fréquence de nage des poissons est aussi proportionnelle à M puissance -1/6. de même, la vitesse des animaux coureurs est approximativement proportionnelle à M puisse +1/6, tout comme celle des oiseaux qui volent.

Nous avons montré qu'une approche théorique de type thermodynamique, où une certaine grandeur (l'énergie dépensée) doit être minimisée, permet de mettre au jour quelques lois remarquables auxquelles se conforment les animaux (...) On pourrait même appliquer ce modèle théorique pour prédire les caractéristiques de la locomotion sur d'autres planètes, où la pesanteur et la densité des environnements fluides sont différents des nôtres.

Les prédictions de la théorie constructale sont valables non seulement pour les animaux, mais aussi pour les machines construites par l'homme. La relation entre force et masse des moteurs est la même que celle qui s'applique aux êtres qui courent, volent ou nagent. L'étude du vol animal par notre approche prédit également les vitesses des machines volantes, et fait ainsi le lien entre le vivant et l'inanimé.

- Avantages sélectifs entre agressivité et coopération p90

synergieBien loin de la "théorie des sentiments moraux" d'Adam Smith, encore plus d'Amartya Sen pour qui "l'économie est une science morale" (ou plutôt politique) et même à l'opposé du Darwin de "La filiation de l'homme" qui explique le rôle de l'altruisme dans la propagation de l'espèce, une certaine vulgate libérale bien ignorante voudrait nous persuader que seuls comptent l'égoïsme et l'avidité d'un homo oeconomicus qui passe son temps au "calcul rationnel" de ses intérêts privés (euh! ben oui, vous achetez bien le produit le moins cher au supermarché ? croit pouvoir nous asséner le dogmatisme libéral pour qui la liberté se réduit ridiculement à pouvoir acheter le produit chinois le moins cher au mépris de toute considération écologique ou sociale, la bêtise triomphante à l'état pur!). Tout autre point de vue est taxé de naïf ou même identifié au totalitarisme communiste ! C'est l'esprit qui se renie avec la force infinie de l'esprit, "et dans cette aliénation de soi-même, il se sent fier et plein de joie" (Hegel, Ph. Histoire, p51). Cette mentalité "individualiste libéral", semblable à celle du règne de Louis XV finissant, et pour qui il n'y a rien de pire que l'impôt ou les droits de succession (quelle horreur!), renforce le délitement des solidarités sociales et la destruction de la société elle-même (qui n'existe pas prétend-on même depuis Thatcher !), déstabilisation dont les élites seront les premières victimes pourtant, comme l'histoire nous l'enseigne avec constance (et sans compter sur le fait que l'accroissement des inégalités se répercute sur la qualité de la vie et la santé des plus aisés).

Sans vouloir tirer trop de conclusions de simples modèles mathématiques, il est donc intéressant qu'on puisse tester la supériorité à long terme des conduites de coopération sur celles de compétition agressive malgré l'évidente faiblesse à court terme des plus coopératifs par rapport aux plus agressifs, ce qu'illustre le trop bien connu "dilemne du prisonnier" et que dément pourtant l'évolution à plus long terme (ou la loi des grands nombres) :

La dynamique générale d'évolution est claire : (a) les zones où seuls des individus agressifs sont en contact dépérissent ou ne réussissent pas à croître; (b) dans les zones où les deux types d'individus se rencontrent, les coopérants disparaissent au profit des agressifs; (c) les zones où des coopérants ne rencontrent que des coopérants prospèrent. La première phase de l'évolution est une course entre agressifs des zones (b) et coopérants des zones (c). Cependant, quel que soit l'avantage obtenu par les premiers, s'il y a des individus dans les zones (c), ils finissent par s'imposer et la population finale est composée essentiellement d'individus coopérants.

Les expériences donnent un résultat sans appel : pour un nombre donné de noeuds et de liens entre les noeuds et une même proportion initiale de communautés coopérantes, l'évolution sur un graphe de type Petit monde conduit plus fréquemment à une situation d'agressivité généralisée que sur un graphe de type Erdös-Renyi. La raison en est sans doute que la structure de Petit monde facilite la domination des communautés agressives et nuit à l'existence de noeuds coopérants protégés : des phénomènes sociaux (comme la diffusion rapide d'informations) sont facilités par l'existence de centres dominateurs, mais ils empêchent l'apparition et le maintien d'équilibres efficaces qui ne naissent et ne prospèrent que si certains noeuds se trouvent dans un certain isolement.

Cependant la coexistence de groupes agressifs conduit à des alliances et donc à des coopérations entre groupes, renforçant sur la durée l'avantage des stratégies de coopération sur l'agressivité de départ.

Cette émergence de la coopération "par solidarité de groupes" s'ajoute à l'émergence de la coopération résultant des stratégies réactives du type donnant-donnant, et à l'émergence de la coopération du fait des phénomènes que le modèle des réseaux de communautés met en évidence.


Sciences et Avenir no 714, Pourquoi les OVNI ont disparu


portables - La perméabilité du cerveau par les ondes p27

Alors qu'on met encore en doute les dommages que les ondes peuvent causer au cerveau, la médecine pense déjà en utiliser un effet la plupart du temps indésirable, qui est de provoquer la perméabilité du cerveau en perturbant la "barrière hémato-encéphalique" protègeant le milieu cérébral de toute incursion bactérienne.

Pour l'instant on n'en est qu'au stade de l'expérimentation sur des souris, "en focalisant sur un point précis du crâne des ondes ultrasonores, de même fréquence que celle d'une échographie" on arrive à faire passer dans leur cerveau des médicaments contre la maladie d'Alzheimer...

La barrière hémato-encéphalique s'est en effet rétablie d'elle-même en environ quatre heures. Pour une application chez l'homme, cependant, il faudra prendre en compte l'épaisseur du crâne, bien plus importante que chez la souris. Les scientifiques de Columbia pensent pouvoir contourner cette difficulté en ayant recours à des ondes de plus haute fréquence.

Un autre article, p66, nous avertit de l'arrivée des "rayons T" (entre infrarouge et micro-ondes) qui permettent de déshabiller aussi bien les personnes que les bagages, permettant ainsi des contrôles d'embarquement non intrusifs (mais très indiscrets) sans les dangers des rayons X. En dehors de leur rôle dans la surveillance, les applications industrielles se multiplient et pourraient constituer la prochaine invasion des communications...


Dans le numéro précédent (no 713) :

- Dépendance au bronzage

bronzage

Parmi les adeptes des UV en cabine, on trouve de véritables «accros».

Selon une étude parue dans le Journal of the American Academy of Dermatology, «cette passion pour les séances de bronzage relève d?un véritable phénomène d?accoutumance».

Une quinzaine de volontaires ont participé à cette étude. Après administration en aveugle d?un antagoniste morphinique, la naltrexone, ou d?un placebo, les sujets ont été invités à rentrer en cabine pour une première séance de bronzage, avec ou sans UV.

Pour la séance suivante, la cabine était laissée au choix. Résultats : la préférence pour les cabines diffusant effectivement des UV disparaît en cas de prise de naltrexone.

C'est par le biais d?une libération d?endorphines cutanées que les UV exerceraient leur effet d?accoutumance et l?administration d?un antidote morphinique favoriserait le «sevrage».


- Commander un ordinateur par la pensée Le Monde 17/07

pilotage par le cerveau

Un tétraplégique américain transmet ses pensées à un ordinateur.

Il lui suffit d'imaginer un mouvement de son bras inerte pour que se déplace, suivant le même mouvement, un curseur sur un écran. Il peut ainsi télécommander la télévision ou l'éclairage, consulter son courrier électronique, ou encore jouer au ping-pong électronique.

Cette prouesse, publiée par Nature, de l'équipe de John Donoghue (Brown University, Rhode Island), a été «rendue possible par une chaîne technique qui vise à traduire l'influx nerveux en pixels animés».

Le premier élément de cette «prothèse neuromotrice» est un composant électronique de 4 millimètres de côté, hérissé de 100 électrodes, implanté dans la région du cerveau qui commande les mouvements volontaires. Captant l'activité électrique des neurones, elle la transmet, via un plot câblé sur le crâne du patient, à des ordinateurs qui filtrent cet influx pour commander le curseur.

Pour Angela Sirigu, de l'Institut des sciences cognitives de Lyon, ces résultats sont «extrêmement intéressants», parce qu'ils montrent que le cortex moteur reste mobilisable même quand le corps est paralysé.


- Pilotage d'un mécanisme par des neurones L'Express no 2871

neurone L'Express consacre une double page à un «incroyable exploit réussi par une équipe de l?Inserm»!

Le laboratoire de physiopathologie des réseaux neuronaux, à Bordeaux, a réussi à «piloter un programme de simulation au moyen de cellules nerveuses animales mises en culture».

Les chercheurs ont créé une «créature mi-animal mi-machine», qui «évite des obstacles grâce aux informations transmises par les neurones mis en culture».

Ces systèmes "neuro-informatiques" «permettent d?établir des connexions entre le système nerveux et l?informatique» et sont «en plein développement», avec de possibles «applications médicales et militaires».

Le responsable de l?expérience à l?Inserm, Gwendal Le Masson, remarque : «Les neurones présentent de remarquables capacités pour le traitement des signaux, supérieures à celles des ordinateurs. A terme, les cultures de neurones pourraient être utilisées pour faire de la reconnaissance d?image, par exemple».


- Fabrication de spermatozoïdes à partir de cellules souches Le Figaro

spermatozoïde

Selon la revue Development Cell, «des chercheurs allemands de l?université Georg-August à Göttingen viennent de réussir à faire naître des souriceaux grâce à des spermatozoïdes fabriqués en laboratoire à partir de cellules souches embryonnaires».

Ces souriceaux ne grandissent pas de manière normale et souffrent de plusieurs pathologies, notamment de difficultés respiratoires.

Si l?objectif de ces recherches est la lutte contre la stérilité masculine, les stratégies utilisées dépassent en audace les livres de science-fiction les plus fous.


- Superposition des Big Bang !

univers Stephen Hawking, est célèbre presque autant pour sa terrible maladie qui le paralyse que pour son approche théorique des trous noirs qui obligent à penser ensemble gavitation, théorie quantique et thermodynamique. Or, il y a de nombreuses analogies entre trous noirs et Big Bang, ce qui l'a amené à remarquer qu'à cette échelle quantique il pouvait y avoir superposition de plusieurs états et donc de plusieurs Big Bang !

Voilà qui rend encore plus impossible de déterminer les conditions initiales de l'Univers. Tout ce qu'on peut faire c'est partir de ce qu'on observe aujourd'hui (à savoir, un univers en 3D, presque plat, en expansion à un rythme accéléré), et tenter de remonter dans le temps mais sans pouvoir aller au-delà de la transition entre monde quantique et monde classique puisque "notre Univers n?est pas le résultat d?un seul commencement et d?une seule histoire, mais d?une multitude de commencements et d?histoires". Ce qui semble bien possible. La suite reste très spéculative (et contesté par Christian Magnan qui montre, par exemple, qu'il est normal que l'univers nous apparaisse plat - tout comme la Terre ! - ce qui ne veut pas dire qu'il l'est) :

La nouvelle théorie intervient dans la discussion d?un problème fondamental de la théorie des cordes, laquelle permet l?existence d?une multitude de types différents d?Univers, avec le nôtre. Selon Hawking et Hertog, tous ces univers alternatifs de la théorie des cordes pourraient avoir existé ensemble durant les tous premiers instants après le Big Bang. L?Univers se serait alors trouvé dans une « superposition » de tous ces mondes possibles. Ces univers se sont éteints à l?exception du nôtre.

La nouvelle théorie pourrait par ailleurs expliquer pourquoi certaines constantes de la nature semblent avoir des valeurs finement adaptées à l?apparition de la vie. Par exemple, la constante cosmologique, la force qui apparaît être la cause de l?accélération de l?expansion ou densité d?énergie du vide, a une valeur positive faible. Si cette valeur était légèrement inférieure ou supérieure, la vie n?aurait pu apparaître. L?Univers actuel aurait « choisi », selon la nouvelle approche, ces histoires ayant conduit à une valeur « correcte » de la constante cosmologique.

Les deux scientifiques ont déclaré que leur modèle pourrait, lorsqu?il sera plus complètement développé, être testé en comparant ses prédictions avec les observations relatives aux variations infimes d?intensité à l?intérieur du fond diffus cosmologique. Le fond diffus cosmologique, rayonnement résultant du Big Bang, devrait contenir les « empreintes » de certaines des histoires alternatives de l?Univers très primitif.


- Existe-t-il des petits trous noirs ?

petit trou noir J'avais attité l'attention l'année dernière sur les incertitudes entourant la fabrication de mini trous noirs dans le futur LHC de Genève. On m'avait assuré qu'il n'y avait aucun souci à se faire car ils devaient s'évaporer aussitôt (selon Hawking justement) mais la chose est d'autant moins assurée qu'une nouvelle théorie prétend le contraire et même que cela pourrait expliquer la masse manquante de l'univers... Il devrait être possible de tester la présence de ces petis trous noirs par la déformation qu'ils feraient subir aux rayons gamma. S'ils existent cela prouverait de plus l'existence d'une dimension cachée (l'univers étant une membrane flottant dans un espace plus grand, ce qu'on appelle en anglais "Braneworld").

Randall Même si la physicienne Lisa Randall à l'origine de cette théorie est bien jolie (sur cette photo au moins), il est relativement peu probable que la théorie soit vérifiée, mais ce n'est pas impensable malgré tout (c'est l'article le plus cité des 5 dernières années) et l'on constate à quel point la physique actuelle est spéculative, qu'elle tâtonne dans le noir sans toujours croire devoir prendre toutes les précautions qui s'imposeraient. Ce n'est pas grave, au cas où les physiciens se seraient trompés dans leurs théories, nous disparaîtrons simplement de l'univers avec le premier trou noir que nous aurons réussis à produire... Bon, aller, je tiens le pari ?

Charles R. Keeton de Rutgers et Arlie O. Petters de Duke basent leurs travaux sur une théorie récente appelée "modèle du Braneworld Randall-Sundrum de type II". Cette théorie soutient que l'univers visible est une membrane (d'où le mot "Braneworld") encastrée dans un univers plus grand, un peu comme une algue qui flotte dans l'océan. L'univers "Braneworld" possède cinq dimensions, quatre dimensions spatiales et une dimension temporelle, s'opposant en cela aux quatre dimensions, trois d'espace, plus le temps, proposées par la théorie de la relativité générale.

Keeton et Petters se sont concentrés sur une de ses conséquences qui la distingue de la théorie d'Einstein. La théorie du Braneworld prévoit que des "trous noirs" relativement petits, produits lors de la prime jeunesse de l'Univers, ont survécu jusqu'à aujourd'hui. Ces trous noirs, équivalents à de minuscules astéroïdes, feraient partie de la "matière sombre" de l'univers. Comme son nom l'indique, la matière sombre n'émet ni ne réfléchit la lumière, tout en exerçant une force de gravitation sensible. La théorie de la relativité, pour sa part, prévoit que de tels trous noirs primordiaux n'existent plus, car ils devraient s'être vaporisés depuis le moment de leur formation.

Petters et Keeton ont indiqué qu'il devrait être possible de mesurer le profil des franges prédites pour les rayons gamma en utilisant le télescope spatial GLAST (Gamma-ray Large Area Space Telescope), qui devrait être lancé en août 2007. "Si la théorie du Braneworld est correcte", disent-ils, "il devrait exister un nombre extraordinaire de trous noirs de ce type à travers tout l'univers, et chacun d'eux porterait la signature d'une quatrième dimension spatiale".


- Krach immobilier et crise systémique

Krach immobilier Tout a commencé par un avertissement qui prévoyait une crise systémique globale fin mars 2006. S'il ne s'est rien passé à cette date, les avertissements se multiplient malgré tout depuis à un rythme accéléré à cause des énormes déficits américains et de l'éclatement imminent de la bulle immobillière qui était financée par des taux d'intérêt historiquement très bas et que les menaces inflationnistes (sur les matières premières et le pétrole en particulier) obligent à remonter ! Certains, comme la revue "Fusion" qui annonce un "triple choc", y ajoutent la dégradation des infrastructures américaines, le déclin de la recherche et de la projection dans l'avenir d'une économie de plus en plus prédatrice et financière (avec la folie des produits dérivés et des "hedge funds") qui pille le court terme au détriment de l'investissement productif à long terme. Eux situent la crise plutôt au mois de septembre.

L'expérience de la bulle Internet m'incite à la méfiance sur les dates car il s'est passé plus de 2 ans entre le moment où son éclatement paraissait inéluctable et le krach lui-même. En attendant de multiples théories farfelues tentaient de justifier que toutes les règles connues auraient changé dans cette nouvelle économie de rêve ! avant d'être finalement rappelées à la raison par l'effondrement du Nasdaq. La crise qui s'annonce pourrait s'avérer plus terrible encore (systémique), bouleversement sans doute nécessaire à une conscience trop bornée. Ce qui est sûr, c'est que les déséquilibres s'aggravent et que tout est "out of control" !

Parmi les nombreux liens sur le sujet, on peut signaler (il y en a bien d'autres) :

- Au sujet de la Crise Systémique, Pierre Gonod

- Bombe financière, à quand l'explosion (CGC)

- Peter G. Peterson (ancien secrétaire au trésor de l?administration Nixon) président du « Council for foreign relations », du « Institute for International Economics » et du Blackstone group, ajoute la question du financement de la guerre et surtout des retraites du papy boom dans un article de la revue Foreign Affairs en 2004 "Riding for a fall".


- Incertitudes sur le réchauffement climatique

réchauffement climatique En ces temps de canicule où le réchauffement climatique ne fait plus de doutes pour personne, il est intéressant de revenir sur un article de Marcel Leroux qui date d'avril 2003 et qui remet en cause ces évidences. "Pour la Science" du mois de mars 2006 s'en était fait brièvement l'écho.

Réchauffement global : une imposture scientifique !, Marcel Leroux

Marcel Leroux est professeur en climatologie à l'université Jean Moulin de Lyon III et directeur depuis 1986 du Laboratoire de Climatologie, Risques, Environnement (CNRS), auteur de "La Dynamique du temps et du climat" (éditions Dunod, 1996).

Au début, je dois dire que j'ai lu l'article avec agacement, trouvant son point de vue irresponsable mais, en fin de compte, je pense qu'il contient des éléments importants mettant en doute la vulgate actuelle. En effet, s'il est raisonnable de penser que le climat se réchauffe à cause de notre production de CO2, on sait qu'il y a une grande différence entre ce qui parait raisonnable et ce qui est scientifiquement prouvé !

Il ne s'agit pas de prétendre que l'activité humaine n'a pas d'influence sur le climat (cela a commencé avec le néolithique et la déforestation) mais plutôt qu'on est incapable de dire laquelle. Les climatologues l'admettent d'ailleurs car leurs modèles n'arrivent pas à prendre en compte la vapeur d'eau qui est pourtant le principal responsable de l'effet de serre, c'est un comble ! En effet, selon que les nuages se forment à haute ou basse altitude, ils ont un effet positif ou négatif sur l'effet de serre, ce qui change tout ! C'est là le point principal qu'il faut retenir.

Il ne s'agit pas de dire que le climat ne change pas, il change tout le temps, ni qu'il n'y a pas de réchauffement de l'hémisphère nord, dont la cause serait plutôt un changement de régime des vents qui nous expose beaucoup plus à l'air tropical, mais, pour ce climatologue du moins, il n'y aurait pas forcément de réchauffement "global" malgré son caractère d'évidence (cependant, depuis 2003 de nouvelles données semblent bien le confirmer). La seule chose sûre, c'est que les modèles actuels sont très primitifs et quasiment inutilisables, incapables de prédire quoi que ce soit au-delà de 7 jours donc surtout pas le temps qu'il fera dans 100 ans, et les courbes qui "prouvent" le décollage des températures depuis l'industrialisation ne seraient pas très fiables à cause de l'urbanisation qui modifie les mesures prises. Enfin, à cause du cycle solaire, on peut s'attendre à un refroidissement global après 2040 car nous sommes en période interglaciaire!

Evidemment, tout cela n'est pas une raison pour ne rien faire si l'on applique le principe de précaution. De plus ne pas être absolument certain que l'augmentation de gaz à effet de serre se traduise par une augmentation de la température globale ne veut pas dire que cela devrait se traduire par un refroidissement tout de même ! Et l'on sait surtout qu'une augmentation trop rapide de la température peut nous entraîner dans un emballement du climat où la libération de méthane renforce l'effet de serre et la libération de méthane dans un cercle vicieux fatal (boucle de rétroaction positive explosive), phénomène qui a déjà été responsable de plusieurs extinctions de masse ! Il est donc compréhensible que se développe un discours propagandiste étant donné l'état d'urgence et le besoin d'une mobilisation planétaire (dès 1999 je dénonçais notre irresponsabilité face à cette menace, en particulier dans le texte "après-nous le déluge" paru dans Politis !). Un message adressé au plus grand nombre est forcément simplifié mais il faut se méfier du dogmatisme d'où qu'il vienne et prendre la mesure de toute l'étendue de notre ignorance en la matière (comme en d'autres) ; non pour ne rien faire, mais pour s'inquiéter au contraire d'en savoir un peu plus, en enquêtant sérieusement sur ce qu'il faudrait faire.

La conclusion que j'en tirerais pour l'instant, puisque l'essentiel c'est l'incertitude sur le rôle de la vapeur d'eau dans le bilan thermique global, c'est qu'on pourrait favoriser la formation de nuages à basse altitude pour se protéger du soleil (pour autant que cela soit possible). Cela vaudrait tout de même bien mieux que de répandre du soufre dans l'atmosphère comme le préconisait le prix Nobel Paul Crutzen le mois dernier !


- La structure ondulatoire de la matière

électron Pour terminer, et parce que rien n'est sûr en science (il ne s'agit pas de vérité révélée), je signale une théorie non standard, et sans doute fausse, mais qui permet de mieux comprendre la dualité onde-particule et la structure ondulatoire de la matière dans la physique quantique grâce à de magnifiques illustrations de l'électron comme onde. Il ne faut pas avoir peur de s'aventurer aux marges de la science mais il faut le faire avec prudence et confronter ces théories plus ou moins simplificatrices (et souvent délirantes) avec des avis autorisés afin d'en voir les défauts et les insuffisances. On sort de ces confrontations en général avec une meilleure compréhension des questions abordées. La vérité n'est jamais qu'une réponse à l'erreur, c'est pourquoi le faux est un moment du vrai selon Hegel, à condition bien sûr de ne pas en rester là et croire que c'est la vérité vraie qu'on voudrait nous cacher simplement parce qu'on croit comprendre beaucoup mieux, parce que c'est plus accessible à nos représentations (que la relativité par exemple) mais ici on n'est pas si éloigné de la théorie quantique et de ses fonctions d'onde. Il n?est pas si sûr que ce ne soit pas tenable. Il faudrait jeter un coup d'oeil aux formules mais c'est ce dont on est presque tous incapables, ce pourquoi on a besoin d'un scribe pour nous les lire, du savoir des physiciens et de leur effort de vulgarisation.

En tout cas, selon cette "théorie ondulatoire de la matière", la relativité restreinte ne serait due qu'à l'effet Doppler (sans dilatation du temps mais avec une contraction réelle de la matière, ou des ondes plutôt...) et la relativité générale serait fausse (ce qui est peu probable, puisque le GPS entre autre semble prouver sa justesse, bien qu'elle soit remise en question aussi par la théorie des cordes par exemple, mais ce n'est pas moi qui peut trancher dans ces controverses qui me dépassent). On reste donc dans notre univers familier à 3 dimensions (tout comme la théorie quantique), celui de la Terre plate sur laquelle nous vivons !

Par contre, selon son représentant le plus crédible, Milo Wolff, cette théorie ondulatoire permettrait de résoudre par exemple le paradoxe EPR qui relie des particules quelle que soit la distance, et ceci sans aucun transfert d'énergie qui soit plus rapide que la vitesse de la lumière car les ondes étant interconnectées toute particule serait reliée au reste de l'univers...

De quoi faire des rêves d'infini sur la plage, bercés par les vagues de la mer et les mouvements de l'onde qui vient d'au-delà de l'horizon pour se briser sur les rochers ou venir mourir à nos pieds !

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1 réflexion au sujet de « Newsletter 08/06 »

  1. sur la structure ondulatoire...

    Dans le même ordre d'idées, on pourra aussi consulter avec profit ces cours élémentaires mais fort instructifs sur la nature des ondes physiques et leur rapport au son (les figures de chladni par exemple), à la lumière, etc. Pas de physique quantique, une simple approche de la physique classique qui laisse tout aussi rêveur surtout pour les figures de chladni. Ces figures géométriques si particulières qui laissent pantois et dont on serait enclin à faire un rapprochement avec les formes géométriques que l'on retrouve un peu partout et notamment dans de nombreuses croyances.

    Le plus dur étant, bien entendu, d'expliquer la relation entre les deux si toutefois il en existe une...

    http://www.physicsclassroom.com/...

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