La revue Pour la Science du mois d'avril a fait un dossier assez engagé sur les élections, que ce soit sur l'énergie, la sécurité ou la santé, ce qui est quand même assez étonnant pour cette version française de Scientific American. Le plus intéressant, qui m'a semblé mériter un article à part, c'est la proposition de 2 mathématiciens, Michel Balinski et Rida Laraki, reprise du rapport d’Olivier Ferrand pour Terra Nova "Réformer l’élection présidentielle, moderniser la démocratie", qui consisterait à remplacer le vote par une sorte de note attribuée aux candidats : Excellent, Très bien, Bien, Assez bien, Passable, Insuffisant, à Rejeter. Ne votez pas, jugez ! La proposition est certes critiquable mais elle mérite assurément réflexion.
Cette proposition est présentée surtout comme pouvant éviter un 21 avril 2002, où le résultat des élections n'est à l'évidence pas du tout ce que voulaient une majorité d'électeurs, mais, le plus intéressant, c'est qu'avec ce système les résultats ci-dessous sont très différents du scrutin majoritaire, revalorisant notamment le score des écologistes. Les exemples testés en avril 2011 ne correspondent pas aux candidats actuels mais, à cette date, on constate notamment que Jean-Luc Mélenchon avait un potentiel de 20% avec un rejet total de 41% et Marine Le Pen un potentiel de 27% mais avec un rejet total de 55% qui rend son élection impossible.
Contrairement aux auteurs qui estiment qu'on se suffirait ainsi d'un seul tour, je crois qu'il vaudrait bien mieux réserver cette procédure au premier tour et garder un deuxième tour avec les 2 candidats arrivés en tête car le vote doit aussi être un choix assumé et non résulter d'un calcul, au même titre qu'un simple sondage.
Pour les élections locales où il serait plus facile à introduire, j'ajouterais bien à ce système un sondage préalable (ou un vote libre) sur les candidats souhaités pour ne pas se limiter aux candidats déclarés - mais tout cela est incontestablement plus compliqué que le simple scrutin majoritaire...
Le scrutin majoritaire usuel souffre de graves défauts. Un mode de scrutin nommé jugement majoritaire, qui consiste à évaluer tous les candidats à une élection selon une grille de valeurs commune, éviterait ces écueils et respecterait l'opinion de l'électorat.
Le système majoritaire à deux tours n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Il peut conduire à l'élection d'un président qui ne correspond pas au vœu réel de l'électorat. Il place les électeurs devant un dilemme difficile : voter par calcul stratégique ou voter selon ses préférences ? Il place les petits partis dans l'embarras : doivent-ils présenter un candidat pour défendre leurs idées, au risque de faire éliminer le candidat principal de leur sensibilité politique ? La démocratie est piégée par le système qui est supposé l'incarner !
Ainsi, le scrutin majoritaire souffre du paradoxe d'Arrow, du nom du prix Nobel d'économie Kenneth Arrow : le vainqueur du scrutin dépend de la présence ou de l'absence de « petits » candidats n'ayant aucune chance de gagner.
Borda et Condorcet avaient bien identifié la source des difficultés. Voter pour un seul candidat parmi plusieurs ne suffit pas à mesurer les opinions des électeurs. Pour cela, il faut plus d'informations.
Existe-t-il un mode de scrutin qui désigne toujours un gagnant - évitant le paradoxe de Condorcet - qui ne dépende pas de la présence ou de l'absence de candidats mineurs - évitant le paradoxe d'Arrow - et qui assure l'égalité des électeurs ?
Malheureusement, K. Arrow a démontré aussi, dans les années 1950, que lorsque les opinions des électeurs sont exprimées par des ordres de préférence comparant les candidats entre eux, aucun mode de scrutin ne peut garantir ces trois propriétés. Ce théorème a engendré l'idée qu'il n'existe pas de mode de scrutin idéal.
Pour sortir des paradoxes, l'électeur doit évaluer le mérite de chacun des candidats selon une échelle de mentions (Excellent, Très bien, Bien, Assez bien, Passable, Insuffisant, à Rejeter), et seules ces mentions peuvent déterminer le classement des candidats.
Le jugement majoritaire n'avantage ni ne désavantage les principaux partis de droite, de gauche ou du centre, mais diminue notablement l'influence des extrêmes qui provoquent un fort sentiment de rejet. Par comparaison, le scrutin majoritaire à deux tours élimine le centre, avantage fortement les grands partis de droite ou de gauche, et donne trop d'importance aux extrêmes.
De surcroît, le jugement majoritaire incite à l'honnêteté et permet à l'électeur de voter selon son cœur tout en votant utile. Il rend caduques les consignes de vote et les sur- ou sous-évaluations manifestes.
Pour déterminer le vainqueur du scrutin, on déduit d’abord pour chaque candidat sa « mention majoritaire ». En d’autres termes, 50 % des votants au moins pensent que le candidat vaut cette mention ou plus, et moins de 50 % pensent qu’il vaut une mention strictement supérieure.
Une mention majoritaire est complétée d’un « + » si le pourcentage de mentions meilleures qu’elle est supérieur au pourcentage de mentions moins bonnes. Dans le cas contraire, elle est complétée d’un « – ».
Le classement majoritaire est ensuite déterminé par les règles suivantes :
1. Un candidat ayant une mention majoritaire plus élevée qu’un autre est placé devant celui-ci.
2. Une mention majoritaire avec un « + » est devant une même mention avec un « – ».
3. Si deux candidats ont la même mention majoritaire « + », celui ayant le plus grand pourcentage des mentions meilleures que celle-ci devance l’autre.
4. De façon symétrique, si deux candidats ont la même mention majoritaire «–», celui ayant le plus grand pourcentage des mentions moins bonnes est derrière l’autre.
Le classement-majoritaire est donc établi de la manière suivante. Un candidat ayant une mention-majoritaire plus élevée qu’un autre est classé devant. Un candidat avec un « Assez Bien + » est classé devant un candidat avec un « Assez Bien – », et il en va de même pour toute mention majoritaire. De deux candidats avec un « Assez Bien + », celui ayant le plus grand pourcentage des mentions meilleures qu’Assez Bien est classé devant l’autre ; et de deux candidats avec un « Assez Bien – », celui ayant le plus grand pourcentage des mentions pires qu’Assez Bien est classé derrière l’autre
Cela paraît un peu compliqué, on sent le polytechnicien, mais pas tant que cela et devrait s'apprendre vite. Ce qui est le plus fascinant, c'est qu'on n'obtient pas le même résultat selon qu'on exprime des préférences entre candidats ou des appréciations absolues mais aussi que ce système serait préférable à un système de notation de 0 à 20 basé sur les moyennes ("plus l'échelle des notes est étendue, plus ces méthodes sont biaisées en faveur du centre"). De quoi prendre conscience, en tout cas, de l'influence du mode de scrutin sur les élections, contredisant le mythe de l'expression d'une volonté générale bien plus compliquée en effet qu'on le prétend (sans parler de son incarnation dans l'élu).
On peut consulter l'étude complète en ligne.
Le système d'élection par "échelle de mentions" est évidemment le meilleur et le plus représentatif de l'opinion réelle des citoyens (je l'ai utilisé en entreprise et c'est vraiment efficace). Cependant généralisé à toute une population, il souffre de deux problèmes qui le rendent inopérant et aléatoire :
- il implique et suppose que les électeurs se prononcent sur tous les candidats, sous peine d'introduire des biais qui fausseraient grandement le résultat final (en fait, il donne une forte "prime" à ceux qui se prononcent),
- il est d'un maniement complexe et pour les électeurs, et pour ceux qui auraient à en dépouiller les résultats... et j'imagine sans peine tous les problèmes et débats sans fin qu'il susciterait.
Par ailleurs, comme vous le soulignez, il doit être aménagé pour pouvoir en déduire une majorité qui puisse gouverner.
Il y a un moyen plus simple pour réintroduire de la proportionnelle tout en gardant une majorité qui puisse gouverner ; c'est un système de "simple" double vote et à deux tours : un premier vote "pour" et un deuxième "par défaut", dont les modalités sont exposées dans cet article : "Les institutions".
On peut toujours rêver... car visiblement, parmi nos candidats assez peu (à l'exception de Mélenchon, dont je ne partage pas le programme), pensent que la rénovation de notre démocratie est une sujet fondamental.
Bien cordialement.
Merci de vos critiques pertinentes mais comme je l'ai dit, c'est un procédé utilisable plutôt au niveau local, ou comme vous dites au niveau d'une entreprise ou d'une association. Il faudrait sans doute rajouter une case "ne se prononce pas", en trouvant quel est le meilleur traitement à en faire. Sinon, il est juste un peu difficile de comprendre le mode de calcul mais pas de comprendre qu'on doit mettre une croix dans une des cases. Le traitement étant informatisé désormais il ne pose pas de problème non plus, surtout si c'est juste une présélection pour un deuxième tour plus classique.
La question n'est pas ici d'introduire de la proportionnelle mais de choisir un élu qui ne peut pas être divisé en petits morceaux.
Ceci dit, je n'attache pas beaucoup d'importance pour ma part à ces modes de scrutin, tout simplement parce que je pense que les politiques n'ont plus tant de pouvoir au niveau national, sinon de faire des bêtises, il est trompeur de se croire encore au XXème siècle. Je ne suis pas pour une démocratie majoritaire pouvant imposer sa loi comme n'importe quel fascisme plébiscitaire mais pour une démocratie cognitive qui est une démocratie des minorités, une écologie des différences. Ce n'est pas cependant d'un système idéal qu'on pourrait attendre la solution à nos problèmes, les forces même qui s'y opposent continueront à jouer, ce sont elles qu'il faut comprendre, c'est-à-dire l'histoire, pas des abstractions désincarnées. Il n'y a aucune chance bien sûr qu'on adopte ce genre de vote pour des élections présidentielles.
Ce qui me semble le plus intéressant dans ce système de notation, c'est son aspect cognitif, le point de vue qu'il donne sur les préférences générales, pouvant être utilisé dans des concours par exemple ou tout autre contexte, et la façon dont il relativise par là même le scrutin majoritaire (et le score des candidats dont il est intéressant aussi de mesurer le potentiel ou le rejet).
Bien évidemment, pour n'importe quel citoyen qui maîtrise les fractions, ce système est une évidence... malheureusement, je crains que sur la population totale ce soit une minorité. J'aurais dû dire complexe (et donc appréhendé et traité comme tel), par la majorité des personnes.
Dans certains groupes "avancés", en fonction des décisions à prendre, j'ai même introduit dans ce système des pondérations (préalablement validées à l'unanimité) par rapport aux choix possibles.. et malgré une surcouche de complexité, ça fonctionne toujours très bien... et en plus, on a directement à la lecture des résultats bien plus qu'une décision, on a également le "pourquoi" de la décision.
Je ne partage que partiellement votre vision de l'impuissance des politiques (elle est vraie, si on se plie à une réalpolitik mal comprise, mais fausse si on pense qu'on peut utiliser le système contre lui-même)... et je pense qu'il y a des solutions, sinon je n'en aurais pas fait le seul sujet de mon blog...
Par ailleurs, il faut bien commencer par quelque chose... et la refonte de notre système démocratique (aussi imparfait soit-il, il sera toujours mieux que l'actuel) m'a toujours semblé une base indispensable, pour reconstruire et re-rendre le changement possible, à tous les niveaux...
La proportionnelle (telle que je la propose) a justement ce mérite, de sortir du bi-partisme et du fascisme plébiscitaire que je dénonce avec vous.
On voit bien que vous y croyez mais la démocratie Suisse ne me semble pas si critiquable sans que cela donne des résultats transcendants. Moi je suis bêtement marxiste sur un point, je crois plus au changement de l'infrastructure économique, à la construction d'un système de production alternatif qui change les représentations, combinant distribution, production, échanges (revenu garanti, coopératives municipales, monnaies locales) mais cela paraitra encore plus utopique !.
Aucune "croyance" chez moi, je suis un athée congénital (en vieillissant peut-être un peu plus agnostique qu'athée d'ailleurs) et en plus ma formation scientifique fait qu'il n'y a toujours que les résultats qui m'intéressent. J'ai largement eu le temps d'expérimenter dans les micro-sociétés que sont les entreprises et les associations, ce qui fonctionne, ou pas... Je sais en conséquence que les structures et les lois induisent et surdéterminent ce qu'on peut attendre, ou pas, des hommes...
Oui utopique... mais, pourquoi pas... Vous savez, si seulement 20 % des Français, qui se disent de gauche, voulaient bien mettre en cohérence leurs idéaux avec leurs actes, cela ferait longtemps, très longtemps que plus aucune logique extérieure ne pourrait s'imposer à nous et que nous n'aurions même plus besoin des politiques pour nous dire quoi faire. Et puisque ce n'est pas le cas, c'est qu'il y a des choses bien plus agissantes qui se passent dans et chez les humains que leurs "discours". Ne pas vouloir le voir, le savoir, le comprendre, oui, c'est cela qui condamne la "vraie" gauche à rester éternellement dans l'utopie...
P.-S. : Les Suisses ont la démocratie qu'ils méritent, je connais des copropriétés de vieux riches qui ont la même... les seules choses sur lesquelles, ils sont toujours tous d'accord, c'est pour augmenter la hauteur des murs qu'ils doivent mettre entre eux et tous les autres...
Une meilleure écoute avec le vote par système de mentions.
Il y a quand même de très grosses différences entre les pays du point de vue de la confiance envers les élites, les institutions, les concitoyens, le marché...comme le soulignait l'étude du CEPREMAP "La société de défiance"
De mon point de vue, c'est qu'il y a des tensions plus ou moins forte entre l'imaginaire collectif et la réalité.
Comment expliquer le formidable succès du film "Intouchables" sinon par une résonance avec cet imaginaire?
Comme Toto, je crois qu'il y a quand même des marges de manœuvre politiques pour réduire cette tension entre cet imaginaire et la réalité en prenant mieux en compte les réalités actuelles. Le système d'élection par échelle de mention va dans le sens d'une meilleure écoute politique.
Je suis d'accord sur le fait qu'il y a des marges de manoeuvre et que des procédures sont meilleures que d'autres, plus adaptées aux évolutions actuelles ou plus archaïques mais je ne crois pas qu'il y en ait de parfaites ni que ce soit toujours les mêmes les plus pertinentes.
On ne peut supposer en effet une "information parfaite" ni une vérité donnée dans son évidence, ni des élections isolées d'influences extérieures, l'essentiel reste donc surdéterminé par des facteurs sociologiques, les modes et le stade cognitif du moment (paradigme), tout comme des facteurs historiques (tradition locale, séquence d'événements, cycles). Ainsi je ne crois pas qu'on puisse se passer d'expérimenter l'erreur, la pente facile, avant de se résigner à s'adapter aux temps nouveaux et bousculer des intérêts bien établis. Ce n'est pas une question de procédure mais de processus où les ruptures sont inévitables tout autant que les krachs après une bulle spéculative.
Tout cela joue beaucoup moins ou pas du tout au niveau d'un petit groupe où ces innovations peuvent indubitablement apporter un progrès mais plus la population concernée est importante et plus ce sont des phénomènes statistiques qui jouent. On sous-estime beaucoup ce que notre esprit n'a pas d'individuel (y compris moi bien sûr, ayant traversé des époques aux certitudes bien différentes, personne ne peut passer par dessus son temps).
Avant cette étude du CEPREMAP, du fait de mes diverses pérégrinations, j'avais constaté le différentiel entre la France et d'autres pays, particulièrement dans l'univers du travail au sein des entreprises.
A l'époque, je me disais que peut être mes expériences n'étaient pas représentatives, mais dues à pas de bol.
Cette étude me montre que non et met l'accent sur le problème du syndicalisme français en contraste avec le syndicalisme d'autres pays.
Bonjour,
J'ai retrouvé une vidéo démonstration sur la partialité du mode électoral: une élection, différents modes, différents vainqueurs... http://www.youtube.com/watch?v=B2Jv...
Ça peut vous intéresser!
Oui, c'est très amusant cette démonstration que n'importe lequel des candidats peut être élu selon le mode d'élection choisi mais c'est quand même un peu tiré par les cheveux, certains systèmes sont impraticables comme les chaises musicales où l'on élimine à chaque tour le moins bien placé.
En fait, un des défauts de ces approches procédurales, y compris du "jugement majoritaire", c'est de penser que les jugements sont figés alors qu'on voit qu'il y a des dynamiques où l'on va grossir les rangs de celui qui progresse ou se mobiliser contre celui qui monte (nos votes sont des votes stratégiques plus que des votes d'adhésion ou d'opinion, c'est ce qui fait du votant un acteur à part entière).
Encore plus intéressant selon moi de savoir ce qu'est le vote et quel est sa fonction .Par exemple concernant les présidentielles je m'apperçois à la lecture de la constitution qu'il y a problème à ce niveau là avec un décalage abyssal entre ce que la loi constitutionelle dit et les pratiques en cours .
Je m'amuse parfois à réfléchir sur le clavier et faire des brouillons d'élucubrations ; je vous soumets pour vos réactions celui ci :
Les élections Présidentielles
"Si les élections servaient à quelque chose il y a longtemps qu’elles seraient interdites". Coluche
Je vous propose un petit exercice de réflexion sur nos élections présidentielles, histoire d’échanger pour une fois, non sur les candidats et leurs programmes mais les élections elles mêmes.
Pour ce faire la lecture de « la loi des lois »: notre constitution, est éclairant et nous fait très vite nous rendre compte que ni le président de la République, ni les partis politiques , ni les représentants , ni le processus électoral , ne sont à leur place respectant les missions et prérogatives que leur donne la constitution ; tout marche de travers , à l’envers de ce qu’il faudrait .
Que dit la constitution ?
Que, c’est le cœur de la constitution, nous sommes en démocratie et donc c’est le peuple qui détient la souveraineté. (Articles 2 et 3)
Que cette souveraineté est fragile, en permanence menacée ; c’est une mise en garde forte : aucun individu, aucune section du peuple ne doivent s’approprier le pouvoir ! (Article 3)
Que les partis politiques doivent eux aussi respecter cette souveraineté du peuple et rester dans un rôle d’animation de la démocratie : « ils concourent à l'expression du suffrage » ; ils n’ont pas vocation à prendre le pouvoir et diriger le pays. (Article 4)
Que le président lui-même ne gouverne pas - cette tâche est celle du gouvernement (Article 20) - son rôle est de veiller à ce que la constitution s’applique, c'est-à-dire que la souveraineté soit exercée par le peuple et personne d’autre. (Article 5)
Que si ce sont bien les représentants qui permettent au peuple d’exercer sa souveraineté, mais que cette souveraineté s’exerce aussi par le référendum. « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » Ce qui signifie que le peuple doit pouvoir aussi s’exprimer directement. (Article 3)
Que « Le Parlement vote la loi, contrôle l'action du Gouvernement, évalue les politiques publiques. » (Article 24)
Enfin concernant l’organisation du processus électoral que c’est une loi organique qui doit organiser un suffrage universel direct. (Article 6)
Que se passe t-il dans les faits?
Les candidats sont issus de partis politiques et se présentent sur la base d’un programme de gouvernement pour gouverner
Les partis qui sont en lien avec le président qui a été élu, sont, de ce fait au pouvoir et gouvernent aussi avec lui
Le parlement en grande partie subit puisque se trouvant face à un bloc majoritaire qui comprend l’exécutif, le président, des ministres et des députés du parti politique majoritaire
Il n’y a pas de référendums (ou tout à fait exceptionnellement) le peuple ne s’exprime donc quasi ment jamais directement
Il y a une présélection des candidats (parrainage) et donc rupture du caractère direct du suffrage.
On ne peut pas dire que la Constitution est imparfaitement appliquée : elle est intégralement violée, esprit et texte :
La constitution pour sauvegarder la souveraineté populaire prévoit un dispositif où les partis politiques n’ont pas vocation à gouverner mais à aider les citoyens à s’exprimer, où le président, lui non plus n’a pas vocation à gouverner, mais doit veiller à ce que les citoyens exercent leur souveraineté par leurs représentants et par des référendums et que les partis respectent leur mission et ne s’emparent pas du pouvoir.
Elle prévoit une élection au suffrage universel direct et il y a un dispositif supprimant en amont le caractère direct !
L’immense paradoxe de la chose c’est que cette constitution est souvent critiquée mais non pour ce qu’elle propose mais pour ce qui se passe en son nom contre elle, à savoir une captation du pouvoir par les partis politiques et leurs soutiens et une forte personnalisation du pouvoir.
Comment expliquer ce fait incroyable d’une constitution non appliquée avec la bénédiction de tous ?
Il ne peut y avoir d’autre explication que celle de dire que jusqu’à aujourd’hui, cette situation a arrangé tout le monde :
Les partis politiques en premier lieu, leurs soutiens idéologiques et financiers et la population elle-même.
En effet ce mode de fonctionnement de deux partis politiques puissants qui se relaient au pouvoir favorise un immobilisme gestionnaire chronique ; l’absence d’organisation de référendums permet de ne pas s’interroger sur les grands enjeux de fond , ce qui maintien cette gestion systémique technique qui bénéficie en fait à une classe dirigeante et est un choix politique non dit d’un système économique et politique libéral ; les citoyens sont maintenus en position de consommateurs dans une démocratie du caddy : on choisit des partis, des programmes, des leaders ,comme sa lessive ou son chocolat, ce qui est une forte réduction de la citoyenneté mais permet la pêche à la ligne. En effet c’est un principe général et naturel, les populations préfèrent la tranquillité d’esprit, le confort, la jouissance des biens matériels à la démocratie. C’est qu’on voit très bien avec la Chine et la Russie où les populations acceptent des régimes non démocratiques qui leur permettent temporairement une stabilité et un meilleur niveau de vie.
Ce type de régime, je reviens au nôtre, est une fausse démocratie, un théâtre, une mise en scène, une manipulation.
Il est le pacte social inconscient et donc très puissant d’une société riche et qui pense le rester. (Chinois , Russes et Français même combat !)
Il se maintient tant que la richesse satisfait l’élite et une large classe moyenne (qui peut faire du ski). C’est le confort et la richesse qui fondent ce pacte social.
Il va se lézarder parce que nous rentrons en pauvreté. Cette entrée en pauvreté coïncide avec d’immenses inégalités qui ne l’expliquent qu’en partie parce que la dette est aussi écologique : nous rentrons dans un monde de ressources rares.
Que faire ?
Les deux grands partis et leurs satellites vont chercher à maintenir ce système économique et politique le plus longtemps possible en faisant des ajustements ; Ils nous mènent en douceur à la catastrophe.
« Les extrêmes » (FDG ) ont des diagnostics parfois plus pertinents mais restent dans le cadre établi en concourant aussi pour « le pouvoir » ; ils n’ont ainsi aucune chance d’y accéder sauf par des alliances qui trahissent leurs idées ou dans l’attente que l’élection coïncide avec une situation révolutionnaire. Mais dans ce cas ce n’est pas l’élection mais la révolution qui les portera au pouvoir, même si c’est par les urnes.
Il ne faut pas attendre cette situation prérévolutionnaire parce que c’est attendre les effets d’une immense dégradation et c’est prendre tous les risques : le « plus jamais ça », risque de revenir en force.
La solution ne peut être que démocratique et écologique :
Le peuple doit pouvoir réfléchir aux enjeux de société et planifier la société écologique.
Pour ce faire la constitution existante telle qu’elle est écrite, et pas comme on l’applique, peut servir de point de départ en précisant certains éléments.
Le Président (qui redevient quelqu’un qui veille à ce que la souveraineté populaire s’exerce) peut lancer une réflexion nationale de fond sur les grands thèmes, et, quand cela sera possible et souhaitable, après un véritable approfondissement des thèmes, faire s’exprimer le peuple par référendum.
Cette réflexion de fond sur l’organisation durable de la société et les décisions qui émergeront en référendum seront la feuille de route du long terme que le gouvernement devra s’appliquer à mettre en œuvre.
Les thèmes étudiés seront des enjeux cruciaux pour l’avenir du pays ; exemple : Europe et Nation , quelle coordination, quel projet, quelle organisation ? Energie, économie, richesse …. Qu’est ce que la richesse ? Comment organiser la société et aménager le territoire ? La très grande ville : une solution ou un piège ? etc etc
Il s’agit donc
- De dénoncer le caractère illégal et anticonstitutionnel de l’élection présidentielle
- De convaincre un nombre suffisant d’électeurs de déposer une réclamation *
- De revendiquer que le futur président respecte la constitution et organise sur les cinq ans de son mandat un grand processus participatif national de réflexion sur les enjeux repérés comme engageant l’avenir du pays
- D’organiser sur les points de réflexion ayant fait émerger des choix décisionnels possibles des référendums.
Mes propositions, qu’il faut approfondir, expérimenter, formaliser … ont l’intérêt de ne pas mettre à mal le fonctionnement ordinaire de la nation, mais d’introduire au cœur de la République un espace citoyen d’intelligence collective fondé sur la pensée globale et le long terme.
C’est seulement dans une démarche de projet face aux enjeux qui viennent que peut se construire l’unité nationale.
Etant bien entendu que le local et le mondial s’entrecroisent et que la nation est ici échelon indispensable et non un nationalisme.
Non, c'est au contraire la preuve que les constitutions ne servent à rien, ou plutôt qu'elles ne servent qu'à canaliser des processus effectifs et la confrontation des intérêts. Il ne sert à rien de faire de grandes déclarations en croyant qu'elles seront respectées. Il faut comprendre les forces en présence, ce qui fait l'histoire et qui n'est pas du baratin mais la force des armées, des machines ou du nombre qui s'imposeront d'une façon ou d'une autre à n'importe quelles lois qui voudrait les ignorer.
Ce qui fait qu'il n'y a plus de nations, c'est de ne plus faire la guerre. Pour maintenir leur spécificités, les tribus se font obligatoirement la guerre, lorsqu'elles ne le font plus, elle se fondent en une seule tribu. L'Europe, ce n'est pas autre chose que la décision de ne plus se faire la guerre mais cela enlève toute autonomie aux nations (comme aux Etats des Etats-Unis).
Toutes ces revendications procédurales ne servent à rien mais s'il faut attaquer la confiscation du pouvoir, c'est d'abord de remettre en cause l'autorité, remettre en cause sa légitimité et celle des hiérarchies, remettre en cause ce que masquent les procédures démocratiques pour combattre ces forces et ces intérêts et non feindre de les ignorer par des procédures prétendument aveugles et supposée équitables.
Expérimentation en ligne :
"Ce site a été réalisé par des scientifiques français et canadiens qui cherchent à comprendre l’effet des différents modes de scrutin sur la politique. La manière dont on compte les voix a-t-elle une influence sur qui est finalement choisi ? Ces systèmes sont-ils réellement différents ? Un système est-il meilleur qu’un autre ?"
http://voteaupluriel.org/les-object...
Et si vous laissiez une machine choisir votre candidat ? C'est farfelu mais, un peu comme les sites de rencontre, des applications proposent de répondre à des questions et d'en déduire le candidat dont on est le plus proche !
Sinon, le site NewsRing a fait un petit débat sur le sujet ("et si on notait les candidats") où j'ai été convié mais j'ai décliné bien sûr.