C'est quelque chose que savent bien les artisans comme les militaires, rien ne se passe jamais comme prévu, il faut corriger le tir sans cesse, redresser la barre, réparer les dégâts. C'est bien aussi ce qu'implique la dialectique et qu'au moment où l'on croit avoir tout gagné, on a tout perdu - ce que Clausewitz appelle "le point culminant" exposé à un retour de flamme fatal.
Il n'y a pas que les fous et les ignorants qui tombent dans le panneau. Un être aussi exceptionnel que Périclès qui avait tant fait pour le rayonnement d'Athènes causera sa perte en voulant imposer la rançon de sa force militaire à ses alliés de la ligue de Delos, suscitant une coalition autour de Sparte qui aura raison de l'ancien hégémon. Ce n'est qu'un exemple parmi des myriades qui ne vaut d'être rappelé qu'en vertu de l'excellence de celui qui a mené à ce désastre, illustrant qu'il n'y a pas de gouvernement des sages qui vaille et permettrait d'échapper à cette dialectique où l'assurance donnée par son bon droit et la réussite précédente va trop loin, teste les limites et finit par se mesurer à plus fort que soi.
La limite, en effet, n'est pas donnée d'avance et passerait pour un abandon avant de la transgresser pour les meilleures raisons du monde. Ainsi, et tout aussi justifiées que soient écologie et féminisme, leurs excès à devenir police du langage ont provoqué le retour de bâton qu'on connaît d'une réaction dite "anti-woke". Il faut en passer par la défaite et devant la tournure des événements, il y a bien de quoi désespérer mais nos ennemis non plus ne sont pas au bout de leurs déconvenues et d'un nouveau retournement.