Les conditions sociales de l’individu et de l’économie
Le paradoxe de Robinson, François Flahault, Mille et une nuits, 2005
Ce petit livre est absolument formidable dans sa façon de retourner les évidences sur lesquelles se fonde l'individualisme et dont il montre que les bases remontent au moins aux Grecs, à la République de Platon platement utilitaire et artificielle, assemblage d'individus existant en soi, comme en dehors de la société ! Hobbes partira des mêmes présupposés devant une guerre des religions qui défait le tissu social. De même Locke dans une Amérique immense et encore sauvage. La conception asiatique s'oppose depuis l'origine à cet individualisme occidental.
Tout ceci n'est pas très nouveau, qu'on songe à Lucien Goldmann pour qui "l'hypothèse du sujet individuel est une idéologie déformante, élaborée elle-même par un sujet collectif". La thèse d'une "économie des personnes" condition d'une économie des biens est finalement très proches de Polanyi (bizarrement non cité) mais ce qui est nouveau c'est l'assurance avec laquelle François Flahault affirme que nous vivons une "révolution des idées", de la conviction que l'individu précède la société au constat que la vie sociale est à la base du processus d'humanisation, elle précède l'émergence de l'individu.