L'avenir du travail, sous la direction de Jacques Attali, avec le concours de Pierre Cahuc, Fançois Chérèque, Jean-Claude Javillier, Phlippe Lemoine, Luc-François Salvador, Dominique Turcq, Philippe Vivien. Institut Manpower, Fayard, 2007.
En fait d'avenir du travail, il ne s'agit guère plus ici que de prolonger les tendances actuelles, en particulier celles du monde anglo-saxon pris comme modèle dominant, afin de dessiner à gros traits l'avenir auquel nous serions condamnés. C'est une présentation très partiale qui reprend la plupart des poncifs de la vulgate libérale, le plus incroyable étant qu'on n'y parle pas du tout d'écologie, encore moins de relocalisation de l'économie bien sûr, et qu'on fait comme si le système actuel était durable et ne devait connaître aucun bouleversement majeur à court terme : les riches vont continuer à devenir plus riches, les systèmes sociaux vont continuer à se dégrader, etc. Ce monde invivable qu'on nous promet, sauf dans certains pays scandinaves qui semblent habités par des martiens, est certes celui qui paraîtra le plus probable : on ne peut dépasser son temps (en 1942 Schumpeter était, lui, persuadé du triomphe du socialisme soviétique!).
De l'autre côté il y a ceux qui veulent revenir en arrière, au compromis salarial fordiste comme si rien n'avait changé depuis plus de 60 ans, imputant à l'avidité du patronat et à la faiblesse des luttes syndicales la dégradation du salariat. Ces syndicalistes font comme si on pouvait décider complètement de notre avenir, comme si ce n'était qu'une question de volonté et de combativité. Entre laisser faire et volontarisme, il faudrait plutôt prendre la mesure effectivement de la mutation technologique en cours, des transformations du travail, de la mondialisation achevée mais aussi des nouvelles contraintes écologiques, des déséquilibres générationnels, des dégâts du libéralisme et des aspirations des peuples pour essayer de déterminer ce qui serait possible et surtout souhaitable. Bien sûr l'avenir ne sera ni l'un ni l'autre mêlant le pire et le meilleur sans doute, mais nous ne sommes pas de simples spectateurs et nous sommes responsables collectivement de notre avenir.