Il est téméraire de parler des nouvelles théories physiques, il y en a bien trop dont on n'entendra plus jamais parler, et il faut bien dire que l’article du mois de janvier "Three-Dimensional Time: A Mathematical Framework for Fundamental Physics" semble un peu trop audacieux, postulant non seulement trois dimensions de temps, ce qui est déjà difficile à avaler, mais surtout que les trois dimensions de l'espace ainsi que les particules seraient produits par l'interaction de ces trois formes différenciées de temporalité physique. Ce n'est pas entièrement nouveau, car il y avait déjà des raisons de penser que le paramètre t représentant le temps devait avoir trois composantes : tx, ty, tz (vérifiant t² = tx² + ty² + tz²). Ici c'est différent mais n'en paraît pas moins surréaliste et difficile à imaginer. L'article est publié dans une revue scientifique mineure mais à comité de lecture (Reports in Advances of Physical Sciences). Il n'y a cependant encore aucune véritable critique de cette dernière tentative d'unification de la physique sur de toutes nouvelles bases. Le cadre mathématique a l'intérêt de préserver la causalité et il prétend prédire les propriétés des différentes générations de particules ainsi que d'en reproduire les masses. Tout cela est à vérifier.
Sans prétendre aucunement me prononcer sur sa validité, ce qui m'a intéressé, c'est que cette théorie rejoignait d'une certaine façon la tripartition sur laquelle j'insistais dans un texte de 2021 (Déterminisme quantique, entropie et liberté) entre physique quantique, classique et cosmologique ne relevant pas des mêmes lois et se distinguant surtout par leurs plages de temps bien distinctes. Même si je ne suis pas vraiment convaincu, son intérêt est d'identifier le réel au temps lui-même, comme Lee Smolin et à l'opposé de presque tous les autres qui en font une illusion donnée d'avance (en bloc d'espace-temps). Cette théorie a au moins un grand pouvoir de dépaysement qui renouvelle la question de la temporalité, son origine et son irréversibilité, me donnant l'occasion de questionner la place donnée à l'entropie, à l'improbable et à la flèche du temps.
Les trois temps : la dynamique de l'univers

Une discussion ces jours-ci sur mes critiques des conceptions de l'entropie de Leonard Susskind m'a fait replonger dans les textes que j'y avais consacrés depuis un certain temps, ce pourquoi je les ai regroupés.
Avoir des "conceptions personnelles" en sciences, cela veut dire presque toujours qu'on se trompe car on est alors dans le dogme, malgré la certitude d'en avoir une "idée claire et distincte". Ce qu'on croit être logique n'est pas assuré pour autant. Une science comme la physique est là-dessus implacable, détruisant les systèmes les plus convaincants et contredisant les déductions les plus évidentes. Du coup, certains s'en croient autorisés à donner crédit aux divagations les plus folles alors qu'il faudrait tout au contraire coller aux faits, sans trop chercher à les interpréter.
Quitte à contredire son titre, il faut dire que voilà encore une fois un livre fantastique sur la physique, et accessible à un assez large public, qui témoigne de l'ébullition théorique d'une physique certes de plus en plus spéculative mais aussi de plus en plus extraordinaire et pleine d'émerveillements. On y découvre de nouvelles orientations de la recherche assez excitantes et pleines de surprises. C'est une leçon d'anti-dogmatisme, d'ouverture d'esprit et de créativité débridée (Feyerabend). On est loin d'une fin de la physique ! Le mystère du monde reste intact, mieux, notre ignorance semble s'accroître à mesure que nous avançons, et ceci alors même que l'année 2008 devrait être décisive avec les nouvelles expériences du LHC, quand il sera enfin opérationnel.
Parmi les newsletters scientifiques,
Ils ont choisi, ce mois-ci, de mettre en valeur la "relativité d'échelle" défendue par
Les dernières nouvelles de l'histoire de la Terre, de l'évolution de la vie et du climat, semblent confirmer l'intuition de Georges Bataille d'une humanité vouée comme toute vie à la consumation et la dépense de l'énergie excédentaire. Ainsi, notre rôle actif dans l'effet de serre et le réchauffement climatique n'aurait rien de tellement exceptionnel ou de hasardeux, se situant dans le prolongement de tous les organismes multicellulaires dont la fonction serait liée à la lutte contre les glaciations et l'excès de production d'oxygène !
Sommes-nous seuls sur la Terre ou bien existe-t-il d'autres vies extra-terrestres ?
On m'a demandé une petite note sur les champs quantiques. Bien sûr je ne suis pas compétent pour cela mais il faut bien dire que ce qu'on trouve sur le sujet (sur
Qu'est-ce que le temps ? Qu'est-ce que l'espace ? Carlo Rovelli
La revue Pour la Science du mois de janvier est particulièrement intéressante en premier lieu sur la gravitation bien sûr mais Il y a aussi l'article sur la nouvelle génération de centrales nucléaires, celui sur Le stress de la pauvreté (relatif à la richesse des riches dont le stress augmente aussi avec les inégalités alors qu' une réduction de l'inégalité des revenus se traduit par une meilleure santé tant pour les pauvres que pour les riches !). Dans le même ordre d'idée Jean-Paul Delahaye montre que la ségrégation urbaine est un effet nuisible majeur que personne ne prévoit ni ne désire résultant de l'agrégation de microcomportements.
Le prix Nobel de physique 1998 Robert B. Laughlin dénonce dans son livre "Un univers différent" le bluff des nanotechnologies qui sont faites en aveugle, tout comme les OGM, bien loin d'en maîtriser les produits, encore moins les processus de fabrication, alors qu'à cette échelle les fluctuations quantiques posent des problèmes insurmontables. Les nanotechnologies seraient le dernier avatar d'un réductionnisme dont le physicien annonce la fin devant l'impossibilité de déduire les propriétés émergentes de la matière à partir de ses composants atomiques qui ne sont absolument pas réductibles à des particules solides qu'on pourrait assembler une à une. L'escroquerie serait du même ordre que celle de la fusion froide. Les seules véritables nanotechnologies relèvent jusqu'à ce jour de la chimie ou de la biochimie.