Forum Social de Bayonne, 29 avril, 9h
La nécessité d'une décroissance matérielle est reconnue par tous les écologistes ainsi que la critique des illusions d'un développement durable. Rappel salutaire des contraintes écologiques, cela ne suffit pas à faire de la décroissance un programme politique pour autant. D'abord, parce que la décroissance matérielle ne signifie pas automatiquement une décroissance économique. La croissance du PIB est un indicateur monétaire (en partie donc annulée par l'inflation) et la croissance des services ou de l'immatériel se distingue par définition d'une croissance matérielle ! Malgré les dévoiements d'un développement prétendu durable, on ne peut confondre développement complexifiant et croissance matérielle. Ce n'est pas l'essentiel pourtant car, outre cet aspect "réducteur", le slogan de la décroissance a surtout l'inconvénient de se présenter comme une simple réduction quantitative : la même chose en moins, où la seule chose qu'on puisse faire c'est de se serrer la ceinture en espérant que ce soit assez massif pour avoir un effet global significatif (étant donné le nombre de pauvres et de miséreux dans le monde on devrait faire vraiment très fort pour peser dans la balance!).
Il faudrait à l'évidence construire un système de production alternatif sur d'autres bases plutôt que s'imaginer pouvoir réduire la croissance d'un système productiviste qui s'emballe au contraire à un rythme de plus en plus insoutenable ! Il n'y a pas d'autre solution que l'altermondialisme, c'est-à-dire une alternative locale au capitalisme globalisé. Une économie écologisée n'est pas une économie plus économe encore (!), mais une économie réinsérée dans son environnement, relocalisée et recentrée sur le développement humain. Il ne s'agit pas tant de produire moins mais autrement, il ne s'agit pas de réduction mais d'alternative, pas seulement de décroissance matérielle quantitative mais de développement humain et de qualité de la vie.
Colloque
Le moment est crucial. Jamais la situation n'avait été aussi favorable aux luttes sociales. C'est l'occasion ou jamais pour les salariés de se joindre au mouvement pour défendre leurs revendications, il n'y a pas de doute là-dessus. Et pourtant, il semble que les syndicats s'effraient de leur pouvoir et reculent devant l'appel à la grève générale. Il semble surtout que les salariés ne soient pas favorables encore au renversement du régime, rencontrant la limite du mouvement actuel, son absence de projet qui peut causer sa perte. L'abolition du CPE ne mérite pas une révolution à lui tout seul ! Si on fait une révolution, certes bien nécessaire, cela ne peut être pour revenir simplement au passé et un CDI de plus en plus théorique. Chacun sent bien confusément que c'est une chimère sous cette forme.
Il est comique de voir le gouvernement s'accrocher au CPE et tenter de le justifier ou de l'adoucir sans comprendre qu'il s'agit de bien autre chose désormais. Ce n'est pas seulement contre une mesure discriminatoire et imposée sans concertation que s'élève la jeunesse mais plus encore contre l'officialisation de la précarisation de l'emploi et la destruction des protections sociales dont le CPE ne représente qu'une étape supplémentaire.
Au-delà du CPE, l'enjeu du mouvement actuel est bien la résistance à la précarisation de nos vies et la refondation des solidarités sociales mais tout autant la contestation d'une démocratie procédurale qui se résume à la formule : vote et tais-toi !
Il serait bien étonnant que le gouvernement ne mette pas un terme à la mobilisation étudiante en retirant le CPE. Même dans ce cas, l'essentiel semble pourtant déja acquis : le retour des mobilisations sociales et la reconstitution de nos solidarités devant ce qui a été perçu comme une déclaration ouverte de précarité par toute la société, au-delà de ses jeunes. Fini le temps des défaites, la honte a changé de camp, les revendications sociales ont retrouvé toute leur légitimité. Un nouveau cycle de luttes est enclenché et il y a longtemps que les circonstances n'avaient été aussi favorables.
Elisabeth Roudinesco, Philosophes dans la tourmente, Fayard, 2005
Tout n'est pas toujours pareil et tous ceux qui se persuadent, libéraux en tête, que rien ne peut jamais leur arriver vont devoir se réveiller de leur sommeil dogmatique car nous vivons sans doute la fin d'un monde, celui du XXème siècle au moins et de la globalisation libérale, la fin du monde "moderne", et Gramsci le disait bien, c'est au moment où l'ancien se meurt et le nouveau ne parvient pas à voir le jour que surgissent des monstres.


Où l'on reparle de
La revue Pour la Science du mois de janvier est particulièrement intéressante en premier lieu sur la gravitation bien sûr mais Il y a aussi l'article sur la nouvelle génération de centrales nucléaires, celui sur Le stress de la pauvreté (relatif à la richesse des riches dont le stress augmente aussi avec les inégalités alors qu' une réduction de l'inégalité des revenus se traduit par une meilleure santé tant pour les pauvres que pour les riches !). Dans le même ordre d'idée Jean-Paul Delahaye montre que la ségrégation urbaine est un effet nuisible majeur que personne ne prévoit ni ne désire résultant de l'agrégation de microcomportements.
Chavez et la révolution bolivarienne, Le Temps des cerises, 2005
Le paradoxe de Robinson, François Flahault, Mille et une nuits, 2005