Le capitalisme ne s'est pas effondré, la finance est repartie au quart de tour mais le chômage n'a pas fini de monter et le système restera en panne longtemps encore, tant que les pays les plus peuplés ne tireront pas une croissance mondiale qui ne peut plus reposer sur le crédit américain. En attendant, les effets en chaîne de la faillite du modèle de financiarisation néolibérale continueront à se faire sentir de façon implacable dans les années qui viennent. Une des leçons de la crise (en 1929 déjà), sous l'apparence d'une transmission instantanée à la Terre entière, c'est l'inertie considérable de l'économie mondiale (fonction de la taille), inertie renforcée cette fois par les mesures gouvernementales relativement appropriées ainsi que par les protections sociales qui ne font sans doute que retarder la destruction des emplois et la restructuration de la production sur un modèle plus soutenable. A court terme, une rechute rapide semble inévitable, au moins du dollar, provoquant une récession probablement pire que la précédente, sans signifier pour autant un effondrement total du système en tant que tel, habitué de ces épisodes dramatiques et dont il finit par sortir au bout d'un temps plus ou moins long, au prix de guerres souvent, de profondes restructurations toujours. En tout cas, malgré les signes contradictoires de reprise et de détresse sociale, ni le grand soir, ni le retour de la croissance ne sont pour demain, on pourrait en avoir pour 10 ans ou plus, c'est dans ce contexte qu'il faut penser notre présent et préparer la sortie de crise, même si des accélérations de l'histoire sont toujours possibles.
Si le schéma de la crise est assez classique, on peut la caractériser comme la première véritable crise planétaire et, à coup sûr, la première de l'ère du numérique. Une nouvelle guerre mondiale n'a certes rien d'impossible dans cette ambiance de réarmement général et il faut souhaiter un peu plus de protectionnisme raisonné mais on ne retournera pas à des économies fermées ni à l'affrontement de systèmes car, s'il y a bien un acquis sur lequel on ne reviendra pas, selon toute vraisemblance, c'est sur la mondialisation des réseaux, des images et donc des marchandises. Si "un autre monde est possible" malgré tout, c'est dans ce contexte d'unification planétaire, au moins des communications, même si le processus est, certes, loin d'être achevé.
S'il n'y a plus qu'un seul monde, cela voudrait-il dire qu'il n'y aurait plus qu'un seul système comme on peut le craindre légitimement devant la contamination de toutes les activités par la logique marchande et l'extension infinie des marchés ? Non, bien sûr, ce serait nier l'existence d'une économie familiale et d'une économie publique, au moins. Le néolibéralisme a bien tenté de nier cette pluralité au nom d'un totalitarisme du marché mais son échec et son inhumanité sont désormais patents. Il y a donc bien possibilité d'une pluralité de systèmes, simplement ils ne vont plus se différencier en blocs territoriaux, ni selon les pays comme on changeait de religion en changeant de prince, mais seront obligés de cohabiter sur le même territoire. Il s'agit de voir comment.

C'est un livre original et important que nous offre, directement en poche, Frédéric Worms, spécialiste de Bergson et de la philosophie du vivant. Autant le dire tout de suite, cette histoire n'est pas du tout mon histoire, ignorant tout un pan de la philosophie française contemporaine mais son découpage en moments philosophiques n'est pas sans intérêt même s'il est bien sûr contestable et partial, privilégiant ses propres thèmes. En révélant l'autonomie relative du champ philosophique et son caractère autoréférentiel (ou relationnel), il fournit de nouveaux éclairages sur quelques philosophes et donne cohérence à la trajectoire d'une French theory qui ne peut malgré tout être déconnectée qu'artificiellement de la philosophie allemande en particulier. Le plus fascinant pourtant, c'est de retrouver, malgré la volonté expresse d'y échapper, une histoire strictement hégélienne de la philosophie après Hegel, avec les thèmes qui se répondent et se déplacent d'une période à l'autre : l'histoire, le processus, la dialectique, le négatif, la mort, le concept, etc.
C'est un fait, le pouvoir médical est exorbitant de pouvoir décider de la vie et de la mort. On est certes un peu ébahi de voir des Américains traiter Obama de nazi sous prétexte que des commissions devraient décider de rembourser ou non tel ou tel traitement. On ne voit pas bien en quoi la sélection par l'argent qui prévaut sinon serait en quoi que ce soit préférable mais la mauvaise foi des Républicains, véritables Talibans de l'intérieur, agit malgré tout comme révélatrice d'un problème amené à prendre de plus en plus d'importance dans une société médicalisée et vieillissante : non pas celui de l'Etat nazi mais bien de l'euthanasie ! celui du pouvoir de vie et de mort qui est devenu l'apanage des médecins et du système de soins constituant un des fondements principaux de nos sociétés, y compris de la misère des pays surpeuplés, sans être suffisamment interrogé jusqu'ici dans ses contradictions et ses impasses.
Ce qui caractérise vraiment notre présent et qu'il faudrait retenir de ces moments de crise, c'est la confusion des esprits, à quel point des discours contradictoires s'affrontent sans qu'on puisse être certain de quel côté va pencher la balance. Pour les uns, la crise est déjà finie et c'est reparti pour un tour, pour d'autres c'est la fin de tout. Les économistes, qui n'en finissent pas de retourner leur veste, avouent y perdre leur latin quand ils ne font pas que répéter machinalement leurs certitudes dogmatiques comme pour s'en persuader eux-mêmes.

C'est entendu, malgré les analogies, la crise actuelle ne présente pas le caractère catastrophique de celle de 1929, principalement à cause de nombreux amortisseurs sociaux et politiques sans compter l'ébauche d'un gouvernement mondial qui renforce considérablement le système, redoublant la fonction de garant en dernier ressort des Etats. On est loin, pour l'instant du moins, d'un effondrement du système, encore plus de la fin du capitalisme tant espérée ! Ce n'est pas pour autant qu'on serait sorti d'affaire et qu'il n'y aura pas des bouleversements plus ou moins dramatiques, la véritable crise, qui est celle du dollar, 

La relocalisation économique et politique se trouve au coeur de l'écologie-politique et ceci, non pas tant pour économiser de l'énergie, comme le croient ceux qui réduisent la question écologique à celle de 
Une étude sur la musaraigne vient confirmer le potentiel controversé de la mélatonine pour retarder le vieillissement et les maladies dégénératives, s'ajoutant à une liste déjà impressionnante de propriétés thérapeutiques (antioxydant, régulation du sommeil, dépression, diabète type 2, cancer...).
Au lieu de supprimer la rareté, une surabondance d'informations ou de biens ne fait que mettre en évidence à quel point c'est le temps qui nous manque toujours, constituant notre bien le plus précieux et le plus rare.
Ce n'est pas la crise économique et financière, aussi grave soit-elle, qui pourra provoquer la fin du capitalisme qui en a connu bien d'autres. Mais si la sortie du capitalisme a déjà commencé, c'est pour de toutes autres raisons, plus profondes et plus durables, liées à notre entrée dans l'ère du numérique et du travail immatériel. Ce sont ces nouvelles forces productives qui remettent en cause les bases même du capitalisme industriel : aussi bien la rémunération du travail que la valeur d'échange ou la gratuité numérique.
On ne parlera pas ici de la bulle financière mais bien de la formation d'une bulle spéculative dans l'idéologie, d'un idéalisme arrogant qui s'affiche d'un bout à l'autre du spectre politique, véritable symptôme de l'époque. On peut dire en effet que ce ne sont pas seulement les bourses qui ont été contaminées par la fièvre spéculative, mais bien toute la pensée, l'idéalisme s'exaspérant dans la dernière période à la mesure de notre impuissance, au point de toucher jusqu'aux derniers représentants du marxisme.
Le système financier ne s'est pas écroulé, les bourses remontent, la spéculation reprend, la révolution n'a pas eu lieu. On commence à parler, timidement, de sortie de crise. Les financiers couverts d'opprobres relèvent la tête : ce n'était pas si grave, le système est increvable, on peut décidément tout se permettre...