J'avais trouvé intéressant le buzz autour de la proposition d'Eric Cantona de retirer son argent des banques, non que j'aie jamais cru à un véritable bankrun, ni même que ce serait souhaitable, mais parce que le succès médiatique rencontré manifestait une salutaire défiance envers les banques et que cela pouvait être une façon d'exprimer notre protestation citoyenne comme de répondre aux réactions déplacées de nos élites.
L'échec total de l'opération montre cependant toute la distance qu'il peut y avoir entre une mobilisation virtuelle et les mobilisations réelles. Plus important encore, la difficulté éprouvée à la mise en pratique de ce qui semblait si évident et si simple, en parole du moins, aura eu pour effet bien plutôt de faire sentir à chacun à quel point il était dépendant du système, ne pouvant sérieusement souhaiter son effondrement...
On pourrait en tirer la conclusion que toute révolution est devenue impossible, alors même qu'on est dans une période on ne peut plus révolutionnaire où l'intervention des peuples est devenue absolument nécessaire mais il ne faudrait pas se tromper de révolution ni se monter la tête. Cette intervention ne peut prendre d'autre forme qu'une grève générale et ne peut prétendre abattre un système devenu vital, seulement renverser le rapport de force entre le travail et la finance pour changer les règles du jeu, mettre un terme à la destruction des protections sociales, conquérir de nouveaux droits (revenu garanti pour tous) et commencer peut-être à construire un autre système de production.