Révolution virtuelle et révolution réelle

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J'avais trouvé intéressant le buzz autour de la proposition d'Eric Cantona de retirer son argent des banques, non que j'aie jamais cru à un véritable bankrun, ni même que ce serait souhaitable, mais parce que le succès médiatique rencontré manifestait une salutaire défiance envers les banques et que cela pouvait être une façon d'exprimer notre protestation citoyenne comme de répondre aux réactions déplacées de nos élites.

L'échec total de l'opération montre cependant toute la distance qu'il peut y avoir entre une mobilisation virtuelle et les mobilisations réelles. Plus important encore, la difficulté éprouvée à la mise en pratique de ce qui semblait si évident et si simple, en parole du moins, aura eu pour effet bien plutôt de faire sentir à chacun à quel point il était dépendant du système, ne pouvant sérieusement souhaiter son effondrement...

On pourrait en tirer la conclusion que toute révolution est devenue impossible, alors même qu'on est dans une période on ne peut plus révolutionnaire où l'intervention des peuples est devenue absolument nécessaire mais il ne faudrait pas se tromper de révolution ni se monter la tête. Cette intervention ne peut prendre d'autre forme qu'une grève générale et ne peut prétendre abattre un système devenu vital, seulement renverser le rapport de force entre le travail et la finance pour changer les règles du jeu, mettre un terme à la destruction des protections sociales, conquérir de nouveaux droits (revenu garanti pour tous) et commencer peut-être à construire un autre système de production.

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Ce n’est qu’un début…

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Le mouvement actuel semble dans une impasse. On ne voit pas quels pourraient être ses débouchés, comment on pourrait obtenir le retrait de la réforme une fois celle-ci votée (sauf à passer par une véritable grève générale). On n'est pas dans la même situation qu'avec le CPE, la question des retraites et donc de notre avenir ne peut être mise sous le tapis, mais c'est peut-être justement la chance que la mobilisation dure et se radicalise, même s'il va très certainement y avoir un reflux très important en terme de nombre. De quoi donner le temps de s'organiser et de gagner en consistance, d'élaborer des propositions alternatives majoritaires puisqu'à partir des retraites, c'est bien le travail tout au long de la vie qui est en cause ainsi que les 30 prochaines années sur lesquelles il faut se projeter alors que tout a changé autour de nous.

De son côté, le pouvoir, on ne peut plus discrédité, s'est mis lui-même dans une impasse à refuser d'écouter les syndicats pourtant unanimes, car on ne voit pas non plus comment la protestation cesserait désormais dans un contexte si objectivement révolutionnaire. On peut dire que toutes les conditions sont remplies avec cette crise profonde qui remet en cause l'ordre précédent dans ses fondements même, faisant apparaître son injustice criante et son insoutenabilité effective. Jusqu'ici, la réalité était en avance sur une subjectivité révolutionnaire complétement absente, donnant un aspect irréel encore aux dernières manifestations avec un côté marche forcée auquel on avait du mal à adhérer car, cette fois, ce n'est pas la subjectivité qui nous met en marche mais, qui petit à petit, rejoint ce que la rupture historique que nous vivons peut avoir de réellement révolutionnaire.

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La globalisation aggrave les risques systémiques

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C'est presque une tautologie de dire que la globalisation aggrave les risques systémiques, de même qu'elle aggrave les risques de pandémie, mais l'application de la théorie de l'évolution à l'économie permet plus précisément de prédire que la mondialisation devrait accroître le risque de récession et de récupération lente, un phénomène qui serait corroboré par des données réelles.

C'est pourtant le contraire de ce qu'on prétendait à nous vendre une "mondialisation heureuse" qui n'était qu'un emballement insoutenable même si elle a permis le décollage de la Chine ou du Brésil, entre autres. Notre seule chance de sortie réside d'ailleurs dans le découplage relatif de ces pays et des vieilles économies endettées mais les interdépendances sont probablement trop fortes. De quoi nous condamner sans doute à une crise plus longue, en rapport avec les masses en jeu, mais c'est surtout l'occasion de revenir à plus de modularité ainsi qu'à la pluralité des systèmes, sur le modèle du vivant, ce qui a toujours constitué le fondement explicitement anti-totalitaire de l'écologie-politique.

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Les affaires continuent…

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Il y a des signes d'une rechute imminente, notamment aux Etats-Unis, et il n'y a rien de bon à en attendre. Alors que ceux qui prennent leurs désirs pour la réalité voulaient se persuader, étant donné son ampleur, que cette crise systémique serait la dernière du capitalisme, force est de constater que les affaires continuent, aussi bien les scandales politico-financiers que les spéculations financières. Si la situation s'aggrave, on peut dire que c'est sur tous les plans !

On n'est pas à la fin de l'histoire, on n'a rien vu encore, mais l'ambiance nauséabonde, très années trente, est un sombre présage. Si l'histoire ne se répète pas, ce sont bien les mêmes processus qui sont à l'oeuvre. Le fascisme et la xénophobie sont de nouveau à la mode, ce qui paraissait impensable il y a si peu de temps, alors que le communisme ne s'est pas remis de son effondrement trop récent. On ne peut dire que la situation soit favorable aux "progressistes", ce serait plutôt le moment de rentrer dans une résistance minoritaire, qu'on peut espérer assez forte pour renverser le courant, pas de croire que le capitalisme va s'effondrer tout seul pour nous laisser entrer dans le monde merveilleux de la liberté, de l'égalité et de la fraternité républicaine.

C'est un combat qui n'est jamais gagné d'avance. Il semble même qu'on doit absolument passer par le pire avant de redresser la tête. Il n'y a pas de doute qu'on s'en sortira par une écologie-politique mais qui n'est pas de taille encore, trop perdue dans les brumes, entre pragmatisme, moralisme et utopies, pour réussir à rallier l'opinion et s'opposer au raidissement des situations conflictuelles. Ce n'est pas la gauche qui nous sauvera non plus, ayant perdu toute substance et crédibilité. La révolution il faudra bien la faire nous-mêmes pour changer la classe politique, les institutions et les rapports de production mais ce n'est pas pour tout de suite, ce n'est pas le temps du rêve, seulement celui de la résistance pour nous sortir de ce cauchemar.

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Complexification des modèles et simplification de la réalité

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Ce qu'on va examiner ici, c'est en quoi il faut passer par l'aggravation de la crise qui n'est pas contingente mais inévitable car elle opère une simplification de la réalité nécessaire à la décision politique, pour déboucher ensuite sur une complexification des modèles, un peu plus robustes mais qui ne pourront jamais prévoir l'imprévisible dans leur confrontation au réel (et qui peuvent même nous mener au pire à mesure qu'ils paraissent plus infaillibles). C'est la condition post-moderne de l'action dans un monde incertain et qui doit prendre en compte ses conséquences négatives.

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La transition énergétique

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On n'a rien vu encore. La crise économique s'aggrave en devenant crise politique mais ce n'est pas notre seul problème, ni peut-être le pire car la crise énergétique va rapidement revenir sur le devant de la scène. En effet, le pic de la production pétrolière pourrait bien être atteint en 2014. Oui, dans 4 ans seulement, vous avez bien lu ! Ces annonces sont toujours sujettes à caution, très dépendantes du niveau des cours, mais justement la retombée de ce qu'on a pris pour une bulle du pétrole (à l'origine de l'écroulement financier) a découragé des investissements qui auraient pu exploiter d'autres sources et, c'est un fait, les capacités actuelles sont à leur maximum. On va donc se trouver avec des risques de pénurie sur une période de plus de 10 ans sans doute. Ce n'est pas la fin du pétrole, bien sûr, encore moins l'apocalypse mais juste le signe de la remontée des prix parallèlement à l'activité économique.

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L’intervention des peuples

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La situation semble complètement absurde où les gouvernements se retournent contre leur peuple et, comme un quelconque FMI jouant les croquemitaines, veulent imposer des politiques ne pouvant qu'aggraver la crise. C'est là qu'on se rend compte que les gouvernements qu'ils soient de droite ou de gauche ne sont que les fondés de pouvoir des marchés financiers, avec une marge de manoeuvre très limitée, démonstration à quel point les élections sont des pièges à cons, ne visant qu'à nous faire accepter le système, nous en faire les complices !

On a surtout la démonstration de la nécessité de l'intervention des peuples pour mettre une limite à des logiques devenues folles et dénoncer les dettes accumulées sur notre dos. L'histoire ne se fait pas toute seule même si on ne fait pas ce qu'on veut et qu'on en est à peine les acteurs. Tout phénomène laissé à lui-même va à sa perte selon les lois de l'entropie universelle. Sans notre intervention les bornes seront vite dépassées, de même qu'il faut souvent faire grève pour empêcher les petits chefs de péter les plombs et les cadences de devenir infernales. Notre dignité est de mettre des limites, d'exiger le respect de notre humanité, ne pas être réduit à un chiffre ni un moyen pour des fins qui nous sont étrangères. Les caves se rebiffent quand on pousse le bouchon un peu trop loin ! Ce n'est pas une question de sensibilité ou de caractère mais une nécessité logique.

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On a les moyens de s’en sortir !

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La situation semble complètement bloquée, présageant du pire. Une étincelle suffirait à tout faire exploser et on a du mal à voir comment cela pourrait s'arranger, la montagne de dettes accumulées devant être détruite d'une manière ou d'une autre, le plus probable étant par l'inflation (un nouveau cycle de Kondratieff). La décision prise de bloquer les dépenses n'est pas seulement le contraire de ce qu'il faut faire mais elle est tout bonnement impossible.

Avec toutes les autres crises qu'il faut affronter (écologique, géopolitique, technologique, anthropologique), il y a vraiment de quoi paniquer. Et pourtant, largement grâce à l'intervention des Etats et aux protections sociales, tout semble continuer comme avant et on a le plus grand mal à imaginer un désastre prochain. On peut penser que c'est folie mais on peut y voir aussi un acquis du sauvetage du système financier renforçant la certitude d'avoir les moyens de sortir de la crise. Or, cette certitude elle-même peut constituer un facteur aggravant dans un premier temps tout en précipitant malgré tout la réorganisation du système et l'intégration mondiale dans un deuxième temps.

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La lutte pour l’hégémonie

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Bien que ce soit au pas lent de l'histoire, il semble qu'on entre cette fois véritablement dans la crise économique avec les chômeurs en fin de droit et la fragilisation des Etats. Tous ? non, pas la Chine qui, pour l'instant, prouve la supériorité des dictatures sur les régimes libéraux (ploutocratiques) en périodes de crise. Elle n'est pas, bien sûr, à l'abri de troubles sociaux et pourrait connaître une résurgence du maoïsme sous une forme nouvelle, même si cela paraît impensable encore. La seule chose qui soit sûre, c'est que les choses vont bouger, en faveur de la Chine inévitablement, on ne sait à quel point et tout est là car on peut attendre le pire de la confrontation d'un empire américain déclinant, dont Obama éprouve l'impuissance, et une puissance chinoise émergente qui monte à la tête de leurs dirigeants.

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Penser l’après capitalisme avec André Gorz

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Le numéro 33 d'EcoRev', "Penser l'après capitalisme avec André Gorz" vient de sortir avec Changer de système de production et des articles originaux de René Passet, Yann Moulier-Boutang, Bernard Maris, etc. (cliquer sur l'image pour la présentation).

Pour commander le numéro : http://ecorev.org ou http://www.difpop.com

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Le capitalisme et la mort

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Le capitalisme et le monde de la marchandise semblent se caractériser par leur évacuation complète de la mort, revendiquant une fin de l'histoire qui serait une histoire sans fin, une culture de paix portée par le commerce ainsi que les promesses publicitaires d'une vie de plaisirs.

Point par point, le réel y fait objection pourtant par l'irruption de la mort tant redoutée, le maître absolu, que ce soit sous la forme de l'effondrement systémique, de la guerre ou du suicide (tellement incompréhensible pour l'homo oeconomicus!).

On n'en a pas fini avec la mort, pas plus qu'avec le réel ni avec l'histoire. Ce n'est pas tant parce que le capitalisme serait mortifère, animé d'une "pulsion de mort" venue on ne sait d'où, mais parce que la mort fait partie de la vie et qu'on se cogne au réel inévitablement. Si le capitalisme monte ainsi invariablement aux extrêmes, c'est tout simplement parce qu'il ne connaît pas de limites et ne rencontre ses limites qu'à mettre en cause notre existence, individuelle ou collective. Si la mort est en jeu, c'est que la vérité n'est pas donnée ni le réel transparent et qu'il ne peut y avoir de changement des règles collectives sans menacer l'existence du collectif comme tel et jusqu'à la vie de chacun, obligé de choisir son camp.

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La question de l’organisation

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La période est objectivement révolutionnaire avec la conjonction des crises économique, écologique, géopolitique et même anthropologique depuis notre entrée accélérée dans l'ère du numérique, cela ne fait aucun doute. La question n'est pas des raisons de se révolter ou de changer les institutions, elles sont légions depuis longtemps, mais cela ne suffit pas à faire une révolution car les conditions subjectives sont loin d'être remplies alors qu'on assiste à la fois au pourrissement des vieux partis ainsi qu'à la dispersion des forces de gauche impuissantes à surmonter leurs divergences bien réelles, sans parler des syndicats devenus purement opportunistes et dépourvus de projet comme de toute stratégie.

La leçon qu'on devrait en tirer, c'est qu'à l'organisation en partis concurrents ou même en réseaux plus ou moins occultes, il faudrait préférer une organisation en communes et en comités locaux ouverts à tous. Aussi bien pour la démocratisation que pour l'alternative à la globalisation marchande, il faut désormais partir du local. C'est là seulement qu'on peut changer les choses vraiment.

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La condamnation à mort

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C'est un fait, le pouvoir médical est exorbitant de pouvoir décider de la vie et de la mort. On est certes un peu ébahi de voir des Américains traiter Obama de nazi sous prétexte que des commissions devraient décider de rembourser ou non tel ou tel traitement. On ne voit pas bien en quoi la sélection par l'argent qui prévaut sinon serait en quoi que ce soit préférable mais la mauvaise foi des Républicains, véritables Talibans de l'intérieur, agit malgré tout comme révélatrice d'un problème amené à prendre de plus en plus d'importance dans une société médicalisée et vieillissante : non pas celui de l'Etat nazi mais bien de l'euthanasie ! celui du pouvoir de vie et de mort qui est devenu l'apanage des médecins et du système de soins constituant un des fondements principaux de nos sociétés, y compris de la misère des pays surpeuplés, sans être suffisamment interrogé jusqu'ici dans ses contradictions et ses impasses.

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La confusion des esprits

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Ce qui caractérise vraiment notre présent et qu'il faudrait retenir de ces moments de crise, c'est la confusion des esprits, à quel point des discours contradictoires s'affrontent sans qu'on puisse être certain de quel côté va pencher la balance. Pour les uns, la crise est déjà finie et c'est reparti pour un tour, pour d'autres c'est la fin de tout. Les économistes, qui n'en finissent pas de retourner leur veste, avouent y perdre leur latin quand ils ne font pas que répéter machinalement leurs certitudes dogmatiques comme pour s'en persuader eux-mêmes.

On est bien loin de la pensée unique et du consensus habituel qui veut nous faire croire à la sagesse des experts dont les limites sont devenues patentes, cette sagesse se limitant la plupart du temps à répéter ce que les autres disent. Il est vrai que dans le train train ordinaire des affaires, c'est-à-dire quand il ne se passe rien, les choses sont assez facilement prévisibles. C'est une autre paire de manche quand il faut intégrer des contraintes qui pour être bien réelles, ne sont pas toutes économiques. Il y a tellement de niveaux d'analyses pertinents, bien que sur des temporalités différentes, entre rétablissement financier, retour de la croissance, tensions sur les matières premières, mouvements sociaux, phénomènes générationnels, évolutions techniques, équilibres géopolitiques, menaces climatiques...

Dans cet égarement général et la confusion des langues, impossible de se comprendre. Dès lors, il paraît non seulement bien présomptueux de prétendre avoir raison au milieu de mille opinions contraires mais c'est devenu tout simplement inaudible dans ce brouhaha, toutes les idées étant démonétisées du fait de leur inflation. C'est justement de cela qu'il faut témoigner, des limites de notre rationalité, de l'absence de garant de la vérité qui permet à n'importe qui de dire n'importe quoi. Mieux, toutes les conneries possibles doivent être soutenues systématiquement, une à une. Tout ce qui peut être dit doit être dit !

Que tout cela serve de leçon au moins à ceux qui surestiment l'esprit humain et notre intelligence collective alors que nous sommes des animaux dogmatiques et qu'on ne connaît le réel qu'à se cogner dessus. Ce ne sont pas seulement les économistes au service de l'ordre établi qui sont confrontés à leur ignorance mais tout autant les pensées alternatives qui voudraient le renverser. Le préalable serait de faire le constat de notre rationalité limitée et d'une confusion des esprits à laquelle personne n'échappe.

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W ou la malédiction de la reprise (de l’inflation)

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C'est entendu, malgré les analogies, la crise actuelle ne présente pas le caractère catastrophique de celle de 1929, principalement à cause de nombreux amortisseurs sociaux et politiques sans compter l'ébauche d'un gouvernement mondial qui renforce considérablement le système, redoublant la fonction de garant en dernier ressort des Etats. On est loin, pour l'instant du moins, d'un effondrement du système, encore plus de la fin du capitalisme tant espérée ! Ce n'est pas pour autant qu'on serait sorti d'affaire et qu'il n'y aura pas des bouleversements plus ou moins dramatiques, la véritable crise, qui est celle du dollar, n'ayant pas encore eu lieu. Le premier choc a été contenu mais ce n'est que le premier et il faut s'attendre à une courbe en W plus qu'à une reprise en U comme on voudrait s'en persuader avec quelque précipitation. Les réactions optimistes et le sentiment de soulagement général sont même une preuve éclatante qu'il ne pourra y avoir les nécessaires réajustement sans y être contraint, par des situations catastrophiques justement ! La question est celle du réel des déséquilibres et de leur inévitable correction (The harder they come, the harder they fall).

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La crise n’a pas (encore) eu lieu

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Le système financier ne s'est pas écroulé, les bourses remontent, la spéculation reprend, la révolution n'a pas eu lieu. On commence à parler, timidement, de sortie de crise. Les financiers couverts d'opprobres relèvent la tête : ce n'était pas si grave, le système est increvable, on peut décidément tout se permettre...

Ce n'est pas un mauvais moment pour faire le point sur les causes de la crise et ses suites probables, car on n'a rien vu encore ! La lenteur des conséquences économiques et sociales peut surprendre mais ne devrait pas tant nous étonner car la crise de 1929 aussi avait été assez longue à l'allumage avec de nombreux rebonds faisant faussement espérer une reprise qui n'arrivait jamais. Un peu comme pour le climat, plus on a affaire à des cycles longs, plus l'inertie est grande même s'il y a des moments d'accélération brutale.

Il faut souligner à quel point les crises illustrent comme nous sommes dépendants d'une situation qui nous échappe en grande partie, la seule liberté qui nous est laissée étant de faire ce qu'il faut faire et ne pas se tromper sur la difficile interprétation des faits pour ne pas empirer encore les choses ! On est loin de pouvoir maîtriser les effets collectifs de nos actions qui s'imposent à nous comme des phénomènes naturels extérieurs (il nous faut attendre que la mer monte pour quitter le port).

Les crises illustrent aussi comme nous sommes dépendants des moindres signes, le nez collé à la vitre. D'où l'importance de prendre un peu de recul afin d'essayer de comprendre les véritables causes de la crise et comment elle pourra se résoudre. Pour cela il ne suffit pas de faire appel à des déductions théoriques (libérales ou marxistes) mais il faut prendre sur l'économie comme sur l'idéologie un point de vue historique et même cyclique. Il y a cependant une très grande résistance à la notion de cycle sans laquelle pourtant on ne comprend rien à ce qui se passe, à notre actualité dans sa répétition du passé.

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Une Europe à refaire

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L'Europe est en bien mauvaise posture. Loin d'être épargnée par une crise venue des Etats-Unis elle s'en trouve paradoxalement bien plus ébranlée, dans ses fondements même, jusqu'à pouvoir la menacer d'éclatement à brève échéance. Puisque l'Europe a fait la preuve de son impuissance, et même de son inexistence, pas étonnant que les élections européennes ne passionnent guère les foules, ni les médias qui l'évoquent à peine.

Bien sûr, il y a de bonnes raisons de penser que la seule solution à la crise, serait la relocalisation d'un côté mais aussi une Europe protectrice de l'autre, qui pourrait même y gagner un leadership mondial que justifierait son rang économique. Seulement il faudrait pour cela une toute autre Europe, une Europe des peuples forgée dans des mouvements sociaux européens et reconstruite sur de toutes autres bases.

Les raisons d'y croire sont bien minces mais tout ce qu'on peut souhaiter à cette assemblée de notables et de technocrates coupés de la population, c'est que leur mandat se termine vite et que les bouleversements qui s'annoncent débouchent sur une véritable constituante mettant un terme à cette Europe de supermarché. Ce n'est pas du tout le plus probable pour l'instant mais si la crise est aussi profonde qu'elle s'annonce, il ne faut pas sous-estimer la combattivité des peuples et les redistributions des cartes qui devraient s'opérer. Cela pourrait être en tout cas l'occasion d'une véritable naissance de l'Europe politique, tout autant que de sa désagrégation...

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La révolution numérique est-elle soutenable?

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La crise sociale, économique et financière qui commence à peine s'explique parfaitement par les cycles de Kondratieff, retour de la révolution bien nécessaire mais qui n'est finalement qu'un phénomène cyclique générationnel se reproduisant tous les 60 ans à peu près et qui dessine l'issue de la crise par la reprise de l'inflation et la réduction des inégalités comme pendant les 30 glorieuses. Schumpeter ajoute que chaque nouveau cycle se caractérise par des innovations techniques et une nouvelle génération d'entrepreneurs qui enclenchent une croissance longue après la phase dépressive de "destructions créatrices".

Il se produit justement, en ce moment même, une précipitation de l'histoire et un saut technologique dont la portée pourrait dépasser de beaucoup le prochain cycle, puisque c'est une véritable unification technique de l'humanité comme l'agriculture a pu l'être auparavant, mais à un rythme sans commune mesure cette fois. C'est en effet incroyable mais il y a déjà 60% de l'humanité qui utilise un téléphone portable, avec une accélération ces derniers mois en particulier dans des pays pauvres (mais jeunes) dépourvus d'infrastructures, ceci alors même qu'on assiste à une convergence entre ordinateurs et téléphones. C'est un événement considérable, véritable basculement anthropologique vers un homo numericus devenu une part de notre humanité, au coeur de notre avenir malgré qu'on en ait, et dont il faut prendre la mesure de l'impact écologique,

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L’auto-entrepreneur et la fin du salariat

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Le nouveau statut d'auto-entrepreneur est une véritable révolution en ce qu'il supprime toute "barrière d'entrée" pour le travail autonome, contrairement aux professions libérales exigeant des revenus conséquents pour payer charges sociales et impôts, avec un décalage d'un an souvent, ce qui rendait dramatique l'arrêt de l'expérience réservée aux classes moyennes supérieures. Paradoxalement les charges sociales sensées protéger les travailleurs empêchaient donc de travailler les plus modestes : ne pouvant se mettre à leur compte ils étaient condamnés au travail au noir ou au chômage s'ils ne trouvaient pas d'emploi salarié. La suppression de cette barrière d'entrée va amener une concurrence nouvelle pour les professions libérales qu'elle protégeait, réduisant leurs revenus en participant à la déqualification générale. On s'étonne qu'il n'y ait pas eu de réaction de ce côté pour concurrence déloyale. Mais, c'est que les effets ne sont pas encore visibles, puisque l'expérience commence à peine...

Ce n'est pourtant pas de ce côté que la montée en puissance des auto-entrepreneurs sera le plus dévastateur puisqu'il pourrait sonner la fin du salariat, rien de moins, dans une précarité généralisée sans aucune protection sociale pour l'instant. Il ne semble pas qu'il y ait une limite au nombre d'auto-entrepreneurs qu'une entreprise peut employer et les cotisations sociales étant plus que divisée par 2 (23%), on ne voit pas pourquoi l'employeur ne préférerait pas des auto-entrepreneurs qui coûtent moins cher et qui n'obligent à rien, ne bénéficiant d'aucuns droits sociaux.

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Une monnaie locale pour la Guadeloupe !

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La gwadloup cé tan nou, la gwadloup cé pa ta yo
Les Guadeloupéens nous montrent la voie d'un retour des mouvements sociaux et de la lutte des classes mais surtout d'une réappropriation par les citoyens de leur propre pays et d'un retour aux fondements de la démocratie. Leurs revendications apparaissent à l'évidence légitimes, faisant apparaître la nécessité d'un gouvernement démocratique local, sans quitter pour autant la communauté nationale. Voilà de quoi ranimer l'aspiration révolutionnaire au modèle fédératif conciliant localisme et solidarité nationale.

Il y a un élément qui ne fait pas partie du programme pour l'instant et qui pourtant semble pouvoir résoudre pas mal de problèmes dans le contexte actuel : la création d'une monnaie guadeloupéenne. Il ne s'agit pas de créer une devise nationale concurrente à l'Euro mais une monnaie locale, monnaie complémentaire et non convertible, monnaie de consommation dite aussi monnaie fondante (car elle perd de la valeur avec le temps contrairement à l'épargne). C'est le meilleur instrument, surtout dans une île, pour favoriser les échanges locaux, les circuits courts et réduire la dépendance des produits importés.

Il est sans doute déjà un peu tard pour s'en préoccuper car les désordres monétaires nous menacent à courte échéance maintenant (qu'ils viennent des pays de l'Est ou de l'effondrement du dollar) mais dans ce contexte, il n'y a pas que les îles qui pourraient tirer profit de monnaies locales. Il faut savoir du moins que ça existe, que c'est possible, que les instruments en sont prêts et qu'une monnaie comme le SOL peut être expérimentée rapidement avec cartes à puce, lecteurs de carte et programmes associés !

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