J'avais trouvé intéressant le buzz autour de la proposition d'Eric Cantona de retirer son argent des banques, non que j'aie jamais cru à un véritable bankrun, ni même que ce serait souhaitable, mais parce que le succès médiatique rencontré manifestait une salutaire défiance envers les banques et que cela pouvait être une façon d'exprimer notre protestation citoyenne comme de répondre aux réactions déplacées de nos élites.
L'échec total de l'opération montre cependant toute la distance qu'il peut y avoir entre une mobilisation virtuelle et les mobilisations réelles. Plus important encore, la difficulté éprouvée à la mise en pratique de ce qui semblait si évident et si simple, en parole du moins, aura eu pour effet bien plutôt de faire sentir à chacun à quel point il était dépendant du système, ne pouvant sérieusement souhaiter son effondrement...
On pourrait en tirer la conclusion que toute révolution est devenue impossible, alors même qu'on est dans une période on ne peut plus révolutionnaire où l'intervention des peuples est devenue absolument nécessaire mais il ne faudrait pas se tromper de révolution ni se monter la tête. Cette intervention ne peut prendre d'autre forme qu'une grève générale et ne peut prétendre abattre un système devenu vital, seulement renverser le rapport de force entre le travail et la finance pour changer les règles du jeu, mettre un terme à la destruction des protections sociales, conquérir de nouveaux droits (revenu garanti pour tous) et commencer peut-être à construire un autre système de production.
Le mouvement actuel semble dans une impasse. On ne voit pas quels pourraient être ses débouchés, comment on pourrait obtenir le retrait de la réforme une fois celle-ci votée (sauf à passer par une véritable grève générale). On n'est pas dans la même situation qu'avec le CPE, la question des retraites et donc de notre avenir ne peut être mise sous le tapis, mais c'est peut-être justement la chance que la mobilisation dure et se radicalise, même s'il va très certainement y avoir un reflux très important en terme de nombre. De quoi donner le temps de s'organiser et de gagner en consistance, d'élaborer des propositions alternatives majoritaires puisqu'à partir des retraites, c'est bien le travail tout au long de la vie qui est en cause ainsi que les 30 prochaines années sur lesquelles il faut se projeter alors que tout a changé autour de nous.
Il y a des signes d'une rechute imminente, notamment aux Etats-Unis, et il n'y a rien de bon à en attendre. Alors que ceux qui prennent leurs désirs pour la réalité voulaient se persuader, étant donné son ampleur, que cette crise systémique serait la dernière du capitalisme, force est de constater que les affaires continuent, aussi bien les scandales politico-financiers que les spéculations financières. Si la situation s'aggrave, on peut dire que c'est sur tous les plans !
Ce qu'on va examiner ici, c'est en quoi il faut passer par l'aggravation de la crise qui n'est pas contingente mais inévitable car elle opère une simplification de la réalité nécessaire à la décision politique, pour déboucher ensuite sur une complexification des modèles, un peu plus robustes mais qui ne pourront jamais prévoir l'imprévisible dans leur confrontation au réel (et qui peuvent même nous mener au pire à mesure qu'ils paraissent plus infaillibles). C'est la condition post-moderne de l'action dans un monde incertain et qui doit prendre en compte ses conséquences négatives.
On n'a rien vu encore. La crise économique s'aggrave en devenant crise politique mais ce n'est pas notre seul problème, ni peut-être le pire car la crise énergétique va rapidement revenir sur le devant de la scène. En effet, le pic de la production pétrolière pourrait bien être atteint en
La situation semble complètement absurde où les gouvernements se retournent contre leur peuple et, comme un quelconque FMI jouant les croquemitaines, veulent imposer des politiques ne pouvant qu'aggraver la crise. C'est là qu'on se rend compte que les gouvernements qu'ils soient de droite ou de gauche ne sont que les fondés de pouvoir des marchés financiers, avec une marge de manoeuvre très limitée, démonstration à quel point les élections sont des pièges à cons, ne visant qu'à nous faire accepter le système, nous en faire les complices !
La situation semble complètement bloquée, présageant du pire. Une étincelle suffirait à tout faire exploser et on a du mal à voir comment cela pourrait s'arranger, la montagne de dettes accumulées devant être détruite d'une manière ou d'une autre, le plus probable étant par
Bien que ce soit au pas lent de l'histoire, il semble qu'on entre cette fois véritablement dans la crise économique avec les chômeurs en fin de droit et la fragilisation des Etats. Tous ? non, pas la Chine qui, pour l'instant, prouve la supériorité des dictatures sur les régimes libéraux (ploutocratiques) en périodes de crise. Elle n'est pas, bien sûr, à l'abri de troubles sociaux et pourrait connaître une résurgence du maoïsme sous une forme nouvelle, même si cela paraît impensable encore. La seule chose qui soit sûre, c'est que les choses vont bouger, en faveur de la Chine inévitablement, on ne sait à quel point et tout est là car on peut attendre le pire de la confrontation d'un empire américain déclinant, dont Obama éprouve l'impuissance, et une puissance chinoise émergente qui monte à la tête de leurs dirigeants.
Le capitalisme et le monde de la marchandise semblent se caractériser par leur évacuation complète de la mort, revendiquant une fin de l'histoire qui serait une histoire sans fin, une culture de paix portée par le commerce ainsi que les promesses publicitaires d'une vie de plaisirs.
La période est objectivement révolutionnaire avec la conjonction des crises économique, écologique, géopolitique et même anthropologique depuis notre entrée accélérée dans l'ère du numérique, cela ne fait aucun doute. La question n'est pas des raisons de se révolter ou de changer les institutions, elles sont légions depuis longtemps, mais cela ne suffit pas à faire une révolution car les conditions subjectives sont loin d'être remplies alors qu'on assiste à la fois au pourrissement des vieux partis ainsi qu'à la dispersion des forces de gauche impuissantes à surmonter leurs divergences bien réelles, sans parler des syndicats devenus purement opportunistes et dépourvus de projet comme de toute stratégie.
C'est un fait, le pouvoir médical est exorbitant de pouvoir décider de la vie et de la mort. On est certes un peu ébahi de voir des Américains traiter Obama de nazi sous prétexte que des commissions devraient décider de rembourser ou non tel ou tel traitement. On ne voit pas bien en quoi la sélection par l'argent qui prévaut sinon serait en quoi que ce soit préférable mais la mauvaise foi des Républicains, véritables Talibans de l'intérieur, agit malgré tout comme révélatrice d'un problème amené à prendre de plus en plus d'importance dans une société médicalisée et vieillissante : non pas celui de l'Etat nazi mais bien de l'euthanasie ! celui du pouvoir de vie et de mort qui est devenu l'apanage des médecins et du système de soins constituant un des fondements principaux de nos sociétés, y compris de la misère des pays surpeuplés, sans être suffisamment interrogé jusqu'ici dans ses contradictions et ses impasses.
Ce qui caractérise vraiment notre présent et qu'il faudrait retenir de ces moments de crise, c'est la confusion des esprits, à quel point des discours contradictoires s'affrontent sans qu'on puisse être certain de quel côté va pencher la balance. Pour les uns, la crise est déjà finie et c'est reparti pour un tour, pour d'autres c'est la fin de tout. Les économistes, qui n'en finissent pas de retourner leur veste, avouent y perdre leur latin quand ils ne font pas que répéter machinalement leurs certitudes dogmatiques comme pour s'en persuader eux-mêmes.
C'est entendu, malgré les analogies, la crise actuelle ne présente pas le caractère catastrophique de celle de 1929, principalement à cause de nombreux amortisseurs sociaux et politiques sans compter l'ébauche d'un gouvernement mondial qui renforce considérablement le système, redoublant la fonction de garant en dernier ressort des Etats. On est loin, pour l'instant du moins, d'un effondrement du système, encore plus de la fin du capitalisme tant espérée ! Ce n'est pas pour autant qu'on serait sorti d'affaire et qu'il n'y aura pas des bouleversements plus ou moins dramatiques, la véritable crise, qui est celle du dollar,
Le système financier ne s'est pas écroulé, les bourses remontent, la spéculation reprend, la révolution n'a pas eu lieu. On commence à parler, timidement, de sortie de crise. Les financiers couverts d'opprobres relèvent la tête : ce n'était pas si grave, le système est increvable, on peut décidément tout se permettre...
L'Europe est en bien mauvaise posture. Loin d'être épargnée par une crise venue des Etats-Unis elle s'en trouve paradoxalement bien plus ébranlée, dans ses fondements même, jusqu'à pouvoir la menacer d'éclatement à brève échéance. Puisque l'Europe a fait la preuve de son impuissance, et même de son inexistence, pas étonnant que les élections européennes ne passionnent guère les foules, ni les médias qui l'évoquent à peine.
Le nouveau statut d'auto-entrepreneur est une véritable révolution en ce qu'il supprime toute "barrière d'entrée" pour le travail autonome, contrairement aux professions libérales exigeant des revenus conséquents pour payer charges sociales et impôts, avec un décalage d'un an souvent, ce qui rendait dramatique l'arrêt de l'expérience réservée aux classes moyennes supérieures. Paradoxalement les charges sociales sensées protéger les travailleurs empêchaient donc de travailler les plus modestes : ne pouvant se mettre à leur compte ils étaient condamnés au travail au noir ou au chômage s'ils ne trouvaient pas d'emploi salarié. La suppression de cette barrière d'entrée va amener une concurrence nouvelle pour les professions libérales qu'elle protégeait, réduisant leurs revenus en participant à la déqualification générale. On s'étonne qu'il n'y ait pas eu de réaction de ce côté pour concurrence déloyale. Mais, c'est que les effets ne sont pas encore visibles, puisque l'expérience commence à peine...
Les Guadeloupéens nous montrent la voie d'un retour des mouvements sociaux et de la lutte des classes mais surtout d'une réappropriation par les citoyens de leur propre pays et d'un retour aux fondements de la démocratie. Leurs revendications apparaissent à l'évidence légitimes, faisant apparaître la nécessité d'un gouvernement démocratique local, sans quitter pour autant la communauté nationale. Voilà de quoi ranimer l'aspiration révolutionnaire au modèle fédératif conciliant localisme et solidarité nationale.