Comme la plupart des notions trop générales, le Bien, le Mal ou la liberté, l'humanisme peut être mis à toutes les sauces de sorte qu'on pourrait vouloir s'en débarrasser à juste titre, mais ce n'est pas si simple car on ne peut guère s'en passer non plus. Il y a donc plutôt un enjeu politique à défendre dans la définition même de l'humanisme, en sachant qu'il peut servir à couvrir toutes les barbaries comme on a massacré au nom de Dieu, de l'amour ou de la civilisation.
Le débat n'est pas nouveau qui met aux prises un humanisme essentialiste, qu'on peut dire biologisant, raciste, spéciste mais qui est aussi traditionaliste, religieux, idéologique, avec un humanisme "existentialiste" pour qui l'homme est à venir, pour qui il est liberté et projet, être parlant en devenir, apprenti de la vie et découverte des possibles.
A cette opposition s'ajoute les différentes formes d'anti-humanisme qui peuvent être d'inspiration existentialiste aussi (Heidegger avec l'ouverture à l'Etre) tout autant que théologique, structuraliste, historiciste, sexuel ou politique voire purement critique (décentrement cognitif). On voit qu'il n'y a aucune unité de l'humanisme, pas plus que des courants anti-humanistes, le plus connu étant sûrement celui de l'écologie profonde qui voudrait ôter à l'humanité toute prééminence sur les autres espèces mais qui s'enferme ainsi dans ses contradictions. On n'est pas des bêtes et on veut être traité comme des hommes, qu'on respecte notre humanité.
Ce qui pose beaucoup plus de problème aujourd'hui, ce serait d'ailleurs plutôt le post-humanisme, celui du surhomme, de l'homme amélioré ou de l'homme génétiquement modifié...
La ecología política, una ética de la liberación
Si notre intelligence nous distingue des autres animaux, notre rationalité n'en est pas moins très limitée par de nombreux phénomènes bien connus, qu'ils relèvent des préjugés, de l'imperfection de l'information ou de la pensée de groupe mimétique. Cependant, notre plus grand défaut, sans doute, c'est notre capacité de transformer toute vérité en erreur en oubliant la vérité contraire (Pascal, IV.2.148), ce qui ne manque jamais ! Délirer, ce n'est rien d'autre que de rester fasciné par une vérité dont on ne peut plus se détacher, y tenir plus que tout sans plus voir le négatif du positif. Il faut le savoir, nous sommes un animal dogmatique, toujours un peu "bornés".


Le moment est venu de reprendre l'offensive idéologique après toutes ces années d'hiver. Partout se lèvent des émeutes de la faim et des luttes sociales en réponse à la reprise de l'inflation qui est le signe de l'échec des marchés, incapables d'assurer notre simple survie et provoquant des désastres écologiques aussi bien qu'humanitaires. Comment rester sans rien faire ? Le caractère collectif, macroéconomique, de l'inflation en fait à l'évidence un problème collectif, politique, justifiant la mobilisation des foules et de tous ceux qui n'acceptent pas d'être les victimes consentantes d'un système qui les condamne. C'est du moins l'occasion de célébrer le retour de la solidarité, des mobilisations collectives, et la fin de la culpabilisation individuelle voulant nous faire croire que nous serions responsables chacun personnellement du sort qui nous est fait et que tout ce que nous avons subi, nous l'avons bien voulu et mérité même, tout comme la richesse des riches serait entièrement méritée !
On a sans doute bien raison de nous vanter les mérites d'une retraite comme deuxième jeunesse puisque qu'une bonne hygiène de vie permet à de nombreux retraités de vivre la belle vie, avec une sexualité épanouie par dessus le marché, mais... pas tous, loin de là, et beaucoup risquent d'être bien déçus, le temps venu, de ne pas atteindre à ce paradis ! On en connaît tous qui en sont bien loin, voire pour qui "la vieillesse est un naufrage" et, question de vérité, il ne faut pas se raconter d'histoire dans l'espoir de conjurer la malédiction des maisons de retraite. S'il y a effectivement une vieillesse heureuse, il y a aussi le malheur de vieillir et la dégénérescence génitale, qu'il faudrait mieux prendre en compte pour alléger nos vieux jours.
Alors que les menaces écologiques se font de plus en plus pressantes, on peut s'étonner du léger des solutions qu'on prétend y apporter, pas du tout à la hauteur des enjeux et sans une véritable vision globale. Au lieu d'une écologie-politique collective et réaliste, on nous vend plutôt habituellement une écologie individualiste et moralisante, que ce soit dans sa version religieuse ou libérale, mais, en dehors de quelques marginaux, il n'est jamais question, ou presque, d'une véritable alternative au productivisme qu'on impute à l'avidité humaine plus qu'au système du profit.
Lester R. Brown dirige l'Earth Policy Institute après le World Watch Institute. C'est l'un des écologistes les plus respectés, notamment des économistes. Ses propositions ne sont certes pas nouvelles d'une éco-économie qui voudrait écologiser l'économie marchande par la vérité des prix écologiques (c'est-à-dire par des écotaxes) ainsi que par des normes ou des éco-labels, sans exclure pour autant des politiques étatiques (éducation, contrôle des naissances, santé).
On ne le sait que trop, les hommes ne sont pas ce qu'ils prétendent être ! Ils agissent souvent à rebours de leurs motivations conscientes, et semblent parfois se débattre comme un insecte dans une toile qu'ils referment sur eux par leurs efforts mêmes pour tenter d'en sortir. Il s'y manifeste caricaturalement toute la complicité des terroristes avec l'ordre policier qu'ils renforcent à tel point que, lorsque des fanatiques religieux ou quelques crétins d'extrême gauche qui se prennent pour des héros ne font pas le travail pour eux, l'extrême droite ou les pouvoirs établis savent tout le profit qu'ils peuvent tirer à organiser eux-mêmes quelques faux attentats plus ou moins sanglants (on l'a vu en Italie).
Le thème de l'auto-organisation vient de la théorie des systémes et de la cybernétique dite de second ordre car elle inclut l'observateur dans l'objet observé, introduisant ainsi l'étude des processus autoréférentiels et le rôle de l'auto-organisation. La place de l'auto-organisation qui pouvait se présenter au début comme une simple limite apportée à la volonté de contrôle et de planification, a fini cependant par prendre toute la place et reléguer les apports de la théorie des systèmes et de la cybernétique aux oubliettes, si ce n'est pire, accusées de tous les maux dans leurs prétentions "totalitaires" ! L'idéologie de l'auto-organisation sera vite récupérée par le néolibéralisme avec d'un côté le bien (les marchés auto-régulés, la liberté) et de l'autre le mal (l'Etat, le système, la servitude). On ne peut se passer pourtant du point de vue global, macroscopique (keynésien), qui fait apparaître le système (économique, sanguin ou nerveux) avec la notion essentielle de circuit qui nous totalise, et plus précisément la circulation de matière et d'énergie mais surtout d'information (ou d'argent) qui les contrôle. Il y a donc aussi des limites considérables à l'auto-organisation, différents niveaux, différentes temporalités à prendre en compte.
