Temps de lecture : 74 minutesGeorg Wilhelm Friedrich Hegel, Phénoménologie de l'esprit II (VI)
L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté - progrès dont nous avons à reconnaître la nécessité. (Philosophie de l'Histoire, p27-28)
Voici donc la suite de la misère de la morale. Le chapitre précédent ayant exploré les contradictions des positions morales et leur insuffisance concluait sur la nécessité du passage au politique pour la réalisation de la justice. On entre ainsi dans la dialectique de la prise de conscience historique de notre existence collective, histoire politique succédant à la morale individuelle.
Faite dans des conditions matérielles difficiles et m'ayant demandé beaucoup plus de travail que je ne pensais, je n'ai pas réussi à simplifier autant cette partie, bien plus longue et moins convaincante sans doute que le parcours des impasses morales, mais il y a malgré tout de précieuses analyses historiques qui font tout le charme de la Phénoménologie de l'Esprit (Antigone, l'individualisme romain, la critique trop réductionniste des religions par les lumières, les contradictions de la liberté menant à la Terreur révolutionnaire, etc.). Comme Marx le soulignait :
La "conscience malheureuse", la "conscience honnête", le combat de la "conscience noble" et de la "conscience vile", etc., toutes ces parties isolées contiennent (bien que sous une forme encore aliénée) les éléments nécessaires à la critique de domaines entiers, tels que la religion, l'État, la vie bourgeoise, etc. (Marx II p125)
Je ne prétends pas rendre compte de toute la richesse de la dialectique hégélienne, juste donner un aperçu de sa puissance de dévoilement et de son caractère indispensable en politique. Si cela pouvait permettre à tous ceux qui se prétendent anti-hégéliens (qui ne l'est pas de nos jours?) de savoir au moins un peu de quoi il est question... Par exemple, et à l'opposé de ce qu'on croit, il serait bien salutaire que les marxistes reviennent à Hegel pour comprendre qu'il n'y a pas plus d'abolition des classes qu'il n'y a de volonté générale quelque soit l'acharnement de la Terreur pour en imposer l'existence par la négation de l'existant.
Les figures de la moralité pouvaient être représentées par des contemporains, les figures de la politique renvoient à des situations ou des personnages historiques, et donc moins actuels, même si on peut en tirer des enseignements pour notre temps et surtout pour l'action politique qu'elle éclaire singulièrement.
En effet, la dialectique n'est plus individuelle, elle est collective avec ses retournements et ses changements de mode, ses retours de bâton toujours surprenants, où progresse, malgré d'inévitables régressions, la conscience de notre liberté (et de notre responsabilité collective). Il est, en tout cas, très amusant d'en suivre les tribulations, de contradictions en effets pervers (du Conformisme à l'Ethique puis au Droit et à la Culture jusqu'à la reconnaissance mutuelle dans l'Etat démocratique comme intelligence collective consciente d'elle-même).
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