Rationalisation de l'imprévisible | Science de l'ignorance | Dialectique conflictuelle | Identification à l'Autre | Dissuasion économique | Répétition du conflit |
L’on pourrait douter de la réalité de notre notion de son essence absolue si nous n’avions pas vu de nos jours la guerre réelle dans sa perfection absolue. Sans ces exemples qui nous ont avertis de la force destructrice de l’élément déchaîné, la théorie se serait égosillée en vain ; personne n’aurait cru possible ce que chacun a maintenant vécu et réalisé. Clausewitz-124
La philosophie vient toujours trop tard... Lorsqu’elle peint gris sur gris une manifestation de la vie, celle-ci achève de vieillir... Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son vol. (Hegel)
Or la stratégie devrait se dresser à l’aurore. Elle est d’abord architecture conceptuelle mouvante s’efforçant de précéder, afin de les surmonter, les antagonismes resurgissant perpétuellement dans la vie.
Mais la sociologie des stratégies appliquant ses monographies aux domaines les plus hétérogènes, dévoile l’impossibilité d’une théorisation générale de la stratégie référant seulement à l’histoire. Certes, toute stratégie tend à l’élucidation et à la maîtrise d’une réalité sociale. Elle en est mode de perception et espoir de remodelage. Et cette élucidation s’accélère dans la mesure où les démarches scientifiques et techniques, évoquant Hegel sans son idéologie, poursuivent la rationalisation du réel. Mais l’histoire mutant le concret prouve que le réel reculant indéfiniment les limites de ses résistances interdit à l’histoire de finir. 218
Car la stratégie ne coïncide ni avec la politique, ni avec l’interprétation générale de l’histoire. Son objet n’est point la recherche d’un principe d’explication générale du devenir des sociétés et de leurs antagonismes internes et externes - encore que l’adhésion à un tel principe réagisse sur les conduites stratégiques pratiques. Il est définition des moyens susceptibles de donner effectivité aux buts poursuivis par ces sociétés - ou les groupes organisés, ou les individus : les entités stratégiques. L’évolution se poursuivant modifie ces entités elles-mêmes, déqualifie ou accentue les objectifs successivement atteints ou devenant inutiles, donc les conduites destinées à y parvenir.
Ainsi, si les termes et variations de l’intensité stratégique se constituent en une dialectique dont les incarnations successives sont soumises, en une certaine mesure, au développement des grandes phases historiques, ils conservent cependant à l’intérieur de ces phases, et en raison de la complexité innombrable des éléments qu’ils enserrent, un certain jeu indéterminé - le but de la stratégie étant de réduire les marges d’erreur dans l’appréciation de ces indéterminations et des catastrophes qu’elles entraînent. 217
L’art de la stratégie consiste précisément à augmenter pour l’adversaire les nombres et les risques des conduites aléatoires.161
L’intensité de la négation incite à l’accroissement de la rationalisation, qui se heurte à l’infinie confusion du phénomène social total. Ainsi, la stratégie totale ne propose pas un jeu à somme nulle - le théorème du minimax démontre d’ailleurs que dans un "jeu infini", il n’y a pas obligatoirement de solution, ou si l’on préfère, de stratégie optimale. 160
Ces causes divergentes déterminent souvent, pour la stratégie, plus qu’une construction conceptuelle ordonnée, la mise en oeuvre de buts limités estimés souhaitables et possibles : une "minimalisation" raisonnable des objectifs par prévision empirique de l’évolution - c’est-à-dire un "opportunisme logique".161
En d’autres termes, la raison percevant le défaut de maîtrise dans le dosage de la contrainte, tempère la négation. 174
Aussi la révolution a-t-elle toujours tendance soit à laisser s’échapper la rationalité et à affirmer la possibilité d’une réussite immédiate par une action paroxysmique, une émission incontrôlée d’énergie - et c’est la tentation de l’aventurisme, ou le refuge dans la seule puissance du mythe, de la représentation psychologique. Soit à oublier son postulat, son espoir de mutation sociale, économique et culturelle totale, et à se replier sur une simple changement d’étiquette politique. 164
La mission de la stratégie est aussi de lutter contre cette guerre thermonucléaire : de " penser l’impensable", selon la formule d’Hermann Hahn, pour que l’impensable qui demeure possible soit, au maximum, incertain...156
Le refus de toute idée-force (ne disons pas système) au nom de la liberté, n’est souvent qu’aveu d’impuissance intellectuelle. 13
Car toute science, et, plus largement, toute activité humaine, n’est satisfaisante que saisie dans sa totalité [..] Mais synthèse n’est pas systématisation abusive : il est aussi primordial de signaler les ruptures que les enchaînements. 140
La question préalable étant précisément de déterminer en quelle mesure l’esprit humain est capable de se dégager des conditions socio-historiques, du système idéologique en lequel il est formé. Est-il possible d’esquiver, fût-ce partiellement, les catégories ambiantes, l’empreinte du milieu, qui enclosent l’individu en leurs limites ? La stratégie consiste aussi en la reconnaissance interne de ces limites, même si l’on craint ne pouvoir leur échapper [..] En ce sens, la stratégie serait effort pour concevoir un peu plus tôt que l’autre ce qui adviendra ou non, afin de se placer dans une perception de l’évolution plus efficace et englobant le système de pensée de l’adversaire. 19
Proportionnellement, parmi les théoriciens critiques de l’aliénation et de l’intégration sociale, est élevé le nombre de penseurs ayant vécu, au sens le plus fort, en différentes sociétés. De même, proportionnellement, parmi les révolutionnaires, les plus actifs furent souvent ceux qui se trouvèrent, en raison d’une situation historique contingente, aux confins de deux classes sociales. Et la plupart des grands leaders de la décolonisation furent également à cheval sur deux types de civilisation. 114
La stratégie est mode de résolution (non toujours efficace...) des distorsions plus ou moins avivées. 21
Le contenu intrinsèque du concept "stratégie" repose sur trois éléments :
- une action sur un autre,
- grâce à un certain nombre de moyens, de modalités,
- ordonnés autant que faire se peut en une suite, sinon purement logique, au moins suffisamment cohérente, en vue de la poursuite de certains buts. 75
Le fait stratégique réfère constamment au phénomène de la mort : issue matérielle fatale individuelle ou collective, passage et sort dans l’Au-delà. Mais aussi désir de changer l’Autre, de l’accommoder afin de se l’assimiler, ou au moins l’utiliser, le neutraliser [..] Plus largement, elle vise à une transformation/mutation du monde. 76
Dès lors, la stratégie suppose une projection de soi et de l’autre _ ou, plus exactement, du rapport mouvant des relations existant entre soi et l’autre -, dans le futur. Donc un ordre prédéterminé. Mais dans la mesure où l’action poursuivie modifie soi et l’autre, et où le milieu où s’exerce cette action est lui-même soumis à l’évolution, la stratégie exige la réadaptation perpétuelle des conduites adoptées. D’où les accentuations diversifiées de l’importance accordée selon les époques, les milieux, les modes de combat, et les objectifs poursuivis, à la capacité de réaction à l’événement (intuition individuelle, forces morales, spontanéité collective...) ou à l’organisation et la prévision (institution - armée ou parti -, principes d’action assimilés, tactiques définies...).
Dialectique entre l’individuel et le collectif. - Certes l’entité stratégique peut être l’individu : mais celui-ci est alors confronté à l’ensemble des relations sociales. La dimension collective apparaît immédiatement. D’où le problème de la détermination des groupes où s’élaborent, se poursuivent les conduites stratégiques par rapport aux "populations" plus ou moins structurées (nations, classes sociales, organisations...) qu’elles représentent. Toute stratégie externe (à l’encontre de l’Autre) s’articule donc sur une stratégie interne. 77/78
Car la négation doit précisément être déterminée dans sa direction (définition de l’adversaire) et tempérée dans son intensité (mode d’action) par la "raison" politique, qui vit de compromis [..] La stratégie, déterminée par la politique, est médiatrice entre l’éthique et le social. 81
Elle se constitue dans la praxis en un effort de prise de conscience et d’action successive à l’encontre du contraignant. La stratégie possible doit être successivement dévoilée par l’arme de la critique en tant que représentation théorique (par l’esprit) des changements à intervenir dans la réalité. L’écueil étant que cette représentation ne se constitue à son tour en une construction idéelle dont la dynamique propre ne coïnciderait rapidement plus avec la dialectique historique de la réalité elle-même, c’est-à-dire avec l’évolution des distorsions entre forces productives et rapports de production. 104
Or la détermination de ces attitudes, de ces propensions stratégiques, est capitale, car elle oeuvre précisément à la prise de conscience des contraintes exercées sur les individus par l’ensemble du système social. Donc à la désintériorisation de la violence subie qui pourra alors rejaillir en énergie psychologique et sociale : en mobilisation révolutionnaire ou guerrière. 105
La stratégie, dans la mesure où elle constitue un processus de soumission continue de la nature, a vocation à détruire des pans entiers de culture : les découvertes scientifiques et techniques en matière d’armement, le renouvellement des doctrines philosophiques, juridiques et sociales en matière de relations internationales, luttes sociales, guerres révolutionnaires ou subversives en font largement foi. 116
La stratégie, en son essence la plus profonde, est négation. Par la contrainte, qui est son moyen elle s’oppose à la libre détermination de l’adversaire. En pratique, la négation oscille constamment entre des extrêmes : de l’identification par dissolution des caractères spécifiques de l’un des rivaux, à sa liquidation physique [..] Mais le plus souvent, la politique [..] impose des séries successives de compromis, de positions de plus ou moins grande supériorité, établis en raison des intensités respectives et contingentes de la contrainte et de la négation. 149
Seule la politique peut accorder respect à l’Autre, admettre des compromis entre l’identique et l’hétérogène. 165
La stratégie est donc engendrée par les multiples tensions et frictions qui s’exaltent entre les sociétés et les groupes. En son sens le plus général, elle consiste dans l’action exercée contre un Autre dès qu’il gêne le libre développement de soi. Elle constitue un mode de "mûrissement" des conflits, puisqu’elle cherche à en modifier les éléments et les termes par action sur l’adversaire. A partir des succès et des échecs obtenus par les ennemis dans leurs menées antagonistes, s’établit un nouvel équilibre, d’essence politique, entre les affirmations opposées. La stratégie prépare donc la solution politique mais ne la conclut pas.
[..] Sous cet angle, la stratégie est l’une des causes qui modèlent le devenir des sociétés, conjugant constamment des phénomènes d’osmose et de répulsion réciproques. 148
Le meilleur mode de dissuasion serait dans la défensive, l’affirmation et la rénovation de la spécificité du groupe attaqué ; dans l’offensive, la transformation sociale de l’adversaire de façon à en faire non un "étranger", mais un semblable, un homologue acceptant la discussion, au moins par l’intermédiaire de ses dirigeants. La stratégie demeure durcissement dialectique des volontés contraires dans son mouvement. Elle est, dans sa finalité actuelle - à moitié inconsciente - et sous réserve des récurrences et des pulsions idéo-raciales, espoir d’identification. 150
Elle est à la fois négation de l’Autre et maîtrise de soi : elle devient l’ "instrument " médiateur par lequel l’éthique se projette dans le réel. 166
Mais tout refus total conduit aussi, pour sa réussite, et de par la logique du conflit, à une certaine identification avec l’Autre. 214
Car la maîtrise de soi exigée par la négation de l’Autre risque d’être, en même temps, négation de soi. 167
Les buts politiques diffèrent, se figent, la négation s’accroît. Mais les tactiques tendant à la convergence, les conduites et les procédés stratégiques se ressemblent relativement à la fin des conflits [..] En guerre subversive, le révolutionnaire s’essaie à la constitution d’unités de plus en plus importantes, à l’installation d’une administration, promet un nouvel ordre économique ; inversement, l’ordre établi tente de diluer et alléger ses effectifs, d’assouplir et "concrétiser" sa bureaucratie, lance des programmes économiques. Dans la lutte sociale : le lock-out veut balancer la grève [..]
L’identité de l’armement, de l’art de la guerre, leur préparation et leur utilisation tendent à reflèter et hâter la convergences des civilisations, des mentalités des peuples antagonistes. 215
Ainsi la continuation de la lutte tend, en partie, à forger chez les adversaires des réactions intellectuelles, des organes et des modes de combat voisins : donc à les identifier - tandis précisément que cette continuation contribue à accentuer les haines, la négation, par les souffrances endurées. 216
Le transfert est donc loin d’être total de la contrainte à la persuasion, de la conquête du territoire à la réforme structurelle, de la négation à l’identification [..] L’action du facteur militaire "classique " s’estime justifiée, et par son efficacité dans la lutte horizontale opposant les diverses croyances idéologiques, classes sociales ou strates économiques et par les bases philosophico-morales sous-tendant la négation de l’adversaire, espéré futur "converti". Au contraire, la stratégie hitlérienne accentuait ses caractères contradictoires et "archaïques " [..]
Aussi, malgré l’indéniable spiritualité des messianismes révolutionnaires - protestant, jacobin, soviétique ou chinois - comparés aux volontés d’hégémonie religieuse, panraciale, capitaliste ou idéologique, avant qu’ils ne prennent conscience du poids des structures et des mentalités séculaires, de la nécessité d’utiliser la contrainte pour les briser, et qu’ils tendent à retomber de par les impératifs de l’exercice du pouvoir en un nouvel ordre établi, les buts derniers de la stratégie demeurent dans l’instant la satisfaction des intérêts du groupe social, relativement homogène et organisé en entité nationale : le glacis protecteur territorial, le tribut économique [..]
Car comme toujours, après qu’ont fusé des élans généreux, l’éthique - ou, pour reprendre l’expression de Péguy, la mystique - retombe dans la politique. La négation par altruisme se dégrade en négation par concupiscence. Et la contrainte, de mode rédempteur en instrument prédateur. 47/48
Dans la logique tacite de la dissuasion, chaque acteur ne se sent plus responsable de sa seule sécurité et décidé à poursuivre ses objectifs d’une façon absolue, mais également soucieux de protéger l’Autre contre lui-même : son action (au moins nucléaire) inconsidérée - de le prendre en charge. Ainsi est renforcé le processus d’identification. 151
les civilisations modernes semblent donc maintenant orientées, non sur la prise externe, la conquête, mais sur le développement. Toute lutte, toute contestation, toute guerre sont estimées, moins peut-être parce qu’elles détruisent, que par le retard qu’elles apportent, non seulement à la production effective, mais surtout à la croissance de la capacité de production. Le phénomène est d’ailleurs général, et se retrouve à l’échelon des litiges privés comme à celui des sociétés globales : relativement, le nombre et l’importance des procès décroissent, car particuliers et entreprises préfèrent s’accorder avant une procédure judiciaire "officielle", par arbitrage, conventions collectives, arrangements interprofessionnels, accords entre trusts ou syndicats, etc. En d’autres termes, les conflits privés, la lutte sociale, les tensions entre nations tendent à être balancés par résolution, ou au moins adoucissement des oppositions avant leur incandescence - donc, si l’on préfère, par rationalisation antérieure des comportements, et affaiblissement de la négation [..] le refoulement de la guerre vers la police.
Plus profondément, les "clientèles" seront-elles désormais tributaires de celui qui peut assurer la plus rapide formation de richesses ? Cette idée constituait l’un des postulats implicites de la concurrence russo-américaine lors de la "guerre froide" ; dans le tiers monde, le socialisme apparaît facteur de mutations rapides plus qu’idéologie. 154
Elle semble également conduire à la rationalisation des conduites stratégiques à ses différents niveaux : afin de les rendre plus efficaces, certes, mais aussi pour mieux se rendre maître de la durée et du coût des conflits. 155
Toute société en effet tend à se perpétuer, à développer et épandre sa civilisation. Pour cela elle s’organise - plus ou moins rationnellement et consciemment - de façon à disposer d’un excédent de richesse - démographique, matérielle, culturelle - destiné à pallier les circonstances contraires qui pourraient s’abattre sur elle, bloquer définitivement son expansion. La guerre - de défense ou de conquête - n’est donc " bénéfique" que lorsque son volume de destruction est compensé par le gain escompté, gain qui peut être " négatif" : par exemple, simple anéantissement de la volonté de lutte d’un ennemi interne ou externe. 173
Bref, le perturbateur est actuellement le non-identique au point de vue socio-économique autant qu’entité nationale définie. Il était aussi le non-identique au point de vue religieux lors des guerres de religion, au point de vue politique et social lors des guerres et des luttes révolutionnaires (contre l’Europe puis avec le prolétariat), au point de vue racial et culturel lors des guerres de nations et de la décolonisation.186
La coexistence est troublée plus ou moins fortement par la prise de conscience des différenciations entre régimes politiques et socio-économiques ou des disparités entre classes sociales. 202
Mais dès la défaite de l’un des camps, les coalitions se relâchent ; dès qu’un ensemble assez grand a pu s’unir par relative identification et n’a plus à subir de pressions externes importantes, des divisions intestines apparaissent et tendent à reconstituer de l’intérieur de nouveaux pôles de décision ou de suscitation qui détermineront de nouvelles luttes. 211
La négation ne dépasse pas d’abord la stimulation individuelle. 213
Les stratégies se répartissent en deux grands groupes, selon que leurs normes sont ou non transgressables. Les premières sont notamment constitués par les jeux proprement dits : de hasard, de réflexion plus ou moins poussée, ou les sports. Le non-respect des règles entraîne la " néantisation" logique du jeu qui peut bien entendu se poursuivre socialement par goût ludique ou par tricherie, non en tant que tel. Mais le but du jeu consiste en une négation totale de l’adversaire (dans les limites des règles : il faut gagner). La partie nulle n’est pas un compromis.
Les secondes réfèrent à toutes les stratégies sociales : les règles selon lesquelles elles doivent se dérouler ont une certaine viscosité, mais peuvent subir, si la négation s’accroît, des atteintes de plus en plus rudes - à la limite : n’être plus admises. Les compromis, au moins la retenue de la violence extrême, donc la déflation de la négation, apparaissent souvent. Ainsi en est-il du système de politesse, plus largement des moeurs et de la morale, plus rigoureusement du droit. Les procédures juridictionnelles constituent un mode de régulation des litiges interindividuels et intergroupaux, mais elles sont niables en tout ou en partie par les opposants à tout ou partie de l’ordre établi.
Toute légalité positive a donc vocation à susciter une légitimité révolutionnaire - qui pourra à son tour s’ordonner en normativité. 117
La Réforme abat donc les limitations canoniques de la violence. 175
Or l’industrialisation a également accentué la consommation d’énergie et la complexité de ses transformations et répartitions. Aussi, actuellement, la "technique du coup d’Etat" ne passerait plus peut-être par la conquête des centres politiques (prise des Tuileries, de l’Hotel de Ville, du Palais d’Hiver ou de la Sorbonne) ou socio-économiques (commissariats, banques, gares, stations émettrices), mais aussi par la manipulation des circuits de distribution énergétique et des systèmes de communication [..] Du fait du caractère collectif des grandes sources d’énergie et des moyens d’information réciproques, leur dérèglement entraînerait l’affolement dans la grand-ville...110
Ce jeu de la Guerre, comme la guerre elle-même et toutes les formes de la pensée et de l’action stratégiques, tend à imposer à tout instant la prise en considération de nécessités contradictoires.
Chaque camp, dans la mesure où il a su garder sa liberté de manoeuvre, se trouve contraint de choisir entre des opérations pour lesquelles les moyens dont il dispose auront toujours quelque chose d’insuffisant, dans l’espace et dans le temps. P144
Il ne faut ni ménager les troupes ou les mouvements, ni les dépenser vainement. Celui qui veut tout garder perdra tout. Cependant, celui qui se laissera aller à perdre plus que son adversaire ne pourra plus contenir l’adversaire. P148
Debord. Le "Jeu de la Guerre".
La notion de friction est la seule qui corresponde de manière assez générale à ce qui distingue la guerre réelle de celle qu’on peut lire dans les livres.
Au-delà du point culminant, la marée se retourne et le contrecoup survient. La violence du contrecoup dépasse en général la force du choc initial. Clausewitz-134
Le choc est un mot... Les ouragans de cavalerie qui se rencontrent, c’est la poésie, jamais la réalité.
Jamais il ne se trouve deux résolutions face à face... L’abordement n’est jamais mutuel... L’ennemi ne tient jamais sur place parce que, s’il tient, c’est vous qui fuyez... Avec la mêlée, il y aurait extermination mutuelle, mais pas de vainqueur... Par instinct, l’homme préfère toujours le combat de loin au combat de près. [Il n’y a pas de pertes pendant le combat de front entre deux lignes de bataille. En réalité, une armée charge, l’autre cède et alors le massacre se produit. Les pertes sont infligées à l’ennemi non pas au moment du choc mais pendant la poursuite]
Dans le combat, deux actions morales, plutôt que deux actions matérielles, sont en présence ; la plus forte l’emporte. Le vainqueur, souvent, a perdu plus de monde que le vaincu. 240 Ardant du Picq
Les mots sont tout. La guerre est une affaire d’opinion. Tout est opinion à la guerre, opinion sur l’ennemi, opinion sur ses propres soldats. Après une bataille perdue, la différence du vaincu au vainqueur est peu de chose. 14
Toute opération doit être faite par un système, parce que le hasard ne fait rien réussir. A la guerre, rien ne s’obtient que par le calcul ; tout ce qui n’est pas profondément médité dans les détails ne produit aucun résultat. A la guerre, il faut des idées simples et précises. 15
Tout ce qui n’est que fantaisie et qui n’est pas fondé sur le véritable intérêt ne résiste pas à un revers. 16
Les hommes sont ce que l’on veut qu’ils soient. 25
A la guerre, on voit ses maux et on ne voit pas ceux de l’ennemi ; il faut montrer de la confiance. 71
Napoléon
Quelque critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien; c’est dans les occasions où tout est à craindre, qu’il ne faut rien craindre; c’est lorsqu’on est environné de tous les dangers, qu’il n’en faut redouter aucun; c’est lorsqu’on est sans aucune ressource, qu’il faut compter sur toutes; c’est lorsqu’on est surpris, qu’il faut surprendre l’ennemi lui-même.
Sun-Tse, L’Art de la Guerre
Précédent (L'Art Révolu.) |
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Histoire politique, Hitler, Hegel, Kojève, Marx, Tzara-Breton, Debord, Principe de Peter, Ecologie, Art, Stratégie |