L’Art Révolu. (post-historique)
(L’Art Révolutionnaire)
 
Actualité de l'Art 
Hegel
L'Art du refus 
Peinture, musique, Poésie
 

Actualité de l’art (Hegel)
L’art creuse un abîme entre l’apparence et illusion de ce monde mauvais et périssable, d’une part, et le contenu vrai des événements, de l’autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d’une réalité plus haute, née de l’esprit. C’est ainsi, encore une fois, que loin d’être, par rapport à la réalité courante, de simples apparences et illusions, les manifestations de l’art possèdent une réalité plus haute et une existence plus vraie. 30
Ce que nous recherchons dans l’art, comme dans la pensée, c’est la vérité. Dans son apparence même, l’art nous fait entrevoir quelque chose qui dépasse l’apparence : la pensée. 31
 

 
Objectivation Libération Formes Dépassement
L’objectivation du sujet
L’universalité du besoin d’art ne tient pas à autre chose qu’au fait que l’homme est un être pensant et doué de conscience. En tant que doué de conscience, l’homme doit se placer en face de ce qu’il est, de ce qu’il est d’une façon générale, et en faire un objet pour soi. Les choses de la nature se contentent d’être, elles sont simples, ne sont qu’une fois, mais l’homme, en tant que conscience, se dédouble : il est une fois, mais il est pour lui-même. Il chasse devant lui ce qu’il est ; il se contemple, se représente lui-même. Il faut donc chercher le besoin général qui provoque une oeuvre d’art dans la pensée de l’homme, puisque l’oeuvre d’art est un moyen à l’aide duquel l’homme extériorise ce qu’il est.
Cette conscience de lui-même, l’homme l’acquiert de deux manières : théoriquement, en prenant conscience de ce qu’il est intérieurement, de tous les mouvements de son âme, de toutes les nuances de ses sentiments, en cherchant à se représenter à lui-même, tel qu’il se découvre par la pensée, et à se reconnaître dans cette représentation qu’il offre à ses propres yeux. Mais l’homme est également engagé dans des rapports pratiques avec le monde extérieur, et de ces rapports naît également le besoin de transformer ce monde, comme lui-même, dans la mesure où il en fait partie, en lui imprimant son cachet personnel. Et il le fait, pour encore se reconnaître lui-même dans la forme des choses, pour jouir de lui-même comme d’une réalité extérieure. 61
Le beau artistique tient sa supériorité du fait qu’il participe de l’esprit et, par conséquent, de la vérité, si bien que ce qui existe n’existe que dans la mesure où il doit son existence à ce qui lui est supérieur. 10
Ce que nous recherchons dans l’art, comme dans la pensée, c’est la vérité. Dans son apparence même, l’art nous fait entrevoir quelque chose qui dépasse l’apparence : la pensée. 31
L’homme s’est toujours servi de l’art comme d’un moyen de prendre conscience des idées et des intérêts les plus élevés de son esprit. 11
Dans beaucoup de religions, l’art a été le seul moyen dont l’idée née dans l’esprit s’était servie pour devenir objet de représentation. 12
Les peuples ont déposé dans l’art leurs idées les plus hautes, et il constitue souvent pour nous le seul moyen de comprendre la religion d’un peuple. 32
Il existe dans l’art une connaissance de l’esprit absolu comme étant un objet pour l’esprit fini. 142
Il n’est esprit absolu que pour autant qu’il est reconnu comme tel dans la communauté. Comme c’est là le point de vue de l’art, envisagé dans sa dignité la plus haute et la plus vraie, il devient aussitôt clair que l’art se situe sur le même rang que la religion et la philosophie [..] L’art, la religion et la philosophie ne diffèrent que par la forme ; leur objet est le même. 143
Tout art s’exerce sur une matière plus ou moins dense, plus ou moins résistante, qu’il s’agit d’apprendre à maîtriser. 58
Mais, sous son aspect de chose, d’objet, l’oeuvre d’art n’est justement pas une oeuvre d’art : elle n’est oeuvre d’art qu’en tant que spiritualité, qu’en tant qu’elle a reçu le baptême de l’esprit [..] l’oeuvre d’art vient donc de l’esprit et existe pour l’esprit [..] Les événements arrivent, mais, aussitôt arrivés, ils s’évanouissent ; l’oeuvre d’art leur confère de la durée, les représente dans leur vérité impérissable. 59
Le sentiment est subjectif, mais l’oeuvre d’art doit avoir un caractère d’universalité, d’objectivité [..] L’oeuvre d’art doit, comme la religion, nous faire oublier le particulier pendant que nous sommes en train de l’examiner ; en l’examinant à la lumière du sentiment, nous ne considérons pas la chose elle-même, mais nous-mêmes avec nos particularités subjectives. 63
Le côté sensible de l’oeuvre d’art n’existe et ne doit exister que pour l’esprit. 66
Le beau, au contraire, existe en tant que fin en soi, sans qu’il y ait séparation entre moyen et fin [..] ce qui constitue la nature immanente de l’objet qualifié de beau, c’est la correspondance intime et rationnelle entre l’extérieur et l’intérieur [..] Cette séparation se trouve supprimée dans le beau qui est la compénétration du général et du particulier. 93
Car c’est justement l’unité que l’esprit forme avec le phénomène individuel qui constitue l’essence du beau. 151
L’unité telle qu’elle se réalise entre la liberté et la nécessité, entre l’universel et le particulier, entre le rationnel et le sensible. 94
Le particulier lui-même se montre conforme au concept. 94

Libération des passions
Le sentiment d’agréable doit cependant être tout à fait désintéressé, c’est-à-dire sans rapport avec un désir quelconque. 91
L’intérêt de l’art diffère de l’intérêt pratique du désir en ce qu’il sauvegarde la liberté de son objet, alors que le désir en fait un usage utilitaire et le détruit. 69
Le but de l’art consiste à rendre accessible à l’intuition ce qui existe dans l’esprit humain, la vérité que l’homme abrite dans son esprit [..] C’est ainsi que l’art renseigne l’homme sur l’humain, éveille des sentiments endormis, nous met en présence des vrais intérêts de l’esprit. 42
C’est déjà en cela que consiste son action adoucissante, car il met ainsi l’homme en présence de ses instincts, comme s’ils étaient en dehors de lui, et lui confère de ce fait une certaine liberté à leur égard. 45
L’objectivation des sentiments a justement pour effet de leur enlever leur intensité et de nous les rendre extérieurs [..] pleurer c’est déjà être consolé. 46
La simple représentation des passions comporte un certain degré de purification, de catharsis. 47

Formes et histoire de l’art
Les formes d’art correspondent aux différences des rapports qui existent entre l’idée et le contenu. 111
La première forme de l’idée est la forme symbolique [..] Le contenu est plus ou moins abstrait, trouble, manque de détermination, de précision véritable, et la forme, encore extérieure et indifférente, est directe et naturelle. 112
Dans les formes ainsi obtenues, l’élément universel nous apparaît comme ayant un caractère voulu, arbitraire. 113
Après l’art symbolique vient l’art classique, qui est celui de la libre adéquation de la forme et du concept, de l’idée et de sa manifestation extérieure. 114
Le vrai contenu est un spirituel concret, dont l’élément concret est représenté par la forme humaine, car c’est la seule que puisse revêtir le spirituel dans son existence temporelle [..] De cette façon, l’esprit s’affirme en même temps comme un particulier. 115
La phase suivante, qui est la troisième, est marquée par la rupture de l’unité du contenu et de la forme, donc par un retour au symbolisme, mais par un retour qui est en même temps un progrès [..] Dans cette troisième phase, l’art cherche à s’élever à un niveau supérieur. Il devient ce qu’on a appelé l’art romantique ou chrétien. 116
Si l’art grec a pour substance l’unité, c’est la subjectivité qui est à la base de l’art romantique. 117
C’est en ce sens qu’on peut dire que l’art romantique est un effort de l’art pour se dépasser lui-même [..]
Le sensible devient alors un à-côté de l’idée spirituelle, subjective. Il n’y a plus de nécessité, mais le sensible devient à son tour libre dans sa sphère, dans la sphère de l’idée [..] Il traite le monde extérieur avec indifférence, d’une façon arbitraire et aventureuse. 118
La forme est alors rendue libre, abandonnée à elle-même [..] Dans l’art romantique, c’est l’élément spirituel qui est l’élément prédominant, l’esprit jouit de sa pleine liberté et, sûr de lui-même, il ne redoute pas les aventures et les surprises de l’expression extérieure, ne recule pas devant les bizarreries des formes. Il peut traiter le sensible comme un élément accidentel, mais en y faisant passer un courant de spiritualité qui transforme une apparence accidentelle en réalité nécessaire [..] Le dedans célèbre son triomphe sur le dehors, et il affirme ce triomphe en refusant toute valeur aux manifestations sensibles. 119
Mais on tombe alors en pleine contingence qui fait que ce n’est plus la chose elle-même que nous admirons ni sa forme dans son adéquation au contenu, mais le poète et l’artiste avec leurs intentions subjectives, leur savoir-faire et leur habileté d’exécution. III-12
D’où, comme dans l’art symbolique, l’inappropriation de l’idée et de la forme, leur séparation, l’indifférence de l’une pour l’autre ; il y a cependant entre l’art symbolique et l’art romantique cette différence que l’idée, dont la défectuosité dans le symbole avait pour effet une défectuosité de la forme, apparaît avoir atteint dans l’art romantique son plus haut degré de perfection, et, du fait de sa communion avec l’âme et l’esprit, se soustrait à l’union avec le sensible et l’extérieur, pour chercher sa réalité en elle-même, sans avoir besoin, pour s’épanouir, de recourir à des moyens sensibles ou, tout au moins, de subir leur pression.
Telles seraient les caractéristiques des arts symbolique, classique et romantique, envisagés comme autant de possibilités de rapports entre l’idée et le contenu, dans le domaine de l’art. L’art symbolique est encore à la recherche de l’idéal, l’art classique l’a atteint et l’art romantique l’a dépassé. 120
Cette évolution plus ou moins abstraite, que nous avons tenu à signaler dès le début, parce qu’elle se manifeste dans tous les arts, comporte les différences qu’on a l’habitude de désigner sous les noms de style sévère, idéal et agréable. III-7
La première réalisation de l’art est représentée par l’architecture.122
Elle extériorise, en lui donnant une forme concrète et visible, le vouloir-être-ensemble [..]
Le temple a reçu une âme, un contenu spirituel, sous la forme d’un dieu créé par l’art [..] La sculpture introduit Dieu lui-même dans l’objectivité du monde extérieur [..] seule apparaît alors la spiritualité, la forme corporelle ne signifie plus et n’exprime plus rien par elle-même, mais seulement en tant que reflet d’une profondeur intime, représentation de l’esprit. 123
L’esprit représenté par la sculpture est l’esprit se suffisant à lui-même, et non dispersé dans le jeu des accidents, des hasards et des passions [..] La forme infinie s’est concentrée dans le corporel, la masse inerte est devenue forme infinie. Le dieu intérieur est plongé dans l’extériorité ; l’extériorité s’est transfigurée en dieu, individualisée. Le dehors est devenu le dedans, le dedans le dehors. Ici les matériaux ne sont plus indifférents ; ils sont, il est vrai, sensibles, mais purs et monochromes, et leur particularisation ne s’est pas effectuée aux dépens de ce qu’il y a d’universel dans leur unité. Telle est la destination de la sculpture.
Nous avons vu que dans la troisième forme d’art, dans l’art romantique, l’intériorité, le sujet, le contenu de l’oeuvre d’art quitte son calme silence, son unité absolue avec sa forme, sa matière, sa représentation extérieure, pour rentrer en soi-même, en rendant sa liberté à l’extériorité qui, de son côté, rentre en elle-même, rompt son union avec le contenu, lui devient étrangère et indifférente. C’est la poésie, en effet, le sujet et la forme suivent chacun sa voie et se particularisent.
L’architecture a érigé des temples en l’honneur du dieu, le dieu lui-même est sorti de la main du sculpteur, et autour de lui, dans les vastes espaces de sa maison, se réunit la communauté. Contre l’indivision générale du contenu et de la forme se dresse à présent la différenciation, la subjectivité, la particularisation de l’un et de l’autre. La communauté est le dieu arraché au monde extérieur dans lequel il était plongé et rentré en lui-même ; le dieu représenté dans la statue n’est plus l’" unique", mais l’unité abstraite a été rompue et a fait place à des subjectivités d’une multiplicité indéfinie. Et c’est ainsi que nous nous trouvons maintenant en présence de particularités subjectives des sentiments et des actions, d’une variété de mouvements individuels vivants, de vouloir et de non-vouloir individuels. Les matériaux sont fragmentés, particularisés et individualisés à leur tour. Ce ne sont plus les matériaux massifs de l’architecture, ni l’apparence abstraite et simple que la sculpture imprime à ces masses : il s’agit d’une matière devenue particulière et subjective et qui ne reçoit sa signification que de sa subjectivité même. On obtient ainsi une unité plus élevée de la forme et du contenu, car le contenu subjectivé a cette fois pour expression une matière particularisée ; le particulier est représenté dans le particulier. Le contenu se plie à la matière, la matière au contenu. Cette union intime cependant ne va pas au-delà du côté subjectif, et ne se réalise, à mesure que la forme et le contenu se particularisent, qu’aux dépends de l’universalité objective.
C’est ainsi que le troisième élément est formé par la communauté, et c’est l’élément subjectif. 124/125
La représentation artistique aura désormais pour objet les subjectivités les plus variées, dans leurs mouvements et leurs activités vivantes, autrement dit le vaste domaine des sentiments, du vouloir et du non-vouloir humains.
Pour l’expression de ces particularités, nous avons trois éléments : la lumière et la couleur, le son comme tel et, enfin, le son comme signe de la représentation, c’est-à-dire le langage. Nous avons donc ici une représentation du divin dans sa spiritualité apparente, autrement dit dans sa particularisation. La forme d’art romantique se présente donc à son tour sous un triple aspect. En premier lieu, elle a besoin pour ses représentations de matières visibles. Les matériaux de l’architecture et de la sculpture sont également des matériaux visibles, mais d’une visibilité concrète, et non abstraite. Dans l’art romantique, il s’agit bien d’une visibilité abstraite. 126
L’art romantique se trouve ainsi libéré de ce qui est purement matériel et ne s’adresse qu’au sens abstrait et idéal de la vie. D’autre part, le contenu subit à son tour une particularisation poussée très loin. Tout ce qui s’agite dans l’âme, tout ce qui cherche à s’extérioriser dans l’acte devient ici matière à représentation. Toute la vie des sentiments, tout le domaine de la particularité trouve ici sa place. Même des formes naturelles peuvent être adoptées, dans la mesure où une allusion à quelque chose de spirituel les rapproche de la pensée. L’aspect d’ensemble sous lequel se présente cette forme d’art est celui de la peinture.
Une autre matière au moyen de laquelle se réalise l’art romantique a, bien que sensible, une origine encore plus profondément subjective. Nous avons déjà dit que la couleur elle-même était un moyen de subjectivisation. La subjectivisation plus profonde, que nous avons maintenant en vue, consiste à supprimer les coexistences indifférentes remplissant l’espace et que la couleur laisse encore subsister, en les idéalisant et en les réunissant en un point [..] : c’est ce qu’on obtient par le son qui s’adresse à l’ouïe, autre sens idéal. La visibilité abstraite devient audibilité abstraite ; la dialectique propre de l’espace se développe pour aboutir au temps, à ce sensible également négatif qui est là, sans y être, et, dans son non-être, engendre déjà son être futur, se supprimant ainsi et s’engendrant sans cesse. Cette matière qu’est l’abstraite intériorité constitue le milieu où évolue la sensation également indéterminée et qui n’a pas encore eu la force de parvenir au degré de l’autodétermination. La musique exprime seule l’éveil et l’extinction du sentiment et forme le centre de l’art subjectif, le passage de la sensibilité abstraite à la spiritualité abstraite [..]
Le son en général représente cette idéalité du matériel ; en tant que frémissement, mouvement du matériel, il est un élément idéal, bien fait pour la manifestation du divin. L’étendue spatiale se transforme en un point, le point qui se maintient n’est autre que le temps. A cet élément correspond la deuxième subdivision de l’art romantique : la musique.
Pour ce qui est de cette dernière variété, la plus spirituelle, de l’art romantique, elle est caractérisée par le fait que l’élément sensible, dont le son avait déjà commencé la libération, subit une spiritualisation totale, et le son lui-même ne sert plus à faire résonner le sentiment, mais devient un simple signe, sans contenu, non plus du sentiment imprécis, mais de la représentation devenue concrète. Le son qui, dans la musique, était une résonance imprécise, se transforme en parole, devient son articulé, précis, dont le rôle consiste à exprimer des représentations, des idées, à être le signe d’une intériorité spirituelle. L’élément sensible qui, en musique, est encore étroitement associé au sentiment, est ici détaché du contenu comme tel, l’élément spirituel se précisant pour devenir représentation qui sera exprimée par le signe dépourvu de toute valeur et de toute signification intrinsèques. Le son peut donc tout aussi bien être une lettre de l’alphabet, car ici, le visible et l’audible sont également réduits à n’être que de simples signes de l’esprit. Cette variété d’art constitue ce que nous appelons poésie, au sens étroit du mot. La poésie est l’art général, le plus compréhensif, celui qui a réussi à s’élever à la plus haute spiritualité. Dans la poésie, l’esprit est libre en soi, il s’est séparé des matériaux sensibles, pour en faire des signes destinés à l’exprimer. 127/128
Ce qui caractérise plus particulièrement la poésie, c’est le pouvoir qu’elle possède de soumettre à l’esprit et à ses représentations l’élément sensible dont la peinture et la musique avaient déjà commencé à libérer l’art.129
Mais à ce degré le plus élevé, l’art se dépasse, et devient prose, pensée. 131

Le dépassement de l’art
Si l’art sert à rendre l’esprit conscient de ses intérêts, il est loin d’être le mode d’expression le plus élevé de la vérité [..] Nous respectons l’art, nous l’admirons ; seulement, nous ne voyons plus en lui quelque chose qui ne saurait être dépassé. 33
Chaque art a sa période d’efflorescence, d’épanouissement, en tant qu’art, cette période étant précédée d’une période de préparation et suivie d’une période de déclin. C’est que les produits, les créations des arts étant des oeuvres de l’esprit n’atteignent pas d’emblée, comme les produits de la nature, leur état d’achèvement et de perfection, mais présentent un commencement, un développement, un achèvement et un déclin. III 6
L’art n’a plus pour nous la haute destination qu’il avait autrefois. 26
Et l’art lui-même, tel qu’il est de nos jours, n’est que trop fait pour devenir un objet de pensées. 27
Sous tous ces rapports, l’art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé. De ce fait, il a perdu pour nous tout ce qu’il avait d’authentiquement vrai et vivant, sa réalité et sa nécessité de jadis, et se trouve désormais relégué dans notre représentation. Ce qu’une oeuvre d’art suscite aujourd’hui en nous, c’est, en même temps qu’une jouissance directe, un jugement portant aussi bien sur le contenu que sur les moyens d’expression et sur le degré d’adéquation de l’expression au contenu. 34
L’après de l’art consiste en ce qu’à l’esprit est inhérent le besoin de reconnaître comme étant la vérité vraie que celle qu’il découvre à l’intérieur de lui-même. 153
 
Précédent (La nature de l'avenir)
 Suite (La stratégie comme jeu non fini) 

[Prêt-à-penser]
 [Sommaire]