Chaque élément isolé qui se montre comme condition, origine, cause d’une telle circonstance et, par conséquent, a apporté quelque chose qui lui est propre, peut être considéré comme comptable de cela ou au moins, comme y ayant une part de responsabilité. Hegel, Droit 150
Le sérieux de l'Histoire | Situation de l'Allemagne | La logique de la Haine
Mein Kampf |
On ne peut concevoir d’autre défense que repousser simplement Hitler dans l’enfer de l’oubli en même temps que toute l’horreur dévastatrice qu’il a déclenchée. Hélas, elle revient nous hanter, un peu plus cynique à chaque fois dans la reproduction du passé. Il vaudrait peut-être mieux connaître ce discours de la bêtise partagée qui n’est pas un charabia mystérieux mais bien le discours des sciences humaines et biologiques (reprenant les discours de scientifiques comme Carrel cf. Lacan). On peut bien dire que ce discours est facilement réfutable, repoussant toute prétention de distinguer l’homme de la nature, négation de l’histoire et de la civilisation, d’un droit qui s’étende au-delà d’un groupe lié par des liens biologiques du sang (quoique ce soit aussi la langue!). L’erreur peut être dénoncée, après Kant, de prendre l’homme comme moyen et non comme fin en soi. Il n’est pourtant pas si aisé de se défaire de la fascination d’une logique identificatoire, où l’esprit se nie lui-même avec la force infinie de l’esprit, interdit par sa propre logique implacable et l’appel à l’unité qu’il ne peut plus trahir, la séduction de la domination, l’urgence d’une revanche. Nous devrons nous guérir de cet orgueil fou pour dominer le monde vraiment.
Toute identification se forge dans une lutte qui décide entre deux stratégies s’identifiant comme opposées et constituant des regroupements hostiles où se définissent les pratiques identificatoires. Il n’y a pas d’identité en soi hors de la pure différenciatisation d’avec l’Autre. Lorsqu’on place son être dans un groupe, dans un nom : race, patrie ou parti on ne peut voir dans les autres groupes que des ennemis décidés sur lesquels on projette les plans qu’on forme soi-même. De façon plus consciente, on cherche toujours à attribuer à l’ennemi une horreur supérieure à celle qu’on revendique contre lui, c’est le principe de la propagande guerrière et qui fait se pelotonner entre soi.
Il suffit de s’identifier comme Allemand pour penser : Je suis allemand, les non-allemands menacent les Allemands (la langue allemande menacée dans la Vienne impériale, les peuples allemands menacés par la défaite de 1918, le fait d’être allemand contesté par l’internationalisme marxiste), il y a même des preuves qu’ils veulent nous exterminer tous et, eux, considèrent cela comme un but raciste dans une lutte biologique pour le territoire, il faut donc se défendre avec tous les moyens et tous les droits puisqu’il est question de survie, de lutte pour l’espace et du destin divin d’un peuple grandiose et opprimé. Le passage au biologisme se fait par simplification de l’ennemi intérieur aussi bien qu’extérieur, fixation sur le peuple Juif de la haine de l’Autre (à partir de l’antisémitisme viennois et de l’émergence du sionisme). L’opposition des peuples Juifs et Allemands est constante dans la littérature allemande (succession de la religion juive et de la religion germanique chez Hegel par exemple). La nouveauté est dans le concept "scientifique" de race.
Sait-on, aujourd’hui, ce qu’était un juif avant Hitler dont on peut dire qu’il y a mis le prix pour être celui qui impose cette nomination, en unifiant ce qui était divers. Bien sûr Hitler n’a pas inventé l’antisémitisme très vivace à Vienne et qu’on peut dater de l’empire romain déjà (Lysimaque, st Jean chrysostome). Les juifs ne se définissent pas vraiment par la race, cependant, mais par la marque d’appartenance (la circoncision), l’unité de Dieu, du peuple, comme opposé aux traditions originelles du sol, peuple de l’exil, étranger même en terre promise. Les conversions furent autrefois nombreuses (Ashkénazes). C’est la logique hitlérienne qui transforme cette notion anti-naturelle du peuple divin en principe biologique menaçant pour l’autre, avec toutes les projections imaginaires qui en découlent. Il est à noter que la transposition de la lutte du Maître et de l’Esclave en lutte des Aryens et des Sémites trouve son répondant chez Hegel (citoyen grec libre aristocrate, religion Thétique, et le Juif esclave exilé égalitaire, anti-Thétique, trouvant sa synthèse chrétienne dans les peuples germains : scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs !) et de bien d’autres (Renan). Marx, de son côté, assimile le Juif à la logique marchande, mesquine, prosaïque et formelle, faisant du Juif un produit de la société bourgeoise, sa vérité refoulée, produite et exclue tout à la fois.
Il y a là deux erreurs qui s’ajoutent. La première consiste à prendre le sujet pour objet (erreur du "principe de raison suffisante" de Schopenhauer), la deuxième est de réduire l’homme à l’animal. C’est encore la même erreur dont nous dénonçons les ravages d’un bout à l’autre de ces trois tomes. Ce qui fait l’essence des sciences humaines commence à la biologie et au darwinisme social qui, bien que réfuté par Darwin lui-même est constamment repris par les esprits qui se croient supérieurs comme ce grand humaniste de Carrel prêt à supprimer tout ce qui lui semble inutile ou malfaisant. La réfutation de ces thèses (des Diplodocus à l’homme, l’évidence que les solidarités sont plus fortes que les antagonismes) ne peut être opérante car, s’il y a changement de discours des références biologiques aux revendications identitaires, c’est l’idéologie du capitalisme dominant dans les faits qui insiste, idéologie de la concurrence et de la réussite individuelle. L’apparence bonhomme de nos nouveaux scientistes (Changeux) qui se veulent tellement humanistes ne résisterait pas à une exacerbation des conflits, à des enjeux considérés comme vitaux, si la "rationalité" se réduisait aux "fondements naturels de l’éthique". Le " darwinisme" social justifie un retour à la loi de la jungle (négation de la culture au nom de la science même), une vision stratégique d’anéantissement de l’Autre en même temps qu’une inscription dans la nature de l’aristocratie des forts (Nietzsche sert ici à une sauce qu’il n’avait certes pas prévue mais dont ses formulations sur les malvenus ont pris le risque bien légèrement). L’alibi et l’autorité de la science réfutant à l’avance toute critique devant cette horreur insensée, c’est bien un comportement psychotique qui prend alors le corps social. Le Juif va concentrer sur lui tout ce discours, cristalliser toutes les haines comme l’étranger familier, l’Autre en nous qu’il faut expulser, incarnation de tout ce qu’on rejette ou refoule d’une responsabilité impossible, et illustrant la réalité de la race, servir à la fois de preuve réelle de la persécution et d’unification, au delà de toutes les différences, d'un fantasme de peuple (l’antisémitisme est la seule forme de pornographie tolérée dans le Reich. Hitler).
Nostalgie d’un temps dépassé, celui des maîtres, devant la constatation justifiée que le laisser faire économique de l’esclave ne suffit pas, la totalité est ici assimilée à la race, ce qui n’est pas la même chose que de défendre l’universel. Mais la référence à la science assure la fondation d’une conception du monde complète et solide, malgré tout universelle. Ce discours garde, malheureusement, toute sa séduction et il faut faire un effort de dé-fascination, dés-objectivation, de subjectivisation enfin pour en percevoir tout le ridicule qui se résume à un appel à une communauté de maîtres où se rassemblerait toute la reconnaissance de l’humanité. Cette mythologie usée fait encore des ravages qu’il vaut mieux prévenir en montrant à quel point ceux qui la défendent sont loin d’y pouvoir prétendre. Mais elle se montre aussi bien datée, précisément de ce temps de bouleversement où les échanges détruisant les frontières n’ont pas encore homogénéisé tout-à-fait le monde sous les mêmes marchandises.
Schopenhauer, cité par Hitler pour avoir donné du Juif l’image d’un fourbe, est bien le représentant de cette logique vitaliste et scientiste, dont il n’est certes pas le seul représentant. Le principe de raison suffisante permet de rabattre l’amour et toutes ses créations à la simple amélioration de la race, sous le prétexte que la reproduction est la finalité et la condition de l’amour. Une fois admis la nécessité que nous ayons un corps, il suffit de prétendre qu’il n’y a rien d’autre. Ce réductionnisme scientifique est encore largement d’actualité et il faut en mesurer toutes les conséquences. L’ironie est que même l’exigence kantienne, de ne pas mêler aux jugements scientifiques ou moraux des considérations affectives (pathologiques), va permettre de nier toutes les prétentions de l’esprit, plus aucune limite ne pouvant être opposée à la brutalité naturelle d’une "volonté de vivre" supposée justifiée. Le plus étonnant est que des érudits comme Dumézil, spécialiste de mythologies comparés, tombent, eux aussi, dans cette étonnante croyance que la neurologie pourrait nous donner accès au sens! Pour ces théologiens de la science penser c’est remercier, appel de la servitude, et inaccessible à la négativité du désir, de la réflexion et de la liberté humaine. On peut toujours prétendre n'y être pour rien, laissant toute la responsabilité aux choses :
Le caractère fini et non libre de toutes ces opérations tient à ce que les objets sont considérés comme indépendants [..] En même temps qu’on attribue cette liberté aux objets, on refuse toute liberté à l’appréhension subjective. Pour celle-ci, en effet, le contenu devient un "donné ", de sorte qu’à l’autodétermination subjective se substitue la simple réception, la simple perception de l’objectivité existante. C’est ainsi que la vérité ne saurait être atteinte qu’au prix de la soumission de la subjectivité.
Les choses se passent de même, mais en sens inverse dans le cas du "vouloir". Dans le vouloir, les intérêts, les fins, les intentions, les décisions résident dans le "sujet" qui cherche à les affirmer à l’encontre de l’être et des propriétés des objets. Ces fins, intentions, décisions et intérêts ne peuvent être réalisés que dans la mesure où la volonté supprime les objets ou les modifie, les élabore, leur donne une cetaine forme. Hegel. Esthétique. 162
La question de la responsabilité telle que la pose Hegel implique l’intention et la représentation du but, c’est bien ce qu’il s’agit d’examiner dans ce qui s’est donné comme le manifeste du régime nazi. Mais aussi, sachant qu’il a été effectivement réalisé, c’est l’occasion de peser chaque affirmation dans ses conséquences les plus funestes.
Toutes les révolutions civiles et politiques ont eu une patrie et s’y sont renfermées. La révolution française n’a pas eu de territoire propre ; bien plus, son effet a été d’effacer en quelque sorte de la carte toutes les anciennes frontières. On l’a vue rapprocher ou diviser les hommes en dépit des lois, des traditions, des caractères, de la langue, rendant parfois ennemis des compatriotes, et frère des étrangers ; ou plutôt elle a formé, au-dessus de toutes les nationalités particulières, une patrie intellectuelle commune dont les hommes de toutes les nations ont pu devenir citoyens.
Mais si cet universalisme rejoint le cosmopolitisme d’Athènes, c’est aussi la réalité de la domination de l’occupant qui va révéler les intérêts particuliers sur lesquels il s’appuie, dénonçant l’hypocrisie de la propagande universaliste, déconsidérée. Fichte, surtout, mais aussi Hegel appellent déjà à la revanche du peuple allemand dont ils exaltent la grandeur comme opposé aux autres peuples.Tocqueville. L’ancien régime et la Révolution 68
Hegel n'a jamais été vraiment antisémite, sinon par conformisme de jeunesse, mais sa responsabilité est grande malgré tout car il a donné à la particularité du peuple un destin universel. Le peuple germanique prenant la suite du peuple juif se présente comme négation dialectique de son origine. Cela se traduira par l'accès maniaque du peuple allemand dans l'élimination de sa part juive vécue comme réappropriation de l'origine. Il fallait que les Juifs aient été valorisés d'abord comme peuple, représentés comme race, pour que puisse se concevoir leur anéantissement nécessaire. La réalité sociologique de la compétition des diasporas juives et germaniques, ne s'est transformée en anéantissement barbare qu'après avoir été représentée, fantasmée comme race particulière et dominante dans la culture et la religion. La fin du rôle social des juifs a pu être vécu, à cause des représentations idéologiques issues de Hegel comme libération de la germanité refoulée, l'accès des germains à la domination à la place des juifs (qu'on y suppose d'abord), y compris dans la pensée.
En utilisant les enseignements de l’histoire, nous avons essayé, dans les précédents "Discours", de montrer que les caractères fondamentaux des Allemands étaient ceux d’une race primitive, ayant le droit de se considérer comme le peuple par excellence, en opposition avec les autres races qui se sont séparées de lui ; le mot même "allemand" (Deutsch) désigne d’ailleurs littéralement ce que nous venons de dire.
Fichte. Discours à la Nation allemande. 150
L’esprit de l’univers, en effet, était si occupé par la réalité qu’il n’a pu s’intérioriser et se recueillir en lui-même. Maintenant que ce torrent de la réalité est brisé, que la nation allemande s’est de vive force tirée de la situation la plus dure, qu’elle a sauvé sa nationalité, fondement de toute vie vivante, nous pouvons espérer qu’à côté de l’État qui a absorbé tout l’intérêt, l’Église aussi se relève, qu’à côté du royaume de ce monde qui a concentré jusqu’ici pensées et efforts, on pense de nouveau au royaume de Dieu, en d’autres termes, qu’à côté de l’intérêt politique et des autres intérêts attachés à la réalité vulgaire, fleurisse de nouveau la science pure, le libre et raisonnable monde de l’Esprit.
Nous verrons dans l’histoire de la philosophie que dans les autres pays d’Europe, où les sciences et la formation de l’intelligence ont été cultivées avec zèle et considération, la philosophie, à la réserve près du nom, est disparue et a péri jusqu’en son souvenir et son idée même, mais qu’elle s’est conservée comme particularité dans la nation allemande. Nous avons reçu de la nature la mission supérieure d’être les gardiens du feu sacré, comme la famille des Eumolpides à Athènes avait la garde des mystères d’Éleusis et les insulaires de Samothraces la charge de la conservation et du soin d’un culte supérieur, comme jadis l’Esprit de l’Univers s’était réservé la nation juive pour la conscience suprême afin qu’il s’élève du milieu d’elle comme un esprit nouveau.
La vérité dévoilée de l’hypocrisie d’un universalisme de façade justifie une exaltation de la particularité qui, elle, n’est pas universalisable, sinon en conflit entre particularités dominantes et dominées. Il n’y a guère d’alliance possible avec un peuple qui veut lutter pour lui exclusivement, comme le constateront tous les stratèges allemands ne pouvant compter sur la collaboration des peuples conquis pendant la guerre. En tentant de réduire aussi le marxisme à des intérêts particuliers (les juifs) et, en constituant son internationalisme comme adversaire, le nazisme s’autorisait toutes les audaces compromettantes de la propagande et du combat idéologique que le marxisme avait justifié : la vieille justification de la violence qui répond à la violence, quitte à en rajouter des tonnes.Hegel. Histoire de la philosophie.16
L’Allemagne a montrée sa puissance dans la guerre de 14-18 contre "la terre entière". Sans doute, en ayant échouée dans la guerre éclair (plan Schlieffen qui réussira en 1940), sa victoire n’était plus possible et il a fallut attendre la révolution allemande pour briser l’entêtement et la dictature des généraux (Ludendorff et Hindenburg). Contrairement à ce que prétend Hitler, les percées allemandes ne pouvaient plus être décisives en 1918 et c’est le refus d’accepter un compromis qui a prolongé la guerre de tranchée si longtemps jusqu’à l’arrivée des Américains et le commandement de Foch. Mais il faut reconnaître que le traité de Versailles était reconnu par tous comme draconien et humiliant. Le pays ne pouvait se relever de sa défaite. Et lorsque la crise de 1929 plongera toute l’économie dans le désastre total, le temps sera mûr pour une réaction vigoureuse et violente. Les réussites économiques des premières années du nazisme furent, d’ailleurs, tout à fait remarquables bien qu’elles ne soient certes pas durables, mais il faut prendre toute la mesure de leur éfficacité. Il faut savoir, qu’à côté de ces promesses, la vie de millions de Juifs, de Soviétiques et autres massacrés ne valait absolument rien.
Je n’ignore point que c’est par la parole beaucoup plus que par les livres que l’on gagne des hommes : tous les grands mouvements que l’histoire a enregistrés ont dû beaucoup plus aux orateurs qu’aux écrivains.
Il n’en est pas moins vrai qu’une doctrine ne peut sauvegarder son unité et son uniformité que si elle a été fixée par écrit, une fois pour toutes. 12
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Une heureuse prédestination m’a fait naître à Braunau-am-Inn, bourgade située précisément à la frontière de ces deux Etats allemands dont la nouvelle fusion nous apparaît comme la tâche essentielle de notre vie, à poursuivre par tous les moyens.
L’Autriche allemande doit revenir à la grande patrie allemande et ceci, non pas en vertu de quelconques raisons économiques. Non, non : même si cette fusion, économiquement parlant, est indifférente ou même nuisible, elle doit avoir lieu quand même. Le même sang appartient à un même empire. Le peuple allemand n’aura aucun droit à une activité politique coloniale tant qu’il n’aura pu réunir ses propres fils en un même État. Lorsque le territoire du Reich contiendra tous les Allemands, s’il s’avère inapte à les nourrir, de la nécessité de ce peuple naîtra son droit moral d’acquérir des terres étrangères. La charrue fera alors place à l’épée, et les larmes de la guerre prépareront les moissons du monde futur.
C’est ainsi que la situation de ma ville natale m’apparaît comme le symbole d’un grand devoir. 17
C’est cette petite ville de l’Inn, auréolé de ce martyre allemand, bavaroise de sang mais politiquement autrichienne que mes parents habitaient vers 1890. Mon père était un consciencieux fonctionnaire ; ma mère vaquait aux soins de son intérieur et entourait ses enfants de soins et d’amour. Cette époque a peu marqué mon souvenir, car, quelques années plus tard, mon père alla occuper un nouveau poste un peu plus bas sur le cours de l’Inn, à Passau, donc en Allemagne même.
Mais le sort d’un employé des douanes autrichien comportait alors bien des déplacements. Peu de temps après mon père revenait à Linz, et y prenait sa retraite. Pour le cher vieil homme, cela ne devait pas être le repos. Fils d’un pauvre petit journalier agricole, il lui avait déjà fallu naguère quitter la maison. A peine âgé de treize ans, il boucla sa sacoche et quitta le canton de forêt qui était son pays natal. Malgré le conseil de villageois expérimentés, il était parti à Vienne pour y apprendre un métier. Ceci se passait vers 1850. C’était une décision bien amère que celle de partir, de se mettre ainsi en route vers l’inconnu avec trois écus en poche. Quatre ans après, passé compagnon, il n’était cependant pas satisfait. Au contraire. La misère persistante de cette époque fortifia sa résolution de quitter son métier pour devenir quelque chose de "plus haut". Alors que jadis, pauvre jeune homme, la situation du prêtre de son village lui paraissant le summum de la condition humaine, maintenant que la grande ville avait élargi ses idées, il mettait au-dessus de tout la dignité de fonctionnaire. Avec toute l’âpreté de ceux que la misère et l’affliction ont mûris avant l’âge, ce jeune homme de dix-sept ans poursuivit obstinément la réalisation de ses nouveaux projets - et il devient fonctionnaire. Il atteignit son but vers vingt-trois ans, je crois, réalisant ainsi sa promesse de jeune homme de ne retourner dans son cher village qu’après être devenu quelqu’un.
Maintenant, le but était atteint ; mais personne au village ne se souvenait plus du petit garçon de jadis et le village lui était devenu à lui-même étranger. 18
De cette époque datent mes premières idées personnelles. Les ébats en liberté, l’école buissonnière, la fréquentation de vigoureux garçons - qui souvent donnait à ma mère d’amers soucis - me rendirent rien moins que casanier. Je m’interrogeais rarement sur ma vocation ; en tous cas, mes goûts ne m’entraînaient en rien vers une existence semblable à celle de mon père. Je crois que mon talent d’orateur commençait alors à se former dans les discours plus ou moins persuasifs que je tenais à mes camarades : j’étais devenu un petit meneur, difficile à mener lui-même, d’ailleurs bon écolier, ayant le travail facile. A mes moments libres, je suivais des cours de chant au chapitre des chanoines de Lambach et j’y trouvais une fréquente occasion de m’enivrer de la pompe magnifique des fêtes religieuses. Quoi de plus naturel que la situation de mon révérend abbé m’apparût alors comme un idéal digne des plus grands efforts, avec tout le prestige qu’avait eu autrefois pour mon père l’humble prêtre de son village ? [..]
En fait cette vocation se perdit bientôt et fit place à des espérances répondant mieux à mon tempérament. Farfouillant la bibliothèque paternelle, je tombais sur divers livres militaires, dont une édition populaire de la guerre franco-allemande de 1870-1871. Il y avait là deux volumes d’un journal illustré de ces années. Ils devinrent ma lecture favorite. En peu de temps, la grande guerre héroïque passa au premier plan de mes préoccupations morales. Dès lors, je butinai de plus en plus tout ce qui avait rapport à la guerre et à l’état militaire.
C’était encore là pour moi une révélation importante. Car pour la première fois, de façon certes encore confuse, certaines questions tourmentèrent mon esprit : y a-t-il donc une différence, et laquelle, entre les Allemands qui livrèrent ces combats et les autres ? Pourquoi mon père et les autres Autrichiens n’y ont-ils pas pris part ?
Ne sommes-nous pas tous pareils aux autres Allemands ?
Ne suivons-nous pas la même route ?
Je tournais et retournais ces problèmes dans mon cerveau d’enfant et des réponses faites aux questions que je posais avec prudence, je dus conclure, une secrète jalousie au coeur, que tous les Allemands n’avaient pas le bonheur d’appartenir à l’État de Bismarck.
Je ne pouvais le comprendre.
Il me fallut étudier.
De toutes mes manières et plus encore de mon tempérament, mon père concluait que je n’avais aucune aptitude pour les études classiques au lycée. La Realschule lui paraissait mieux me convenir. Il fut confirmé dans cette façon de voir par mon évidente facilité pour le dessin, matière qui, dans les lycées autrichiens, était à son avis trop négligée. Peut-être aussi le souvenir de sa propre vie de travail l’éloignait-il des humanités, sans intérêt pratique à ses yeux. Au fond, il avait l’idée arrêtée que, naturellement, son fils aussi serait fonctionnaire comme lui. Sa jeunesse pénible lui faisait bien naturellement surestimer d’autant plus ses succès tardifs, qu’ils étaient le fruit exclusif de son application ardente et de sa puissance de travail. Fier d’être le fils de ses oeuvres, il rêvait pour moi une situation semblable à la sienne et si possible supérieure ; il y tenait d’autant plus qu’il avait mis plus de soins à faciliter lui-même la carrière de son fils.
Il ne concevait pas que je puisse refuser ce qui avait été jadis toute sa vie [..]
Il devait cependant en être autrement.
Pour la première fois de ma vie - j’avais onze ans - je me rangeais dans l’opposition. Aussi tenace que pût être mon père pour mener à bien les plans qu’il avait conçus, son fils n’était pas moins obstiné à refuser une idée dont il n’attendait rien de bon.
Je ne voulais pas être fonctionnaire.
Ni discours, ni sévères représentations ne purent venir à bout de cette résistance. Je ne serais pas fonctionnaire, non et encore non ! En vain mon père essayait-il d’éveiller en moi cette vocation par des peintures de sa propre vie : elles allaient contre leur objet. J’avais des nausées à penser que je pourrais un jour être prisonnier dans un bureau ; que je ne serais pas le maître de mon temps, mais obligé de passer toute ma vie à remplir des imprimés [..]
Si j’ai cru devoir citer ces étonnantes fadaises, c’est qu’elles ont été les pages les plus lues de Mein Kampf puisque ce sont les premières. Elles nous donnent déjà, dans les deux premiers paragraphes, l’évidence de l’Anschluss, la classique revendication allemande du droit du sang et le darwinisme social sommaire justifiant la guerre de conquête. Cette revendication guerrière a pu passer pour ne devant s’appliquer qu’aux colonies lointaines, mais, à l’époque, l’Allemagne elle-même se prenait pour un peuple colonisé depuis la guerre de 14-18 et le traité de Versailles (voir Ernst Jünger). Hitler s’est toujours réclamé du droit de l’opprimé, du droit de riposte (répondre à la violence par la violence). C’est pourquoi son attitude future peut être présentée comme une application des horreurs de la colonisation aux peuples "civilisés". Mais ces paragraphes sont vite oubliés derrière le roman de sa formation et sa critique du monde fonctionnarisé qu’il voudra plutôt militariser. La fonction principale de cette histoire naïve est de donner l’impression d’une transparence totale des origines, alors que les origines familiales d’Hitler sont justement excessivement troubles. L’insistance sur l’infériorité de ses origines vise à favoriser la sympathie et l’identification du leader comme un des leurs, partageant les mêmes souffrancesMa résolution bien arrêtée de ne jamais devenir fonctionnaire - et elle était inébranlable - suffisait à me tranquilliser complètement. Mais la question fut plus délicate lorsque le projet de mon père en rencontrera un chez moi. J’avais alors douze ans. Comment cela advint-il ? Je ne m’en souviens plus ; mais un jour il me fut évident que je devais devenir peintre, artiste-peintre. 19/20/21
Enfin, je voulais être de ceux qui ont le bonheur de vivre et d’agir à la place d’où doit venir la réalisation du voeu le plus ardent de leur coeur : la réunion de ma patrie bien-aimée à la grande patrie commune, au Reich allemand.
Ceux qui ne comprendront pas la force de ce désir sont encore nombreux aujourd’hui ; mais je m’adresse à ceux à qui le sort a refusé jusqu’à présent ce bonheur, ainsi qu’à ceux qui en ont été cruellement privés ; je m’adresse à tous ceux qui, séparés de la mère-patrie, doivent lutter même pour le trésor sacré de la langue natale, qui sont poursuivis et malmenés pour leur attachement fidèle à la patrie, et qui attendent avec une ferveur douloureuse l’heure qui leur permettra de retourner au coeur de leur mère bien-aimée ; je m’adresse à tous ceux-là, et je sais : ils me comprendront !
Seul celui qui sent dans toutes ses fibres ce que signifie d’être Allemand sans pouvoir appartenir à la chère patrie, pourra mesurer la nostalgie profonde qui brûle en tout temps dans les coeurs des enfants séparés d’elle. Cette nostalgie torture tous ceux qui en sont hantés, elle leur refuse toute joie et tout bonheur jusqu’à ce que s’ouvrent enfin les portes de la patrie, et que le sang commun trouve paix et repos dans l’empire commun. 127/128
- L’amour de la langue
Je commençai avec la plus grande joie et la plus grande ardeur. Maintenant, en effet, se présentait à moi l’occasion de parler devant un plus nombreux auditoire et ce dont j’avais toujours eu la prescience se trouvait aujourd’hui confirmé : je savais parler. 214
Il était alors persuadé que, si j’avais d’autres aptitudes, je n’avais pas celle de la parole.
Même dans la suite il n’y eut pas moyen de le faire revenir sur cette opinion.
Mais il se trompait. Vingt minutes m’avaient été accordées dans cette première réunion, que l’on peut appeler publique, pour conserver la parole : je parlai pendant trente minutes. Et ce que j’avais simplement senti au fond de moi-même, sans en rien savoir, se trouva confirmé par la réalité : je savais parler ! 354
Le chef-lieu de la Haute-Autriche possédait alors un théâtre qui, somme toute, n’était pas mauvais. On y jouait assez souvent. A douze ans, j’y entendis pour la première fois Guillaume Tell et quelques mois plus tard, le premier opéra de ma vie, Lohengrin. Du premier coup, je fus conquis. Mon enthousiasme juvénile pour le maître de Bayreuth ne connut pas de limites. Toujours dès lors ses oeuvres m’attirèrent à nouveau et c’est une chance pour moi que ces modestes interprétations dans une petite ville de province m’aient laissé la possibilité d’en entendre plus tard de très supérieures.28
Quand, à l’heure actuelle, après tant d’années, je fais le bilan de cette époque, deux faits significatifs m’apparaissent.
1° Je devins nationaliste
2° J’appris à comprendre et à pénétrer le vrai sens de l’histoire.
L’ancienne Autriche était un État à nationalités multiples. [..]
Il a fallu pourtant que l’Allemand d’Autriche fût de la meilleure des races pour avoir marqué de son empreinte en État de cinquante-deux millions d’habitants et cela à un point tel qu’en Allemagne même on pouvait penser - à tort, d’ailleurs - que l’Autriche était un État allemand. Erreur lourde de suites, mais magnifique témoignage pour les dix millions d’Allemands de la Marche de l’Est. Peu d’Allemands du Reich se doutaient qu’il fallait constamment lutter en Autriche pour le triomphe de la langue allemande, des écoles allemandes et tout simplement pour y être allemand.
Aujourd’hui seulement que cette triste nécessité est celle de plusieurs millions de nos frères qui, hors du Reich, sous une domination étrangère, rêvent de la patrie commune, tournent vers elle leurs aspirations, essaient d’obtenir au moins le droit sacré à la langue maternelle, c’est dans un cercle plus étendu que l’on comprend ce que signifie : devoir combattre pour sa race.
Peut-être aussi d’aucuns daignent-ils mesurer la grandeur du Deutschtum de la Marche de l’Est du Reich qui, réduite à ses seuls moyens, le couvrit d’abord vers l’Est pendant des siècles, ensuite par une suite exténuante d’escarmouches de détail, s’opposa au recul des frontières de la langue allemande : et cela à une époque où le Reich s’intéressait en vérité à des colonies, mais non pas, devant ses portes, à sa chair et à son sang.
Comme partout et toujours, comme dans chaque combat, dans la rivalité des langues de l’ancienne Autriche, il y eut trois clans, les combattants, les tièdes et les traîtres.
Il en est ainsi dès l’école, car il est remarquable que la lutte des langues fait rage surtout en ce lieu où se forment les générations à venir. Il s’agit de conquérir l’enfant et c’est à lui que doit s’adresser le premier appel du combat :
"Enfant allemand, n’oublie pas que tu es un Allemand."
"Fillette, pense que tu dois être un jour une mère allemande." 23/24
Ce qui se passait tous les jours ne pouvait que confirmer les enseignements de l’histoire sur l’action des Hasbourg. Au nord et au sud, le poison étranger dévorait le corps de notre peuple et Vienne même devenait une ville toujours moins allemande. "L’auguste maison d’Autriche" faisait le jeu des Tchèques en toute occasion. Ce fut le poing de la déesse du droit éternel et de l’inexorable châtiment qui abattit l’ennemi le plus mortel de l’Allemagne autrichienne, le grand-duc Franz Ferdinand. Il fut percé de balles qu’il avait aidé à fondre. Ne patronnait-il pas cependant cette slavisation de l’Autriche qui se manifestait du haut vers le bas ?
Les charges du peuple allemand étaient énormes, les sacrifices d’argent et de sang qu’on lui demandait étaient inouïs, et les plus aveugles en voyaient l’inutilité. Le plus douloureux pour nous était encore de constater que la politique des Hasbourg à notre égard était moralement couverte par leur alliance avec l’Allemagne : ainsi celle-ci sanctionnait en quelque sorte la lente extermination du germanisme dans la vieille monarchie. En cherchant hypocritement à donner à l’extérieur l’impression que l’Autriche demeurait un État allemand, la maison impériale entretenait contre elle des sentiments de révolte, de mépris et de haine. 26/27
Surtout après que sa situation d’héritier du trône eût permis à l’archiduc François-Ferdinand d’exercer une influence certaine, la politique pro-tchèque, poursuivie depuis le haut vers le bas, devint réfléchie et coordonnée. Le futur souverain de la double monarchie s’efforça par tous les moyens possibles de favoriser la dégermanisation [..]
L’idée maîtresse de ce nouveau représentant des Habsbourg [..] était la création graduelle d’un État slave dans l’Europe centrale, basé sur des principes strictement catholiques et devant servir d’appui contre la Russie orthodoxe. [..] La tentative d’extirper par tous les moyens le germanisme dans la vieille monarchie eut pour réplique la croissance du mouvement pangermaniste en Autriche. 98
Pour la première fois, des hommes de tendances nationales et patriotiques devinrent des rebelles [..]
L’autorité de l’État ne peut être un but en soi-même, car, dans ce cas, toute tyrannie serait inviolable et sacrée.
Quand un gouvernement conduit un peuple à sa ruine par tous les moyens, la rébellion de chaque membre de ce peuple devient non pas un droit, mais un devoir.
La question : Quand un tel cas se présente-t-il ? ne trouve pas de réponse par des dissertations de théorie ; elle se tranche par la force, et le succès en décide. 100
Mais, en général, on ne doit pas oublier que le but suprême de l’existence des hommes n’est pas la conservation d’un État : c’est la conservation de leur race.
Quand la race est en danger s’être opprimée ou même éliminée, la question de la légalité ne joue plus qu’un rôle secondaire. Dans ce cas, il importe peu que le pouvoir existant applique des moyens absolument légaux ; l’instinct de conservation des opprimés sera toujours la justification la plus élevée de leur lutte par tous les moyens [..]
Le droit des hommes prime le droit de l’État.
Et si un peuple succombe dans sa lutte pour les droits de l’homme, c’est qu’il a été pesé sur la balance du sort et a été trouvé trop léger pour avoir droit au bonheur de l’existence dans ce monde terrestre. Car celui qui n’est point prêt à lutter pour son existence, ou n’en est pas capable, est déjà prédestiné à sa perte par la Providence éternellement juste.
Le monde n’est point fait pour les peuples lâches. 101
Dans ce foyer des nationalités les plus diverses, il ressortait aussitôt de manière évidente que, seul, le pacifiste allemand s’efforçait de considérer les intérêts de sa nation d’un point de vue objectif, tandis que le Juif ne le faisait jamais en ce qui concernait les intérêts du peuple juif ; il ressortait aussi que seul le socialiste allemand est "international" dans un sens qui ne lui permet pas de revendiquer les droits de son propre peuple autrement que par des plaintes et des pleurnichages devant les camarades internationaux ; jamais, au contraire, le Tchèque ni le Polonais ne le font. 117
Le conglomérat de races que montrait la capitale de la monarchie, tout ce mélange ethnique de Tchèques, de Polonais, de Hongrois, de Ruthènes, de Serbes, et de Croates, etc., me paraissait répugnant, sans oublier le bacille dissolvant de l’humanité, des juifs et encore des juifs.
Cette ville gigantesque me paraissait l’incarnation de l’inceste.
Le langage allemand de ma jeunesse, c’était le dialecte qu’on parle en Basse Bavière ; je ne pouvais ni l’oublier ni m’assimiler le jargon viennois. Plus je vivais dans cette ville, plus ma haine devenait vive contre ce mélange de peuples étrangers qui commençait à entamer ce vieux centre de culture allemande. 126/127
- La misère
Je remercie cette époque de m’avoir rendu dur et capable d’être dur. Plus encore, je lui suis reconnaissant de m’avoir détaché du néant de la vie facile, d’avoir extrait d’un nid délicat un enfant trop choyé, de lui avoir donné le souci pour nouvelle mère, de l’avoir jeté malgré lui dans le monde de la misère et de l’indigence et de lui avoir ainsi fait connaître ceux pour lesquels il devait plus tard combattre.
C’est à cette époque que mes yeux s’ouvrirent à deux dangers que je connaissais à peine de nom et dont je ne soupçonnais nullement l’effrayante portée pour l’existence du peuple allemand : le marxisme et le judaïsme.
[..]
Je lisais alors énormément et à fond ; ce qui me restait de temps libre après mon travail était consacré exclusivement à l’étude. En quelques années, je me constituai ainsi des connaissances qui me servent aujourd’hui encore.
J’ajouterai que c’est à cette époque que prirent forme en moi les vues et les théories générales qui devinrent la base inébranlable de mon action d’alors. Depuis j’ai eu peu de choses à y ajouter, rien à y changer.31/32
Au début du siècle, Vienne était déjà une ville pleine d’iniquités sociales.
[..]
Dans aucune ville allemande la question sociale ne pouvait mieux s’étudier qu’à Vienne; mais qu’on ne s’illusionne pas. Cette étude ne peut pas avoir lieu d’en haut. Quiconque ne s’est pas trouvé réduit lui-même à une semblable misère ne la connaîtra jamais. Dans tout autre cas, il n’y aura chez lui que bavardage superficiel ou sentimentalité mensongère : les deux également nuisibles et n’allant pas au coeur du problème. Je ne sais le plus néfaste, de l’indifférence dont fait preuve chaque jour la majorité des favorisés du sort et même des parvenus vis-à-vis des misères sociales, ou bien de la condescendante arrogante et souvent dénuée de tact, mais toujours si pleine de grâce, de certaines élégantes qui se piquent "d’aller au peuple". Ces gens se trompent d’autant plus qu’avec leur esprit dénué d’instinct, ils se bornent à essayer de comprendre en gros. Il s’étonnent ensuite que les opinions qu’ils professent n’aient aucun succès ou qu’elles soient repoussées avec indignation ; on y voit volontiers une preuve de l’ingratitude du peuple.
Cela n’est pas une vérité bien agréable pour ce genre de cervelles qu’une activité sociale n’ait rien à faire avec tout cela, surtout qu’elle ne puisse prétendre à aucune reconnaissance, étant donné qu’elle n’a pas à distribuer des faveurs, mais à rétablir des droits.
Je ne fus pas exposé à étudier de cette façon-là la question sociale. En m’enrôlant dans son armée maudite, la misère parut bien moins m’inviter à "l’étudier" de près qu’elle ne me prit moi-même pour sujet. Ce n’est pas à elle que revint le mérite que le cobaye ait survécu à l’opération. 34/35
Ainsi, l’homme jadis laborieux se relâche en toutes choses jusqu’à devenir un simple instrument aux mains de gens qui ne poursuivent que d’ignobles profits. Son chômage lui est si peu imputable à tort que, d’un seul coup, il lui est tout à fait égal de combattre pour des revendications économiques ou d’anéantir les valeurs de l’État, de la société ou de la civilisation. Il devient gréviste sinon avec joie, du moins avec indifférence.
J’ai pu suivre ce processus sur des milliers d’exemples. Et plus j’en observais, plus vive était ma réprobation contre ces villes de plusieurs millions d’habitants, qui attirent si avidement les hommes pour les broyer ensuite de façon si effroyable.
A leur arrivée, ils appartenaient encore à leur peuple ; s’ils restent, ils sont perdus pour lui. 37
Pour ne pas désespérer complètement des hommes qui m’entouraient alors, il me fallait faire abstraction de leurs façons et de leur vie, et ne retenir que les raisons de leur déchéance. Alors je pouvais supporter ce spectacle sans découragement, alors ce n’étaient plus les hommes qui ressortaient de tous ces tableaux du malheur et du désespoir, de l’ordure et de la dépravation, mais les tristes résultats de tristes lois. Cependant, ayant moi-même bien du mal à vivre, j’étais gardé de capituler en quelque pitoyable sentimentalité à la vue des produits, résultat final de ce processus de dégradation. Non, ce n’est pas ainsi qu’il fallait le concevoir. Et il m’apparaissait que, seul, un double chemin pouvait conduire à l’amélioration de cet état :
Établir des bases meilleures de notre développement en s’inspirant d’un profond sentiment de responsabilité sociale.
Anéantir avec une décision brutale les rejetons non améliorables.
La nature ne s’attache pas tant à la conservation de l’être qu’à la croissance de sa descendance, support de l’espèce. Il en est de même dans la vie. Il n’y a guère lieu d’améliorer artificiellement les mauvais côtés du présent - amélioration d’ailleurs pratiquement impossible - mais de préparer des voies plus saines au développement futur de l’homme en le prenant à ses débuts.
Dès mes années de lutte de Vienne, je m’étais persuadé que :
Le but de l’activité sociale ne devra jamais être d’entretenir une endormante prospérité, mais bien plutôt d’éviter ces carences essentielles de notre vie économique et culturelle, qui conduisent nécessairement à la dégénérescence de l’individu ou tout au moins peuvent l’entraîner.
La difficulté de corriger par tous les moyens, même les plus brutaux, une situation sociale criminelle, néfaste pour l’État, ne provient nullement de ce qu’on hésite sur ses causes.
L’hésitation de ceux qui n’entreprennent pas les mesures de salut qui seraient indispensables a sa source dans leur sentiment très fondé d’être eux-mêmes les responsables de la dépravation tragique de toute une classe. Ce sentiment paralyse en eux toute ferme résolution d’agir ; ils ne savent envisager que des réformes timides et insuffisantes, s’agirait-il des mesures de conservation les plus indispensables.
Ce n’est que lorsqu’une époque ne sera plus envoûtée par la propre conscience de sa responsabilité qu’elle recouvrera, avec le calme intérieur, la force extérieure de trancher brutalement et sans regret les pousses parasitaires, et d’arracher l’ivraie.
- Le marxisme
J’entendais rejeter tout : La Nation, invention des classes "capitalistes" - que de fois n’allais-je pas entendre ce mot! - la Patrie, instrument de la bourgeoisie pour l’exploitation de la classe ouvrière ; l’autorité des lois, moyen d’opprimer le prolétariat ; l’école, institution destinée à produire un matériel humain d’esclaves, et aussi de gardiens ; la religion, moyen d’affaiblir le peuple pour mieux l’exploiter ensuite ; la morale, principe de sotte patience à l’usage des moutons, etc. Il n’y avait rien de pur qui ne fût traîné dans la boue. 48
Seul, en effet, un sot pourrait, connaissant cet énorme travail d’empoisonnement, en condamner la victime. Plus s’accusa mon indépendance dans les années qui suivirent, plus je pénétrai les causes profondes des succès de la Social-Démocratie. Je compris alors le sens de l’ordre brutal de ne lire que des journaux rouges et des livres rouges, de ne fréquenter que des réunions rouges, etc. Dans une clarté impitoyable, je voyais se révéler les résultats indiscutables de cette doctrine de l’intolérance.
L’âme de la masse n’est accessible qu’à tout ce qui est entier et fort.
[..]
Si la Social-Démocratie s’oppose une doctrine mieux fondée, celle-ci vaincra même si la lutte est chaude, à condition cependant qu’elle agisse avec autant de brutalité.
Elle s’entend à faire naître l’apparence qu’elle seule possède le moyen de faire régner la tranquillité ; cependant que prudemment, mais sans perdre de vue ses fins, elle conquiert successivement ses objectifs : tantôt elle s’y installe furtivement ; tantôt elle saute dessus au grand jour, profitant alors de ce que l’attention générale est tournée vers d’autres sujets dont elle ne veut pas être distraite, ou de ce que le larcin est jugé trop minime pour provoquer un scandale et faire rendre gorge au détestable adversaire.
Cette tactique, qui est basée sur une juste évaluation des faiblesses humaines, doit conduire presque mathématiquement au succès, si le parti adverse n’apprend pas à combattre les gaz asphyxiants par les gaz asphyxiants.
Il faut dire aux natures faibles qu’il s’agit en cette occurrence d’être ou de ne pas être.
Je compris l’importance de la terreur corporelle que l’individu a de la masse.
Ici encore, juste psychologie !
La terreur sur le chantier, à l’usine, aux lieux de réunion et à l’occasion des meetings, aura toujours un plein succès tant qu’une terreur égale ne lui barrera pas la route. 51
Lorsque d’indignes entrepreneurs se sentent étrangers à la communauté nationale et menacent la santé physique et morale d’une classe, leur avidité ou leur insouciance ont une action néfaste sur l’avenir du pays.
Éliminer les causes d’une telle évolution, c’est certainement bien mériter de la nation.
Que l’on ne dise pas à ce propos que chacun est libre de tirer les conséquences des injustices réelles ou imaginaires dont il se croit victime. Non : il n’y a là qu’une ruse de guerre pour détourner l’attention. Est-il, oui ou non, d’intérêt national de détruire tout ce qui vient se mettre en travers de la vie sociale ? Si c’est oui, il faut combattre avec les armes qui assureront le succès. Or un ouvrier isolé n’est jamais en mesure de faire obstacle à la puissance d’un gros employeur ; la question n’est pas, en effet, de faire triompher le bon droit, car si celui-ci était reconnu, il n’y aurait ni cause de conflit, ni conflit : le sentiment du droit y aurait déjà loyalement mis un terme, ou mieux encore, le conflit n’aurait jamais pris naissance. Alors il n’y a plus qu’à être le plus fort. Lorsque des hommes sont traités indignement, ou en méconnaissance des lois sociales, et que la résistance apparaît de ce fait nécessaire, tant que des lois et des juges n’auront pas été institués pour mettre un terme aux injustices, la force seule décidera des conflits. Mais il est évident qu’une multitude d’employés doit se grouper et se donner comme représentant un individu déterminé, pour conserver quelques chances de succès contre l’individu qui incarne à lui seul la puissance de l’entreprise.
Toutefois, le but profond du mouvement disparut peu à peu pour faire place à de nouveaux objectifs. Car la Social-Démocratie ne s’attacha jamais à conserver le programme initial du mouvement corporatif qu’elle avait absorbé.
On peut même affirmer que ce fut toujours le moindre de ses soucis.
En quelques dizaines d’année, toutes les forces créées en vue de la défense de droits sociaux furent appliquées, dès qu’elles tombèrent entre les mains expertes de la Social-Démocratie, à consommer la ruine de l’économie nationale [..]
C’est vers la fin du siècle dernier que le mouvement syndical a commencé à se détourner de ses buts primitifs. D’années en années, il s’était de plus en plus engagé dans le cercle maudit de la politique social-démocratique, pour ne plus servir, finalement, que de moyen de pression dans la lutte des classes. 55
En confrontant la fausseté, et la réalité de ses manifestations, je me fis peu à peu une idée claire du but caché où elle tendait.
Alors des pressentiments inquiétants et une crainte pénible s’emparèrent de moi. Je me trouvais en présence d’une doctrine inspirée par l’égoïsme et la haine, calculée pour remporter mathématiquement la victoire, mais dont le triomphe devait porter à l’humanité un coup mortel.
J’avais entre temps découvert les rapports existant entre cette doctrine destructrice et le caractère spécifique d’un peuple qui m’était resté jusqu’alors pour ainsi dire inconnu.
Seule, la connaissance de ce que sont les Juifs donne la clef des buts dissimulés, donc réellement poursuivis par la Social-Démocratie.
Connaître ce peuple, c’est ôter le bandeau d’idées fausses qui nous aveugle sur les buts et les intentions de ce parti ; à travers ses déclamations nébuleuses et embrouillées sur la question sociale, on voit poindre la figure grotesque et grimaçante du marxisme. 57/58
- Le judaïsme
Il me serait difficile aujourd’hui, sinon impossible , de dire à quelle époque le nom de Juif éveilla pour la première fois en moi des idées particulières. Je ne me souviens pas d’avoir entendu prononcer ce mot dans la maison paternelle du vivant de mon père. Je crois que ce digne homme aurait considéré comme arriérés des gens qui auraient prononcé ce nom sur un certain ton. Il avait, au cours de sa vie, fini par incliner à un cosmopolitisme plus ou moins déclaré qui, non seulement avait pu s’imposer à son esprit malgré ses convictions nationales très fermes, mais avait déteint sur moi. [..]
Il n’y avait que très peu de Juifs à Linz. Au cours des siècles ils s’étaient européanisés extérieurement et ils ressemblaient aux autres hommes : je les tenais même pour des Allemands. Je n’apercevais pas l’absurdité de cette illusion parce que leur religion étrangère me semblait la seule différence qui existât entre eux et nous. Persuadé qu’ils avaient été persécutés pour leurs croyances, les propos défavorables tenus sur leur compte m’inspiraient une antipathie qui, parfois, allait presque jusqu’à l’horreur.
Je ne soupçonnais pas encore qu’il pût y avoir des adversaires systématiques des Juifs.
J’arrivai ainsi à Vienne.[..]
Je ne voyais encore dans le Juif qu’un homme d’une confession différente et je continuais à réprouver, au nom de la tolérance et de l’humanité, toute hostilité issue de considérations religieuses. En particulier, le ton de la presse antisémite de Vienne me paraissait indigne des traditions d’un grand peuple civilisé. J’étais obsédé par le souvenir de certains événements remontant au moyen âge et que je n’aurais pas voulu voir se répéter.58/59
Un jour où je traversais la vieille ville, je rencontrai tout à coup un personnage en long kaftan avec des boucles de cheveux noirs.
Est-ce là aussi un Juif ? Telle fut ma première pensée.
A Linz, ils n’avaient pas cet aspect-là. J’examinai l’homme à la dérobée et prudemment, mais plus j’observais ce visage étranger et scrutais chacun de ses traits, plus la première question que je m’étais posée prenait dans mon cerveau une autre forme :
Est-ce là aussi un Allemand ?
Comme toujours en pareil cas, je cherchai dans les livres un moyen de lever mes doutes. J’achetai pour quelques hellers les premières brochures antisémites de ma vie. Elles partaient malheureusement toutes de l’hypothèse que leurs lecteurs connaissaient ou comprenaient déjà dans une certaine mesure la question juive, du moins en son principe. Enfin leur ton m’inspirait de nouveaux doutes, car les arguments qu’elles produisaient à l’appui de leurs affirmations étaient souvent superficiels et manquaient complètement de base scientifique.
Je retombai alors dans mes anciens préjugés. Cela dura des semaines et même des mois.
L’affaire me paraissait si monstrueuse, les accusations étaient si démesurées, que, torturé par la crainte de commettre une injustice, je recommençai à m’inquiéter et à hésiter.
Il est vrai que sur un point, celui de savoir qu’il ne pouvait pas être question d’Allemands appartenant à une confession particulière, mais bien d’un peuple à part, je ne pouvais plus avoir de doutes [..]
Mais, si j’avais encore eu le moindre doute sur ce point, toute hésitation aurait été définitivement levée par l’attitude d’une partie des Juifs eux-mêmes.
Un grand mouvement qui s’était dessiné parmi eux et qui avait pris à Vienne une certaine ampleur, mettait en relief d’une façon particulièrement frappante le caractère ethnique de la juiverie : je veux dire le sionisme.
Il semblait bien, en vérité, qu’une minorité seulement de Juifs approuvait la position ainsi prise, tandis que la majorité la condamnait et en rejetait le principe. Mais en y regardant de plus près, cette apparence s’évanouissait et n’était plus qu’un brouillard de mauvaises raisons inventées pour les besoins de la cause, pour ne pas dire des mensonges. Ceux qu’on appelait Juifs libéraux ne désavouaient pas, en effet, les Juifs sionistes comme n’étant pas leurs frères de race, mais seulement parce qu’ils confessaient publiquement leur judaïsme, avec un manque de sens pratique qui pouvait même être dangereux.
Cela ne changeait rien à la solidarité qui les unissait tous.
Ce combat fictif entre Juifs sionistes et Juifs libéraux me dégoûta bientôt ; il ne répondait à rien de réel, était donc un pur mensonge et cette supercherie était indigne de la noblesse et de la propreté morales dont se targuait sans cesse ce peuple.
D’ailleurs la propreté, morale ou autre, de ce peuple était quelque chose de bien particulier. Qu’ils n’eussent pour l’eau que très peu de goût, c’est ce dont on pouvait se rendre compte en les regardant et même, malheureusement, très souvent en fermant les yeux. Il m’arriva plus tard d’avoir des hauts-le-coeur en sentant l’odeur de ces porteurs de kaftans. En outre, leurs vêtements étaient malpropres et leur extérieur fort peu héroïque. [..]
Les faits à la charge de la juiverie s’accumulèrent à mes yeux quand j’observai son activité dans la presse, en art, en littérature et au théâtre. Les propos pleins d’onction et les serments ne servirent plus alors à grand’chose ; ils n’eurent même plus d’effet. Il suffisait déjà de regarder une colonne de spectacles, d’étudier les noms des auteurs de ces épouvantables fabrications pour le cinéma et le théâtre en faveur desquelles les affiches faisaient de la réclame, et l’on se sentait devenir pour longtemps l’adversaire impitoyable des Juifs. 62/63/64
Le fait est que les neuf dixièmes de toutes les ordures littéraires, du chiqué dans les arts, des stupidités théâtrales doivent être portés au débit d’un peuple qui représente à peine le centième de la population du pays. Il n’y a pas à le nier ; c’est ainsi. 65
Lorsque je découvris que le Juif était le chef de la Social-Démocratie, les écailles commencèrent à me tomber des yeux. Ce fut la fin du long combat intérieur que j’avais eu à soutenir. 67
C’était tous sans exception, à commencer par les éditeurs des Juifs.
Je pris en main toutes les brochures social-démocrates que je pus me procurer et cherchai les signataires : des Juifs. Je notai le nom de presque tous les chefs : c’étaient également en énorme majorité des membres du " peuple élu", qu’il fût question des députés au Reichsrat ou de secrétaires des syndicats, de présidents des organismes du parti ou des agitateurs de la rue. [..]
Je connaissais enfin le mauvais génie de notre peuple. 68
J’avais appris, en effet, ce que parler veut dire chez le Juif : ce n’est jamais que pour dissimuler ou voiler sa pensée. Et il ne faut pas chercher à découvrir son véritable dessein dans le texte, mais entre les lignes où il est soigneusement caché.
Ce fut l’époque où se fit en moi la révolution la plus profonde que j’aie jamais eu à mener à son terme.
Le cosmopolitiste sans énergie que j’avais été jusqu’alors devint un antisémite fanatique [..]
La doctrine juive du marxisme rejette le principe aristocratique observé par la nature, et met à la place du privilège éternel de la force et de l’énergie, la prédominance du nombre et son poids mort. Elle nie la valeur individuelle de l’homme, conteste l’importance de l’entité ethnique et de la race, et prive ainsi l’humanité de la condition préalable mise à son existence et à sa civilisation. Admise comme base de la vie universelle, elle entraînerait la fin de tout ordre humainement concevable. Et de même qu’une pareille loi ne pourrait qu’aboutir au chaos dans cet univers au-delà duquel s’arrêtent nos conceptions, de même elle signifierait ici-bas la disparition des habitants de notre planète.
Si le Juif, à l’aide de sa profession de foi marxiste, remporte la victoire sur les peuples de ce monde, son diadème sera la couronne mortuaire de l’humanité. Alors notre planète recommencera à parcourir l’éther comme elle l’a fait il y a des millions d’années : il n’y aura plus d’hommes à sa surface.
La nature éternelle se venge impitoyablement quand on transgresse ses commandements.
C’est pourquoi je crois agir selon l’esprit du Tout-Puissant, notre créateur, car :
En me défendant contre le Juif, je combats pour défendre l’oeuvre du Seigneur. 71/72
Un exemple effroyable de cet esclavage est fourni par la Russie où le Juif a, avec un fanatisme vraiment sauvage, fait périr au milieu de tortures féroces ou condamné à mourir de faim près de trente millions d’hommes, pour assurer à une bande d’écrivains juifs et de bandits de la Bourse la domination d’un grand peuple. 326
- La guerre
Le 3 août, j’adressais une supplique directe à Sa Majesté le roi Louis III, en demandant la faveur d’entrer dans un régiment bavarois [..] Quelques jours après, je portais l’uniforme que je devais ne quitter que six ans plus tard.
Ainsi commença pour moi, ainsi que pour tout Allemand, le temps le plus inoubliable et le plus sublime de toute mon existence terrestre. 164
La propagande de guerre des Anglais et des Américains était psychologiquement rationnelle. En même temps qu’elle représentait à leur propre peuple les Allemands comme des barbares et des Huns. 182
Au moment où l’on donnait les dernières instructions aux divisions allemandes pour la grande attaque, la grève générale éclata en Allemagne. 197
Dans la nuit du 13 au 14 octobre, le tir des obus à gaz des Anglais se déchaîna sur le front sud d’Ypres ; ils y employaient le gaz à croix jaune dont nous ne connaissions pas les effets, tant qu’ils ne se manifestaient pas sur notre propre corps. Je devais les connaître dans cette nuit même. [..] Vers le matin, la douleur s’empara de moi, augmentant de quart d’heure en quart d’heure, et, à 7 heures du matin, je revins en trébuchant et chancelant vers l’arrière, les yeux en feu, emportant avec moi ma dernière affectation de la guerre.
Quelques heures plus tard, mes yeux se changèrent en charbons ardents et les ténèbres se firent autour de moi.
C’est ainsi que je vins à l’hôpital de Pasewalk, et là j’eus la douleur d’assister à la révolution. 201
Comme même dans ces jours où se décidait notre destin, on n’a pas su voir quel était l’ennemi intérieur, toute résistance à l’extérieur était vaine et la Providence n’a pas accordé son salaire au glaive vainqueur ; elle a obéi à la loi éternelle qui veut que toute faute s’expie.
Mais la chute de l’empire et du peuple allemand est si profonde, que tout le monde paraît saisi de vertige et privé de sentiment et de raison : c’est à peine s’il est encore possible de se souvenir de la grandeur passée ; tant la puissance et la beauté d’autrefois apparaissent comme dans un rêve en face de la misère d’à présent. 224
La population de l’Allemagne augmente chaque année de près de 900.000 âmes. La difficulté de nourrir cette armée de nouveaux citoyens doit s’accroître d’année en année et finir un jour par une catastrophe, si on n’arrive pas à trouver les voies et moyens de prévenir en temps utile ce danger de famine. 133/134
On pouvait, suivant l’exemple français, restreindre artificiellement l’accroissement des naissances et prévenir ainsi le surpeuplement.
Certes la nature elle-même prend soin, aux époques de disette ou de mauvaises conditions climatiques, ou dans les régions à sol pauvre, de limiter l’accroissement de la population pour certains pays ou certaines races. D’ailleurs avec une méthode aussi sage que décisive, elle ne fait pas obstacle à la faculté procréatrice proprement dite, mais à la subsistance de l’individu procréé, soumettant celui-ci à des épreuves et des privations si dures que tout ce qui est moins fort, moins sain, est forcé de rentrer dans le néant. Ceux à qui elle permet toutefois de surmonter les rigueurs de l’existence sont à toute épreuve, rudes et bien aptes à engendrer à leur tour, afin que la même sélection fondamentale puisse recommencer. La nature en procédant ainsi brutalement à l’égard de l’individu, et en le rappelant à elle instantanément s’il n’est pas de taille à affronter la tourmente de la vie, maintient fortes la race et l’espèce et atteint aux plus hautes réalisations.
Ainsi la diminution du nombre rend plus fort l’individu, donc, en fin de compte, l’espèce.
Il en est autrement lorsque l’homme se met en devoir de limiter sa progéniture. Il n’est pas taillé du même bois que la nature, il est "humain" ; il s’y entend mieux qu’elle, cette impitoyable reine de toute sagesse ! Il ne met pas d’obstacles au développement de l’individu procréé, mais bien à la reproduction elle-même. A lui qui ne voit jamais que sa personne, et jamais la race, cela semble plus humain et plus juste que la méthode inverse. Malheureusement, les suites aussi sont inverses. 134
Car aussitôt que la faculté procréatrice proprement dite se trouve limitée et que le chiffre des naissances se trouve diminué - à la place de la lutte naturelle pour la vie, qui ne laisse subsister que les plus forts et les plus sains - se trouve instaurée, cela va de soi, cette manie de "sauver" à tout prix les plus malingres, les plus maladifs ; noyau d’une descendance qui sera de plus en plus pitoyable, tant que la volonté de la nature sera ainsi bafouée.
En fait, il voudrait remplacer l’évolution vers plus de cérébralité par une évolution purement corporelle, autant dire l’idéal du gorille.L’aboutissement, c’est qu’un jour l’existence sur cette terre sera ravie à un tel peuple ; car l’homme ne peut braver qu’un certain temps la loi éternelle selon laquelle l’espèce se perpétue, et la revanche vient tôt ou tard. Une race plus forte chassera les races faibles, car la ruée finale vers la vie brisera les entraves ridicules d’une prétendue humanité individualiste pour faire place à l’humanité selon la nature, qui anéantit les faibles pour donner leur place aux forts. 135
La nature ne connaît pas de frontières politiques. Elle place les êtres vivants les uns à côté des autres sur le globe terrestre, et contemple le libre jeu des forces. Le plus fort en courage et en activité, enfant de prédilection de la nature, obtiendra le noble droit de vivre.137
Il ne s’offrira donc dans l’avenir que deux possibilités : ou bien le monde sera régi par les conceptions de notre démocratie moderne, et alors la balance penchera en faveur des races numériquement les plus fortes ; ou bien le monde sera régi suivant les lois naturelles : alors vaincront les peuples à volonté brutale, et non ceux qui auront pratiqué la limitation volontaire.
Personne ne peut mettre en doute que l’existence de l’humanité ne donne lieu un jour à des luttes terribles.137
L’importance territoriale d’un pays est, à elle seule, un facteur essentiel de sécurité extérieure. Plus est grand le territoire dont dispose un peuple, plus est grande aussi sa protection naturelle ; on obtient toujours des décisions militaires plus rapides, et aussi plus faciles, plus efficaces et plus complètes, contre les peuples occupant un territoire restreint ; ce serait le contraire contre des États au domaine territorial plus étendu. En outre, l’étendue de celui-ci constitue une protection certaine contre des attaques non poussées à fond, le succès ne pouvant être obtenu qu’après de longs et durs combats, et le risque d’un coup de main à l’improviste devant apparaître trop grand s’il n’y a pas des raisons tout à fait exceptionnelles de le tenter.
L’importance territoriale proprement dite d’un État est ainsi, à elle seule, un facteur du maintien de la liberté et de l’indépendance d’un peuple ; tandis que l’exiguïté territoriale provoque l’invasion. 138/139
L’humanitarisme et l’esthétique disparaîtraient précisément du monde dans la mesure où disparaîtraient les races qui sont les créatrices et les soutiens de ces conceptions.
C’est pourquoi toutes ces conceptions n’ont qu’une importance secondaire dans une lutte que soutient un peuple pour son existence sur cette terre [..] dans la guerre, l’humanité consistait à la mener le plus rapidement possible, et qu’en conséquence, les procédés de lutte les plus brutaux étaient les plus humanitaires. 179
L’ultime science est toujours la connaissance des causes profondes et naturelles ; je m’explique :
L’homme ne doit jamais tomber dans l’erreur de croire qu’il est véritablement parvenu à la dignité de seigneur et maître de la nature (erreur que peut permettre très facilement la présomption à laquelle conduit une demi-instruction). Il doit, au contraire, comprendre la nécessité fondamentale du règne de la nature et saisir combien son existence reste soumise aux lois de l’éternel combat et de l’éternel effort, nécessaires pour s’élever.
Il sentira dès lors que dans un monde où les planètes et les soleils suivent des trajectoires circulaires, où des lunes tournent autour des planètes, où la force règne, partout et seule, en maîtresse de la faiblesse qu’elle contraint à la servir docilement, ou qu’elle brise, l’homme ne peut relever de lois spéciales. 243
Le péché contre le sang et la race est le péché originel de ce monde et marque la fin d’une humanité qui s’y adonne. 247
Ainsi toute l’éducation doit tendre à employer tous les moments libres du jeune homme, à fortifier utilement son corps [..] Les éducateurs doivent faire table rase de cette idée qu’il appartient à chacun pour soi de s’occuper de son propre corps : or nul n’est libre de pécher au détriment de sa descendance, et par suite de la race. 253
Le droit à la liberté individuelle le cède devant le devoir de sauvegarder la race.
Ce n’est qu’après l’exécution de ces mesures que peut être mené avec quelque chance de succès le combat contre l’épidémie elle-même. Mais là aussi, il ne peut pas n’être question que de demi-mesures : ici encore il faudra en venir aux décisions les plus lourdes et les plus tranchantes. C’est une faiblesse de conserver, chez des malades incurables, la possibilité chronique de contaminer leurs semblables, encore sains. Ceci correspond à un sentiment d’humanité selon lequel on laisserait mourir cent hommes pour ne pas faire de mal à un individu.
Imposer l’impossibilité pour des avariés de reproduire des descendants avariés, c’est faire oeuvre de la plus claire raison ; c’est l’acte le plus humanitaire, lorsqu’il est appliqué méthodiquement, que l’on puisse accomplir vis-à-vis de l’humanité. 254
La lutte pour le pain quotidien amène la défaite de tout être faible ou maladif, ou doué de moins de courage, tandis que le combat que livre le mâle pour conquérir la femelle n’accorde le droit d’engendrer qu’à l’individu le plus sain [..] Si tous les individus avaient la même possibilité de survivre et de se reproduire, les moins bons se reproduiraient si rapidement que les meilleurs seraient finalement refoulés à l’arrière-plan. Il faut donc qu’une mesure corrective intervienne en faveur des meilleurs. La nature y pourvoit en soumettant les faibles à des conditions d’existence rigoureuses qui limitent leur nombre [..]
Si elle ne souhaite pas que les individus faibles s’accouplent avec les forts, elle veut encore moins qu’une race supérieure se mélange avec une inférieure, car, dans ce cas, la tâche qu’elle a entreprise depuis des milliers de siècles pour faire progresser l’humanité serait rendue vaine d’un seul coup. 285
"L’homme doit précisément vaincre la nature !"
Des millions d’hommes ressassent sans réfléchir cette absurdité d’origine juive et finissent pas s’imaginer qu’ils incarnent une sorte de victoire sur la nature ; mais ils n’apportent comme argument qu’une idée vaine et, en outre, si absurde qu’on n’en peut pas tirer, à vrai dire, une conception du monde.
En réalité l’homme n’a pas encore vaincu la nature sur aucun point ; il a tout au plus saisi et cherché à soulever quelque petit coin de l’énorme, du gigantesque voile dont elle recouvre ses mystères et secrets éternels ; il n’a jamais rien inventé, mais seulement découvert tout ce qu’il sait ; il ne domine pas la nature, il est seulement parvenu, grâce à la connaissance de quelques lois et mystères naturels isolés, à devenir le maître des êtres vivants auxquels manque cette connaissance : abstraction faite de tout cela, une idée ne peut l’emporter sur les conditions mises à l’existence et à l’avenir de l’humanité, car l’idée elle-même ne dépend que de l’homme. Sans hommes, pas d’idées humaines dans ce monde ; donc l’idée, comme telle, a toujours pour condition la présence des hommes et, par suite, l’existence des lois qui sont la condition primordiale de cette présence.
Bien plus ! Certaines idées sont liées à l’existence de certains hommes. Cela est surtout vrai pour les concepts qui ont leurs racines non pas dans une vérité scientifique et concrète, mais dans le monde du sentiment, ou qui, pour employer une définition très claire et très belle en usage actuellement, reflètent une "expérience intime ". Toutes ces idées, qui n’ont rien à faire avec la froide logique prise en soi, mais représentent de pures manifestations du sentiment, des conceptions morales, sont liées à l’existence des hommes dont l’imagination et la faculté créatrice les a fait naître. Mais alors la conservation des races et des hommes qui les ont conçues est la condition nécessaire pour la permanence de ces idées. Par exemple, celui qui souhaite sincèrement le triomphe de l’idée pacifiste ici-bas devrait tout mettre en oeuvre pour que le monde soit conquis par les Allemands ; car, dans le cas contraire, il se pourrait que le dernier pacifiste meure avec le dernier Allemand [..]
En fait, l’idée pacifiste et humanitaire peut être excellente à partir du moment où l’homme supérieur aura conquis et soumis le monde sur une assez grande étendue pour être le seul maître de cette terre. 286/287
Mais cette conservation est liée à la loi d’airain de la nécessité et du droit à la victoire du meilleur et du plus fort.
Que celui qui veut vivre combatte donc ! Celui qui se refuse à lutter dans ce monde où la loi est une lutte incessante ne mérite pas de vivre. 288
Donner sa vie pour préserver celle de la communauté est le couronnement de l’esprit de sacrifice [..]
Notre langue allemande possède un mot qui désigne d’une façon magnifique les actes inspirés par cet esprit : remplir son devoir, c’est-à-dire ne pas se suffire à soi-même, mais servir la collectivité.
La disposition d’esprit fondamentale qui est la source d’un tel mode d’activité, nous la nommons, pour la distinguer de l’égoïsme, l’idéalisme. Nous entendons par là uniquement la capacité que possède l’individu de se sacrifier pour la communauté, pour ses semblables.
Il est de première nécessité de se convaincre que l’idéalisme n’est pas une manifestation négligeable du sentiment, mais qu’au contraire il est en réalité, et sera toujours, la condition préalable de ce que nous appelons civilisation humaine, et même qu’il a seul créé le concept de " l’homme". c’est à cette disposition d’esprit intime que l’Aryen doit sa situation dans le monde et que le monde doit d’avoir des hommes [..]
Sans l’idéalisme, toutes les facultés de l’esprit, même les plus éblouissantes, ne seraient que l’esprit en soi, c’est-à-dire une apparence extérieure sans valeur profonde, mais jamais une force créatrice.
Mais, comme l’idéalisme n’est pas autre chose que la subordination des intérêts et de la vie de l’individu à ceux de la communauté et que cela est, à son tour, la condition préalable pour que puissent naître les formations organisées de tous genres, l’idéalisme répond en dernière analyse aux fins voulues par la nature. Seul, il amène l’homme à reconnaître volontairement les privilèges de la force et de l’énergie et fait de lui un des éléments infinitésimaux de l’ordre qui donne à l’univers entier sa forme et son aspect.
L’idéalisme le plus pur coïncide, sans en avoir conscience, avec la connaissance intégrale [..]
Inconsciemment, l’instinct obéit ici à la notion de la profonde nécessité qui s’impose à nous de conserver l’espèce fût-ce aux dépens de l’individu s’il le faut, et il proteste contre les rêveries des bavards pacifistes qui sont en réalité, quelque déguisement qu’ils prennent, de lâches égoïstes en révolte contre les lois de l’évolution ; car celle-ci est conditionnée par l’esprit de sacrifice volontaire de l’individu en faveur de la généralité et non pas par les conceptions morbides de lâches qui prétendent mieux connaître la nature [..]
La postérité oublie les hommes qui n’ont recherché que leurs propres intérêts et vante les héros qui ont renoncé à leur bonheur particulier. 298/299
Car, bien que l’instinct de conservation soit chez le Juif non pas plus faible, mais plus puissant que chez les autres peuples, bien que ses facultés intellectuelles puissent donner facilement l’impression qu’elles ne le cèdent en rien aux dons spirituels des autres races, il ne satisfait pas à la condition préalable la plus essentielle pour être un peuple civilisateur : il n’a pas d’idéalisme.
La volonté de sacrifice ne va pas, chez le peuple juif, au-delà du simple instinct de conservation de l’individu. 301
Il est donc complètement faux de conclure du fait que les juifs s’unissent pour combattre, ou plus exactement pour piller leurs semblables, qu’il existe chez eux un certain esprit idéaliste de sacrifice.
Ici également le Juif n’obéit à rien d’autre qu’au pur égoïsme.
C’est pourquoi l’État juif - qui doit être l’organisme vivant destiné à conserver et multiplier une race - est, au point de vue territorial, sans aucune frontière. Car la délimitation du territoire d’un état suppose toujours une disposition d’esprit idéaliste chez la race qui le constitue. 302
En fait, le Talmud n’est pas un livre préparant à la vie dans l’au-delà ; il enseigne seulement à mener ici-bas une vie pratique et supportable.
La doctrine religieuse des Juifs est, en première ligne, une instruction tendant à maintenir la pureté du sang juif. 306
Tout en paraissant déborder de "lumières", de "progrès", de "liberté", "d’humanité", il a soin de maintenir l’étroit particularisme de sa race. Il lui arrive bien d’accrocher ses femmes à des chrétiens influents, mais il a pour principe de maintenir toujours pure sa descendance mâle. Il empoisonne le sang des autres, mais préserve le sien de toute altération. 325
Les peuples qui ne reconnaissent pas et n’apprécient pas l’importance de leurs fondements racistes ressemblent à des gens qui voudraient conférer aux caniches les qualités des lévriers [..] Les peuples qui renoncent à maintenir la pureté de leur race renoncent, du même coup, à l’unité de leur âme dans toutes ses manifestations. 338
Combien se rendent compte que leur fierté bien naturelle d’appartenir à un peuple privilégié se rattache, par un nombre infini de liens, à tout ce qui a fait leur patrie si grande, dans tous les domaines de l’art et de l’esprit ?
[..]
Ce que nous appelons, par exemple, l’éducation chauvine du peuple français n’est que l’exaltation excessive de la grandeur de la France dans tous les domaines de la culture ou, comme disent les Français, de la "civilisation". Un jeune Français n’est pas dressé à se rendre compte objectivement de la réalité des choses : son éducation lui montre, avec la vue subjective que l’on peut imaginer, tout ce qui a quelque importance pour la grandeur de son pays, en matière de politique et de civilisation. 40
Transformer un peuple en nation présuppose la création d’un milieu social sain, plate-forme nécessaire pour l’éducation de l’individu. Seul, celui qui aura appris, dans sa famille et à l’école, à apprécier la grandeur intellectuelle, économique et surtout politique de son pays, pourra ressentir - et ressentira - l’orgueil de lui appartenir. On ne combat que pour ce que l’on aime ; on aime que ce qu’on estime ; et pour estimer, il faut au moins connaître. 42
Tout ce que nous admirons aujourd’hui sur cette terre - science et art, technique et inventions - est le produit de l’activité créatrice de peuples peu nombreux et peut-être, primitivement, d’une seule race. 288
Tout ce que nous avons aujourd’hui devant nous de civilisation humaine, de produits de l’art, de la science et de la technique est presque exclusivement le fruit de l’activité créatrice des Aryens. Ce fait permet de conclure par réciproque, et non sans raison, qu’ils ont été seuls les fondateurs d’une humanité supérieure et, par suite, qu’ils représentent le type primitif de ce que nous entendons sous le nom d’"homme".. L’Aryen est le Prométhée de l’humanité [..] Si on le faisait disparaître, une profonde obscurité descendrait sur la terre ; en quelques siècles, la civilisation humaine s’évanouirait et le monde deviendrait un désert. 289
le vrai génie est inné ; il n’est jamais le fruit de l’éducation ou de l’étude. 293
Sans la possibilité qui fut offerte à l’Aryen d’employer des hommes de race inférieure, il n’aurait jamais pu faire les premiers pas sur la route qui devait le conduire à la civilisation [..]
Les Aryens se définissent, strictement, comme le groupe commun dont sont issue les civilisation de l’Iran et de l’Inde. Rien à voir donc avec les Germains dont les mythes sont apparentés à un groupe plus vaste : les indo-européens. Trop vaste pour faire sérieusement une race. Dès lors l’apport des Allemands n’est certes pas négligeable mais pas de quoi s’y laisser prendre à côté des grecs ou des romains. Le problème n’est pas de minimiser les réalisations historiques des uns et des autres. La part des peuples indo-européens à l’histoire est considérable, représentant le dynamisme de l’extension de l’agriculture et de l’élevage. Mais suffit-il d’être indo-européen, ou Allemand pour s’octroyer la valeur de l’oeuvre de l’"un des leurs " alors même qu’on est tout le contraire de ces novateurs. Considérer ce dynamisme créateur comme l’expression de l’âme d’un peuple est une grave erreur puisqu’il s’agit au contraire d’une négation de la tradition. On peut faire remonter cette audace de rompre avec la tradition à Moïse et Zarathoustra, ou, malgré son échec, peut-être Akhenaton. La qualité des Grecs n’était certes pas le fanatisme mais la critique, Socrate est mort parce qu’il s’en prenait aux mythes. Les "sémites" ne nous intéressent (Freud, Marx, Einstein) que pour autant que chacun est contre-ses-mythes, les dépasse ou les ignore (antisémite soi-même en quelque sorte), de même qu’un Allemand n’intéresse que par l’Universel qu’il défend et non par son "enracinement". C’est cette rupture avec la tradition qui fait aussi de la Révolution française l’incarnation de cet Universel.C’est ainsi que la présence d’hommes de race inférieure fut une condition primordiale pour la formation de civilisations supérieures [..] Il faut être un fou de pacifiste pour se représenter ce fait comme un signe de dégradation humaine ; il ne s’aperçoit pas que cette évolution devait avoir lieu pour arriver au degré de civilisation dont ces apôtres profitent pour débiter leurs boniments de charlatans. 294
En suivant attentivement tous les événements politiques, je m’étais toujours extraordinairement intéressé à l’activité de la propagande.
Je voyais en elle un instrument que précisément les organisations socialistes-marxistes possédaient à fond et savaient employer de main de maître. 177
Ce que nous désignons toujours par "opinion publique" ne repose que pour une part minime sur l’expérience personnelle et sur les connaissances des individus ; par contre, elle est en majeure partie suscitée, et cela avec une persévérance et une force de persuasion souvent remarquable par ce qu’on appelle "l’information".
De même que les convictions religieuses de chacun sont issues de l’éducation, et que ce sont seulement les aspirations religieuses qui sommeillent au coeur de l’homme, ainsi l’opinion politique de la masse est l’aboutissement d’une préparation de l’âme et de l’esprit souvent incroyablement opiniâtre et profonde.
La part de beaucoup la plus forte prise à la "formation" politique, que l’on désigne en ce cas d’une façon très heureuse par le mot de propagande, incombe à la presse. Elle assume en tout premier lieu le travail d’"information" et devient alors une sorte d’école pour adultes. Seulement, cet enseignement n’est pas aux mains de l’État, mais entre les griffes de puissances qui, pour la plus grande part, sont tout à fait néfastes [..] En quelques jours, la presse sait, d’un ridicule petit détail, faire une affaire d’État de grosse importance, et inversement, en aussi peu de temps, elle fait tomber dans l’oubli des problèmes vitaux jusqu’à les rayer complètement de la pensée et du souvenir du peuple.
C’est ainsi que l’on parvenait en quelques semaines à sortir de façon magique certains noms du néant, à y attacher par une large publicité des espérances inouïes, à leur créer enfin une popularité telle qu’un homme de véritable valeur ne peut de sa vie en espérer autant ; des noms qu’un mois auparavant personne n’avait entendu prononcer, étaient lancés partout, alors qu’au même moment des faits anciens et bien connus, relatifs à la vie de l’État ou à la vie publique, étaient enterrés en pleine santé. 91/92
La grande masse d’un peuple se soumet toujours à la puissance de la parole. Et tous les grands mouvements sont des mouvements populaires, des éruptions volcaniques de passions humaines et d’états d’âme, soulevées ou bien par la cruelle déesse de la misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des masses, - jamais par les jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon.
Seule, une tempête de passion brûlante peut changer le destin des peuples ; mais seul peut provoquer la passion celui-là qui la porte en lui-même. 111
En général, l’art de tous les vrais chefs du peuple de tous temps consiste surtout à concentrer l’attention du peuple sur un seul adversaire, à ne pas la laisser se disperser. Plus cette assertion de la volonté de combat d’un peuple est concentrée, plus grande est la force d’attraction magnétique d’un pareil mouvement, plus massive est sa puissance de choc. L’art de suggérer au peuple que les ennemis les plus différents appartiennent à la même catégorie est d’un grand chef. Au contraire, la conviction que les ennemis sont multiples et variés devient trop facilement, pour des esprits faibles et hésitants, une raison de douter de leur propre cause. 122
La propagande doit toujours s’adresser uniquement à la masse !
Pour les intellectuels, ou tout au moins pour ceux que trop souvent on appelle ainsi, est destinée non la propagande, mais l’explication scientifique. Quant à la propagande, son contenu est aussi peu de la science qu’une affiche n’est de l’art, dans la forme où elle est présentée. 180
Ici l’art consiste exclusivement à procéder d’une façon tellement supérieure, qu’il en résulte une conviction générale sur la réalité d’un fait, la nécessité d’un événement, le caractère juste d’une nécessité [..] son action doit toujours faire appel au sentiment et très peu à la raison.
Toute propagande doit être populaire et placer son niveau spirituel dans la limite des facultés d’assimilation du plus borné parmi ceux auxquels elle doit s’adresser. Dans ces conditions, son niveau spirituel doit être situé d’autant plus bas que la masse des hommes à atteindre est plus nombreuse. 181
Donc toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu’il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l’idée. 181/182
Ce qui était le plus mal compris était la première de toutes les conditions nécessaires pour n’importe quelle propagande en général : notamment la position systématiquement unilatérale à l’égard de la question traitée. 183
Aussitôt que notre propre propagande concède à la partie adverse une faible lueur de bon droit, la base se trouve déjà posée pour douter de notre propre bon droit [..] Ici il n’y a point de nuances, mais seulement la notion positive ou négative d’amour ou de haine, de droit ou de déni de justice, de vérité ou de mensonge ; il n’y a jamais de demi-sentiments. 184
Le mot d’ordre peut bien être éclairé de différents côtés, mais le but de tout exposé doit se ramener toujours à la même formule. 186
Ce qui est l’objet de notre lutte, c’est d’assurer l’existence et le développement de notre race et de notre peuple, c’est de nourrir ses enfants et de conserver la pureté du sang, la liberté et l’indépendance de la patrie, afin que notre peuple puisse mûrir pour l’accomplissement de la mission qui lui est destinée par le Créateur de l’univers.
Toute pensée et toute idée, tout enseignement et toute science, doivent servir ce but. 213
Il faut remarquer avec quelle violence continue le combat contre les bases dogmatiques de toutes les religions, dans lesquelles pourtant, en ce monde humain, on ne peut concevoir la survivance effective d’une fin religieuse. La grande masse du peuple n’est pas composée de philosophes ; or, pour la masse, la foi est souvent la seule base d’une conception morale du monde. Les divers moyens de remplacement ne se sont pas montrés si satisfaisants dans leurs résultats, pour que l’on puisse envisager, en eux, les remplaçants des confessions religieuses jusqu’alors en cours. Mais si l’enseignement et la foi religieuse portent efficacement sur les couches les plus étendues, alors l’autorité incontestable du contenu de cette foi doit être le fondement de toute action efficace.
Les dogmes sont pour les religions ce que sont les lois constitutionnelles pour l’État : sans eux, à côté de quelques centaines de mille hommes haut placés qui pourraient vivre sagement et intelligemment, des millions d’autres ne le pourraient pas.
Ce n’est que par les dogmes que l’idée purement spirituelle chancelante et indéfiniment extensible est nettement précisée et transmise dans une forme sans laquelle elle ne pourrait pas se transformer en une foi. Sinon l’idée ne pourrait jamais se développer en une conception métaphysique ; en un mot, en une conception philosophique. 266/267
L’autorité de l’État repose sur la confiance générale qui doit et peut être accordée à ceux qui dirigent et administrent une collectivité. Mais cette confiance n’est, encore une fois, que le résultat d’une conviction intime et inébranlable de ce que le gouvernement et l’administration du pays sont désintéressés et honnêtes ; elle provient enfin de l’accord complet sur le sens de la loi et le sentiment de l’accord sur les principes moraux respectés de tous. 281
La grande masse d’un peuple ne se compose ni de professeurs, ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments et c’est là que se trouvent les ressorts secrets de ses réactions, soit positives, soit négatives. Elle ne réagit d’ailleurs bien qu’en faveur d’une manifestation de force orientée nettement dans une direction ou dans la direction opposée, mais jamais au profit d’une demi-mesure hésitante entre les deux. Fonder quelque chose sur les sentiments de la foule exige aussi qu’ils soient extraordinairement stables. La foi est plus difficile à ébranler que la science, l’amour est moins changeant que l’estime, la haine est plus durable que l’antipathie. Dans tous les temps, la force qui a mis en mouvement sur cette terre les révolutions les plus violentes, a résidé bien moins dans la proclamation d’une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme animateur et dans une véritable hystérie qui les emballait follement.
Quiconque veut gagner la masse, doit connaître la clef qui ouvre la porte de son coeur. Ici l’objectivité est de la faiblesse, la volonté est la force. 337
Ces principes ne l’empêchent pas de dénoncer les tares réelles de la société mais en les imputants aux juifs (unité du but).Voici l’essentiel : action sur la grande masse, limitation à quelques points peu nombreux constamment repris ; emploi d’un texte concis, concentré, su par coeur et procédant par formules affirmatives ; maximum d’opiniâtreté pour répandre l’idée, patience dans l’attente des résultats. 364
Le caractère le plus remarquable du parlementarisme est le suivant : on élit un certain nombre d’hommes (ou de femmes aussi, depuis quelque temps); mettons cinq cents; et désormais il leur incombe de prendre en toutes choses la décision définitive. Ils sont donc, dans la pratique, le seul gouvernement ; ils nomment bien un cabinet, qui prend aux regards de l’extérieur la direction des affaires de l’État, mais il n’y a là qu’une apparence. En réalité, ce prétendu gouvernement ne peut faire un pas sans être allé au préalable quémander l’agrément de toute l’assemblée. Mais alors on ne pourra le rendre responsable de quoi que ce soit, puisque la décision finale est toujours celle du Parlement, et non la sienne. Il n’est jamais que l’exécuteur de chacune des volontés de la majorité. On ne saurait équitablement se prononcer sur sa capacité politique que d’après l’art avec lequel il s’entend, soit à s’ajuster à l’opinion de la majorité, soit à l’amener à la sienne. Mais de la sorte, il déchoit du rang de véritable gouvernement à celui de mendiant auprès de chaque majorité. Il n’aura plus désormais de tâche plus pressante que de s’assurer de temps en temps l’approbation de la majorité existante, ou bien d’essayer d’en former une nouvelle mieux orientée. Y réussit-il : il lui sera permis de "gouverner" encore quelque temps ; sinon, il n’a plus qu’à s’en aller. La justesse proprement dite de ses vues n’a aucun rôle à jouer là-dedans.
C’est ainsi que toute notion de responsabilité est pratiquement abolie.
On voit très simplement les conséquences de cet état de choses :
Ces cinq cents représentants du peuple, de professions et d’aptitudes diverses, forment un assemblage hétéroclite et bien souvent lamentable. Car ne croyez nullement que ces élus de la nation sont en même temps des élus de l’esprit ou de la raison. On ne prétendra pas, j’espère, que des hommes d’État naissent par centaines des bulletins de vote d’électeurs qui sont tout plutôt qu’intelligents. On ne saurait assez s’élever contre l’idée absurde que le génie pourrait être le fruit du suffrage universel ! D’abord une nation ne donne un véritable homme d’État qu’aux jours bénis et non pas cent et plus d’un seul coup ; ensuite, la masse est instinctivement hostile à tout génie éminent. On a plus de chances de voir un chameau passer par le trou d’une aiguille que de "découvrir " un grand homme au moyen d’une élection. Tout ce qui a été réalisé d’extraordinaire depuis que le monde est monde l’a été par des actions individuelles. Cependant cinq cents personnes de valeur plus que modeste prennent des décisions relatives aux questions les plus importantes de la nation, et instituent des gouvernements qui doivent ensuite, avant de résoudre chaque question particulière, se mettre d’accord avec l’auguste assemblée ; la politique est donc faite par les cinq cents.
[..] Cela revient à remettre la décision finale sur un sujet donné, aux mains de gens qui n’en ont pas la moindre idée. 93/94
A cette conception s’oppose celle de la véritable démocratie allemande, dont le chef librement choisi doit prendre sur lui la responsabilité entière de tous ses faits et gestes. Une telle démocratie n’admet pas que les différents problèmes soient tranchés par le vote d’une majorité ; un seul décide, qui répond ensuite de sa décision, sur ses biens et sur sa vie. 96/97
Mais l’État n’a rien à faire avec une conception économique ou un développement économique déterminé ! Il n’est pas la réunion de parties contractantes économiques dans un territoire précis et délimité, ayant pour but l’exécution de tâches économiques ; il est l’organisation d’êtres vivants, pareils les uns aux autres au point de vue physique et moral, constituée pour mieux assurer leur descendance, et atteindre le but assigné à leur race par la Providence. C’est là, et là seulement, le but et le sens d’un Etat.151
L’État juif ne fut jamais délimité dans l’espace ; répandu sans limites dans l’univers, il comprend cependant exclusivement les membres d’une même race. C’est pour cela que ce peuple a formé partout un État dans l’État. [..]
L’instinct de conservation de l’espèce est la première cause de la formation de communautés humaines. De ce fait, l’État est un organisme racial et non une organisation économique [..] Car la conservation de l’existence d’une espèce suppose qu’on est prêt à sacrifier l’individu. Tel est aussi le sens des paroles du poète :
Et si vous n’engagez pas votre vie elle-même
Jamais vous ne la gagnerez votre vie
Le sacrifice de l’existence individuelle est nécessaire pour assurer la conservation de la race. Ainsi, la condition essentielle pour la formation et le maintien d’un État c‘est qu’il existe un sentiment de solidarité sur la base d’une identité de caractère et de race, et qu’on soit résolu à le défendre par tous les moyens. 152/153
L’homme, à partir du moment où il lutte pour un intérêt économique, évite la mort autant qu’il peut, car celle-ci le priverait pour toujours de jouir du fruit de la victoire. Le souci du salut de son enfant transforme la mère la plus faible en une héroïne, et ce ne fut, au cours des âges, que la lutte pour la conservation de la race et du foyer, ou de l’État qui la défend, qui jeta les hommes au devant des lances ennemies. 154
L’épanouissement économique - d’innombrables exemples nous le montrent - paraît plutôt annoncer que le déclin de l’État est proche [..] La Prusse surtout démontre, avec une précision prodigieuse, que ce ne sont pas les qualités matérielles, mais les seules vertus morales qui donnent les moyens de fonder un État. Ce n’est que sous leur protection que l’économie commence à fleurir. 153
Notre époque étouffe par la mesquinerie de ses buts, ou mieux dans le servage de l’argent ; aussi ne doit-on pas non plus s’étonner, si, sous la domination d’une telle divinité, disparaisse le sens de l’héroïsme. 266
Notre mouvement doit développer par tous les moyens le respect de la personnalité. On n’y doit jamais oublier que c’est dans la valeur personnelle que repose la valeur de tout ce qui est humain, et que toute idée et toute action sont le fruit de la force créatrice d’un homme. On n’y doit pas oublier non plus que l’admiration pour ce qui est grand n’est, ne représente pas seulement, un tribut de reconnaissance à la grandeur, mais aussi un bien qui enlace et unit tous ceux qui éprouvent cette même reconnaissance. 351
Le mouvement pose le principe que, sur les grandes comme sur les petites questions, le chef détient une autorité incontestée, comportant sa responsabilité la plus entière. 343
Le président d’un groupement subordonné est installé dans ses fonctions par le chef du groupement d’ordre immédiatement supérieur ; il est responsable de la conduite de son groupement : toutes les commissions sont à sa disposition ; inversement, il ne dépend d’aucune commission.
[..] Partout le chef est institué par le chef immédiatement supérieur et lui est en même temps dévolu une pleine autorité et des pouvoirs illimités [..] Il a la responsabilité, mais la porte tout entière sur ses épaules [..]
Les progrès et la civilisation de l’humanité ne sont pas un produit de la majorité, mais reposent uniquement sur le génie et l’activité de la personnalité.
Pour rendre à notre peuple sa grandeur et sa puissance, il faut tout d’abord exalter la personnalité du chef et la rétablir dans tous ses droits. 344
Pour être un chef, il ne suffit pas d’avoir de la volonté, il faut aussi des aptitudes : mais la force de volonté et l’énergie passent avant le génie tout seul. Le meilleur chef est celui qui réunit la capacité, l’esprit de décision et l’opiniâtreté dans l’exécution.
L’avenir d’un mouvement est conditionné par le fanatisme et l’intolérance que ses adeptes apportent à le considérer comme le seul mouvement juste, très supérieur à toutes les combinaisons du même ordre.
C’est une très grande erreur de croire que la force d’un mouvement croît par son union avec un mouvement analogue [..] La loi naturelle de tous les développements ne comporte pas l’accouplement de deux organismes différents, mais la victoire du plus fort et l’exploitation méthodique de la force du vainqueur, qui n’est rendue possible que par le combat qu’elle provoque. 349
Je partis pour Vienne avec une valise d’habits et de linge. J’avais au coeur une volonté inébranlable. Mon père avait réussi, cinquante ans auparavant, à forcer son destin. Je ferais comme lui. Je deviendrais "quelqu’un " - mais pas un fonctionnaire ! 29
La tâche de celui qui établit un programme d’action n’est point d’établir les diverses possibilités de réaliser une chose mais d’exposer clairement la chose comme réalisable ; c’est-à-dire se préoccuper moins des moyens que de la fin. 209
Car si l’art de l’homme politique est réellement considéré comme l’art des possibilités, le créateur de programme appartient à ceux dont on dit qu’ils plaisent aux dieux, seulement quand ils savent réclamer et vouloir l’impossible. 211
Dans tous les cas où il s’agit de satisfaire à des exigences ou à des tâches d’apparence irréalisable, il faut que toute l’attention d’un peuple se groupe et s’unisse sur une même question, comme si, de la solution de cette dernière, dépendait en fait la vie ou la mort. Ce n’est qu’à ce prix que l’on peut rendre un peuple volontairement capable de grandes actions et de grands efforts. 248
Comme le marxisme l’avait déjà imposé, la pensée d’Hitler est stratégique, ne connaissant que l’efficacité et pour laquelle un savoir doit devenir un pouvoir (Clausewitz)La toute première condition nécessaire pour passer à l’attaque d’un secteur si difficile de la carrière humaine est celle-ci : il importe que le commandement réussisse à représenter à la masse du peuple l’objectif partiel à atteindre, ou mieux, à conquérir, comme l’unique, le seul digne de retenir l’attention des hommes, et dont la prise entraîne le succès de tout le reste. 249
Étudier l’histoire, c’est rechercher les causes déterminantes des événements historiques.
L’art de lire et d’étudier consiste en ceci : conserver l’essentiel, oublier l’accessoire. 25
Pour moi, lire n’avait pas le même sens que pour la moyenne de nos prétendus intellectuels.
Je connais des gens qui lisent interminablement livre sur livre, une lettre après l’autre, sans que je puisse cependant dire qu’ils ont "de la lecture". Ils possèdent un amas énorme de connaissances, mais leur esprit ne sait ni les cataloguer ni les répartir. Il leur manque l’art de distinguer dans un livre les valeurs à se mettre pour toujours dans la tête et les passages sans intérêt - à ne pas lire si possible, ou tout au moins à ne pas traîner comme un lest inutile. Lire n’est pas un but, mais le moyen pour chacun de remplir le cadre que lui tracent ses dons et ses aptitudes. Chacun reçoit ainsi les outils et les matériaux nécessaires à son métier, qu’ils l’aident seulement à gagner sa vie ou qu’ils servent à satisfaire à des aspirations plus élevées. Le second but de la lecture doit être d’acquérir une vue d’ensemble sur le monde où nous vivons [..]
Ce qu’il acquiert de la sorte s’incorpore à l’image qu’il se fait déjà de telle ou telle chose, tantôt la corrige, tantôt la complète, en augmente l’exactitude ou en précise le sens. 43/44
Le moyen de réussir un mouvement de réforme politique ne sera jamais d’éclairer ou d’influencer les forces dirigeantes : ce qu’il faut, c’est conquérir la puissance politique. Une idée qui doit bouleverser le monde a non seulement le droit mais le devoir de s’assurer les moyens qui rendent possible l’accomplissement de ses conceptions. Le succès est le seul juge ici-bas qui décide de la justice ou de l’injustice d’une telle entreprise, et, par le mot de succès, je n’entends pas la conquête de la puissance, mais l’action bienfaisante sur le peuple entier. 343
Le mouvement doit dresser ses membres à ne pas voir, dans la lutte, un élément secondaire et négligeable, mais le but lui-même. Dès lors, ils ne craindront plus l’hostilité de leurs adversaires ; au contraire, ils sentiront en celle-ci la condition première de leur propre raison d’être. 350
On ne doit pas éluder le combat, mais le rechercher, et revêtir à cet effet l’équipement qui, seul, assure la protection contre la violence. La terreur ne se brise pas avec l’esprit, mais avec la terreur. 356
Celui qui ici-bas, ne parvient pas à se faire haïr de ses ennemis ne me paraît guère désirable comme ami. 361
Sous mes yeux, le relèvement se mettait en marche. Et je voyais en même temps la déesse de la vengeance inexorable se dresser contre le parjure du 9 novembre 1918. 368
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