La science de la vérité

(Lacan 1901-1981, la Psychanalyse de l'énonciation)
 
 
Citations de Lacan classées :
Inconscient, Vérité, Refoulement
Religion, Science, Sciences de l'homme
Pulsion, Analyste
Textes sur la psychanalyse : 
Contre le Biologisme
Analyse et liberté, L'espace public, Pré-ambule 
La signifiance du sexe 
La véritable scission
 

L'inconscient est un concept forgé sur la trace de ce qui opère pour constituer le sujet.

L'inconscient n'est pas une espèce définissant dans la réalité psychique le cercle de ce qui n'a pas l'attribut (ou la vertu) de la conscience. 830

Pour la science, le cogito marque au contraire la rupture avec toute assurance conditionnée dans l'intuition. 831
Si j'ai dit que l'inconscient est le discours de l'Autre avec un grand A, c'est pour indiquer l'au-delà où se noue la reconnaissance du désir au désir de reconnaissance.
Autrement dit cet autre est l'Autre qu'invoque même mon mensonge pour garant de la vérité dans laquelle il subsiste.
A quoi s'observe que c'est avec l'apparition du langage qu'émerge la dimension de la vérité. 524
Le sujet, le sujet cartésien, est le présupposé de l'inconscient, nous l'avons démontré en son lieu.
L'Autre est la dimension exigée de ce que la parole s'affirme en vérité.
L'inconscient est entre eux leur coupure en acte. (La rétroaction du signifiant en son efficace.) 839
Quoi qu'il en soit, notre double référence au sujet absolu de Hegel et au sujet aboli de la science donne l'éclairage nécessaire à formuler à sa vraie mesure le dramatisme de Freud : rentrée de la vérité dans le champ de la science, du même pas où elle s'impose dans le champ de sa praxis : refoulée, elle y fait retour. p799

Dire que le sujet sur quoi nous opérons en psychanalyse ne peut être que le sujet de la science peut passer pour paradoxe [..] De notre position de sujet, nous sommes toujours responsables [..] L'erreur de bonne foi est de toute la plus impardonnable.

La position du psychanalyste ne laisse pas d'échappatoire puisqu'elle exclut la tendresse de la belle âme. 858-859

Oui ou non, ce que vous faites, a-t-il le sens d'affirmer que la vérité de la souffrance névrotique, c'est d'avoir la vérité comme cause? 870
Seule la psychanalyse est en mesure d'imposer à la pensée cette primauté en démontrant que le signifiant se passe de toute cogitation, fût-ce des moins réflexives, pour effectuer des regroupements non douteux dans les significations qui asservissent le sujet, bien plus : pour se manifester en lui par cette intrusion aliénante dont la notion de symptôme en analyse prend un sens émergent : le sens du signifiant qui connote la relation du sujet au signifiant.
Aussi bien dirions-nous que la découverte de Freud est cette vérité que la vérité ne perd jamais ses droits. 467
Le sujet donc, on ne lui parle pas. Ça parle de lui, et c'est là qu'il s'appréhende, et ce d'autant plus forcément qu'avant que du seul fait que ça s'adresse à lui, il disparaisse comme sujet sous le signifiant qu'il devient [identification], il n'était absolument rien. 835
On comprendra dès lors que notre usage de la phénoménologie de Hegel ne comportait aucune allégeance au système, mais prêchait d'exemple à contrer les évidences de l'identification. 837
Prêter ma voix à supporter ces mots intolérables "Moi, la vérité, je parle..." passe l'allégorie. Cela veut dire tout simplement tout ce qu'il y a à dire de la vérité, de la seule, à savoir qu'il n'y a pas de métalangage (affirmation faite pour situer tout le logico-positivisme), que nul langage ne saurait dire le vrai sur le vrai, puisque la vérité se fonde de ce qu'elle parle, et qu'elle n'a pas d'autre moyen pour ce faire.
C'est même pourquoi l'inconscient qui le dit, le vrai sur le vrai, est structuré comme un langage, et pourquoi, moi, quand j'enseigne cela, je dis le vrai sur Freud qui a su laisser, sous le nom d'inconscient, la vérité parler.
Ce manque du vrai sur le vrai, qui nécessite toutes les chutes que constitue le métalangage en ce qu'il a de faux-semblant, et de logique, c'est là proprement la place de l'Uverdrängung, du refoulement originaire attirant à lui tous les autres. 867-868
Le manque dont il s'agit est bien ce que nous avons déjà formulé : qu'il n'y ait pas d'Autre de l'Autre. 818
Ce signifiant sera donc le signifiant pour quoi tous les autres signifiants représentent le sujet. 819
Le désir est ce qui se manifeste dans l'intervalle que creuse la demande en deçà d'elle-même, pour autant que le sujet en articulant la chaîne signifiante, amène au jour le manque à être avec l'appel d'en recevoir le complément de l'Autre, si l'Autre, lieu de la parole, est aussi le lieu de ce manque.
Ce qui est ainsi donné à l'Autre de combler et qui est proprement ce qu'il n'a pas, puisque à lui aussi l'être manque, est ce qui s'appelle l'amour, mais c'est aussi la haine et l'ignorance. 627
Si le désir est la métonymie du manque à être, le Moi est la métonymie du désir. 640
C'est cette image qui se fixe, moi idéal, du point où le sujet s'arrête comme idéal du moi. Le moi est dès lors fonction de maîtrise, jeu de prestance, rivalité constituée. 809
Dans la folie, quelle qu'en soit la nature, il nous faut reconnaître, d'une part, la liberté négative d'une parole qui a renoncé à se faire reconnaître, soit ce que nous appelons obstacle au transfert, et, d'autre part, la formation singulière d'un délire qui, - fabulatoire, fantastique ou cosmologique -, interprétatif, revendicateur ou idéaliste -, objective le sujet dans un discours sans dialectique. 280
Dans la religion, la mise en jeu précédente, celle de la vérité comme cause, par le sujet, le sujet religieux s'entend, est prise dans une opération complètement différente. L'analyse à partir du sujet de la science conduit nécessairement à y faire apparaître les mécanismes que nous connaissons de la névrose obsessionnelle. Freud les a aperçus dans une fulgurance qui leur donne une portée dépassant toute critique traditionnelle. Prétendre y calibrer la religion, ne saurait être inadéquat.
Si l'on peut partir de remarques comme celle-ci : que la fonction qu'y joue la révélation se traduit comme une dénégation de la vérité comme cause, à savoir qu'elle dénie ce qui fonde le sujet à s'y tenir pour partie prenante, - alors il y a peu de chance de donner à ce qu'on appelle l'histoire des religions des limites quelconques, c'est-à-dire quelque rigueur.
Disons que le religieux laisse à Dieu la charge de la cause, mais qu'il coupe là son propre accès à la vérité. Aussi est-il amené à remettre à Dieu la cause de son désir, ce qui est proprement l'objet du sacrifice. Sa demande est soumise au désir supposé d'un Dieu qu'il faut dès lors séduire. Le jeu de l'amour entre par là.
Le religieux installe ainsi la vérité en un statut de culpabilité. Il en résulte une méfiance à l'endroit du savoir, d'autant plus sensible dans les Pères de l'Église, qu'ils se démontrent plus dominants en matière de raison.
La vérité y est renvoyée à des fins qu'on appelle eschatologiques, c'est-à-dire qu'elle n'apparaît que comme cause finale, au sens où elle est reportée à un jugement de fin du monde.
D'où le relent d'obscurantisme qui s'en reporte sur tout usage scientifique de la finalité.
J'ai marqué au passage combien nous avons à apprendre sur la structure de la relation du sujet à la vérité comme cause dans la littérature des Pères, voire dans les premières décisions conciliaires. Le rationalisme qui organise la pensée théologique n'est nullement, comme la platitude se l'imagine, affaire de fantaisie.
S'il y a fantasme, c'est au sens le plus rigoureux d'institution d'un réel qui couvre la vérité. 872-873
Pour ce qui est de la science [..] je l'aborderai par la remarque étrange que la fécondité prodigieuse de notre science est à interroger dans sa relation à cet aspect dont la science se soutiendrait : que la vérité comme cause, elle n'en voudrait-rien-savoir.
On reconnaît là la formule que je donne de la Verwerfung ou forclusion, - laquelle viendrait ici s'adjoindre en une série fermée à la Verdrängung, refoulement, à la Verneinung, dénégation, dont vous avez reconnu au passage la fonction dans la magie et la religion. 874
Certes me faudra-t-il indiquer que l'incidence de la vérité comme cause dans la science est à reconnaître sous l'aspect de la cause formelle. 875
Ai-je besoin de dire que dans la science, à l'opposé de la magie et de la religion, le savoir se communique?
Mais il faut insister que ce n'est pas seulement parce que c'est l'usage, mais que la forme logique donnée à ce savoir inclut le mode de communication comme suturant le sujet qu'il implique. 876
Une physique est concevable qui rende compte de tout au monde, y compris de sa part animée. Un sujet ne s'y impose que de ce qu'il y ait dans ce monde des signifiants qui ne veulent rien dire et qui sont à déchiffrer. 840
Il n'y a pas de science de l'homme, ce qu'il nous faut entendre au même ton qu'il n'y a pas de petites économies. Il n'y a pas de science de l'homme, parce que l'homme de la science n'existe pas, mais seulement son sujet.
On sait ma répugnance de toujours pour l'appellation de sciences humaines, qui me semble être l'appel même de la servitude. 859
La dénégation inhérente à la psychologie en cet endroit serait, à suivre Hegel, plutôt à porter au compte de la Loi du coeur et du délire de présomption [..]
La psychologie est véhicule d'idéaux : la psyché n'y représente plus que le parrainage qui la fait qualifier d'académique. L'idéal est serf de la société.
Un certain progrès de la nôtre illustre la chose, quand la psychologie ne fournit pas seulement aux voies, mais défère aux voeux de l'étude de marché. 832
La psychanalyse alors y subvient à fournir une astrologie plus décente que celle à quoi notre société continue de sacrifier en sourdine. 833
La pulsion, telle qu'elle est construite par Freud, à partir de l'expérience de l'inconscient, interdit à la pensée psychologisante ce recours à l'instinct où elle masque son ignorance par la supposition d'une morale dans la nature.
La pulsion, on ne le rappellera jamais assez à l'obstination du psychologue qui, dans son ensemble et per se, est au service de l'exploitation technocratique, la pulsion freudienne n'a rien à faire avec l'instinct (aucune des expressions de Freud ne permet la confusion).
La Libido n'est pas l'instinct sexuel. Sa réduction, à la limite, au désir mâle, indiquée par Freud, suffirait à nous en avertir. 851
Qu'on nous laisse rire si l'on impute à ces propos de détourner le sens de l'oeuvre de Freud des assises biologiques qu'il lui eût souhaitées vers les références culturelles dont elle est parcourue. 321
Mais Freud nous révèle que c'est grâce au Nom-du-Père que l'homme ne reste pas attaché au service sexuel de la mère, que l'agression contre le Père est au principe de la Loi et que la Loi est au service du désir qu'elle institue par l'interdiction de l'inceste.
Car l'inconscient montre que le désir est accroché à l'interdit, que la crise de l'Oedipe est déterminante pour la maturation sexuelle elle-même.
Le psychologue a aussitôt détourné cette découverte à contre-sens pour en tirer une morale de la gratification maternelle, une psychothérapie qui infantilise l'adulte, sans que l'enfant en soit mieux reconnu. 852
On ne saurait ici que remarquer qu'à ce libertin près qu'était le grand comique du siècle du génie, on n'y a pas, non plus qu'au siècle des lumières, attenté au privilège du médecin, non moins religieux pourtant que d'autres.
L'analyste peut-il s'abriter de cette antique investiture, quand laïcisée, elle va à la socialisation qui ne pourra éviter ni l'eugénisme, ni la ségrégation politique de l'anomalie? 854
Car, nous l'avons dit sans entrer dans le ressort du transfert, c'est le désir de l'analyste qui au dernier terme opère dans la psychanalyse. 854
Les psychanalystes font partie du concept de l'inconscient, puisqu'ils en constituent l'adresse. 834
Qu'y renonce donc plutôt celui qui ne peut rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque. Car comment pourrait-il faire de son être l'axe de tant de vies, celui qui ne saurait rien de la dialectique qui l'engage avec ces vies dans un mouvement symbolique.321
Méthode de vérité et de démystification des camouflages subjectifs, la psychanalyse manifesterait-elle une ambition démesurée à appliquer ses principes à sa propre corporation. 241


 
Critique de la topologie : du mot au verbe, de l'Un à l'Autre, de l'être à l'acte
La remise en cause par Lacan du biologisme s'est voulu explicitement la promotion du rapport à l'Autre, à travers l'imaginaire du corps (schéma Z) et la dialectique du désir. Il y a pourtant une tendance constante à résorber cette dialectique (jugée trop hégélienne, difficile distanciation de Kojève) par une substantification de la vérité qui s'efface devant la "chaîne signifiante" (évoquant la substantification de l'être par Heidegger) le manque ou "l'objet a" qui, plus tard, engendrera le noeud borroméen réduisant le symptôme à une résolution individuelle, voire au "moi" qui n'est plus la métonymie du désir mais sa charpente.

Le symptôme comme fixation d'un sens, objectivation du sujet, est présenté par Lacan comme une critique et une généralisation de la prétendue "réalité psychique" chère à Freud, mais cet arrêt de la dialectique temporelle, l'écriture à laquelle le sujet s'identifie, ne doit pas être confondu avec sa structure. Le souci de donner une représentation du sujet isolé ne peut que reconduire aux impasses de la psychologie et de l'introspection. Dès qu'on feint d'ignorer la dialectique intersubjective où se constitue toute parole, un manque insiste dans la théorie appelant des logiques non-standard dont l'incomplétude reflète l'absence de son foyer structurant.

Lacan en avait sans doute conscience, dans la répétition de ses séminaires (référée au malentendu, donc à la reconnaissance), et, en intitulant son dernier séminaire "La topologie et le temps", c'est bien l'introduction du temps qui remettait en cause le noeud lui-même dont la généralisation est impossible car infinie, voire chaotique. On ne reconstitue pas l'inter-subjectivité en juxtaposant des monades (Il faut quand même être sensé, et s'apercevoir que la névrose tient aux relations sociales. Un signifiant nouveau 17/05/77), dès lors le symptôme comme écriture renvoie à son adresse et non pas à l'équilibre qu'il rétablit, au "nouage" qui le fait tenir alors que le symptôme est plutôt obstacle au nouage, à sa dynamique. Au contraire, c'est bien l'acte originellement humain, l'acte fondateur qui se différencie de l'autre et introduit le temps logique dans les quatre discours : Ainsi au discours du Maître répondra l'acte de l'artiste, à la revendication Hystérique de la jouissance répondra l'acte d'amour, au discours de l'Autre (suggestion hypnotique) l'analyste répondra par son acte lorsqu'il l'ose comme le révolutionnaire introduit par sa subversion la temporalité dans l'universel.


Le moralisme dogmatique biologisant
Alexis Carrel. L'homme cet inconnu (1935/1943) p388-389
Avant que Le Pen ne se réclame de cet héritage, on peu s'étonner de l'accueil enthousiaste du public à ce livre (jusqu'à Jean Rostand !). La médecine est pourtant encore loin de traiter nos corps en citoyens libres et responsables, héritiers d'une histoire contradictoire. Séquelles des folies d'antan (comme la répression de la masturbation), la diabolisation des drogues (hors alcool!) est soutenue par le corps médical au mépris de toute vérité et de toute efficacité ce qui signe le fantasme.

La théorie freudienne est, à l'évidence, souvent plus proche du biologisme de Thom que du logicisme lacanien. La différence avec Thom se limite à prendre la sexualité comme paradigme à la place du lacet de prédation, voire à identifier prégnance et sexualité (érotisation). Ce biologisme ignorant la dimension de l'universel, imposé par le langage, ignore véritablement la dimension humaine de la vie; mais la réduction de tout phénomène à une combinatoire signifiante serait tout aussi délirante. Il convient, donc, là aussi de faire la part des corps et du langage.

Freud n'aimait pas beaucoup son dernier écrit, l'Abrégé de psychanalyse, qu'il n'était pas loin de considérer comme une preuve de son déclin mais Jones défendait cette oeuvre qui synthétisait l'idéologie psychanalytique de l'époque. Il faut, évidemment, reconnaître que l'utilisation de références biologiques a une fonction de métaphore, de modèle, permettant de transporter l'idée d'appareil au fonctionnement psychique. On ne peut réduire Freud à cette idéologie manifeste car de la fonction de la dénégation dans le détachement du contenu à l'Introduction du narcissisme, le biologisme est dépassé de toute part bien qu'il reste la référence de l'instinct de mort même. Ce qu'il avait en vue est certainement plus proche de la théorie des catastrophes avec ses attracteurs, ses prégnances, que d'une biologie moléculaire ou de la neurologie dont il était parti.

Reste cette attitude psychologisante, normalisatrice, ségrégationniste, ce discours de la suggestion et du commandement voire de la séduction et de la prière, de la régulation sociale enfin, qu'autorise la position du biologiste comme producteur d'unités vivantes assignées à son projet et à son équilibre financier. Le médecin est plus paradoxal puisqu'il est dans la position de l'objet pour un autre médecin mais dans le cas du psychologue c'est carrément intenable car c'est le sujet du discours qui prétend s'objectiver lui-même (et ce faisant ne peut conclure qu'à l'impossibilité d'une objectivation "totale").

Il faut rejeter la référence biologique comme hors du champ de l'analyse, à son niveau propre. Nous n'avons affaire dans l'analyse qu'à un sujet du discours qui n'a pas renoncé à sa responsabilité, à se faire reconnaître par l'autre en affrontant la vérité de ce qu'il est. L'analysant ne doit pas se soumettre au traitement de l'analyste mais à sa propre logique, la ridicule soumission du transfert se devant d'être analysée justement afin de rendre au sujet la stratégie qu'il tente sur l'autre dans cette dialectique de la reconnaissance. Celui qui demande une analyse est celui qui ne s'y reconnaît plus, ou ne s'y retrouve plus, reconnaît qu'il n'est pas reconnaissable mais n'a pas renoncé à se faire reconnaître par les autres. La terminaison de l'analyse est non pas vraiment le "moment où la satisfaction du sujet trouve à se réaliser dans la satisfaction de chacun" (comme Lacan le formule par excès d'enthousiasme kojèvien, sans doute, dans son Discours de Rome p321. Il voulait mettre l'analyse entre "l'homme du souci et le sujet du savoir absolu") mais plutôt le moment où le sujet reprend en son nom propre le risque de la dialectique de la reconnaissance où se joue le vrai rapport à l'Autre. L'embêtant est que cette pratique génère une idéologie qui en nie le principe même : c'est l'idéologie du moi-autonome alors qu'il est question de sa responsabilité. Un moi un peu trop fort ne peut mettre sa responsabilité en cause, comme tout pouvoir, faisant retour dans la culpabilité. L'Oedipe est la référence suprême de toute normalisation alors que, ce qui n'est pas un mythe, c'est le complexe de castration.

L'éthique de la Psychanalyse est sans doute intenable, tiraillée entre sa prétention scientifique et l'engagement humain, donnant le spectacle de groupes éclatés et inconsistants, reproduisant toutes les servilités, sans retenue (ceci n'est pas un groupe) ni sanction objective (ceci n'est pas une science). Cependant, il n'y a d'Analyse qu'à se situer en ce lieu d'incertitude où un sujet dépend de l'autre, de son discours qui décide de la vérité comme du mensonge. L'éthique de ce rapport à l'autre peut nourrir la politique d'avoir affaire au même sujet, contrairement aux sciences humaines, même psychologiques, réduites à la mesure (sondages). Il s'agit bien dans la référence biologique d'une erreur de place qui identifie le sujet sur un mode paranoïaque à son idéalisation fonctionnelle, en renonçant à mettre en jeu sa reconnaissance de l'autre par le discours, ce qui définit bien le psychotique.
 
Textes de 1992-1994 :
Destinés à un groupe d'analystes dissidents de l'époque, et sans doute trop prudents dans leurs formulations.

  1. Analyse et liberté

  2. La Psychanalyse ne nous condamne pas à une causalité familiale ou à une norme sexuelle mais nous en libère. Dimensions de la liberté dans l'analyse.
     
  3. L'espace public

  4. Politique et Psychanalyse. La mise en acte (l'artiste, le révolutionnaire, le saint).
     
  5. Pré-ambule

  6. Principes d'une institution analytique, d'une pratique analytique.
     
  7. La signifiance du sexe

  8. Comment le sexe vient au langage comme jouissance.
     
  9. La véritable scission dans la psychanalyse

  10. La séparation n'est jamais acquise entre la psychanalyse et la psychothérapie. Cette séparation est pourtant l'essentiel.
Voir aussi mon importante mais difficile Critique de l'idéologie psychanalytique

 
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