Révélation perdue

(Florilège de l'hermétisme)

Initiation 
Sumérien, Egyptien, Phénicien, Orphée, ésotérisme zodiacal
Secret 
Pas de métalangage, l'impossible à dire, pas de certitude, connais-toi toi-même
Trinité 
l'Un, le narcissisme, l'immortalité, la génération

Avant-propos
(Traité d'alpinisme analogique)
Ces observations sont celles d'un débutant; comme elles sont toutes fraîches et qu'elles concernent les premières difficultés que rencontre un débutant, elles seront peut-être plus utiles à celui-ci, pendant ses premières courses, que les traités écrits par les maîtres, qui sont sans aucun doute plus méthodiques et plus complets, mais qui ne sont intelligibles qu'après si peu que ce soit d'expérience préparatoire : toute l'ambition de ces quelques notes est d'aider le débutant à acquérir un peu plus vite cette expérience préparatoire.

Définitions. - L'alpinisme est l'art de parcourir les montagnes en affrontant les plus grands dangers avec la plus grande prudence.
On appelle ici art l'accomplissement d'un savoir dans une action.
On ne peut pas rester toujours sur les sommets. Il faut redescendre...
A quoi bon, alors? Voici : le haut connaît le bas, le bas ne connaît pas le haut. En montant, note bien toutes les difficultés de ton chemin; tant que tu montes, tu peux les voir. A la descente, tu ne les verras plus, mais tu sauras qu'elles sont là, si tu les as bien observées.

Il y a un art de se diriger dans les basses régions, par le souvenir de ce qu'on a vu lorsqu'on était plus haut. Quand on ne peut plus voir, on peut du moins encore savoir.

Tiens l'oeil fixé sur le sommet, mais n'oublie pas de regarder à tes pieds. Le dernier pas dépend du premier. Ne te crois pas arrivé parce que tu vois la cime. Veille à tes pieds, assure ton pas prochain, mais que cela ne te distraie pas du but le plus haut. Le premier pas dépend du dernier.

Lorsque tu vas à l'aventure, laisse quelque trace de ton passage, qui te guidera au retour : une pierre posée sur une autre, des herbes couchées d'un coup de bâton. Mais si tu arrives à un endroit infranchissable ou dangereux, pense que la trace que tu as laissée pourrait égarer ceux qui viendraient à la suivre. Retourne donc sur tes pas et efface la trace de ton passage. Cela s'adresse à quiconque veut laisser dans ce monde des traces de son passage. Et même sans le vouloir, on laisse toujours des traces. Réponds de tes traces devant tes semblables.

René Daumal
Terrible, une destinée.
Rapide ainsi passe toute chose du ciel. En vain ? non.
Soucieux de la mesure, toujours, avec précaution, touche
Aux demeures des hommes
Un Dieu, l'espace d'un moment,
Et eux ne le savent point, mais longuement
Préservent la mémoire, et demandent, quel il fut. (Conciliateur)

Oui, le monde, sans cesse, avec un cri
De joie s'arrache à cette terre, la laissant
Dépouillée où l'humain ne le sait retenir. Mais d'une parole
Demeure la trace ; qu'un homme peut saisir. (L'Unique)

Hölderlin

Initiation au Symbolique
VOUS ÉTIEZ EN CE LIEU AVANT QUE D'Y ENTRER
VOUS Y SEREZ ENCORE QUAND VOUS EN SEREZ SORTIS.
LITTERA (SENSUS HISTORICUS) GESTA DOCET; QUID CREDAS, ALLEGORIA; MORALIS, QUID AGAS; QUID SPERAS, ANAGOGIA. C23

La religion positive est l'aspect exotérique de l'Idée, et l'Idée est l'aspect ésotérique de la religion positive... La religion positive est le symbole; l'Idée est le symbolisé. L'exotérique est en perpétuelle fluctuation avec les cycles et périodes du monde; l'ésotérique est une Energie divine qui n'est pas soumise au devenir. ('Nâsir-e Khosraw) C24

Celui qui ignore qui il est, étant non initié et profane, n'est pas en disposition de participer à la providence d'Apollon. (IN ALC. 5-6 p4)

De même donc qu'il y a d'abord dans les initiations, des purifications, des rites d'ablution et d'expiation, qui constituent des exercices préparatoires aux cérémonies accomplies en secret et à la participation au divin, de même, me semble-t-il, l'initiation philosophique, elle aussi, constitue, pour ceux qui s'y livrent, une purification préliminaire et une préparation à la connaissance de nous-mêmes et à la contemplation immédiate de notre essence. (IN ALC. 8-9 p7)

De la même manière donc dans les plus saintes d'entre les Initiations, avant l'apparition du dieu, se produit l'irruption de certains démons chthoniens et des visions qui terrorisent ceux que l'on initie, les éloignent des biens immaculés et les entraînent vers la matière. (IN ALC. 39-40)

(Proclus)
Platon rapporte, dans son Timée, la visite du premier sage Solon avec des prêtres d'Egypte. "Il se mit à leur raconter ce que l'on sait chez nous de plus ancien... Alors un des prêtres, qui était très vieux, lui dit : Ah! Solon, Solon, vous autres Grecs, vous êtes toujours des enfants, et il n'y a point de vieillard en Grèce. A ces mots : Que veux-tu dire par là? demanda Solon. - Vous êtes tous jeunes d'esprit, répondit le prêtre; car vous n'avez dans l'esprit aucune opinion ancienne fondée sur une vieille tradition et aucune science blanchie par le temps... Chez vous et chez les autres peuples, à peine êtes-vous pourvus de l'écriture et de tout ce qui est nécessaire aux cités que de nouveau, après l'intervalle de temps ordinaire, des torrents d'eau du ciel fondent sur vous comme une maladie et ne laissent survivre de vous que les illettrés et les ignorants, en sorte que vous vous retrouvez au point de départ comme des jeunes, ne sachant rien de ce qui s'est passé dans les temps anciens, soit ici, soit chez vous. Car ces généalogies de tes compatriotes que tu récitais tout à l'heure, Solon, ne diffèrent pas beaucoup de contes de nourrices."
D'autre part, ils ont rapporté avec exactitude, à ce qu'ils s'imaginent, ce que ces dieux ont accompli : que Kronos a coupé les génitoires de son père, qu'il l'a jeté à bas de son char et qu'il tuait ses enfants mâles en les "avalant"; que Zeus, après avoir enchaîné son père, l'a précipité dans le Tartare, tout comme le Ciel l'a fait avec ses fils, qu'il a poursuivi sa mère Rhéa, qui lui refusait l'union : comme elle s'était transformée en un serpent, il prit lui aussi la même forme et, après l'avoir attachée avec le noeud d'Hercule, il s'unit à elle - la verge d'Hermès est un symbole de cette union -; ensuite, qu'il s'est uni à Perséphone, sa fille, en la violant, elle aussi, sous la figure d'un serpent, d'où naquit Dionysos.
Il fallait bien que je dise au moins cela; qu'y-a-t-il de respectable ou de bien dans cette histoire, qui nous fasse croire que Kronos, Zeus, Koré et les autres sont des dieux?
PHANÈS ENGENDRA UN AUTRE REJETON EFFRAYANT
DE SON VENTRE SACRÉ : ECHIDNA LA VIPÈRE, EFFROYABLE À VOIR
SUR LA TÊTE ELLE AVAIT DE LONGS CHEVEUX, ET UN VISAGE
AGRÉABLE À VOIR; LE RESTE, DEPUIS LE COMMENCEMENT DU COU
ETAIT CELUI D'UN SERPENT ÉPOUVANTABLE. O65
On s'en tire à bon compte assurément en parant l'inconnu de tous les vices imaginaires, comme un épouvantail, puis en se rassurant à tenir ses propres vertus, de clairvoyance et de charité, pour acquises de simplement s'énoncer. Le règne de l'horreur ne s'est pas arrêté, hélas, au seuil de la civilisation chrétienne ni au siècle de la science bien que les Dieux y semblent plus présentables. Le discours policé détourne le regard et ne fait qu'habiller ses exactions. Ce n'est pas un progrès. Il n'y a pas tant de raisons de croire que nos ancêtres en savaient moins que nous, eux qui savaient qu'une chimère est un assemblage mythique, un animal de fable.
Il faut donc se servir des mythes, non point comme de raisons absolument probantes, mais pour prendre en chacun les traits de ressemblance qui se concilient avec notre pensée. (Plutarque De Isis 58)

De sorte que le mythe serait là pour nous montrer la mise en équation sous une forme signifiante d’une problématique qui doit par elle-même laisser nécessairement quelque chose d’ouvert, qui répond à l’insoluble en signifiant l ’insolubilité et qui fournit (ce serait là la fonction du mythe) le signifiant de l’impossible. Lacan

Il n'est pas question d'outrepasser notre pouvoir et décrire ce qu'on ne peut voir mais bien au contraire en affirmant qu'Il y a cela de vrai qu'on ne sait rien de vrai H253 formuler ce qui peut et doit pourtant être dit plutôt que se complaire dans un scepticisme stérile ou le verbalisme inutile de sophistes comme Prodicos. Ce devoir de bien-dire ne peut, dès lors, s'appuyer sur autre chose que sa trace, sa tradition, son histoire dont il s'origine quitte à les contredire. Il n'y a qu'inconvénient pour l'homme à vouloir vivre dans l'instant sans la leçon des siècles passés, à la merci de nouvelles tyrannies (Le scepticisme mène au dogmatisme. cf. Kojève). L'animal se suffit de l'immédiateté des corps, l'esprit prévoit en marquant la mémoire. Depuis qu'il y a des hommes, emportés par les tourmentes, la mémoire est un devoir. La voilà enfouie sous l'abondance éphémère des marchandises et un déluge d'informations mesurées à leur rapidité de transmission. Le monde serait à réinventer chaque matin s'il nous en laissait la liberté, si la liberté était un bien inaliénable dont il suffirait de jouir dans l'immédiat. Mais la liberté est un bien toujours à conquérir, dont nous sommes responsables et que le monde contraint, contredit, conforme.

Pour l'Occident, nous en sommes encore à la religion de l'empire romain, au Catholicisme de Constantin avec ses Orthodoxes ou Protestants. Et la science n'a pas entamé la croyance dans une incarnation historique et platement réaliste du fils de dieu mort sur la croix (Le concept de la religion véritable, c'est-à-dire de celle qui a pour contenu l'esprit absolu, implique essentiellement qu'elle soit révélée, et révélée par Dieu. Hegel Encyc. §564) refoulant la gnose au nom d'une vérité historique. Les juifs qui ont hérité leur rôle d'exclusion de l'origine, assigné par l'empire universel, croient encore, de par leur malheur extrême, qu'ils sont vraiment le peuple élu (les Chinois sont au milieu mais que viennent-ils faire dans cette histoire?). Il faut donc, sur ce sujet comme sur les autres, rétablir l'antique vérité qui est de représentation.

Je te dirai d'abord pour quelle raison, dans les écrits des anciens scribes sacrés, on trouve rapportées bien des opinions diverses, de même que, chez les sages encore vivants, sur les grands sujets la doctrine n'est pas transmise d'une manière uniforme. Voici mon avis : comme il existait beaucoup d'essences fort différentes, la tradition leur a assigné une multiplicité de principes qui comportaient une grande variété de degrés et changeaient selon les divers récits des anciens prêtres; l'ensemble en a été complètement exposé par Hermès dans ses livres, vingt mille selon la description de Séleucus, ou trente-six mille cinq cent vingt cinq d'après l'histoire de Manéthon. J187
Ce qui frappe dans l'étude de l'antiquité, c'est qu'une grande différence de figurations, de préceptes, de civilisation, ne s'opposait pas à une grande unité de pensée des prêtres ou des sages, contacts réciproques et traductions des mythes pour aboutir, à l'époque hellénistique, au syncrétisme des religions d'Orient et d'Occident (on pourrait dire la même chose pour l'époque actuelle dominée par des monothéismes à la fois très ressemblants et attachés à leurs divergences. Pour Lévi-Strauss le mythe est toujours "dérivé par rapport à d’autres mythes...Il est une perspective sur une langue autre" p576). La découverte de l'écriture faisait déjà le règne de l'archive, systématisant les mythes agraires du Néolithique. Des mythes sumériens, nous n'avons que des notations mais la tradition en sera continuée par les Égyptiens, les Perses, les Phéniciens, les Hébreux, les civilisations minoennes et par celles-ci les Grecs. Bien plus tard, après les conquêtes d'Alexandre, les Hébreux vont défendre le prêtre et la lettre sacrée unifiante contre son assimilation à l'universalité de la marchandise (Le zèle contre la loi a créé le zèle pour la loi), tandis que les Grecs en généralisant et banalisant l'écriture l'ouvrent à l'universel de la science et de la philosophie avec, pourtant, la nostalgie déjà du sacré perdu, devant l'énigme d'une nuit qui gagne au plus profond de nos ténèbres. Au temps de l'empire romain, la tradition hermétique constitue l'aboutissement des traditions antiques, de la confrontation, dans la ville d'Alexandrie, de la philosophie grecque (la langue et l’éclectisme post-sceptique mélant Platon, Aristote et les stoïciens sous le nom de néo-platoniciens ou néo-pythagoriciens), de la religion égyptienne-chaldéènne (le lieu) et des sectes mystiques iraniennes (culte de Mithra) ou juives (Esséniens) qui préparaient l'invention du Christ et se disaient déjà Thérapeutes, médecins de l'âme. La mystique de l'Islam revendique encore son ésotérisme mais la science de l'expérience s'est construite sur le refoulement de ce savoir absolu sans pouvoir l'effacer. On ne peut se passer de ce passage commun à tant de traditions. Sa matrice généreuse éclaire tout autant la philosophie de Pythagore, de Parménide, d'Héraclite, de Platon ou de Hegel que les livres de la sagesse indienne, le manichéisme, l'alchimie, les cultes de l'ancienne Egypte.
Orphée qui, le premier a trouvé les noms des dieux, qui a rapporté leurs généalogies, qui a raconté ce que chacun d'eux avait accompli, et qui passe chez les Grecs pour le théologien le plus véridique. O63
Il l'a fait aussi pour nous apprendre à rapporter les inventions mythiques, comme il convient, à la vérité sur les dieux et à faire remonter une histoire, apparemment monstrueuse, à une conception scientifique. O101
Aristote enseigne que le poète Orphée n'a jamais existé, et le poème orphique certains disent qu'il est dû à Cercops le pythagoricien; cependant Orphée, c'est-à-dire son image, comme vous le voulez, me vient souvent à l'esprit. O10
On le dit de naissance Thrace (étranger pour un Grec comme Dyonisos ou Zalmoxis), rapportant d'Egypte les mystères d'Isis et d'Osiris (Eleusis et Dyonisos correspondant à Isthar et Tammuz ou Innana et Dumuzi en sumérien), c'est en Crète pourtant qu'il situe l'intelligence :
Les théologiens ont accoutumé de poser la Crète comme substitut de l'Intelligible. O110
La Crète représentait pour les Grecs la civilisation qu'ils avaient brutalement anéantie à leur arrivée et dont ils eurent longtemps la nostalgie avant de redécouvrir l'écriture grâce aux Phéniciens.

L'Orphisme est constitué par ses textes, ses écrits théologiques qui permettent l'initiation aux mystères de la génération sexuelle, de la (re)naissance, un par un (Purification/Epreuve, Illumination/Extase, Savoir/Immortalité), contrepartie de l'écriture, prenant le relais des initiations guerrières (sociétés d'hommes) et des initiations de métier, initiation à l'esprit, à l'universel, à l'éternité de la lettre.

De son chant qui s'élève de loin et porte plus loin encore, Orphée guidera nos pensées comme il voulut guider son Eurydice hors du royaume des ténèbres et résonnera pour nous le sens intelligible de ces mythes immémorables (sumérien, égyptien, hittite, phénicien).

SUMÉRIEN

SUR LA MONTAGNE DU CIEL ET DE LA TERRE
AN ENGENDRA LES GRANDS DIEUX
LE SEIGNEUR, DÉCIDÉ À PRODUIRE CE QUI ÉTAIT UTILE,
LE SEIGNEUR DONT LES DÉCISIONS SONT IMMUABLES,
ENLIL, QUI FAIT GERMER DE LA TERRE LA SEMENCE DU "PAYS",
IMAGINA DE SÉPARER LE CIEL DE LA TERRE,
IMAGINA DE SÉPARER LA TERRE DU CIEL. K97

QUAND LE CIEL EUT ÉTÉ ÉLOIGNÉ DE LA TERRE,
QUAND LA TERRE EUT ÉTÉ SÉPARÉE DU CIEL,
QUAND LE NOM DE L'HOMME EUT ÉTÉ FIXÉ,
QUAND AN EUT "EMPORTÉ" LE CIEL,
QUAND ENLIL EUT "EMPORTÉ" LA TERRE. K96

OR, TERRE SE TOURNA VERS AMAKANDU, SON FILS,
ET LUI DIT : "VIENS! QUE JE TE FASSE L'AMOUR!"
AMANKADU PRIT DONC SA MÈRE POUR ÉPOUSE,
ET IL TUA HARAB, SON PÈRE,
L'ENSEVELIT À DUNNU, SA VILLE PRÉFÉRÉE,
ET S'EMPARA DE SON POUVOIR SEIGNEURIAL.
PUIS IL PRIT MER, SA SOEUR AÎNÉE, POUR ÉPOUSE.
SURVINT ALORS LAHAR, FILS D'AMAKANDU,
LEQUEL TUA AMAKANDU ET, À DUNNU,
L'ENSEVELIT DANS LE TOMBEAU DE SON PÈRE
IL PRIT ALORS MER, SA MÈRE, POUR ÉPOUSE,
LAQUELLE MER AVAIT ÉGORGÉ TERRE, SA MÈRE. B473

(ENÛMA ELIS)

LORSQUE LÀ-HAUT LE CIEL N'ÉTAIT PAS ENCORE NOMMÉ
ET QU'ICI-BAS LA TERRE-FERME N'ÉTAIT PAS APPELÉE D'UN NOM,
SEULS APSÛ-LE-PREMIER, LEUR PROGÉNITEUR,
ET MÈRE TIAMAT, LEUR GÉNITRICE À TOUS,
MÉLANGEAIENT ENSEMBLE LEURS EAUX.
ET ALORS QUE DES DIEUX, NUL N'ÉTAIT ENCORE APPARU,
QU'ILS N'ÉTAIENT NI APPELÉS DE NOMS NI LOTIS DE DESTINS,
EN APSÛ-TIAMAT DES DIEUX FURENT PRODUITS
BOULEVERSANT L'INTÉRIEUR DE TIAMAT,
ILS TRACASSÈRENT, PAR LEURS ÉBATS, LE DEDANS DE L'HABITACLE DIVIN
APSÛ AYANT OUVERT SA BOUCHE
HAUSSA LA VOIX ET DIT À TIAMAT :
JE VEUX RÉDUIRE À RIEN ET ABOLIR LEUR ACTIVITÉ
POUR QUE SOIT RÉTABLI LE SILENCE ET QUE NOUS AUTRES, NOUS DORMIONS!
TIAMAT ENTENDANT CELA,
COURROUCÉE VOCIFÉRA CONTRE SON ÉPOUX :
POURQUOI, NOUS-MÊMES DÉTRUIRIONS-NOUS CE QUE NOUS AVONS PRODUIT?
OR TOUT CE QU'ILS AVAIENT MACHINÉ EN LEUR RÉUNION,
ON LE RÉPÉTA AUX DIEUX LEURS REJETONS.
L'AYANT APPRIS, CES DIEUX S'AGITÈRENT (B604/606)

QUAND IL EUT ENDORMI APSÛ, ENVAHI DE SOMMEIL,
EA DÉTACHA LE BANDEAU-FRONTAL D'APSÛ ET ÔTA SA COURONNE;
PUIS L'AYANT TERRASSÉ, IL LE MIT-À-MORT
UNE FOIS QU'EA EUT IMMOBILISÉ ET TERRASSÉ CES MALVEILLANTS,
ET REMPORTÉ SON TRIOMPHE SUR CES ADVERSAIRES
IL PRIS SES APPARTEMENTS ET SE REPOSA DANS LE PLUS GRAND CALME :
IL APPELA CE PALAIS APSÛ, ET L'ON Y MARQUA LES SALLES-DE-CÉRÉMONIE.
LÀ MÊME, IL ÉTABLIT SA CHAMBRE-NUPTIALE
OÙ EA, AVEC DAMKINA, SON ÉPOUSE, SIÉGÈRENT EN MAJESTÉ.
DANS CE SANCTUAIRE-AUX-DESTINS, CETTE CHAPELLE-AUX-SORTS,
FUT PROCRÉÉ LE PLUS INTELLIGENT, LE SAGE DES DIEUX, LE SEIGNEUR :
AU MILIEU DE L'APSÛ, MARDUK FUT MIS AU MONDE (B607/608)
 

EGYPTIEN
Avant la naissance d'un cosmos structuré, un océan sans fin d'eaux inertes emplissait les ténèbres. Il est représenté comme l'être originel, Nou ou Noun. Aucun temple n'a été édifié pour l'honorer, mais il est présent dans de nombreux lieux de culte sous la forme du lac sacré qui symbolise la "non-existence" d'avant la création.

Atoum, "dieu d'Héliopolis" et "dieu jusqu'aux limites du ciel", est le démiurge, le créateur du monde qui émergea de Nou au début des temps pour créer les éléments de l'univers (G.Hart Mythes égyptiens p19).

IL PRIT SON PHALLUS DANS SA MAIN ET ÉJACULA PAR LUI POUR DONNER NAISSANCE AUX JUMEAUX SHOU ET TEFNOUT. (PYRAMIDES 527)

TOUTE MANIFESTATION SURVINT APRÈS QUE JE ME FUS DÉVELOPPÉ...LE CIEL N'EXISTAIT PAS, LA TERRE N'EXISTAIT PAS...J'AI CRÉÉ CHAQUE ÊTRE À PARTIR DE MOI... LE PREMIER EST DEVENU MON ÉPOUSE... J'AI COPULÉ AVEC MA MAIN... J'AI ÉTERNUÉ SHOU... J'AI CRACHÉ TEFNOUT... PUIS SHOU ET TEFNOUT ONT ENGENDRÉ GEB ET NOUT... GEB ET NOUT ONT DONNÉ NAISSANCE À OSIRIS...SETH, ISIS ET NEPHTHYS... ET ILS PRODUISIRENT LES MULTITUDES DE CE MONDE. (ENNÉADES BREMNER-RHIND)

Rê, Shou, Geb et Osiris figurent déjà les quatres élements. La cosmogonie de Memphis introduit Ptah comme principe créateur par la parole (y compris les dieux, Atoum le premier). L'Ogdoade d'Hermopolis distingue 8 dieux ou 4 couples à l'origine de la création (PÈRES ET MÈRES QUI ONT EXISTÉ DÈS LE COMMENCEMENT, QUI DONNÈRENT NAISSANCE AU SOLEIL ET QUI CRÉÈRENT ATOUM) ce sont Nou/Naunet (L'originel-La terre), Heh/Hehet (L'infini-le feu), Kek/Keket (Les ténèbres-l’eau), Amon/Amaunet (Le caché-le souffle). Après la création l'Ogdoade primitive est remplacée à Hermopolis par Thot (Hermès) et Rê pendant que Thèbes fera d'Amon le principe premier inatteignable (NÉ DE LUI MÊME ET IMMORTEL. Serpent Kneph, cercle) dont le véritable nom, inconnu des autres dieux même, renferme son secret et son pouvoir.

Seth (le Typhon grec, le diable à queue fourchue) en tuant Osiris à Abydos en fait le souverain des morts (le dieu de l'occident). Sa soeur Isis le retrouve et lui fait concevoir un fils (Horus/Apollon) capable de le venger (Osiris, dont Isis a pu arrêter la décomposition, lève une main jusqu'à sa tête soutenue par Isis; de l'autre il se masturbe - Hart p58). Horus triomphe de Seth le destructeur en l'émasculant.

HITTITE/PHÉNICIEN

Selon Philon, Le premier dieu souverain était Elium (Alalu Le plus haut). De son union avec Bruth vinrent au monde Ouranos (Anu) et Ge (Gaia). A leur tour, ces derniers engendrent quatre fils dont le premier, El (ou Kronos), correspond à Kumarbi. A la suite d'une querelle avec son épouse, Ouranos essaye de détruire sa progéniture, mais El se forge une scie, chasse son père et devient souverain. Finalement, Baal (représentant la quatrième génération et correspondant à Teshub et à Zeus) obtient la souveraineté; trait exceptionnel, il l'obtient sans combat. E162
Comme nous le verrons, ces généalogies représentent la création de l'éternité (Ouranos) à partir de la Nuit indicible (l'Un) qui se divise en Ciel et Terre immobiles, puis création du temps (Kronos-Chronos), du monde en mouvement mais qui ne vieillit pas, création enfin de la génération qui meurt et renaît (Zeus, Déméter, Dionysos ; Horus, Isis, Osiris).

ORPHEE

L'Oeuf, L'Ether et le Chaos, Chronos
Métis, Phanès, Erikepaios.
Ce qui se traduit, dans la langue ordinaire par : Conseil, Lumière, Donneur de vie.

Les trois puissances divines, désignées par ces noms ne sont qu'une unique puissance et force d'un seul dieu. O70

Métis comme intellect, Erikepaios comme puissance, Phanès lui-même comme père.

Il croit que le nom de Phanès lui convient en tant qu'il apparaît [phainonti] partout éternellement et invisiblement et en tant qu'il a donné à toutes choses de paraître [to phanênai] hors du non être.

GARDE CELA DANS TON ESPRIT, CHER FILS, DANS TON COEUR
TOUT EN SACHANT QUE TOUT A ÉTÉ DE LONGTEMPS RÉVÉLÉ AUSSI PAR PHANÈS. O68

Ce dieu fait passer à la lumière ce qu'il y a d'ineffable et d'insaisissable dans les causes premières. O77

Comme le dit Orphée de sa bouche divinement inspirée, Zeus "absorbe" son ancêtre Phanès et il place toutes ses puissances dans son giron et il devient sous le mode intellectif tout ce que celui-là était sous le mode intelligible; et Kronos donne à Zeus les principes de la démiurgie tout entière et de la providence sur le sensible, et en s'intelligeant lui-même, il s'unifie avec les tous premiers intelligibles et s'emplit des biens qui viennent de là-haut; c'est pour cela justement que selon le Théologien, "il est nourri" par la Nuit : ENTRE TOUS, NUIT NOURRIT ET RÉCONFORTE KRONOS. O99

Kronos détient en lui-même les causes suprêmes des réunions et des divisions : par le moyen des découpages célestes, il fait procéder la totalité intellective en parties et il devient cause de processions génératives et de multiplications; en bref, il prend la tête de la race Titanique, d'où découle la division des étants; mais par le moyen des "absorptions", en retour, il réunit ses propres produits, il les unifie avec lui et les ramène à sa cause uniforme et sans partie. O110

Mais seul Kronos et dépouille complètement le Ciel de la royauté et cède le pouvoir à Zeus, étant, comme dit le mythe, À LA FOIS COUPANT ET COUPÉ. O101

La race toute première est issue de Phanès, qui lie tout ce qui pense aux Intelligibles, la deuxième est issue de Kronos l'Ancien, qui, comme dit le mythe, est "à l'esprit retors" et qui fait que toutes choses se retournent vers elles-mêmes, la troisième est issue de Zeus qui enseigne à prendre soin des êtres de second rang et à organiser l'inférieur : car c'est là le propre de l'activité démiurgique. O103

Tandis que Kronos, étant stablement installé en lui-même et s'étant soustrait lui-même à tous les êtres inférieurs. O107

AINSI ALORS, COMME IL AVAIT AVALÉ LA SUBSTANCE D'ERIKÉPAIOS LE PREMIER NÉ,

IL CONTENAIT DANS SON VENTRE CREUX LES CORPS DE TOUS LES ÊTRES,

ET IL MÊLA À SES PROPRES MEMBRES LA FORCE ET LA VIGUEUR DU DIEU.

C'EST POURQUOI, AVEC LE DIEU, TOUTES CHOSES SE TROUVÈRENT DE NOUVEAU RASSEMBLÉES AU-DEDANS DE ZEUS. O114

ENSUITE, QUAND IL EUT CONÇU TOUT CELA, ZEUS À LA MÉTIS
EPROUVA LE DÉSIR DE S'UNIR DANS L'AMOUR À SA MÈRE. O59


Veteriora
ALLONS, HOMMES, QUI PAR NATURE VIVEZ OBSCURS, SEMBLABLES À LA FEUILLE, IMPUISSANTES CRÉATURES PÉTRIES DE LIMON, FANTÔMES INCONSISTANTS PAREILS À DES OMBRES, ÊTRES DÉPOURVUS D'AILES, ÉPHÉMÈRES, INFORTUNÉS MORTELS, HOMMES SEMBLABLES À DES SONGES, PRÊTEZ VOTRE ATTENTION À NOUS LES IMMORTELS, TOUJOURS EXISTANTS, EXEMPTS DE VIEILLESSE, OCCUPÉS DE PENSERS ÉTERNELS, AFIN QU'APRÈS AVOIR ENTENDU DE NOUS TOUTE LA VÉRITÉ SUR LES CHOSES CÉLESTES, CONNAISSANT À FOND LA NATURE DES OISEAUX, LA GENÈSE DES DIEUX ET DES FLEUVES ET DE L'ENFER ET DU VIDE, VOUS PUISSIEZ, DE MA PART, ENVOYER PROMENER PRODICOS DÉSORMAIS. O31

L'ÂME PREND RACINE DANS LES HOMMES DEPUIS L'ÉTHER. O147

L'UNIVERS EST ISSU DE L'INTELLECT ET DE LA NÉCESSITÉ, L'INTELLECT PERSUADANT LA NÉCESSITÉ, LA NÉCESSITÉ S'ÉTANT RETOURNÉE VERS L'INTELLECT, AFIN QU'IL MÈNE TOUTES CHOSES VERS LE MEILLEUR. O131

NOMBREUX SONT LES PORTEURS DE THYRSE, RARES SONT LES BACCHANTS. O33

ZEUS LE PÈRE RÉALISAIT TOUTES CHOSES, BACCHUS ACHEVAIT LA RÉALISATION. O142

DE TOUTES LES PLANTES DONT LES MORTELS S'OCCUPENT,
AUCUNE N'A DE DESTIN UNIQUE, MAIS TOUTES SUIVENT
LEUR CYCLE ENTIÈREMENT; S'ARRÊTER EN UN POINT EST IMPOSSIBLE MAIS CHACUN, COMME IL A COMMENCÉ, POSSÈDE UNE PART ÉGALE DU CYCLE.


1.Tradition du secret (Enseignement de l'intransmissible)
JE SUIS ISIS LA GRANDE; CELLE QUI FUT, QUI EST ET QUI SERA ETERNELLEMENT. NUL MORTEL N'A JAMAIS SOULEVÉ MON VOILE.
(TEMPLE DE SAÏS - PLUTARQUE)
L'ORACLE NE DÉVOILE NI NE CACHE, IL SIGNIFIE.
(HÉRACLITE)
NOTRE CAUSE EST UN SECRET DANS UN SECRET, LE SECRET DE QUELQUE CHOSE QUI RESTE VOILÉ, UN SECRET QUE SEUL UN AUTRE SECRET PEUT ENSEIGNER; C'EST UN SECRET SUR UN SECRET QUI EST VOILÉ PAR UN SECRET.
(JA'FAR SÂDIQ)
La vérité n'est pas ailleurs que dans la parole qui l'énonce. Il n'y a pas de certitude qui viendrait de l'Autre, il n'y a que la répétition de ce qui s'énonce et se transmet sur les conditions de la parole, le nous du Grec qui n'est pas en harmonie avec le corps dont il se charge. La connaissance n'est pas donnée d'abord. L'Autre monde est celui des mots, on ne parle pas des étoiles mais des idées, du discours, du livre. Hermès trois fois grand, trois fois mage laisse le secret intact de ses aveuglantes évidences, formulées depuis longtemps mais qui ne se supportent d'aucune énonciation : qu'il n'y a pas de métalangage, on est toujours inséré dans la parole, mais encore qu'il n'y a pas d'Autre de l'Autre, rien n'est jamais sûr, enfin qu'il ne faut surtout pas s'imaginer qu'on n'a donc rien à apprendre alors qu'il faut plutôt commencer par se connaître soi-même comme il était inscrit au fronton du temple de Delphes.
Pas de méta-langage
Le dieu qui préside à l'éloquence, Hermès [inventeur de l'écriture], passe à bon droit depuis longtemps pour être commun à tous les prêtres; et cet unique protecteur de la vraie science des dieux est le même toujours et partout, celui-là précisément auquel nos ancêtres, eux aussi, dédiaient les inventions de leur sagesse, en mettant sous le nom d'Hermès tous leurs écrits à eux. J1

Tu dis donc tout d'abord que tu "concèdes l'existence des dieux", mais il n'est pas correct de s'exprimer ainsi. Car notre nature a de son fonds la connaissance innée des dieux, supérieure à toute critique et à toute opinion, et antérieure au raisonnement et à la démonstration; cette connaissance est unie dès le début à sa cause propre et va de pair avec la propension essentielle qui porte notre âme vers le bien;
A dire vrai, ce n'est pas même une connaissance que le contact avec la divinité. Car la connaissance est séparée par une sorte d'altérité. Or, antérieurement à celle qui connaît un autre comme étant elle-même autre, spontanée est l'étreinte uniforme qui nous a suspendus aux dieux. Il ne faut donc pas accorder que l'on puisse reconnaître ou ne pas reconnaître ce contact, ni se le représenter comme ambigu (il demeure toujours en acte à la manière de l'Un), et il est inutile de l'examiner comme s'il était en notre pouvoir de l'admettre ou de le rejeter; car nous sommes plutôt enveloppés de la présence divine; c'est elle qui fait notre plénitude et nous tenons notre être même de la science des dieux. J4

Si en effet nous sommes nous-mêmes dans le monde et enveloppés comme des parties dans l'ensemble du tout, créés par lui en premier lieu, perfectionnés par toutes les puissances qu'il recèle, constitués par ses éléments, et si nous tenons de lui une part de vie et de nature, ces raisons nous interdisent de dépasser le monde et les rangs cosmiques. J161

C'est pourquoi ce n'est pas notre pensée qui opère les actes théurgiques; car alors leur efficacité serait intellectuelle et dépendrait de nous; or ni l'un ni l'autre n'est vrai. Sans que nous y pensions, en effet, les signes eux-mêmes, par eux-mêmes, opèrent leur oeuvre propre. J67

L'impossible à dire
(Possible)

IL A VOULU, Ô MON FILS, ÉTABLIR L'INTELLIGENCE AU MILIEU DES ÂMES COMME UN PRIX À CONQUÉRIR. H31

CE QU'IL ÉCRIVIT, IL LE CACHA EN GRANDE PARTIE, SE TAISANT AVEC SAGESSE ET PARLANT À LA FOIS, AFIN QUE TOUTE LA DURÉE DU MONDE À VENIR CHERCHÂT CES CHOSES. H179

LA SCIENCE ET L'ART APPARTIENNENT SEULEMENT À CEUX QUI LES ONT ACQUIS. H232

(Nécessité)

- EVITE D'EN ENTRETENIR LA FOULE; NON QUE JE VEUILLE LUI INTERDIRE DE LES CONNAÎTRE, MAIS JE NE VEUX PAS T'EXPOSER À SES RAILLERIES. CES LEÇONS DOIVENT AVOIR UN PETIT NOMBRE D'AUDITEURS, OU BIENTÔT ELLES N'EN AURONT PLUS DU TOUT. ELLES ONT CELA DE PARTICULIER QUE PAR ELLES LES MÉCHANTS SONT POUSSÉS ENCORE DAVANTAGE VERS LE MAL. IL FAUT DONC TE GARDER DE LA FOULE QUI NE COMPREND PAS LA VERTU DE CES DISCOURS.
- QUE VEUX-TU DIRE MON PÈRE.
- VOIS, MON FILS. L'ESPÈCE HUMAINE EST PORTÉE AU MAL; LE MAL EST SA NATURE ET LUI PLAÎT. SI L'HOMME APPREND QUE LE MONDE EST CRÉÉ, QUE TOUT SE FAIT SELON LA PROVIDENCE ET LA NÉCESSITÉ, QUE LA DESTINÉE GOUVERNE TOUT, IL ARRIVERA SANS PEINE À MÉPRISER L'ENSEMBLE DES CHOSES PARCE QU'ELLES SONT CRÉÉES, À ATTRIBUER LE VICE À LA DESTINÉE, ET IL NE S'ABSTIENDRA D'AUCUNE OEUVRE MAUVAISE. IL FAUT DONC SE GARDER DE LA FOULE, AFIN QUE L'IGNORANCE LA RENDE MOINS MAUVAISE EN LUI FAISANT REDOUTER L'INCONNU. H230

CELUI QUI POSSÈDE LA GNOSE EST REMPLI DE TOUS LES BIENS; IL CONÇOIT DES PENSÉES DIVINES ET DIFFÉRENTES DE CELLES DE LA FOULE. C'EST POURQUOI CEUX QUI SONT DANS LA GNOSE NE PLAISENT PAS À LA FOULE ET LA FOULE NE LEUR PLAÎT PAS. ON LES CROIT INSENSÉS, ON SE MOQUE D'EUX, ILS SONT HAÏS ET MÉPRISÉS; ILS PEUVENT MÊME ÊTRE MIS À MORT; CAR, NOUS L'AVONS DIT, IL FAUT QUE LA MÉCHANCETÉ HABITE ICI-BAS, C'EST SA PLACE.H55

(Impuissance)

IL EST DIFFICILE DE QUITTER LES CHOSES PRÉSENTES ET ACCOUTUMÉES POUR REVENIR AUX VOIES ANCIENNES. LES APPARENCES NOUS CHARMENT, ON REFUSE DE CROIRE À L'INVISIBLE; OR LES CHOSES MAUVAISES SONT APPARENTES, LE BIEN EST INVISIBLE AUX YEUX, CAR IL N'A NI FORME NI FIGURE; IL EST SEMBLABLE À LUI-MÊME ET DIFFÈRENT DE TOUT LE RESTE. L'INCORPOREL NE PEUT SE MANIFESTER AU CORPS. H34

CES CHOSES, Ô ASCLÉPIOS, SONT VRAIES POUR QUI LES COMPREND; L'IGNORANT N'Y CROIT PAS, CAR L'INTELLIGENCE EST LA FOI; NE PAS CROIRE C'EST NE PAS COMPRENDRE. MA PAROLE ATTEINT LA VÉRITÉ, L'INTELLIGENCE EST GRANDE, ET PEUT, LORSQU'ON LUI MONTRE LA ROUTE, ARRIVER À LA VÉRITÉ. LORSQU'ELLE MÉDITE SUR TOUTES CHOSES, LES TROUVANT D'ACCORD AVEC LES INTERPRÉTATIONS DE LA PAROLE, ELLE CROIT ET SE REPOSE DANS CETTE FOI BIENHEUREUSE. CEUX QUI COMPRENNENT LES PAROLES DIVINES ONT LA FOI, CEUX QUI NE COMPRENNENT PAS SONT INCRÉDULES. H55

(L'impossible)

TU VERRAS LA GNOSE QUAND TU N'AURAS RIEN À DIRE D'ELLE; CAR LA GNOSE, LA CONTEMPLATION, C'EST LE SILENCE ET LE REPOS DE TOUTE SENSATION. H59

L'INOUÏ, L'INEFFABLE, INVISIBLE AUX YEUX, VISIBLE À L'INTELLIGENCE ET AU COEUR. H47

CE QUI N'A NI LIMITES, NI COULEUR, NI FORME : L'IMMUABLE, LE NU, LE LUMINEUX; CE QUI SE COMPREND SOI-MÊME; L'INALTÉRABLE, LE BIEN, L'INCORPOREL. H96

CELUI QUI NE PRONONCE NI N'ÉCOUTE BEAUCOUP DE PAROLE, CAR DIEU, LE PÈRE, LE BIEN, N'EST NI PARLÉ, NI ENTENDU.H61

AINSI NOUS DEVONS COMPRENDRE, PAR LA SEULE INTELLIGENCE, LE SUPRÊME INTELLIGIBLE QU'ON NOMME DIEU. H135

QUI EST PLUS APPARENT QUE LUI? S'IL A TOUT CRÉÉ, C'EST POUR QUE TU PUISSES LE VOIR À TRAVERS TOUTES CHOSES. H80

CE GENRE DE VÉRITÉ NE S'APPREND PAS, MON FILS, ON S'EN SOUVIENT QUAND DIEU LE VEUT. H94

COMPRENDRE DIEU EST DIFFICILE, EN PARLER IMPOSSIBLE.
JE COMPRENDS CE QUI NE PEUT S'EXPRIMER, VOILÀ DIEU. H256

Qu'il n'y a pas d'Autre de l'Autre
BIEN QUE L'INTELLIGENCE APPARTIENNE À TOUS, LE VULGAIRE N'EN VIT PAS MOINS COMME SI CHACUN AVAIT UNE INTELLIGENCE PARTICULIÈRE. (HÉRACLITE)

LE PREMIER DIEU EST INTELLIGIBLE POUR NOUS, NON POUR LUI-MÊME, CAR L'INTELLIGIBLE TOMBE SOUS LA SENSATION DE L'INTELLIGENT. DIEU N'EST DONC PAS INTELLIGIBLE POUR LUI-MÊME, CAR EN LUI LE SUJET PENSANT N'EST PAS AUTRE QUE L'OBJET PENSÉ. POUR NOUS IL EST DIFFÉRENT, C'EST POURQUOI NOUS LE CONCEVONS. H19

O MON PÈRE, JE T'AI PLACÉ DANS MON MONDE
DIS : DANS L'INTELLIGIBLE, MON FILS. H103

TOI, MON FILS, ENVOIE AU DIEU PÈRE DE TOUTES CHOSES LE SACRIFICE QUI LUI CONVIENT; MAIS AJOUTE, MON FILS : PAR LE VERBE. H104

LA FORME DU MONDE EST CELLE D'UNE SPHÈRE CREUSE, AYANT EN ELLE-MÊME LA CAUSE DE SA QUALITÉ OU DE SA FORME ENTIÈREMENT INVISIBLE. ELLE SE MONTRE EN EFFIGIE, MAIS EN RÉALITÉ ELLE EST TOUJOURS INVISIBLE POUR ELLE-MÊME. H136

NE VOIS-TU PAS CE QUE SOUFFRE L'ÂME IMPIE, CRIANT ET HURLANT: "JE BRÛLE, JE CUIS! QUE DIRE, QUE FAIRE, MALHEUREUSE, AU MILIEU DES MAUX QUI ME DÉVORENT? INFORTUNÉE, JE NE VOIS RIEN, JE N'ENTENDS RIEN!". H66

NOUS SOMMES SI FAIBLES QUE NOUS NE POUVONS SUPPORTER UN SEUL JOUR DE MOUVEMENT. SI LA FONCTION DE L'ÂME EST LE MOUVEMENT, LES CORPS NE PEUVENT VIVRE SANS LE SOMMEIL. H239

IL Y A CELA DE VRAI QU'ON NE SAIT RIEN DE VRAI. H253

Connais-toi toi-même
Car l'âme humaine est retenue par une seule forme et enténébrée de tous côtés par le corps; en appelant cela fleuve de l'oubli, ou eau de Léthé, ou ignorance et folie, ou lien des passions, ou privation de la vie, ou quelque autre mal, on n'arriverait pas à dénommer comme elle le mérite son étrangeté. J105

C'EST LA PENSÉE SEULE QUI VOIT L'INVISIBLE, PARCE QU'INVISIBLE ELLE-MÊME.
MAIS COMMENT POURRAIT-IL SE MANIFESTER À TES YEUX, SI CE QUI EST EN TOI EST INVISIBLE POUR TOI-MÊME?H37

LE PREMIER MAL EST L'IGNORANCE, LE SECOND EST LA TRISTESSE. H97

LE MAL DE L'ÂME C'EST L'IGNORANCE. L'ÂME AVEUGLÉE, NE CONNAISSANT RIEN DES ÊTRES, NI LEUR NATURE, NI LE BIEN, EST ENVELOPPÉE DANS LES PASSIONS CORPORELLES. LA MALHEUREUSE, SE MÉCONNAISSANT ELLE-MÊME, EST ASSERVIE À DES CORPS ÉTRANGERS ET ABJECTS; ELLE PORTE LE FARDEAU DU CORPS; AU LIEU DE COMMANDER, ELLE OBÉIT. VOILÀ LE MAL DE L'ÂME. H61

TOUT CORPS N'EST PAS SUJET AUX MALADIES, TOUT CORPS SUJET AUX MALADIES EST DESTRUCTIBLE. RIEN DE VRAI DANS LE CORPS, RIEN DE FAUX DANS L'INCORPOREL. LE BIEN EST VOULU, LE MAL N'EST PAS VOULU. LE TEMPS EST DIVIN, LA LOI HUMAINE. LE MAL EST L'ALIMENT DU MONDE, LE TEMPS EST LA DESTRUCTION DE L'HOMME. H228

DANS L'HOMME, LORSQU'IL S'AGIT DU BIEN, C'EST PAR COMPARAISON AVEC LE MAL; ICI-BAS TOUT CE QUI N'EST PAS TROP MAUVAIS EST BON, ET LE BIEN N'EST QUE LE MOINDRE MAL. H43

LES SENSATIONS ACCOMPAGNENT LES ÉNERGIES, OU PLUTÔT EN SONT LES CONSÉQUENCES. IL NE PEUT Y AVOIR D'AUTRE SENSATION QUE CELLE DU BIEN OU DU MAL QUI ARRIVE À UN CORPS OU QUI S'EN ÉLOIGNE. H235

SANS LA JOIE ET LA TRISTESSE, L'ÊTRE RAISONNABLE NE SENTIRAIT RIEN.
LA JOIE ET LA TRISTESSE SONT TOUTES DEUX TRÈS MAUVAISES. H236

CES CHOSES QUE LES HOMMES TROUVENT BONNES ET BELLES, Ô ASCLÉPIOS, NOUS NE POUVONS NI LES ÉVITER, NI LES HAÏR, CAR CE QU'IL Y A DE PLUS DUR, C'EST QUE NOUS EN AVONS BESOIN ET QUE NOUS NE POUVONS VIVRE SANS ELLES. H45
LA TRISTESSE EST UNE FORME DU MAL. H43

LE MAL EST DANS LE MONDE COMME UN MEMBRE QUI EN FAIT PARTIE. LE SOUVERAIN DIEU Y A POURVU AUTANT QU'IL ÉTAIT RAISONNABLE ET POSSIBLE, QUAND IL A DAIGNÉ ACCORDER À L'HUMANITÉ LE SENTIMENT, LA SCIENCE ET L'INTELLIGENCE. PAR CES FACULTÉS QUI NOUS PLACENT AU-DESSUS DES AUTRES ANIMAUX, NOUS POUVONS SEULS ÉCHAPPER AUX PIÈGES DU MAL ET AUX VICES. H135

LE MAL NE VIENT PAS DE DIEU, IL VIENT DE NOUS-MÊMES QUI LE PRÉFÉRONS AU BIEN. H33

UN MAUVAIS CHOIX EST LA PERTE DE L'HOMME, MAIS SANS FAIRE DE TORT À DIEU; SEULEMENT COMME CES PROMENEURS OISIFS QUI EMBARRASSENT LES CHEMINS, ON PASSE À TRAVERS LE MONDE, ENTRAÎNÉ PAR LES PLAISIRS DU CORPS. H33

IL EST FATAL QUE CELUI QUI A MAL FAIT SOIT PUNI, ET IL AGIT AFIN DE SUBIR LA PUNITION DE SON ACTE. H83

L'INSTINCT IRRÉFLÉCHI DES ANIMAUX, LEURS COLÈRES ET LEURS APPÉTITS, ÉGALEMENT AVEUGLES, LES POUSSENT VERS LE MAL SANS QU'ELLES EN SOIENT JAMAIS RASSASIÉS. H82

L'INTELLIGENCE EST LE GUIDE BIENFAISANT DES ÂMES HUMAINES, ELLE LES CONDUIT VERS LEUR BIEN. CHEZ LES ANIMAUX ELLE AGIT DANS LE SENS DE LEUR NATURE, CHEZ L'HOMME EN SENS CONTRAIRE. H82

ILS SONT TROMPÉS LORSQU'ILS SE LAISSENT ENTRAÎNER À LA SUITE DE L'IMAGE SANS CHERCHER LA VÉRITABLE RAISON DES CHOSES. H122

NOUS AVONS LE CHOIX, IL DÉPEND DE NOUS DE CHOISIR LE MEILLEUR OU LE PIRE PAR NOTRE VOLONTÉ. LE CHOIX DU MAL NOUS RAPPROCHE DE LA NATURE CORPORELLE ET NOUS SOUMET À LA DESTINÉE. L'ESSENCE INTELLECTUELLE EST LIBRE AUSSI, TOUJOURS IDENTIQUE À ELLE-MÊME ET INDÉPENDANTE DE LA DESTINÉE. H271

L'INCORPOREL DÉPASSE TOUT EN CAPACITÉ, EN VITESSE, EN PUISSANCE. RÉFLÉCHIS D'APRÈS TOI-MÊME; ORDONNE À TON ÂME D'ALLER EN INDE, ET ELLE Y EST PLUS VITE QUE TON ORDRE; ORDONNE-LUI D'ALLER VERS L'OCÉAN, ET ELLE Y SERA AUSSITÔT, NON EN PASSANT D'UN LIEU À UN AUTRE, MAIS INSTANTANÉMENT. H78

DEVIENS L'ÉTERNITÉ ET TU COMPRENDRAS DIEU. RIEN NE T'EMPÊCHE DE TE SUPPOSER IMMORTEL ET CONNAISSANT TOUT, LES ARTS, LES SCIENCES, LES MOEURS DE TOUS LES ANIMAUX. H78

MAIS SI TU ENFERMES TON ÂME DANS LE CORPS, SI TU L'ABAISSES ET SI TU DIS : JE NE COMPRENDS RIEN, JE NE PUIS RIEN, JE NE SAIS NI CE QUE JE SUIS, NI CE QUE JE SERAI, QU'AS-TU DE COMMUN AVEC DIEU? H79

L'HOMME EST LE SEUL ANIMAL QUI SOIT EN COMMUNICATION AVEC DIEU, LA NUIT PAR LES SONGES, LE JOUR PAR LES SYMBOLES. H90

EN S'UNISSANT AU DIVIN, L'HOMME DÉDAIGNE CE QU'IL Y A EN LUI DE TERRESTRE, IL SE RATTACHE PAR UN LIEN DE CHARITÉ À TOUS LES AUTRES ÊTRES, ET PAR LÀ IL SE SENT NÉCESSAIRE À L'ORDRE UNIVERSEL. H 120

DANS L'HOMME LE SENTIMENT EST ÉLEVÉ JUSQU'À LA CONNAISSANCE DE L'ORDRE DIVIN. H121

L'INTELLIGENCE DU SENS HUMAIN, QUELLES QU'EN SOIENT L'INTENSITÉ ET LA FORCE, EST TOUT ENTIÈRE DANS LA MÉMOIRE DU PASSÉ. H160

L'INTELLIGENCE DIFFÈRE DU SENTIMENT EN CE QUE NOTRE INTELLIGENCE PARVIENT PAR L'APPLICATION À COMPRENDRE ET À CONNAÎTRE LA NATURE DU MONDE. H161

O ASCLÉPIOS, ILS Y MÊLENT À LA PHILOSOPHIE, À FORCE DE SUBTILITÉS, DIVERSES SCIENCES QUI N'Y SONT PAS COMPRISES, L'ARITHMÉTIQUE, LA MUSIQUE, LA GÉOMÉTRIE. MAIS LA PURE PHILOSOPHIE, DONT L'OBJET PROPRE EST LA DIVINE RELIGION, NE DOIT S'OCCUPER DES AUTRES SCIENCES QUE POUR ADMIRER LES PHASES RÉGULIÈRES DES ASTRES, LEURS POSITIONS ET LEURS COURSES RÉGLÉS PAR LES NOMBRES. H132

2.La divine trinité
KHÉPRI LE MATIN, RÊ LE MIDI, ATOUM LE SOIR

TOUS LES DIEUX SONT TROIS : AMON, RÊ, PTAH ; ILS N'ONT PAS D'ÉGAUX. SON NOM EST CACHÉ EN AMON, IL EST PERÇU EN RÊ [IL EST RÊ DEVANT], ET SON CORPS EST PTAH. LEURS CITÉS SUR TERRE DEMEURENT À JAMAIS : THÈBES, HÉLIOPOLIS ET MEMPHIS, POUR L'ÉTERNITÉ. (HYMNE À AMON DE LEYDE -1300 AVANT J.-C.) E200

LE TAO D'ORIGINE ENGENDRE L'UN
L'UN ENGENDRE LE DEUX
LE DEUX ENGENDRE LE TROIS
LE TROIS PRODUIT LES DIX-MILLE ÊTRES
LES DIX-MILLE ÊTRES S'ADOSSENT AU YIN
ET EMBRASSENT LE YANG
L'HARMONIE NAÎT AU SOUFFLE DU VIDE-MÉDIAN (LAO TSEU)

La trinité a de nombreux noms. Anu, Enlil, Ea - Akh, Ba, Ka - Esprit, Ame, Corps (Spirituel, Psychique, Corporel ou Raison, Imagination, Mémoire) - L'Un, la Division (ou le Multiple, le double), le Tout - Le Vrai, le Bien, le Beau - Je, Tu, Il - L'Eternité, Le Temps, La Génération - Le Père, Le Fils, Le Saint esprit - AUM (ôm) - Le Ça, le Moi, le Surmoi (l’universel) - Le Symbolique, l'Imaginaire, le Réel. Il y a triple inscription, polysémie du sens, solidarité mais surtout équivalence des trois dimensions sans hiérarchie pensable. Penser, Dire et Faire.
La nature la plus parfaite et la plus divine se compose donc de trois principes qui sont : l'intelligence, la matière et le produit de leur union (cosmos) (Plutarque De Isis 56).

L'existence singulière est donc jointe à l'immuable. Le premier immuable est pour elle seulement l'essence étrangère condamnant l'existence singulière [Père, Juge]; puisque l'immuable, au second stade, est une figure de l'existence singulière [Le Fils, Amour], comme elle l'est elle-même, alors elle devient en troisième lieu l'esprit [liberté], a elle-même la joie de se retrouver en lui et devient consciente pour soi de la réconciliation de son existence singulière avec l'universel. (Hegel Ph.I-179)

LE VERBE QUI ÉMANE DE L'INTELLIGENCE, C'EST LE FILS DE DIEU. - QUE VEUX-TU DIRE, RÉPLIQUAI-JE? - APPRENDS-LE : CE QUI EN TOI VOIT ET ENTEND EST LE VERBE, LA PAROLE DU SEIGNEUR; L'INTELLIGENCE EST DIEU PÈRE . H 5

LE VERBE EST DONC L'IMAGE DE L'INTELLIGENCE. H87
IL Y A EN NOUS TROIS ESPÈCES D'INCORPORELS. L'UN EST INTELLIGIBLE, SANS COULEUR, SANS FORME, SANS CORPS, ET DÉRIVE DE L'ESSENCE PREMIÈRE ET INTELLIGIBLE. IL Y A EN NOUS DES FORMES QUI Y RÉPONDENT ET QU'IL REÇOIT. CE QUI EST MIS EN MOUVEMENT PAR L'ESSENCE INTELLIGIBLE ET REÇU PAR ELLE SE CHANGE EN UNE AUTRE FORME DE MOUVEMENT, QUI EST L'IMAGE DE LA PENSÉE DU CRÉATEUR. LA TROISIÈME ESPÈCE D'INCORPORELS ACCOMPAGNE LES CORPS : TELS SONT LE LIEU, LE TEMPS, LE MOUVEMENT, LA FIGURE, L'ÉCLAT, LA GRANDEUR, LA FORME.H248

LA PENSÉE NAÎT DE L'INTELLIGENCE; ELLE EST SOEUR DE LA PAROLE ET L'UNE SERT D'INSTRUMENT À L'AUTRE. TOUTE PAROLE EXPRIME UNE PENSÉE ET TOUTE PENSÉE SE MANIFESTE PAR LA PAROLE. LA SENSATION ET LA PENSÉE ONT DONC DANS L'HOMME UNE INFLUENCE RÉCIPROQUE ET SONT INDISSOLUBLEMENT UNIES. IL N'Y A PAS DE PENSÉE POSSIBLE SANS LA SENSATION, NI DE SENSATION SANS LA PENSÉE. H52

DANS TOUS LES ANIMAUX, LA SENSATION, LA PENSÉE VIENT DU DEHORS, DU MILIEU AMBIANT. H55

TOUT PASSIF SENT, TOUT CE QUI SENT EST PASSIF. H227

L'INTELLIGENCE EST DANS LA RAISON, LA RAISON DANS L'ÂME, L'ÂME DANS L'ESPRIT, L'ESPRIT DANS LE CORPS. L'ESPRIT FAIT MOUVOIR L'ANIMAL ET LE PORTE POUR AINSI DIRE. H63

DIEU EST DANS L'INTELLIGENCE, L'INTELLIGENCE DANS L'ÂME, L'ÂME DANS LA MATIÈRE. H72

NOS ANCÊTRES TROUVÈRENT L'ART DE FAIRE DES DIEUX. H167

AINSI L'HUMANITÉ A FAIT SES DIEUX À SA PROPRE RESSEMBLANCE. H146

LES DIEUX TERRESTRES ET MONDAINS SONT ACCESSIBLES À LA COLÈRE, PARCE QU'ILS SONT FORMÉS ET COMPOSÉS PAR LES HOMMES EN DEHORS DE LA NATURE. CHAQUE VILLE HONORE L'ÂME DE CELUI QUI LUI A DONNÉ DES LOIS ET DONT ELLE GARDE LE NOM. H168

LES LANGAGES SONT DIFFÉRENTS, MAIS L'HOMME EST LE MÊME. H87

L'Un
La doctrine des symboles veut montrer le dieu un par la multitude de ses dons, et par les puissances diverses représenter sa force unique. J182

Ceci fait toujours loi
Que le monde, jour après jour, demeure un tout.

(L'Unique/Hölderlin)
Le penser est la mise en acte de l'universel.
On ne peut rien dire en parlant qui ne soit universel. (Hegel Enc.§20)

L'UNITÉ EST LE PRINCIPE DE TOUT, LE BIEN LA SOURCE DE TOUT. H42

L'UNITÉ PRINCIPE ET RACINE DE TOUTES CHOSES, EXISTE DANS TOUT COMME PRINCIPE ET RACINE. IL N'Y A RIEN SANS PRINCIPE.
 

TOUT CE QUI EST ENGENDRÉ EST IMPARFAIT, DIVISIBLE, SUSCEPTIBLE D'AUGMENTATION OU DE DIMINUTION. H34

TOUTES CHOSES DÉPENDENT DE L'UNITÉ OU EN DÉCOULENT. CES DEUX PRINCIPES D'OÙ TOUT PROCÈDE ET PAR QUI TOUT EXISTE, SONT LA MATIÈRE DONT LES CHOSES SONT FORMÉES ET LA VOLONTÉ DE CELUI QUI LES DIVERSIFIE. H140

LA PLACE, LE NOMBRE, LA MESURE NE POURRAIENT SE CONSERVER SANS UN CRÉATEUR. L'ORDRE NE PEUT SE FAIRE SANS UNE PLACE ET UNE MESURE, IL FAUT DONC UN MAÎTRE, Ô MON FILS. LE DÉSORDRE EN A BESOIN POUR ARRIVER À L'ORDRE; IL OBÉIT À CELUI QUI NE L'A PAS ENCORE ORDONNÉ. H38

DONNE PLUTÔT À DIEU LE NOM QUI LUI CONVIENT LE MIEUX, APPELLE-LE LE PÈRE DE TOUTES CHOSES, CAR IL EST L'UNIQUE, ET SA FONCTION PROPRE EST D'ÊTRE PÈRE, SON ESSENCE EST D'ENGENDRER ET DE CRÉER. H39

C'EST POURQUOI IL A TOUS LES NOMS, CAR IL EST LE PÈRE UNIQUE, ET C'EST POURQUOI IL N'A PAS DE NOM, CAR IL EST LE PÈRE DE TOUT. H40

CELUI QUI SEUL EST INCRÉÉ EST DONC PAR CELA MÊME IRRÉVÉLÉ ET INVISIBLE, MAIS, EN MANIFESTANT TOUTES CHOSES, IL SE RÉVÈLE EN ELLES ET PAR ELLES. H37

J'APPELLE LIEU CE QUI CONTIENT TOUTES CHOSES, CAR ELLES N'AURAIENT PU ÊTRE SANS AVOIR UN LIEU POUR LES CONTENIR. TOUT CE QUI EXISTE A BESOIN D'UNE PLACE; NI QUALITÉS, NI QUANTITÉS, NI POSITIONS, NI EFFETS NE POURRAIENT SE DISTINGUER DANS DES CHOSES QUI NE SERAIENT NULLE PART. H134

S'IL ÉTAIT APPARENT, IL NE SERAIT PAS; TOUTE APPARENCE EST CRÉÉE, PUISQU'ELLE A ÉTÉ MANIFESTÉE; MAIS L'INVISIBLE EST TOUJOURS, SANS AVOIR BESOIN DE MANIFESTATION. IL EST TOUJOURS ET REND TOUTES CHOSES VISIBLES. INVISIBLE, PARCE QU'ÉTERNEL, IL FAIT TOUT APPARAÎTRE, SANS SE MONTRER. H36

CAR RIEN N'EST PLUS DIVIN ET PUISSANT QUE L'INTELLIGENCE. ELLE UNIT LES DIEUX AUX HOMMES ET LES HOMMES AUX DIEUX. H68

AINSI, OSONS DIRE QUE L'HOMME EST UN DIEU MORTEL.

AINSI, TOUTES CHOSES SONT GOUVERNÉES PAR LE MONDE ET PAR L'HOMME, ET AU-DESSUS DE TOUT EST L'UN. H69

CAR TU VOIS, TU PARLES, TU ENTENDS, TU PERÇOIS LES ODEURS, LES SAVEURS, TU TOUCHES LES OBJETS, TU MARCHES, TU PENSES, TU RESPIRES. ET IL N'Y A PAS UN ÊTRE QUI VOIT, UN AUTRE QUI PARLE, UN AUTRE QUI TOUCHE, UN AUTRE QUI FLAIRE, UN AUTRE QUI MARCHE, UN AUTRE QUI PENSE ET UN AUTRE QUI RESPIRE; C'EST LE MÊME QUI FAIT TOUT CELA. H75

TOUT EST UN, ET SURTOUT LES CORPS INTELLIGIBLES; NOUS VIVONS EN PUISSANCE, EN ACTE ET EN ÉTERNITÉ. H84

LE PASSÉ S'ADAPTANT AU PRÉSENT ET LE PRÉSENT AU FUTUR, ILS DEVIENNENT UN. AINSI LE TEMPS EST CONTINU ET DISTINGUÉ, TOUT EN ÉTANT UN ET IDENTIQUE. H241

MAIS TOUT CE QUI EST MU SE MEUT NON DANS LE MOBILE, MAIS DANS LE STABLE. H20

UNE RÉVOLUTION AUTOUR D'UN POINT EST UN MOUVEMENT CONTENU PAR LA FIXITÉ. L'OPPOSITION DE CES DEUX MOUVEMENTS PRODUIT UN ÉTAT STABLE TOUJOURS MAINTENU PAR LES RÉSISTANCES MUTUELLES. H21

LES CORPS COMPOSÉS AYANT EN EUX L'IDENTITÉ ET SE TRANSFORMANT LES UNS DANS LES AUTRES CONSERVENT L'IDENTITÉ INTACTE. H88

C'EST LA PERMANENCE DE TOUTES CHOSES QU'ON NOMME LE BIEN. H91

L'ÉNERGIE DE DIEU RÉSIDE DANS L'UNIVERSALITÉ DE SA CRÉATION. H106

TON VERBE CHANTE PAR MOI, REÇOIS PAR MOI L'UNIVERSEL DANS LE VERBE, LE SACRIFICE VERBAL. SAUVE L'UNIVERSEL QUI EST EN NOUS, Ô VIE. H103

Le narcissisme
Les liens d'amitié avec autrui découlent des liens d'amitié que l'on entretient avec soi-même. (Aristote)

LA NATURE DE DIEU EST VOLONTÉ RÉFLÉCHIE. LA VOLONTÉ NAÎT DE LA RÉFLEXION ET VOULOIR MÊME EST UN ACTE DE VOLONTÉ. H150

MAIS L'ESPRIT, PÈRE DE TOUTES CHOSES, QUI EST LA VIE ET LA LUMIÈRE, ENGENDRA L'HOMME SEMBLABLE À LUI-MÊME ET L'AIMA COMME SON PROPRE ENFANT. PAR SA BEAUTÉ IL REPRODUISAIT L'IMAGE DU PÈRE; DIEU AIMAIT DONC EN RÉALITÉ SA PROPRE FORME. H7

ET CE SOUVERAIN DU MONDE ET DES ÊTRES MORTELS ET PRIVÉS DE RAISON, À TRAVERS L'HARMONIE ET LA PUISSANTE BARRIÈRE DES CERCLES, FIT VOIR À LA NATURE INFÉRIEURE LA BELLE IMAGE DE DIEU. DEVANT CETTE MERVEILLEUSE BEAUTÉ, OÙ TOUTES LES ÉNERGIES DES SEPT GOUVERNEURS ÉTAIENT UNIES À LA FORME DE DIEU, LA NATURE SOURIT D'AMOUR, CAR ELLE AVAIT VU LA BEAUTÉ DE L'HOMME DANS L'EAU ET SON OMBRE SUR LA TERRE. ET LUI, APERCEVANT DANS L'EAU LE REFLET DE SA PROPRE FORME, S'ÉPRIT D'AMOUR POUR ELLE ET VOULUT LA POSSÉDER. L'ÉNERGIE ACCOMPAGNA LE DÉSIR, ET LA FORME PRIVÉE DE RAISON FUT CONÇUE. LA NATURE SAISIT SON AMANT ET L'ENVELOPPA TOUT ENTIER, ET ILS S'UNIRENT D'UN MUTUEL AMOUR. ET VOILÀ POURQUOI, SEUL DE TOUS LES ÊTRES QUI VIVENT SUR LA TERRE, L'HOMME EST DOUBLE, MORTEL PAR LE CORPS, IMMORTEL PAR SA PROPRE ESSENCE. IMMORTEL ET SOUVERAIN DE TOUTES CHOSES, IL EST SOUMIS À LA DESTINÉE QUI RÉGIT CE QUI EST MORTEL.H8

IL Y A ENCORE DES INCORPORELS; PAR EXEMPLE, LES FORMES, QU'EN PENSES-TU? ELLES SONT INCORPORELLES ET SE MANIFESTENT DANS LES CORPS ANIMÉS ET INANIMÉS. IL Y A DONC UNE RÉFLEXION DES INCORPORELS SUR LES CORPS, ET DES CORPS SUR LES INCORPORELS, C'EST À DIRE DU MONDE SENSIBLE SUR LE MONDE IDÉAL, ET DU MONDE IDÉAL SUR LE MONDE SENSIBLE. H291

IL FAUT DES CORPS POUR SERVIR DE SÉJOUR ET D'INSTRUMENTS AUX ÉNERGIES; OR LES ÉNERGIES SONT IMMORTELLES ET CE QUI EST IMMORTEL EST TOUJOURS ACTIF : LA CRÉATION DES CORPS EST DONC UNE FONCTION, ET ELLE EST ÉTERNELLE. H233

L'ÂME EST DONC UNE ESSENCE ÉTERNELLE ET INTELLIGENTE, AYANT POUR PENSÉE SA PROPRE RAISON. ELLE S'ASSOCIE À LA PENSÉE DE L'HARMONIE. SÉPARÉE DU CORPS PHYSIQUE, ELLE PERSISTE PAR ELLE-MÊME, ELLE EST INDÉPENDANTE DANS LE MONDE IDÉAL. ELLE GOUVERNE SA RAISON, ET APPORTE À L'ÊTRE QUI ENTRE DANS LA VIE UN MOUVEMENT ANALOGUE À SA PROPRE PENSÉE, ET QU'ON NOMME LA VIE; CAR LE PROPRE DE L'ÂME C'EST D'ASSIMILER LES AUTRES CHOSES À SON CARACTÈRE. IL Y A DEUX SORTES DE MOUVEMENT VITAL, L'UN SELON L'ESSENCE DE L'ÂME, L'AUTRE SELON LA NATURE DU CORPS. LE PREMIER EST GÉNÉRAL, LE SECOND PARTICULIER; L'UN EST INDÉPENDANT, L'AUTRE SOUMIS À LA NÉCESSITÉ. H269

L'ÂME EST DONC UNE ESSENCE INCORPORELLE, ET LORSQU'ELLE EST DANS LE CORPS ELLE NE PERD PAS ENTIÈREMENT SA MANIÈRE D'ÊTRE. SON ESSENCE EST UN PERPÉTUEL MOUVEMENT, LE MOUVEMENT SPONTANÉ DE LA PENSÉE; ELLE N'EST MUE NI EN QUELQUE CHOSE, NI VERS QUELQUE CHOSE, NI POUR QUELQUE CHOSE. CAR ELLE EST UNE FORCE PREMIÈRE, ET CE QUI PRÉCÈDE N'A PAS BESOIN DE CE QUI SUIT. L'EXPRESSION EN QUELQUE CHOSE S'APPLIQUE AU LIEU, AU TEMPS, À LA NATURE; VERS QUELQUE CHOSE S'APPLIQUE À UNE HARMONIE, À UNE FORME, À UNE FIGURE; POUR QUELQUE CHOSE S'APPLIQUE AU CORPS, CAR LE TEMPS, LE LIEU, LA NATURE, SE RAPPORTENT AU CORPS. TOUS CES TERMES SONT UNIS ENTRE EUX PAR DES LIENS RÉCIPROQUES. LE CORPS A BESOIN DU LIEU, CAR ON NE PEUT CONCEVOIR UN CORPS SANS LA PLACE QU'IL OCCUPE. H259

LE PROPRE DU CORPS, C'EST LE CHANGEMENT; LE PROPRE DE L'ÂME, C'EST LA PENSÉE. H260

LA PENSÉE EST ASSOCIÉE À LA PERCEPTION. UNIES L'UNE À L'AUTRE, ELLES DEVIENNENT UNE SEULE FORME, QUI EST CELLE DE L'ÂME. H271

POUR PRODUIRE L'EXISTENCE, IL FAUT D'ABORD EXISTER; J'APPELLE EXISTER, DEVENIR EN RAISON ET PARTICIPER À LA VIE INTELLIGENTE. H263

L'immortalité
L'HOMME SE COMPOSE D'UN CORPS ET D'UNE ÂME. H52
L'HOMME EST DOUBLE , MORTEL PAR LE CORPS, IMMORTEL PAR SA PROPRE ESSENCE. IMMORTEL ET SOUVERAIN DE TOUTES CHOSES, IL EST SOUMIS À LA DESTINÉE QUI RÉGIT CE QUI EST MORTEL. H8

ET QUE CELUI QUI EST L'INTELLIGENCE SACHE QU'IL EST IMMORTEL ET QUE LA CAUSE DE LA MORT EST L'AMOUR DU CORPS. H10

ET CELUI QUI SE CONNUT LUI-MÊME ARRIVA AU BIEN PARFAIT; MAIS CELUI QUI, PAR UNE ERREUR DE L'AMOUR, A AIMÉ LE CORPS, CELUI-LÀ DEMEURE ÉGARÉ DANS LES TÉNÈBRES, SOUMIS PAR LES SENS AUX CONDITIONS DE LA MORT. H11

LE MOUVEMENT DU MONDE ET DE TOUT ANIMAL MATÉRIEL NE VIENT PAS DU DEHORS, MAIS IL EST PRODUIT DU DEDANS AU DEHORS PAR L'ÂME, PAR L'ESPRIT OU QUELQUE AUTRE PRINCIPE INCORPOREL. CAR UN CORPS NE PEUT MOUVOIR CE QUI EST ANIMÉ. H21

QU'EST-CE DONC QUE L'INCORPOREL?
POURQUOI, Ô HOMMES NÉS DE LA TERRE, VOUS ABANDONNEZ-VOUS À LA MORT, QUAND IL VOUS EST PERMIS D'OBTENIR L'IMMORTALITÉ? H14

LEURS SENSATIONS RESSEMBLENT À CELLES DES ANIMAUX SANS RAISON. COMPOSÉS UNIQUEMENT DE PASSIONS ET DE DÉSIRS, ILS N'ADMIRENT PAS CE QUI EST DIGNE D'ÊTRE CONTEMPLÉ, ILS SE LIVRENT AUX PLAISIRS ET AUX APPÉTITS DU CORPS ET CROIENT QUE C'EST LÀ LE BUT DE L'HOMME. MAIS CEUX QUI ONT REÇU LE DON DE DIEU, CEUX-LÀ, Ô TAT, À CONSIDÉRER LEURS OEUVRES, SONT IMMORTELS ET NON PLUS MORTELS. ILS EMBRASSENT PAR L'INTELLIGENCE CE QUI EST SUR LA TERRE ET DANS LE CIEL, ET CE QU'IL PEUT Y AVOIR AU-DESSUS DU CIEL. A LA HAUTEUR OÙ ILS SONT PARVENUS, ILS CONTEMPLENT LE BIEN, ET CE SPECTACLE LEUR FAIT CONSIDÉRER COMME UN MALHEUR LEUR SÉJOUR ICI-BAS. DÉDAIGNANT TOUTES LES CHOSES CORPORELLES ET INCORPORELLES, ILS ASPIRENT VERS L'UN ET LE SEUL.
SI TU NE COMMENCES PAR HAÏR TON CORPS, Ô MON FILS, TU NE PEUX T'AIMER TOI-MÊME. H32

IL EST IMPOSSIBLE, Ô MON FILS, DE S'ATTACHER À LA FOIS AUX CHOSES MORTELLES ET AUX CHOSES DIVINES. LES ÊTRES SONT CORPORELS OU INCORPORELS, ET C'EST PAR LÀ QUE LE MORTEL SE DISTINGUE DU DIVIN; IL FAUT CHOISIR L'UN OU L'AUTRE, CAR ON NE PEUT S'ATTACHER AUX DEUX À LA FOIS. H33

AVANT TOUT, IL FAUT DÉCHIRER CETTE ROBE QUE TU PORTES, CE VÊTEMENT D'IGNORANCE, PRINCIPE DE MÉCHANCETÉ, CHAÎNE DE CORRUPTION, ENVELOPPE TÉNÉBREUSE, MORT VIVANTE, CADAVRE SENSIBLE, TOMBEAU QUE TU PORTES AVEC TOI, VOLEUR DOMESTIQUE, ENNEMI DANS L'AMOUR, JALOUX DANS LA HAINE. TEL EST LE VÊTEMENT ENNEMI DONT TU ES REVÊTU.H47

LA MORT SERAIT LA DESTRUCTION ET RIEN NE SE DÉTRUIT DANS LE MONDE.H48

LE SENTIMENT, LA PENSÉE DE DIEU, C'EST LE MOUVEMENT ÉTERNEL DE L'UNIVERS; JAMAIS EN AUCUN TEMPS IL NE PÉRIRA UN ÊTRE QUELCONQUE. H55

LA MORT N'EST PAS LA DESTRUCTION DE CE QUI ÉTAIT UNI, MAIS LA RUPTURE DE L'UNITÉ. H76

LA RÈGLE DE CET ÊTRE DOUBLE, QUI EST L'HOMME, EST LA RELIGION, QUI A POUR CONSÉQUENCE LA BONTÉ. CAR LES CHOSES TERRESTRES, DONT LE CORPS DÉSIRE LA POSSESSION, SONT ÉTRANGÈRES À TOUTES LES PARTIES DE LA DIVINE PENSÉE ET LE CORPS LUI-MÊME NOUS EST ÉTRANGER. H129

CETTE ROUTE EST BELLE ET UNIE; CEPENDANT IL EST DIFFICILE À L'ÂME D'Y MARCHER TANT QU'ELLE EST ENFERMÉE DANS LA PRISON DU CORPS; IL LUI FAUT D'ABORD LUTTER CONTRE ELLE-MÊME, FAIRE UNE GRANDE DIVISION ET SE SOUMETTRE À LA PARTIE UNE D'ELLE-MÊME. CAR L'UN EST EN LUTTE CONTRE LES DEUX; CELUI-LÀ FUIT, CEUX-CI L'ENTRAÎNENT EN BAS. DE PART OU D'AUTRE LA VICTOIRE N'EST PAS LA MÊME : L'UN TEND VERS LE BIEN, LES DEUX VERS LE MAL; L'UN VEUT S'AFFRANCHIR, LES DEUX AIMENT LA SERVITUDE. IL FAUT TE FROTTER D'HUILE POUR LA LUTTE, SOUTENIR LE COMBAT DE LA VIE ET EN SORTIR VAINQUEUR.H226

RIEN N'EST IMPOSSIBLE À L'INTELLIGENCE, NI DE PLACER L'ÂME AU-DESSUS DE LA DESTINÉE. H85

LA RAISON EST RÉGLÉE SELON LA PROVIDENCE, L'IRRATIONNEL SELON LA NÉCESSITÉ. H249

LA PROVIDENCE EST LA RAISON LIBRE DU DIEU CÉLESTE. H258
L'INTELLIGENCE ET LA RAISON TOUT ENSEMBLE, LIBRES DE TOUT CORPS, EXEMPTES D'ERREUR, IMPASSIBLES ET INTANGIBLES, RESTANT FIXES EN ELLES-MÊMES, CONTENANT TOUT, CONSERVANT TOUS LES ÊTRES. SES RAYONS SONT LE BIEN, LA VÉRITÉ. H24

PUISSIONS-NOUS DÉLIVRÉS DE LA PRISON DU CORPS ET DE NOS CHAÎNES MORTELLES, ÊTRE RENDUS, PURS ET SANCTIFIÉS, À LA PARTIE DIVINE DE NOTRE NATURE. H130

UN FOIS QUE L'ÂME ENFERMÉE DANS LE CORPS S'EST ÉLEVÉE À LA PERCEPTION DU VRAI BIEN ET DE LA VÉRITÉ, ELLE NE PEUT PLUS REDESCENDRE. H226

PAR LA MISÉRICORDE DE DIEU, JE SUIS SORTI DE MOI-MÊME, J'AI REVÊTU UN CORPS IMMORTEL, JE NE SUIS PLUS LE MÊME, JE SUIS NÉ EN INTELLIGENCE. H95

VOILÀ LA RENAISSANCE, MON FILS, DÉTOURNER SA PENSÉE DU CORPS AUX TROIS DIMENSIONS. H100

IGNORES-TU QUE TU ES DEVENU DIEU ET FILS DE L'UN AINSI QUE MOI? H101

La génération
Il existe des enfants, ainsi demeure une certitude du bien.
(Hölderlin)
TU DORS POUR POUVOIR TE RÉVEILLER ; TU MEURS POUR POUVOIR VIVRE. (PYR. 1975B) E145

ZEUS LE PÈRE RÉALISAIT TOUTES CHOSES, BACCHUS ACHEVAIT LA RÉALISATION. O142

DIEU FAIT L'ÉTERNITÉ, L'ÉTERNITÉ FAIT LE MONDE, LE MONDE FAIT LE TEMPS, LE TEMPS FAIT LA GÉNÉRATION. DIEU A POUR ESSENCE LE BIEN. L'ESSENCE DE L'ÉTERNITÉ EST L'IDENTITÉ, CELLE DU MONDE EST L'ORDRE, CELLE DU TEMPS EST LE CHANGEMENT, CELLE DE LA GÉNÉRATION EST LA VIE ET LA MORT. L'ÉTERNITÉ EST EN DIEU, LE MONDE DANS L'ÉTERNITÉ, LE TEMPS DANS LE MONDE, LA GÉNÉRATION DANS LE TEMPS. H71

LE MONDE EST LE RÉCEPTACLE DU TEMPS, DONT LA COURSE ET LE MOUVEMENT ENTRETIENNENT LA VIE. L'ORDRE ET LE TEMPS PRODUISENT LE RENOUVELLEMENT DE TOUT CE QUI EST DANS LE MONDE, PAR DES PÉRIODES ALTERNÉES. H157

LA RÉVOLUTION EST UN RETOUR, LA DISPARITION UN RENOUVELLEMENT. H77

L'ÉTERNITÉ EST LE TEMPS INDÉFINI, ET LE TEMPS, QUI PEUT SE DÉFINIR PAR LE NOMBRE, L'ALTERNATIVE, LE RETOUR PÉRIODIQUE, EST ÉTERNEL. H159

CAR LE MONDE A L'ORDRE POUR BASE, C'EST DANS L'ORDRE QU'IL CONSISTE TOUT ENTIER. H171

LA PROVIDENCE DIVINE EST L'ORDRE, LA NÉCESSITÉ EST L'INSTRUMENT DE LA PROVIDENCE. LA FORTUNE EST LE VÉHICULE DU DÉSORDRE. H229

IL Y A DESTINÉE PARCE QU'IL Y A NÉCESSITÉ. H257

TOUT ESSENCE EST IMMORTELLE, TOUTE ESSENCE EST SUJETTE AU CHANGEMENT. TOUT ÊTRE EST DOUBLE, AUCUN ÊTRE N'EST STABLE. H227

QUEL EST EN EFFET L'ÉNERGIE DE LA VIE? N'EST-CE PAS LE MOUVEMENT?

SACHE DONC, MON FILS, QUE TOUT CE QUI EST DANS LE MONDE, SANS EXCEPTION, EST LE SIÈGE D'UN MOUVEMENT, SOIT D'AUGMENTATION, SOIT DE DIMINUTION. H89

ON APPELLE ÉNERGIE TOUT CE QUI PRODUIT LE CHANGEMENT, LE DEVENIR. OR LE DEVENIR EST MULTIPLE, OU PLUTÔT UNIVERSEL. JAMAIS RIEN DE CE QUI NAÎT NE MANQUERA AU MONDE, SANS CESSE IL ENGENDRE EN LUI TOUS LES ÊTRES POUR LES DÉTRUIRE SANS CESSE. H234

L'UNIQUE GLOIRE DE DIEU EST DE PRODUIRE. H107

L'ÉNERGIE DE DIEU EST LA VOLONTÉ; SON ESSENCE EST DE VOULOIR QUE L'UNIVERS SOIT; CAR DIEU, LE PÈRE OU LE BIEN N'EST QUE L'EXISTENCE DE CE QUI N'EST PAS ENCORE. CETTE EXISTENCE DES ÊTRES, VOILÀ DIEU, VOILÀ LE PÈRE, VOILÀ LE BIEN, CE N'EST PAS AUTRE CHOSE. DIEU EST LE PÈRE ET LE BIEN PARCE QU'IL EST L'EXISTENCE UNIVERSELLE. LE PROPRE DU BIEN EST D'ÊTRE CONNU. H58

LE MONDE N'A QU'UN SENTIMENT, QU'UNE PENSÉE : CRÉER TOUTES CHOSES ET LES FAIRE RENTRER EN LUI-MÊME. IL EST L'INSTRUMENT DE LA VOLONTÉ DE DIEU, ET SON RÔLE EST DE RECEVOIR LES SEMENCES DIVINES, DE LES CONSERVER, DE PRODUIRE TOUTES CHOSES, DE LES DISSOUDRE ET DE LES RENOUVELER. COMME UN BON LABOUREUR DE LA VIE, IL RENOUVELLE SES PRODUCTIONS EN LES TRANSFORMANT, IL ENGENDRE TOUTE VIE, IL PORTE TOUS LES ÊTRES VIVANTS, IL EST À LA FOIS LE LIEU ET L'OUVRIER DE LA VIE.

LA RAPIDITÉ DU MOUVEMENT DU MONDE PRODUIT LA VARIÉTÉ DES GENRES.H54

SI L'ESPRIT CONÇOIT QUELQUE CHOSE DE PLUS VRAI ET DE PLUS CLAIR QUE TOUTE VÉRITÉ, C'EST CE DEVOIR DE PROCRÉER QUE LE DIEU DE L'UNIVERSELLE NATURE A IMPOSÉ À JAMAIS À TOUS LES ÊTRES, ET AUQUEL IL A ATTACHÉ LA SUPRÊME CHARITÉ, LA JOIE, LA GAIETÉ, LE DÉSIR ET LE DIVIN AMOUR. H142

CE MYSTÈRE SI DOUX ET SI NÉCESSAIRE S'ACCOMPLIT EN SECRET, DE PEUR QUE LA DIVINITÉ DES DEUX NATURES NE FÛT CONTRAINTE DE ROUGIR DEVANT LES RAILLERIES DES IGNORANTS, SI L'UNION DES SEXES ÉTAIT EXPOSÉE AUX REGARDS IRRÉLIGIEUX. H142

CE QUI EST SEMÉ NE NAÎT PAS TOUJOURS, CE QUI EST NÉ A TOUJOURS ÉTÉ SEMÉ. H228

CE QUI NAÎT TOUJOURS SE CORROMPT TOUJOURS, MAIS CE QUI NE NAÎT QU'UNE FOIS NE SE CORROMPT PAS ET NE DEVIENT PAS AUTRE CHOSE. H227

LES ÊTRES NÉS DE LA CORRUPTION NE SONT QUE MENSONGE, ILS DEVIENNENT TANTÔT CECI, TANTÔT CELA; CAR ILS NE PEUVENT DEVENIR LES MÊMES, ET COMMENT CE QUI N'EST PAS IDENTIQUE POURRAIT-IL ÊTRE VRAI? IL FAUT DONC LES APPELER DES APPARENCES, Ô MON FILS, ET VOIR DANS L'HOMME UNE APPARENCE DE JEUNE HOMME, L'ADULTE UNE APPARENCE D'ADULTE, LE VIEILLARD UNE APPARENCE DE VIEILLARD; CAR ON NE PEUT DIRE QUE L'HOMME SOIT UN HOMME, L'ENFANT UN ENFANT, LE JEUNE HOMME UN JEUNE HOMME, L'HOMME FAIT UN HOMME FAIT, LE VIEILLARD UN VIEILLARD; EN SE TRANSFORMANT ILS NOUS TROMPENT ET SUR CE QU'ILS ÉTAIENT ET SUR CE QU'ILS SONT. NE VOIS DONC DANS TOUT CELA, MON FILS, QUE DES MANIFESTATIONS MENTEUSES D'UNE VÉRITÉ SUPÉRIEURE; ET PUISQU'IL EN EST AINSI, J'APPELLE LE MENSONGE UNE EXPRESSION DE LA VÉRITÉ. H255

LE MONDE N'EST PAS BON, PUISQU'IL EST MOBILE; MAIS ÉTANT IMMORTEL, IL N'EST PAS MAUVAIS. L'HOMME, À LA FOIS MOBILE ET MORTEL, EST MAUVAIS. H63

L'INTELLIGENCE TOUTE NUE NE POURRAIT S'ÉTABLIR DANS UN CORPS DE TERRE, ET CE CORPS PASSIBLE NE POURRAIT CONTENIR UNE TELLE IMMORTALITÉ NI PORTER UNE TELLE VERTU. H65

LA PARTIE MONDAINE EST MORTELLE ET RESTE SUR LA TERRE, AFIN QUE CE QUI EST EMPRUNTÉ AU MONDE LUI SOIT RESTITUÉ. H129

CE N'EST PAS LA NAISSANCE QUI EST LA VIE, C'EST LA SENSATION;

CE N'EST PAS LE CHANGEMENT QUI EST LA MORT, C'EST L'OUBLI. H90

LA NAISSANCE DE L'HOMME EST UNE DESTRUCTION, LA DESTRUCTION DE L'HOMME EST LE PRINCIPE DE LA NAISSANCE.
CE QUI FINIT COMMENCE, CE QUI COMMENCE FINIT. H229

 
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