Karl Marx, Travail
salarié et capital, 1847
Le salariat est l'autre face du capitalisme. C'est le
travail comme marché, avec ses oscillations dramatiques, c'est aussi
le productivisme du capitalisme et la division du travail mais aussi l'opposition
du capital et du travail dans la lutte des classes déterminant le
partage des gains de productivité.
Karl Polanyi, La Grande Transformation, Gallimard, 1944
La fin du libéralisme depuis sont effondrement
en 1929, de l'utopie d'un marché autorégulateur étendu
au travail, aux ressources naturelles et à la monnaie. Annonce le
compromis fordiste des 30 glorieuses.
François Perroux, L'économie du XXè siècle,
PUG, 1961
Structures de développement, divisions sociales,
contraintes, rareté, monopoles, économie dominante.
Hannah Arendt, La
condition de l'homme moderne, Pocket, 1961
Oppose le Domaine public, comme lieu de la liberté,
de la pluralité, de l'action et de la parole d'une "démocratie"
de Maîtres donnant accès au "monde commun" comme à
l'immortalité, au Domaine privé, lieu de la domination et
de la nécessité, de l'économie, du travail aussitôt
consommé ou de l'oeuvre durable construisant un monde habituel qu'on
puisse habiter. En privilégiant la richesse et le social, le monde
politique était condamné au profit du gouvernement des choses
où il n'y a plus de place pour l'action et la politique, ni pour
la propriété privée qui est pourtant la place et le
refuge du citoyen. Hannah Arendt plaide pour qu'on ne rabaisse pas l'homo
sapiens, l'animal rationale à l'homo faber, au
travailleur. L'homme n'est pas ce qu'il fait mais ce qu'il est (dit et
pense). Elle recoupe beaucoup de thèmes écologistes dans
son souci de la durabilité, sa défense de la pluralité,
la mise en garde contre le dépassement des limites (hubris),
l'unilatéralité, l'instrumentalisation de la nature et des
hommes, le productivisme destructeur.
La construction de l'écologie (en français)
René Dumont, L'Afrique noire est mal partie, Seuil, Points
En signant, au début des années soixante,
L'Afrique noire est mal partie, l'agronome et tiers-mondiste René
Dumont brisait un tabou : la souveraineté nouvelle des Etats africains,
affirmait-il en substance, n'est ni la garantie de l'indépendance
politique de ces derniers, ni la condition suffisante du développement.
Un livre prophétique, auquel l'histoire a malheureusement donné
raison.
René Dumont, Les Raisons de la colère ou l'Utopie et Les
Verts, Entente, 1986
Un résumé de l'oeuvre du père des
écolos et tiers mondistes français.
Ivan Illich, La convivialité,
Seuil, 1973
L'ouvrage le plus célèbre de l'un des principaux
inspirateurs du mouvement écolo mondial. Critique radicale du remplacement
des outils conviviaux (ex. vélo) par des outils industriels (ex.
bagnole) et de ses conséquences en terme de
perte d'autonomie des personnes et des communautés.
Cornélius Castoriadis, Le
projet d'autonomie, Gérard David, Michalon, 2000
Castoriadis a été un des premiers à
faire une critique du marxisme comme productivisme en leur opposant autonomie
et écologie. Il donne un contenu à l'institution sociale
: l'autonomie des individus mais si nous devons reprendre son projet d'autonomie
nous devons récuser la plupart de ses solutions, nous servant de
lui pour poser l'autonomie dans toutes ses contradictions mais aussi pour
lui donner une limitation écologique..
Le groupe des dix, Brigitte Chamak, Editions du Rocher,
1997
Dans la suite du rapport de Rome sur la croissance, le
groupe des dix allait construire l'écologie cognitiviste française
de 1969 à 1976 avec Jacques Robin, Robert Buron, Jacques Sauvan,
Henri Laborit, Edgar Morin, René Passet, Henri Atlan, Joël
de Rosnay, Jacques Attali, Michel Serres, André Leroi-Gourhan, etc.
Partis d'une position plutôt scientiste et biologisante, ils devaient
élaborer à partir de la théorie des systèmes
et de l'information une vision globale (macroscope) et multidimentionnelle
d'une écologie cognitive de la complexité.
Henri Laborit, La nouvelle grille,
19/08, 44k
De la biologie à la société de
l'information
Dimensions biologiques et cognitives de l'individu et
de la socialisation.
Ce n'est pas seulement pour tenir compte de la part biologique
de la domination que nous devons nous intéresser à Henri
Laborit mais surtout pour sa vision, dés 1974, d'une société
de l'information permettant de dépasser la hiérarchie dans
une société planétaire basée sur l'autonomie,
alternative écologique à l'économie thermodynamique
qui nous mène à notre perte. C'est un précurseur des
analyses de l'économie en terme d'énergie et surtout du passage
de la force de travail aux capacités cognitives, analysant la plus-value
comme captation d'information. Enfin, l'autonomie et l'autogestion, sous
leur forme biologique, révèlent leur dimension d'intégration,
d'ouverture et de dépendance. On ne peut ignorer son utopie écologiste
d'une autogestion organique même s'il faut y introduire d'autres
dimensions et y mettre beaucoup plus de "précaution".
Joël de Rosnay, Le macroscope,
Seuil, Points, 1975
Vers une vision globale
"L'écosociété, c'est la convivialité
plus les télécommunications !"
Excellente initiation à la pensée globale,
la théorie des systèmes, l'écologie comme pensée
synthétique, de la finalité au contraire de la pensée
analytique, réductionniste, séparatrice et individualiste.
Voir notamment les 10 commandements de l'approche systémique (p132),
l'hypothèse de remplacer la valeur par le coût énergétique
(166), l'opposition du temps créatif de complexification à
celui du vieillissement passif, à la dégradation entropique
(243), l'économie stationnaire (266), la conquête du temps.
"L'abondance des biens crée une pénurie de temps" (267).
Par contre l'information est sans doute trop identifiée à
l'énergie.
André Gorz, Ecologie
et politique, Seuil, Points, 1978
Recueil de textes visant à définir une
écologie politique radicale. Toujours d'actualité (notamment
dans le rejet des écotaxes et d'une marchandisation de la pollution).
André Gorz, Misères
du présent, richesse du possible, Galilée, 1997
Au lieu de subir précarité et chômage
nous pourrions nous libérer du travail et développer les
activités autonomes grâce à l'Allocation Inconditionelle
de Ressource. Décisif.
Murray Bookchin, Janet Biehl Le
municipalisme libertaire, écosociété, 1998
Retrouver une démocratie de face à face,
à taille humaine et se libérer du productivisme grâce
à des Coopératives municipales.
René Passet, L'économique
et le vivant, Economica, 1996
Biosphère, énergie, information, régulations,
différence de l'être et de l'avoir, totalité, décentralisation.
René Passet, L'illusion néolibérale, Fayard, 2000
Le néolibéralisme néglige les biens
sociaux et leur rôle dans la production (externalités positives).
Jacques Robin, Changer d'ère, Seuil, 1989
La mutation informationnelle change tous nos repères
et implique un changement de civilisation. Après avoir analysé
la mutation technologique, les ruptures culturelles et les interactions
biologie-culture-technique, l'auteur "explore des pistes de réflexion
dans les domaines clés de l'économie, des comportements,
de la démocratie et de l'éthique, et il tente de définir
les conditions de réalisation du grand dessein auquel nous sommes
conviés: sortir enfin de l'ère néolithique"
Ignacy Sachs, L'écodéveloppement, Syros, 1993
Le développement durable c'est l'environnement
plus le social (la conférence de Rio, les agenda 21).
- Les écosystèmes, Serge Frontier,
Que sais-je, puf, 1999, 02/10/01, 16k
Limites de la diversité, complexification et stress,
importance des effets indirects et d'une concordance des rythmes. De la
croissance au développement.
- Economie et écologie, Franck-Dominique
Vivien, Repères, 1994, 06/10/01, 20k
Rapports de l'économie et de l'écologie
depuis les physiocrates.
Nicholas
Georgescu-Roegen, La décroissance, Sang de la terre, 1995
Vision énergétique de l'économie
(entropie).
Henri Bartoli, Repenser le développement, Economica,
1999
Multidimensionalité de l'économie, mettre
l'économie au service de la vie
Michel Beaud, Le basculement du monde, La Découverte,
1997
François Caron, L'irrésistible déclin
des sociétés industrielles, Perrin
Albert Jacquard, La légende de demain, Champs Flammarion
Les lois de l'économie supposent un temps et un
espace infini, négligeant les interférences et l'urgence
comme le long terme.
Albert Jacquard, J'accuse l'économie triomphante,
Calmann-Lévy
A partir d'exemples prècis et vivants (l'emploi,
le logement, l'agriculture, l'environnement...) il dénonce les impasses
dans lesquelles nous nous sommes engagés. Chaque être humain
est irremplaçable : nul ne peut être exclu sous prétexte
qu'il ne sert à rien.
Alain Lipietz, La société
en sablier, La Découverte, 1996
La déchirure sociale s'approfondit. La RTT et
le tiers-secteur pour y répondre.
Suren Erkman, Vers une écologie industrielle, C.L. Mayer, 1998
Pour une production intégrée zéro
déchêts.
Jean-Paul Maréchal, Humaniser l'économie, Desclée de Brouwer, 2000
Serge Latouche, La déraison de la raison économique, Albin Michel, 2001
Pour une histoire de longue durée
Norbert Elias, La civilisation des moeurs, Pocket, 1969
Norbert Elias, La dynamique de l'Occident, Pocket, 1969
Norbert Elias, La société de cour, Champs, Flammarion,
1974
Norbert Elias, La
société des individus, Fayard, 1987
Le processus de civilisation est celui d'une normalisation,
de la répression de la violence (monopolisée par l'Etat)
au profit de règles sociales (cour, politesse, sport, marché).
L'individu est un produit de la différenciation sociale et de l'intériorisation
des contraintes.
Louis Dumont, Homo aequalis, Gallimard
Passer de la dépendance des personnes de l'homo
hiérarchicus à l'indépendance libérale
c'est passer de l'indépendance des choses à leur dépendance
et du rapport entre personnes à des rapports entre choses.
Fernand Braudel, La dynamique du capitalisme, Flammarion, Champs
Le capitalisme ne s'identifie pas au marché mais
plutôt à la finance monopoliste et prédatrice constituant
l'étage supérieur d'une "économie-monde" constituée
de la vie matérielle, des marchés et de la finance, organisée
à partir d'un centre concentrant la richesse (Venise, Amsterdam,
Londres, New York) et dont l'éloignement mesure la pauvreté
ou l'exploitation.
Fernand Braudel, La vie matérielle, Livre de poche, 1979
La vie et la mort avant la révolution industrielle.
Marcel Gauchet, Le
désenchantement du monde, 1984
Marcel Gauchet, La
religion dans la démocratie, 2001
De la sortie du holisme et d'un monde organisé
par la religion à la société de marché. L'individu
sans guide et l'autonomie subie, la précarité d'un monde
du changement où chacun doit gagner sa place qui n'est plus donnée
d'avance.
Robert Castel, Les Métamorphoses de la question sociale, Folio
Histoire du salariat de la tutelle au statut.
David S. Landes, Richesse et pauvreté des nations, Albin Michel,
2000
Histoire du développement économique. La
géographie est déterminante (trop de chaleur tue l'effort),
le développement nécessite une certaine dose de protectionnisme
dans la phase de décollage, importance décisive de la culture,
des valeurs de travail, d'invention, de liberté et, par dessus tout
l'importance du calcul, de la rationalité, de l'horloge.
Retour vers le futur. 2100, récit
du prochain siècle, 25/10/01 20k
Exploration des mondes possibles. L'écologie,
tournée vers l'avenir, exige de s'affronter aux prévisions
à long terme, prendre un point de vue macroscopique. 2100 correspond
à la stabilisation démographique et du climat, début
sans doute de la décroissance.
Les indispensables
Christian Marazzi, La
place des chaussettes, L'Eclat, 1997
Le tournant linguistique de l'économie. Passage
à une économie de la demande.
Amartya Sen, Un
nouveau modèle économique, Odile Jacob, 2000
Le développement comme liberté, capacité
effective. Le but n'est pas la croissance économique mais le développement
humain.
Alain Supiot, Au-delà
de l'emploi, Flammarion, 1999
Statut professionnel, droits de tirage sociaux, pour
une continuité des droits indépendamment des aléas
de l'emploi (chômage, formation, retraite).
Pour participer aux débats
Refonder la protection sociale, Jean-Michel
Bélorgey, 14k, 22/09
Libre débat entre les gauches. Alain Caillé,
Robert Castel, etc.
Allocation Compensatrice de Revenu ou Revenu minimum
d'initiative.
Au-delà de la rareté,
Bruno Ventelou, Albin Michel, 2001, 1/10, 32k
L'idéologie économique de la rareté
et de la concurrence produit une réalité conforme à
ses présupposés (anomie sociale et pénuries) et rend
impossible une coopération pourtant favorable à tous. A partir
des théories de la croissance endogène, des prophéties
autoréalisatrices, des anticipations rationnelles, des externalités,
la théorie libérale est réfutée au nom de l'influence
des représentations sur le réel (sur la valeur) et de ses
défauts de coordinations, au profit d'un keynésianisme et
d'une croissance volontariste déniant la limite naturelle qui est
plus contestable. Par contre on ne peut qu'approuver le passage d'une logique
à court terme de valorisation du temps à une logique d'investissement
à long terme qui se donne le temps.
Dominique Méda, Le travail, une valeur en voie de disparition
?, Champs
Dominique Méda, Qu'est-ce que la richesse, Champs Flammarion
Christophe Dejours, Souffrances en France, Le Seuil, Points, 1998
Bernard Friot, Et la cotisation sociale créera l'emploi, La dispute, 1999
Thomas Piketty, L'économie des inégalités, Repères,
La Découverte, 1997
Thomas Coutrot, Critique de l'organisation du travail, Repères,
La Découverte, 1999
Alain
Ehrenberg, L'individu incertain, Pluriel, Hachette, 1995 et
La fatigue d'être soi, Poches Odile Jacob, 1998
Précarité et souffrance de l'individu autonome
dépourvu d'un soutien institutionnel.
Robert Castel, Claudine Haroche, Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi, Fayard, 2001 23/5
Bibliographies complémentaire
Bibliographie sur la nouvelle
économie et le revenu garanti (Yann Moulier-Boutang)
Bibliographie sur l'économie
écologique (Martinez-Alier)
Critiques de livre :
Association
MCX /APC (Complexité, Morin, Le Moigne)
La république
des lettres Beaucoup de textes, classés par nom d'auteur.
(Québec) aép