Pour le plus récent blog de sciences de Jean Zin l'adresse est http://jeanzin.fr/science/
Les implications politiques de la technoscience rendent indispensable une approche transversale des sciences alors même que leur spécialisation rend impossible d'en maîtriser toute la complexité. Il s'agit du moins de prendre conscience de l'étendue de notre ignorance, que nous partageons avec les plus savants et de construire une critique épistémologique des idéologies scientifiques. (Voir aussi l'ancien site du GRIT.)
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L'esprit de la matière
- Science et vérité
Kuhn (sociologie de la science, changements de paradigme) 29k
[GRIT] La science comme religion universelle, 20/04/02, 29k *
Science et quête de sens, Unesco, 19-20 avril 2002
La science prend la place de la religion comme vérité universelle mais ne peut intégrer la dimension du sens et de la liberté.
L'incertitude du savoir, 02/06/02, 19k
Revue des revues pour Transversales. Le schématisme de nos savoirs en fait toute l'efficacité mais produit inévitablement des erreurs.
[GRIT] Une vérité sortie du cerveau, 26/04/02, 46k
L'homme de vérité, Jean-Pierre Changeux, Odile Jacob, 2002
Si le cerveau a bien pour fonction la représentation de la réalité et la répétition de la satisfaction, il n'y a de vérité que de la parole et du langage. L'esprit est universel, il n'est pas dans le cerveau et dépasse l'individu.
Le génie du plagiat (Newton, Einstein, Debord), 25/09/04, 40k **
Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la Relativité restreinte de Poincaré, Jean Hladik
Le génie se manifeste par son caractère fulgurant qui rassemble et s'approprie les savoirs disponibles. La propriété intellectuelle d'une découverte peut toujours être contestée car l'intellect est commun, toute découverte est collective mais le rôle de l'auteur, l'orientation qu'il donne, l'agitation qu'il suscite, restent irremplaçables. C'est ce qu'illustre la loi de la gravitation de Newton (approchée par Hooke) ou celle de la relativité restreinte d'Einstein (reprise à Poincaré) mais, dans un tout autre domaine, on a contesté la paternité des thèses de Guy Debord attribuées à Anders ou à d'autres... Ce qu'il faut contester, c'est la propriété intellectuelle.
- Physique
Einstein (Les fondements de la physique théorique) 46k
La relativité (restreinte), 01/05, 31k
Plutôt que de "vitesse de la lumière" il vaudrait mieux parler de constante de structure de l'espace-temps ! Toute vitesse étant relative, l'accélération du temps est réciproque (tout comme la contraction des longueurs) entre deux corps en mouvement qui se voient sous le même angle dans l'espace-temps de Minkowski. Ce n'est pas si exotique qu'on pourrait le croire puisque les champs magnétiques et la lumière sont des effets relativistes ! Il faudrait se rendre compte que plus une particule est massive et plus elle est petite (elle s'enfonce dans l'espace-temps), plus les distances et le temps s'allongent. Voir aussi Le génie du plagiat (Newton, Einstein, Debord).
[GRIT] La nouvelle science, 07/09/02, 8k
La Recherche no 356, septembre 2002
Stephen Wolfram, A new kind of Science, mai 2002, 1200 pages
Le constructivisme : reconstruire l'univers à partir de programmes élémentaires, les "automates cellulaires" remplaçant l'observation par la simulation et permettant ainsi de briser les limites quantiques. Version originale 21k.
[GRIT] 25 ans de Sciences, 29/09/02, 23k *
Pour la Science, no 300, octobre 2002
Etat des Sciences qui nous confrontent de plus en plus à nos limites.
[GRIT] Les cordes et les concepts fondamentaux de la physique, 10/10/02, 49k **
La théorie des cordes prolonge les limitations de la théorie quantique par la longueur de Planck empêchant d'identifier les particules à des points alors que ce sont des cordes vibrantes. Elle unifie relativité et mécanique quantique en généralisant l'invariance et la symétrie des lois physiques mais son formalisme est largement incompréhensible.
[GRIT] Voyage dans le miroir de la matière, 27/01/03, 21k
La matière comme brisure de symétrie, défaut dans l'être, énergie de liaison, et l'antimatière comme point de vue géométrique inversé par rapport à la matière (en miroir) ou bien niveau d'énergie minimum ?
Initiation à la physique quantique, 20/03/03, 77k **
La matière et ses phénomènes, Valerio Scarani, Vuibert, 2003 (préface JM Lévy-Leblond)
Discontinuité de la matière et continuité des champs, dualité onde-particule, principe d'indiscernabilité, de non-localité et de corrélation des particules, physique quantique et gravitation. Grâce à ce livre de vulgarisation des derniers acquis de la physique quantique, il s'agit d'essayer de faire le point sur les interprétations actuelles des paradoxes quantiques.
Le temps ne s'arrête pas (Peter Lynds), 11/09/03, 13k
Intervention en physique théorique d'un jeune inconnu de 27 ans qui montre qu'on ne peut arrêter le temps, les dynamiques en cours, et que donc il ne peut y avoir de mesure exacte du temps pas plus qu'il ne peut y avoir de particule ponctuelle. D'ailleurs, le temps n'existe pas comme dimension séparée, c'est un ordre de succession, on ne peut donc remonter le temps. L'application à la physique des idées sur le temps d'Aristote, Hegel et Bergson, se révèle productive bien qu'il faudrait distinguer plusieurs temporalités.
[GRIT] Temps physique, durée biologique et projet humain, 28/11/02, 35k **
Le temps physique est déjà création de formes et d'improbabilité mais la durée vivante est celle de l'information et des régulations biologiques alors que l'être parlant se confond avec le temps du projet, ouvert sur l'avenir et la conscience de sa mort.
La Supersymétrie et la physique spéculative, 11/01/04, 43k
Supersymétrie, Gordon Kane, Le pommier, 2003
La physique est rentrée dans une phase très spéculative, trop souvent inaccessible à l'expérience. La Supersymétrie est l'hypothèse simplificatrice d'une symétrie entre fermions et bosons. Rien n'impose vraiment cette symétrie qui doit au contraire se prouver en découvrant des (super)particules que personne n'a rencontré jusqu'à maintenant ! La supersymétrie prend place dans les tentatives d'unification des forces physiques, de la relativité générale (gravité) et de la physique quantique (champs), en particulier dans la recherche du fameux boson de Higgs qui serait responsable de la masse.
L'illusion de l'origine, 03/10/04, 19kAvant le Big Bang, Igor et Grichka Bogdanov
Trous noirs dans le principe de précaution, 03/06/05, 10k
Des trous noirs en laboratoire, Bernard Carr et Steven Giddings, Pour la Science, 332, juin 2005
On envisage la production de minis trous noirs dans le prochain accélérateur de particules LHC de Genève. Bien qu'il soit très peu probable que ces trous noirs finissent par engloutir toute la planète, ce n'est qu'improbable car on est complètement dans le noir, on n'est même pas complètement sûr qu'ils existent, on ne peut donc exclure non plus l'accident. C'est vraiment très excitant, au moins autant que le saut à l'élastique! Il serait dommage de réserver ces sueurs froides aux seuls scientifiques...
La théorie holographique de la gravitation, 01/01/06
Pour la Science, no 339, 01/2006, "La gravité : une illusion ?"
Une nouvelle révolution copernicienne ! La gravitation n'est pas une illusion, elle est bien réelle comme l'alternance du jour et de la nuit, ce qui est en cause, c'est seulement notre "représentation" (de même que ce n'est pas le soleil qui tourne autour de la Terre mais la Terre qui tourne autour du Soleil et sur elle-même).
L'entropie, l'énergie et l'information, 03/07/04, 50k **
L'entropie est statistique, il n'y a pas de conservation de l'entropie, mais créations et pertes d'information, contrairement à l'énergie, c'est ce qui permet à la vie de lutter grâce à l'information contre la mort qui la menace toujours. Si l'entropie ne doit pas être confondue avec l'énergie comme on le fait trop souvent, il ne faut pas l'assimiler non plus à l'information car c'est le contraire de l'entropie !
Prigogine, Stengers (La science des limites, idéalisation et phénomène) 44k **
La question de l'émergence, 05/07/05, 20k **
L'émergence est la tentative de conceptualiser l'échec du réductionnisme à rendre compte des propriétés des systèmes complexes mais il y a toutes sortes d'émergences résultant d'interactions, d'effets de masse, de sauts qualitatifs, de conflits d'ordre supérieur, de configurations de formes, d'un circuit qui se ferme, de boucles de rétroaction, d'une causalité descendante ou du langage et de la division sociale. Ce n'est pas la société qui émerge de l'interaction des individus mais l'individualisation qui émerge de la société.
Le bluff des "nanobabioles", 28/11/05
Le prix Nobel de physique 1998 Robert B. Laughlin dénonce dans son livre "Un univers différent" le bluff des nanotechnologies qui sont faites en aveugle, tout comme les OGM, bien loin d'en maîtriser les produits, encore moins les processus de fabrication, alors qu'à cette échelle les fluctuations quantiques posent des problèmes insurmontables. Les nanotechnologies seraient le dernier avatar d'un réductionnisme dont le physicien annonce la fin devant l'impossibilité de déduire les propriétés émergentes de la matière à partir de ses composants atomiques qui ne sont absolument pas réductibles à des particules solides qu'on pourrait assembler une à une. L'escroquerie serait du même ordre que celle de la fusion froide. Les seules véritables nanotechnologies relèvent jusqu'à ce jour de la chimie ou de la biochimie.
- Biologie
Thom (La théorie des catastrophes, géométrie du sens) 120k **
[GRIT] Auto-organisation du chaos, 13/11/02, 25k *
La Recherche, Ordre et désordre, 11/02
Les théories du chaos signent la fin du réductionnisme en introduisant le désordre dans l'ordre et l'ordre dans le désordre. La vie est à la fois cristal et flamme, reproduction du même et dynamique du mouvement. Il faut souplesse et désordre pour pouvoir évoluer. La complexité et la diversification impliquent une certaine fragilité de la vie.
[GRIT] Biologie et déterminisme, 12/09/02, 18k *
Critique, 661-662, Juin-Juillet 2002, Sciences dures ?
La vie comme forme de l'imprévisible et liberté, apprentissage et individuation.
L'improbable miracle d'exister, 16/09/02, 38k ***
L'existence de l'univers est un miracle (une singularité), l'existence de la matière est un miracle (un défaut dans l'être), l'émergence de la vie est le miracle qui répond au miracle d'un monde improbable. L'indétermination de l'existence constituant notre liberté précède toute détermination., toute matière, toute vie, toute information, tout sens. Notre monde est un monde d'événements largement imprévisibles. Notre vie est un miracle fragile.
L'impossible liberté, 24/09/02, 10K
D'être fondatrice n'empêche pas la liberté d'être impossible. Tout s'y oppose. Nous sommes trop pris dans nos dépendances matérielles et sociales. La liberté reste exceptionnelle et donc la vérité aussi. Cela ne la rend que plus nécessaire.
[GRIT] L'origine de la vie, 15/07/05, 61k *
Le mystère de la vie dévoilé ! De l'ARN autoreproducteur à la cellule, de la chimie à la biologie, c'est la reproduction et la sélection par le résultat qui donnent naissance à la vie, de plus en plus fondée sur l'information à mesure que sa complexité s'accroît.
Progrès, évolution et adaptation, 24/02/03, 50k **
Les merveilles de l'évolution, Jean Chaline et Didier Marchand, EUD
Contre l'idéologie du progrès qui nous livre au monde des causes et nous dépossède de toute prise sur notre destin, nous devons reconnaître le rôle de l'information et des régulations dans l'évolution et l'adaptation. Il y a à la fois des sauts évolutifs brusques et des adaptations graduelles mais il n'y a pas de génération spontanée, la vie vient toujours de la vie et l'arbre du vivant produit toutes les espèces par bifurcations, différenciations au contraire des phénomènes physiques, des équilibres dynamiques. Il n'y a pas vraiment de "sélection naturelle". Désormais, l'évolution dépend de nous et l'humanité sera ce que nous en ferons.
[GRIT] Brèves (théorie fractale de l'évolution), 30/08/02, 7k
Bio-Sciences
Jean Chaline défend une théorie fractale de l'évolution (Les arbres de l'évolution, les horloges du vivant). Nous ne nous développons pas dans un éther sans résistance mais nous ne sommes pas non plus le simple reflet de l'extériorité. Nous sommes dotés d'une puissance propre et d'une mémoire de notre parcours. Les nouvelles espèces apparaissent au croisement du développement de leurs potentialités et des possibilités de croissance de leur population.
L'énergie des mitochondries, 30/08/03, 17k
Petite fiche sur le rôle des mitochondries assurant la production d'énergie des cellules et leur régulation par le NO. Exemple de symbiose qui a libéré la créativité des formes de vie une fois que les mitochondries ont pris en charge les flux énergétiques, détachés du patrimoine génétique. des cellules à noyau (eucaryotes).
La triple hélice (les gènes, l'organisme, l'environnement), 25/09/03, 7k *
Richard C. Lewontin, La triple hélice, Seuil, 09/2003
Contre les simplifications des néodarwiniens et des généticiens, prisonniers de leurs métaphores, il faut rétablir qu'un organisme ne se développe pas à partir du programme génétique : il est façonné par quantité de phénomènes aléatoires. L'environnement n'est pas une sorte de toile de fond immuable sur laquelle s'agitent les organismes, mais il participe pleinement au développement de chacun d'eux en même temps que les organismes modifient leur environnement. Au schéma classique - et simpliste - "gène/organisme", Lewontin suggère, comme Edgar Morin, de substituer la triade "gène/organisme/environnement" bien plus complexe.
[GRIT] Les réseaux de neurones, 04/02/05, 9k *
Pour la Science, 09/2004 et 01/2005
Deux mécanismes nouveaux renouvellent notre compréhension des réseaux de neurones. Les astrocytes (cellules gliales entourant les synapses) contrôlent la plasticité du cerveau et constituent un réseau de communication parallèle à celui des neurones, établissant des communications avec des aires distantes. Par ailleurs, les récepteurs cannabiques constituent un mécanisme de rétroaction et d'inhibition des neurones excitateurs, "inhibition rétrograde" qui se révèle aussi importante pour l'apprentissage que pour le déconditionnement ou le surmenage.
[GRIT] La mort au coeur de la vie, 11/02/05, 33k **
La sculpture du vivant, Le suicide cellulaire ou la mort créatrice, Jean-Claude Ameisen
On pourrait penser légitimement que la science n'a rien à nous apprendre sur la mort et pourtant on se rend compte à quel point la mort est intégrée à la vie, à sa construction et ses équilibres, depuis l'embryon jusqu'à la vieillesse. Un autre enseignement c'est qu'il n'y a pas d'organisme isolé car la vie se débat entre exécuteurs et protecteurs, entièrement dépendante des informations qu'elle reçoit de son environnement immédiat.
Les finalités de la vie (information et autonomie), 20/11/05, 11k
Il n'y a pas de vie sans finalités, au point qu'on peut identifier la vie et les causes finales. C'est ce qui implique le rôle de l'information, constitutif de la biologie au moins dans la reproduction et la traduction de l'ADN à l'ARN et aux protéines. On ne peut séparer vie, information et finalités mais dans un sens qui exclut tout finalisme dès lors qu'on y fait intervenir l'information. Les finalités de la vie ne sont pas la reproduction ou le bonheur mais des finalités partielles sélectionnées par l'évolution ou produites par l'histoire.
- Théorie de l'information
[GRIT] Théorie de l'information, physique et biologie, 17/11/02, 34k *
Léon Brillouin et l'incidence de la théorie de l'information sur la Physique (quantique). Il faut distinguer théorie physique du signal analogique et théorie biologique de l'information numérique, de même qu'il faut opposer auto-organisation physique et boucle de régulation biologique. L'insuffisance de l'information ne doit pas mener à l'inaction mais à un contrôle incessant, une réévaluation et une correction constante, au souci des effets négatifs de nos actions.
[GRIT] Information et finalité en biologie, 10/01/03, 32k *
La finalité ne se confond pas avec une volonté préconçue mais correspond à une causalité à partir des effets (feedback) de ce qui parait le fruit du hasard alors que le hasard ne peut faire loi ni déterminer l'orientation de l'évolution. Cette causalité par la fin, à l'opposé de la causalité mécanique ou énergétique, est une réaction conditionnelle et organisée constituant l'information comme principe des phénomènes biologiques qui sont pris dans une circulation d'énergie, de matières et d'informations provoquant différenciations et individuation mais il n'y a jamais de corps isolé de son milieu..
[GRIT] Transduction, information et individuation (Simondon), 02/01/03, 29k
La conception de l'information de Simondon reste entièrement physique, énergétique alors que l'information comme signe renvoie à autre chose qu'elle-même et n'a aucun caractère de proportionnalité. Il faut distinguer individuation et production de soi.
[GRIT] L'enjeu politique de la théorie de l'information, 15/12/02, 21K
La confusion de l'information numérique et biologique avec l'entropie et l'auto-organisation livre nos sociétés à une entropie galopante insoutenable alors que tout organisme biologique ne se maintient qu'en se régulant par rétroaction aux informations toujours imparfaites nous obligeant à corriger le tir sans arrêt.
[GRIT] Le concept d'information, 15/01/03, 19k **
Caractéristiques du concept d'information (improbable, imparfaite, discontinue, reproductible, biologique, levée d'incertitude pour un récepteur, signe d'autre chose pour quelqu'un, non-proportionnalité des effets, feed-back, régulation, finalité, causalité à partir des effets, optimisation des flux), à l'opposé donc de la matière et de l'énergie, du prétendu ordre spontané et du libéralisme, de la violence d'une causalité physique ou d'une entropie passive. Synthèse des recherches précédentes. Voir aussi l'intervention du 11 mars 2003 à une réunion du GRIT.
La complexité et son idéologie, 01/05/03, 230k ***
Le paradigme de la complexité conteste le réductionnisme scientiste et mécaniste en affirmant qu'il y a une limite au savoir, il y a de l'incertitude, de l'imprévisible. C'est un acquis important de la science moderne qui devient science des limites, mais il convient de séparer la complexité physique de la complexité biologique faisant intervenir le concept d'information. L'idéologie de la complexité est un scepticisme qui joue sur la confusion entre ces différentes complexités pour justifier le laisser-faire néo-libéral au nom d'une prétendue auto-organisation ou auto-régulation aveugle qui nous livre à l'entropie alors que la vie se définit d'y résister. L'enjeu du concept de complexité est politique, cognitif et même vital.
Idéologie des réseaux et théorie des systèmes, 16/09/03, 19k **
Les réseaux comme structures statiques sans finalités et soi-disant auto-organisés ont détrôné les organisations et la théorie des systèmes considérées comme trop centralisatrices. Il faut voir dans cet effet de la technique et de l'introduction d'Internet une des origines de la collusion entre libéral et libertaire. Le paradigme du réseau permet de donner toute sa place à l'autonomie mais il faut rétablir qu'un réseau, comme le réseau sanguin, ne prend son sens que dans le système qui l'a produit. Réintroduire la théorie des systèmes permet de rendre compte du processus et pas seulement de la structure, mais surtout de résister à l'entropie par des régulations.
L'ère de l'information, avec Jacques Robin, 01/02/04-15/03/04, 85k (version imprimable en PDF) *
L'émergence du concept d'information : les caractéristiques de l'information (improbable, indirecte, imparfaite, récepteur, pertinence), opposition de l'énergie et de l'information (continu ou discontinu, signal ou signe, entropie ou reproduction, effet proportionnel ou non linéaire), la régulation cybernétique (reproduction, rétroaction, finalité, théorie des systèmes, biologie, complexité). La mutation informationnelle (informatique, réseaux, biotechnologies) : l'économie de l'information (gratuité, développement humain, direction par objectif, précarité, revenu garanti), le pouvoir des médias ("informations", publicité, pornographie, politique spectacle, terrorisme, démocratie), l'idéologie des réseaux et de l'auto-organisation (néolibéralisme), métaphysique de l'information (dualisme, ignorance, principe de précaution, liberté, apprentissage, histoire, éthique, politique, écologie, sciences).
La contre-productivité de l'appropriation immatérielle, 14/01/04, 25k
Il ne faut pas confondre la lutte contre l'appropriation du savoir ou du vivant à l'ère de l'information avec la lutte contre l'appropriation des moyens de production à l'ère industrielle car si le capitalisme industriel était bien productiviste, il devient contre-productif dans le domaine immatériel (logiciels libres, recherche, musique, etc.) où il doit organiser une rareté complètement artificielle alors que la coopération et le partage des savoirs y sont bien plus efficaces.
Voir aussi : Le génie du plagiat (Newton, Einstein, Debord), 25/09/04, 40k **
La fracture numérique, 29/05/04, 15k *
Ce n'est pas en développant encore plus les réseaux de communication qu'on va réduire la "fracture numérique" mais en développant la formation, l'assistance et la médiation. L'ère de l'information, c'est l'ère des régulations (de l'écologie) et du développement humain (revenu garanti, formation, investissement dans l'avenir).
Surmonter nos échecs (contre l'optimisme technologique), 01/07/04, 24k *
Il n'y a pas lieu de faire preuve d'optimisme face aux nouvelles technologies. Au contraire, c'est en reconnaissant les effets pervers de ces nouvelles technologies et nos échecs à en tirer parti que nous avons une chance de les surmonter. D'autant plus que la fonction de la cybernétique et de l'information, c'est justement de nous permettre de corriger le tir, de rétroagir à l'écart entre nos objectifs et les résultats effectifs.
Le monde de l'information, 19/07/04-22/08/04, 300k (2Mo avec les images !) ***
Projet de livre. Il s'agit de montrer les enjeux du passage de la société de l'énergie à la société de l'information en approfondissant les caractéristiques du concept d'information et les conséquences économiques ou sociales des technologies numériques pour déboucher sur un projet de société écologique, une production immatérielle et le développement humain. Sans céder aux illusions des idéologies de la communication ou d'un quelconque progressisme, on ne peut se passer d'évaluer les menaces et les opportunités de notre situation historique afin de passer de l'histoire subie à l'histoire conçue.
Pour en faciliter la lecture le texte est agrémenté de nombreuses images ce qui le rend très long à charger (pour ceux qui ne veulent que le texte, il suffit de désactiver le chargement automatique des images).
Auto-organisation ou laisser-faire ?, 06/10/04, 15k (révisé 01/05)
Il faut arrêter de confondre les phénomènes purement physiques "d'auto-organisation" qui relèvent des théories du chaos avec les processus basés sur les rétroactions d'information et l'autonomie d'organisation. L'équilibre thermodynamique (des marchés) n'a rien à voir avec l'homéostasie (d'un organisme régulé). Au contraire du laisser-faire libéral, nous devons nous organiser avec le maximum d'autonomie pour atteindre nos objectifs écologiques et humains.
L'organisation de l'intelligence collective, 27/02/05, 16k *
- De la biologie à l'histoire
La transcendance du monde, le sens de l'évolution et la liberté, 15/11/03, 33k
Evolution et liberté, Hans Jonas
Tentative de métaphysique de l'information à l'occasion d'une critique de la conception mécanique de l'information de Jonas et de sa cosmogonie onto-théologique qui tente de dépasser le dualisme entre la matière et l'esprit. Le monde de l'information est un monde transcendant auquel nous n'avons qu'un accès indirect, par l'information justement. Il y a séparation de l'émetteur et du récepteur, de l'organisme et de son environnement (l'adaptation n'est pas immédiate), de la conscience et de son objet, du sujet de l'énoncé et du sujet de l'énonciation, etc. La liberté est dans cette séparation, dans notre ignorance originaire. Le sens de l'évolution est pour nous un progrès cognitif et l'avenir de l'humanité, mais les fondements de l'éthique ne sont pas dans l'évolution objective et plutôt dans l'histoire, la parole, le désir de reconnaissance et de réciprocité, la lutte politique.
Le contrôle des émotions (éthique et biologie), 28/11/03, 72k
Antonio Damasio, Spinoza avait raison, Odile Jacob, 2003
A partir d'une très intéressante distinction entre émotion et sentiment qui semble avoir une réalité neurobiologique peut-on fonder une éthique individuelle et collective, sorte de pensée positive qui est la version moderne et hygiéniste de la joie spinozienne, ou doit-on considérer les sentiments comme des informations qu'on ne peut ignorer et la joie comme le résultat d'une résolution active des causes de la tristesse ? Supprimer la souffrance c'est supprimer information et rétroaction. Ce devoir de jouissance et cette recherche du bonheur auquel la biologie et l'individualisme libéral voudraient tout réduire n'est en fait qu'une forme de toxicomanie. La leçon de la biologie comme de la psychanalyse serait plutôt que pour contrôler une émotion il faut en prendre conscience, la prendre en compte.
[GRIT] L'émergence de la conscience, 12/08/05, 78k *
La conscience est suspension du sens, conscience de notre ignorance, manque d'information qui éveille nos sens. On peut dire qu'une proto-conscience commence avec l'information et donc avec la vie, avec la boucle de rétroaction qui est le germe de toute conscience comme intentionalité et conscience de soi. La véritable conscience commence pourtant avec la conscience animale, la mobilité du corps et un nombre de plus en plus grand de neurones, augmentant les capacités d'apprentissage et de choix conditionnels. Une ébauche de la conscience de soi se développe dans la plupart des espèces sociales. Le langage permet aux humains d'accéder à la conscience de la conscience et à une conscience de soi qui vient de l'Autre (idéal du moi). Pour nous toute conscience est conscience morale, responsabilité de nos actes sous le regard des autres. La conscience artificielle n'a pas besoin d'aller jusque là. Par contre l'émergence d'une conscience sociale est primordiale pour affronter nos responsabilités collectives. Il semble qu'on ne puisse se passer pour cela de son incarnation dans un leader.
Autour de l'origine de l'homme, 02/07/05, 17k
A l'aube de la pensée symbolique, Pour la Science, no 333
L'origine de notre humanité remonterait à une catastrophe écologique et une mutation génétique vers -60000 ans, défaut dans l'être nous ouvrant au langage, à la culture, à l'imaginaire, à l'amour et au culte des morts.
[GRIT] L'homme et l'animal, 18/05/02, 26k **
L'ouvert, De l'homme et de l'animal, Giorgio Agamben, Rivages, 2002
La part animale de l'homme, Esquisse d'une théorie du mythe et du chamanisme, Michel Boccara, Anthropos, 2002
L'humanité est dans la séparation de l'animalité par le langage, mais nous sommes toujours des animaux et les mythes nous renvoient au temps d'avant cette séparation.
Même les animaux savent coopérer..., 25/05/05, 17K *
Le commerce chez les animaux, Frans de Waal, Pour la Science, 331, Mai 2005
Contrairement à ce qui se dit partout, la simple observation suffit à montrer que la plupart des animaux vivent en société et coopèrent plus qu'ils ne sont en compétition. Il y a bien sûr de purs rapports de force mais il y a aussi négociations, échange de signes, réciprocité, engagement dans une action commune. Nous avons intérêts collectivement à la coopération, d'autant plus à l'ère des savoirs qui se partagent et se complètent. Pour qu'il y ait un marché, il faut d'abord une société qui marche. La cohésion et la solidarité sociale sont une condition de la stabilité économique. "Au moment où la société découvre qu'elle dépend de l'économie, c'est l'économie qui dépend de la société" (Debord).
[GRIT] Le sens de la vie, 15/06/02, 44k *
Ces lois inconnues, Pour une anthropologie du sens de la vie, Michael Francis Gibson
La vie n'a de sens qu'à s'inscrire dans l'histoire humaine et une finalité collective, domaine du mythe.
[GRIT] Corps et société, 20/07/02, 10k **
Ecrits sur la médecine, Georges Canguilhem, Seuil, 2002
La société n'est pas un corps, elle n'est pas autorégulée et n'a pas sa finalité en elle-même, c'est pourquoi il y a toujours des problèmes. Parce qu'il n'y a pas de sagesse sociale nous avons besoin de héros et de règles sociales, de régulations fragiles et changeantes (historiques) mais indispensables au maintien de la société.
- La voix du corps
[GRIT] La communication entre esprit et corps, 09/06/02, 44k *
Psychobiologie de la guérison, Ernest Lawrence Rossi, Le souffle d'or, 2002 (1986, 1993)
La compréhension de la biologie du corps comme système de communication permet de l'unifier à l'esprit et d'expliquer le pouvoir de l'esprit sur le corps, le miracle de la guérison spirituelle, la magie de l'hypnose. Version courte (15k) pour Transversales no 3.
[GRIT] Henri Laborit, un défricheur, 18/07/02, 12k
Article pour Transversales no 3
Présentation de l'auteur de "L'éloge de la fuite" et inspirateur du film de Resnais "Mon oncle d'Amérique" : stress, inhibition de l'action, psychobiologie, cybernétique et société de l'information.
Rire et Guérir, biochimie de la santé, 25/03/03, 51k
Le rire est le meilleur des remèdes et le gaz hilarant N2O est très proche du monoxyde d'azote (NO) à la base de nombreuses panacées (ginseng, ginkgo biloba, gomphrena) ainsi que du Viagra. Le NO a un rôle très important sur l'humeur, le système immunitaire, la régulation sanguine, la digestion. C'est donc aussi le meilleur des remèdes et le secret de la santé physique et morale (Say yes to NO) ! Cela ne veut pas dire que ça marche à tous les coups car ces maladies sont la plupart du temps sociales.
Des antioxydants contre la rouille qui nous ronge, 21/06/05, 6k
Le stress oxydatif a un grand rôle dans le vieillissement et la plupart des maladies dégénératives mais n'est pas encore assez pris en compte par la médecine.
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Pour le plus récent blog de sciences de Jean Zin l'adresse est http://jeanzin.fr/science/