Feuille Verte No 3 |
Novembre (Décembre) 1997 Numéro. 4 |
La petite feuille Verte |
L'en Vert du Lot
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Tout va bien. Tout le monde est content. Le Krach boursier n’a pas été trop catastrophique. La grève annoncée des routiers n’a pas été trop longue et le gouvernement Jospin monte dans les sondages à 60% ! Mais on a vu un ministre communiste allié à un syndicat étatisé (la CFDT) dans le vieux rôle du briseur de grève. Tous ceux " qui ont de la chance " sont impatients de profiter de la reprise (!), de l’Euro (!!), de l’an 2000. A côté de cette surclasse, les zentrops, comme les appelle Jacquard, restent sur le carreau. Il n’y a plus grand-chose à attendre sur le plan du chômage, en l’absence de toute dynamique sociale qu’on ne peut imputer qu’au gouvernement hélas ! Il faut avoir honte, " rendre la honte encore plus honteuse " ! |
Distribution par
Cardon
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Découvrir les vraies richesses, pistes pour vivre plus simplement. Pierre Pradervand.
Il ne s'agit pas ici d'un texte exhaustif sur les besoins humains d'aujourd'hui. Je pose seulement quelques questions et donne quelques pistes afin peut-être de modifier notre propre comportement de consommateur. Ce texte s'adresse évidemment à tous mais surtout à ceux qui dans notre société dite développée ont déjà un certain niveau de consommation. Ne sont pas concernés directement les exclus, les précaires, les chômeurs, tous ceux qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, en France et dans le monde. Pour moi, l'écologie c'est avant tout un processus
de changement de civilisation, changement qui dépasse le seul niveau
de la société. Changement de notre mode de vie et de nos
priorités. Simplification de la vie loin de l'uniformité,
de l'austérité. Quand on simplifie sa vie, l'impact bénéfique
se répercute sur au moins cinq plans : l'environnement, la santé,
la solidarité internationale et locale, les finances et la cohérence
individuelle. C'est en répondant aux questions qui vont suivre que
vous pourrez vérifier vous-mêmes ces impacts bénéfiques.
Dans une société où chacun est soumis quotidiennement à des pressions constantes, psychologiques, familiales, sociales, matérielles, le poussant à surconsommer (besoins induits), certaines règles simples permettent de passer du statut de COZOT (consommateur zombie télécommandé) à celui de consommateur alerte et conscient. Les dix suggestions qui suivent ne constituent en rien les dix commandements du consommateur politiquement correct, mais simplement des jalons que certains trouvent utiles sur cette trajectoire de cohérence qui les mène vers une vie plus simple et plus joyeuse. En effet, des consommateurs alertes et conscients constituent une des forces de transformation les plus puissantes de la planète. Chaque fois que nous faisons un achat, nous votons avec notre porte-monnaie pour un certain type de société. " Celui qui veut faire quelque chose trouve un moyen, celui qui ne veut rien faire trouve une excuse ", dit un proverbe arabe. L'application des dix questions suivantes constitue un premier moyen. Elles tiennent compte de notre nécessaire solidarité avec la planète entière et tous ses habitants. On ne simplifie pas sa vie dans la tour d'ivoire de sa seule petite existence personnelle. 1) EN AI-JE VRAIMENT BESOIN ? Aucune autre question, appliquée systématiquement à chaque achat, aidera plus une personne à transformer ses habitudes de consommation. Elle peut s'appliquer autant à la visite chez le médecin qu'à l'achat du dernier CD de votre groupe musical préféré. Plus vous la poserez, plus vous réfléchirez en profondeur à ce qu'est un vrai besoin. 2) POURQUOI EST-CE QUE J'ACHETE CECI ? Quels sont les mobiles qui me poussent à acheter ? Un manque affectif ? Un désir de statut social ? Une pub maligne ? 3) QUEL IMPACT CET ACHAT AURA-T-IL SUR MES PETITS-ENFANTS ? Est-il juste qu'ils aient à payer les pots cassés de notre insouciance de consommateurs endormis ? 4) RETIRERAI-JE DE CET ACHAT UN PLAISIR PROPORTIONNEL AUX RESSOURCES UTILISEES POUR LE FABRIQUER ? Ces ressources sont de deux ordres : mon énergie de vie (que je vends contre mon salaire) et les ressources de la planète. 5) PUIS-JE CONSACRER A SA CONSOMMATION LE TEMPS NECESSAIRE, ET CELA SANS ARRIERE-PENSEE AUCUNE ? 6) LES PERSONNES QUI PRODUISENT CE QUE J'ACHETE SONT-ELLES ADEQUATEMENT REMUNEREES ? BENEFICIENT-ELLES DES DROITS ELEMENTAIRES D'ORGANISATION ? DE CONDITIONS DE TRAVAIL DECENTES ? Il est en général difficile d'obtenir des réponses à ces questions. Raison de plus pour exiger de nos gouvernements des labels de qualité sociaux et écologiques (cf. question suivante) qui permettront au consommateur d'obtenir ce genre d’information. 7) DANS QUELLES CONDITIONS ECOLOGIQUES LA CHOSE ACHETEE A-T-ELLE ETE PRODUITE, TRANSPORTEE, ETC. ? 8) VAIS-JE UTILISER LE PRODUIT SUFFISAMMENT SOUVENT POUR EN JUSTIFIER L'ACHAT ? 9) LA CONSOMMATION DE CETTE CHOSE (CE PRODUIT, CE SERVICE) SE RAPROCHE-T-ELLE DE MON BUT DE VIE ? M'AIDE-T-ELLE A RENFORCER MES PRIORITES OU ME DISPERSE-T-ELLE ? 10) PUIS-JE POSSEDER ET UTILISER CETTE CHOSE SANS QU'ELLE ME POSSEDE OU M'UTILISE ? La piste vers une vie matériellement plus simple
et intérieurement plus riche est très individuelle. Tout
en ayant des implications collectives évidentes. C'est une lente
et patiente recherche de cohérence, où le cheminement se
fait dans la joie et la liberté, loin de tout sens de privation
ou de sacrifice.
Jean-Claude Nowodworsky
D'après le livre de Pierre PRADERVAND, " Découvrir les vraies richesses, pistes pour vivre plus simplement ", éditions Jouvence, Genève, 1996. Livre vendu par " SILENCE". Voir aussi SILENCE n°224. Le dernier article de Jean Zin " Les intellectuels et les citoyens ", me permet de poursuivre cette réflexion à la lecture récente de deux ouvrages qui traitent parfaitement cette problématique... En effet, l’éditorialiste du Nouvel Observateur, Jacques Julliard, vient de publier " La Faute aux élites " chez Gallimard, lecture que je recommande même si on ne le suit pas jusqu’au bout de ses thèses. Utilisant toujours le même mélange détonant de verve polémique et de compétence, il nous démontre amplement que les élites se sont coupées du peuple. Tout se passe, en France, comme si nous n’avions plus le choix qu’entre la démocratie sans le peuple (autre nom de l’élitisme), ou le peuple sans la démocratie, c’est-à-dire le populisme. Ce diagnostic de Jacques Julliard peut paraître sombre... Il me semble pourtant peu discutable. Ceux qui nous dirigent et le intellectuels en sont, du reste, parfaitement conscients. La double question : comment retrouver prise sur les hommes et les choses ? comment redevenir crédible ? est devenue leur obsession. Les dirigeants et les intellectuels ne peuvent plus se dispenser de jeter un regard critique sur eux-mêmes. Une confidence de Marcuse antérieure à 1968 a fourni l’impulsion initiale de son livre. Comme Julliard lui demandait comment il était venu, lui, le théoricien du socialisme et du mouvement ouvrier, à s’intéresser aux étudiants, étrangers et marginaux, le vieux philosophe de l’Allemagne weimarienne lui répondit : " Je suis un marxiste qui a perdu en 1917 son agent historique ", sous-entendant ainsi qu’il était à la recherche d’un autre... Le propos peut être généralisé à l’ensemble des élites françaises et à leur philosophie du progrès, que Julliard analyse en détail depuis la Révolution jusqu’à nos jours. L’alliance des élites intellectuelles, du peuple et du progrès fut la grâce apportée par la République. On comprend d’ailleurs pourquoi on célèbre dans les sphères officielles le mythe fédérateur et rédempteur de l’esprit républicain... Mais ces élites se sont enfermées dans la reproduction d’un modèle conformiste et narcissique qui trouve, selon lui, leur apothéose à l’E.N.A. Albert Jacquard avait, à sa manière, rejoint cette analyse lors de sa conférence figeacoise au Centre Culturel... Plus gravement, sentant le peuple leur échapper, voyant le prolétariat disparaître, les intellectuels se sont approprié de nouveaux " agents historiques " : le délinquant, l’immigré, l’exclu... Ils ont cru donner des gages au populisme en se faisant antisécuritaires, antiéconomistes, antieuropéens, antiprogressistes et différentialistes, sans voir que leur " aristopopulisme " creusait davantage encore le fossé qui les séparait des masses. Résultat : " l’affirmation durable du Front National dans le paysage politique français est le prix que nous payons pour l’incompréhension qui s’est installée entre les élites progressistes et le peuple. " Que faire ? Prendre acte, d’abord, du renouveau, sous une forme culturelle, de la lutte des classes et d’une citoyenneté responsable sans complaisance. Mais gare à une radicalité non comprise qui creuserait davantage le lit du populisme ! Quant à la solution social-démocrate, elle ne marche pas : ce modèle épuisé apparenterait plutôt les intellectuels progressistes " aux bourgeois libertaires du début du siècle ". Il y a urgence ensuite, face au déclin de la représentation et à l’émergence de la démocratie d’opinion, de renoncer aux illusions du progrès, d’un productivisme destructeur quand nous voyons partout régression identitaire, discriminations et replis individualistes... Le partage du pouvoir, la démocratie permanente, sont, selon Julliard, à assumer et à construire. Les intellectuels doivent sortir de leur forteresse et " passer de l’autre côté du miroir ". La pétition des cinéastes contre la Loi Debré et le projet Chevènement sont les prémices d’un changement de comportement bien qu’encore très marginal chez les intellectuels... Au moment de refermer ce livre, j’ai rouvert le remarquable essai " Les intellectuels existent-ils ? ", paru aux éditions Bayard, de Louis Bodin, un des maîtres de l’histoire des idées politiques. Cet ouvrage dense stimule la réflexion, éclaire et prolonge très heureusement l’analyse de J. Julliard. L’intellectuel ne peut plus, conclut Bodin, se distinguer de la société civile. Son regard sur le monde ne peut plus se dissocier de celui que les autres portent sur lui et de celui qu’il porte sur lui-même. C’est en ce sens que sa critique peut porter ses fruits, dans la mesure où elle l’inclut lui-même dans son analyse... Ainsi Julliard et Bodin invitent-ils les élites intellectuelles à modifier leurs attitudes..., c’est une des conditions fondamentales de toute légitimité. Les philosophes du XVIIIème siècle y ont mis leur foi. Les républicains y ont puisé leur force. Si nos intellectuels ont perdu leur crédit, c’est parce qu’ils ont cessé d’y croire, qu’ils ont adapté leurs discours au système, perdant ainsi le souffle nécessaire de la subversion et de la résistance. Ne négligeons pas ce débat essentiel pour nous les écologistes. On ne peut construire ni s’inscrire dans une logique de société plus juste et de qualité de vie pour tous et pour les générations futures, s’il n’y a pas un projet et une volonté culturelle à vocation majoritaire. C’est le fondement à toute amélioration qualitative, au sens large, de nos vies. Les intellectuels avec les citoyens doivent y prendre toute leur place. Antoine Soto
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Un ancien film de " science-fiction " débutait par des images représentant des " humanoïdes " répartis de part et d’autre d’un point d’eau… Fiction ? Deux possibilités se présentaient : soit gérer en commun, préserver et partager l’eau, soit conquérir par la force cette richesse. La deuxième voie l’a emporté, au détriment de l’eau. Bien des millénaires après, de nos jours, nous sommes toujours sur cette deuxième voie : pétrole, bois exotiques, matières premières, points d’eau sont encore conquis par la force. L’aspect de cette force a peut-être changé mais qu’elle soit brutale, économique, compétitive, c’est toujours au détriment de notre planète. Vu de loin, par nos voisins extra-terrestres, notre vaisseau spatial Terre doit ressembler à une petite boule couverte de morpions hargneux se battant pour conquérir quelques poils. Comment auraient-ils le désir de nous rendre visite ? Carlo Oliva
Chers amis, J’ai savouré le petit texte de Jean sur " les intellectuels et les citoyens ", par contre, pas d’accord sur le paragraphe concernant, dans " Nuits et brouillards ", Tony Blair : ce n’est pas un individu qui peut remplacer un peuple dans la maîtrise de son destin (?). Ni Dieu, ni sauveur suprême reste d’actualité et comme il est dit dans l’article sur les intellectuels, pas de pasteur devant et de brebis derrière. Et puis, rien ne me fait penser qu’en Angleterre, le règne du fric ait tendance à disparaître, bien au contraire : voir la lutte des dockers de Liverpool depuis 2 ans. Blair ne veut rien savoir sur les syndicats cassés par Thatcher et n’envisage pas de redonner un pouvoir quelconque aux syndicats. D’accord sur l’analyse des 35 heures à la Jospin et des emplois Aubry. Concernant des alliances avec le PS et le PC aux régionales et cantonales, ma réponse est nettement NON ! Il faut savoir tirer les conséquences politiques de nos analyses. Jean-Luc Morestin pose des questions, les bonnes. La réalité me fait répondre que les socialistes ne font pas ce qu’ils disent, donc pas d’alliance possible. Très bon papier de Soto sur la Navigabilité du Lot. Il faut être ferme là-dessus. Si, par malheur, Voynet donne son soutien à ce projet, pour moi ce serait une cause de recul par rapport aux Verts : je prendrais mes distances, tout en restant écologiste. Jean-Claude Nowodworsky
Il faudrait faire un historique, celui du cinéma de Figeac ; nous le laisserons aux professionnels et élus du secteur culturel de la ville. Nous, le cinéma fait partie de notre vie et surtout de nos désirs et de notre culture. Nous ? C’est des gens qui aujourd’hui habitent Figeac et autour. Des gens qui partagent certaines parcelles de culture. Des gens qui restaient sur leur faim d’une certaine culture. Des gens qui aiment le 7ème art dans sa diversité, sa complexité, son authenticité. Des gens presque nés avec cet art qui a cent ans. Qui l’ont connu ailleurs et qui ne retrouvaient pas ici toutes ses facettes. Affamés de ce cinéma-là, ils se sont rencontrés, ils ont demandé aux acteurs-décideurs de les nourrir. Ils ont proposé un menu : des films d’auteurs, des œuvres d’hier, d’avant-hier et d’aujourd’hui. Des films qui parlent de chez nous et de chez eux. Des films en couleur, en noir et blanc, en français et dans toutes les langues. Les décideurs se sont laissés " en-bobiner " par les idées de ces gens-là. Ces affamés de cinéma qui ont appelé leur proposition : " Ciné BOBINES ". Maintenant, c’est tous les dimanches à 18 heures en hiver (après on verra) et les lundis à 20 heures 30, que Ciné BOBINES donne à manger aux cinéphiles du figeacois. Ciné BOBINES
Dans ce numéro Nelly Beaufour Lorenzo Max Roumigor Bernard Yvert Fabien Seguier Ecologie et Capitalisme |
Il y a maintenant dix-huit mois que le projet de ligne électrique THT vers Cahors a été réactivé sous l'autorité de M. le préfet du Lot. Depuis le début, nos associations soutiennent, arguments à l'appui, que ce projet démesuré aurait des effets désastreux sur l'environnement et l'économie agricole et touristique du Quercy. Avec les élus (maires, conseillers généraux et régionaux, députés), avec les producteurs (vins AOC Cahors, Coteaux du Quercy, melon, chasselas de Moissac, truffe, etc.) nous proposons des solutions alternatives que nous rappelons ici :
Madame Voynet, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, a formellement accepté de recevoir une délégation associative lors d'une toute prochaine visite dans le Lot. Les députés, qui l'ont rencontrée à Paris, rapportent des propos qui semblent aller dans le bon sens et qu'il faudra bien sûr confirmer. Mais chacun sait que toute décision dépend aussi du ministre de l'Industrie, ministre de tutelle d'EDF, étrangement silencieux jusqu'ici. Après la précipitation passée, nous pensons qu'un tel attentisme (calculé ?) ne sert pas l'intérêt général. La mise en route d'un plan de maîtrise de l'énergie et surtout la rénovation des lignes existantes (câbles plus performants) auraient dû commencer depuis des mois, écartant définitivement tout risque de panne et assurant une excellente qualité d'alimentation sur le réseau électrique lotois. Dans ces conditions, tout incident technique qui pourrait survenir cet hiver serait à mettre au compte des responsables du dossier qui tergiversent et n'acceptent pas l'idée de renoncer à la ligne THT. Voilà pourquoi, plus que jamais,
nous demeurons vigilants et mobilisés.
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Comité de rédaction : Catherine Alcouloumbré, Nelly Beaufour, Pascal Mallet, Jean-luc Morestin, Max Roumigor, Jean Zin. |
Feuille Verte No 3 |