Feuille Verte No 3
Feuille Verte No 5 
 
Novembre (Décembre) 1997                                                                                Numéro. 4 

 La petite feuille Verte 
Bulletin des Verts du Lot

L'en Vert du Lot  
 
Aux armes, citoyen !

Tout va bien. Tout le monde est content. Le Krach boursier n’a pas été trop catastrophique. La grève annoncée des routiers n’a pas été trop longue et le gouvernement Jospin monte dans les sondages à 60% ! Mais on a vu un ministre communiste allié à un syndicat étatisé (la CFDT) dans le vieux rôle du briseur de grève. 

Tous ceux " qui ont de la chance " sont impatients de profiter de la reprise (!), de l’Euro (!!), de l’an 2000. A côté de cette surclasse, les zentrops, comme les appelle Jacquard, restent sur le carreau. Il n’y a plus grand-chose à attendre sur le plan du chômage, en l’absence de toute dynamique sociale qu’on ne peut imputer qu’au gouvernement hélas ! 

Il faut avoir honte, " rendre la honte encore plus honteuse " ! 

 
Distribution par Cardon 
Un employé ? Enclenchez, c'est tout.
 
 
Joyeux Noël 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
La situation politique
 
Fini de rire

Le candidat était honnête, l’accord électoral sur les 35 heures tout de suite et 32 heures à la fin de la législature était prometteur, la condamnation de la droite xénophobe nécessaire, la percée écologiste inespérée... Dream is over, le rêve est fini, on est revenu à la dure réalité de l’impuissance politique, au conservatisme fondamental de la société et à la soumission aux marchés. Bien que des études sociologiques montrent le refus des Français d’une société dure à l’américaine, c’est bien pourtant cette société qui a encore majoritairement une vie confortable (mais pour combien de temps ? Il y a déjà plus de 30% de précaires !) et qui refuse de renoncer au moindre privilège pour aider ses concitoyens.  

Albert Jacquard nous rappelle qu’il est insupportable de considérer des êtres humains comme inutiles, des " zentrops ", charge pour la société, existences concédées. Surtout que les critères qui s’appliquent là sont ceux de la pure efficacité économique immédiate, et la plus sordide. Il n’y a plus vraiment de droits s’il n’y a pas de droit de vivre, qui est aussi un droit au logement, aux soins et un droit au revenu.  

Le conflit des routiers nous ramenait à la dure réalité de ces professions hors droit, depuis la déréglementation, bien loin des 35 h maintenant mythiques. Il faut bien se rendre compte, là surtout, qu’on a besoin que les routiers aiment la vie afin qu’ils respectent la nôtre sur les routes ! Il est d’autant plus scandaleux de voir, encore une fois, les soi-disant élus des ouvriers et un syndicat ouvrier éteindre une grève si juste avec un résultat si ridicule. Il faut mettre encore au compte de l’intolérable le nouveau discours, si habile, des Socialistes sur la sécurité, comme si l’insécurité n’était pas liée à l’absence de société, de solidarité, à la production de la misère et de l’exclusion. On sait depuis Hobbes, un philosophe anglais du XVIIème siècle, que la politique doit tenir compte du fait que tout homme peut tuer tout homme et que seule une société juste qui protège chacun peut se guérir de la criminalité. Les valeurs du conservatisme triomphent sous la bonhomie de Jospin, qu’attendons-nous pour réveiller cette choquante satisfaction ? Les lumières de Noël vont s’allumer avec leur cortège de bons sentiments mais le sort des sans-logis sera encore dur cette année, et le sort de millions de chômeurs et précaires ne vaudra guère mieux.  

Les fêtes de fin d’année apparaissent comme les fêtes de la consommation, mais ce n’est pas tant la fête de la marchandise que celle du don et elles s’apparentent plutôt aux destructions du Potlatch (Mauss). Cette débauche de consommation peut bien paraître choquante à toute cette misère du monde exilée au cœur de nos cités, rejetée de l’humanité.  

C’est à côté de ces déshérités qu’il nous faut être, de ceux qu’on traite en déchets de l’humanité, et cela rend bien dérisoires les soucis politiques quotidiens. Si la présence au gouvernement ne permet pas d’influer plus sur les événements, la présence au conseil régional semble bien dérisoire surtout dans les conditions où s’annoncent les tractations avec les socialistes. Il faudrait plutôt se retrancher dans une opposition radicale comme les zapatistes du Chiapas contre ce désordre établi.  

Pourtant, tout nous annonce que la situation ne pourra pas durer longtemps ainsi. Aux experts qui annonçaient un monde de croissance continue, ont succédé, après le krach boursier, des experts qui expliquent l’irrationalité des marchés et rétablissent le caractère cyclique des économies.  

La conférence de Kyoto attire de nouveau l’attention sur les enjeux planétaires du réchauffement de la planète. Ce réchauffement étant catastrophique, il faut l’éviter à tout prix. Or, les Américains sur ce point se font, tout à coup, très soucieux pour le chômage, eux qui ne s’en préoccupent guère, sauf quand le chômage est trop bas et favorise la hausse des salaires, ce qui effraie la Bourse. Il s’agit d’un enjeu de survie, qui finira bien par s’imposer, mais que l’insouciance irresponsable veut reculer le plus possible, comme on reculerait les limites de la bêtise.  

Malgré ce bilan catastrophique du capitalisme, le livre noir du communisme permet à la droite de jouer les vierges effarouchées en reprenant les thèses méprisables de François Furet (dans " Le passé d’une illusion ") allant jusqu’à excuser le nazisme comme réaction au communisme ! Il n’y a bien sûr aucune indulgence à avoir envers les régimes staliniens criminels. Il faut dénoncer les pratiques autoritaires à la base du léninisme et il faut critiquer ce qui chez Marx lui-même a permis cette perversion (principalement cette notion mythique de propriété collective des moyens de production qui a produit sa bureaucratie, ainsi que la prétention, trop hégélienne ou chrétienne, d’une fin de l’histoire proche du royaume de Dieu réalisé sur terre). Il ne faut pas avoir lu Marx pour croire que sa philosophie se réduit à ces ratés, pas plus que Platon ne se réduit à son utopie totalitaire de " la République ". Il faut être sans pitié contre les bureaucrates comme tout autre oppresseur mais il n’y a pas grand sens à additionner des morts que seul rassemble le caractère dit communiste du régime. Pourquoi ne procède-t-on pas au compte des morts du capitalisme, qui sont innombrables. Est-ce parce que le capitalisme, ça n’existe pas, c’est la nature ? Les guerres coloniales et mondiales sont clairement celles du capitalisme, et si le nazisme est bien une réaction contre le marxisme-léninisme, le marxisme est lui-même une réaction contre les horreurs du capitalisme dont nos moralistes de droite se lavent les mains avec indécence. Or le massacre continue, celui des guerres du pétrole et du diamant, la déchéance du chômage et de la misère, le gaspillage de nos ressources les plus précieuses (l’eau, l’air). Ce monde n’est pas durable, les capitalistes devront bien se faire à la fin de leur monde, car la dure réalité n’oublie rien de leurs nuisances malgré toutes leurs dénégations.  
   

   

La vie des Verts
  Les réunions sont fastidieuses et ne sont pas suffisantes. Il faut des actions mais il est difficile de tout faire, étant donné notre petit nombre – même si on grandit – et l’existence d’un bulletin nous semble un préalable à une véritable vie militante. 

La multiplication des réunions, aussi bien à Cahors, qu’à Figeac ou Montauban, nous a fait abandonner la publication des comptes rendus qui sont distribués séparément sur demande. 

L’Assemblée générale des Verts du Lot a eu lieu le 15 novembre 1997 à Figeac. Après avoir abordé les dossiers locaux, il a été décidé de se présenter sur une liste autonome aux régionales (Antoine Soto se propose en tête de liste). Un nouveau bureau a été élu, ou plutôt désigné car, par manque de temps le vote n’a pas vraiment eu lieu ! Nos deux porte-parole sont Nelly Beaufour et Jean Zin, trésorier : Jean-Luc Morestin, secrétaire : Patrice Kruptka. Les 3 autres membres du bureau sont Jean-Paul Dubonnet, Lounis Bourad et Nicolas Chambaret. 


L’assemblée régionale 
du 22 novembre 1997
  
Etat de la région

Les élections législatives anticipées ont assez perturbé le fonctionnement des Verts Midi-Pyrénées. Le besoin d'étoffer le bureau régional se fait ressentir, ainsi que l'amélioration de la communication interne. Les rapports avec les médias sont difficiles, notamment du fait du monopole de La Dépêche. 

Les élections législatives ont été considérées, par une majorité, comme une victoire politique, mais pas comme une victoire électorale. Elles amènent des difficultés financières qui vont être soldées par un emprunt national. 

Les élus au Conseil Régional ont souligné l'impossibilité de faire avancer les choses avec l'actuelle majorité de droite. Celle-ci, par exemple, n'investit rien sur les " emplois jeunes ", a cessé tout travail sur le schéma régional d'aménagement du territoire. 
 

Débat sur la situation politique

Deux tendances existent : 

– La " méthode Jospin " doit nécessiter de notre part une appréciation critique. Malgré quelques avancées, sur le fond rien n'a réellement changé. Le projet sur les 35 heures, les projets Chevènement/Guigou, ne respectent pas l'esprit des accords Verts/PS. On nous attend trop sur ces points pour rester suiviste par rapport au gouvernement. 

– Il y a beaucoup de raisons d'être satisfait et insatisfait. Il est prématuré de renoncer à notre participation gouvernementale. Celle-ci doit nous permettre de faire avancer des dossiers, de faire entendre notre voix et de nous crédibiliser.  
 

Bilan des négociations

Les travaux de la commission nationale stratégie et de la commission régionale stratégie déboucheront sur un cadrage national, mais les décisions seront prises dans les régions et les départements. 

Les rencontres avec les composantes de la majorité plurielle n'ont pour l'instant pas eu de résultat concret. On ne peut que constater que le PS est très réticent à nous laisser des places en position éligible. En cas d'échec des négociations, les départements sont prêts à constituer des listes autonomes et ouvertes. 
 

Stratégie pour 98

Les deux tendances tirent donc des conclusions opposées : 

– Constituer des listes autonomes et ouvertes, présenter des candidats aux cantonales là où c'est possible. 

– Rechercher au maximum des possibilités d'alliance avec le PS, le PC, le PRS. 

Un vote indicatif de l'assemblée générale a donné 43% des voix à l'autonomie et 57% des voix à la recherche d'alliances.  

Enfin, un nouveau bureau régional a été élu. 

Jean-Luc Morestin

Prochaine réunion : 
mardi 2 décembre 1997, 20h30, à Figeac
Salle des permanences, ancien CES
 
 
 
 Victoire des Verts !
 
Livres 


LivresDécouvrir les vraies richesses, pistes pour vivre plus simplement. 
Pierre Pradervand.
 
ECOLOGIE ET NOTION DE BESOIN

Il ne s'agit pas ici d'un texte exhaustif sur les besoins humains d'aujourd'hui. Je pose seulement quelques questions et donne quelques pistes afin peut-être de modifier notre propre comportement de consommateur. Ce texte s'adresse évidemment à tous mais surtout à ceux qui dans notre société dite développée ont déjà un certain niveau de consommation. Ne sont pas concernés directement les exclus, les précaires, les chômeurs, tous ceux qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, en France et dans le monde. 

Pour moi, l'écologie c'est avant tout un processus de changement de civilisation, changement qui dépasse le seul niveau de la société. Changement de notre mode de vie et de nos priorités. Simplification de la vie loin de l'uniformité, de l'austérité. Quand on simplifie sa vie, l'impact bénéfique se répercute sur au moins cinq plans : l'environnement, la santé, la solidarité internationale et locale, les finances et la cohérence individuelle. C'est en répondant aux questions qui vont suivre que vous pourrez vérifier vous-mêmes ces impacts bénéfiques. 
  

JALONS VERS LA SIMPLICITE

Dans une société où chacun est soumis quotidiennement à des pressions constantes, psychologiques, familiales, sociales, matérielles, le poussant à surconsommer (besoins induits), certaines règles simples permettent de passer du statut de COZOT (consommateur zombie télécommandé) à celui de consommateur alerte et conscient. Les dix suggestions qui suivent ne constituent en rien les dix commandements du consommateur politiquement correct, mais simplement des jalons que certains trouvent utiles sur cette trajectoire de cohérence qui les mène vers une vie plus simple et plus joyeuse. En effet, des consommateurs alertes et conscients constituent une des forces de transformation les plus puissantes de la planète. Chaque fois que nous faisons un achat, nous votons avec notre porte-monnaie pour un certain type de société. " Celui qui veut faire quelque chose trouve un moyen, celui qui ne veut rien faire trouve une excuse ", dit un proverbe arabe. L'application des dix questions suivantes constitue un premier moyen. Elles tiennent compte de notre nécessaire solidarité avec la planète entière et tous ses habitants. On ne simplifie pas sa vie dans la tour d'ivoire de sa seule petite existence personnelle. 

1) EN AI-JE VRAIMENT BESOIN ? Aucune autre question, appliquée systématiquement à chaque achat, aidera plus une personne à transformer ses habitudes de consommation. Elle peut s'appliquer autant à la visite chez le médecin qu'à l'achat du dernier CD de votre groupe musical préféré. Plus vous la poserez, plus vous réfléchirez en profondeur à ce qu'est un vrai besoin. 

2) POURQUOI EST-CE QUE J'ACHETE CECI ? Quels sont les mobiles qui me poussent à acheter ? Un manque affectif ? Un désir de statut social ? Une pub maligne ? 

3) QUEL IMPACT CET ACHAT AURA-T-IL SUR MES PETITS-ENFANTS ? Est-il juste qu'ils aient à payer les pots cassés de notre insouciance de consommateurs endormis ? 

4) RETIRERAI-JE DE CET ACHAT UN PLAISIR PROPORTIONNEL AUX RESSOURCES UTILISEES POUR LE FABRIQUER ? Ces ressources sont de deux ordres : mon énergie de vie (que je vends contre mon salaire) et les ressources de la planète. 

5) PUIS-JE CONSACRER A SA CONSOMMATION LE TEMPS NECESSAIRE, ET CELA SANS ARRIERE-PENSEE AUCUNE ? 

6) LES PERSONNES QUI PRODUISENT CE QUE J'ACHETE SONT-ELLES ADEQUATEMENT REMUNEREES ? BENEFICIENT-ELLES DES DROITS ELEMENTAIRES D'ORGANISATION ? DE CONDITIONS DE TRAVAIL DECENTES ? Il est en général difficile d'obtenir des réponses à ces questions. Raison de plus pour exiger de nos gouvernements des labels de qualité sociaux et écologiques (cf. question suivante) qui permettront au consommateur d'obtenir ce genre d’information. 

7) DANS QUELLES CONDITIONS ECOLOGIQUES LA CHOSE ACHETEE A-T-ELLE ETE PRODUITE, TRANSPORTEE, ETC. ? 

8) VAIS-JE UTILISER LE PRODUIT SUFFISAMMENT SOUVENT POUR EN JUSTIFIER L'ACHAT ? 

9) LA CONSOMMATION DE CETTE CHOSE (CE PRODUIT, CE SERVICE) SE RAPROCHE-T-ELLE DE MON BUT DE VIE ? M'AIDE-T-ELLE A RENFORCER MES PRIORITES OU ME DISPERSE-T-ELLE ? 

10) PUIS-JE POSSEDER ET UTILISER CETTE CHOSE SANS QU'ELLE ME POSSEDE OU M'UTILISE ? 

La piste vers une vie matériellement plus simple et intérieurement plus riche est très individuelle. Tout en ayant des implications collectives évidentes. C'est une lente et patiente recherche de cohérence, où le cheminement se fait dans la joie et la liberté, loin de tout sens de privation ou de sacrifice. 
 

Jean-Claude Nowodworsky
  

D'après le livre de Pierre PRADERVAND, " Découvrir les vraies richesses, pistes pour vivre plus simplement ", éditions Jouvence, Genève, 1996. Livre vendu par " SILENCE". 

Voir aussi SILENCE n°224. 

Les élites contre le peuple ?

Le dernier article de Jean Zin " Les intellectuels et les citoyens ", me permet de poursuivre cette réflexion à la lecture récente de deux ouvrages qui traitent parfaitement cette problématique... 

En effet, l’éditorialiste du Nouvel Observateur, Jacques Julliard, vient de publier " La Faute aux élites " chez Gallimard, lecture que je recommande même si on ne le suit pas jusqu’au bout de ses thèses. Utilisant toujours le même mélange détonant de verve polémique et de compétence, il nous démontre amplement que les élites se sont coupées du peuple. Tout se passe, en France, comme si nous n’avions plus le choix qu’entre la démocratie sans le peuple (autre nom de l’élitisme), ou le peuple sans la démocratie, c’est-à-dire le populisme. 

Ce diagnostic de Jacques Julliard peut paraître sombre... Il me semble pourtant peu discutable. Ceux qui nous dirigent et le intellectuels en sont, du reste, parfaitement conscients. La double question : comment retrouver prise sur les hommes et les choses ? comment redevenir crédible ? est devenue leur obsession. Les dirigeants et les intellectuels ne peuvent plus se dispenser de jeter un regard critique sur eux-mêmes. 

Une confidence de Marcuse antérieure à 1968 a fourni l’impulsion initiale de son livre. Comme Julliard lui demandait comment il était venu, lui, le théoricien du socialisme et du mouvement ouvrier, à s’intéresser aux étudiants, étrangers et marginaux, le vieux philosophe de l’Allemagne weimarienne lui répondit : " Je suis un marxiste qui a perdu en 1917 son agent historique ", sous-entendant ainsi qu’il était à la recherche d’un autre... 

Le propos peut être généralisé à l’ensemble des élites françaises et à leur philosophie du progrès, que Julliard analyse en détail depuis la Révolution jusqu’à nos jours. L’alliance des élites intellectuelles, du peuple et du progrès fut la grâce apportée par la République. On comprend d’ailleurs pourquoi on célèbre dans les sphères officielles le mythe fédérateur et rédempteur de l’esprit républicain... Mais ces élites se sont enfermées dans la reproduction d’un modèle conformiste et narcissique qui trouve, selon lui, leur apothéose à l’E.N.A. Albert Jacquard avait, à sa manière, rejoint cette analyse lors de sa conférence figeacoise au Centre Culturel... 

Plus gravement, sentant le peuple leur échapper, voyant le prolétariat disparaître, les intellectuels se sont approprié de nouveaux " agents historiques " : le délinquant, l’immigré, l’exclu... Ils ont cru donner des gages au populisme en se faisant antisécuritaires, antiéconomistes, antieuropéens, antiprogressistes et différentialistes, sans voir que leur " aristopopulisme " creusait davantage encore le fossé qui les séparait des masses. 

Résultat : " l’affirmation durable du Front National dans le paysage politique français est le prix que nous payons pour l’incompréhension qui s’est installée entre les élites progressistes et le peuple. " 

Que faire ? Prendre acte, d’abord, du renouveau, sous une forme culturelle, de la lutte des classes et d’une citoyenneté responsable sans complaisance. Mais gare à une radicalité non comprise qui creuserait davantage le lit du populisme ! Quant à la solution social-démocrate, elle ne marche pas : ce modèle épuisé apparenterait plutôt les intellectuels progressistes " aux bourgeois libertaires du début du siècle ". 

Il y a urgence ensuite, face au déclin de la représentation et à l’émergence de la démocratie d’opinion, de renoncer aux illusions du progrès, d’un productivisme destructeur quand nous voyons partout régression identitaire, discriminations et replis individualistes... Le partage du pouvoir, la démocratie permanente, sont, selon Julliard, à assumer et à construire. Les intellectuels doivent sortir de leur forteresse et " passer de l’autre côté du miroir ". La pétition des cinéastes contre la Loi Debré et le projet Chevènement sont les prémices d’un changement de comportement bien qu’encore très marginal chez les intellectuels... 

Au moment de refermer ce livre, j’ai rouvert le remarquable essai " Les intellectuels existent-ils ? ", paru aux éditions Bayard, de Louis Bodin, un des maîtres de l’histoire des idées politiques. Cet ouvrage dense stimule la réflexion, éclaire et prolonge très heureusement l’analyse de J. Julliard. L’intellectuel ne peut plus, conclut Bodin, se distinguer de la société civile. Son regard sur le monde ne peut plus se dissocier de celui que les autres portent sur lui et de celui qu’il porte sur lui-même. C’est en ce sens que sa critique peut porter ses fruits, dans la mesure où elle l’inclut lui-même dans son analyse... Ainsi Julliard et Bodin invitent-ils les élites intellectuelles à modifier leurs attitudes..., c’est une des conditions fondamentales de toute légitimité. 

Les philosophes du XVIIIème siècle y ont mis leur foi. Les républicains y ont puisé leur force. Si nos intellectuels ont perdu leur crédit, c’est parce qu’ils ont cessé d’y croire, qu’ils ont adapté leurs discours au système, perdant ainsi le souffle nécessaire de la subversion et de la résistance. 

Ne négligeons pas ce débat essentiel pour nous les écologistes. On ne peut construire ni s’inscrire dans une logique de société plus juste et de qualité de vie pour tous et pour les générations futures, s’il n’y a pas un projet et une volonté culturelle à vocation majoritaire. C’est le fondement à toute amélioration qualitative, au sens large, de nos vies. Les intellectuels avec les citoyens doivent y prendre toute leur place. 

Antoine Soto
 
Courrier 

 
Le partage de l'eau

Un ancien film de " science-fiction " débutait par des images représentant des " humanoïdes " répartis de part et d’autre d’un point d’eau… Fiction ? 

Deux possibilités se présentaient : soit gérer en commun, préserver et partager l’eau, soit conquérir par la force cette richesse. La deuxième voie l’a emporté, au détriment de l’eau. 

Bien des millénaires après, de nos jours, nous sommes toujours sur cette deuxième voie : pétrole, bois exotiques, matières premières, points d’eau sont encore conquis par la force. L’aspect de cette force a peut-être changé mais qu’elle soit brutale, économique, compétitive, c’est toujours au détriment de notre planète. 

Vu de loin, par nos voisins extra-terrestres, notre vaisseau spatial Terre doit ressembler à une petite boule couverte de morpions hargneux se battant pour conquérir quelques poils. Comment auraient-ils le désir de nous rendre visite ? 

 
Carlo Oliva
 

Chers amis, 

J’ai savouré le petit texte de Jean sur " les intellectuels et les citoyens ", par contre, pas d’accord sur le paragraphe concernant, dans " Nuits et brouillards ", Tony Blair : ce n’est pas un individu qui peut remplacer un peuple dans la maîtrise de son destin (?). Ni Dieu, ni sauveur suprême reste d’actualité et comme il est dit dans l’article sur les intellectuels, pas de pasteur devant et de brebis derrière. Et puis, rien ne me fait penser qu’en Angleterre, le règne du fric ait tendance à disparaître, bien au contraire : voir la lutte des dockers de Liverpool depuis 2 ans. Blair ne veut rien savoir sur les syndicats cassés par Thatcher et n’envisage pas de redonner un pouvoir quelconque aux syndicats. 

D’accord sur l’analyse des 35 heures à la Jospin et des emplois Aubry. 

Concernant des alliances avec le PS et le PC aux régionales et cantonales, ma réponse est nettement NON ! Il faut savoir tirer les conséquences politiques de nos analyses. Jean-Luc Morestin pose des questions, les bonnes. La réalité me fait répondre que les socialistes ne font pas ce qu’ils disent, donc pas d’alliance possible. 

Très bon papier de Soto sur la Navigabilité du Lot. Il faut être ferme là-dessus. Si, par malheur, Voynet donne son soutien à ce projet, pour moi ce serait une cause de recul par rapport aux Verts : je prendrais mes distances, tout en restant écologiste. 

Jean-Claude Nowodworsky

 
CINOCHE

Il faudrait faire un historique, celui du cinéma de Figeac ; nous le laisserons aux professionnels et élus du secteur culturel de la ville. Nous, le cinéma fait partie de notre vie et surtout de nos désirs et de notre culture. 

Nous ? C’est des gens qui aujourd’hui habitent Figeac et autour. Des gens qui partagent certaines parcelles de culture. Des gens qui restaient sur leur faim d’une certaine culture. Des gens qui aiment le 7ème art dans sa diversité, sa complexité, son authenticité. Des gens presque nés avec cet art qui a cent ans. Qui l’ont connu ailleurs et qui ne retrouvaient pas ici toutes ses facettes. 

Affamés de ce cinéma-là, ils se sont rencontrés, ils ont demandé aux acteurs-décideurs de les nourrir. Ils ont proposé un menu : des films d’auteurs, des œuvres d’hier, d’avant-hier et d’aujourd’hui. Des films qui parlent de chez nous et de chez eux. Des films en couleur, en noir et blanc, en français et dans toutes les langues. 

Les décideurs se sont laissés " en-bobiner " par les idées de ces gens-là. Ces affamés de cinéma qui ont appelé leur proposition : " Ciné BOBINES ". Maintenant, c’est tous les dimanches à 18 heures en hiver (après on verra) et les lundis à 20 heures 30, que Ciné BOBINES donne à manger aux cinéphiles du figeacois. 

Ciné BOBINES


 
Dans ce numéro  
 
  • Sommet de Kyoto 

  • Nelly Beaufour  
  • Se battre et en débattre

  • Lorenzo  
  • Charlas, le barrage

  • Max Roumigor  
  • Les emplois-jeunes 

  • Bernard Yvert  
  • Bourse et Krach boursier 
  • La création d’entreprise 
  • Débat : travail et fiscalité

  • Fabien Seguier 
  • Questions  

  • Ecologie et Capitalisme 
     
     
     
     
    LIGNE THT : 
    NOUS RESTONS VIGILANTS
    (Communiqué de la Coordination
    des associations opposées à la ligne THT en Quercy)

    Il y a maintenant dix-huit mois que le projet de ligne électrique THT vers Cahors a été réactivé sous l'autorité de M. le préfet du Lot.  

    Depuis le début, nos associations soutiennent, arguments à l'appui, que ce projet démesuré aurait des effets désastreux sur l'environnement et l'économie agricole et touristique du Quercy. 

    Avec les élus (maires, conseillers généraux et régionaux, députés), avec les producteurs (vins AOC Cahors, Coteaux du Quercy, melon, chasselas de Moissac, truffe, etc.) nous proposons des solutions alternatives que nous rappelons ici :  

    • maîtrise de la demande énergétique ;
    • rénovation des trois lignes vétustes à haute tension qui convergent déjà vers Cahors ;
    • production locale d'énergie.
    Après la manifestation anti-THT du 24 mai (5.000 personnes à Cahors) et la mise en place d'un nouveau gouvernement, chacun a compris que M. le préfet du Lot suspendait le processus dans l'attente de nouvelles instructions. Ainsi, afin qu'une décision soit prise rapidement, nos associations ont cherché à établir le contact avec les ministres concernés.  

    Madame Voynet, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, a formellement accepté de recevoir une délégation associative lors d'une toute prochaine visite dans le Lot. Les députés, qui l'ont rencontrée à Paris, rapportent des propos qui semblent aller dans le bon sens et qu'il faudra bien sûr confirmer. Mais chacun sait que toute décision dépend aussi du ministre de l'Industrie, ministre de tutelle d'EDF, étrangement silencieux jusqu'ici.  

    Après la précipitation passée, nous pensons qu'un tel attentisme (calculé ?) ne sert pas l'intérêt général.  

    La mise en route d'un plan de maîtrise de l'énergie et surtout la rénovation des lignes existantes (câbles plus performants) auraient dû commencer depuis des mois, écartant définitivement tout risque de panne et assurant une excellente qualité d'alimentation sur le réseau électrique lotois. 

    Dans ces conditions, tout incident technique qui pourrait survenir cet hiver serait à mettre au compte des responsables du dossier qui tergiversent et n'acceptent pas l'idée de renoncer à la ligne THT. 

    Voilà pourquoi, plus que jamais, nous demeurons vigilants et mobilisés. 
     

     
    Moutons du Quercy. Max Roumigor
     
    Comité de rédaction : Catherine Alcouloumbré, Nelly Beaufour, Pascal Mallet, Jean-luc Morestin, Max Roumigor, Jean Zin. 

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