Le plus dangereux est le décalage entre le
discours encourageant à prendre des risques, et la rigidité,
l’inadaptation des procédures réglementaires, des impôts,
des charges sociales et des banques. Si on veut encourager la flexibilité
qui nous verrait changer d’activité plusieurs fois dans notre vie,
il faudrait au moins penser à gérer le passage d’une activité
à l’autre et les inévitables échecs ou ajustements
pouvant se produire dans ce parcours. L’inadaptation des réglementations
est flagrante aussi pour les petites activités peu rémunératrices
auxquelles sont infligées des charges sociales démesurées
(en Allemagne les emplois inférieurs à 2 000 F sont exonérés
de toute taxe). Ce n’est pas plaider pour le libéralisme que de
reconnaître l’évidence des rigidités d’une administration
conservatrice et ce n’est pas servir l’État que de refuser d’en
reconnaître les défauts.
L’exemple de l’orientation des lois est frappant
avec la logique des forfaits sociaux minima applicables la première
année de création. Cette disposition facilite les investissements
de départ et permet de dégager un bénéfice
plus rapidement la première année... si on dégage
un bénéfice ! Car, la deuxième année il y a
régularisation que vous ayez continué ou non votre activité.
Et, pour ceux qui ont déjà tout perdu, il faut payer encore
des sommes importantes plus de 9 mois après, sommes qui ne sont
pas déduites de l’impôt dû pour l’année précédente
(sans l’abattement de 20% car on suppose la dissimulation) et sont déduites
une année sans revenus... Pas plus que pour les chômeurs ne
s’arrêtent les impôts, les crédits, les loyers. Les
perdants n’intéressent personne, ils n’ont plus vraiment le droit
de vivre et peuvent être piétinés sans remords (qu’importe
puisque c’est chacun pour soi !).
Enfin, créer son entreprise c’est aussi être
confronté à la malhonnêteté, aux coups bas et
à la corruption. S’y refuser coûte souvent très cher.
Heureusement, le droit tente de s’imposer à nouveau dans " les affaires",
car l’économie a besoin d’un certain degré d’honnêteté
et de droit pour fonctionner. Mais les moralistes de l’entreprise sont
tout à fait déplacés. Ceux qui s’enrichissent ne le
doivent que rarement à leur talent, plus souvent à leur ruse,
presque jamais à leur travail. Le savoir faire n’est rien,
il faut le faire savoir, ce sont rarement les créateurs qui
récoltent les fruits de leur travail (et l’histoire de Microsoft,
entre autres, le montre de manière exemplaire).