Feuille Verte No 2 |
Octobre 1997 Numéro. 3 |
La petite feuille Verte |
L'en Vert du Lot
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35 heures, C'est limite! Très limite même. Pour les 35 heures en l'an 2000 c'est beaucoup de chômeurs encore. Aussi, il faut se battre et profiter de l'aide de l'Etat (9000 F par an) pour obtenir les 35 heures immédiatement dans les entreprises. Les régionales s'annoncent moroses, on ne peut dire pourtant qu'il n'y a pas eu des avancées significatives même s'il y a déjà beaucoup d'amertume. Car les propositions de lois sur l'immigration et la régularisation des sans-papiers, sont tout-à-fait inacceptables. Gandois monte sur ses grands chevaux mais, au nom de quoi ? Ce n'est que du théâtre pour engager les négociations en tant que plaignant. A la vérité, on a bien peur qu'il ne se soit encore rien passé et que notre vie continue a se dégrader malgré les journées de pollution où les transports sont gratuits, alors qu'ils pourraient l'être toujours au profit de tous. Les Verts se font un peu plus entendre, c'est pour l'instant un progrès, qu'il dure ! et que dure ce qui reste de la douceur préservée du Lot ! JZ
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La situation ne s'est pas éclaircie mais est plus trouble
encore. Voynet, sans réels moyens, a un statut incertain. Il y a
des avancées réelles mais de sérieuses limitations,
comme on dit en première page, " c'est très limite ", très
loin du compte, pas à la hauteur des enjeux. Le mouvement social
saura-t-il, comme en 1936, pallier à l'impuissance des gouvernants
?
Jospin n'a rien non plus d'un révolutionnaire. Les résultats de la conférence sur la réduction du temps de travail sont on ne peut plus " raisonnables ". Il ne pouvait être obtenu plus par le gouvernement sans un fort mouvement social. La diversité des situations rendait cette souplesse nécessaire mais si on ne va pas plus vite, c'est l'efficacité de la mesure qui est en jeu. La mobilisation est maintenant indispensable pour faire passer les 35, voire les 32 heures, tout de suite dans les entreprises en profitant des aides de l'Etat, c'est urgent même dans les entreprises de moins de 10 salariés. Mais sentir que cela dépendra de nous, c'est déjà l'appel à la reconstruction d'une citoyenneté active, comme le montre l'adhésion populaire à la campagne d'alerte contre la pollution de l'air à Paris. Après les grèves de 1995, c'est encore le désir de manifestation des intérêts de la communauté qui prend le dessus des petits intérêts personnels. On ne peut que se réjouir donc que le patronat durcisse le débat et réveille la " Lutte des classes ", ce qui devrait développer la solidarité et la combativité pour remettre à une plus juste place les prétentions des financiers et industriels face à la démocratie. En tout cas le débat pour savoir si la réduction du temps de travail faite dans ces conditions fera gagner ou perdre des emplois me semble se résumer à ce qu'il n'aura aucun effet sauf à réussir à déclencher le magique effet de confiance (par déclic psychologique !) ou un véritable mouvement social. Le plan emplois jeunes ne fera pas plus de merveilles que la réduction de la durée du travail en l'an 2000. La généralisation des CES déconsidère les soi-disant avancées de ces " nouveaux emplois ". Il faut d'abord faire des CES existants de véritables emplois. Mais y aura-t-il tout le temps du travail ? ou assiste-t-on à la " Fin du travail " ? Au moins à une mutation radicale avec de nombreux laissés pour compte. Chacun est persuadé que le chômage, la précarité, la flexibilité vont continuer à progresser et notre vie à se dégrader. La loi sur l'immigration fait encore stupidement le jeu d'une droite qu'elle espère amadouer en vain, certains intellectuels se déconsidérant en s'identifiant au pouvoir. Les militants ont plutôt la gueule de bois et l'atmosphère est à la démobilisation alors qu'il faudrait réagir. A vouloir être trop critique, ou trop global, on risque de ne rien faire que subir : "Le simple refus de la survie condamne à l'impuissance" Pendant tout ce temps-là, entre les remous de l'affaire Léotard et de l'affaire Papon, l'Algérie connaît une boucherie quotidienne. Le procès Papon, qui devrait nous rappeler le devoir de désobéissance, montre surtout l'inégalité devant la justice mais il permet de mettre enfin au jour les massacres du 17 octobre 1961. Devant tant d'horreurs, il est certes difficile de comprendre et
d'accepter les règles du monde et de la politique, cela n'en diminue
pas la nécessité de résistance et d'opposition. Il
faut se replonger dans ce théoricien implacable que fut Guy Debord
et qui est bizarrement à la mode avec la parution de plusieurs
livres. Les beaux jours reviendront.
J.Z.
"Nous en avons assez des tergiversations et des atermoiements de tous ces responsables élus par nous qui nous déclarent irresponsables lorsque nous leur rappelons les promesses qu'ils nous ont faites. Nous en avons assez du racisme d'Etat qu'ils autorisent " Ce n'est pas moi qui l'ai écrit, mais Pierre Bourdieu en introduction d'un article paru dans les Inrockuptibles (n°121, 8 oct. 97). Et j'ai l'impression que j'aurai pu l'écrire. En tout cas, je le pense très fort (des fois même que ça s'entend), et je ne suis pas la seule. Donc comme lui, j'en ai marre d'être traitée d'irresponsable par des hommes qui ne se souviennent plus de leurs promesses datant d'un mois. Promesses ? Plutôt des engagements de responsables, qui plus est élus ! Ce qu'ils énonçaient comme raisonnable passe dans la marginalité à l'heure de prendre, justement, ses responsabilités. Les promesses prennent soit un air romantique, nostalgique, soit révolutionnaire irréaliste. En tout cas, elles ne sont plus que les os donnés à ronger à ces différentes catégories d'irresponsables. Adélaïde
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La réunion du 22 septembre à Cahors montre que les Verts de Cahors se reconstituent. Il restait peu de militants actifs après les cafouillages écologistes de ces dernières années et notre candidat aux dernières élections, Nicolas Chambarret, est pour l'instant plutôt toulousain (noter d'ailleurs son numéro de téléphone qui corrige celui donné le mois dernier : 05 61 23 68 60). La prochaine réunion à Cahors le 27 octobre revêt une importance particulière car il s'agit de préparer la venue de Voynet à Cahors le 10 Novembre pour lancer un projet contestable de " développement durable " : la navigabilité du Lot, alors que les berges ne sont pas adaptées aux remous des bateaux à moteur censés être un loisir d'avenir (voir ci-contre). Il y a bien sûr aussi le dossier de la THT, ainsi
que l'usine de Turenne où son ministère devrait peser.
Les régionales verront, selon toute vraisemblance, un accord avec le PS, au moins pour notre région où la proportionnelle ne joue pas vraiment dans les départements peu peuplés. Les militants digèrent mal cependant une alliance que dicte la raison, ou plutôt la comptabilité électorale. Mais le coeur ne saurait y consentir tant on doit la situation actuelle à ceux qu'il nous faut soutenir maintenant parce qu'ils font une politique moins pire que la droite ! Le pire, pourtant, est bien que ce ne soit pas toujours sûr, pour l'immigration au moins. JZ
Nous avons beaucoup de mal à nous faire entendre du ministère et de Voynet.
Bravo Dominique pour les choix ! Est-ce vraiment un projet de développement durable ? Les Verts ne l'ont jamais soutenu. A toutes les élections (législatives, régionales de 92) nous l'avons pourfendu et dénoncé vertement dans toutes nos professions de foi. En effet :
Antoine Soto
Le dernier CNIR a entériné la volonté des Verts d'aboutir à la constitution de listes de la " majorité plurielle " avec cependant quelques exigences :
Au niveau régional, nous avons rencontré une délégation du PC qui lui aussi veut donner une nouvelle majorité à la région, mais ne veut pas entendre parler d'accord pour les cantonales. Ce sont leurs structures départementales qui prendront la décision finale. Dans les différents départements, les contacts se poursuivent ; nous constatons que le PS semble attendre son congrès, en novembre, pour se prononcer. Dans le Lot, les composantes de la majorité gouvernementale ne paraissent pas très enthousiastes pour nous rencontrer. Jugeons-nous que des projets gouvernementaux tels que
ceux proposés par J.P. Chevènement sur l'immigration ou par
Martine Aubry sur la réduction du temps de travail sont conformes
à l'accord Verts/PS pour les élections législatives?
Nous permettent-ils d'envisager une liste commune? Les adhérents
du Lot vont devoir se prononcer à la prochaine assemblée
régionale du 22 novembre.
Jean-Luc Morestin
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Les raisins de la galère de Tahar Ben Jelloun : une saveur amère. Pourquoi parler d'un livre de Tahar Ben Jelloun, un écrivain français parmi les plus connus et acceptés? Dans ce roman, écrit à partir de témoignages et d'un rapport de chercheurs, Tahar Ben Jelloun nous plonge dans une réalité amère, difficile et désespérée : la réalité des jeunes beurs de la "deuxième génération". Leurs parents ont fui le pays natal, se sont installés en France, ont même trouvé du travail et eux sont nés français. Mais ils ne peuvent évincer leur image ambiguë comme l'évoque Nadia, " la beurette de service ", narratrice lucide et sans espoir qui prophétise " n'oublie pas une chose, n 'oublie jamais ; où que tu ailles, quoi que tu fasses et dises, tu seras toujours renvoyée à tes racines. Tu es kabyle, on te prendra pour une arabe, alors même que tu es citoyenne de France. Tu ne seras jamais française. Notre terre couvre notre peau, masque notre visage". Cette exclusion de la différence, Nadia la relate quelle que soit l'évocation de son vécu : les enfants sans espoir et sans avenir qui dévalisent la caisse municipale, l'assassinat d'un jeune maghrébin, les filles finissant par se prostituer ou bien celles que l'on renvoie au pays pour les préserver du diable et son père adoré, complice et confident ; ouvrier de l'automobile qui comme dans un rêve réussit à bâtir sa maison " belle, insolite. Une maison toute blanche, aux murs irréguliers... une vraie maison avec beaucoup de fenêtres, c'était, pour les gens de la mairie, une véritable provocation ". D'ailleurs, le maire communiste ne tarde pas à mettre fin au rêve. La famille de Nadia expulsée doit aller vivre au milieu de ses semblables dans les H.L.M. et la maison détruite laisse place à un supermarché. Nadia révoltée et indignée relève amère : " les communistes se sont toujours battus pour que l'intérêt du plus grand nombre passe avant celui du particuliers ". De ce côté-ci, l'espoir n'existe pas non plus. Il est difficile d'aller à contre-courant d'idées dominantes dans un univers médiatisé dont les propos épousent et renforcent les préjugés du plus grand nombre. Nadia, rebelle et combattante puisqu'elle se présente même aux élections cantonales ( pour les Verts) ouvre quelques portes sur les intérieurs de souffrances de ces déracinés tel son grand-père qui après une vie de labeur regagne son pays mais " la France l'avait usé. Le froid qui s'était infiltré dans son corps l'avait rongé de l'intérieur ". Dans le village natal et vieilli, il n'est pas de retour possible d'autant que les dogmes des fanatiques religieux étouffent les rires de la jeunesse. Ce beau roman de Tahar Ben Jelloun où sa poésie éclaire
le désespoir d'une génération coincée entre
deux mondes aux cultures opposées nous propulse au coeur de nous-mêmes,
de nos réflexions et nos sentiments quant à l'acceptation
de l'autre. Bien que l'évocation n'en soit pas centrale, ce récit
d'une double exclusion nous fait songer et nous guide vers notre actualité
faite entre autres de cette mairie qui entend moraliser la culture en la
bâillonnant et des sans papiers en quête d'identité.
Quelle solution ? " Retourner au pays... Ah, la belle promesse ! Mais
quel pays ? Le mien est irrigué par mon sang, sa carte est mon visage.
C'est même pas la France, c'est le Val-de-Nulle-Part ".
" Les raisins de la galère " de Tahar Ben Jelloun, Collection
Libres de chez Fayard. 39 Francs.
Martine Bégné
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Il y avait le théâtre de marionnettes, fabriqué avec du bois, de la toile, de la peinture à l'huile de lin, souvent le tout assaisonné de talent. Les " gens " se divertissaient. Est arrivé le cinéma muet, les " gens " se sont accoutumés et ne pouvaient plus se divertir avec les marionnettes. Puis le cinéma parlant, puis la couleur, puis la TV, accoutumance et dépendance se sont mises de la partie, annihilant le plaisir des spectacles précédents… Oui mais :
Que deviendraient : information et connaissances apportées par la TV si des " informateurs " devenaient menteurs… des " scientifiques " spécialistes bornés… des " animateurs " attardés ? Ouf, ce n'est pas le cas ! Par contre, bon courage aux recycleurs de déchets ! Je ne dis pas qu'il faut revenir aux marionnettes, je me pose la question : et si j'étais une marionnette jouant le dernier spectacle à la mode : " récupération et recyclage des déchets " Accoutumance et dépendance, les deux mamelles de la consommation. Carlo Oliva
* La Fin du travail ?
* Mode d'emplois
* Sans-papiers : Non aux camps
* Guy Debord et l'écologie
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