Le livre de Jeremy Rifkin " La fin du travail ", préfacé par Rocard, n'est pas le seul à prévoir la réduction du travail solvable à mesure que celui-ci, comme nous le disions dans notre précédent numéro, se transforme de " force de travail " en " communication " (informatique, commercial, services). Le chômage que nous connaissons est, certes, le résultat de différents facteurs mais la généralisation de l'informatique est sûrement une tendance à plus long terme de déqualification et de crise d'adaptations trop brusques.
"Les principales causes du chômage"
"En gros, il y a 3 familles de causes. Une famille de causes est la mondialisation. Il n'y a plus de frontières, tout circule, notamment les capitaux et comme les capitaux circulent librement, ils se posent là où le travail est le moins cher. Les progrès technologiques sont une deuxième famille de causes. Pour simplifier, la machine remplace le travail humain. Ça a toujours été le cas par le passé mais aujourd'hui les avancées technologiques sont tellement rapides qu'elles détruisent plus d'emplois qu'elles n'en créent. La troisième cause est une manière différente de gérer les emplois dans les entreprises. Auparavant, dans les entreprises, les salariés étaient quasiment comme des " fonctionnaires dans le privé ", maintenant dans les entreprises, de même qu'elles gèrent les stocks " just in time ", elles gèrent aussi les hommes comme cela. On gère les hommes au plus juste et on joue plutôt avec les heures supplémentaires, les intérimaires, on économise l'emploi. Tout ceci fait que l'on produit des richesses avec moins de temps de travail."
"Le problème, je crois, est que toutes les crises de la société, française ou européenne, qu'il s'agisse de la crise du système, de la crise de l'école, de la crise de l'hôpital, sont les manifestations d'une crise beaucoup plus centrale qui est celle de l'institution salariale. On ne peut plus croire que tout le monde occupera toute sa vie un emploi salarié à plein temps. C'est une évidence que personne ne veut regarder en face en France ou en Europe sauf quelques économistes et sociologues".