Feuille Verte No 5
 
 
 Février 1997                                                                                               Numéro. 6 

 La petite feuille Verte 
Bulletin des Verts du Lot

L'en Vert du Lot  
 
Sauve qui peut la vie
Résistance n'est qu'espérance  
(René Char).
C'est parti...
Si nous n'avons pas le choix de l'événement qui nous arrive, il nous reste toujours le choix de notre réaction. Nous pouvons nous résigner, accepter, résister ou même profiter de cet événement pour créer un changement. Face entre autres à la précarisation des salariés, au nombre croissant des chômeurs (4 millions), d'exclus (7 millions), et à leur conséquence principale, la montée des idées fascisantes, se résigner ou accepter est impossible. Avoir un discours politique cohérent aujourd'hui, c'est proposer une société humaine. Il faut être capable de repenser les échanges sociaux et la relation au travail. Il est évident qu'il n'y aura plus de travail pour tous dans sa définition actuelle. La satisfaction des revendications du mouvement social nécessite une révolution dans les rapports sociaux.  

Plusieurs questions de société émergent:  

Faut-il travailler pour exister? Comment définir le lien social?  

La production du lien social est une richesse pour tous mais il échappe à l'évaluation monétaire. Ces deux questions permettent de dessiner une esquisse de société basée sur le partage du travail et des richesses, et une participation de chacun à la vie de la cité. Actuellement, il est difficile de concilier les deux. Si l'on travaille, il est mal venu de s'en plaindre, et l'on doit faire un effort important pour apporter sa réflexion à une société plus égalitaire. Si l'on ne travaille pas, on se sent exclu et l'on n'ose prendre la parole. Aussi, le premier devoir de chacun est-il de s'informer. Dans ce numéro, nous allons présenter quelques formes de résistances et d'innovations. Certaines sont locales et d'autres plus générales ; elles s'envisagent dans différents secteurs : l'économie, la littérature, l'action de terrain. Souhaitons que chacun trouve son domaine d'expression.  
  

 Nelly Beaufour 
 
Manifestation de chômeurs
 
 
 
 
 
 
 

 
 
L'APEIS DENONCE... 
L'APEIS dénonce l'attitude des services préfectoraux lors de l'organisation de la table ronde prévue le 14 janvier dernier. Tout a été fait pour qu'une trop faible représentation des chômeurs y participe. 

L'APEIS dénonce aussi l'attitude de certains leaders syndicaux, notamment à la CFDT, celui d'un syndicat ouvrier qui a osé déclarer " qu'il n'était pas là pour écouter les revendications des privés d'emploi ". Nous savons que ces propos ne sont pas représentatifs des propositions de la majorité des adhérents et militants de son organisation. Ils sont néanmoins profondément choquants, surtout dans la bouche d'un responsable auquel le statut protecteur de la fonction publique assure un droit au travail, qui devrait être reconnu à tous. 

Certes des mesures immédiates trop coûteuses pour la collectivité pourraient mettre en danger des équilibres indispensables pour lutter à moyen terme contre le fléau du chômage, mais c'est aussi le devoir de la collectivité d'assurer les moyens de survivre dans la dignité aux victimes de la situation socio-économique. N'oublions pas que le préambule de la Constitution de 1946, repris par celle de 1958, reconnaît à tous le droit au travail. 

Nous savons que le partage du travail, par la réduction obligatoire et massive du temps de travail pour tous (et bien au-delà de 35 heures par semaine) est un moyen indispensable pour réduire considérablement le chômage et la précarité. Mais en attendant les résultats, qui pourrait aujourd'hui vivre décemment avec moins de 2400 F. par mois, quelle famille pourrait vivre décemment avec moins de 3500 F.? 

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L'URGENCE, c'est d'augmenter immédiatement les minima sociaux et de les réserver exclusivement à ceux auxquels on refuse le droit de travailler
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Notre but, notre objectif, ce n'est pas le recours à la charité publique, ce que nous voulons, c'est la dignité d'un emploi véritable.  
 
L'APEIS 
 
La vie des Verts
 
 
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
 
Les Verts du Lot ont tenu, samedi 17 janvier, leur assemblée générale départementale à Figeac. 

Au cours de cette réunion, les adhérents ont élu le nouveau bureau départemental ; les 2 porte-parole sont Nelly Beaufour (secteur Figeac) et Lounis Bourad (secteur Cahors) ; les 2 secrétaires Patrice Krupka (Figeac) et Jean-Paul Dubonnet (Cahors) ; le trésorier étant Jean-Luc Morestin. 

Les militants présents ont également confirmé la participation autonome des Verts du Lot au prochain scrutin régional sur une liste qui sera ouverte à d'autres écologistes et à des membres d'associations. La présentation de la liste et les principaux axes de la campagne seront développés lors d'une prochaine conférence de presse. 

Les Verts du Lot ont également réaffirmé leur soutien total à la lutte menée actuellement par les chômeurs pour défendre le droit de tous à vivre dignement, lutte à laquelle ils participent activement. Ils ont rappelé que pour les Verts, le problème de l'emploi ne pourra se régler sur le fond que par la mise en place rapide de la réduction du temps de travail, la redistribution des richesses, une réforme de fond de la fiscalité et du financement de la protection sociale. 
 

  
Les Verts du Lot participent activement au mouvement des chômeurs, tant à Cahors qu'à Figeac. Occupation des Assedic, manifestation à la préfecture, défense des expulsions, nous sommes sur tous les fronts. Nous sommes souvent au côté de la CGT et du Parti Communiste dans ces manifestations pour les plus défavorisés. En accord avec Dominique Voynet, nous pensons que seul un mouvement social fort permettra au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour rééquilibrer les rapports travail/capital et faire les réformes nécessaires à l'adaptation au monde planétaire.  

Le discours de Jospin ne pouvait nous satisfaire mais il ne pouvait mieux faire en l'absence d'une mobilisation plus forte. Son couplet pour le travail et contre l'assistance était pourtant bien déplacé. Nous nous sommes réjouis d'avoir choisi depuis longtemps l'autonomie et nous travaillerons à amplifier le mouvement social dans les mois qui viennent.  
 

  

 
 
 
 Aubry, priorité à l'emploi pas au chômage !
A NOS LECTEURS
Suspension de la parution mensuelle

La parution mensuelle de la Feuille Verte va s'interrompre, ce n'est plus, en effet, la priorité du moment qui est de participer au mouvement social naissant. La Feuille Verte a bien rempli son rôle qui était de reconstituer un groupe de militants Verts dans le Lot et de fournir les informations, les outils d'analyse qui rendent nécessaire le mouvement social actuel pour adapter la société aux transformation du capitalisme et du monde du travail, aux enjeux écologiques et politiques de la mondialisation. Nous avons cependant échoué à en faire une véritable entreprise collective et militante, reportant l'essentiel du travail (considérable) sur 2 personnes qui n'ont pu donner tout l'attrait nécessaire à la présentation, ni la diversité du contenu souhaitable par manque de temps. La diffusion elle-même est restée limitée. Ce travail a pourtant été utile et on pourra se reporter à ces numéros pour comprendre l'avenir et surtout ce basculement de la fatalité néolibérale à la reconstruction politique de la société. A bientôt. 

 
 
SEL ... SEL ... SEL ... SEL ... 
Système d'échanges locaux 
 par Nelly Beaufour 
 
Le SEL d'Ariège est poursuivi par des artisans locaux pour concurrence déloyale. Le SEL est un système d'échange de services, de biens et de savoirs. L'idée de départ était de permettre à des personnes en difficultés économiques, et de fait plus ou moins exclues socialement, de pouvoir retrouver une vie sociale. Petit à petit les échanges se sont élargis à des personnes soucieuses de relations sociales autres, plutôt qu'elles-mêmes en difficultés. 

Chaque SEL a inventé une monnaie locale. Cette monnaie ne peut pas s'accumuler mais facilite les échanges. Et c'est là que le bât blesse, car ce n'est pas taxé par l'État. Ça peut passer si le service reste petit, mais dès que les échanges sont trop importants, ça dérange ! Les artisans, en portant plainte, veulent défendre leur profession, soit ! Mais je crains qu'ils ne se trompent de cible. Dans la plupart des cas, s'il n'y avait pas eu échanges, les travaux n'auraient pas été faits. S'ils veulent pouvoir travailler plus, qu'ils demandent une réelle diminution des charges patronales qu'ils supportent, mais qu'ils ne s'en prennent pas à ceux qui essaient de s'en sortir. 

Doit-on laisser les individus vivre dans des conditions déplorables ou peut-on essayer ensemble d'inventer autre chose ? Faut-il un décret ou une loi nous indiquant jusqu'à quel degré on peut être généreux ? Le système du SEL dérange car c'est une reconnaissance implicite de l'individu en affirmant que chacun a une valeur et s'avère capable d'apporter quelque chose à un autre individu tout en sachant s'organiser en dehors des normes habituelles imposées par la société. 

Jugement : les usagers du SEL ont une amende avec sursis mais rien sur les questions de fond. 
 


Dans ce numéro  
 

Courrier 

Nouveau communiqué sur la déviation de Cambes. Ni Martin Malvy, ni Michel Quèbre ne voulant entendre les arguments de l'association de défense des habitants touchés par la mise en place de cette bretelle d'accès à l'autoroute. Nous défendons ce combat contre la destruction de l'environnement (et voulons réduire le transport routier au profit du rail). 
La carotte et le bâton
 
Bientôt seront divulgués les résultats de la deuxième étude concernant la déviation de Cambes, étude qui aurait coûté 337 000 francs ! Les élus du conseil général du Lot persistent et signent : ils ne veulent pas de concertation avant l'enquête d'utilité publique. Après avoir usé de la carotte, ils sortent le bâton, mais tels les ânes, nous nous entêtons et nous continuons à réclamer un tunnel pour dévier Cambes, la seule solution pour endiguer de trop grandes nuisances. 

Les adhérents du Chêne et du Sureau (une quarantaine de familles) expérimentent l'habileté des élus de ce département à entretenir l'ambiguïté et à ne pas apporter de réponses aux questions émises. 

Depuis sa création, après l'annonce tombée comme un couperet, en mars 1997, de dévier Cambes par Péret, notre association " Le Chêne et le Sureau " lutte pour la transparence. En matière d'infrastructure routière, les choix doivent se décider en connaissance de cause et en tenant compte de tous les intérêts en jeu et non pas en privilégiant les seuls critères d'intérêts spécifiques ; dans ce cas les lobbies routiers. 

 ... 

 Parce que nous sommes convaincus que la réalisation d'un tunnel est la solution qui apportera le moins de nuisances possibles, nous vous demandons de soutenir notre proposition : envoyez-nous un franc symbolique ou plus pour dévier Cambes par un tunnel ! 
 

Le Chêne et le Sureau - Peret 46100 Lissac et Mouret
 L'association aura bientôt un site Internet
 

 

 
 
 
  

En janvier, est sorti dans les kiosques le no 2 d'un mensuel: L'insoumis, "Un journal pour la démocratie". Il est fait par l'association des démocrates déchaînés qui oeuvrent pour l'invention d'une nouvelle démocratie. Il se définit comme un journal engagé se proposant d'être le lieu d'expression du mouvement social qui se développe actuellement. Il s'inscrit dans l'îlot de résistance que sont Charlie Hebdo, le Monde Diplomatique, le Canard Enchaîné, proposant de véritables débats, donnant la parole à ceux et celles qui agissent pour inventer une autre vie et qui souhaitent participer à la création d'un journal de combat. Un extrait de leur manifeste: " Inviter à penser, c'est proclamer que l'imagination doit reprendre ses droits. Inviter à débattre n'a de sens que dans la perspective, fut-elle encore obscure ou lointaine, d'un passage à l'action commune pour transformer la réalité. " 
 

Correspondance 
Vive la bêtise
 
La population du monde multipliée par cinq en un siècle, croissance et compétition prônées, ce qui signifie :  

Là où il y avait une hache il y a la tronçonneuse, la pioche remplacée par le bull-dozer, la massue cédant le pas à la bombe atomique, le spirituel détrôné par les gadgets, le profit devenant un idéal.  

L'homme moderne ne dirige pas l'évolution technologique, il la subit, il en est l'instrument. Très fier de ses bricolages génétiques pensant réduire la vie à de vagues assemblages moléculaires.  

Terre et humanité sont en danger de mort. Ce qui nous sauvera peut-être, ce ne sera pas notre intelligence mais notre bêtise. C'est elle qui provoquera les catastrophes qui réduiront les concentrations humaines et le machinisme à leurs justes valeurs.  

Est-ce le prix à payer pour l'émergence d'une nouvelle conscience qui permettrait à l'humanité de poursuivre son chemin ?  

... "L'accouchement de la conscience dans la douleur".  

 Carlo Oliva 
 
Eclairer sans brûler
 
Salon du livre antifasciste, Gardanne, novembre 1997, fascismes d'hier et d'aujourd'hui. 

Trente et un écrivains, historiens et artistes choisissent, à l'occasion du Salon du livre antifasciste, de rappeler qu'il est de leur devoir de dénoncer l'intolérable. L'extrait qui suit, de Jean Viard, sociologue au CNRS/FNSP, vient clore ce petit recueil de leurs textes (réunis par Simone Laroche, éd. Actes sud).  
 

CONTRE LE DéFAITISME
 
L'extrême-droite est dangereuse et raciste. Il faut lutter pour rappeler sans cesse cette vérité. Mais il faut tout autant accepter de penser ce monde qui en produit la demande. Car ce n'est pas d'abord par les thèses qu'elle défend que l'extrême-droite trouve son actualité. Elle la trouve principalement dans le désarroi d'un certain monde, celui dit hier " du travail ", dans le désarroi d'une certaine idée de la France qui nous porta ensemble à travers les siècles. Et dans notre impuissance à remettre sur le métier notre mémoire coloniale et algérienne. 
 
 
 
 Communiqué transmis à la Feuille verte par
 AMNESTY INTERNATIONAL
 

Agir Ici et Amnesty International, en partenariat avec l'ACAT (Action des Chrétiens pour l'abolition de la torture), Justice et Paix, la Ligue des droits de l'homme, le MAN (Mouvement pour une alternative non violente), Pax Christi et avec le soutien de plus de vingt autres associations, ont lancé le 15 novembre 97 une campagne : EXPORTATIONS D'ARMES ? 

La liste est longue des matériels destinés à un usage non avoué, la torture en particulier. Il y a les catalogues de vente spécialisés et les expositions internationales. On y présente la matraque électrique, terreur de tant de prisonniers, les hélicoptères utilisés contre les populations civiles, etc. 

Cette campagne vise à obtenir : - un mode de contrôle gouvernemental basé sur le code européen et le code des prix Nobel ; - un contrôle parlementaire, les parlementaires n'ayant actuellement aucun droit de regard sur les matériels de sécurité et de police de plus en plus exportés. 

Il s'agirait en particulier de prendre en compte la situation des droits de l'homme dans les pays acheteurs avant de donner autorisation d'exportation. Dans le cadre de cette campagne, Amnesty vous propose des cartes destinées au Président de la République, au premier Ministre et au député de la circonscription. 

Faites-leur bon accueil, et faites-les suivre... 

Amnesty Figeac : Jean Faivre-Pierret, correspondant à Figeac du groupe 349, 26 chemin du Bataillé - 46100 Figeac (05 65 50 01 83) ; Simone Thimonier (05 65 50 01 65) ; Edith Amiotte Petit (05 65 40 04 09) 
 

 
Moutons du Quercy. Max Roumigor
 

Feuille Verte No 5
 
 
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