La place des chaussettes de Christian
Marazzi (éditions de l'éclat)
Ce livre montre justement que la mondialisation fixe la concurrence
dans un marché limité. On ne peut plus, comme au temps du
travail à la chaîne (le fordisme) simplement gagner sur la
quantité en inondant un marché qui est désormais déjà
saturé. Le seul moyen qui reste est de s'adapter au plus vite à
la demande et, au lieu de privilégier la production, privilégier
l'information (sur la demande du consommateur) et la communication (aux
acheteurs potentiels). L'économie a donc tendance à se réduire
à la communication alors que, paradoxalement, elle accentue la pression
sur le producteur qui doit s'y adapter (flexibilisation). Toutes les activités
communicationnelles sont dès lors assimilées au travail.
La marchandisation peut envahir ainsi toute notre vie (intime et familiale
: soin aux personnes) ou réorienter le rapport salarial sur les
exigences nouvelles d'une activité de communication et de résolution
de problèmes qui n'a plus aucun rapport avec la "force de
travail".
Depuis longtemps écologiste, Gorz explore ici les nouvelles possibilités de transformer en nouvelle liberté les gains de productivité diminuant le travail, ainsi que la flexibilité imposée avec violence mais qui pourrait aider au développement de la créativité et des activités communicationnelles, hors du système marchand. Les exemples de la Hollande mais surtout du Danemark (avec un contrat d'activité subventionnant le temps libre) montrent déjà toute leur efficacité. L'idée finale aboutit à l'Allocation Inconditionnelle de Ressource assurant un revenu minimum à tous, et auquel tout revenu du travail s'ajoute (idée défendue aussi par des libéraux comme Friedman et la fondation Saint-Simon). Seul un tel changement de logique peut nous permettre de profiter tous des progrès économiques et de reconstituer une société unie, dynamique, solidaire et durable, soucieuse de ses véritables richesses et de son environnement.