- IMMIGRATION : le ministre de l'intérieur,
Jean-Pierre Chevènement, a annoncé, jeudi 5 janvier, devant
la commission d'enquête sénatoriale sur les régularisations,
que 179 531 dossiers avaient été déposés
par des étrangers irréguliers. Compte-tenu des doublons et
des personnes ne répondant pas à leur convocation, le ministre
estime que le nombre de dossiers instruits sera légèrement
inférieur à 150 000. Bilan provisoire des régularisations
au 31 décembre 97 : 15 700 titres de séjour accordés
(pour un an et sans aucune garantie de renouvellement : le temps passe
!), 15 391 décisions de rejet ont été prononcées,
et 20 247 récépissés de demande de régularisation
ont été délivrés au titre de dossiers incomplets.
Les I.Q.T. (Invitation à Quitter le Territoire dans les deux
mois) arrivent partout. Les contrôles au faciès s'accentuent,
les centres de rétention fonctionnent à plein régime.
Selon M.Chevènement, au terme de l'opération, le 30 avril,
les décisions de rejet pourraient atteindre 50% du nombre des
demandes retenues. Tout cela coûte cher : aussi a-t-il indiqué
que 32 millions de Francs de moyens supplémentaires avaient été
dégagés pour ce dispositif (Le Monde du 17 janvier 98) ;
en effet, d'après lui, " le taux de 28% d'exécution des
arrêtés de reconduite à la frontière atteint
en 1996 et 1997 n'est pas satisfaisant " ! En mai 98, il s'agira d'appliquer
la loi et de procéder aux expulsions des sans-papiers. Cela fait
donc 75 000 sans papiers déboutés, c'est officiel. Il va
falloir résister.
- DEMANDE D'ASILE : d'après une dépêche
AFP, du 23/1/98, la demande d'asile en 1997 a été supérieure
à celle de 1996, avec une augmentation de 20,5% des premières
demandes, mais également une hausse des rejets, indique l'OFPRA,
Office des réfugiés et apatrides, dans des statistiques provisoires
publiées vendredi. L'Office a totalisé 21 962 examens
de dossiers (premières demandes + réexamens) en 1997, contre
21 122 en 1996. Parmi ces dossiers, les premières demandes seules
ont atteint le chiffre de 20 968 l'an dernier, contre 17 540 en 1996 (+20,5%).
En 1997, l'OFPRA a pris 23 942 décisions (contre 22 203 en 1996).
Un des éléments les plus notables de 1997 aura été
la part grandissante des demandes d'origine européenne : 56% des
dossiers déposés (contre 28% d'Asie et 15% d'Afrique) en
décembre 1997, alors que 47% des dossiers provenaient d'Europe un
an auparavant. L'office parle d'une explosion des demandes d'Europe
de l'Est et centrale : Bulgarie, Roumanie, Albanie, ex-URSS, ex-Yougoslavie
représentent la moitié de la demande globale, avec une prédominance
des dossiers roumains. Mais ces demandes semblent davantage liées
à la situation économique du pays qu'aux persécutions
visées par la Convention de Genève et ont connu un taux élevé
de rejet.
Du latin re + sistere , du préfixe re-, à valeur intensive et contraire, et sistere (cf.sto, stare, (se) poser, tenir debout, ferme) : s'arrêter, se tenir en faisant obstacle, faire obstacle à, mettre un frein à... Dans notre langue, il est attesté pour la première fois vers 1240, dans le sens de s'opposer par la force, spécialement dans un contexte de guerre (vers 1350). Par extension, il désigne par la suite le fait de se rebeller, de refuser de se soumettre à une autorité (1370). Le mot désigne donc, au départ, une attitude défensive face à une agression physique. C'est plus tard qu'il prend son acception morale. Deux versants implicites se laissent entendre : le point de vue d'une défense, opposition, d'un refus, voire d'une désobéissance... ou un accent valorisant la force, l'endurance, la robustesse, la solidité, en corrélation avec la durée. Retour aux origines, à la substance du mot. "S'arrêter" : déjà une prouesse de nos jours. Time is money. "En faisant face" en plus : l'idée d'affrontement, dans le sens de faire front. La résistance peut être active ou passive, question de nature ou de tactique. Même les matériaux résistent, ne cédant ni ne s'altérant à la chaleur, au choc, à l'érosion, à la pression... On ne peut pas en dire autant des humains. |
A cet égard, le mouvement des sans (cf. Appel des sans,
novembre 1995, sans domicile, papiers, travail, sans droits ni voix,
etc.) vient dénoncer l'impuissance du discours du maître,
vient mettre en défaut les discours politiques censés nous
gouverner : pour tous ceux qui se reconnaissent dans ces luttes, qui retrouvent
une identité dans cette résistance populaire et civique,
la principale force est de résister justement à la dérive
actuelle de notre société et aux seules réponses -
souvent répressives, voire policières - qu'elle parvient
à se donner.
21 mois après l'occupation de l'église St-Ambroise, 16 mois après l'évacuation de l'église St-Bernard, 6 mois après la publication de la circulaire Chevènement, une quarantaine d'entre nous, membres du collectif des sans-papiers de St-Bernard, n'a toujours pas été régularisée. Notre détermination reste intacte, et nous continuerons notre combat pour obtenir du gouvernement de gauche qu'il respecte ses engagements en régularisant l'ensemble de notre collectif. L'immeuble du 32 rue du Fg Poissonnière, que nous occupons depuis plus d'un an, est devenu le symbole de notre résistance (comme l'ont été avant lui St-Ambroise, Pajol ou St-Bernard). Or, aujourd'hui, c'est le fonctionnement au quotidien de cet immeuble qui est en péril ; faute d'argent, les conditions de vie empirent de jour en jour : plus de nourriture, pas de chauffage ni d'eau chaude, coupures continuelles d'électricité... situation alarmante que l'arrivée de l'hiver n'a fait qu'amplifier. C'est pourquoi, une nouvelle fois, nous sommes contraints de faire appel à votre solidarité financière pour nous permettre de continuer notre combat. Pour cette lutte devenue emblématique, c'est déjà grâce à la solidarité de tous (associations, particuliers, syndicats, partis, ...) que nous avons pu tenir aussi longtemps et même aider financièrement aussi bien ceux d'entre nous qui ont été expulsés que ceux qui ont été régularisés (la délivrance d'une carte de séjour restant subordonnée au versement d'une somme de 2500 F.). Nous comptons sur vous pour que ces informations soient, autant que possible, diffusées à un maximum de vos adhérents et sympathisants. Notre combat continue. Solidaires, tous ensemble.
Les sans-papiers de St-Bernard.
En réponse à cet appel, et dans la continuité de la lutte déjà menée, le collectif du Lot de soutien aux sans-papiers a lancé en janvier une collecte pour répondre à cette situation d'urgence durant l'hiver. NB : les contributions peuvent être déposées ou envoyées au Livre en fête, place Vival, à Figeac 46100, ou directement adressées à : Sans-papiers de St-Bernard, 32 rue du Faubourg Poissonière, 75010 Paris, sur l'un des deux comptes ouverts depuis le début de la lutte, à l'ordre de Solidarité sans-papiers, (CFDT Cheminots ou CCP-CGT 6284L Paris). |
De fait, le blocage de la régularisation de ces 18 sans-papiers
qui ont entamé leur grève illimitée depuis le 17 novembre
dernier est un sérieux révélateur des graves incohérences
et impasses de la circulaire du 24 juin 97 et du projet de loi sur les
" conditions d'entrée et de séjour des étrangers
" du Ministre de l'Intérieur. Au-delà de l'inégalité
de traitement des dossiers d'une préfecture à l'autre, partout
ce sont des refus massifs avec invitation à quitter le territoire
qui sont enregistrés tandis que la politique du co-développement
prend véritablement corps avec la subite accélération
des expulsions sur les vols réguliers. Comme le disait récemment
L.Jospin, lors de son voyage en Afrique : il n'y aura plus de charter
!
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Manifestation nationale, samedi 31 janvier,
à 14h, à République :
SANS PAPIERS - SANS TRAVAIL : même cause, même combat ! En cela, la détermination des chômeurs pour le relèvement des minima sociaux, la revendication des 35 heures sans perte de salaire et le droit à un revenu décent pour les moins de 25 ans constitue actuellement un levier salutaire pour les travailleurs actifs, inactifs, avec ou sans-papiers, étudiants, chômeurs, retraités, paysans, isolés, précaires et Cie, contre le chômage et le salariat précaire, afin de faire entendre toutes les revendications. C'est le sens de la manifestation appelée par la Coordination nationale des Sans papiers en lutte, à côté du mouvement démocratique, antiraciste, et des personnalités politiques ou indépendantes, pour :
- le retrait des projets de lois Chevènement-Guigou et l'abrogation de toutes les lois anti-immigrés ; - la libération des détenus pour défaut de papiers et la fermeture des centres de rétention ; - l'arrêt immédiat des expulsions et le retour des expulsés pour infraction à la législation au séjour; - l'abolition de la double peine et le rétablissement du droit du sol intégral. Rappel : rassemblement quotidien devant le Sénat à partir de 18h30 et chaque vendredi entre 13h et 14h, devant la Préfecture (métro Cité). |
Membre du collège des médiateurs pour les Africains
sans-papiers de Saint-Bernard, l'auteur est professeur de Droit international.
Le livre pose une question toute simple : "Où est la justification
des durcissements successifs de la législation française
sur les étrangers ?". Le problème est passé au crible
:
. d'une analyse du cadre juridique international,
. d'une connaissance particulière du terrain acquise au contact des sans-papiers de Saint-Bernard, et au cours de nombreux voyages en Afrique.
La réponse apportée par le livre est aussi simple que la question : " Rien ". Il n'y a RIEN qui puisse justifier cette dérive répressive et policière de la politique française. Ou plus exactement, il n'y a qu'une seule chose. C'est une maladie de la société française : la xénophobie.