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D'année en année, les moyens consacrés à
la répression ont augmenté. Pourtant, cela n'a servi à
rien. Depuis 1970, pour l'ensemble des drogues, le nombre de personnes
interpellées pour simple consommation a été multiplié
par 25 (52 000 aujourd'hui), le nombre de morts d'overdose a été
multiplié par 400. En France, les bénéfices du commerce
des drogues représentent 16 milliards de francs pour les trafiquants.
* Cannabis : 30 000 consommateurs interpellés chaque année
En 1995, la commission Henrion, nommée par Charles Pasqua, écrivait : "La consommation de cannabis n'est pas mortelle. Aucun décès dû à une consommation excessive de cette drogue isolément n'a été signalé. A ce titre, on peut considérer qu'elle est moins dangereuse que l'alcool et le tabac." (36 000 morts pour le premier, 60 000 pour le second).
Pourtant, la simple consommation est passible d'un an de prison et de 25 000 francs d'amende ; la culture d'un plant de cannabis, même pour consommation personnelle, de 20 ans de réclusion et de 50 millions de francs d'amende.
Chaque année, plus de 30 000 personnes sont arrêtées
pour simple consommation, plusieurs dizaines incarcérées,
des jeunes d'origine étrangère expulsés. Sous couvert
de l'article L630 de la loi de 1970 sur les stupéfiants, les associations
d'usagers de drogues sont harcelées, des manifestations et des journaux
sont interdits, des organisateurs de concerts poursuivis.
* Drogues dures : 1 700 morts par an
En 7 ans, le nombre de décès liés aux drogues dures a doublé. Dans près de 30% des cas, les toxicomanes meurent d'avoir utilisé des produits frelatés par les trafiquants qui veulent faire toujours plus de bénéfices. Dans 60% des cas, ils meurent du SIDA et de l'hépatite C transmis par des seringues usagées.
Pour acheter des produits toujours plus chers, du fait même de la prohibition, ils ont recours à la délinquance et à la prostitution. Aujourd'hui, les délits liés aux stupéfiants remplissent pour moitié les prisons françaises.
La vente laissée aux mains des trafiquants et l'absence de
prise en charge tuent les toxicomanes et entraînent la délinquance,
plus sûrement que les drogues elles-mêmes.
Des solutions sont testées aujourd'hui avec succès en
France (réduction des risques) et à l'étranger (légalisation
contrôlée, distribution médicalisée). Parce
que la drogue est avant tout un problème de santé publique,
il faut s'en inspirer et les développer pour enfin sortir de l'impasse
de cette politique mortelle et inefficace.
"Légaliser", c'est l'obligation que le cannabis soit enfin
encadré par la loi, et non plus laissé en vente libre, bien
qu'illégale, dans nos rues.
Grâce à la "réduction des risques", 3000 toxicomanes décrochent chaque mois. Aujourd'hui, il faut aller plus loin, comme le propose par exemple Bernard Kouchner.
Distribuer médicalement aux usagers, c'est les soustraire aux dealers, leur éviter de recourir à la délinquance et mettre les trafiquants en faillite. Cesser de poursuivre les toxicomanes, c'est enfin les considérer comme des citoyens qu'il faut aider à se prendre en charge quand ils sont en difficulté.
Récemment, un appel a été lancé par des associations d'usagers de drogues (CIRC, Asud, Technoplus), la Ligue des droits de l'homme, Médecins du Monde, Aides, des organisations de médecins, de policiers (FASP), d'intervenants en toxicomanie, de jeunes (Mouvement des jeunes socialistes, jeunes écolos de Chiche !, Unef-id), Les Verts, le Parti Radical de gauche, etc. pour changer de politique des drogues.
C'est à nous tous de nous mobiliser pour enfin sortir de l'échec.