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Chronologie et situation des textes



Résumé du blog

Textes du XXème siècle - 2001-2006 - 2007-2010 - 2011-2015 - 2016-2022
 



2023 - Guerre Ukraine, fin des commentaires, ChatGPT, bricolages (70 ans)

08/2023C'est donc un nouveau régime du blog, sans commentaires et avec beaucoup moins d'articles. Il n'y en a pas eu en janvier, à la fois par lassitude, ne voulant plus parler de l'actualité, mais aussi parce que j'ai été pris par les grands froids, des examens médicaux (se révélant encore une fois bien moins graves qu'on ne le craignait et un traitement à l'Aubépine se révélant très positif). C'est sans doute aussi parce que écrire me prend beaucoup plus de temps. C'est surtout la période où l'on découvre l'extraordinaire ChatGPT...

Le cas Heidegger, 10/02/23
Le cas Heidegger est emblématique de la séparation qu'on est obligé de faire entre son idéologie insoutenable et l'oeuvre philosophique qu'on a pu qualifier, non sans raisons, d'introduction du nazisme dans la philosophie - montrant que la connerie nazi n'était pas réservée aux incultes mais touchait les plus grands intellectuels. Impossible pour autant de l'exclure de la philosophie comme le voudraient certains, que ce soit sa phénoménologie de l'existence ou ses critiques de la métaphysique. Voilà qui justifie de s'y intéresser de plus près d'autant plus que sa situation historique de montée irrésistible de la connerie comporte de grandes analogies avec la nôtre, notamment par ses dangereuses obsessions identitaires qui convoquent encore régulièrement la mystique heideggerienne.

02/2023La guerre d’Ukraine refonde l’ordre mondial, 05/03/23
Les nouvelles Intelligences Artificielles, qui vont bouleverser de nombreux domaines, permettent aussi de mieux comprendre notre propre intelligence, ne faisant qu'extrapoler à partir du passé, de nos apprentissages et lectures. Il n'est donc pas très différent de donner notre propre opinion, plus ou moins mal fondée, sur l'issue de la guerre ou de demander à ChatGPT d'écrire la suite sous la contrainte de l'hypothèse que la Chine ne s'implique pas militairement dans le conflit et que la suprématie technologique continue à faire reculer les troupes russes mal équipées. Dans ce cas, les conséquences géopolitiques de la guerre devraient être très positives (trop?) à un moment crucial de l'unification planétaire. L'enjeu ici est toujours le même de restituer les causalités extérieures, écologiques, dans leurs violences donc, au détriment des représentations subjectives obligées de s'y plier. Il faut que le passé s'incline devant les porteurs d'avenir. Peu importent les bonnes ou les mauvaises raisons des uns et des autres, ou même leur supposée moralité, seul importe le rapport de force et l'épreuve du feu, l'effectivité prouvée.


Après une période très stressante et, entre autres, un pneu qui éclate sur l'autoroute, retrouver un peu de solitude m'a fait un bien fou d'autant plus avec le printemps qui arrive. J'ai plusieurs articles en cours mais que je délaisse au profit de tâches pratiques.

04/2023Ce que ChatGPT révèle de notre esprit, 19/04/23
Il est difficile de mesurer à quel point, bien au-delà de leur utilité immédiate, les modèles de langage génératifs comme ChatGPT vont bouleverser nos représentations du monde et donc le changer profondément, religions, idéologies, philosophies devenant instantanément obsolètes. En cela, on peut dire que l'IA va bien détruire les anciennes civilisations mais ce sera par la révélation (si déceptive) du fonctionnement de notre esprit. Certes il est exact que ces robots conversationnels n'ont aucune conscience ni même compréhension de ce qu'ils produisent et il est indéniable qu'il leur manque plusieurs dimensions de notre psychisme. Il y a d'abord l'absence des dimensions biographiques et morales mais, de plus, il manque au simple niveau cognitif (pour peu de temps encore?) l'indispensable complémentarité entre intuition ou perception et leur catégorisation verbale (soulignée d'Aristote à Kant). Ce dualisme des processus utilisés, un peu comme les "réseaux adverses", est effectivement incontournable pour valider l'insertion de l'information reçue dans une base de connaissances fiable. Sauf que ces vérifications sont beaucoup moins omniprésentes qu'on ne le suppose dans ce qu'on dit, la plupart du temps très semblable au traitement automatique des modèles génératifs de langage, qui reproduisent d'ailleurs tout autant la connerie humaine.

Le don d'un lecteur suite à la lecture de ce dernier article me permet de combler mon découvert mais je devrais toucher une (petite) part d'héritage d'ici 2 mois sans doute, ce qui m'oblige à penser à programmer des travaux pour la maison...

Jean Mai 2023L’identité humaine à l’épreuve des chatbots, 28/05/23
Jusqu'à présent, notre capacité à utiliser et comprendre le langage restait une énigme qui nous distinguait radicalement des autres animaux tout autant que des intelligences artificielles précédentes. Du coup, ce mystère constituait un marqueur identitaire nous permettant de nous croire très supérieurs et même d'essence divine. Cependant, comme on l'a vu, les modèles de langage tels que ChatGPT, imitant nos réseaux de neurones, ont révélé de manière très déceptive que leur moteur était simplement la prédiction probabiliste du mot suivant. Ce mécanisme basique est très éloigné en effet de ce qu'on pouvait supposer (d'une causalité génétique, cognitive ou spirituelle), raison pour laquelle le fonctionnement du langage nous échappait, allant jusqu'à imaginer des formes de télépathie ou de panpsychisme. Cette nouvelle compréhension, dissipant ces illusions, change complètement notre conscience de soi, de notre propre pensée, et, plus généralement, notre représentation de l'esprit, la plupart des anciennes conceptions devenant obsolètes. De quoi opérer une révision radicale de notre identité humaine, qui ne pourra plus se résumer à notre intelligence ni même au langage. Ces robots conversationnels accessibles à tous peuvent, en effet, se substituer facilement à des interlocuteurs humains et aux relations sociales, qu'on revendiquait justement pour se distinguer de ces machines sans âme. C'est ce brouillage des identités créé par cette nouvelle avancée des techno-sciences, nous mettant en cause dans notre humanité, qu'on va interroger. En fait, on verra que c'est l'exigence d'une définition de l'identité humaine, et de la place exceptionnelle qu'on veut lui garder, qui s'avère une fois de plus problématique.


Je passe pas mal de temps à retravailler un peu les derniers textes mais pris surtout par les tâches matérielles (débroussaillage, jardin, problèmes freebox, téléphone en panne plus d'un mois!). La chaleur et les orages rendent difficiles l'exercice, du coup la santé décline un peu n'arrivant plus à faire baisser le sucre et mon poids. Après un nouvel accès de dépression le 7 juin (désespéré d'EcoRev' entre autres), j'ai pris des graines de Morning glory que j'ai trouvé très semblables aux champignons, un peu moins désagréables mais m'ayant fait pousser une poche sur le visage, sans avoir plus d'effets psychédéliques mais rétablissant aussi bien l'humeur les jours suivants. Une période de solitude est bien venue avant l'arrivée de mon fils et des vacanciers mais je passe trop de temps à projeter les prochains achats (cuisinière, bibliothèque, amplificateur GSM, adoucisseur, etc). L'écriture me pèse de plus en plus. Je me fais livrer du bois et couper les cheveux.

23/06/2023Conscience animale, humaine et artificielle, 26/06/23
Si presque tout ce qu'on pensait de l'esprit est devenu obsolète depuis le lancement de ChatGPT, quelques unes des théories précédant cette révélation peuvent au contraire s'en trouver confortées, telle cette théorie de la conscience comme mémoire épisodique (de la suite des événements) alors que, d'un autre côté, l'évolution de ChatGPT semble impliquer non seulement une possibilité des Intelligences Artificielles d'avoir une conscience mais son inévitabilité pour des systèmes d'apprentissage évolués voués à la prédiction de la suite - ce qui étonnait même ses concepteurs. Cela viendrait de l'acquisition d'une capacité connue sous le nom d'apprentissage en contexte. On verra qu'on peut à peine parler de conscience pour cette sorte de conscience de soi qui participe quand même à l'éclairer comme propriété commune à tout apprentissage (ou réseaux de neurones) aussi bien animale qu'humaine ou artificielle (bien que la plupart des IA spécialisées en soient dépourvus). Cela oblige à redéfinir la conscience, sujette à tous les fantasmes (comme l'Esprit) et à laquelle on a même voulu donner un rôle décisif dans la physique quantique ! Il faut maintenir que notre conscience humaine (la voix de la conscience) comme conscience morale se différencie largement d'une simple conscience de soi animale, mais tout en admettant une nouvelle continuité entre différents niveaux de conscience, depuis la perception jusqu'à la conscience de soi et la culpabilité, au lieu d'une rupture ontologique trop radicale.


Ce texte, comme souvent, me sert pour clarifier ce que les nouvelles découvertes impliquent, publié un peu vite juste avant la visite de mon fils et de sa petite famille. Sinon, ayant touché juste après ma part de la vente de la maison de famille (27 000+9 000), je me suis enfin équipé d'un mobile opérationnel (xiaomi) le montage d'une bibliothèque vitrée et surtout d'un meuble de cuisine avec un très mauvais mode d'emploi m'a pris pas mal de temps. Ces activités sont nouvelles pour moi, délaissant l'écriture, avec une santé fluctuante qui m'oblige à me restreindre mais depuis que je mange des micro-doses de H (<0,1g) après le thé, je suis souvent d'une étonnante bonne humeur, chantonnant sans cesse...

C’est le Bien la cause du Mal, 15/07/23
Tout le monde sait que "l'enfer est pavé de bonnes intentions", mais, au fond, personne n'y croit (en dehors des taoïstes). On se persuade que cela ne nous concerne pas et que notre bonne volonté sincère, garante de notre moralité, ne pourrait tomber dans cette malédiction ! Il faut évidemment nuancer ou plutôt préciser de quel Bien majuscule on parle. Ce n'est certes pas que tout positif serait négatif, dans une confusion totale, ni qu'il serait mal de faire le bien, mais plutôt que la poursuite d'un Bien idéal, aussi désirable qu'inaccessible, ne fait que justifier le plus grand Mal sans apporter d'autre positif que la satisfaction de croire montrer ainsi notre haute moralité et défendre nos valeurs humaines. Ce qu'il faut mettre en cause, c'est plus généralement une éthique de conviction qui s'épuise dans la négation de l'existant, trop hautaine pour se plier à une éthique de responsabilité réellement réformiste, elle, mais jugée sans ambition. C'est pourtant cette responsabilité qu'il faut opposer au volontarisme politique au nom d'une obligation de résultat dans notre situation écologique désespérée. On fait l'erreur, à chaque fois, d'attribuer le Mal à une cruauté inhumaine, un manque d'empathie et des instincts primaires, alors qu'en dehors de rares cas pathologiques, c'est tout au contraire un Mal spécifiquement humain et presque toujours motivé par le Bien (l'amour des siens, de sa famille, de sa patrie, de sa culture), souvent prêt à se sacrifier au nom de la plus haute moralité et d'un rêve d'harmonie (divine). En dehors de l'humanité et de sa rage de vengeance et de justice (la dette de sang des vendettas), cette cruauté n'a pas de sens.


Encore un texte où je tire les leçons de mon passé. J'ai de moins en moins de plaisir ou de facilité à écrire des articles même quand cela ne demande pas vraiment de travail. Le seul moment que j'aime, c'est la relecture une fois le texte grossièrement constitué, juste occupé à des améliorations, à l'émergence de nouvelles idées. Le reste du temps est passé en petits travaux que je ne faisais jamais avant. La santé est toujours fluctuante entre fatigue et bonne humeur. Je teste un nouveau produit (acide bêta-hydroxybutyrique ou BHB ou HMB) supposé produit miracle (cétogène) contre le diabète et le vieillissement (carburant pour le cerveau, le cœur et les muscles, il maintient l’homéostasie métabolique lors de la lipolyse ou du stress oxydatif, assurant une neuroprotection et servant de régulateur épigénétique par méthylation ou acétylation des histones, retardant diverses maladies liées à l’âge).

Evolution et révolutions anthropologiques, 05/08/23
L'émergence de "l'homme moderne" est liée pour la plupart des préhistoriens à l'apparition de la "pensée symbolique" et, plus précisément, à l'émergence d'un langage tel que le pratiquent depuis tous les humains dans leur diversité. La façon dont on caractérise ce nouveau langage dépend des auteurs, mettant en avant ses capacités combinatoires ou symboliques, sa grammaire ou son vocabulaire, mais assez rarement le fait d'accéder au récit, au langage narratif, comme s'il allait de soi qu'un langage avait toujours servi à raconter des histoires. Pour ma part, c'est la dimension narrative qui me paraissait décisive et bien trop négligée, comme je m'en étonnais à plusieurs reprises, car là me semble ce qui nous sépare de l'animalité et fait de nous des parlêtres. J'avais donc été ravi de voir que, malgré des différences notables, Yuval Noah Harari en vulgarisait l'hypothèse dans son Best-seller planétaire, ce que des spécialistes ont contesté pour manque de preuves et au nom de la continuité de l'évolution humaine. Or, ce que ce récit de nos origines implique, c'est bien que notre essence humaine est inséparable de l'émergence d'un langage narratif qui constitue une rupture dans cette continuité de l'évolution en reconfigurant notre expérience. La première chose qu'on peut dire, c'est qu'il est contestable de parler de révolution cognitive pour ce qui était, au Paléolithique supérieur, d'abord une révolution culturelle, symbolique, spirituelle, mythologique, une "ouverture du monde" au-delà des réalités présentes. La place cruciale donnée au langage narratif exige de le distinguer minutieusement du proto-langage précédent, encore animal, langage phonétique tenant plutôt du code, comme un signal donné ou le nom propre, associant un son à une action ou un être concret, contrairement au langage narratif, passage à l'arbitraire du langage, et donc à la diversité des langues, les mots de base n'ayant pas de sens sonore. Le sens des mots devient communautaire, nomination spécifique à son groupe, formant une culture particulière, un monde humain à déchiffrer et habité de dieux, devenu un monde commun à sa communauté culturelle et non plus limité à l'environnement immédiat. Notre humanité "moderne" ne commence effectivement qu'avec le langage narratif, pareillement, l'humanité future pourrait commencer avec les robots conversationnels, faisant de notre propre humanité un passage vers une autre humanité, un autre destin, un autre monde.


L'article a été complété par mes commentaires (notamment sur la conception de l'Esprit de Heidegger et une langue archaïque, l'Andamanais), le blog ne restant pas complètement inactif. Sinon, parmi d'autres outils que j'ai pu me payer, je me suis fais livrer une très grande échelle qui me fait un peu peur mais m'a permis d'élaguer les arbres qui perturbaient les poteaux électriques, et j'ai passé le mois à faire dans le tri des vieux documents ou objets afin de vider l'étage avant de changer le revêtement en coco de plus de 30 ans parti en poussière.

Comme tous les ans, c'est la période des vendanges avec trop de raisins et de figues pour tout manger. Le β-hydroxybutyrate (ou HMB) que je prends depuis le 27 juillet semble avoir eu un effet très positif. En tout cas j'ai passé presque deux mois étonnamment en forme mais, malgré des rapports apaisés, la déprime est revenue début septembre avec la canicule tardive et la reprise de poids, n'ayant plus grand chose à faire et complètement démotivé alors que les nouvelles du monde sont effectivement déprimantes (y compris du côté d'EcoRev' dont je souhaite la dissolution) sans compter que j'ai à peu près cassé la vieille Clio...

Les jolis contes qu’on se raconte, 22/09/23
Il faudra bien l'admettre, pour un parlêtre qui se raconte des histoires, tout est faux ou presque, aussi bien la propagande officielle que la contestation de son mensonge au nom d'une "vraie vérité" aussi trompeuse. Si le langage narratif nous fait vivre dans une fiction, on a vu que cette fiction est cependant très productive pratiquement, au point de définir notre humanité depuis le Paléolithique supérieur. Ces pures fictions transmises religieusement de générations en générations sont aussi promesses de liberté, par rapport au donné immédiat, mais surtout d'une vie meilleure à venir. Il semble bien que, tout comme les contes dont on nous berce pour nous endormir, une des fonctions du narratif social soit effectivement de nous peindre la vie en rose. Ce storytelling généralisé ne serait donc pas si différent des contes qu'on raconte à nos chers bambins et qui alors ne seraient pas innocents et purs récits arbitraires servant juste à l'apprentissage de la langue. Ce qui frappe, c'est au contraire leur uniformité, que Vladimir Propp avait mis en évidence en 1928 pour les contes russes dans sa "Morphologie du conte" (essai de narratologie) mais qu'on retrouve étonnamment sur toute la surface de la Terre (de l'Afrique au Japon). Malgré la banalité apparente qui rend invisible la trame de tout récit, on peut dire que l'omniprésence de ce soubassement mythique fait de chaque phrase un fantasme, comme exagère un peu Julia Kristeva, dessinant dès nos premiers balbutiements ce que serait une vie réussie, justifiée, digne d'être contée aux génération suivantes (et la cruelle déception de ne pouvoir y parvenir). Globalement, les constantes des contes sont celles du récit initiatique (récit de formation, quête du Graal, roman familial) où le héros surmontant les obstacles et montrant son excellence devient l'élu de sa belle (sa mère?). Bien avant les réseaux sociaux, le langage narratif par lui-même dévalorise la réalité présente et la vie quotidienne au regard de récits d'aventures extraordinaires et d'un monde lointain riche de tous les possibles. Les contes, mythes et romans en rajoutent simplement une couche en nous faisant croire que la vie pourrait être un film parfait par rapport auquel notre vie ne peut pas faire le poids. En conclusion provisoire, ce que la prise de conscience du caractère fictif de l'histoire peut nous apprendre, c'est que, d'une certaine façon, le problème n'est pas l'inadéquation des récits mais qu'au lieu de vouloir, à l'instar des sciences, faire coller le récit au réel, le corrigeant sans cesse, on veuille rendre le réel adéquat au récit, qu'on en fasse un problème, une exigence, prenant le faux pour le vrai et recouvrant la complexité des interactions par une volonté bornée simplificatrice et destructrice qui s'épuise dans la négation du donné au nom d'une pure abstraction.


De nouveau une excellente période de solitude. Appréciant de ne pas devoir supporter une fête d'anniversaire, j'ai passé le jour de mes 70 ans à vider le bac à graisse avec une pompe, en foutant partout et laissant une odeur infecte, tout cela m'amusant bien finalement ! Sinon, j'ai arrêté quelques jours tous mes médicaments (soupçonnés dans une allergie) pour les reprendre finalement quand j'ai été malade pendant plus de 3 semaines - le test covid était négatif bien que ça ressemblait. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu d'infections et ce n'était pas très grave mais fatiguant quand même. Si je n'ai pas écrit de nouvel article de tout le mois d'octobre, j'ai ajouté des commentaires et corrigé à la marge (enrichi) les articles récents. La guérison plus la reprise de MHB me donne ensuite une grande pêche.

Le sens de l’histoire dépassé par l’évolution, 11/11/23
Si l'irrationalité d'Homo sapiens s'explique par le langage narratif, qui nous fait habiter des fictions plus ou moins délirantes, la difficulté est du coup de rendre compte de ce qui fait de nous un animal "rationnel", tout comme du progrès de l'Histoire. C'est ce qu'on va essayer de comprendre à faire de la raison un produit de l'Histoire justement et de l'Histoire un processus de rationalisation imposé par la pression extérieure (notamment par la guerre), ceci comme toute évolution, y compris technique, échappant aux volontés humaines, et faisant de notre espèce plutôt le produit de la technique. Il faut renverser les représentations habituelles de notre rôle dans l'histoire et se déprendre de l'évidence à la fois que la raison nous serait naturelle, et que ce seraient les hommes qui font l'Histoire (et la raison) en poursuivant leurs fins. En perdant l'immédiateté animale, les fictions nous on surtout fait entrer dans l'obscurantisme du monde des morts et de forces invisibles. Avec le besoin de sens des récits, ce n'est pas la vérité qui est au départ mais bien la fabulation, l'ignorance, l'illusion, le délire, le mensonge... du moins quand rien n'y fait obstacle. Notre humanité est originairement faite de préjugés sociaux et de fausses représentations mais elle se heurte au réel qui dément ses belles histoires et c'est uniquement dans l'épreuve du réel qu'elle se rationalise, ce qui veut dire qu'elle se déshumanise jusqu'aux sciences modernes (en particulier la physique quantique) contredisant toutes nos intuitions. Il y a deux sources différentes à ce progrès historique résultant de la dialectique entre l'arbitraire du récit et la raison ou la nécessité pratique, c'est-à-dire la confrontation d'une part des récits entre eux et d'autre part avec le résultat concret.
La raison et l'exigence de vérité sont la conséquence même de la fausseté des récits, soumis à leur critique et vérification.

Twitter n'étant plus fréquentable, j'ai essayé de me reporter sur Facebook pour finalement choisir de réactiver la veille sur l'ancien https://jeanzin.fr/link mais avec une activité minimale. La santé reste très fluctuante, avec de très bonnes périodes et d'autres de grande fatigue. mais je suis de nouveau occupé surtout par la maison (bois, travaux).

Repenser le langage après ChatGPT, 06/12/23
Il y a quelques années encore, on désespérait de jamais pouvoir implanter dans un robot nos capacités langagières tant les agents conversationnels étaient limités. L'échec (relatif) du traitement du langage malgré tout ce que la linguistique croyait savoir, entretenait la croyance dans une essence mystique du langage, inaccessible à notre raison comme aux intelligences artificielles. Les performances de ChatGPT ont permis de résoudre ce dernier mystère de notre humanité (celui du langage qui nous sépare de l'animalité), en dévoilant à l'étonnement de tous son mécanisme de prédiction probabiliste de la suite, éclairant du même coup les raisons pour lesquelles nous ne pouvions pas l'imaginer quand nous réduisions le langage à la logique et la grammaire. Ce qui nous semblait l'essence du langage y serait seulement sous-entendu, sélection par l'usage, et ne nous est pas si naturel sous cette forme de règles plaquées de l'extérieur. Il nous faut donc réexaminer les théories linguistiques précédentes, de Saussure à Chomsky. Il semble bien, en effet, que la critique du rationalisme et du réductionnisme trouve ici une pertinence inattendue car remettant en cause ce qui pourrait être considéré comme les deux péchés originels de la linguistique : se focaliser sur les mots, au lieu de leurs assemblages en syntagmes, et croire que la pensée (parole) était fondamentalement logique et créative (combinatoire) - quand elle est probabiliste et répétitive. L'atomisme du mot (du signifiant) est aussi erroné qu'une supposée parole appliquant la grammaire, le langage se révélant holiste dans sa mémorisation et son usage statistique, que ce soit au niveau du syntagme, de la phrase, du paragraphe, du livre, du groupe, de l'idéologie, de la culture...


Mon aller-retour Paris pour les 98 ans de mon père aura été ma seule escapade de l'année. Tout s'est très bien passé sans gel ni problème de transport. Sinon, j'ai de nouvelles lunettes.

L’anthropologie philosophique contre l’évolution, 31/12/23
Un peu comme dans les années trente, la conception de l'Homme bousculée par les avancées de la techno-science est redevenue un enjeu vital, les idéologies identitaires, xénophobes, exterminatrices se revendiquant à nouveau d'une "anthropologie philosophique" pour refuser l'évolution, notamment deux des évolutions les plus importantes, la mondialisation et la libération des femmes, rejetés au nom du caractère "universel" de la xénophobie (du racisme) comme de la domination masculine - effectivement incontestable jusqu'ici bien que sous des formes plus ou moins marquées mais qui a surtout perdu sa base matérielle, les différences biologiques étant largement atténuées dans nos sociétés hyper-développés par rapport aux sociétés traditionnelles (patriarcales). Que ce soit à l'évidence bouleversant par rapport au monde d'avant, n'implique pas que cela outrepasserait nos capacités d'adaptation, seulement que ce ne sera pas facile, que les résistances seront fortes et qu'on ne pourra éviter les troubles pendant une assez longue période sans doute. Il ne s'agit pas de disqualifier la recherche d'universaux ancrés dans la biologie que Bernard Lahire a raison de tenter mais on ne peut ignorer que la sociobiologie en avait déjà montré tous les dangers, rappelant les dérives du racisme prétendument scientifique et du darwinisme social de Spencer. Il y a certainement des lois où les mêmes causes produisent les mêmes effets, cela n'en fait pas une loi de l'espèce, seulement d'une situation particulière, d'un champ social et d'un stade (pré)historique adapté à ses conditions de reproduction. On ne peut contester non plus la pertinence de traiter des sujets qui agitent la société actuelle, mais, tout de même, il faut dénoncer la prétention de justifier par leur ancienneté à la fois le rejet de l'autre et le patriarcat au moment où ils ne sont plus tenables et alimentent l'extrême-droite. Ce qui ne va pas, c'est de prendre les choses à l'envers en partant du résultat au lieu de ce qui l'a sélectionné. Ainsi, les positions essentialistes qui partent du nouveau-né dans son inachèvement, donnent des raisonnements absurdes où l'enfant est décrit tel qu'il apparaît, nu, fragile, prématuré, incomplet et devant, à cause de cela, se vêtir, travailler, s'intégrer à une culture. Dans la réalité, c'est tout le contraire : l'évolution précède l'individu qui en est le produit.





2024
Guerres, ChatGPT, travaux
(71 ans)

2024Malgré un temps maussade et un épisode de grand froid, l'année avait assez bien commencé avec un retour à une solitude très attendue mais la fin janvier a été gâchée par des problèmes de santé (asthme, sciatique, hypertension). Sinon, j'ai été pris surtout par les travaux de la maison et des vieux chats malades.

Toute négation est partielle, 23/01/24
La dialectique marxiste a donné de la dialectique une vision simpliste très éloignée de celle de Hegel, n'en retenant pas la leçon principale : que toute négation est partielle. En effet, dans la dialectique hégélienne, l'aufhebung n'est pas une pure négation mais un dépassement qui conserve et ne supprime pas complètement le passé qu'il surmonte, ce passé ne pouvant être sans raison et juste effacé de nos mémoires alors qu'il doit seulement être corrigé, amélioré, redressé - voie réformiste même à prendre des allures révolutionnaires. C'est ce dont on ne veut rien savoir, semble-t-il, à rêver de victoires totales et définitives, avec l'anéantissement de l'ennemi et la fin de l'histoire (ce à quoi mène de traduire trop souvent aufhebung par "négation", comme le fait Kojève notamment). Il ne peut y avoir ni victoire ni défaite unilatérale mais seulement une forme de compromission, d'hybridation, de dialectique justement, sur les ruines des utopies contraires et de la volonté des acteurs. Il n'y a pas de fin de l'histoire sur ce plan, on ne peut sans doute empêcher l'alternance de la gauche et de la droite pour éliminer ce qui ne marche pas de l'autre camp et rendre les progrès plus durables. Ce n'est pas la même chose que la montée aux extrêmes qui vient périodiquement troubler le développement économique et réorganiser les relations internationales, véritable destruction créatrice.

Ce n'est pas seulement à cause de la montée des populismes et des guerres que j'ai pensé utile de rappeler que toute négation est partielle, c'est aussi parce que cela s'applique à mon propre passé et "la fin du blog", me donnant enfin l'occasion de critiquer l'anthropologie de Kojève et sa négation de la nature, en continuité avec l'article précédent.

Dialectique cognitive et Intelligences Artificielles, 14/03/24
Les Intelligences Artificielles constituent incontestablement un nouveau stade cognitif mais on ne peut en attendre une révélation soudaine de la vérité (cachée), une "singularité" dont il n'y aurait plus d'au-delà, comme si le temps s'arrêtait. Pas plus que les humains, elles ne pourraient inventer des lois effectives et se passer de l'expérience - comme s'il n'y avait plus de monde extérieur, d'incertitudes, de questions. Ce que l'histoire des sciences implique, c'est bien leur temporalité, tout comme l'évolution et nos propres apprentissages, entre l'héritage du passé et les découvertes à venir impossibles à prévoir, devant passer comme l'enfant par une série de stades de développement et s'enrichissant au cours du temps. Il n'y a dès lors aucune raison qu'on arrête de progresser et que le temps s'arrête. Les limites des IA génératives nous éclairent sur nos propres limites ou plutôt sur les lois objectives de l'apprentissage et d'une dialectique cognitive incontournable ne pouvant brûler les étapes. Il faut admettre, en effet, que cela n'est pas dû à des capacités insuffisantes, comme on pouvait le croire, mais plutôt à l'extériorité du monde au savoir (sa transcendance), et à la nécessité d'un feedback. L'obscurantisme ne va pas disparaître comme par miracle, d'autant que les IA ont tendance à reprendre nos pires tendances puisqu'elles sont entraînées sur nos polémiques trop humaines. Malgré la révolution cognitive extraordinaire des grands modèles de langage bousculant presque tous les domaines, une fois passé l'effet de surprise et d'émerveillement, on peut donc juger que sur le plan de l'histoire qu'il n'y aurait à la fin sans doute pas grand chose de vraiment nouveau sous le soleil...


Petit article que j'ai mis beaucoup de temps à écrire, ayant du mal à me motiver, témoignant de la retombée de l'enthousiasme suscité par ChatGPT. D'ailleurs, à mon grand étonnement, je l'utilise de moins en moins et surtout pour des questions pratiques.

On ne pense jamais par soi-même, 26/03/24
Les critiques des nouvelles intelligences artificielles les accusent de ne faire que répéter bêtement ce que d'autres ont dit mais, d'une part on constate que leurs réponses ne sont pas si bêtes et, surtout, cela éveille le soupçon que nous aussi ne faisons rien d'autre que de répéter comme des perroquets ce qu'on a appris (ce qu'on appelait psittacisme), ceci sous une forme à peine personnalisée le plus souvent. Il n'y aurait pas à s'en étonner si on avait pris au sérieux ethnologie et sociologie qui prouvaient déjà le conformisme fondamental de la pensée de groupe et de l'idéologie de classe.


La santé s'améliore avec les beaux jours permettant de faire un peu plus d'exercices mais j'ai toujours beaucoup de mal à supporter la cohabitation, heureusement intermittente.

Francis Bacon, la méthode scientifique contre la connerie humaine, 17/04/24
C'est bien tardivement que j'ai dû me résoudre à reconnaître l'étendue de notre connerie congénitale (au lieu de notre supposé bon sens), et qu'on ne pense jamais par soi-même (malgré l'injonction de la pensée critique), ne faisant d'une façon ou d'une autre que répéter ce qu'on nous avait mis dans la tête (à l'instar des Grands Modèles de Langage). Or, ces constats qui paraissent encore audacieux, sinon insultants au regard de l'humanisme démocratique, n'ont bien sûr rien de nouveaux puisqu'ils sont au fondement des sciences tels que Francis Bacon les théorisait, notamment avec son "Novum Organum" de 1620, dans une époque enfoncée dans l'obscurantisme et les guerres de religions (ranimées aujourd'hui par l'islamisme). Comme on le verra, son combat contre les faux savoirs et nos limites cognitives n'est pas la seule résonance avec notre actualité de cet auteur trop négligé, alors qu'il a été le fondateur du progressisme et des institutions scientifiques. Bien sûr, on peut lui reprocher d'avoir péché par trop d'optimisme à faire miroiter un avenir qui n'est pas si radieux, et il n'est pas exempt lui-même de conceptions archaïques (sur les femmes notamment), sa pensée étant datée de plus de quatre siècles. Il ne faisait en effet qu'anticiper une science sortant à peine des limbes, et ne pouvait sauter par-dessus son temps - selon son propre principe que "la vérité est fille du temps".


Cette fois j'ai retrouvé plaisir à écrire ce texte qui m'a bien amusé, mêlant la critique de l'esprit humain aux Rose-Croix et Illuminati.


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