Les Morales de l'Histoire

(moralisme, éthique, justice, authenticité)

pratique de la liberté.
Que dois-je faire
?

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Les quatre morales Histoire de la morale L'invention de soi
 
Les quatre principes de la morale (Courage, tempérance, justice et "prudence")
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Morale Bonnes moeurs Ethique Conscience morale Expression, Action, Esthétique
Théorie Moralisme Utilitarisme Rationalisme Idéologie (progressisme, libération)
Pratique Respect, fidèle Intérêt, utile Responsabilité Lutte (dire non, volonté,engagement)
Vertu Maîtrise, courage Habileté, prudence Autonomie, sincére Création, singularité, invention
Bonheur Honneur, Exemple Confort, tranquillité Estime de soi, Exercice liberté, dépassement
Reconnaissance réussite, perfection bonne conscience +de jouir, transgression, éros, excès
Menace Bestialité, Faute Bêtise, dégradation, perte Brutalité, culpabilité Bêtifier, passivité, usurpation,Terreur
Restriction Dépendance Limite Insuffisance, humilité Temporaire, indécidable, non-savoir
Intériotité Bien, réputation Bonheur, tempérance Vrai, Raison, Justice Beau, liberté, solidarité/rapports sociaux
Extériorité Politesse, éducation Hygiène, apprentissage Droit, police Politique, pouvoir
Déviation Conformisme Egoïsme Légalisme Terrorisme
Opposition nature/culture moi/autre désir/volonté possibles/causes
 

L’histoire de la morale

Zarathoustra Bonne foi, bonne intention, clarté contre obscurité (le bien contre le mal)
Socrate mal=ignorance, bien=justice/harmonie, gouvernement de soi
Aristote Tempérance, juste milieu, prudence, moyen (utilité), habitus, amitié
Stoïciens Détachement, maîtrise, indifférence
Juifs Loi (témoigne contre Israël)
Chrétiens Amour du prochain, Charité
Musulmans Soumission à Dieu, àla communauté, partage
Descartes Générosité (liberté)
Spinoza Amour intellectuel (totalisation, contemplation)
Helvétius Amour-propre
Kant Bonne volonté, Loi universelle (Raison, liberté, sujet et non pas objet)
Hegel Rapport à l'autre, Reconnaissance, Pardon, cours du monde, héros
Marx Intériorisation de la domination, idéologie (contre désobjectivation révolutionnaire)
Freud Surmoi, interdit/jouissance, répétition, dépendance, agressivité
Nietzsche Ressentiment, humiliation, Valeurs
Durkheim Sacré, religion, société
Bergson Totalité, Société, Vie (élan créateur, obligation) et Dieu (aspiration)
Sorel Violence, intervention
Bataille Excès, limites
Lévinas Hospitalité, infini, visage
 
L’invention de soi (Hegel. Phénoménologie, Raison)
 
L'invention de soi
La conscience de l’unité avec les autres prend d’abord la forme du traditionalisme. Mais celui-ci échoue à se justifier devant des traditions étrangères aussi bien qu’il renonce à se réaliser véritablement. L’unité avec les autres se réduit dès lors à l’égoïsme de la jouissance que chacun dispute à chacun. Mais la vérité de la jouissance est sa fin, consommation du désir ou être-pour-la-mort. Par son côté universel la conscience surmonte cette menace et trouve en soi le principe du dépassement de son plaisir égoïste. Cette aspiration morale éprouvée immédiatement comme loi du coeur s’oppose au monde sans plus de raisons que de lui imposer une logique subjective qui ne rend pas compte d’elle-même. Si elle advient à se réaliser un tant soit peu, cette loi perd de son assurance, de sa légitimité et le coeur invoque la fureur extérieure du complot, la main du diable sur de pures intentions. La leçon de ce délire de persécution est le rejet des prétentions de l’individualité à imposer son arbitraire au cours du monde. C’est plutôt contre cette individualité que va désormais s’appliquer son zèle par la discipline de la vertu. Le cours du monde auquel s’oppose la vertu est maintenant constitué du règne de l’égoïsme universel et de la recherche du plaisir désormais rejetée. Mais la vertu ne se réalise qu’à la mesure des forces de chacun et sa valeur ne réside donc plus dans sa réalisation mais dans son effort et sa foi. Le mérite se mesurant à la peine, le monde qui nous fait souffrir est revalorisé d’autant comme révélateur de la vertu et de la foi. De plus l’effort et la foi concernent l’individualité dont la discipline voulait se défaire, ne pouvant jouir de ses propres réussites et sans pouvoir modérer l’orgueil de l’ascète comme une boursouflure vide. Plutôt que de rester tournée vers sa propre excellence la vertu ne se suffit plus de la foi mais exige les oeuvres. La vertu est jugée à ce qu’elle fait. Les oeuvres pourtant sont fragiles et multiples, éphémères, disparaissantes. Le but est dès lors le chemin, l’oeuvre vaut comme occupation et non plus comme accomplissement. La tromperie, l’escroquerie de cette vertu satisfaite se manifeste dans la compétition sociale et impose finalement la loi morale, son universalité inconditionnelle qui pourtant ne peut rendre compte de la singularité concrète et imposer sa loi sans réflexion. Ce qui importe dès lors c’est bien encore la réflexion elle-même, la conscience qui examine la loi et se l’approprie, l’interprète, la loi se réduisant à son application par la conscience. Pourtant là encore la limite est vite trouvée dans le jésuitisme des rationalisations égalisant tout contenu. La conclusion qui s’impose est bien celle de l’impuissance de toute théorie à rendre compte des choix pratiques, tombant dans l’arbitraire. La théorie dépend plutôt désormais de la pratique devenue politique et qui en détermine la perspective.
 
 
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