- "L'univers a-t-il une forme ?" de Roland Lehoucq (Flammarion) pose l'intéressante question de la
topologie
de l'univers qui n'est pas forcément une boule. Il ne faut pas confondre
la géométrie des objets visibles, leurs distances, et la topologie de l'espace,
du continu sous-jacent. L'hypothèse d'une forme en anneau (un tore, un hypertore
plutôt) aurait pour conséquence de dupliquer les images des galaxies qui
seraient donc moins nombreuses qu'on ne les voit. D'autres hypothèses dessinent
plutôt un univers plat et replié qui permettrait de passer entre les plis
pour raccourcir les distances...
- Remarquable document sur
Arte, le 25/09/02
à 19:00, "
Les Champignons hallucinogènes" avec des
films d'époque présentant les expériences des pionniers
(Heim, Hofmann) jusqu'aux derniers développements sur l'effet de la
sérotonine (la psylocibine, proche du LSD, c'est de la sérotonine
non oxydée). En montrant que l'excès de sérotonine rend
le thalamus trop perméable, ne servant plus de filtre et provoquant
donc anxiété permanente voire hallucinations, c'est donc l'hypothèse
d'une
hyper sérotoninergie
qui se trouve renforcée, notamment
dans certaines schizophrénies.
Cela devrait inciter, me semble-t-il, à utiliser plus largement Buspar
(agoniste 5-HT1A baissant la sérotonine et augmentant la dopamine)
et Zophren (antagoniste 5-HT3 réduisant la production de sérotonine
et de substance P) ou la Partenelle (utilisée pour la prévention
des migraines... et comme insecticide écologique sous le nom de pyrètre!).
- Sur
France 3, le 26/09/02 à 23:35,
"
Terrorisme, la menace nucléaire" montrait qu'il y avait clairement
un risque de terrorisme nucléaire, au moins des "bombes sales" qui
se contentent de répandre des déchets nucléaires, mais
on sait aussi que des "valises nucléaires" opérationnelles (d'origine russe) sont aux mains des terroristes.
Ils ont oublié d'ajouter qu'avec du plutonium, c'est à la portée
de tout bon physicien de fabriquer une bombe dans sa cuisine. C'est bien
sûr très difficile de trouver du plutonium mais pas impossible
depuis le démantèlement de l'URSS. Télérama se
plaint de ce qu'on veuille paniquer les populations en ne donnant pas la
parole à ceux qui pensent que tout cela n'est pas vrai !!! Les reportages
sont pourtant précis et documentés, l'interview du général
Lebed sans appel. On aimerait bien sûr que ce ne soit pas vrai, qu'une
telle puissance démesurée ne puisse tomber dans des mains démoniaques
! C'est pourtant un risque réel, dénoncé depuis longtemps
par Jacques Attali et qu'il faut réellement prendre en compte (voir mon article
Apocalypse now).
- Une des dernières émissions passionnantes de France-culture à midi, pour le 11 septembre, avec Emmanuel Todd présentant son dernier livre "Après
l'empire". Il développe ce qu'il avait esquissé dans "L'illusion économique"
de la fragilité de la puissance américaine et de son économie
creusant un déficit commercial qu'ils ne peuvent financer, en attirant
les capitaux mondiaux (japonais), que s'ils maintiennent leur hégémonie (et la rétribution des capitaux).
Pourtant leur puissance relative a fortement déclinée depuis
1945 dans un monde beaucoup plus alphabétisé et industrialisé,
américanisé enfin, qui peut se passer d'eux désormais.
L'hyperpuissance américaine tient à la bonne volonté
de leurs alliés qui y trouvent intérêt, elle tient à
la faiblesse européenne. Sur ce point il rejoint Robert Kagan pour
qui l'Amérique ne paraîtrait forte aux yeux des européens
qu'à l'aune de leur propre "faiblesse" les poussant vers la négociation
(mais cette faiblesse n'était-elle pas l'utopie marchande de la paix
du doux commerce, sinon des démocraties ?) Pour Emmanuel Todd, l'islamisme
correspond à une phase de transition anthropologique brutale que
nous avons connus nous-mêmes avec le fascisme, crise de l'alphabétisation
et de la baisse de la démographie qui l'accompagne. Notons toutefois
que, si on doit donner raison à Emmanuel Todd de mettre le niveau de
formation comme véritable indicateur de richesse et de puissance, la
chute de l'URSS semble relativiser la capacité cognitive d'une population
par rapport aux structures qui lui permettent de s'exprimer.
-
Sciences humaines no 131 du mois d'octobre,
a un excellent dossier "
De la reconnaissance à l'estime de soi" qui
en mettant au centre le regard de l'autre donne une vision de l'individu
bien éloigné de l'
homo oeconomicus. Tzvetan Todorov rejoint
Laborit
lorsqu'il doute d'une civilisation des loisirs qui ne met pas en jeu notre reconnaissance. "
Donner sens et agrément au travail lui-même est sans aucun doute plus utile que de multiplier
les loisirs". Christophe André note bien que "
l'estime de soi a pu être comparée à un véritable système immunitaire du psychisme" mais il ne va pas jusqu'à
les identifier alors que les influences
sont manifestes. Ainsi, plutôt que de chercher une explication psychologique
à la résignation, une complaisance avec notre dégénérescence,
une habitude de la tristesse à laquelle on s'identifie comme "victime
invincible" (!), il vaudrait mieux noter avec
Canguilhem
la signature de la maladie dans cette perte de tonus, dépression
qui est un phénomène hormonal que les drogues appropriées
corrigent immédiatement, tout comme la reconnaissance sociale change
l'équilibre de nos humeurs et de notre système immunitaire.
Il y a bien un système bio-psycho-sociologique où le regard
de l'autre renforce ou inhibe l'estime de soi, l'humeur psychologique et
le système immunitaire.
-
Science et Vie no 1020 de septembre 2002 aborde la question avec "
Cancer, l'insaisissable part du psy". Le problème vient des psychologues qui prétendent donner
des interprétations délirantes de ce qui résulte plutôt
d'une réaction de stress indifférenciée. "
C'est la
cellule qui met en scène la revendication inconsciente de cette personne
: Moi, je veux vivre, je ne veux pas mourir". Ce serait à mourir
de rire si les conséquences de telles bêtises n'étaient
si graves ! On comprend les réticences des cancérologues, et
les piètres résultats des psychothérapies, mais il est
impossible de ne pas prendre en compte les traumatismes qui sont le plus
souvent à l'origine du déclenchement d'un cancer. Les mécanismes
de la psycho-neuro-immunologie ne sont pourtant pas mystérieux (voir
Rossi). Certes la cellule cancéreuse est
un phénomène biochimique mais on sait que le dérèglement
des récepteurs adrénergiques perturbe le système immunitaire
chargée de son élimination, ainsi que la sécrétion
de l'hormone de croissance par exemple dont l'effet cancérigène
est avéré à forte dose. Il n'y a aucun désir
de la cellule, pas plus que de liberté de l'électron, mais
des maladies du stress qui prennent telle ou telle forme selon les prédispositions
de chacun, son histoire ou les circonstances. La part psychologique n'est
pas magique mais l'humeur est une dimension essentielle d'une éventuelle
guérison, dans la boucle entre esprit et corps.
Sinon, ce numéro consacré à l'état de
la Terre, et témoignant de ce que la revue est de moins en moins opposée
aux écologistes bien que toujours réticente (ils ont raison
de critiquer Malthus, pas de le confondre avec l'écologie), c'est
la voiture à
air comprimé qui est présentée comme
une alternative (au moins en ville) alors que la Recherche défend
une voiture électrique hybride et Jeremy Rifkin la voiture à
hydrogène !