Les Nouvelles 

 des  

Etats Généraux de l'Ecologie Politique

Nouvelles

Le sens des EGEP 

Qu'est ce qui nous fait courir ?   

Poser la question du sens de sa vie, de ses actions, c'est déjà en soi une rupture importante.   

Une rupture, d'abord pour tous ceux, et ils sont nombreux, qui s'en remettent à quelqu'un ou à quelque chose, qui détiendrait quelque part, comme on dit, une réponse, à cette question.   

Mais aussi pour ceux qui toujours en sur-régime, préfèrent ne pas trop s'attarder sur les conséquences de cette première interrogation et font l'impasse sur toute théorisation de leurs propres pratiques, esquivent une " méta " connaissance pourtant indispensable pour toute évolution.   

Laissons de côté ceux qui considèrent qu'il s'agit là d'une question trop personnelle, comme si l'intrication des uns et des autres n'avait pas toujours été la clef du développement de l'humanité.   

Comme si, ils pouvaient occulter Kant ou d'autres encore qui ont écrit sur la portée universelle des actes individuels. Comme si les individus n'étaient pas aussi et surtout des groupes d'individus, ou plutôt compte tenu de l'extrême mobilité des uns et des autres, des moments d'individus regroupés  

Du coup, selon ce que chacun vient chercher aux EGEP va influer sur le sens même des EGEP, même si le " tout " ne correspond jamais à la somme des " parties ", à une simple addition des individus qui y sont impliqués.   

Le sens des EGEP est à rechercher dans une résultante de forces différentes,   

  • les individus qui y sont impliqués 
  • l'historique de sa constitution et de ce qui a été produit 
  • le projet collectif 
Les EGEP sont à peu près clairs, après de très nombreux débats, sur les deux premiers points, il reste à se mettre d'accord sur le sens actuel de ce regroupement fondé sur des actions déjà engagées, sur le sens " partagé " de son action collective.   

Pour définir ce " projet ", il conviendrait, une fois ne serait pas coutume   

de se définir non pas seulement en fonction des autres, de leurs formes d'action, en creux, mais plutôt d'essayer de dégager les aspects de notre propre originalité. D'essayer de dire ce que nous voulons être, plutôt que ce que nous ne voulons pas être.   

Nous voulons changer le monde !    

En tout cas y contribuer…   

Cette précision n'est pas superfétatoire, certes, de nombreuses structures et organisations ont des objectifs voisins, d'autres, par contre se fixent d'autres objectifs !   

Le premier constat d'évidence, c'est que l'objectif affiché ne semble pas un critère pertinent ! En effet, un décalage flagrant apparaît même pour des observateurs non avertis. Les déclarations d'intentions correspondent souvent assez peu aux actes effectués. Et parfois des pratiques, qui n'ont l'air de rien, modifient en profondeur des rapports humains, alors que certaines déclarations fracassantes se soldent par bien peu.   

Nous savons tous que les décalages entre le Dire et le Faire, qui nous conduisent forcément à préciser la question des actes concrets pour changer le monde ?   

Et là, quand, on se pose la question des actes concrets pour changer le monde, chacun y compris les plus déterminés peuvent être saisis par un vrai trouble. La conscience de l'insoutenable légèreté des moyens d'action face aux horreurs qui progressent !   

Pour être sûr de bien mesurer ce à quoi nous sommes confrontés, il faut prendre des indicateurs pertinents, tels le World Trade Center, les millions de morts du SIDA attendus en Afrique, et plus tôt au milieu du XX° siècle les chambres à gaz des nazis !   

Ce choix d'exemples est arbitraire, mais au rang du classement des monstruosités générées par l'humanité certaines phases sont hors concours.   

Face à cela nous agissons sur les consciences, nous organisons des réflexions, nous tentons de solidariser les individus…Les EGEP doivent faire de ces actes qui peuvent sembler " dérisoires " face aux dures réalités, une force, comme l'avait exprimé en d'autres temps Bertolt Brecht :   
   

Nous, les justes 
Courant au milieu d'entonnoirs géants, 
Avec des gestes hystériques, nous lançons des cerfs-volants 
Noircis de nos écrits afin de bien montrer au ciel 
Qu'il existe ici-bas de sévères censeurs. 
Nul, il est vrai, ne les apercevra 
Si ce n'est quelques étourneaux 
Car les grands bombardiers 
Volent dans le ciel bien plus haut. 
Ces jeux de cerfsvolants sont jeux bien innocents 
Dommage seulement que nous y gaspillions 
De bonnes, de belles 
De solides cordes de chanvre. 

Ce sont ces cerfs-volants, ces signaux dérisoires ces écrits, ces dialogues que nous devons porter. Ils représentent ce qui pourrait correspondre à notre "identité".   

Mais pour que nos actions dépassent le cadre de nos seules espérances, pour qu'elles jouent un rôle, nous devons examiner leur efficacité.   

Cette question nous oblige à se placer d'emblée comme une des composantes qui contribue à cet espoir commun.   

Et nous devons donc prioritairement chercher à rassembler plus qu'à diviser, étiqueter. Nous devons rechercher des " alliances ", des convergences avec des structures, des organisations, des personnalités. La question des alliances est par nature redoutable, habitués que nous sommes à raisonner par blocs et par étiquettes figées. Pourtant si tous ceux qui contribuent à faire appel à la responsabilité individuelle et collective pour plus de justice ne convergent pas au nom d'on ne sait quels intérêts de boutiques alors ce seront les adeptes du chacun pour soi et survive qui pourra qui l'auront emporté.   

Et quand on voit l'état de tous ceux qui ont cette ambition, on se dit qu'il y a péril en la demeure.   

Certains ont historiquement considéré que tous ceux qui n'étaient pas avec eux étaient contre eux ! Bush vient encore, une fois de plus de se resservir de cette vieille soupe.   

Il convient impérativement de reconnaître et d'accepter que d'autres   

structures, ou formes d'individus regroupés agissent avec des objectifs voisins, dans des zones de proximité. Notre forme d'intervention est donc une forme particulière d'intervention, elle ne peut prétendre être LA forme d'intervention.   

Ce constat ne doit pas se traduire par un manque de rigueur critique. Il ne s'agit pas de s'abriter derrière on ne sait quel nouveau " relativisme absolu ". Non tout ne se vaut pas ! Et en plus chaque organisation doit être prise pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle fait.   

Quand on travaille avec un syndicat, avec une association 1901, un parti politique, une collectivité, cela nous positionne, certes comme un des acteurs du mouvement social, mais cela ne fait pas de nous autre chose que ce que nous sommes : une association.   

Cet espace d'intervention liée à sa posture, ne correspond pas à une position morale, mais à un effet de structure, de réalité.   

Donc une capacité à travailler avec des composantes diverses, mais dans le respect de l'identité respective de chacune.   

La qualité d'un rassemblement se mesure à la capacité de chacun à porter son identité. Que chacun puisse être reconnu pour ce qu'il est.   

Car il serait illusoire de ne pas être lucides sur les différents projets sous jacents de telle ou telle organisation.   

Alors quels actes ?   

Si Seattle, et Gênes sont des signaux positifs, comme d'autres " temps forts " du mouvement social, qui correspondent à des accélérateurs, des déclencheurs, des catalyseurs parfois, ils ne résument pas à eux seuls, le mouvement de la société.   

Les EGEP doivent être un des leviers qui en appelle aux consciences, aux réflexions de chacun pour dépasser les blocages, les clivages traditionnels acceptés et tenter de débusquer d'autres blocages qui résident dans la pratique professionnelle et personnelle de chaque individu.   

Cet appel à la responsabilité, à la chaîne des responsabilités est une démarche nouvelle. Les EGEP doivent poser publiquement qu'aucun système injuste ne peut continuer de fonctionner sans " l'acceptation " plus ou moins active des membres qui le composent.   

Les EGEP sont à la recherche de la construction d'une nouvelle éthique de la responsabilité individuelle et collective, fondée sur une éthique de la discussion qui ne fait pas du dialogue une technique, mais le fond politique de l'évolution.   

Et c'est précisément au moment ou le dialogue social est le plus attendu, qu'il fonctionne paradoxalement le plus mal. Il s'agit le plus souvent d'une procédure améliorée pour faire admettre une décision déjà prise, et rarement d'un processus d'élaboration de réflexion collective.   

Si les EGEP, étaient capables de construire concrètement des rencontres qui associent ceux qui n'ont pas accès à la parole publique, ceux qui attendent des explications, et ceux qui maîtrisent des savoirs qu'ils soient scientifiques ou politiques…   

Si les EGEP étaient capables de contribuer à une meilleure expression des contradictions…   

Si les EGEP étaient capables d'aider à la construction avec les citoyens concernés d'attentes qui dépassent les localismes, corporatismes et autres sectarismes…   

… alors, nous pourrions considérer que nous ne perdons pas complètement notre temps, et que nos fragiles cerfs-volants ne seraient pas si dérisoires que cela,   

… alors nous pourrions faire valoir concrètement le concept original d'états généraux.   

Quand à l'écologie politique, nous devons réfléchir au sens de ce concept nouveau !   

S'agit-il d'une nouvelle idéologie, d'un nouveau paradigme global. Tout appelle au contraire à penser l'écologie politique non comme un objet mais plus comme un processus.   

Un processus qui doit permettre un réexamen des grandes questions humaines de ce début de siècle.   

Il ne s'agit pas d'apporter des réponses nouvelles aux questions qui sont traditionnellement posées.   

Il s'agit de poser les questions en d'autres termes en intégrant d'autres variables, il s'agit de poser de nouvelles questions.   

C'est à peu près la seule chance d'espérer trouver des réponses !   

Ce processus oblige à croiser les " entrées " à accepter la complexité, à ne pas se résoudre à l'apparence d'une présentation simplifiée. A relier selon la formule de Edgard Morin plutôt qu'à séparer !   

Et cela est peu à peu cette marque de fabrique que nous devons tenter de faire émerger par les forums, les événements préparés par les États généraux de l'écologie politique.   

L'écologie politique ne préexiste pas à son élaboration. Par contre, il devient quasi impossible de penser les évolutions actuelles, les effets induits et surtout les potentialités actuelles avec des grilles de lecture traditionnelles.   

Les mutations extraordinaires qui sont signalées par tous les observateurs qu'ils s'agisse de la communication, des sciences et des techniques l'informatique, la robotique, les biotechnologies., les risques nouveaux génétique qu'ils apparaissent obligent à une mise à niveau de la conscience collective.   

Sans pour autant faire de Félix Guattari cité par J Robin un nouveau gourou sa définition d'un nouveau mode de réflexion indique une direction : “Une écosophie, c'est-à-dire une perspective incluant les dimensions éthiques, et articulant entre elles l'ensemble des écologies scientifiques, politiques, environnementales, sociales et mentales. Ainsi, poursuit-il, cette écosophie est peut-être appelée à se substituer aux vieilles idéologies qui sectorisaient de façon abusive le social, le privé et le civil et qui étaient incapables d'établir des jonctions entre la politique, l'éthique et l'esthétique”.  

Daniel Le Bret
 

  
Sommaire : 

Forums 


  • La forme Forum en débat

  • Critique des forums actuels, pour des forums hybrides 
     
  • Les forums à venir

  • ATTAC, Attentats, sécurité, 3P, Spiritualités, eau, malbouffe
  • Les procès d'une idée
  • Le théâtre forum

  • Tournée des régions  
     
  • Pour une démocratie cognitive

  • Agir dans un monde incertain. Des forums hybrides à une véritable démocratie participative, à l'autonomie collective dépassant la séparation du pouvoir et du savoir ainsi que la compétition de la démocratie délégative.  

    Veille informationnelle 


  • L'université de tous les savoirs

  • 12 conférences dans 12 villes de France 
  • Actualités intellectuelles

  • MAUSS, Sciences humaines, libéralisme, constructivisme, Refondation sociale, Copernic, Richesse, Viveret, Robin, Gorz, EcoRev', Mouvements, Multitudes, Vacarme, Contre-temps, ATTAC 
     
  • Débats et enjeux pour l'écologie

  • Globalisation, Théorie des systèmes, rareté, autonomie, croissance et développement, principe de précaution, donner le temps, démocratie compétitive ou participative, énergie ou information, non violence 
     
  • 2100 Retour vers le futur

  • Exploration des mondes possibles. L'écologie, tournée vers l'avenir, exige de s'affronter aux prévisions à long terme, prendre un point de vue macroscopique. 2100 correspond à la stabilisation démographique et du climat, début sans doute de la décroissance. 


    Les EGEP en débat 


  • Le sens des EGEP

  • Edito. Qu'est ce qui nous fait courir ? 
  • Objectif 2003, Jean Zin

  • Faute de grive on peut avoir des merles. Contribution au débat sur le rôle des EGEP dans la situation présente.  
     

    Ressources 


  • Publications

  •  - Les six heures de l'Ecologie Politique
    Interventions pour le lancement des EGEP (Morin, Robin, Voynet, etc.)
     - Les Egep et le pouvoir  
    Synthèse des travaux des EGEP sur le pouvoir
     - La production de l'autonomie 
    Analyse critique de la construction de l'individu moderne jusqu'à la fatique d'être soi et conditions de l'autonomie, de la production de soi (Elias, Arendt, Gauchet, Lefort, Castoriadis, Foucault, Laborit)
     - Lézégep 
    Petit journal de présentation des EGEP
     - Lettres de chantier 
    Refondation sociale, démocratie participative
     - Politis 
    Régulièrement Politis publie des dossiers EGEP : Culture, Prostitution, Villes. 
    - Conférences de citoyens
    Un recueil de textes sur les différentes expériences de forum hybrides. 
     
  • Comptes-rendus

  •  - Page économie 
     - Séminaire écologie et travail 
     - Chantier Refondation sociale 
     - Forum prostitution 
     
  • Partenaires

  • UTLS, Ligue, Cnam 
    Transversales, Politis 
     
  • Une bibliographie de l'écologie

  • Arendt, Castoriadis, Laborit, Rosnay, Ecologie et économie, Latouche 


     
     
     
    Les Etats Généraux de l'Ecologie Politique 
    etatsgeneraux.org