Lors du sommet d’Helsinki, en décembre dernier,
les chefs d’état de l’Union Européenne ne viennent-ils pas
de créer un espace militaire commun prêt à mobiliser
60 000 hommes. La guerre de Kosovo a marqué un tournant. L’OTAN
ne suffit plus. Pour la première fois depuis la fin de la guerre,
l’Allemagne a pu joindre ses propres avions de combat aux côtés
de ceux des Etats-Unis et de ses partenaires européens. L’Europe
de l’Ouest est donc prête à une nouvelle "culture de
la guerre" qui lui permettrait de mener d’éventuelles opérations
militaires de maintien de l’ordre sur le continent.
Nous avons trop vite espéré
qu’après l’effondre-ment des blocs, le Droit International et le
débat démocratique allaient constituer de puissantes valeurs
universelles. Or regardons : l’indispensable conférence des peuples
des Balkans, qui devrait revenir sur la notion pluriethnique de l’ex-Yougoslavie,
reste toujours une hypothèse lointaine pour les gouvernements de
l’alliance atlantique. Or en Tchétchènie, la pugnacité
et la volonté d’affirmer une résistance à la Russie
ne peut qu’entraîner, à terme, la reconnaissance d’un peuple
tchétchène et sa capacité à vivre dans l’autodétermination,
mais dans un cadre négocié. Nous en sommes loin et depuis
les sept derniers mois, nous assistons à une véritable recrudescence
du militarisme à travers le monde. Construire l’Europe militaire
ou réhabilitation de la guerre à partir des technologies
nouvelles la rendant "propre et maîtrisable" afin de régler
les grands problème de l’humanité et parce qu’ elle permet
un accès rapide à la popularité pour un ancien patron
du KGB, la culture de guerre s’installe et se substitue à l’activité
politique, démocratique et sociale de la société.
La bataille pour la Paix redevient donc une
exigence politique fondamentale. Le pacifisme n’est pas une utopie, il
repose d’abord sur la défense des droits de l’homme de vivre en
sécurité. Il continue à vouloir faire méditer
chacun sur les conséquences réelles de toute guerre. Il proclame
que celle-ci est le fait des Etats et non des peuples. C’est donc à
partir de notre prise de conscience de la gravité croissante du
retour de la "culture de la guerre" que devrait se décanter et s’unifier
un pôle de ralliement écologiste et alternatif pour un nouvel
antimilitarisme et un nouvel internationalisme pour le XXIe siècle
qui commence.