Motion diverse  pour le CNIR du 15 avril :

L'écologie ou les écotaxes

Je voudrais souligner l'importance de ce débat puisqu'il concerne nos enjeux vitaux, le coeur du productivisme et porte sur la conception qu'on défend de l'écologie. Le jour où l'écologie ne sera plus assimilée aux écotaxes mais à une réappropriation de nos vies, nous aurons fait beaucoup plus pour l'avenir de la planète qu'en augmentant le prix de l'essence. Il ne s'agit pas de rendre un peu plus durable le pillage de la planète mais de défendre un véritable projet politique alternatif.

Même si cette remise en cause des écotaxes tient à l'origine d'une méprise sur les quotas, l'existence d'un "marché des droits à polluer" a rendu pour beaucoup insupportable la marchandisation de la pollution pourtant déjà effective avec le système actuel des écotaxes

"Pollueur payeur" devrait vouloir dire que le pollueur doit réparer, qu'il doit être sanctionné même, pas qu'il suffit de payer sa taxe pour polluer à l'aise. Dénoncer les écotaxes, c'est dénoncer une vision libérale de l'écologie confiant aux mécanismes de marché nos enjeux vitaux. Ce n'est pas refuser toute écotaxe mais refuser qu'on se serve de l'écologie qui doit "penser globalement" pour des recettes fiscales faciles, refuser de considérer qu'on a commencé à résoudre l'effet de serre sous prétexte qu'on a augmenté le carburant alors que les ventes de véhicules battent des records. Laissons cette politique de la poudre aux yeux aux autres, comme écologistes nous devons défendre des solutions globales dans lesquels les écotaxes peuvent avoir un rôle mais ne peuvent remplacer des objectifs beaucoup plus indispensables comme l'amélioration et la gratuité des transports publics, les subventions aux énergies renouvelables, l'isolation, etc. Nos combats écologistes devraient être là et non pas pour nourrir le ressentiment des pauvres contre les écologistes. Comparer nos pauvres "privilégiés" aux pauvres du tiers-monde est indigne car la misère est relative. Pourquoi accepter de dégrader encore leur condition, pourquoi est-ce que ce devraient être les pauvres qui paient pendant que les autres continuent à rouler ? Les riches, eux, ne voient même pas la différence de prix. Nous devons refuser un monde où seuls les riches auraient le droit de se déplacer et de manger bio. Il ne s'agit pas de s'opposer à la taxation des multi-nationales qui trouvent toujours de bonnes raisons de ne pas payer la taxe, mais de s'opposer à un impôt indirect injuste pour les plus pauvres et sans efficacité écologique aux niveaux actuels (aux États-Unis le carburant est trop bon marché et une écotaxe aurait un rendement plus sensible). Il est trop facile de prendre l'argent des taxes en remettant à plus tard la fin de l'injustice sociale.

Il faut donc s'opposer aux écotaxes touchant toute la population sans mesures compensatoires ni plan global pour atteindre des objectifs chiffrés. Il est plus normal de taxer les entreprises, c'est pourquoi le système des "permis d'émission" ne concernant que les grandes entreprises est préférable aux écotaxes, on n'attend pas du marché qu'il réalise une réduction de la consommation mais qu'il adapte les réductions décidées par le politique aux évolutions des entreprises. Même pour les entreprises, nous pouvons appeler cette taxe "écologique" seulement si elle est intégrée à un plan global assurant une réduction effective de la pollution et prenant en compte ses conséquences sociales. Ainsi nous devons réduire le transport par camions mais il serait irresponsable de ne pas assurer la reconversion des routiers.

Pour toutes ces raisons, Les Verts réunis à Paris au CNIR des 15 et 16 avril s'opposent à la réduction de l'écologie à de simples écotaxes, dans une logique libérale intégrant le "coût écologique" dans les mécanismes de marché.

- demandent que soient mis en place un plan cohérent de réduction des pollutions sur des objectifs ambitieux et chiffrés, combinant l'ensemble des facteurs : financiers, techniques, sociaux, transports publics, normes, subventions, recherche.

- demandent un contrôle et une limitation du marché des permis d'émission ainsi qu'une réduction des quotas qui traduise une diminution réelle du total des émissions de gaz à effet de serre

Les Verts s'opposeront à toute taxation unilatérale touchant les populations les plus défavorisées sans compensations financières. Il soulignent la nécessité de prendre des mesures significatives d'urgence pour réduire le productivisme de l'économie et ses rejets polluants, en agissant sur la production responsable de la pollution et non sur ses victimes.

Premiers signataires : Jean Zin, Marc Sislian, Marc Robert, Jean-Claude Nowordworsky, Philippe Poncelet, Jean-François Vial, Jean-Luc Morestin

Intervention au cnir