Écotaxes ou écologie

Il y a des opposants aux écotaxes qui sont des gros méchants communistes productivistes ou des capitalistes avides et irresponsables. C'est au contraire pour sauver l'écologie comme projet alternatif que j'affirme qu'il faut s'opposer aux écotaxes comme simple internalisation des externalités et marchandisation de la pollution sans réduction réelle des émissions, il n'y a là que poudre aux yeux.

Dans notre revue EcoRev' nous publions un texte d'André Gorz de 1974 qui s'appelle : Leur écologie et la nôtre. Leur écologie, c'est les écotaxes où la pollution accroît les inégalités, nôtre écologie c'est une production plus écologique. André Gorz fait même la remarque qu'on ne fait là rien de plus que la crise pétrolière de 1974. Nous publierons dans la prochaine revue un texte d'Ivan Illich disant la même chose. La préoccupation des écologistes a toujours été de s'attaquer aux causes du productivisme en refusant de réduire l'écologie à une internalisation des externalités pour laquelle il n'y a pas besoin de nous. Les gouvernements sont bien content de trouver des écologistes pour endosser ce qui de toute façon aurait été imposé.

On ne peut pas prôner la nécessaire alliance des intellectuels et des exclus pour ensuite fustiger nos pauvres qui polluent plus que les pauvres du tiers-monde ! En fait, il n'y a là qu'économiscisme, unilatéralité du point de vue, les écotaxes considérés comme un régulateur manipulé par l'économiste comme les taux d'intérêt. On manipule ces paramètres de loi, comme on répand un désherbant par avion sans souci pour les "dégâts collatéraux", les effets sur les plus faibles. Ce n'est pas cela l'écologie qui doit prendre en compte la globalité des problèmes dans toutes leurs dimensions. Il ne s'agit pas de ne rien faire mais, au contraire, d'agir vraiment, avec un plan d'ensemble luttant à la fois contre les pollutions et les inégalités. dans ce cadre des écotaxes peuvent être justifiées et ajustées à différentes situations.

Curieusement dans l'étude d'Alain lipietz sur les écotaxes il omet une fonction essentielle des écotaxes, l'orientation vers une substitution d'énergies renouvelables mais cela requiert un plan d'ensemble subventionnant ces énergies renouvelables pour les rendre accessibles partout. C'est contraire à la religion de la séparation entre les caisses ? L'important n'est pas l'affectation directe des sommes mais de faire ensemble écotaxes et subventions. Les arguments pour le second dividende seraient plus convaincants si les budgets des énergies renouvelables n'étaient si insuffisants. Surtout on a la confirmation par Corinne Lepage de ce qu'on pouvait craindre du rôle qu'on fait jouer aux écologistes de receveurs des impôts, c'est la mise sous tutelle du ministère des finances d'un ministère de l'environnement déjà sans moyens.

L'écologie ne peut être simplement le capitalisme productiviste plus les écotaxes, ce doit être un projet de société alternatif. Dans notre approche des problèmes concrets nous devons adopter un point de vue global à la fois économique, social et environnemental, s'adaptant à la diversité du terrain et ne pas nous conduire en technocrates impitoyables, aveugles aux conséquences sociales, mais il faut s'attaquer aux causes de la pollution avec la population, offrir des alternatives, des transports en commun, des emplois de proximité, etc.



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