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Consensus pour un premier pas : le RSG
A court terme en effet tout le monde est d’accord pour lutter contre
l’exclusion et la misère en faveur de ceux qui passent dans les
mailles du filet de la protection sociale et qui sont exclus de l’intégration
dans la société par un travail salarié tout exploité
et tout aliéné qu’il soit. Pour eux il s’agit de faire un
premier pas et de leur reconnaître le droit à un revenu permettant
une existence décente dans nos économies de marché,
droit inscrit dans notre Constitution : il s’agit d’instaurer un Revenu
social garanti (RSG).
Celui-ci prend forme d’une allocation différentielle garantissant
les ¾ du SMIC (soit 4000 F par mois environ actuellement).
Les bénéficiaires potentiels sont :
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les jeunes de 18 à 25 ans qui arrivent sur le marché du travail
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ceux qui bénéficient des minima sociaux ;
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tous les citoyens qui ont un revenu d’activité ou qui sont inscrits
à l’ANPE.
Ce revenu est cumulable pendant un certain temps avec un revenu d’activité
afin d’éviter la " désincitation à travailler ".
" Activité " est à entendre au sens large : les associations
et les entreprises " d’utilité sociale " du tiers secteur ont vocation
à distribuer des revenus d’activité monétaires ou
en nature.
Pourquoi cette timidité apparente ? C’est que les coûts
en jeu sont importants : la solution extrême d’une allocation universelle
(versée à tous, femmes, hommes, enfants, actifs et inactifs,
etc.) et inconditionnelle (quel que soit le revenu d’activité ou
non) du niveau du RSG (50000 F par an), non imposable, pour 60 millions
d’habitants représente 3000 GF (le PIB est de l’ordre de 8000 GF
et le budget de l’Etat de 1800 GF).
La solution " minimale " garantissant une différentielle de 4000
F par mois à toute la population vivant au dessous du seuil de pauvreté
(2/3 du SMIC par unité de consommation, ce qui correspond très
approximativement justement au niveau garanti par la différentielle)
évaluée à une dizaine de millions de personnes reviendrait
à 250 GF, soit un facteur 10 par rapport au RMI actuel (20 GF environ).
On sait qu’il y a consensus (avec le PS notamment) pour un RSG tel qu’il
est défini plus haut. Il reviendrait à 60 GF environ. Un
tel RSG (voir le rapport du Conseil d'analyse économique de Bourguignon
et Bureau sur " l’architecture des prélèvements obligatoires
") permet de corriger les injustices du taux marginal d’imposition sur
les bas revenus qui induit une " véritable trappe à pauvreté
". La réforme dessinée ainsi par le PS se limite à
ce premier pas : il s’agit d’une conception keynésienne où
le marché du travail est sécurisé (à la différence
de la conception libérale, il ne s’agit pas d’une marchandise ordinaire),
mais où le salariat garde le monopole de l’intégration sociale.
Pour le PS le premier pas est le dernier.
Pour les Verts par contre il ne s’agit que d’un premier pas, important
certes ; mais vers quoi à long terme ?
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Un premier pas vers quoi ?
Deux écoles de pensée s’affrontent chez les Verts pour
savoir ce vers quoi nous voulons nous diriger à long terme avec
ce premier pas, le RSG. En caricaturant les conceptions du monde, l’école
" anti-travailliste " considère qu’instaurer le RSG va nous permettre
de dépasser le travail salarié en supprimant le travail.
Pour l’école " travailliste " l’intégration dans la société
reste fondamentalement le travail (et la protection sociale qui lui reste
historiquement liée). La priorité reste la réduction
massive du travail ; pérenniser le RSG permet d’atténuer
l’aliénation et l’exploitation du salariat en métamorphosant
le travail en activité ou en œuvre.
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" L’anti-travaillisme " :
Pour l’école anti-travailliste la réalité du travail
s’évapore et s’évanouit dans notre société
du fait des fantastiques bonds de la productivité dus à la
dématérialisation de la production, à l’automatisation
et à la révolution informationnelle. En conséquence
le travail ne mérite plus aucune considération et on ne doit
plus lui accorder aucune valeur morale .Valeur n’a pas ici le sens de valeur
économique marchande ou monétaire. C’est la disparition de
la " valeur travail ".
La machine à produire des richesses fonctionne toute seule et
avec de moins en moins de travail : la réduction du temps de travail
débouche sur la multiplication d’activités autonomes (Gorz),
libres et auto-gratifiantes : plus besoin de compter ni de monétiser.
Le " tiers secteur " a vocation à remplacer les deux premiers secteurs
de l’économie de marché et de l’économie publique
(administrée, monétaire, non marchande).
Cette école reproche à l’autre de s’accrocher aux valeurs
d’une société de classes révolue et de vouloir perpétuer
les " privilèges " corporatistes (salariés à vie,
grèves de décembre 95) d’une classe en voie d’extinction,
le prolétariat.
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" Le travaillisme " :
L’école " travailliste " met l’accent sur le caractère
salarié (donc exploité et aliéné) du travail.
Il s’agit bien encore de dépasser le travail salarié, mais
en conservant les vertus d’intégration (socialisation, relations
sociales, réalisation de soi, sécurité d’un revenu
régulier et suffisant) et de solidarité (sécurité
sociale, SMIC, retraites, syndicats etc.) du travail tout aliéné
et exploité qu’il soit.
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Contenir l’ultra-libéralisme :
La priorité pour cette école est négative : il
s’agit d’éviter le démantèlement de la protection
sociale et des protections (SMIC, assurance chômage, retraites, code
du travail, etc.) qui font que grâce à l’acquis des luttes
le travail n’est pas une marchandise comme une autre. Or la version ultra-libérale
du RSG permet cette libéralisation absolue du marché du travail.
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Donner la priorité aux 32 heures et à
la semaine de 4 jours :
La seconde priorité est de se donner les moyens d’abolir la
coupure entre les intégrés et les exclus : l’intégration
sociale pour tous dans notre société où le salariat,
tout aliéné et exploité qu’il soit, constitue le lien
social de masse passe par l’emploi salarié pour tous et donc le
partage du travail grâce à une réorganisation en profondeur
des entreprises c’est à dire le passage à la semaine de quatre
jours. Par rapport à cet objectif, celui à court terme, de
donner un RSG constitue un palliatif provisoire.
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Atténuer l’aliénation et l’exploitation
du travail salarié :
Il constitue une solution à long terme pour atténuer
l’exploitation et l’aliénation consubstantielles au travail salarié.
En effet il n’y a pas solution de continuité, selon cette école,
entre le travail et la réalisation de soi dans une activité
ou une œuvre (Hannah Arendt). Il s’agit de " déshabiller ", au moins
en partie, le travail de sa forme salariée. En ce sens le RSG à
long terme est le facteur constant d’un salaire binôme (voire " polynôme
") dont le deuxième terme doit rester indexé sur la contribution
individuelle à la richesse sociale. Il ne s’agit pas de supprimer
toute comptabilité des entreprises ou de la Nation, mais au contraire
de les perfectionner pour prendre en compte, au nom de l’éthique
et de la justice (distributive) qui constituent le troisième pilier
du développement durable, les différentes productivités
: celle de la société en général (RSG) avec
son système d’éducation générale, celle de
l’individu (initiative, talent, effort, durée, etc.) et celle du
collectif de travail (la liste n’est pas limitative).
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Le financement du tiers secteur :
Il s’agit à côté de la reconnaissance monétaire
de ces productivités de légitimer, de calculer et de valider
d’autres formes de reconnaissance sociale (SEL, gratifications et prestations
en nature, " externalités "). Ceci suppose que les marchés
n’aient pas le monopole de l’évaluation et de la sanction, mais
que se développe à côté une évaluation
" citoyenne " de l’utilité sociale. En ce sens le RSG permet d’accéder
à des formes de travail et d’activité moins aliénées
et moins exploitées : le tiers secteur contribue à la productivité
des deux autres (meilleur environnement, cohésion sociale, émancipation
des femmes par rapport aux tâches domestiques, diminution de l’insécurité
sociale et du stress au travail etc.). Il constitue également un
contrepoids et un amortisseur au sein d’un régulation sociale intégrée.
Le financement du RSG passe par la comptabilisation et la " facturation
" aux deux autres des externalités du tiers secteur.