L'esprit
La plupart des maladies ont, d'une façon ou d'une autre, une
dimension psychosomatique et, il faut bien admettre que la plus grande
partie des maladies est due au stress, à la fatigue et aux relations
sociales (de l'angine, à la dépression, l'asthme, etc. jusqu'à
l'accident de voiture). Le chômage et le mépris peuvent détruire
un homme plus vite que des cadences infernales. De même, une bonne
part des traitements sont surtout " effet de la parole " ce qu'on appelle
" effet placebo " (que ce soit des vitamines, des énergisants,
de l'homéopathie ou quelque mage. Ce sont des médecines
douces efficaces). La prise de certains antidépresseurs peut
même protéger de maladies banales comme la grippe. On s'est
aperçu que des opérations chirurgicales inutiles peuvent
guérir de véritables maladies[1].
C'est ainsi. Pas toujours, pas seulement, mais la plupart du temps. On
ne peut rêver d'un monde parfait sans stress ni maladies mais on
doit en diminuer les risques.
Remèdes
S'il est, donc, essentiel de dénoncer la dangerosité
de nos industries, on ne peut se contenter d'en atténuer les effets
les plus nocifs. C'est la logique de notre monde moderne, négateur
du vivant et générateur de maladies à haute dose,
qu'il faut remettre en cause. Un écologiste ne peut se contenter
de masquer les effets les plus voyants d'un modèle de développement
pathogène. Il faut certes introduire le " principe de précaution
" partout, mais cette logique doit mener inévitablement à
remettre en cause l'organisation de la société et de l'économie
(inadaptée à la mondialisation achevée que nous connaissons
maintenant et à la transformation du travail de " l'âge du
savoir "). Aucune transformation du système sanitaire ne peut nous
protéger vraiment des nuisances du profit immédiat. Démontrer
que l'activité économique produit maladies et morts suffit
à condamner un système qui a fait son temps et n'est plus
" socialement efficace ". Avant qu'il n'y ait plus d'air respirable, plus
d'eau buvable, il faudra bien fonder l'économie sur une véritable
utilité humaine et sociale. Un des problèmes classiques de
l'économie libérale, qui prétend que le marché
se fonde sur l'utilité, est le paradoxe de l'eau et du diamant.
L'eau est indispensable et ne coûte rien, disait-on à cette
époque, au contraire du diamant qu'on suppose inutile. Mais c'est
l'homme qui ne coûte rien dans une économie qui poursuit une
course aveugle et dévore ses producteurs. Nous avons les moyens
de guérir le malade, encore faut-il qu'il reconnaisse son état
de décomposition pour accepter le remède.