CORRESPONDANCE 

DÉVIATION DE CAMBES : COÛTE QUE COÛTE ?

Le dossier de concertation de Cambes est là : un espoir sensé anime les habitants de ce village. Ils doivent être déviés. Ils ne souffriront plus des nuisances que leur apportent chaque jour et chaque nuit les 3.600 véhicules qui empruntent la D13.

Mais pour dévier Cambes, il faut passer ailleurs. A dix kilomètres de Figeac, la chose n’est pas aisée car les zones habitées se sont développées et se sont élargies. Les tracés de la future déviation n’évitent pas cet écueil. Toutes les hypothèses de tracés soumises à la concertation passent au nord de Cambes sur les communes de Lissac-et-Mouret et Camboulit, en convergeant vers le bourg de Péret : une zone peuplée et un habitat rénové. Par ailleurs, les habitations, situées le long de la D13 depuis le viaduc du Drauzou et au nord du village de Cambes à partir du lieu-dit « Le Chantier », ne seront pas épargnées. Au contraire, avec l’augmentation du trafic prévue les nuisances s’aggraveront.

Ne peut-on rien faire ? Doit-on subir cette dégradation comme une fatalité ?

Contre les nuisances existent des solutions : des murs antibruit, des passages en tranchées couvertes ou en tunnel. Mais dévier les nuisances coûte cher, quelquefois plus cher que le projet lui-même (notamment pour les passages en souterrain).

Cet argument des coûts nécessite réflexion. Il me semble qu’en tant qu’habitant du Lot (un département rural peu peuplé), on a le droit de vivre loin du bruit, des mondes bétonnés et impersonnels où on s’aperçoit de la venue de l’été en regardant la météo à la télé ! A trois ans de l’an 2000, peut-on continuer à nier ainsi l’individu et à ne raisonner qu’en terme de coût économique. Faire l’axe rapide Figeac-Montfaucon s’inscrit dans une politique d’infrastructure routière à long terme. Cela ne peut pas coûter un minimum : deux voies d’asphalte traversant une zone rurale.

PRENDRE EN COMPTE LA DIMENSION HUMAINE

Pourquoi le département du Lot ne donnerait-il pas l’exemple en réalisant une infrastructure routière qui prenne en compte la dimension humaine autant que l’aspect fonctionnel et conçoive un projet où les nuisances, y compris les dégradations du paysage, soient minimales ? Si, coûte que coûte, il faut faire la déviation de Cambes, inscrite en fait dans la logique de l’axe rapide Figeac-Montfaucon via l’autoroute A20 (sur lequel il y a beaucoup à dire et à redire), il faut à tout prix - dirais-je - que s’inverse la question des coûts, ne pas choisir le projet basé sur la logique du moindre coût ; mais imaginer le projet qui ne nuise pas aux habitants et ne dénature pas le paysage typique du Lot qu’il faut préserver pour que ceux qui le traversent aient aussi envie de s’y attarder.

Qu’en pensez-vous, vous qui désormais participez à la gestion du pays ? Allez-vous rester dans la continuité des politiques précédentes (logique du profit qui nie l’individu, notamment dans son droit au travail, à un environnement sain, etc.) ou croyez-vous possible de faire autrement, y compris dans le Lot, en matière d’aménagement du territoire, en déviant Cambes sans nuire par ailleurs ?

Martine Bégné
« Le Chêne et le Sureau »


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