1. D'abord, et conformément à ce qui a déjà été dit sur la différenciation de l'Ecologie-politique avec une quelconque religion ou mystique, il est très important d'éviter toute confusion entre l'Ecologie-politique et toutes les mystiques de l'harmonie du corps. Nous devons défendre un stricte laïcité dans ce domaine. Cela ne veut absolument pas dire qu'il faut défendre inconditionnellement les excès des traitements pharmaceutiques, ni que nous devrions condamner toute médecine alternative.
2. Les écologistes ne peuvent être indifférents à la médicalisation de la société et aux politiques des groupes pharmaceutiques fondées uniquement sur le profit. Là aussi, il faut remettre en cause le productivisme, l'accumulation de médicaments et de leurs effets pathogènes, la course à la performance et le dopage généralisé mais aussi le simple traitement technique du corps soumis aux spécialistes.
3. Même si la plupart des médecines alternatives, souvent inspirées du taoïsme, visent une harmonie avec le corps et avec la nature, il n'est pas question de donner une caution écologiste à toutes les médecines alternatives, ni de soutenir leurs théories contradictoires. Nous n'avons pas à y croire mais il y a longtemps maintenant que la science officielle a reconnu leur efficacité. Les "médecines douces" permettent d'éviter des médications plus lourdes et peuvent être plus efficaces que les traitements pharmaceutiques en privilégiant le facteur psychologique (hypnose, suggestion, effet placebo). Un sympathique intervenant de notre assemblée fédérale se disait sorcier de village, il n'y a là rien qui devrait nous effrayer : avoir peur des sorciers c'est encore y croire. Notre province regorge encore de pratiques traditionnelles qui sont souvent bénéfiques tel les rebouteux et on peut, même dans nos hôpitaux publics, se faire "retirer le feu" lorsqu'on a été brûlé. Lorsque ces méthodes réussissent, elles sont préférables à des traitements lourds mais il faut attirer l'attention sur les dépendances psychiques dont certains gourous peuvent profiter et, bien sûr, ne pas prendre de risque lorsque l'affection est trop grave. Appliquons donc le principe de prudence dans toutes ses dimensions mais sans rejeter, par un scientisme dépassé, des traitements traditionnels éprouvés.
Je précise : je ne crois pas une seconde aux théories homéopathiques qui rappellent plutôt la théorie de la signature du moyen-âge. Il est pourtant évident qu'il y a une efficacité de l'homéopathie, supérieure à 50% comme tout placebo (voir "L'effet placebo" chez Odile Jacob), et aucun effet secondaire. La plupart des maladies sont sociales (dépressions, stress, "hystérie"), ce qui importe d'abord pour se guérir c'est d'en parler et la plupart des médecines alternatives remplissent mieux cette fonction qu'un médecin qui répond à la maladie par un produit chimique. Il ne faut par pour autant tomber dans l'excès inverse, condamner tout médicament et se confier corps et âme à une quelconque théorie mystique. Il faut utiliser au mieux toutes les ressources de toutes les médecines. La médecine allopathique a une place éminente mais est souvent utilisée à tort et à travers : les médecins ne sont pas formés pour les maladies psycho-somatiques qui forment 80% de leurs consultations, la consommation de médicaments est trop élevée (surtout en France bien que le remboursement des médicaments incite à acheter des médicaments qu'on ne consomme pas forcément) et la puissance des groupes pharmaceutiques trop grande. C'est au nom du rationnalisme qu'il faut défendre les médecines douces. La crispation scientiste sur la médecine scientifique relève du même irrationalisme, de la même mystique du progrès, que les centrales nucléaires ou les OGM.