Plutôt que de présenter l'écologie comme une contrainte supplémentaire (on fait ça aussi pour les chasseurs), nous devons plutôt montrer que l'écologie est la réappropriation de notre vie. Ce n'est pas contre la population, les entrepreneurs ou les automobilistes que l'écologie doit s'imposer mais, bien plutôt, c'est pour eux comme pour nous, libérer notre vie. La transformation du travail, le temps libéré, le revenu assuré sont une véritable amélioration de notre quotidien et non pas une pression supplémentaire qui nous accable. La fin du salariat n'est pas une petite affaire puisque, selon Marx, il n'y a pas de capitalisme sans salariat mais c'est bien (ce doit être) notre horizon écologiste donnant accès à une autre économie plus respectueuse de la nature et de nos vies. André Gorz a raison de dire que c'est notre possible, le débat est dans tous nos journaux. Les écologistes doivent être en première ligne, pousser le plus loin possible cette transformation du travail (à commencer par les minima sociaux), sans s'abriter derrière ce qui a déjà été obtenu des 35h et qui n'est pas ce à quoi nous nous étions engagés devant les électeurs.
Lorsqu'un gouvernement parle de pédagogie, cela m'évoque le gouvernement Juppé prenant de mauvaises décisions en étant persuadé que ce sont les bonnes et que les gens sont trop bêtes pour comprendre. Cela n'a rien à voir avec des campagnes d'opinion, de la propagande, un travail idéologique préparatoire mais cela ressemble plutôt à un rafistolage, un sauve qui peut en avant après de mauvaises décisions mal préparées.
Les interventions de la salle convergent dans leurs critiques des écotaxes et montrent bien ce qui différencie l'écologie de l'environnementalisme. L'écologie doit proposer des solutions globales et ne pas se contenter de simples mesures fiscales. Il ne suffit pas de tracer une courbe en U (démontrant que les plus riches comme les plus pauvres sont au même rang car ils se foutent des taxes, les plus pauvres car ils ne peuvent consommer !) pour évacuer un problème qui est réel, celui de simplement alourdir les charges des petits salaires. Il y a en effet une différence entre les pollueurs "choisis" pour lesquels une augmentation des taxes peut avoir un effet dans une certaine proportion, et puis les pollueurs "subis", contraints, pour qui l'augmentation de la taxe n'est qu'une charge supplémentaire sans effets sur la pollution. Pour prendre un seul exemple rapide je dirais que si on augmente les taxes sur les produits pétroliers et qu'en même temps on assure des transports en commun gratuits, je suis preneur. De même si on subventionne les équipements dépolluants nécessaires aux nouvelles normes. Pas si l'augmentation de la taxe, comme les vignettes automobiles primitivement destinées aux vieux, servent à construire des routes. Il y a bien sûr un piège à laisser ces taxes rejoindre le budget général et il serait naïf de ne pas croire qu'à la première urgence on ne s'en privera pas. Mais le piège est d'abord de se fier à un mécanisme fiscal et de ne pas mettre en place une politique globale effective (sur l'offre et la demande) dans laquelle la fiscalité n'est qu'un élément parmi d'autres.
L'attitude unilatérale des Verts allemands sur plusieurs points dont l'augmentation du carburant me semble tout-à-fait dommageable, faussement audacieuse et atteignant durablement l'écologie politique lorsqu'elle ne propose pas de solutions globales mais de simples mesures autoritaires. L'écologie n'est pas, ne peut pas être une contrainte supplémentaire s'ajoutant aux contraintes du productivisme, c'est une libération des contraintes, ce doit être une libération de la vie.