Dans l¹abondante et monotone littérature para-administrative
sur les
politiques d¹emploi et de protection sociale le rapport Bélorgey
se
distingue favorablement à plus d¹un titre. On retiendra
ici surtout deux
points forts: un bilan sans faux-fuyants de la gestion du chômage
par les
partenaires sociaux et l¹Etat (avec en particulier la prise
en compte du
vécu des personnes confrontées au système : pratiques
de guichet,
non-recours, enchevêtrement des droits et imprévisibilité
des prestations,
etc) ; le refus de la déconnexion entre protection sociale et
marché du
travail. Ces deux éléments résultent en grande
partie des questions
soulevées par les mouvements de chômeurs depuis plusieurs
années, et
traduisent une avancée importante du débat. Le consensus
social-libéral est
ainsi écorné : selon l¹orthodoxie officielle en
effet, le chômage serait
avant tout le problème des individus, que l¹Etat devrait
" inciter " à
travailler, et soutenir dans leur quête de " l¹employabilité
" ; il
importerait en même temps de dégager les entreprises des
coûts afférents
afin qu¹elles puissent lutter les mains libres dans la concurrence
mondiale
aujourd¹hui impitoyable, etc.
Le triste bilan du paritarisme.
"La délégation aux partenaires sociaux historiques a conduit
à protéger les
salariés stables au détriment des précaires et
contribue à les exclure du
système" (p. 35) : constat terrible, en particulier pour les
représentants
des 5 confédérations syndicales à l'UNEDIC.
Les transformations des règles
d'indemnisation du chômage ont contribué à l'accroissement
de la pauvreté,
c'est une donnée objective, mais de plus, toutes sont porteuses
d'un sens :
1984, mise en ¦uvre des filières d'indemnisation
(on ouvre des droits
proportionnels à sa durée de cotisation) : c'est
la fin de la mutualisation
et de la solidarité dans le régime ;
1992, mise en place de la dégressivité des allocations
(elles baissent tous
les 4 mois) : c'est le principe libéral qui veut qu'un chômeur
"affamé" soit
moins exigeant sur l'emploi qu'il cherche ;
1992 toujours, durcissement des conditions d'ouverture des droits (alors
que
les contrats précaires se multiplient on passe de 3 mois de
travail exigés
dans les douze derniers mois à quatre mois dans les huit derniers).
Le
message délivré aux jeunes, principales victimes de cette
nouvelle
réglementation, semble bien être : vous n'avez pas d'autre
choix que la
précarité prolongée pour entrer dans la "vie active";
Juillet 1997, suppression des fonds sociaux d'urgence dans les antennes
ASSEDIC. Il faut maintenant s'adresser aux divers bureaux de l'aide
sociale
: fini le principe qui avait présidé à la création
du régime en 1958, et
selon lequel le chômeur devait avoir les moyens de se consacrer
à sa
recherche d'emploi ou à sa formation; ceux qui ont cotisé
pendant des années
à un régime d'assurance sont maintenant renvoyés
à leur état de "pauvres"
qui doivent quémander l'assistance.
Plus profondément l¹orientation de ces mesures est révélatrice
du mode de
fonctionnement bien particulier des ASSEDIC: y règnent l'opacité,
l'arbitraire, le non respect des règles édictées
par le régime lui même
(suppression des accomptes, chasse aux "trop perçus", soupçon
constant de
fraude, attribution d'aides à la formation pouvant aller de
1 à 15 pour un
même stage, mesquineries en tous genres). Que le patronat défende
cette
stratégie de "mise à la norme de l'emploi dégradé"
on peut le comprendre, il
est dans son rôle. Ce qui interroge davantage c'est le rôle
joué par les
organisations syndicales, sauf la CGT, qui est d'ailleurs la seule
à avoir
en son sein une organisation regroupant des chômeurs. Le cadre
paritaire
(50% patronat 50% syndicats) montre ici toutes ses limites, voire
sa
nocivité. Face à des organisations patronales unies,
la division syndicale
fait des ravages; tout se traite dans le cadre d'alliances à
contours
variables, dans des négociations où le donnant-donnant
est la règle. Le
régime général de Sécurité Sociale
de 1945 n'était pas construit sur ces
bases: le patronat n'y avait qu'un tiers des sièges, il y avait
des
élections régulières. A la création du
régime d'assurance chômage en 1958,
le patronat s'appuie sur FO, bien contente d¹affaiblir la position
de la
CGT, pour revenir à un strict paritarisme qui est sa doctrine
constante.
C¹est maintenant la CFDT qui a pris le relai, sans que la transparence
ne
progresse beaucoup.
mais l'Etat n'a pas fait mieux
"C'est à l'Etat via sa représentation nationale de définir
les objectifs
politiques généraux de ce qu'il faut avoir le courage
d'appeler le service
public de l'indemnisation du chômage, cela, bien sûr, non
pas
unilatéralement, mais après concertation avec les partenaires
sociauxŠ"
(p.36). Pourtant là aussi le bilan est désastreux :
1979, mise en place des Services du Contrôle de la Recherche d'Emploi
et
"renversement de la charge de la preuve": au contraire des principes
du
droit, les chômeurs accusés "d'insuffisance d'actes positifs
de recherche
d'emploi", doivent désormais fournir les preuves de leur innocence.
1991, loi sur le contrôle des chômeurs; tous les textes
d'application font
obligation au chômeur d'accepter le temps partiel, les baisses
de salaire
(jusqu'à 30% de son ancien salaire), de répondre à
toutes convocations y
compris téléphoniques, de fournir des preuvesŠ.Le chômeur
est coupable "à
priori", il porte la responsabilité de sa situation (c¹est
l¹époque de la
campagne de Michel Charasse contre les " faux chômeurs "Š).
1997, restriction des conditions d'attribution de l'ASS (baisse du
plancher
de ressources du foyer de 10 000 à 8 000 f et non prise en compte
des
périodes de chômage indemnisé dans les périodes
de travail requises pour
ouvrir le droit) : des milliers de demandeurs d'emploi se retrouvent
sans
aucune allocation, même pas le RMI .
On pourrait ajouter qu'en 1984, 1992, 1996, l'Etat a toujours agréé
les
conventions UNEDIC, que le Parlement a voté les modifications
législatives
nécessaires, sans compter les innombrables mesures de la " politique
de
l¹emploi " créant et subventionnant des contrats "atypiques",
en fait
précaires, et facilitant le recours au temps partiel non choisi
qui est un
facteur de précarité de revenus extrêmement grave
: les salariés à bas
salaires ne cessent de se multiplier en France, en particulier chez
les
femmes.
Quelle démocratie sociale ?
Face à ce constat d¹échec seule une véritable
refondation de la démocratie
sociale permettrait de sortir de l¹impasse. A cet égard
les propositions du
rapport ne sont aucunement à la hauteur du diagnostic. " Intégrer
le service
public de l¹emploi avec ces deux fonctions, indemnisation et placement,
dans
une agence commune gérée par les partenaires sociaux
selon des objectifs
définis par la puissance publique " risque de ne pas modifier
réellement la
logique actuelle qui fait du système d¹indemnisation un
instrument de "
normalisation " des aspirations des salariés chômeurs.
Les limites de la
démocratie représentative sont clairement atteintes lorsqu¹il
s¹agit de "
gérer " les situations de personnes non prises en compte par
les
institutions représentatives existantes. Le seul rôle
reconnu par le rapport
aux associations de chômeurs est celui de " personnes à
interroger pour
améliorer la connaissance qualitative des mécanismes
d'exclusion, et dans le
cadre des évaluations régulières des politiques
publiques " (p. 38)... Pas
de quoi bouleverser le ronronnement des institutionsŠ Au contraire
il
importe surtout que les chômeurs et précaires puissent
s¹organiser
collectivement pour peser sur ces institutions, et qu¹ils puissent
intervenir concrètement dans leur fonctionnement quotidien.
Certes le pragmatisme commande de constater que les chômeurs et
les
précaires ne sont pas ou très peu organisés, et
pas dans les syndicats (à
l¹exception des comités de chômeurs de la CGT). Le
voudraient-ils
d'ailleurs, qu'ils n'y seraient pas forcément bien accueillis.
On a entendu
la secrétaire générale de la deuxième confédération
syndicale française dire
au début du mouvement des chômeurs en 97 qu'il s'agissait
là d¹une
"manipulation de la misère par quelques extrémistes".
Le congrès de cette
même confédération a voté très majoritairement
contre l'organisation des
chômeurs et des précaires en son sein en décembre
98. On a pu lire sous la
plume d'un éminent responsable de Force Ouvrière "qu'il
ne connaissait de
chômeurs organisés que les SA de Hitler"Š.
Le mouvement syndical n'est pas prêt à offrir un cadre
d'organisation aux
chômeurs: il faudrait pour cela qu'il reconnaisse que l'on peut
avoir des
droits et des revendications qui ne résument pas à l'exigence
de retrouver
un emploi; qu¹il comprenne que les intérêts des chômeurs
et ceux des
salariés sont indissolublement liés; et que ses structures
soient
profondément modifiées : une structure de proximité
(souvenons-nous des
Bourses du travail du début du siècle qui assuraient
des fonctions
d'accueil, de culture, de formation, d'entr'aide, de placement même)
est
indispensable lorsque l'on est au chômage ou que l'on change
sans cesse de
secteur professionnel. A ce titre la proposition de J.M. Bélorgey
de
"négociations interprofessionnelles territoriales" (p.36) mériterait
d'être
approfondie.
C'est à cause de ces multiples insuffisances du mouvement syndical
que des
associations se sont créées. Certaines se sont données
comme mission
d'apporter une stricte aide immédiate (fort utile lorsqu'il
fait bien froid
!), voire d'exprimer publiquement ce à quoi elles étaient
confrontées.
D'autres, dont les trois principaux réseaux d'organisation des
chômeurs et
précaires (AC!, APEIS, MNCP), ont choisi de ne pas se limiter
à l'aide
immédiate mais de mobiliser pour des revendications, pour la
défense de
droits. Elles refusent de n'être qu'un haut-parleur de la souffrance
pour "
améliorer la connaissance des mécanismes d¹exclusion
" ( !) et veulent peser
sur les structures mêmes des institutions.
Il faut donc réfléchir à un approfondissement de
la démocratie et de la
citoyenneté dans le fonctionnement concret du système
public de l¹emploi.
Comme dans tous les services publics ou d'intérêt collectif,
les usagers,
principaux intéressés par les services délivrés,
devraient pouvoir
intervenir eux-mêmes par les organisations qu'ils se sont données.
Il doit
donc y avoir des processus d'élections régulières,
qui valident la
représentativité de ces associations. Cela suppose que
des moyens pour le
débat et l'information soient mis en ¦uvre pour garantir
l'exercice de cette
démocratie. Un des acquis du mouvement des chômeurs de
97-98 fut la mise en
place de "comités de liaison" auprès des ANPE, des services
du ministère du
travail et de l'AFPA ainsi que de panneaux d'affichage et du droit
d'être
accompagné par la personne de son choix dans certaines démarches.
Mais
malgré l'avis unanime de la Commission des Affaires Sociales
du Parlement
lors du débat sur la loi dite de "lutte contre les exclusions",
les ASSEDIC
refusent toujours le droit d'affichage et la participation de représentants
d'associations de chômeurs dans leurs instances.
Il ne s'agit pas d¹exclure les organisations syndicales de salariés
mais de
prendre acte que les chômeurs n'y sont pas et qu'en tout état
de cause les
usagers de toutes institutions devraient pouvoir faire valoir leurs
droits
et contrôler la bonne marche des dits services non seulement
individuellement mais collectivement. Face à une crise de la
politique et
plus généralement des structures de représentation
collective, ne
faudrait-il pas se donner de nouveaux cadres d'intervention des
citoyens-usagers ? Ceci serait d'autant plus utile lorsque les services
en
question ont un pouvoir de sanction qui va jusqu'à supprimer
le revenu des
personnes : il est absurde que dans les instances de recours, celui
qui a
pris la décision soit juge et partie (comme c'est le cas aujourd'hui
dans
les commissions de recours des directions départementales du
travail) ; il
n'y a en effet aucune garantie que les droits seront respectés
en l¹absence
de contre-pouvoirs indépendants, légitimes et dotés
de moyens. Cette
intervention devrait pouvoir porter sur le fonctionnement quotidien
comme
sur les choix stratégiques. Un fonctionnement "quadri-partite"
permettrait
d'intégrer la diversité des intérêts
et des points de vue : l'Etat comme
garant de l'ordre public social et des principes de service public,
toutes
les organisations syndicales dont des élections devraient déterminer
le
nombre de représentants, les organisations de chômeurs
et précaires, élues
également, pour que leurs préoccupations et revendications
soient mieux
prises en compte, et le patronat eu égard à sa responsabilité
dans le
fonctionnement du marché du travail.
Réformer le marché du travail ?
Ce dernier aspect est évidemment l¹autre point fort du rapport,
qui
rassemble la plupart des propositions novatrices émises ces
dernières années
par des juristes du travail pour " re-réguler " le rapport salarial.
Toutefois, on regrettera au passage que J.M. Bélorgey sacrifie
un peu trop à
l¹esprit du temps en écrivant que l¹actuel système
de protection sociale n¹a
" aucun pouvoir d¹incitation " (p. 16), et en reprenant à
son compte
l¹analyse des " taux marginaux d¹imposition " très
élevés (p. 15) qui,
selon certains, enfermeraient de nombreux pauvres dans leurs " trappes
".
Une récente étude publiée par l¹INSEE a prétendu
donner un fondement
scientifique à ces fantasmes récurrents, mais n¹a
en fait montré que le
dogmatisme des théoriciens orthodoxes , alors que
la vaste majorité des
travaux empiriques amène à récuser l¹idée
qu¹il y aurait un problème massif
de " désincitation au travail " en France. Cette faiblesse dans
l¹analyse
n¹est pas sans conséquence sur les préconisations
puisque le rapport
soutient l¹idée d¹une allocation compensatrice de
revenu, telle que proposée
par R. Godino, alors qu¹il ne s¹agit que d¹une version
francisée du très
libéral impôt négatif.
Toutefois, pour l¹essentiel, J.M. Bélorgey garde les pieds
solidement ancrés
dans le rapport salarial. Renversant la logique de la loi Madelin,
le
rapport propose ainsi que tout travailleur produisant pour une entreprise
soit considéré comme salarié, avec les droits
afférents, sauf s¹il a créé
formellement sa propre entreprise à laquelle il a affecté
un patrimoine
(monétaire ou en savoir-faire reconnu). De même pour limiter
la
précarisation des emplois, le développement du droit
de la " co-activité "
consiste à rendre juridiquement responsable l¹employeur
de facto, en ouvrant
aux travailleurs qui dépendent économiquement de lui
(même en l¹absence de
contrat de travail formel) des droits sociaux et économiques
équivalents aux
travailleurs permanents et officiels : droit de représentation,
droit à la
formation professionnelle, aux conventions collectives applicables
au
donneur d¹ordre... Cela retirerait bien entendu beaucoup de leur
intérêt aux
stratégies d¹externalisation, et faciliterait la réunification
des
collectifs de travail démantelés par les actuelles pratiques
de gestion de
la main-d¹oeuvre des firmes. La modulation du taux des cotisations
sociales
payées par les entreprises en fonction de la précarité
des emplois qu¹elles
créent, le droit à passer à temps plein quand
on est à temps partiel, sont
des propositions qui vont dans le même sens. Les femmes seraient
alors
davantage en position de faire valoir leur droit au " temps partiel
choisi"...
A terme se profile une refonte plus globale du droit du travail, évoquée
par
exemple dans le rapport Supiot. J.M. Bélorgey parle d¹une
" réelle assurance
mobilité ou assurance travail gérée localement
" (p. 48) en évoquant le cas
des jeunes, mais rien n¹empêche de concevoir un tel système
de façon plus
générale, refondant la sécurité de l¹emploi
sur de nouvelles bases. Des
systèmes de mutualisation de la garantie de salaire pourraient
être gérés
par des institutions multi-partites ou des réseaux cogérés,
auxquels
participeraient entreprises, associations et syndicats, collectivités
et
organismes de formation au niveau des branches, des régions
ou territoires,
le tout inséré dans un cadre juridique national - une
tout autre UNEDIC,
profondément refondue et démocratisée, aux attributions
largement
renouvelées. Mais on ne pourra avancer vers un tel horizon par
le seul effet
de réformes juridiques aussi bien intentionnées soient
elles. De toute
évidence il faudra un considérable déplacement
du rapport des forces au
profit des mouvements sociaux, syndicats et associations ; déplacement
qui
lui-même ne pourra faire l¹économie d¹une profonde
démocratisation de leur
fonctionnement, d¹une prise en compte réelle et active
de la diversité des
intérêts de leurs mandants, bref d¹un renouveau des
formes de la lutte
sociale à l¹opposé des tendances actuelles à
la technicisation et au
renforcement du caractère délégataire de la représentation.
De la démocratie sociale à la démocratie économique
Les réformes proposées concernent le rapport capital-travail,
sur le marché
du travail et dans l¹entreprise même. Mais la liste proposée
par J.M.
Bélorgey est loin d¹être exhaustive ; elle omet par
exemple la question des
licenciements (on pourrait proposer une restriction du droit des entreprises
à supprimer des emplois alors que leur situation économique
est florissante,
et l¹autorisation pour le juge de se prononcer sur la nécessité
économique
des suppressions d¹emplois à partir de critères
objectifs, excluant le
simple motif d¹accroissement des profits). D¹autre part on
devrait renforcer
les obligations des entreprises en matière de reclassement des
travailleurs
licenciés, surtout quand ils sont âgés et/ou peu
qualifiés : l¹obligation
actuelle de moyens (que l¹entreprise doit mettre à la disposition
des
salariés en vue de leur reclassement) devrait être remplacée
par une
obligation de résultats.
Le plus important réside cependant dans le renforcement des acteurs
sociaux,
dans l¹entreprise et son environnement. Une réforme des
droits des
représentants des travailleurs et des Comités d¹entreprises
doit leur
permettre d¹intervenir sur les choix économiques des entreprises
impliquant
l¹emploi, les conditions de travail, les salaires et la qualité
des
produits, afin que l¹intérêt général
prime sur les intérêts financiers
privés, et, si besoin est, de pouvoir s¹opposer aux décisions
préjudiciables
en usant d¹un recours suspensif. Pour aller dans cette direction,
l¹actionnariat salarié est illusoire et dangereux : il
aboutit, à l¹inverse
du but recherché, à identifier les intérêts
de certains salariés, les plus
qualifiés, qui ont une épargne importante investie en
actions de
l¹entreprise, avec les autres actionnaires et la logique financière,
au
détriment des salariés ordinaires, des précaires,
des chômeurs. Il faut au
contraire développer les droits démocratiques collectifs
des Comités
d¹entreprise, indépendamment des droits de propriété.
En cas de conflit
d¹orientation entre droits sociaux et droits de propriété,
l¹arbitrage
devrait être rendu à l¹aide de procédures
faisant appel à la collectivité.
Les missions et les moyens de l¹Inspection du travail doivent
être
renforcés, de même que ceux des organes de contrôle
sanitaire lorsque la
santé ou l¹alimentation sont en jeu. Surtout l¹intervention
des associations
d¹usagers, de consommateurs, de quartier ou de localité,
doit être
sollicitée. Il s¹agit que les entreprises ne soient plus
exonérées de leurs
responsabilités sociales, qu¹elles rendent des comptes
non seulement à leurs
actionnaires mais aux collectivités qui fournissent les bases
de la création
de richesse et subissent en premier lieu les conséquences des
décisions de
production et d¹emploi.
On le voit, nous ne sommes opposés ni aux réformes structurelles
ni à la
refondation sociale, à condition qu¹elles visent à
développer le champ
d¹exercice de la citoyenneté et de la démocratie.
La " réforme "
néo-libérale recherche au contraire à plier sans
cesse davantage l¹économie
et la société aux règles des actionnaires et des
marchés financiers : le
rapport signé par J.M. Bélorgey représente un
point d¹appui, limité mais
réel, pour penser autrement la réforme.