En partenariat avec Icare (Initiatives de Citoyenneté Active en Réseau), les EGEP ont organisé un premier forum le 30 septembre 2000 sur le thème :
Changer les rapports entre partis politiques et mouvements de citoyenneté
Extraits :
Bernard Ravenel (Mouvements) : La crise de la forme parti que nous connaissons n'est pas temporaire, c'est une crise du politique à prendre en compte comme structurelle pour l'Occident. Il est temps de passer d'un niveau de représentation des citoyens à un niveau de pouvoir des citoyens.
Francine Bavay (Verts, Conseil Régional IdF) : Les partis politiques ont tendance à s'autonomiser de leurs objectifs de transformation de la société pour se concentrer sur la sélection de responsables. S'il faut un parti-mouvement, la solution existe déjà, ça s'appelle ATTAC !
Daniel Jaunas (Verts, REAS) : Les partis fonctionnent de plus en plus dans une logique d'entreprise où l'électeur est un client. Ils font du marketing : est-ce que c'est intéressant de prendre telle position pour prendre le pouvoir ?
Dans un autre atelier, Françoise Duthu résume la contradiction dans laquelle sont pris les élus face au mouvement social : "vous êtes pourris mais venez quand on vous sonne".
Patrick Viveret s'inquiète "Il manque un étage à notre démocratie, celui de la formation. Pour réussir des articulations aussi complexes, les outils traditionnels de démocratie sont inadaptés, du fait d'une insuffisance d'expertise, de prospective, d'instance de concertation, de formation... propres à faire évoluer la capacité décisionnelle des démocraties".
Françoise Galland insiste sur la nécessité de "comités d'évaluation, de suivi, ce qui permet au citoyen de rester en dehors de l'institution".
Mettre en oeuvre des conférences de citoyen
La priorité a été donnée ensuite aux conférences de citoyens, à propos desquels une documentation a été rassemblée, notamment :
- Hans Harms : Les incapacités du système de représentation démocratique à répondre aux problèmes environnementaux - de la nécessité de participation des citoyens.
"Le fait d'offrir des opportunités partielles de participation aux décisions sociales ne veut pas dire qu'il faut avoir de plus en plus de gens qui participent de plus en plus souvent à de plus en plus de questions à propos desquelles ils n'en savent pas assez (par exemple : les référendums)".
- Une série de "Fiches d'expérience", analysent les conférences de consensus au Danemark, en Suisse et au Royaume-uni. Hans Harms du Citcon (Citizen Consult gmbh) présente le modèle NIP (Noyaux d'intervention Participative) qui ressemble peut-être plus à une étude d'impact, à un panel de consommateurs qu'à une "participation citoyenne", ce qui ne lui retire rien de son utilité éventuelle. De même le sondage d'opinion délibératif dérive plutôt des méthodes marketing qu'il ne faut pas négliger ni confondre avec un débat public.
Une dernière série de fiches met en discussion la place des conférences de citoyens dans la démocratie. Ainsi Bernard Marin, auteur des "Principes du gouvernement représentatif" (Champs, Flammarion) souligne dans "L'épreuve de la discussion" que "la démocratie représentative n'est pas un régime où la collectivité s'autogouverne, mais un système où tout ce qui tient au gouvernement est soumis au jugement public". Ce qui la ramène au théâtre "permettant à la communauté d'assumer sa pluralité. N'y a-t-il pas lieu, à partir de là, d'établir un lien entre représentation politique et représentation théâtrale, et de s'interroger sur le rôle potentiel des pratiques et des logiques de l'art dans la production d'espaces de délibération collective et de perspective de jugements publics ?". A l'inverse Philippe Gérard insiste sur la dimension cognitive de "l'argumentation dans la délibération politique" qui "implique toujours une dimension d'apprentissage et de rationalisation". Enfin Matthieu Calame dénonçant le caractère oligarchique de notre démocratie réfute la prétendue "complexité" (de la rareté des questions complexes) qui permettrait de soustraire des décisions simples au jugement public mais "il faut le reconnaître, la démocratie est incompatible avec l'urgence. L'urgence impose la dictature comme seul mode de règlement des problèmes... Avant d'être participative ou représentative, une démocratie doit d'abord être anticipative !".
La lettre du chantier E, N° 2 (août 2001)
Vous y trouverez les nouvelles du chantier ainsi qu'un dossier sur la démocratie participative :
- Pratiques de coopération contre ingénierie sociale,
Jean Marquet
"l'ingénierie sociale, malgré les critiques qu'on peut
lui adresser est utile parce qu'elle permet de mobiliser des moyens que
l'on ne peut négliger. L'organisation des réseaux de contestation
et de contre-proposition à la mondialisation est essentielle et
vitale pour la démocratie mondiale en devenir. Toutefois, la recherche
d'une démocratie locale fondée sur la participation active
des citoyens est indispensable".
- La démocratie à venir, Jean Zin (paru dans EcoRev')
- Une fiche sur le CRIDA (Centre de Recherche et d'Information sur la Démocratie et l'Autonomie) animé par Jean-Louis Laville.
- Le Projet de Loi Vaillant sur les comités de quartier
et sa critique :
- Réseau démocratiser radicalement la démocratie
"Vouloir faire croire aux habitants que la politique municipale se
découpe quartiers par quartiers n'est pas les faire avancer dans
la prise de conscience politique".