Devenus bipèdes à cause d’un terrain escarpé

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- Devenus bipèdes à cause d'un terrain escarpé

C'est une nouvelle version du singe qui se redresse pour parcourir la savane, sauf qu'on y rajoute les contraintes d'un terrain escarpé et rocailleux. Une autre théorie impliquait le transport de nourriture sur de longues distances mais ce n'est pas contradictoire.

Ainsi les Hominiens ont été obligés de marcher sur leurs deux jambes pour s'adapter à l'environnement de l'Afrique méridionale et orientale. Ils sont devenus progressivement des bipèdes, car ils ont dû marcher au lieu de grimper dans les arbres qui commençaient à se raréfier. La vaste forêt laissait place à une vaste plaine et à la savane, un environnement auquel les Hominiens devaient s'adapter pour survivre.

Le paysage de cette partie de l'Afrique est réputé être rocailleux et escarpé. Cette nature rocailleuse devenait le terrain de chasse des Hominiens, lesquels étaient obligés de se dresser pour élargir leur champ de vision. Ce nouveau cadre exigeait des activités physiques comme l'escalade, la course, la marche et le balancement. C'est ainsi qu'ils sont devenus, au fil du temps, des bipèdes à part entière. L'évolution des Hominiens ne se limite pas à ce changement à la verticale, on assiste également à un développement de la dextérité manuelle.

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L’aire de Broca dédiée à la grammaire comme à la rationalité procédurale

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- L'aire de Broca dédiée à la grammaire comme à la rationalité procédurale
Thierry Chaminade, La Recherche, p60

Parler comme on taille des silex | La Recherche

J'ai voulu mettre un titre plus précis mais cela aurait pu être "L'origine commune du langage et de la technique". L'article original s'appelle "Parler comme on taille des silex", Thierry Chaminade mettant en relation langage et taille des silex par l'intermédiaire du développement de l'aire de Broca, bien connue pour son lien au langage mais qui serait aussi nécessaire pour suivre des procédures de fabrication selon des règles du même ordre que la grammaire. C'est bien sûr très important puisque cela identifie langage et technique mais aussi parce que cela ferait remonter la grammaire, et donc peut-être le langage narratif, à des temps un peu trop reculés (une procédure comportant des étapes successives est effectivement de l'ordre de la narration).

Le rôle attribué au langage était jusqu'ici réduit à la transmission alors qu'il devient plutôt un produit de la rationalité et des procédures techniques, non pas de la fiction (des mythes qui n'en seraient que des pathologies) et donc pas des bavardages des femmes ni des contes pour enfant comme on en avait fait l'hypothèse. Cela n'empêche pas que la capacité de transmission permet ensuite d'accélérer l'évolution et de complexifier les techniques, ce qu'on n'observe d'ailleurs pas tellement avant le paléolithique supérieur, les innovations restant très rares avant. Le plus vraisemblable reste que le langage narratif est bien plus récent mais que sa structure préexistait dans les procédures techniques et que son émergence a été plus progressive.

En tout cas, on remet ainsi sur les pieds l'histoire de notre humanisation qui ne commence pas par l'esprit mais par une raison procédurale qui reste ancrée dans le biologique et la pratique manuelle (on avait d'ailleurs vu que la taille de la pierre avait fait évoluer nos mains). L'esprit joue quand même un grand rôle par l'intermédiaire de l'imitation et des neurones miroirs qui activent l'aire de Broca de celui qui regarde de façon semblable à celui qui taille la pierre (identification à l'intentionnalité du geste).

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Réciprocité, moralité et religion

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- Réciprocité, moralité et religion
The Bonobo and the Atheist: In search of humanism among the primates, Frans de Waal

Frans de Waal distingue 2 sources de la morale chez les animaux, notamment les bonobos : d'une part les rapports individuels, comme la réciprocité, et d'autre part la cohésion du groupe, son harmonie.

Chez l'homme, la moralité ne viendrait donc pas de la religion mais c'est la religion qui ne serait qu'une codification de la moralité (c'est le grand mensonge de la religion de nous persuader que sans elle, il n'y aurait pas de moralité, remplaçant une tendance naturelle par des injonctions extérieures, artificielles).

Il y a incontestablement du vrai, du côté des émotions, mais qui néglige la part du langage (du mythe, du récit, sinon du Livre) et de sa rationalisation jusqu'à pouvoir faire avec Kant de l'universalisation le critère de la moralité autant que de la raison ; ce qui laisse penser que la "moralité animale" n'a rien de contingente mais résulte de contraintes universelles, qu'on peut dire géométriques. De même, on peut voir aussi dans la religion une personnalisation de la communauté qui ferait la synthèse de la moralité d'une relation individuelle, entre interlocuteurs, et des règles sociales, de l'affirmation de l'unité collective ou de la pression du groupe.

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Les langues d’Europe et d’Asie dérivent d’une langue commune

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- Les langues d'Europe et d'Asie dérivent d'une langue commune

European and Asian languages have one mother tongue - life - 07 May 2013 - New Scientist

Il semblait difficile pour la phonologie de remonter au-delà de 8000 ans pour reconstituer les formes primitives de langues qui se sont différenciées (ex : le Sanskrit "bhratar" devient "brother", "frater", "frère", etc.) jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que les mots les plus courants évoluaient beaucoup moins que les autres. En se focalisant sur 23 mots "ultra-conservés" (thou, I, not, that, we, to give, who, this, what, man/male, ye, old, mother, to hear, hand, fire ,to pull, black, to flow, bark, ashes, to spit, worm), l'étude a pu ainsi montrer que les langues asiatiques et européennes dérivaient d'une langue commune il y a 15 000 ans, c'est-à-dire juste avant la fin de la dernière glaciation et l'explosion des populations sur les territoires libérés. L'article du Washington Post permet d'écouter ces mots (cognates) dans différentes langues, leur ressemblance n'étant pas évidente pour les non spécialistes...

Il est possible que ce soit le signe d'un remplacement des anciennes populations par un groupe restreint plus évolué mais seules des études génétiques pourraient l'établir, les langues n'étant pas toujours corrélées à une origine commune.

D'autres études très contestées font remonter la langue mère de toute l'humanité cette fois (y compris les Africains mais peut-être pas les San) aux alentours de 60 000 ans. Tout cela est considéré comme pure spéculations par certains.

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Les Mammouths ont disparu parce qu’on tuait les dominants

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- Les Mammouths ont disparu parce qu'on tuait les dominants

C'est toujours un mystère l'impact disproportionné que semblent avoir eu les humains à une époque où ils étaient si peu nombreux. En tout cas partout où ils pénétraient hors d'Afrique les grands mammifères disparaissaient rapidement. La seule explication qu'on pouvait imaginer était des hécatombes exterminant des troupeaux entiers se précipitant de falaises pour échapper aux feux de broussailles allumés par les chasseurs, ce dont on a peu d'exemples répertoriés. Un tout autre processus, plus indirect, pourrait être la cause de ces extinctions, la propension à s'attaquer aux animaux les plus grands qui sont aussi les mâles dominants.

L'étude en question concerne les Mastodontes, Mammouths à poil laineux d'Amérique du nord, dont un nombre inhabituel de squelettes témoignent avoir succombé aux défenses d'autres Mastodontes et donc d'une augmentation de l'agressivité de ces animaux. Or, on constate le même phénomène en Afrique lorsque des braconniers tuent les plus grands éléphants pour leurs défenses. Ensuite, les jeunes mâles livrés à eux-mêmes deviennent comme fous et peuvent s'entretuer, laissant libre cours à une agressivité déchaînée pour prendre la place du chef. De quoi montrer que la compétition sexuelle n'est pas la seule cause des hiérarchies animales qui ont surtout une fonction pacificatrice de maintien de l'ordre (il vaut toujours mieux un ordre que pas du tout), un peu comme un prédateur qui défend son territoire protège des autres prédateurs.

Que l'extinction des grands mammifères soit due à ce mécanisme de désorganisation n'est encore qu'une hypothèse mais qui rend un peu moins incroyable l'impact disproportionné des premières populations (avec des répercussion notables sur le climat de la disparition des grands animaux). Bien sûr ce n'est qu'un facteur, le coup de grâce à des espèces déjà sur le déclin à cause de conditions climatiques défavorables, notamment la chute d'une météorite, il y a 12 800 ans provoquant un refroidissement soudain, mais elles en avaient vu d'autres avant et avaient survécu des millions d'années. Les hommes ne se sont distingués qu'à éradiquer les derniers survivants jusqu'à l'élimination complète de ce qui était leur principale ressource, comme nous en avons un peu trop l'habitude, hélas.


En fait une nouvelle étude conteste le rôle de l'homme dans la disparition de la mégafaune en Australie, mettant en cause plutôt le climat, sauf qu'il n'y a pas qu'en Australie que la mégafaune a disparu et, comme on le disait, le rôle de l'homme se réduit sans doute à l'extermination des derniers survivants.

Il n'y aurait eu aucune trace d'arme de l'époque permettant la chasse de gros gibier.

Il y a cependant de bonnes preuves comme quoi 8 à 14 espèces de la mégafaune étaient encore présentes lorsque les humains sont arrivés.

Les aborigènes d'Australie semblent effectivement, selon Alain Testart, être des chasseurs assez peu évolués ne pratiquant même pas de pièges mais ils étaient quand même coutumiers des feux de brousse pour en ramasser ensuite le gibier tout cuit. Il est difficile de leur attribuer la chasse préférentielle des mâles dominants mais il faut compter avec le fait que cette mégafaune était la principale menace et qu'elle devait mobiliser toute leur énergie pour s'en défendre. Le mystère reste entier...

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Les origines de la créativité

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- Les origines de la créativité (PLS)

C'est une vieille histoire de tenter de dater nos origines et une "coupure épistémologique" nous séparant à jamais de l'animalité alors qu'on trouve toujours des précédents dans un processus qui semble plus progressif. Il n'empêche que la véritable révolution culturelle semble se passer vers 50 000 ans et qu'on peut remonter pour ses prémices à 70 000 ans peut-être alors que cet article remonte bien avant, sous le couvert d'une "créativité" tout de même bien lente en ces temps reculés par rapport à l'accélération suivante. La seule véritable coupure pensable et qui n'est pas génétique, me semble celle du langage narratif bien qu'on ait fait l'hypothèse que son potentiel ne se soit révélé qu'une fois l'espérance de vie devenue un peu plus longue avec des groupes plus importants permettant l'élaboration de cultures complexes avec leur transmission par les ancêtres.

Ici, on tente de montrer que nos capacités cérébrales et de coopération sont essentielles dans l'innovation, ce dont on n'aurait jamais douté, mais l'élément déterminant semble la démographie dans un sens différent de la taille des groupes plutôt dans la densité des populations et le réseau de leurs échanges, le seuil minimum de ce que Pierre Chaunu appelait le monde plein au Moyen-Âge, pour une densité bien plus forte, a été estimé par Mark Thomas avoir été atteint il y a 100 000 ans (ce qui ne tient pas compte de l'explosion du Mont Toba et d'un goulot d'étranglement génétique, il y a 70 000 ans). Si c'est vraiment une question de densité, l'évolution technique n'en a pas fini d'accélérer jusqu'au pic de population au moins ! Cette densité est peut-être seulement nécessaire pour qu'il y ait évolution cumulative, que les innovations ne soient pas oubliées, assurant une continuité dans l'humanisation du monde à partir de laquelle nous parlons, dans un monde déterminé par un niveau technique donné. Un encadré insiste plutôt sur les interactions avec l'environnement qui sont au moins aussi déterminantes. Ainsi, on peut penser que l’accélération des innovations au début du Néolithique venait de la nécessité de s'adapter à un nouvel environnement et un nouveau mode de vie alors qu'ensuite, une fois le système rodé, la conservation l'emportera sur l'innovation pour de longs millénaires jusqu'à l'époque contemporaine parfois où le bouleversement est bien plus grand encore.

La lignée de l'homme moderne est apparue en Afrique il y a environ six millions d'années, mais durant près de 3,4 millions d'années, ses premiers membres ont laissé peu de témoignages d'innovation. Cela suggère qu'ils se procuraient de la nourriture à la main, ou avec des outils rudimentaires qui ne se sont pas conservés, des bâtons par exemple.

Puis des homininés (hominidés non arboricoles) nomades ont fabriqué des outils coupants en taillant des galets avec des pierres. Cet acte témoigne d'une étonnante ingéniosité. Mais nos ancêtres semblent avoir utilisé le même type de hache multifonction (un biface) pendant les 1,6 million d'années suivantes, à quelques légères modifications près.

En Afrique du Sud, des chercheurs ont relevé des traces de nombreuses inventions précoces. Les chasseurs-cueilleurs qui habitaient la grotte de Blombos il y a 100 000 à 70 000 ans, par exemple, gravaient des motifs sur de gros morceaux d'ocre. Ils fabriquaient des poinçons en os, peut-être pour façonner des vêtements en peau. Ils se paraient de colliers de perles chatoyantes faites de coquillages et, dans un lieu dédié, réduisaient en poudre de l'ocre rouge et l'emmagasinaient dans les plus anciens récipients connus, faits de coquilles d'ormeaux. Plus loin à l'Ouest, sur le site de Pinnacle Point, des individus travaillaient la pierre il y a 164 000 ans, chauffant une roche locale, la silcrète, sur un feu contrôlé, pour la transformer en un matériau brillant, plus facile à tailler.

Les pointes de pierre provenant du site de Kathu Pan 1, en Afrique du Sud, constituaient autrefois les extrémités de lances vieilles de 500 000 ans qui appartenaient sans doute à Homo heidelbergensis, le dernier ancêtre commun de l'homme de Neandertal et de Homo sapiens. Et dans la grotte de Wonderwerk, toujours en Afrique du Sud, une couche ancienne contenant des cendres de végétaux et des fragments d'os calcinés suggère qu'il y a un million d'années, un homininé encore plus lointain, Homo erectus, a appris à allumer des feux pour se réchauffer et se protéger des prédateurs.

Aussi impressionnants que soient ces premiers éclairs de créativité, l'immense disparité des innovations, tant en quantité qu'en qualité, entre les hommes modernes et nos lointains ancêtres demande une explication.

À l'aide de données génétiques provenant d'Européens modernes, ils ont estimé la taille des populations humaines en Europe au début du Paléolithique supérieur, époque où la créativité semble être apparue dans cette région, et ont calculé la densité de population. Puis ils ont étudié les populations africaines au cours du temps, simulant leur croissance et leurs migrations. Leur modèle montre que les populations africaines ont atteint la même densité que les premiers Européens du Paléolithique supérieur il y a environ 101 000 ans, juste avant que l'innovation ne se manifeste dans les régions subsahariennes selon les témoignages archéologiques. Le modèle montre aussi qu'il existait alors de vastes réseaux sociaux.

L'apparition de grandes populations connectées a permis aux innovations de se répandre, telle cette recette d'arme de jet à base de lamelles retouchées en pierre, mise au point par Homo sapiens il y a environ 71 000 ans.



Cela n'a rien à voir avec l'article mais je signale un livre de 2003 "La femme des origines : Images de la femme dans la préhistoire occidentale" de Claudine Cohen qui remet en cause les projections des interprétations dominantes (l'identification des squelettes féminins, un culte de la fécondité peu compatible avec les ressources limitées de chasseurs-cueilleurs, etc.), un exercice salutaire contre les préjugés qui ne débouche sur aucune certitude et plaide plutôt pour une grande diversité au lieu de l'uniformité supposée mais le plus étonnant peut-être est la mise en cause de la chasse avant le Paléolithique supérieur :

Lewis Binford souligna déjà, jetant un pavé dans la mare qu’il n’y avait pour lui aucune certitude pour soutenir l’existence de la chasse avant la toute fin du paléolithique. Il pouvait tout aussi bien s’agir de charognage plutôt que de chasse qui aurait tout aussi bien pu être accompli par des femmes. Selon d’autres anthropologues la chasse ne peut être le moteur de la genèse humaine puisque l’humain n’a appris que tardivement à chasser mais bien la cueillette.

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L’Anthropocène commence avec l’agriculture

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- L'Anthropocène commence avec l'agriculture

L'empreinte de l'homme sur la géographie et le climat daterait d'au moins 5000 ans où il y avait déjà un cinquième des terres qui étaient cultivées. On n'imagine pas qu'une population si peu nombreuse d'à peine 10 millions puisse avoir eu un impact global significatif mais il fallait à l'époque beaucoup plus de terres par habitant qu'aujourd'hui. Les nouvelles terres étaient conquises par le feu et les dégagements de CO2 auraient déjà augmenté de 20 à 30 ppm (10%), l'empreinte carbone par habitant étant à cette époque 10 fois plus important qu'aujourd'hui !

Tout cela semble bien difficile à croire mais on savait bien que les premières grandes villes du temps de Babylone avaient désertifié des régions entières à cause de l'irrigation mais cela restait très local. En fait, l'impact sur le climat a commencé bien avant, au Paléolithique supérieur par l'extermination de tous les grands mammifères hors d'Afrique (et Inde) reconfigurant les paysages (des forêts plus denses). Là aussi, les troupeaux entiers étaient chassés par le feu, on en trouve des traces il y a 60 000 ans.

Alors qu'on réévalue l'impact des premiers humains sur le climat, on minimise désormais l'impact des supervolcans et notamment de l'explosion du Mont Toba, il y a 75 000 ans, qui n'aurait refroidit le climat que de 1,5°C sur moins de 30 ans. Pour certain, l'impact sur les hommes aurait été nul, ce que d'autres contestent, la disparition de la végétation pendant quelques années suffisant à décimer les populations mais pas plus que d'autres catastrophes climatiques. Il n'en reste pas moins que des études génétiques parlent d'une réduction de la population mondiale à seulement 2000 individus (ce qui contredit complètement l'hypothèse de Pour la Science d'un progrès par densification de la population mais c'est peut-être simplement le nombre de nos ancêtres ayant supplantés tous les autres?) et que cela a pu avoir au moins un rôle d'accélérateur de notre évolution puisqu'on date de cette époque les débuts de la révolution du paléolithique supérieur.

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L’Europe conquise par les agriculteurs espagnols

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- L'Europe conquise par les agriculteurs espagnols

Néolithique européen

Bien que l'échantillon soit trop faible, il se pourrait qu'on retrouve dans 40% des Européens les gènes mitochondriaux d'une population ayant peuplé la péninsule ibérique entre 6100 et 4200 ans.

Comme les Basques sont la population la plus ancienne d'Europe et qu'ils sont apparentés aux Berbères, on peut supposer que la colonisation par les agriculteurs est venue principalement de là même si la carte que j'ai trouvé indique bien l'existence de plusieurs foyers. Il se pourrait que la brusque désertification du Sahara il y a 4900 ans dont parle la brève précédente y soit pour quelque chose ? On peut penser que la néolithisation se fait la plupart du temps par remplacement des anciens chasseurs-cueilleurs nomades mais sans doute plus par mélange avec les villages de pêcheurs déjà sédentarisés (plus "civilisés").

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On se sent toujours sous le regard des autres

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- On se sent toujours sous le regard des autres

Feeling of being watched 'hardwired in brain' - Telegraph

Le sentiment que d'autres personnes vous regardent est codé en dur dans votre cerveau, même si personne ne vous verse la moindre attention.

Le sentiment que les autres nous regardent serait un mécanisme évolutif conçu pour nous garder en alerte et prêt pour l'interaction avant que cela n'arrive vraiment.

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Nos mains façonnées par les pierres taillées

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- Nos mains façonnées par les pierres taillées

outils_homo_erectus

Notre espèce s'adapte donc à ses outils dès l'origine (au moins depuis Homo Erectus). C'est surtout le poignet qui évolue en quelques centaines de milliers d'années pour pouvoir saisir plus fermement des petits objets.

Il y a environ 1,7 millions d'années, les outils de nos ancêtres sont passés de pierres basiques cognées ensembles à des pierres taillées servant de hachettes. La force et la dextérité nécessaire pour fabriquer et utiliser ces outils ont rapidement façonné nos mains telles qu'elles sont aujourd'hui - à en juger par un fossile de la plus ancienne main anatomiquement moderne connue.

Avant l'utilisation de ces haches en pierre taillée, nos ancêtres avaient des poignets primitifs, bons pour s'accrocher aux branches mais trop faibles pour saisir et manipuler des petits objets avec beaucoup de force.

Comme sur les os métacarpiens de l'homme, il a une petite bosse à sa base - la styloïde. Cette excroissance permet de stabiliser le poignet lorsque la main saisit de petits objets entre le pouce et les doigts. La datation aux isotopes a révélé que l'os aurait environ 1,4 millions d'années. Il est donc susceptible d'avoir appartenu à un Homo erectus.

Cela montre que les mains de nos ancêtres étaient déjà en train de prendre leur forme moderne il y a 1,4 millions d'années.

Une fois les caractéristiques importantes du poignet en place, il est devenu plus facile pour les hominidés de faire des outils plus petits et plus fins.

C'est la première preuve d'une évolution anatomique pour s'adapter à une nouvelle technique.

Par ailleurs, il semblerait que Australopithecus sediba, bien que proche de nos ancêtres, serait en fait remonté dans les arbres, entre 2 millions et 1,7 millions d'années (voir aussi Futura-Sciences). Il peut donc y avoir des évolutions régressives.

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Le Sahara verdoyant s’est désertifié brutalement voilà 4.900 ans

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- Le Sahara verdoyant s'est désertifié brutalement voilà 4.900 ans

saharaQue le Sahara ait connu une époque verdoyante au début du néolithique n'a rien d'une nouvelle puisqu'on soupçonne même qu'il ait été son creuset, avec notamment les premières pratiques d'élevage. On progresse simplement dans la précision des datations et l'évaluation de la brutalité du phénomène mais cette datation ne rend pas crédible de lui attribuer un déploiement d'inventivité pour tenter d'y répondre alors qu'on se situe à un moment où l'agriculture a déjà un long passé. L'image d'un jardin d'Eden dont on aurait été brutalement chassé ne serait pourtant pas si fausse pour décrire ce changement climatique radical.

Le nord de l’Afrique émet chaque année plus d’un million de tonnes de poussières dans l’atmosphère, mais il n’en a pas toujours été de même. Nombre de ces particules minérales sont emportées vers l’Ouest, et voyagent alors au-dessus de l’Atlantique. Avec le temps, elles se déposent progressivement à la surface de cet océan, avant de couler. En d’autres termes, les sédiments marins renferment, au large de l’Afrique du Nord, de précieuses informations sur les flux de poussières sahariennes de ces derniers milliers d’années.

Or, l’importance de ces flux est directement proportionnelle à l’aridité de la région source, et donc à son climat.

La nature brutale des changements climatiques survenus dans le nord de l’Afrique a été confirmée. Toutes les régions composant cette zone géographique ont été touchées simultanément et avec la même importance, ce qui a permis une datation précise de la période humide africaine (à 200 ans près). Elle aurait ainsi débutée voilà 11.800 ans, et se serait terminée il y a 4.900 ans, en donnant naissance au Sahara tel que nous le connaissons.

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Des poteries de 20 000 ans pour cuire les poissons

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- Des poteries de 20 000 ans pour cuire les poissons

La découverte de résidus de poissons cuits dans des poteries japonaises de 15 000 à 10 000 ans remet en cause les certitudes antérieures sur le caractère purement ornemental ou religieux des poteries d'avant le Néolithique (voir par exemple cet article de La Recherche de 2008 dont j'ai rendu compte dans ma revue des sciences). Encore tout récemment, on retrouve cette hypothèse dans le livre d'Alain Testart, Avant l'histoire, pour qui les plus anciennes céramiques peuvent être datées de 26000 ans mais n'auraient servi que de jouet ou de gadget religieux avant de trouver toute leur utilité avec l'agriculture.

En fait, ce n'est pas si neuf puisqu'on avait déjà parlé au mois de juillet de poteries chinoises ayant servi à cuire des aliments, il y a 20 000 ans (la glaciation disait-on aurait obligé à réchauffer la nourriture). Encore une fois, il faut donc complètement revoir notre préhistoire. Parler de PPNA et PPNB pour "Pré-Poterie" Néolithique A et B (de -9000 à -7000) n'a plus de sens, sinon local.

De quoi montrer que l'Asie était plutôt en avance et surtout, cette fois-ci en accord avec Alain Testart, que les premières civilisations évoluées, les premiers sédentaires étaient des pêcheurs (plus que des chasseurs-cueilleurs) profitant d'une abondance de poissons, notamment les saumons remontant les rivières. On peut penser aussi que la trace de ces pêcheurs s'est perdue avec la montée des eaux et que donc notre reconstitution du passé est entièrement faussée.

Tout cela n'empêche pas que la révolution néolithique est bien venue du Proche-Orient, renforçant même sa spécificité par rapport à des évolutions plus anciennes n'ayant pas mené aux mêmes progrès.

http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1040618200000690

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Un crâne témoignant d’un croisement entre une Néandertale et un Sapiens

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- Un crâne témoignant d'un croisement entre une Néandertal et un Sapiens

Depuis le temps qu'on attendait une preuve de cette interfécondité ! Il n'empêche que la survie de la mère aurait pu être mise en danger par éclampsie notamment, ce qui pourrait être du coup une explication de la disparition de Neandertal ?

Le menton d'un Néandertalien tardif, mort il y a quelque 35 000 ans en Vénétie, et le contexte de sa découverte indiquent qu'il s'agirait d'un métis H. sapiens - H. neanderthalensis.

Ce fragment humain vieux de quelque 35 000 ans a été retrouvé dans une couche pleine d’outils moustériens – des outils en pierre fabriqués uniquement par les Néandertaliens (entre 300 000 ans et 30 000 ans avant le présent).

Son ADN mitochondrial (transmis par la mère) s’est révélé contenir un motif caractéristique des Néandertaliens.

Au lieu d'être convexe comme chez les Néandertaliens anciens, la symphyse mentonnière (la pente du menton) de la mandibule de Mezzena est verticale comme chez les hommes anatomiquement modernes. En outre, elle possède une protubérance mentonnière, ce qui est anormal chez les Néandertaliens, mais tout à fait courant chez les hommes anatomiquement modernes. Ce menton de Mezzena aurait pu passer pour une anomalie sans signification particulière si une protubérance similaire n’avait été retrouvée sur des fossiles d'autres Néandertaliens tardifs d'Europe, tels ceux de Spy en Belgique (36 000 ans), de La Ferrassie en Dordogne (de l'ordre de 50 000 ans), de Las Palomas en Espagne (environ 42 000 ans) et de Vindija en Croatie (environ 33 000 ans), et s’il n’était aussi fortement caractéristique des hommes anatomiquement modernes.

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Les maladies inflammatoires issues de l’évolution des premiers européens

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- Les maladies inflammatoires issues de l’évolution des premiers européens

Les gènes qui nous rendent susceptibles de déclarer des maladies inflammatoires pourraient avoir été sélectionnés par l’évolution chez les Européens du passé. Autrefois, ils auraient protégé nos ancêtres des infections, mais aujourd’hui, alors que les conditions d’exposition aux pathogènes ont changé, nous en payons le contrecoup avec des maladies comme la sclérose en plaques, la maladie de Crohn ou la polyarthrite rhumatoïde. Car ce qui est néfaste pour nous aujourd’hui a peut-être par le passé sauvé la vie de nos ancêtres.

De nombreuses recherches ont révélé qu’il existait des centaines de sites du génome (des loci) augmentant les risques de développer des maladies inflammatoires. Parmi les 416 passés en revue par les auteurs, ils en ont trouvé 21 qui portaient les traces de la sélection naturelle. Or, ces loci sont déjà connus pour jouer un rôle dans la lutte contre les pathogènes. Ainsi, les auteurs supposent que ces 21 loci, aidant à se débarrasser de virus, bactéries ou autres microbes, ont été plus fréquemment retrouvés dans la population européenne passée justement car ils les protégeaient des maladies.

Mais depuis plusieurs décennies, l’environnement microbien a fortement changé, du fait d’une aseptisation importante des milieux. Or, l’incidence des maladies inflammatoires ne cesse de grimper. Les scientifiques ont fait un parallèle entre les deux événements, et certains suggèrent qu’une trop faible exposition aux micro-organismes pousse notre système immunitaire à s’attaquer à nos propres tissus. C’est l’hypothèse hygiéniste.

Cette hypothèse hygiéniste a été critiquée car notre exposition aux bactéries et virus n'a pas diminué dans les villes où règne une plus grande promiscuité mais par contre ce ne sont effectivement plus les mêmes qu'à la campagne (par exemple l'infection devenue rare par des vers protègerait de la maladie de Crohn). C'est une trop grande adaptation à un biotope spécifique (plutôt qu'à n'importe quel virus ou bactérie comme le prétendent les auteurs) qui devient un handicap lorsqu'on change d'environnement.

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Aux origines du rire

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- Aux origines du rire

Aux origines du rire

Comme dans le cas des vocalisations accompagnant les séances de chatouilles chez les grands singes, sa fonction première aurait été de communiquer une intention de s'adonner au jeu ou de signaler le désir de poursuivre un jeu en cours. L'évolution du rire et de l'humour aurait été marquée par trois adaptations distinctes, soit l'acquisition d'une théorie de l'esprit, l'évolution du langage et la reconnaissance d'incongruités dans les représentations symboliques.

Ainsi, non seulement une théorie de l’esprit permet-elle d’identifier chez les autres une contradiction entre leurs intentions et leurs actions ou entre leurs croyances et la réalité, mais elle fournit le socle sur lequel l’humour peut se développer, en ce qu’il est nécessaire d’anticiper les attentes d’autrui afin de leur présenter l’inattendu. Dès lors, bien avant l’évolution du langage, les composantes minimales sont en place pour voir apparaître la capacité de jouer des tours. Vraisemblablement la forme la plus primitive de production humoristique, il est avancé que ce type d’activité étendit l’éventail des stimulations possibles du rire Duchenne. Puisque comportant nécessairement un souffre-douleur, la dépréciation d’un protagoniste serait devenue une composante importante de la production d’humour. Une fois cette étape franchie, l’humour a pu commencer à « servir » la compétition interindividuelle, de par ses effets potentiels sur les hiérarchies de statuts décrits par Alexander.

À son avis, il serait fort probable que la capacité humoristique ait été soumise à l'action de la sélection sexuelle. La manifestation de l'humour aurait ainsi pu fonctionner au cours de l'hominisation comme indicateur de valeur adaptative. L'ethnologie nous informe que la moquerie, l'exagération et l'ironie constituent probablement les formes d'humour les plus anciennes, puisqu'elles sont universelles.

Le rire viendrait donc de la capacité de tromper donnée par la "théorie de l'esprit", preuve qu'on comprend bien l'autre. Il insiste cependant sur la distinction de 2 types de rire (Duchenne et non Duchenne), chacun sollicitant des circuits neuronaux distincts (mais pour qu'un rire soit trompeur, il faut qu'il existe un rire franc). Ce sont les sourires que Duchenne avait étudié au XIXè, les non-Duchenne étant les sourires forcés. Il y a de même des rires spontanés et des rires forcés ou sarcastiques (rire jaune). On a quand même l'impression que certains rires des singes sont bien des rires de moquerie et qu'ils adorent jouer des tours...

En fait, l'étude date de 2009. Voir aussi le début de mon article de 2003 "Rire et guérir".

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La sortie d’Afrique entre 62 000 et 95 000 ans

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- La sortie d'Afrique entre 62 000 et 95 000 ans

D'une certaine façon ce nouveau calibrage de l'horloge moléculaire permettant de dater notre séparation des Africains est moins intéressant que la question elle-même car ce n'est pas la même chose si l'exode date d'avant ou pendant la dernière période glaciaire (Würm) seulement cette datation ne permet pas de le déterminer.

Dès lors qu'on veut dater une origine, c'est la trace la plus ancienne qui doit faire foi or on peut dater de 75 000 ans le début de la glaciation, ce qui est dans la fourchette donnée et suggèrerait plutôt une sortie d'Afrique juste avant, interrompue par la glaciation alors que la population européenne et asiatique se développait malgré tout, ayant tout colonisé à la fin de la glaciation. De quoi expliquer qu'on descende d'un étonnant petit nombre d'Africains et d'un événement qui semble ponctuel, isolant ces nouveaux émigrés et interrompant les échanges génétiques avec l'Afrique. C'est intéressant aussi pour dater la langue mère que des méthodes linguistiques dataient de 60 000 ans (langage narratif différent du langage phonétique de Neandertal) mais qu'il faudrait reculer si la sortie d'Afrique est antérieure.

Il y a cependant pas mal de biais dans ces calculs d'horloge biologique, ce dont témoignent d'ailleurs les moyens mis en oeuvre par l'étude elle-même et l'écart avec les anciennes estimations. Cela ne peut être qu'un outil grossier purement statistique avec des marges d'erreur d'autant plus grandes que l'échantillon est petit. Il est cependant intéressant de resserrer un faisceau d'indices mais on voit qu'il faudrait pouvoir préciser beaucoup plus qu'on ne peut actuellement.

En comparant les ADN de ces fossiles, les chercheurs ont obtenu une estimation du rythme des mutations dans l’espèce humaine sur les 40.000 dernières années. Ils en ont déduit une nouvelle cadence de l’horloge moléculaire. Ainsi recalibrée, l’horloge indique, pour la sortie d’Afrique, une fourchette entre 62.000 ans pour la date la plus récente possible, et 95.000 ans pour la plus ancienne.

Cette fourchette est compatible avec l’essentiel des données issues de la datation des fossiles et des traces archéologiques puisque les estimations basées sur les fossiles et les outils font remonter la sortie d’Afrique à 60.000-80.000 ans.

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Neandertal avait meilleure vue mais moins de matière grise

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- Neandertal avait meilleure vue mais moins de matière grise ?
Neanderthals may have swapped social lives for big eyes - New Scientist

Il apparaîtrait que le cerveau de Neandertal était organisé différemment du nôtre, notamment avec des aires visuelles plus développées (peut-être pour mieux voir dans le brouillard du nord ou dans la pénombre) mais cela se serait fait au détriment du lobe frontal et notamment des capacités de socialisation.

Conclusions peut-être un peu rapides, d'autant que Neandertal était un grand chasseur en groupe mais après une période où la différence entre Neandertal et Sapiens était complètement déniée, les dernières études la creuse à nouveau (on lui aurait attribué faussement des représentations symboliques et il n'aurait pas su chasser le lapin!).

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Sapiens s’est métissé avec des hommes plus archaïques

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- Sapiens s'est métissé avec des hommes plus archaïques.

Jusqu'à maintenant, les études génétiques dataient l'ancêtre commun de tous les hommes actuels entre 60 000 et 140 000 ans (60 000 ans étant la datation de la langue mère par la linguistique cette fois). Le chromosome Y d'un Afro-américain, qui s'appelait Albert Perry et qui est différent de tous les autres analysés, remonterait à 338 000 ans, soit avant l'Homo sapiens dont les plus anciens fossiles remontent à 195 000 ans. On le retrouverait chez 11 hommes d'un village du Cameroun.

En fait, ce n'est guère étonnant, témoignant de croisements, même très rares mais sur des temps très longs, avec une espèce plus archaïque, comme avec Neandertal, mélange qu'on retrouverait non loin de ce village dans les fouilles d'Iwo Eleru. L'Afrique étant le berceau de l'humanité, la diversité génétique y est la plus grande et a dû être beaucoup plus propice au métissage que la conquête des autres continents par un tout petit nombre au départ et depuis pas si longtemps. C'est là qu'on a dû avoir une évolution buissonnante (on a même trace de gènes de chimpanzés et de bonobos qui datent de bien après notre séparation et après celle des chimpanzés et bonobos).

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L’histoire avant l’histoire

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Alain Testart, Avant l'histoire
L'époque semble, dans les sciences sociales, aux mises au point méthodologiques, comme si la situation actuelle rendait plus urgent de sortir de l'idéologie (y compris du marxisme et du politiquement correct) pour pouvoir se rapprocher des faits afin de rendre compte de ce qui se passe. Après le Monde pluriel de Bernard Lahire, que j'ai trouvé un brin décevant malgré une bonne orientation de départ, voilà un autre livre réflexif sur sa discipline dont la grandeur est de nous confronter à notre ignorance sans renoncer à construire un savoir (voie de la philosophie ni dogmatisme, ni scepticisme).

Il faut dire que notre préhistoire est le meilleur témoignage de notre propension à reconstruire toute une histoire avec quelques traces matérielles. La paléoanthropologie ressemble à un Sherlock Holmes qui devrait réviser sans arrêt ses conclusions avec la découverte de nouveaux indices. Dans ma revue des sciences je m'amuse à chaque fois de la réécriture de nos origines à partir d'une simple dent parfois, comme un jeu de piste fait pour nous égarer mais on ne peut dire pour autant que ce n'est pas un savoir en progrès, en ceci que sont réfutées de plus en plus des mythes que nous formons, les récits qu'on en fait inévitablement. Ce n'est donc pas pour rien qu'Alain Testart commence son livre-programme par une histoire de la préhistoire et de la notion d'évolution ou de progrès pour se situer lui-même dans ce temps historique (avec une critique du progressisme déjà datée), temps de la science où l'on sait qu'on changera d'avis si de nouvelles découvertes l'exigent. Le plus intéressant, pour nous, c'est de penser l'évolution de la technique et son accélération à partir du Néolithique. Les questions des inégalités et de la richesse sont aussi importantes pour réfuter les visions idylliques qu'on se fait du "bon sauvage" mais on sera plus circonspect sur l'explication de la démocratie européenne par la supposée rémanence d'une culture "démocratique" datant du néolithique et dont le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas toujours été évidente.

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L’émergence de l’humanité

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Quand d'autres hommes peuplaient la Terre, Jean-Jacques Hublin
En toutes choses, il est bon de revenir au commencement, Ab Ovo. Le problème pour l'émergence de l'homme hors de l'animalité, c'est qu'il y a plusieurs commencements mais cela n'empêche pas qu'il est essentiel de comprendre d'où l'on vient. En particulier, contrairement à ce dont on voudrait se persuader, l'homo sapiens est loin d'avoir été non-violent, ni véritablement en harmonie avec son environnement dans les époques pré-néolithiques supposées époques d'abondance et d'an-archie.

Il est significatif qu'un paléontologue du XIXème siècle (Gabriel de Mortillet mort en 1898, p154), libre penseur attaché à la laïcité n'ait pu se résoudre à reconnaître les premières tombes de Cro-Magnon découvertes en 1868 et témoignant à l'évidence d'un rituel religieux. La religion n'était donc pas une création récente des prêtres pour nous dominer mais nous sortions bien de l'obscurantisme depuis l'origine ! Dans l'enfance de l'humanité déjà, les mots étaient chargés de magie et les choses de sens, animés par nos projections et nos terreurs. Le savoir n'est jamais donné au départ, si ce n'est dans l'instinct animal, il progresse avec le temps et, comme on sort de l'animalité, on sort de l'ignorance : petit à petit, pas à pas. L'émergence de l'humanité, c'est l'émergence de la conscience de soi de l'être parlant, d'une pensée matérialisée dans un langage et d'un savoir cumulatif, ce qui n'a pas commencé tellement avant 50 000 ans, et ce qui n'est pas si long au regard des temps cosmiques ou même de l'évolution biologique...

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