Les jeunes de moins de 25 ans sont des oubliés de la protection sociale. A l'heure où 87 % des embauches se font en CDD, les trois quarts des jeunes chômeurs n'ont pas droit aux allocations chômage faute d'avoir cotisé suffisamment. Les bourses, accordées au compte-gouttes aux étudiants, ne permettent pas de vivre sans ressource complémentaire. A tous, le RMI est interdit.Au nom du "refus de l'assistance", l'État laisse les jeunes sous la dépendance de la famille et de ses propres difficultés financières, contraints d'accepter des petits boulots mal payés ou de recourir à la débrouille et aux deals en tout genre, quand ils ne tombent pas dans la grande pauvreté. Est-il normal d'être obligé de rester chez ses parents et de vivre à leur charge jusqu'à 25 ans ? Peut-on prétendre démocratiser l'enseignement supérieur si tout le monde n'a pas les moyens de faire le choix des études ? Peut-on prétendre lutter contre les exclusions quand on laisse des centaines de milliers de jeunes sans aucune aide ? Imagine-t-on les conséquences sur la santé d'une telle précarisation ?
Paradoxalement, on n'a jamais autant parlé des "jeunes", de leur statut, de leurs droits, de leurs problèmes, de leur "incivilité". On ne cesse de proposer toutes sortes de dispositifs dits d'insertion : la plupart ne sont que des sous-emplois, sous-rémunérés et ne débouchant sur rien sauf sur une diffusion des formes précaires d'emplois. Autant de SMIC-jeunes qui ne disent pas leur nom.
Sous le prétexte de privilégier une improbable insertion par l'emploi, rien n'est fait pour assurer les moyens d'existence. Le FAJ (Fonds d'aide aux jeunes), comme les autres aides d'urgence, ne sont que rarement utilisés pour venir directement en aide aux jeunes en difficulté. Aujourd'hui en Ille-et-Vilaine, l'expérimentation d'un sous-RMI est assortie de contrôles et de conditions multiples.
L'exception française en ce domaine ne doit plus durer : parmi les pays d'Europe qui ont mis en place un revenu minimum, la France est l'un des rares qui le refuse aux moins de 25 ans. On vient de "fêter" les 10 ans d'un RMI misérable, interdit aux jeunes et aux étudiants. Il est temps que cesse cette discrimination, il est temps d'admettre que chacun, qu'il ait 20, 40 ou 60 ans, a droit à un revenu décent.
Que l'on ne nous ressorte pas l'épouvantail de l'assistanat : un revenu garanti, accordé sur une base individuelle, est la condition d'une réelle autonomie. Cela signifie, dans les faits, être libre de choisir un logement, une activité, une formation, une vie.