Nous avons lâché prise, et plus d'une fois déjà nous avons fait nos adieux au monde. retiré de tout, les liens coupés un à un, et nous avons senti dans notre chair les signes d'abandon, une mort souvent frôlée, l'annonce de la fin jusqu'à tirer un trait sur cette vie mondaine et toutes ses vanités.
La sentence est prononcée, notre vie jetée à la fosse commune, rayée de la carte. Nous voilà devenus irrécupérables, exclus, inemployables, parasites, chômeurs, retraités.
Après la mort prononcée, la mort dans l'âme, l'exclusion des "actifs", reste pourtant une deuxième vie à vivre, détachée des nécessités, une vie en plus, une vie en sursis, une vie posthume ! Il ne faut pas perdre le temps qu'il reste et reconnaître dans cette deuxième chance la renaissance promise par les initiations, l'accès, peut-être, à l'âge adulte, celui d'une plus grande sagesse.
C'est le temps de la transmission mais aussi de la séparation du corps et du souci de rétablir la continuité des générations comme de goûter l'instant volé à une lassitude du corps et le dégoût du monde.
Nulle doute qu'il faudra bien faire sa place aux retraités qui peuvent compter en leur sein assez d'énergie disponible et de compétences pour se constituer en véritable force sociale.
S'ils ne partaient plus perdants, ne pourraient-ils redonner force à leurs idéaux de jeunesse dans une alliance avec la jeunesse actuelle sans ressources pour peser sur les actifs et construire un monde plus solidaire. Avoir le temps de vivre pose cruellement la question d'une vie moins vide et l'imminence de la fin ne permet plus de se détourner de l'essentiel.
Ques nos vieux reprennent du service pour autre chose que la défense
de leurs retraites, qu'ils apportent leur expérience pour changer
le monde sns retomber dans les erreurs passées, les vieilles dominations.
Qu'ils se battent pour les jeunes, pour l'avenir. N'avons nous pas, ensemble,
les moyens de reconstruire la société ?