Est-ce qu'on peut être chez les Verts et être dans l'opposition ? La prétention des Verts à regrouper tous les écologistes, à se considérer comme une fédération écologiste, à défendre le droit de l'opposition, semble répondre assez à la question mais la pratique régionale reflète plutôt un repli sur soi, plus préoccupé de refuser de nouveaux arrivant et d'exclure que d'engager une dynamique d'ouverture et de débat. Une fédération écologiste ne peut fonctionner comme le Parti Communiste sur un mode militaire, on ne peut considérer les militants écologistes comme des troupes qu'on peut manipuler pour les besoins du parti, on ne peut exiger d'une fédération la soumission au centralisme démocratique. Les Verts sont la couleur du pluriel. La cohabitation est bien délicate entre des Verts qui manifestent contre le gouvernement (sans-papiers, chômeurs, OGM) et la participation des Verts à la majorité plurielle, une partie de l'opposition interne nous a déjà quittés. La cohabitation est beaucoup plus problématique encore lorsque ce sont les procédures démocratiques qui ne sont pas respectées. Sous prétexte d'une efficacité pratique d'ailleurs fort douteuse, on risque de faire perdre tout crédit à l'écologie en s'alignant sur les pratiques décriée des grands partis, et ce, sans en avoir les moyens. Enfin, ramener la politique au rapport de force nous condamne à des rapports humains déplorables qui n'ont absolument rien de convivial.
L'élection du porte-parole régional devrait être une véritable élection, à un poste rétribué, et c'est le porte parole régional, en liaison avec les porte-parole départementaux, qui doit conduire les négociations en tenant compte des contraintes locales. Je propose aussi de dissoudre la commission stratégie si elle doit se donner une légitimité supérieure à la démocratie.
Évidemment, c'est moi qui dénonce ce manque de démocratie et de pratiques écologistes qu'on accuse de ne pas respecter la démocratie, alors que je n'étais même pas partie prenante dans les dernières élections régionales. J'ai été le premier surpris lorsque le porte-parole régional lui-même, puis deux Verts de Montauban, m'ont téléphoné pour que je les soutienne contre Onesta, qui tentait d'imposer une stratégie après l'autre sans jamais aucune concertation, essayant plutôt l'intimidation ou la manipulation comme un CPR téléphonique joué d'avance. Je pense qu'il y a là des questions graves, en contradiction avec nos principes.
Je répète que je ne participais pas à cette campagne
électorale mais le Lot n'a jamais rien fait qui n'ait été
approuvé par un CPR. Le problème vient du fait qu'après
avoir effectivement voté, en assemblée régionale,
un accord avec le PS, nous avions constaté dans le CPR juste avant
les régionales que les conditions d'un accord n'étant pas
réunies dans plusieurs départements, nous pouvions faire
des campagnes autonomes. Le département était quasiment unanime
sur l'opposition au Parti Socialiste dans le contexte politique du mouvement
des chômeurs et des représentants locaux du PS, surtout M.
Malvy qui est devenu tardivement le leader régional du PS. Sa nomination
comme tête de liste a changé la donne et surtout l'intérêt
pour lui d'un accord dans le Lot. Dès lors les négociations
ont repris, des postes nous ont été proposés et on
a voulu obliger les Verts du Lot a accepter ce nouvel accord au nom de
la décision de l'assemblée régionale. La situation
avait peut-être changée mais la campagne était commencée,
des engagements pris et on ne pouvait se déjuger. Des militants
c'est plus compliqué que des soldats de plomb. Pour être des
militants, nous n'en avons pas donné notre âme à vendre
pour autant. Nous ne pouvions renier notre parole donnée devant
les électeurs de ne pas appeler à voter Malvy, voilà
tout notre mal. Tenir parole est politiquement une nécessité
pour retrouver un minimum de démocratie. On dira que ce n'est pas
de la politique. Non ce n'est pas cette politique déconsidérée
qui n'intéresse plus personne, c'est un retour à la véritable
politique, à notre responsabilité à tous qui est indispensable
et ne se limite pas à la parlote. En tout cas, à part manifester
chacun notre opposition résolue à cet accord, personne n'a
rien fait avant qu'on ne nous laisse à nouveau mener une campagne
autonome une fois que l'accord a échoué.
Les réactions après l'échec des régionales
ont été aussi insupportables. Si la stratégie n'avait
pas réussie, ce n'était pas à cause du général
qui avait mal estimé ses troupes, mal conduit les négociations,
non, c'était ma faute à moi qui n'y était pour rien,
c'était la faute du Lot parce qu'il n'avait pas retourné
sa veste aussitôt pour quelques postes, mais c'était aussi
la faute d'une ou l'autre, dans une ambiance de Western où il était
impossible de s'expliquer et où le simplisme est la seule expression
possible. Au point qu'on se demande ce que ce parti a d'écologiste
dans son fonctionnement. Ce qui est en cause ce sont nos rapports, l'absence
de concertation, ce sont les méthodes, l'absence de démocratie
et de considération des personnes.
Les conditions d'un fonctionnement démocratique ne sont pas réunies
et je pense de notre devoir de nous y opposer, de refuser ces dérives
et de construire des pratiques plus conformes à nos principes et
à notre diversité. Il nous faut revenir aux principes énoncés
en préambule de nos statuts. C'est la responsabilité de tous.